Tous les clignotants - macro et mi-
cro, financiers, sectoriels et sociaux
- ont viré au rouge après la dange-
reuse détérioration de la situation
régionale et ses retombées catas-
trophiques sur la scène intérieure
libanaise. L’imprévoyance, l’amateu-
risme et l’incompétence étatiques
aidant, l’économie nationale sort
véritablement essorée de l’année ca-
lendaire écoulée. Première victime
de la crise, le secteur commercial
est à bout de souffle après sept an-
nées de vaches maigres, marquées
successivement par l’assassinat
du Président Rafic Hariri, la guerre
de juillet, les accrochages de Nahr
el-Bared, le sit-in au centre-ville de
la capitale, la crise financière mon-
diale et, pour (ne pas) finir, le blocus
économique arabe. Ce dernier, im-
placable, a brisé les reins des com-
merçants en leur faisant rater les
rendez-vous sacro-saints de l’été, du
Fitr, de l’Adha et de Noël.
Quid de 2013? Tout économiste
sérieux ne saurait répondre qu’en
termes de scénario, tant la visibilité
reste réduite pour les mois à venir.
Le scénario le plus souhaitable (mais
est-il seulement envisageable?) se-
rait une reprise vigoureuse de l’ac-
tivité qui compenserait, un tant soit
peu, les pertes cumulées. Un scéna-
rio médian maintiendrait, à quelque
chose près, le statu-quo actuel à un
niveau très bas. Le scénario le plus
pessimiste, mais celui qui semble,
hélas, tenir la corde, verrait une dé-
gradation supplémentaire des indi-
cateurs économiques, eu égard au
volcan syrien, à la faible immunité
du corps social libanais, et à la dé-
moralisation généralisée des agents
économiques du pays.
2013, L’ANNÉE DU CAPITAL
HUMAIN
Par Stéphane Attali, directeur général de l’ESA
L’année 2013 risque d’être une année
de très faible croissance pour le Liban,
voire de récession. Certes, il faut gar-
der confiance en cette résilience hors
du commun dont les Libanais ont tou-
jours su faire preuve, en particulier
dans le secteur privé. Il n’est pourtant
parfois pas inutile de l’aider. Les temps
de faible croissance sont une belle op-
portunité pour prendre du recul et in-
vestir, en particulier dans ce qui fait la
force des entreprises libanaises, leur
unique «valeur refuge» en temps de
crise: le capital humain. Ce n’est que
par lui que les entreprises retrouveront
le chemin de la compétitivité et de la
croissance, par sa motivation, son par-
tage des valeurs, sa créativité. Alors en
2013, faisons preuve plus que jamais
de courage et d’innovation, pour faire
du capital humain l’axe majeur de la
reprise économique au Liban.
PERSPECTIVES 2013
Perspectives
pour l’année
2013
Dans ses colonnes, Econews donne
la parole aux différentes personnali-
tés qu’elle a interrogées depuis sa
création. Dans nos prochains numé-
ros, vous pourrez découvrir encore
bien d’autres points de vues, sou-
haits et perspectives économiques.
CHAPEAU...
Par Nabil de Freige, député
En ce début d’année 2013, et en
tant que président de la commis-
sion parlementaire de l’Économie,
j’aimerais tirer mon chapeau pour le
travail remarquable fourni par les ins-
tances économiques en général et la
Chambre de commerce, d’industrie
et d’agriculture en particulier. En ef-
fet, ces organisations ont fait le travail
que le gouvernement et le Parlement
auraient dû faire!
Mon souhait pour l’année 2013 est
que les élections législatives se dé-
roulent dans les délais prévus par
la constitution et qu’une majorité
puisse constituer un gouvernement
qui aurait pour principal objectif la
relance économique du pays.
Je suis convaincu que la résistance la
plus efficace reste la croissance éco-
nomique et non les missiles.
Je suis aussi convaincu que seul le
secteur privé peut relancer l’écono-
mie du pays mais pour y arriver, il a
besoin de stabilité et de confiance.
Un dernier souhait: les chambres de-
vraient donner plus d’importance au
secteur agricole car quelques partis
politiques veulent essayer de le sépa-
rer du commerce et de l’industrie en
proposant de nouveau la création de
chambres d’agriculture, ce qui serait
très néfaste pour l’avenir de ce sec-
teur au Liban. Bonne année 2013.
2013: VERS UN DÉVISSAGE
GÉNÉRALISÉ DE L’ÉCONO-
MIE LIBANAISE?
Par Nicolas Chammas, président de
l’Association des commerçants de Beyrouth
La page de l’année 2012 se tourne
sur un constat désastreux concer-
nant l’état de l’économie national.
RÉFLEXION SUR LE
SECTEUR TEXTILE-
HABILLEMENT POUR 2013
Par Naji Mouzannar, secrétaire du Syndicat
des industriels textile et habillement libanais, ingénieur
Du moment que l’être humain, à
l’image des autres êtres vivants, ne se
dote d’une protection corporelle in-
née, le secteur du textile et de l’habille-
ment ne peut que continuer à croître,
proportionnellement à la croissance
démographique et à l’évolution du ni-
veau de vie des populations, de leurs
goûts et de leur tendance naturelle
au changement. Concernant la crois-
sance nationale en 2013 du secteur
textile et habillement, je doute qu’elle
retrouvera une situation favorable tant
que l’instabilité régionale perdurera
car à l’inverse de ce qui s’est passé
dans les années cinquante, la situa-
tion s’est répercutée négativement sur
l’économie, le tourisme et le pouvoir
d’achat des citoyens. Tout n’est pas
terne pour autant, et le créneau de
la Haute couture devrait pour sa part
continuer à échapper au marasme
ambiant, grâce à l’image de marque
qu’il s’est taillé, depuis déjà plusieurs
décennies, et qu’il continue à mainte-
nir et à améliorer, principalement au-
près des ressortissantes nanties des
pays du golfe et d’une Diaspora fière
de se distinguer à travers une tenue
vestimentaire à cheval sur les sensibi-
lités occidentales et orientales.
EST-CE QUE 2013 SERAIT
UNE ANNÉE FASTE POUR LA
FRANCHISE?
Par Nicolas Faure, NF Consultants®
www.nf-consultants.com
La Franchise au Liban et dans la ré-
gion a encore de très beaux jours de-
vant elle malgré une conjoncture po-
litique et économique peu favorable.
Le secteur du commerce de dé-
tail et des services en franchise
conserve, en effet, une très belle
marge de progression qui profitera
à n’en pas douter aux franchiseurs,
qu’ils soient Libanais ou originaires
d’autres horizons.
JE SUIS CONFIANT, NOTRE SEC-
TEUR PRIVÉ RELÈVERA TOU-
JOURS LES DÉFIS QUELQUES
SOIENT LES OBSTACLES!
Par Fouad Zmokhol, président du
Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprises
libanais (RDCL)
En tant que chef d’entreprise, il faut
rester objectif et réaliste: malheureuse-
ment, la plupart des indicateurs et les
chiffres économiques nous poussent à
prévoir une année 2013 épineuse.
La récession mondiale touche l’en-
semble de nos secteurs, l’inflation
ne fait qu’attiser la gronde sociale.
Les révolutions arabes, notamment
la guerre en Syrie, pèsent lourd sur
notre économie et risquent encore
de perdurer. Les dissensions internes
augmentent, essentiellement car les
dirigeants sont aveuglés par les pro-
chaines élections parlementaires…
À l’ombre de ce paysage sombre qui
se dévoile à l’horizon, notre objectif
est de survivre, persévérer et surtout
user de notre plus grand atout, celui
de savoir identifier les opportunités
à travers les crises. Notre secteur
privé s’est développé durant les an-
nées de guerre les plus dures, je suis
confiant qu’il relèvera toujours le défi
quelques soient les obstacles!
UN CHOC POLITIQUE EST
NÉCESSAIRE POUR RE-
TOURNER LA VAPEUR!
Par Sami Nader, économiste
Les perspectives de croissance pour
2013 ne sont pas roses. Un déficit
budgétaire croissant associé à une
balance de paiement négative n’est
pas de bon augure. Un choc est né-
cessaire pour retourner la vapeur. Il
doit être de nature politique. Il passe
nécessairement par un nouveau gou-
vernement, compétent et crédible. Un
gouvernement qui rétablit la stabilité,
fixe une vision claire pour relancer la
croissance, et engage les réformes
structurelles nécessaires. Celles-ci
doivent nécessairement inclure le par-
tenariat secteur public-secteur privé.
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