Un deuxième choc pétrolier plus éprouvant pour l - Epsilon

Monsieur François Meunier
Un deuxième choc pétrolier plus éprouvant pour l'économie
française
In: Economie et statistique, N°149, Novembre 1982. L'évolution individuelle des salaires / Les prélèvements dus aux
chocs extérieurs / Le recensement. pp. 31-45.
Citer ce document / Cite this document :
Meunier François. Un deuxième choc pétrolier plus éprouvant pour l'économie française. In: Economie et statistique, N°149,
Novembre 1982. L'évolution individuelle des salaires / Les prélèvements dus aux chocs extérieurs / Le recensement. pp. 31-45.
doi : 10.3406/estat.1982.4686
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1982_num_149_1_4686
Resumen
Un segundo golpe petrolero mas gravoso para la economía francesa - En menos de diez anos, la
economia francesa sufrió tres golpes de consideración : cuadruplicación de los precios petroleros en
1973, alza súbita de las demas materias primas en 1976-1977, finalmente, en 1979-1980, nueva alza
de los precios petroleros y, a continuación, elevación del dólar, acontecimientos que triplicaron el precio
en francos del petróleo. Estas alzas del coste de bienes de importación se manifiestan por una
deducción en el ingreso interior. El artículo propone una medida, según la cual la magnitud de la
deducción fué maxima cuando ocurrió el primer golpe petrolero, aunque haya sido algo mas baja al
acaecer el segundo golpe. Un alza del precio de las exportaciones con relación al de los gastos
interiores puede compensar la deducción. Tal alza relativa se produjo, en efecto, tras cada uno de
ambos golpes hasta tal punto que a principios de 1979 casi habia borrado las deducciones
consecutivas a dichos golpes. En cambio, fué sumamente baja a raiz del segundo golpe petrolero. Su
principal motivo reside en una obligación de competitividad más acentuada. Segunda compensación
factible, una favorable evolución de las cantidades de intercambios exteriores : merma de las
cantidades importadas, incremento de las cantidades exportadas con relación a crecimiento en
volumen del PIB. Esta « respuesta-volumen » fué más baja y mas tardia tras el segundo golpe
petrolero que a raiz de los dos primeros goipes exteriores, mayormente porque las cantidades
importadas no mermaron. Esta inercia, así como la falta de reacción por medio de los precios de las
exportaciones son causa de que la economía francesa supera con muchísima más dificultad el tercer
golpe exterior que los dos anteriores.
Résumé
En moins de dix ans, l'économie française a reçu trois chocs majeurs : quadruplement du prix du
pétrole en 1973, flambée du prix des autres matières premières en 1976-1977, enfin, en 1979- 1980,
nouvelle hausse du pétrole, suivie d'une envolée du dollar, le tout triplant le prix du pétrole en francs.
Ces augmentations du coût de biens importés se traduisent par un prélèvement sur le revenu intérieur.
L'article en propose une mesure, selon laquelle l'ampleur du prélèvement a été maximale lors du
premier choc pétrolier, mais à peine moindre lors du second. Une hausse du prix des exportations par
rapport à celui des dépenses intérieures peut compenser le prélèvement. Une telle hausse relative s'est
bien produite après chacun des deux premiers chocs, au point qu'au début 1979, elle avait presque
effacé les prélèvements consécutifs à ces chocs. Par contre, elle a été très faible après le second choc
pétrolier. La raison principale en est dans une contrainte de compétitivité plus serrée. Deuxième
compensation possible, une évolution favorable des quantités échangées avec l'extérieur : réduction
pour les quantités importées, augmentation pour les quantités exportées, par rapport à la croissance en
volume du Produit intérieur brut. Cette « réponse-volume » a été plus faible et plus tardive après le
second choc pétrolier qu'après les deux premiers chocs extérieurs, surtout parce que les quantités
importées ne se sont pas réduites. Cette inertie, et l'absence de réaction par le prix des exportations,
font que l'économie française a beaucoup plus de mal à surmonter le troisième choc extérieur que les
deux précédents.
Abstract
A second oil crisis more serious for the French Economy - In less than ten years, the French economy
has undergone three major crises : the quadrupling of oil prices in 1973, the skyrocketing of the prices
of other raw materials in 1976-1977, and, lastly, a new jump in oil prices, followed by the soaring rate of
the dollar, all of which caused the price of oil to triple. These increases in the cost of imported goods
constitute a levy on the domestic product. This article attempts to measure the amount of this levy, and
concludes that it was at its greatest during the first oil crisis, but is hardly less during the second oil
crisis. A rise in the price of exports in relation to the price of domestic spending can compensate for this
levy. A relative increase of this type did in fact occur after each of the first two crises, to the extent that,
by the beginning of 1979, the levy caused by the crisis had almost been eliminated. However, this
increase was very slight after the second oil crisis. The main reason for this is a constraint of tight
competitiveness. A second possible compensation is to be found in a favorable trend of the quantities
traded abroad : a reduction in the quantities imported, and an increase in the quantities exported, in
relation to the growth in volume of the gross domestic product. This « volume-response » was weaker
and came later after the second oil crisis than after the first two crises, primarily because the quantities
imported did not go down. This inertia and the unresponsiveness of export prices have meant that the
French economy is finding it far more difficult to overcome the third crisis than the two preceeding ones.
COMPTES
Un
deuxième choc
pétrolier
plus
éprouvant
pour
l'économie
française
ier*
par
François
Meunier
En
moins
de
dix
ans,
l'économie
française
a
reçu
trois
chocs
majeurs
:
quadruplement
du
prix
du
pétrole
en
1973,
flambée
du
prix
des
autres
matières
premières
en
1976-1977,
enfin,
en
1979-1980,
nouvelle
hausse
du
pétrole,
suivie
d'une
envolée
du
dollar,
le
tout
triplant
le
prix
du
pétrole
en
francs.
Ces
augmentations
du
coût
de
biens
importés
se
traduisent
par
un
prélèvement
sur
le
revenu
intérieur.
L'article
en
propose
une
mesure,
selon
laquelle
l'ampleur
du
prélèvement
a
été
maximale
lors
du
premier
choc
pétrolier,
mais
à
peine
moindre
lors
du
second.
Elle
a
été
deux
fois
moindre
lors
du
choc
de
1976-
1977,
mais
a
quand
même
avoisiné
alors
2
%
du
Produit
Intérieur
Brut.
Une
hausse
du
prix
des
exportations
par
rapport
à
celui
des
dépenses
intérieures
peut
compenser
le
prélèvement.
Une
telle
hausse
relative
s'est
bien
produite
après
chacun
des
deux
premiers
chocs,
au
point
qu'au
début
1979
elle
avait
presque
effacé
les
prélèvements
consécutifs
à
ces
chocs.
Par
contre,
elle
a
été
très
faible
après
le
second
choc
pétrolier.
La
raison
principale
en
est
dans
une
contrainte
de
compétitivité
plus
serrée.
Deuxième
compensation
possible,
une
évolution
favorable
des
quantités
échangées
avec
l'extérieur
:
réduction
pour
les
quantités
importées,
augmentation
pour
les
quantités
exportées,
par
rapport
à
la
croissance
en
volume
du
Pro
duit
Intérieur
Brut.
L'article
propose
aussi
une
mesure
de
cette
réponse.
D'après
cette
mesure,
la
réponse
a
été
plus
faible
et
plus
tardive
après
la
second
choc
pétrolier
qu'après
les
deux
premiers
chocs
extérieurs,
surtout
parce
que
les
quantités
importées
ne
se
sont
pas
réduites.
Cette
inertie,
et
l'absence
de
réaction
par
le
prix
des
expor
tations,
font
que
l'économie
française
a
beaucoup
plus
de
mal
à
surmonter
le
troisième
choc
extérieur
que
les
deux
précédents*
A
partir
de
1979,
la
France
subit
le
second
choc
pétrolier
qui
se
manifeste
en
deux
vagues
distinctes
:
un
relèvement
du
prix
du
pétrole
en
dollar,
suivi
d'une
hausse
du
dollar
par
rapport
au
franc.
Soit
au
total,
un
triplement
du
prix
du
pétrole
qu'on
peut
comparer
au
quadruplement
advenu
lors
du
choc
de
1973/1974.
Ces
chocs
pétroliers,
mais
aussi
plus
généralement
toute
dégradation
brutale
dans
les
termes
de
l'échange,
ont
des
répercussions
importantes
sur
la
marche
de
l'économie
:
des
effets
sur
les
prix
intérieurs,
d'abord,
d'autant
plus
forts
que
les
biens
importés
qui
connaissent
les
hausses
de
prix
représentent
une
part
importante
de
la
demande
des
agents
intérieurs.
Des
effets
sur
les
revenus
ensuite,
puisque
toute
hausse
d'un
prix
à
l'importation
occasionne
un
transfert
*
François
Meunier
fait
partie
du
service
de
la
Conjoncture
de
la
direction
des
Synthèses
économiques
de
VINSEE.
Les
nombres
entre
crochets,
[
],
renvoient
à
la
bibliographie
enfin
d'article.
31
5.
de
revenu
de
la
France
vers
le
pays
vendeur
et
diminue
le
pouvoir
d'achat
intérieur.
Ainsi,
une
des
conséquences
des
chocs
pétroliers
est
d'engendrer
des
tensions
accrues
dans
le
partage
d'un
revenu
intérieur
réduit.
Ces
tensions
prennent
un
relief
particulier
dans
une
économie
inflationniste
certains
agents
béné
ficient
d'une
indexation
de
leurs
revenus
aux
prix,
et
ainsi
d'une
possibilité
de
protéger
leur
revenu
réel.
La
ponction
sur
le
revenu
national
qu'opère
le
choc
pétrolier
a
donc
d'inévitables
conséquences
sur
la
répartition
du
revenu
entre
les
agents.
Le
prélèvement
extérieur
a aussi
des
effets
sur
les
volumes.
Sauf
à
s'endetter
continuellement,
l'économie
ne
peut
s'adap
ter
à
un
choc
extérieur
que
par
une
modification
de
la
demande
finale
:
davantage
d'exportations
ou
moins
d'im
portations,
et
une
demande
intérieure
réduite.
Comment
s'opère
cette
réorientation?
Quels
nouveaux
schémas
de
demande
vont
adopter
les
agents
intérieurs
devant
la
profonde
modification
de
la
structure
des
prix?
Comment
ajustent-ils
leur
demande,
et
cet
ajustement
a-t-il
toujours
un
effet
récessif
sur
l'économie?
Pour
répondre
à
ces
ques
tions,
on
cherche
alors
à
décrire
les
effets
d'un
choc
pétrolier
tant
sur
les
prix
intérieurs
et
le
pouvoir
d'achat
des
revenus
que
sur
les
évolutions
en
volume.
C'est
un
exercice
difficile,
puisqu'il
suppose
dans
l'idéal
de
reconstruire
la
situation
qu'aurait
connue
le
pays
sans
choc
extérieur
et
de
la
com
parer
avec
la
situation
observée.
Les
modèles
macroéconomiques
sont
un
moyen
de
mener
une
telle
analyse.
Ils
permettent
de
simuler
rétrospectiv
ement
une
situation
de
l'économie
sans
hausse
du
prix
du
pétrole;
un
tel
travail
a
déjà
été
tenté
dans
le
cas
français
[1].
Il
présente
l'avantage
de
distinguer
le
choc
exogène
qui
suit
les
hausses
de
prix
du
pétrole
et
les
réactions
des
agents
selon
certaines
hypothèses
de
comportement.
Mais
il
entraîne
aussi
certaines
difficultés
:
d'une
part
le
chiffrement
de
ce
qu'aurait
été
l'évolution
de
l'économie
internationale
sans
choc
pétrolier
est
particulièrement
difficile;
d'autre
part
les
effets
des
chocs
pétroliers
sont
si
importants
qu'on
peut
se
demander
s'ils
n'induisent
pas
des
changements
de
comportement
des
agents
ou
du
moins
qu'ils
en
révèlent
d'autres
mal
pris
en
compte
dans
les
équations
habituelles
des
modèles.
L'approche
retenue
ici
est
à
la
fois
moins
ambitieuse
et
plus
descriptive.
Fondamentalement,
on
distingue
des
effets
de
prix
et
des
effets
de
volume
du
choc
extérieur.
Pour
mesurer
l'impact
du
choc
en
termes
de
prix,
on
comparera
deux
situations
distinctes
de
l'économie
et
des
comptes
des
agents
:
la
situation
effective
et
une
situation
virtuelle
les
volumes
restent
inchangés
par
rapport
à
la
situation
courante,
mais
les
prix
du
commerce
extérieur
évoluent
comme
les
prix
intérieurs.
Pour
la
mesure
des
effets
de
volume,
on
fera
l'inverse
:
les
prix
restent
alors
ceux
de
la
situation
courante,
mais
les
évolutions
en
volume
du
com
merce
extérieur
sont
celles
d'un
agrégat
de
référence,
par
exemple
le
produit
intérieur
brut.
Cette
approche
a
ses
limites.
Mais
en
revanche
elle
pré
sente
deux
avantages.
Replacée
dans
un
cadre
comptable
rigoureux,
elle
permet
d'expliciter
certains
enchaînements
quasi-mécaniques
liés
à
un
choc
extérieur,
et
de
mettre
32
en
évidence
les
contraintes
qui
en
résultent,
quelles
que
soient
les
réactions
des
agents
intérieurs.
On
cherchera
à
dégager
le
noyau
dur
de
ces
contraintes
à
la
fois
sur
les
prix
et
les
volumes.
Elle
permet
aussi
la
construction
d'indices
synthétiques
donnant
une
mesure
chiffrée
de
l'impact
du
choc
et
de
l'aju
stement
par
les
volumes
qui
le
suit.
On
se
propose
de
bâtir
de
tels
indices
sur
l'ensemble
de
la
décennie
1970
à
partir
des
statistiques
de
la
comptabilité
nationale
trimestrielle,
et
de
les
appliquer
à
une
comparaison
de
deux
chocs
pétrol
iers
de
1974-1975
et
de
1979-1981.
Le
prélèvement
extérieur
par
les
prix
Toutes
choses
égales
par
ailleurs,
une
hausse
des
prix
à
l'importation
entraîne
un
transfert
de
revenu
du
pays
qui
importe
vers
le
pays
qui
vend.
Mais
au-delà
de
ce
mécanisme
simple,
ce
transfert
de
revenus
engage
un
ensemble
complexe
de
relations
macroéconomiques.
Partons
de
la
situation
la
plus
simple.
Dans
une
économie
sans
inflation,
si
le
prix
à
l'importation
reste
constant,
il
n'y
a
pas
de
choc
extérieur.
Dans
le
cas
d'inflation
interne,
on
conviendra
qu'il
n'y
a
pas
de
choc
extérieur
si
les
prix
à
l'importation
suivent
les
prix
intérieurs.
Le
choc
survient
dès
que
les
prix
à
l'importation
croissent
subitement
plus
vite
que
les
prix
intérieurs.
Et
ce
choc
s'assimile
à
un
pré
lèvement
sur
les
revenus
réels
puisque
le
pouvoir
d'achat
national
en
biens
importés
diminue
et,
symétriquement,
que
le
pouvoir
d'achat
de
l'étranger
en
termes
de
ressources
intérieures
s'accroît.
Comment
mesurer
cette
perte
de
revenu?
On
propose
ici
une
mesure
du
prélèvement
nominal
occasionné
par
les
hausses
relatives
de
prix
à
l'importation
:
c'est
la
différence
entre
la
valeur
observée
des
importations
et
la
valeur
qu'elles
auraient
atteintes
si,
à
quantités
inchangées,
leur
prix
moyen
avait
évolué
comme
les
prix
intérieurs.
Soit,
formellement
:
M
pm
M
désigne
les
importations
en
valeur,
m
les
importations
en
volume,
et
p
l'indice
de
prix
du
produit
intérieur
brut,
dit
«
prix
du
PIB
».
Le
choix
de
cet
indice
prête
à
discussion.
On
aurait
pu
adopter
un
indice
du
prix
des
dépenses
intérieures
(consommation,
investissement
et
variation
de
stocks),
indice
utile
pour
apprécier
les
variations
de
pouvoir
d'achat
des
agents.
Mais,
puisque
le
produit
intérieur
brut
est
égal
au
revenu
intérieur
des
agents,
son
indice
de
prix
permet
d'apprécier
l'indexation
des
revenus
aux
prix,
et
sera
retenu
ici.
En
termes
réels,
le
montant
Af/p
est
le
pouvoir
d'achat
en
ressources
intérieures
dont
disposent
les
pays
vendeurs.
La
différence
entre
ce
pouvoir
d'achat
et
les
importations
en
volume
mesure
la
charge
ou
le
gain
réel
que
connaît
le
pays
suite
à
des
évolutions
divergentes
des
prix
intérieurs
et
des
prix
à
l'importation.
Soit
Tm
ce
montant
:
avec
pm
indice
de
prix
des
importations.
La
grandeur
T
sera
dite
«
prélèvement
par
les
importations
».
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