Page 5 sur 9
déflation serait plutôt le résultat d’anticipations négatives de l’évolution de la demande effective par
les entrepreneurs. Par la suite, l’école de Chicago et M. FRIEDMAN ont développé le concept
d’anticipations adaptatives de l’inflation, celles-ci étant imparfaites et limités par la connaissance
qu’acquièrent progressivement les agents. Les évaluations de la masse monétaire n’auront alors des
effets complets qu’à long terme. Pour LUCAS, au contraire, les anticipations des agents sont
rationnelles et immédiates, et seules des rigidités réglementaires ou un dysfonctionnement des
institutions du marché peuvent entrainer des retards d’ajustement des prix à la masse monétaire.
IB/ Les crises financières contemporaines et la situation actuelle de la zone-euro confirment dans une
large mesure la théorie de la déflation d’Irving Fischer.
Le développement des marchés financiers, la part plus importante prise par ces marchés
dans le financement de l’économie ainsi que la globalisation financièrent ont renforcé la portée de la
théorie de Fischer. En effet, environ 60% du financement de l’économie américaine se fait
aujourd’hui directement sur les marchés, et 40% dans la zone-euro, alors que ces proportions étaient
de 20 à 30 % au début des années 1980. Le décloisemment entre les marchés financiers nationaux et
la fin de la séparation entre banque d’affaire et banque de dépôt a certes permis d’accroitre la masse
de l’épargne disponible, d’abaisser les coûts de financement, d’optimiser les placements en les
diversifiant et en dynamisant leur rendements ; mais ils ont également acrru l’exposition de chacun à
une crise financière. Les capitaux sont devenus particulièrement volatiles, et ils se déplacent au gré
des évolutions de taux. Dès lors les crises financières sont d’autant plus brutales, car la période
d’expansion des prix et d’inflation du crédit décrite par Irving Fischer n’est plus seulement alimentée
par les banques et les investisseurs nationaux mais par ceux du monde entier. De plus, la liberté de
circulation des capitaux diffuse les crises immédiatement au-delà des frontières nationales. Ainsi, en
1930, l’Europe avait été touchée indirectement par le krach de 1929, du fait du rapatriement des
capitaux américains placés en Allemagne et en Autriche ; or, en 2007-2008, les banques européennes
avait elles-mêmes investi aux Etats-Unis et subirent directement des pertes graves.
Avant d’en venir à la crise des subprimes, il convient de remarquer que plusieurs graves
crises financières sont apparues entre les années 1980 et le début des années 2000, et que celles-ci
sont parfaitement explicable par le mécanisme de « déflation de la dette » décrit par Irving Fischer.
Ainsi, la crise asiatique de 1998 fut-elle causée par un afflux de capitaux étrangers et par une forte
croissance de l’endettement ; il en va de même de la « crise nordique » qui a touché la Suède et la
Finlande entre 1990 et 1993. Dans les deux cas, l’ouverture internationale et la libéralisation des
marchés financiers et du secteur bancaire ont entrainé une forte hausse du prix des actifs, dont le
retournement a non seulement entrainé une crise financière, mais aussi une crise de change. La crise
japonaise de 1989-90 correspond elle-aussi au schéma décrit par Irving Fischer, mais son traitement
fut cependant différent. Alors par exemple que la Finlande réussit à apurrer rapidement son secteur
bancaire et a soutenu l’activité par un endettement public massif. Dans tous ces cas, la crise
financière s’est traduite par une forte baisse de l’inflation, voire une déflation, mais il n’y a qu’au
Japon où la déflation s’est prolongée durant plusieurs années.
La crise économique actuelle est le résultat direct de la crise des subprimes, survenue aux
Etats-Unis entre l’été 2007 et l’automne 2008. Elle trouve son origine dans des crédits souscrits à des
ménages pauvres, en vue d’acquérir