L`utilisation de l`image dans l`enseignemenrt de la religion

L’utilisation de l’image
dans l’enseignemenrt
de la religion
Remarques
préliminaires et
définitions
1) Importance du contexte
Dans ce qui suit, je me placerai du
point de vue du protestant luthérien
alsacien que je suis et qui a à faire pro-
fessionnellement avec cette confession,
puisque j’enseigne la théologie pratique
ou pastorale, ce qui requiert une bonne
connaissance du terrain et un contact
quasi permanent avec lui. Cet arrière-
plan sera peut-être perceptible dans ce
que je serai amené à dire, mais j’espère
cependant que mes réflexions et propos
sauront dépasser l’horizon purement
confessionnel et régional et se révéler
pertinents dans d’autres contextes reli-
gieux.
Je ferai également, et je ne suis
évidemment pas le seul à tenir cette
position – une distinction entre l’ensei-
gnement de la religion en milieu scolaire
et l’enseignement de la religion au sein
d’une communauté croyante, dans le
cadre de la catéchèse paroissiale ; les
objectifs ne sont, en principe, pas les
mêmes dans les deux contextes.
Dans le milieu scolaire, dans l’École
laïque et au niveau du Ministère de l’Édu-
cation Nationale (et même si l’Alsace et
la Moselle ont un statut particulier à cet
égard), on a bien pris conscience, assez
récemment, de l’importance de promou-
voir ce que l’on a coutume d’appeler la
culture religieuse. L’objectif explicite est
alors de familiariser les apprenants avec
telle ou telle religion ou confession, afin
qu’ils puissent la situer dans l’histoire,
et en connaître les origines, les sources
(d’où aussi l’appellation de culture bibli-
que, quand la source est la Bible), son ou
ses fondateurs, et ce en-dehors de toute
référence ecclésiale (hormis en Alsace et
en Moselle). La matière sera, ou devrait
alors être je suis prudent pensée et
dispensée selon les mêmes critères que
les autres disciplines scolaires. L’accent
sera mis sur un certain nombre de savoirs
et de savoir-faire, même si le savoir-
être n’est pas absent, ou ne devrait pas
l’être – mais cela est une autre histoire.
Par contre, dans le cadre d’une
communauté croyante, l’objectif de la
culture religieuse existera certes égale-
ment, mais d’autres objectifs, comme
celui de la transmission de traditions, de
valeurs, de doctrines, pour ne pas dire
de la foi, ainsi que la recherche com-
mune de sens seront au moins autant,
sinon plus, présents. En principe on y
évoquera davantage de questions exis-
tentielles (telles que celles de Dieu, de
la personne humaine, de la relation à
autrui, de naître, vivre, mourir, renaître),
que de questions de pure connaissance.
1
94
BERNARD KAEMPF
Faculté de Théologie prostestante
Université Marc Bloch
95
Bernard Kaempf L'utilisation de l'image dans l'enseignement de la religion
La différence au niveau des objectifs
se marquera déjà dans l’appellation, car
on parlera rarement d’enseignement de la
religion, mais plutôt de catéchèse (parois-
siale ou ecclésiale), du moins dans le
cadre de la religion chrétienne – et on
mettra au moins autant l’accent sur le
savoir-faire (célébrer, prier) et le savoir-
être (éthique), que sur l’acquisition de
connaissances pures.
Si les objectifs sont différents, ou ne
se recouvrent pas en totalité, la méthode
d’enseignement, la didactique, sera de ce
fait sans doute également différente, et,
par même, le statut des outils, parmi
lesquels l’image qui nous intéresse plus
spécialement ici, sera lui aussi différent.
Je me situerai aujourd’hui très claire-
ment dans une perspective de culture reli-
gieuse et ma préoccupation sera surtout
d’ordre psychopédagogique et didactique,
mais il me faudra quand même évoquer,
au moins brièvement, le contexte de la
catéchèse paroissiale.
2) L’image
Le concept d’image est pris dans son
sens et son acceptation les plus larges.
Image désignera de façon globale le des-
sin, la peinture, y compris la peinture
comme œuvre d’art
2
, les statues, mais
aussi les dessins animés, les bandes des-
sinées, les photos, et tous documents
disponibles actuellement sur supports
audio-visuels, y compris les logiciels
informatiques et les CDRom, en tant
qu’ils sont des tentatives pour représenter
des choses et des événements et les ren-
dre présents et visibles, et en particulier
pour donner accès à la dimension de
l’invisible et du transcendant. Dans ce cas
l’image sera considérée à la fois comme
métaphore et comme symbole.
Et puis j’ajouterai encore, que la paro-
le elle-même, par les mots, les sons, les
paraboles et la plastique employés, peut
très bien être ou faire image.
Il ne saurait évidemment être question
de traiter ici toutes ces catégories d’ima-
ges ; en procédant par touches, je prendrai
deux exemples d’images modernes dont
l’utilisation dans le cadre de l’enseigne-
ment n’est pas encore courante, mais qui
pourrait se généraliser dans l’avenir : il
s’agit d’un document sur CDRom et d’un
ouvrage basé sur la publicité.
Je me sens d’autant plus libre de pro-
poser cette démarche que tout ou presque
a déjà été dit au sujet des images au sens
classique du terme. Un rappel historique
relativement bref à ce sujet devrait donc
suffire.
Rappel historique
Ce bref rappel historique a pour but de
montrer d’où nous venons, afin de mieux
savoir nous en sommes, à défaut d’être
parfaitement au clair par rapport à ce vers
quoi nous allons.
Le débat concernant l’utilisation des
images en Église ne date pas seulement
du temps de la Réforme. La querelle des
images (cf. Christus, 66ss) remonte aux
VIe et VIIe s. et elle a ébranlé l’Empire
romain d’Orient : la controverse tournait
autour de la place de l’art dans l’Église.
L’argument, devant l’envahissement
progressif de l’image, était, déjà à ce
moment-là, que le culte rendu au Dieu
invisible est un culte « en esprit et en
vérité » et qu’il n’a donc pas besoin des
images.
Si l’iconophilie a finalement triom-
phé, cela était dû en partie à une sorte de
« purification » du culte de l’image, et en
partie à une réflexion théologique autour
de l’incarnation. Le raisonnement était le
suivant : en Jésus-Christ Dieu lui-même
prend corps et visage, et par lui la dimen-
sion de l’éternité entre dans l’histoire.
L’incarnation de Dieu est l’événement
décisif de l’histoire humaine, et cela nous
autorise à faire des images et à nous
appuyer sur des représentations visibles
qui reçoivent un autre statut que celui
qu’elles ont dans l’Ancien Testament.
Cette dernière réflexion se concrétise
dans des considérations pédagogiques
et didactiques, qui ont été reprises et
approfondies par la suite.
C’est surtout le pape Grégoire le Grand
qui aurait je dis aurait, car cela est con-
testé par certains historiens, et je ne suis
moi-même pas assez qualifié pour me
prononcer revêtu cette idée de son auto-
rité et défini l’image chrétienne comme la
Bible des illettrés ou des pauvres
3
. Cette
formule qui convenait parfaitement à des
objectifs didactiques, cultuels et pasto-
raux s’est imposée sans trop de peine.
« Ainsi, dans sa définition de sa doctrine
Illustration 1 – L’ascension de Jésus-Christ, in La Bonne Nouvelle, p. 188.
96 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image”
de la Biblia Pauperum, Grégoire le Grand
prend soin de ne pas réduire l’image à
être une simple répétition visuelle du
texte ; à côté des deux fonctions principa-
les qui sont celles d’instruire et de fixer
la mémoire (anamnèse), l’image possède
également une troisième fonction que
Grégoire le Grand appelle la componc-
tion. Il s’agit d’une fonction affective,
que l’on pourrait rapprocher [d’une]
‘esthétique de l’expérience’ : le fait de
voir des scènes représentées suscite chez
le fidèle une émotion qui favorise l’expé-
rience religieuse. » (J. Cottin, Prédication
et images, p. 635-636)
Malgré cette argumentation, l’usage
de l’image dans l’Église conduisit à une
fixation sur le concret et le visible, à
l’oubli de la transcendance, à une dérive
païenne et à un détournement idolâtrique
de l’image.
C’est du moins le constat que firent les
Réformateurs environ huit siècles après
la mise en avant de la Bible des illettrés
par le pape Grégoire le Grand.
On sait que les Réformateurs s’éle-
vèrent – mais à des degrés divers et
variables – contre les abus qu’ils avaient
constatés au sujet de l’utilisation des
images dans le culte et les dévotions
publiques et privées par le catholicisme
de leur temps. Ils se référaient pour cela,
comme cela avait été fait auparavant par
certains théologiens chrétiens, ainsi que
dans d’autres religions, aux interdic-
tions de l’image faites déjà par l’Ancien
Testament (Exode 20, 2-6) et aussi à
l’invitation, dans le Nouveau Testament,
d’adorer Dieu « en esprit et en vérité ».
(Jean 4, 24)
Martin Luther, que l’on dit de toute
façon et sans doute à juste titre, être de
tous les Réformateurs celui qui est le
plus proche de la sensibilité catholique,
ne rejetait pas totalement l’utilisation des
images en contexte ecclésial, puisqu’il
leur reconnaissait une valeur pédagogi-
que. Bien qu’à ma connaissance il ne leur
ait jamais appliqué cette dénomination,
elles font en quelque sorte partie, pour
lui, des adiaphora, des choses indiffé-
rentes ou secondaires. Son Grand Caté-
chisme était d’ailleurs illustré, alors que,
paradoxalement, le Petit Catéchisme, des-
tiné explicitement à l’usage des familles,
au sein desquelles tout le monde ne savait
pas lire, n’était, lui, pas illustré. Il est vrai
aussi que des images et des symboles à
contempler et à lire ou à interpréter exis-
taient à l’époque à tous les coins de rue
(églises, crucifix, calvaires, etc.).
Jean Calvin et Huldrich Zwingli
avaient, quant à eux, pris position pour
un iconoclasme assez sévère et rigoureux,
afin d’enlever du culte et de la pratique de
la foi toute trace païenne.
Ainsi, l’adoration, sous la forme de
l’écoute de la Parole, devait se faire dans
un espace le plus dépouillé possible, sans
images, qu’elles soient sacrées ou non,
sans statues, sans représentations, sans
mobilier même, autre qu’une table pour
l’autel et des bancs et chaises (les plus
rudes et inconfortables possibles). Tout
cela est relativement bien connu.
Aujourd’hui les données ont un peu
changé et évolué dans le protestantis-
me et il faut tordre le cou à un cliché
encore trop répandu. Pour le dire avec
J. Cottin : « On tend maintenant à diffé-
rencier entre une tradition protestante,
par nature iconoclaste, et la théologie
protestante, plus ouverte à une certaine
conception de l’image. Quant à la pra-
tique ecclésiale actuelle, elle accueille
même favorablement les images (caté-
chèse, mission, présence dans les médias,
méditation, expression liturgique), mais
sans que cet accueil soit, sauf exception,
véritablement réfléchi, théologiquement,
esthétiquement ou spirituellement. »
(Encyclopédie du Protestantisme, article
« Iconoclasme », p. 712)
4
Les images trouvent maintenant leur
place dans l’enseignement de la religion,
d’une part, parce que l’on a bien compris
et depuis assez longtemps, dans les Égli-
ses protestantes incluses
5
–, la nécessité
de s’adresser et de parler à tout l’homme,
et donc à tous ses sens, et pas seulement,
comme c’est le cas pour l’emploi exclusif
de la Parole, à l’intellect, à la pensée et à
l’ouïe, et, d’autre part, parce que l’on a
re-découvert l’importance de la commu-
nication non-verbale, dont l’usage des
images fait partie.
6
L’image sous toutes ses formes : des-
sins, peintures (dans des Bibles illustrées),
statuaires, tableaux, photos, mosaïques, et
plus récemment la télévision, le cinéma,
la BD, les logiciels d’ordinateurs (ou les
CDRom), voire la publicité, ont trouvé
droit de cité et d’usage comme outils
dans la catéchèse et l’enseignement de la
religion dans le ou les protestantismes ;
l’image y est considérée, non pas tant,
comme ce fut longtemps le cas dans le
catholicisme, comme ancilla theologiae,
servante de la théologie, mais comme
servante de la pédagogie et de la didacti-
que. Ainsi l’illustration biblique, notam-
ment, se porte plutôt bien et représente
un moyen privilégié de transmission de
l’histoire biblique à un public contempo-
Illustration 2 – La résurrection de Jésus-Christ, in De la Bible à l’image, p. 127
97
Bernard Kaempf L'utilisation de l'image dans l'enseignement de la religion
rain qui lit beaucoup moins qu’autrefois
et qui est assez déchristianisé.
L’ouvrage illustré protestant qui a
beaucoup marqué les esprits et qui a été
en usage jusque vers 1960 date de la pre-
mière moitié du XXe siècle et s’appelle
La Bonne Nouvelle ; il devait familiariser
les catéchumènes avec la Bible à travers
le mode narratif. Nous présentons un
extrait qui a trait à l’ascension de Jésus
(voir illustration 1). Ce dessin ressem-
ble beaucoup à celui qui figure dans un
livre d’origine catholique (reproduit dans
l’ouvrage De la Bible à l’image, illustra-
tion 2), mais il représente en fait la
résurrection de Jésus .
Je voudrais ajouter encore un autre
dessin, contenu lui aussi dans la même
Bonne Nouvelle, car il a marqué – positi-
vement mais surtout négativement – l’es-
prit de milliers de catéchumènes : c’est
la représentation du « sacrifice d’Isaac »
appelé aussi « ligature d’Abraham »
(illustration 3) ; beaucoup de personnes
se souviennent de ces dessins, et retrou-
vent derrière et grâce à eux le passage
ou l’histoire biblique correspondant ;
mais certaines disent également, et je
l’ai entendu dire plus d’une fois, que c’est
précisément cette image du sacrifice et de
l’immense couteau qui les a traumatisés
dans leur jeunesse et leur a fait prendre
de la distance, aussi bien par rapport à ce
Dieu cruel que par rapport à l’Église qui
se réclame de lui.
Les enseignants de religion comme
ceux d’histoire connaissent tous bien
l’empreinte durable, mais reposant mal-
heureusement sur des bases souvent faus-
ses ou caricaturales, que peut laisser dans
l’esprit des élèves un film du genre peplum
ou une bande dessinée consacré(e) à un
sujet historique ou religieux.
Ces réactions sont bien la preuve, s’il
en fallait, que l’image est toujours ambi-
valente et sa lecture paradoxale, mais
aussi que l’image est finalement ce qui
reste lorsque l’on a tout oublié, car elle
fixe la mémoire de manière beaucoup
plus directe et efficace qu’un texte ou
qu’une parole.
C’est parce que l’on a bien pris cons-
cience de cela, que l’on a fréquemment
recours, surtout dans le protestantisme
anglo-saxon, à des Bildpredigten, des
sermons illustrés par une image (ou une
peinture) montrée à l’assemblée cultuelle
sous forme de diapositive et commentée
en chaire par le pasteur. On aurait en
quelque sorte un moyen terme entre la
culture biblique et la catéchèse dont il
sera question plus loin.
Je serais tenté de voir encore une trace
de la différence entre approche catholi-
que et protestante de l’image, dans le fait
que du côté protestant, on confectionnera
plutôt un CDRom avec le texte bibli-
que et ses différentes langues originelles
(hébreu et grec) accompagné d’un certain
nombre de traductions (La Bible Online),
et on y ajoutera comme seules illus-
trations quelques cartes géographiques
qui sont, elles, difficiles à idolâtrer ; par
contre, une maison d’édition catholique
créera plutôt un CDRom très ludique et
avec beaucoup de dessins, d’animations
et de représentations, même en 3D (Jéru-
salem. La Terre Sainte…)
C’est ce CDRom que je prendrai en
guise de premier exemple de l’utilisation
de l’image dans l’enseignement de la
religion à l’époque contemporaine.
Le CDRom Jérusalem.
La Terre Sainte.
Le temple
Ce CDRom est d’origine catholique.
Les images qu’il nous montre ne sont pas
des images de Dieu, mais des supports
pour parler de Dieu, de son œuvre, de son
peuple. Ce CD est conçu d’abord pour
transmettre des connaissances sur un
mode didactique assez classique, comme
par un livre, mais avec cependant l’inte-
ractivité et la dimension ludique en plus
(illustration 4). Il y a un premier enjeu et
une critique tout à fait formelle liés à ce
CDRom, à savoir qu’il n’est pas imprima-
ble dans sa totalité. Il est dommage que
l’on ne puisse en saisir et imprimer que la
partie Documents : mais cela en fait déjà
un instrument de travail qui dépasse les
possibilités généralement offertes dans
un cadre individuel ou en groupe (avec
des ordinateurs mis en réseau).
Il y a cependant des enjeux plus
importants, voire existentiels.
Il est certain qu’en quittant les ima-
ges, l’utilisateur de ce CDRom, qu’il
soit enfant ou adulte, pourra avoir appris
quelque chose et accru ses connaissances
bibliques, historiques et développé sa
culture religieuse concernant les trois
religions monothéistes. Il pourra même
évaluer lui-même ses connaissances à
l’aide des jeux proposés et se délivrer un
diplôme sanctionnant la qualité de son
Illustration 3 – « Sacrifice d’Isaac » ou « Ligature d’Abraham », in La Bonne Nouvelle, p. 18
98 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image”
savoir, en le tirant sur son imprimante. Il
s’agit donc d’une démarche didactique
presque complète, sauf qu’il y manque
la dimension sociale et communautaire
de la relation avec les autres, ce qui
représente à mon avis une lacune et un
enjeu majeurs.
L’utilisation des images du CDRom
peut se faire de manière solitaire, alors
que, s’agissant de religion, dont la mani-
festation comprend toujours une dimen-
sion horizontale, sociale, relationnelle,
voire communautaire, on s’attend et cet
aspect des choses est fondamental – à ce
qu’il y ait un médiateur des images, un
tiers qui les expose et les explique.
Les CDRom font partie du règne de
l’immédiateté et de la virtualité, et pour
un enseignement vivant – surtout dans le
cadre de la religion –, il convient donc
de les accompagner, et la question de
l’incarnation à travers la relation humaine
se pose. Pour que l’image dise et exprime
le maximum de ce qu’elle peut dire, il
faut la compléter par un acte performatif.
Cet acte pourrait consister, d’une certaine
manière, dans les opérations faites sur
et avec l’ordinateur. Mais l’ordinateur
et son logiciel, pour interactifs qu’ils
puissent être, ne remplaceront jamais le
tiers incarné, le médiateur et aide à l’in-
terprétation des images auquel on devrait
avoir droit dans le cadre de tout ensei-
gnement.
Il manque donc, quand ce genre
d’images est utilisé de manière solitaire,
le vis-à-vis, le pédagogue, le mentor,
autrui en somme ; car à quoi bon un pur
savoir, à usage purement interne, person-
nel et individuel, surtout à propos d’une
matière qui s’appelle la religion ?
Derrière cette question de pédagogie
et de didactique de l’utilisation des ima-
ges virtuelles se profile donc bien une
question d’ordre social et éthique.
7
A cela s’ajoute encore une question
d’ordre théologique : à force de présenter
et de côtoyer des images virtuelles, qui
sont pourtant en rapport avec la relation
entre Dieu (ou la transcendance) et les
Hommes, ne risque-t-on pas de voir se
renforcer l’idée que Dieu ou la transcen-
dance est lui-même virtuel, une espèce
de deus ex machina, donc finalement
inexistant ? Marshall McLuhan a dit, sans
doute fort justement que le médium est
le message et même Le Message, ajoute-
rais-je, mais en l’occurrence l’utilisateur
du CDRom en question devrait prendre
conscience que le Message est encore
bien plus que le médium, parce qu’il le
dépasse.
CatéPub
Le second exemple que je voudrais
présenter est celui de Catépub. J’expo-
serai d’abord les réflexions méthodo-
logiques préliminaires et la démarche
didactique mise en œuvre par les auteurs
de l’ouvrage.
L’utilisation des images de la publicité
est inductive, puisqu’elle s’appuie sur
un phénomène universel et bien connu,
celui de la publicité ; l’image et la publi-
cité sont ici utilisés comme support pour
accéder à une connaissance de la Bible.
A partir d’images et de clichés, qui ont
souvent trait à la religion, parce que cette
dernière en fait régulièrement usage, on
essaie de remonter aux textes bibliques
sous-jacents, de les reconstituer et de les
retrouver à partir des bribes et éléments
de connaissance qui demeurent dans notre
culture ambiante. La sociologie et la psy-
chologie (surtout d’obédience jungienne)
ont bien montré combien « les anciens
mythes, les archétypes, les grands thèmes
religieux participent de manière vivante à
l’imaginaire contemporain qu’ils contri-
buent à nourrir. » (J. Cottin, Le sacré dans
la publicité, p. 73)
Catépub contient d’abord une excel-
lente introduction sur les techniques de
persuasion de la publicité qui, parce que
toute image est polysémique, peut lui
faire dire à peu près tout (et n’importe
quoi). Dans les lignes qui suivent, je
reprendrai assez fidèlement cette intro-
duction. (p. 6ss)
Le discours toujours grandiloquent
et exagéré de la publicité a pour but de
convaincre et de faire croire.
Le recours aux mythes ces derniers
se caractérisent par leur refus d’expliquer
et leur regard stéréotypé sur les choses –,
et le recours au religieux en général, et
Illustration 4 – Aperçu du texte de présentation du CDRom Jérusalem. La Terre Sainte. Le temple
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