Juillet 2015 © DG Trésor
AMBASSADE DE FRANCE A SINGAPOUR
SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL
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Situation économique et financre de
Singapour
1. Une position stratégique au cœur de l’Asie du Sud-Est
Petit pays dépourvu de ressources naturelles, Singapour est au 3ème rang mondial par son PIB par habitant
mesuré en parité de pouvoir d’achat (77 000 USD). Plate-forme commerciale en raison de sa position
stratégique au cœur de l’Asie du Sud-Est et à l’entrée du détroit de Malacca, l’économie singapourienne est
très ouverte (taux d’ouverture de 180%) et se caractérise par un poids très élevé des réexportations des
exportations totales). Ses échanges sont majoritairement intra-asiatiques (plus de 2/3 des exportations), mais
le pays reste dépendant du G3 (zone euro, Japon et Etats-Unis représentent ensemble 18% des débouchés
directs).
L’économie repose sur trois piliers : l’industrie manufacturière et la construction (22,2% du PIB en 2014), les
activités de commerce, de logistique et de communication (26,8%), ainsi que les activités financières et les
services aux entreprises (26,7%). Ces secteurs sont soutenus par un système financier moderne (3ème
marché mondial du change, 1ère place financière d’ASEAN, actifs du secteur bancaire équivalents à 575%
du PIB), une dynamique commerciale étroitement liée à la fonction prééminente du port (2ème mondial) et un
cadre règlementaire conforme aux normes internationales.
2. Un rebond de l’activité en 2013, suivi de performances modestes en
2014
Après avoir été affectée en 2012 par une conjoncture internationale défavorable, l’activité a rebondi plus
rapidement qu’anticipé en 2013, avec une croissance du PIB de 4,4%. Si cette tendance s’est prolongée au
T1 2014 avec une croissance de 4,6%, le taux de croissance de la cité-Etat a ralenti sur les trois derniers
trimestres (2,3%, 2,8% et 2,1%), portant la croissance de l’année à 2,9%, en raison du ralentissement
économique chinois et de l’atonie de la demande mondiale.
En 2015, la croissance atteindrait selon les autorités entre 2% à 4%, avec d’importants risques baissiers. En
raison du degré d’extraversion de l’économie singapourienne, une nouvelle dégradation de la conjoncture
internationale, par exemple sous la forme d’un ralentissement marqué de la Chine (11,8% des exportations
singapouriennes) ou d’un choc macroéconomique ou financier au sein de l’ASEAN, aurait des répercussions
négatives sur les entreprises exportatrices déjà fragilisées. Sur le plan intérieur, des turbulences sur les
marchés financiers et une remontée du coût du crédit auraient un impact sur la consommation des ménages
et sur l’investissement. La dernière enquête de conjoncture de l’Autorité monétaire de Singapour auprès des
prévisionnistes de la place confirme la mollesse du climat des affaires et le consensus pour 2015 projette un
taux de croissance du PIB de 2,8% désormais.
3. Les autorités souhaitent soutenir l’activité par un budget
expansionniste et une inflexion de la politique monétaire
Ces risques baissiers expliquent le policy mix mis en œuvre par les autorités. En effet, le budget 2015 devrait
être déficitaire de 1,7% du PIB (contre un quasi-équilibre budgétaire sur l’année fiscale 2014). Il s’agit du
budget le plus expansionniste depuis la crise de 2008-2009. La progression marquée (+19,3%) des dépenses
de fonctionnement et d’investissement vise notamment à : i) améliorer les compétences des Singapouriens ;
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ii) promouvoir l’innovation et l’internationalisation des entreprises ; iii) favoriser l’investissement dans les
infrastructures publiques ; iv) soutenir les personnes les plus vulnérables (retraités et familles à bas revenus).
Dans un contexte de ralentissement de la croissance et de tensions déflationnistes (inflation de -0,3% en
moyenne sur janvier-février 2015, après 1% en 2014 et 2,4% en 2013), l’Autorité monétaire de Singapour a
annoncé fin janvier un léger assouplissement de sa politique monétaire, inchangée depuis avril 2012, en
réduisant la pente de la bande de fluctuation du taux de change effectif nominal (principal instrument de sa
politique). Cette inflexion, qui vise à contenir l’appréciation du dollar singapourien en termes réels et la montée
des anticipations inflationnistes, intervient dans la foulée des décisions des autres banques centrales
notamment asiatiques.
4. Une transition difficile vers un nouveau modèle de croissance dans un
contexte de pénurie grandissante de main-d’œuvre
La crise financière internationale de 2008-2009 a rappelé la forte dépendance externe de Singapour, non
seulement en termes d’exportations rapportées au PIB, mais aussi compte tenu du poids élevé de la main-
d’œuvre importée (un tiers) et des IDE entrants (21,4% du PIB en 2013). Cette dépendance résulte d’un
modèle de croissance encore très extensif, caractérisé par une faible productivité du travail dans les secteurs
des services et de la construction, avec des gains inférieurs à ceux d’autres économies asiatiques
comparables (Corée du sud et Taiwan) et quasi-nuls depuis le milieu des années 2000. Dans un contexte de
démographie vieillissante et de plein emploi (taux de chômage de 2% en 2014), les autorités ont réitéré, par
la publication d’un livre blanc, la priorité qu’elles donnent au rehaussement de la productivité du travail, avec
un objectif de croissance annuelle de cet indicateur de 2% à 3% d’ici 2020, contre 1% par an sur la décennie
écoulée. Elles souhaitent en outre renforcer le niveau de qualification de l’ensemble de la population active et
préserver le rôle de « hub » international de la cité-Etat. En dépit des mesures adoptées (aides ciblées aux
PME, renforcement du dispositif de crédit à la productivité, formation de la main d’œuvre), les résultats restent
pour l’instant décevants : la productivité du travail a en effet décru de 0,2% en 2013. Or, le durcissement des
conditions d’obtention d’un permis de travail pour un salarié étranger contribue au renchérissement du coût
d’implantation déjà très élevé à Singapour. La vive concurrence avec les autres places asiatiques (Hong Kong,
Shanghai) pour attirer les investisseurs et les capitaux étrangers devrait pousser le gouvernement à infléchir
cette politique pour préserver l’attractivité de la cité-Etat.
Outre la affirmation des orientations stratégiques de sa politique économique (création de valeur fondée sur
une expansion à l’extérieur des frontières, en particulier en Asie, positionnement comme pôle d’excellence
pour les services financiers et non financiers), Singapour parie aussi sur une montée en gamme de son secteur
manufacturier et sur une diversification de son tissu économique. D’importants investissements sont réalisés
dans les secteurs pharmaceutique, chimique ou biomédical, avec des efforts de R&D (2,1 % du PIB, les ¾
provenant du secteur privé) et de ressources humaines. L’expérimentation constante de politiques publiques,
héritage clef de Lee Kuan Yew, dote Singapour d’une une forte capacité d’adaptation.
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