développe d’ailleurs cette idée d’une sexualité qui a perdu sa signification depuis une quinzaine
d’années.
Il y a de cela quarante ans, la sexualité était un sujet relativement interdit. Il ne fallait pas en
parler, ou à tout le moins le garder secret. Les temps ont changé, les sociétés ont évolué et
aujourd’hui, c’est absolument l’inverse. Les jeunes sont imprégnés par le sexe, et ce pour des
raisons qui sont à la fois sociales, politiques, et même planétaires. Ils sont très informés autant sur
les choses du sexe que sur les fantasmes amoureux. C’est exactement l’inverse d’il y a quarante
ans. Les jeunes perçoivent l’amour presque comme une chimère. Une forte pression les mène à
croire que le sexe est essentiellement axé sur la consommation, le corps-objet, donc une sexualité
où la place du relationnel est presque inexistante. Mais en réalité, il faut comprendre que les
adolescents sont très angoissés par cette oppression du modèle de performance et veulent être
rassurés.
Depuis une quinzaine d’années, avec le développement d’Internet et des multiples médias,
nous assistons à des changements majeurs au niveau des mœurs sexuelles chez les enfants et les
adolescents, notamment en raison de l’omniprésence de l’image. L’utilisation à outrance du sexe
comme bien de consommation dans la mode, les chansons et la télévision a rendu le sexe
tellement accessible que nous n’avons même plus besoin de faire d’efforts pour accéder à du
contenu pornographique. Il nous arrive même d’en recevoir sans le demander. Nous assistons à
un phénomène d’érotisation de l’enfance, d’hypersexualisation des filles, d’augmentation de
l’offre de services sexuels de toutes sortes, à une érotisation de la violence ou encore au
développement des sex shops, ces sortes de quincailleries du sexe. Et la tendance ne semble
certes pas s’atténuer. Jamais dans l’histoire de l’humanité nous n’avons pu constater ce
phénomène avec une telle ampleur.
Il n’y a pas si longtemps, les jeunes recevaient un double message sur la sexualité : le sexe
était quelque chose de sale, de dégoutant, un péché menant directement en enfer, et pourtant, un
acte qu’il fallait garder pour la personne que nous aimerions vraiment. Plus tard, nous nous
sommes dit que la sexualité faisait partie intégrante de la nature humaine et que nous devions
aider les enfants à mieux la connaître. Malheureusement, cette belle volonté n’est restée qu’au
stade de l’intention puisque dans les faits, nous n’avons enseigné dans les écoles que la
prévention, la contraception, les maladies en passant complètement à côté de l’amour, des
sentiments. Aujourd’hui, nous nous retrouvons devant un sérieux problème : la sexualité et
surtout la pornographie sont partout présentes. Cependant, nous avons cessé de faire de
l’éducation sexuelle. En conséquence, les enfants se retrouvent plus angoissés et ignorants
qu’auparavant. Ils ne découvrent pas l’érotisme avec les produits pornographiques. La majorité
ne réalise pas ou ne perçoit pas la fausseté de ces produits somme toute irréalistes. Ces jeunes
veulent connaître ce qu’est l’amour, mais n’ont que de l’information trafiquée, ils n’ont que la
pornographie pour apprendre. Une forme de sexualité est donc partout de nos jours, mais nous ne
pouvons dire pour autant qu’elle s’est démocratisée. Ce n’est que la pornographie qui s’est
démocratisée. Si la sexualité s’était réellement démocratisée, nous verrions dans les médias des
modèles d’hommes et de femmes fragiles, moins beaux, âgés ou malades et pas seulement de