L’EURO
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LA ZONE EURO
DEUXIÈME PARTIE
Christian BIALÈS
Professeur honoraire de Chaire Supérieure
en Économie et Gestion
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SOMMAIRE :
1ère PARTIE : QUESTIONS-RÉPONSES => document « EURO 1 »
SECTION 1 : Quel est le cadre géographique de la zone euro ?
SECTION 2 : Quel est le cadre chronologique de la zone euro ?
SECTION 3 : Quel est le cadre institutionnel de la zone euro ?
SECTION 4 : Quel est le cadre opérationnel de la zone euro ?
SECTION 5 : Quel est le cadre juridique de la zone euro ?
Table des matières Partie 1
2ème PARTIE : INTERROGATIONS-DÉBATS => document EURO 2
SECTION 1 : L’euro, une étape cruciale pour la construction d’une Europe politique ?
SECTION 2 : L’euro, un moyen de partager le pouvoir monétaire ?
SECTION 3 : L’euro s’impose-t-il par la logique ?
SECTION 4 : La zone euro constitue-t-elle une zone monétaire optimale ?
SECTION 5 : L’euro apporte-t-elle sur le plan macroéconomique plus d’avantages que
d’inconvénients ?
SECTION 6 : L’euro apporte-t-il sur le plan microéconomique plus d’avantages que
d’inconvénients ?
SECTION 7 : Le change euro-dollar
BILAN GÉNÉRAL.
Table des matières Partie 2
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DEUXIÈME PARTIE :
INTERROGATIONS -
DÉBATS
SECTION I : L'EURO, UNE ETAPE
CRUCIALE POUR LA CONSTRUCTION
D'UNE EUROPE POLITIQUE ?
§1) OUI :
La monnaie unique est un pas de plus dans la stratégie de l'engrenage qui caractérise la
construction européenne depuis son tout début. Cette stratégie consiste à impliquer et imbriquer
toujours davantage les pays membres à partir de réalisations qui créent des solidarités de fait
relativement irréversibles, par un jeu savant de dispositions économiques et de dispositifs
juridiques qui se confortent et s'enchaînent. De ce point de vue, l'euro est une disposition
économique de plus qui fait logiquement suite à l'Acte unique de 1987 qui a ouvert le Marché
unique en 1992 ; mais qui neutralise moins bien que les autres l'enjeu politique qui se cache
derrière toute la construction européenne. On sait la relation privilégiée qu'entretient depuis
toujours le pouvoir politique avec la monnaie : créer une monnaie unique européenne est donc
faire un pas décisif dans la définition d'un espace politique européen. À propos du Moyen Âge,
Georges Duby a écrit que "la monnaie du roi a fait le roi" : la monnaie pourrait par conséquent être
pour l'Europe le levier du pouvoir politique.
L’union économique et monétaire (UEM) est théoriquement le dernier stade d’intégration avant
l’union politique. L’UEM est en effet, selon Bela Belassa (1980), l’aboutissement des différentes
phases successives d’intégration économique. Il y a d’abord le système de tarifs préférentiels, puis
la zone de libre échange qui réalise l’abolition des tarifs douaniers, puis l’union douanière qui crée
un tarif extérieur commun, puis le marché commun, c’est-à-dire un espace les facteurs de
production circulent librement, puis l’union économique les politiques économiques sont
harmonisées et enfin l’union économique et monétaire, qui se caractérise par la mise en œuvre de
politiques communes et d’une monnaie commune ou unique.
§2) MAIS :
On pourrait tout aussi bien considérer que la construction européenne se fait à l'envers dans la
mesure c'est au pouvoir politique de légitimer le pouvoir monétaire ; l'union monétaire serait
alors pour le moins prématurée. Selon M. Friedman, pour qui l'UEM est un projet ambitieux et
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prématuré, "l'unité politique peut conduire à l'unification monétaire. Par contre, l'unité monétaire
imposée sous des conditions défavorables se révélera un obstacle à la réalisation de l'unification
politique". L’opinion de M. Friedman rejoint celle d’un autre Prix Nobel d’économie, le Français
Maurice Allais : « si la réalisation d’une monnaie unique européenne, aboutissement nécessaire à
terme d’un marché unique, est hautement souhaitable dès que possible, penser qu’un tel objectif
serait réalisable sans l’établissement préalable d’une Communauté politique européenne est
parfaitement illusoire. (…) De même qu’en 1954 le projet de Communauté européenne de défense
(CED) ne pouvait qu’échouer dès lors que n’existait pas préalablement une Communauté politique
européenne, de même un fonctionnement efficace et durable d’une Union monétaire européenne
avec une monnaie unique est inconcevable en dehors de l’existence préalable d’une Communauté
politique réelle ayant fait, au cours de plusieurs années, la preuve de sa stabilité » (Erreurs et
impasses de la construction européenne. Éditions Clément Juglar. 1992). Plus récemment, en mai
2010, un autre prix Nobel, Paul Krugman, pourtant opposé aux thèses monétaristes et
néoclassiques, partage en définitive le même sentiment que ses prédécesseurs : il considère que
cela a été une erreur de croire qu’il était possible d’avoir une monnaie unique avant de faire une
union politique. Plus récemment encore, dans Le Monde du 3-4 juillet 2011, un quatrième autre
prix Nobel d’économie, Amartya Sen écrit en analysant la crise que connaissent depuis 2008 les
« PIGS » : « Comment certains pays de la zone euro se sont-ils retrouvés dans une situation aussi
calamiteuse ? La décision saugrenue d’adopter une monnaie unique, l’euro, sans plus d’intégration
politique et économique a certainement joué son rôle (…). C’est pour moi une piètre consolation
de rappeler que j’étais fermement opposé à l’euro, tout en étant très favorable à l’unité européenne
(…) ». Et encore plus récemment, dans un entretien donné au journal Le Monde paru le 23 mai
2014, l’économiste Thomas Piketty déclare sans hésiter : « pendant longtemps, on a cru qu’un
grand marché avec une concurrence libre et parfaite était suffisant pour fonder un projet politique ;
on a ajouté l’euro, en redoutant l’inflation et en se méfiant des États. L’idée d’une monnaie sans
État a germé à ce moment-là. C’est une folie. On ne peut pas faire fonctionner une monnaie unique
comme ça. On a besoin d’un minimum d’union budgétaire et fiscale et pour cela d’un minimum
d’union politique, démocratique ».
De toute façon, l'avènement de la monnaie unique marque le passage de l'économique au politique
et on peut en attendre la relance de la construction européenne avec le retour au premier plan de la
question du fédéralisme ; car, comme le note P.-A. Muet dans le rapport publié en 1998 par le
Conseil d'analyse économique de Matignon, "l'Europe n'a avancé qu'au rythme d'une intégration
économique accrue. La contrepartie de cette démarche est l'écart qui s'est progressivement creusé
entre l'européanisation croissante des économies nationales et la faiblesse des institutions
politiques et démocratiques européennes". Depuis cette réflexion, le déficit démocratique semble
d’être aggravé en Europe, d’où les difficultés rencontrées lors des ratifications du traité
constitutionnel, qui compromettent pour un temps plus ou moins long les progrès de l’Europe
politique. Et, par dessus le marché, les conséquences de la crise des subprimes de 2007-2010 sur
les finances publiques de plusieurs États membres et les dissensions que cela cause au sein de la
communauté européenne montrent que l’UEM ne permet pas vraiment de faire un pas vers une
Europe davantage politique. Et cela bien que l’idée de gouvernement économique fasse son
chemin, tellement les circonstances la légitiment. Analysant la crise que subissent depuis 2008 les
« PIGS », le prix Nobel d’économie en 1998 Amartya Sen écrit dans Le Monde du 3-4 juillet
2011 : « la tradition du débat public démocratique est sapée par le pouvoir incontrôlé que
détiennent les agences de notation qui de facto dictent aux gouvernements démocratiques leurs
programmes, souvent avec le soutien d’institutions financières internationales ». Mais, comme
l’écrit P.-A. Delhommais en parlant de l’euro (Le Monde des 28-29 mars 2010), « le bouclier s’est
transformé en glaive. Et c’est à cause de l’euro que l’Europe se retrouve en crise. En crises, pour
être plus précis. Crise des finances publiques, d’abord, comme en Grèce. (…) Crise de
compétitivité, ensuite. (…) Crise institutionnelle aussi. (…) Crise d’identité enfin, avec un euro
dont on promettait qu’il rapprocherait les peuples le possédant et dont on s’aperçoit au contraire
qu’il les éloigne. Et les déchire ».
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En définitive, la question de fond est de savoir si la zone euro court réellement le risque d’exploser
par insuffisance de fédéralisme budgétaire et par conséquent par manque de volonté politique
parce que l’on a eu tort de « mettre la charrue avant les bœufs », ou si le progrès que constitue
malgré tout la monnaie unique aurait été simplement possible si l’on avait cherché à laisser les
bœufs devant en tentant de construire d’abord une Europe politique.
Le 2 janvier 2015, le Président de la BCE donne en quelque sorte son opinion sur la question que
nous posons en expliquant sur l’un des plus grands sites mondiaux d’information, le « Project
Syndicate », en quoi la zone euro a malgré tout une dimension politique, ce qui explique
d’ailleurs pour lui la résilience dont elle fait preuve, mais aussi pourquoi l’UEM n’est pas
complètement achevée. Selon lui, pour la parachever, il faut trouver une approche adaptée qui
tienne compte de l’impossibilité de réaliser des transferts budgétaires entre régions comme cela
se fait dans d’autres unions. M. Draghi envisage les principaux aspects d’une telle approche.
Nous renvoyons donc à ce document important :
https://www.ecb.europa.eu/press/inter/date/2015/html/sp150102.fr.html
Le dimanche 19 avril 2015, alors que la crise grecque devient à nouveau critique, Le Monde
publie sur son site Internet un article de Marie Charrel intitulé « Peut-on encore sauver l’euro »
(http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2015/04/19/peut-on-encore-sauver-l-
euro_4618812_3234.html) qui reprend plusieurs arguments que nous développons dans le
présent document.
Nous pouvons y lire en particulier : « Ils ont le blues. Économistes, politiques, citoyens : les europhiles qui,
il y a quinze ans, pensaient que la monnaie unique apporterait prospérité et intégration sont aujourd’hui inquiets. Ils
vacillent. « L’euro de Maastricht ne fonctionne pas », constate Agnès Bénassy-Quéré, du Conseil d’analyse
économique (CAE). « Nous avons commis beaucoup d’erreurs », ajoute Henrik Enderlein, fondateur de l’Institut
Jacques-Delors, à Berlin. « Si c’était à refaire, il faudrait probablement s’y prendre différemment », complète Jean
Pisani-Ferry, président de France Stratégie, centre de réflexion rattaché à Matignon. Comme eux, nombre
d’économistes dressent aujourd’hui le même constat : l’euro n’a pas tenu ses promesses. Loin de créer de la
convergence, il a accentué les déséquilibres entre Etats. Loin d’éviter les crises, il a aggravé le choc de 2009. (…)
Avant de reconstruire l’euro, encore faut-il en convenir : tout a commencé de travers. Quand le rapport Delors,
en 1989, puis le traité de Maastricht, en 1992, ont jeté les fondations de la future monnaie unique, les experts étaient
déjà conscients du problème : une union monétaire construite entre plusieurs pays sans budget, ni gouvernement
commun, serait forcément bancale. Mais, à l’époque, le pari était le suivant : l’euro conduirait les Etats à plus
d’intégration politique. Soit parce qu’ils le désireront, soit parce que les crises les y contraindraient. « C’est la
méthode Monnet, et jusque-là, elle avait été un moteur efficace de la construction européenne », explique Alexandre
Delaigue, professeur d’économie à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr ». Seulement, pour l’euro, la méthode
Monnet n’a pas bien fonctionné. « Nous avons sous-estimé les difficultés et surestimé la capacité des États à
renoncer à plus de souveraineté », reconnaît Guntram Wolff, patron du think tank bruxellois Bruegel. Si bien
qu’entre 1999 et 2009, aucune des institutions nécessaires au meilleur fonctionnement de l’euro n’a été construite. A
commencer par les mécanismes capables de prévenir les crises… ». ». Le Prix Nobel Joseph Stiglitz abonde en ce
sens dans l’entretien qu’il a accordé au même quotidien : « Le problème fondamental est que l’euro est un projet
politique, mais que, paradoxalement, la volonté politique de faire fonctionner la monnaie unique est absente. Il y a
avait à l’origine l’espoir que lorsqu’une crise surviendrait, cette volonté politique émergerait enfin, mais ce n’est pas
arrivé. Bien au contraire, la crise a divisé les pays membres, alors que l’euro était supposé rassembler les
Européens ».
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