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06-10-2009
L’Unesco au cœur de la colonisation et de la décolonisation
Un colloque sur l’Unesco et les questions de la colonisation et de la
décolonisation a regroupé à l’Université Dakar une fourchette de
chercheurs venus du monde entier. Il s’agira durant ces échanges de voir
comment l’agence onusienne s’est impliquée dans le mouvement de
libération des peuples opprimés. A ce titre, l’ancien directeur de l’Unesco
Amadou Makhtar Mbow a fait un bilan de cette institution.
Par Papa Ismaila KEITA
L’ancien Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour
l’éducation, la science et la culture (Unesco), Amadou Makhtar Mbow, a
estimé, à travers une allocution lue par Doudou Diène, rapporteur spécial
de l’Onu sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination
raciale, de xénophobie et de l’intolérance, que faire la réécriture de
l’histoire de l’Unesco sur les questions de décolonisation et de colonisation
est une «œuvre complexe». Car, estime-t-il, «cela requiert une do-
cumentation nombreuse et variée qu’il faut interpréter à la lumière des
événements qui ont marqué l’évolution du monde depuis la fin de la 2e
Guerre mondiale». Avant d’ajouter que toute autre approche sélective
risquerait de donner une vision tronquée du cheminement de l’institution.
Cette rencontre de deux jours est organisée par le Comité scientifique
international pour le Projet histoire de l’Unesco, en coopération avec
l’Ecole doctorale d’études sur l’homme et la société, le département
d’Histoire de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université
Cheikh Anta Diop Dakar et l’Unesco.
Pour Amadou Makhtar Mbow, la naissance de l’Unesco coïncidait avec une
période d’incertitudes et de bouleversements. Avec l’armement atomique,
l’humanité prise dans sa totalité semblait se poser désormais les questions
de la guerre et de la paix. Et, c’est à ce moment précis, que surgit chez
tous les hommes l’instinct de survie. Ce qui s’est «une éthique de traduit
par une forme de communion entre les hommes, basée sur la liberté, du
bannissement du racisme, une éthique fondée sur la solidarité
intellectuelle et morale de l’humanité», le tout sous l’impulsion de
l’Unesco.
Appréciant le rôle de l’institution dans le processus de colonisation et de
décolonisation, Amadou Makhtar Mbow, fera savoir que l’Unesco a, à son
actif, beaucoup de succès non négligeables, allant de la lutte contre
l’Apartheid en Afrique du Sud, à l’accès au savoir pour repousser les
frontières de l’ignorance des jeunes colonies, l’éradication de
l’analphabétisme, entre autres. Mais, la victoire majeure de l’Unesco
semble être le pari gagné sur «le mythe fondateur du colonialisme, à
savoir le racisme», indique Mbow dans sa déclaration.
«Cette action de l’Unesco, poursuit-il, a contribué de manière certaine à
l’effort entrepris par les premiers intellectuels modernes africains et par
certains africanistes pour combattre les mythes fondateurs du
colonialisme sur la race, l’histoire et la culture.»
Même diagnostic chez Christian Ndombi, conseiller régional pour la culture
à l’Unesco à Dakar. Pour lui, l’institution onusienne a joué plus qu’un rôle
d’éveil et d’alerte en apportant son soutien aux colonies et aux
mouvements de libération naissants.
Le chef du département de la Faculté des Lettres et des Sciences
humaines (Flsh), Saliou Ndiaye, a quant à lui invité les congressistes à
définir de nouvelles perspectives pour l’Unesco, qui est, selon ses termes,
en «perte de vitesse».
«L’objectif de votre colloque est donc de formuler des pistes nouvelles de
réflexion sur ces sujets liés à l’histoire de l’Unesco, qui vient de fêter cette
année, son 64e anniversaire. Seulement, elle n’apparaît plus comme un
leader dans le domaine de l’action culturelle, éducative, scientifique au
niveau international. Elle semble, depuis plusieurs années, en perte de la
lourdeur vitesse», regrette-t-il. Un dysfonctionnement qu’il explique par
et l’opacité de son fonctionnement administratif, l’irrationalité de ses choix
budgétaires, et surtout par son manque d’indépendance politique par
rapport aux Etats qui la financent le plus.
Stagiaire
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