AMBASSADE DE FRANCE A SINGAPOUR
SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL
ii) promouvoir l’innovation et l’internationalisation des entreprises ; iii) favoriser l’investissement dans les
infrastructures publiques ; iv) soutenir les personnes les plus vulnérables (retraités et familles à bas revenus).
Dans un contexte de ralentissement de la croissance et de tensions déflationnistes (inflation de -0,3% en
moyenne sur janvier-février 2015, après 1% en 2014 et 2,4% en 2013), l’Autorité monétaire de Singapour a
annoncé fin janvier un léger assouplissement de sa politique monétaire, inchangée depuis avril 2012, en
réduisant la pente de la bande de fluctuation du taux de change effectif nominal (principal instrument de sa
politique). Cette inflexion, qui vise à contenir l’appréciation du dollar singapourien en termes réels et la montée
des anticipations inflationnistes, intervient dans la foulée des décisions des autres banques centrales
notamment asiatiques.
4. Une transition difficile vers un nouveau modèle de croissance dans un
contexte de pénurie grandissante de main-d’œuvre
La crise financière internationale de 2008-2009 a rappelé la forte dépendance externe de Singapour, non
seulement en termes d’exportations rapportées au PIB, mais aussi compte tenu du poids élevé de la main-
d’œuvre importée (un tiers) et des IDE entrants (21,4% du PIB en 2013). Cette dépendance résulte d’un
modèle de croissance encore très extensif, caractérisé par une faible productivité du travail dans les secteurs
des services et de la construction, avec des gains inférieurs à ceux d’autres économies asiatiques
comparables (Corée du sud et Taiwan) et quasi-nuls depuis le milieu des années 2000. Dans un contexte de
démographie vieillissante et de plein emploi (taux de chômage de 2% en 2014), les autorités ont réitéré, par
la publication d’un livre blanc, la priorité qu’elles donnent au rehaussement de la productivité du travail, avec
un objectif de croissance annuelle de cet indicateur de 2% à 3% d’ici 2020, contre 1% par an sur la décennie
écoulée. Elles souhaitent en outre renforcer le niveau de qualification de l’ensemble de la population active et
préserver le rôle de « hub » international de la cité-Etat. En dépit des mesures adoptées (aides ciblées aux
PME, renforcement du dispositif de crédit à la productivité, formation de la main d’œuvre), les résultats restent
pour l’instant décevants : la productivité du travail a en effet décru de 0,2% en 2013. Or, le durcissement des
conditions d’obtention d’un permis de travail pour un salarié étranger contribue au renchérissement du coût
d’implantation déjà très élevé à Singapour. La vive concurrence avec les autres places asiatiques (Hong Kong,
Shanghai) pour attirer les investisseurs et les capitaux étrangers devrait pousser le gouvernement à infléchir
cette politique pour préserver l’attractivité de la cité-Etat.
Outre la réaffirmation des orientations stratégiques de sa politique économique (création de valeur fondée sur
une expansion à l’extérieur des frontières, en particulier en Asie, positionnement comme pôle d’excellence
pour les services financiers et non financiers), Singapour parie aussi sur une montée en gamme de son secteur
manufacturier et sur une diversification de son tissu économique. D’importants investissements sont réalisés
dans les secteurs pharmaceutique, chimique ou biomédical, avec des efforts de R&D (2,1 % du PIB, les ¾
provenant du secteur privé) et de ressources humaines. L’expérimentation constante de politiques publiques,
héritage clef de Lee Kuan Yew, dote Singapour d’une une forte capacité d’adaptation.
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