les semaines à venir. Les éléments qui nous font adopter cette attitude sont d’ordre macro et
micro-économique, chartiste et de « behavioural finance » :
1) En ce qui concerne la macro-économie :
Plusieurs éléments d’ordre factuel font que nous sommes très sceptiques sur une reprise en
« V », telle que le claironnent nombre d’analystes et de stratèges ne voyant qu’un cercle
vertueux s’enclencher. Les différents responsables de la Fed ont beau déclarer que la reprise
sera lente et progressive, les analystes devenus très « bullish » estiment que le marché
anticipe une reprise économique beaucoup plus forte que prévu. L’un des directeurs de la Fed,
M. Kohn, a pourtant explicitement écarté la possibilité d’une reprise en « V » de l’économie,
évoquant une reprise graduelle, dans le meilleur des cas.
Nous avons beau avoir beaucoup d’imagination, nous n’arrivons guère à percevoir une forte
reprise de la croissance. Comme David Rosenberg le souligne, lorsque l’indice S&P 500
progresse plus que de 50% dans une phase de hausse des marchés, en sortie de récession, c’est
que l’économie est déjà sur un trend de croissance de 5% du PIB en rythme annuel et que plus
personne ne parle de récession ou de risque de rechute, car on est alors dans la deuxième
année de reprise de la croissance, ce qui, nous semble t-il, est loin d’être le cas actuellement.
La Fed et les autorités monétaires dans le monde entier ont initié une gigantesque infusion de
liquidités dans le système financier, pour éviter l’effondrement de celui-ci. L’objectif, fort
louable, était de faire repartir la machine économique. Ce faisant, la Fed a réussi à maintenir
les taux à court terme à zéro. Comme elle n’a pas la maîtrise des taux au-delà d’un horizon de
quelques mois, on assiste à une courbe de taux « bizarre » presque verticale, entre des taux
très bas pour les maturités très courtes, et on remonte tout de suite à plus de 3%. Cette
pentification très artificielle, loin de refléter des conditions de croissance économique
« naturelles » a fortement avantagé les banques. La plupart était au bord de la faillite, il y a à
peine un an, elles ont pu faire des profits de trading fantastiques en jouant sur les produits de
taux, notamment. En empruntant à zéro et en les replaçant dans des obligations plus longues,
profitant du rétrécissement important des spreads entre les bonds corporate et government,
elles ont dégagé des profits plantureux. Certes, tout cela est bel et bon, mais quid des créances
douteuses ?
Le fait est que dans toute reprise économique saine, il y a une expansion du crédit aux
entreprises et c’était bien l’objectif de la Fed en déversant des trillions de $ dans le système
financier. Le petit problème, c’est que si ces fonds restent «inutilisés », dans la mesure où les
banques ne prêtent pas aux acteurs économiques qui en ont le plus besoin, comme les PME,
l’effet multiplicateur de M2 est annihilé. La vélocité de circulation de la monnaie s’est
réduite, on a en fait paradoxalement une contraction de la masse monétaire M2. Comme le
souligne très justement Meredith Whitney qui est l’analyste bancaire que nous respectons le
plus, il y a une contraction du crédit pour les PME et le « credit crunch » continue aux Etats-
Unis. Or, les PME emploient 50% de la population active et représentent 38% du PIB aux US.
D’autre part, bien que les analystes claironnent toujours que le taux de chômage est un
« lagging indicator », ce n’est pas du tout un indicateur à la traîne pour ceux qui sont touchés