Vontobel Asset Management 2
Commentaire de marché
3 mai 2016
industrialisés ralentissent la croissance économique mondiale. Enfin, diverses crises se
sont soldées par une montagne de dettes au plan mondial : l’éclatement de la bulle
Internet en 2000, l’implosion du marché immobilier ou « crise des subprimes » en 2008
et le plongeon des prix des matières premières depuis 2011. La croissance s’en trouve
ainsi freinée. Pour éviter une dépression, les banques centrales ont ramené leurs taux
d’intérêt à zéro et gonflé leur bilan à outrance, achetant des quantités énormes
d’obligations d’État. Comme ces mesures n’ont pas produit le résultat voulu, certaines
d’entre elles ont recouru aux taux négatifs.
Gagnants et perdants
L’avenir dira si cette initiative permettra aux banques centrales d’atteindre leurs
objectifs. Les taux négatifs nuisent clairement aux épargnants tout en profitant aux
emprunteurs. En particulier, les gouvernements endettés bénéficient d’une forte
réduction des dépenses au titre du service de la dette. Ceci peut s’avérer positif si les
dirigeants utilisent les fonds ainsi libérés pour mettre en œuvre des réformes
structurelles et doper la croissance. Malheureusement, les gouvernements peuvent être
tentés de reporter à plus tard les réformes nécessaires de peur d’essuyer un revers
électoral.
Les établissements financiers comptent parmi les victimes les plus manifestes des
taux d’intérêt négatifs : les banques sont confrontées à l’érosion de leurs marges
d’intérêt nettes et les assureurs voient leur modèle d’affaires remis en question. Pour
leur part, les caisses de pension peinent de plus en plus à respecter leurs engagements. Il
est vrai que des taux d’intérêt extrêmement bas soutiennent les prix des actifs et la
qualité des prêts, ce qui apporte un certain soulagement. Cependant, un déclin de
rentabilité pourrait inciter les banques commerciales à réduire leur activité de prêt, ce qui
irait à l’encontre de l’objectif recherché avec la mise en place de taux d’intérêt négatifs.
C’est pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) a récemment introduit un système
accordant aux banques qui remplissent certaines conditions de crédit une subvention
pouvant atteindre 40 points de base.
Que faudrait-il pour remédier aux taux négatifs ?
Pour que les banques centrales puissent inverser leur politique, il faudrait que l’inflation
atteigne 2% et que la croissance économique réelle s’approche de son taux potentiel.
Fait intéressant, le renchérissement des prix aux USA va vraisemblablement atteindre ou
dépasser le seuil de 2% au cours des 12 à 18 prochains mois grâce à la stabilisation des
prix des matières premières (voir le graphique 2). De plus, on constate des signes
ponctuels de pression haussière sur les salaires dans certains secteurs, en raison du
resserrement du marché du travail. Malgré cela, la croissance mondiale reste anémique.
Par ailleurs, il y a un manque de coordination globale au niveau des politiques fiscales.
Au bout du compte, les taux d’intérêt négatifs n’ont de sens que si les gouvernements
augmentent leurs dépenses d’infrastructure et renforcent leurs perspectives de
croissance à long terme, créant des opportunités d’investissement pour les entreprises. À
l’inverse, des taux négatifs sans une politique de soutien de la croissance risquent de
devenir un simple signal du piètre état de l’économie, accroissant les craintes d’une
déflation.