
d’insectes leurrés. Une fois posé, le malheureux se débat tant qu’il peut. Par ses propres
mouvements désespérés, il enduit tout son corps de ce liquide collant. Immobilisé, impuissant, la
feuille se referme alors sur lui dans une longue étreinte mortelle qui durera de longues minutes.
Une fois enfermé, les sucs digestifs vont agir à l’instar de ceux injectés par l’épeire dans sa proie.
Ils vont dissoudre les matières organiques internes à l’animal.
Quelques heures plus tard, le piège se déploiera à
nouveau et laissera s’envoler l’enveloppe de chitine
indigérable pour le Droséra qui ne possède pas,
dans son suc, les enzymes adaptées pour
dissoudre ce matériau.
Si l’on ne connaît pas la comportement particulier
de cette plante, le Droséra peut passer inaperçu,
petite plante rougeâtre d’une dizaine de
centimètres de haut perdue dans le vaste paysage
de la tourbière. En Juillet et août elle dresse une
dizaine de fleurs au dessus de la rosette dessinée
par ses feuilles et forme ainsi ses graines afin de
disperser sa descendance comme le font toutes les
plantes à fleurs…banal me diriez-vous à coté de sa
stratégie alimentaire.
Toutefois le Droséra est une plante menacée. Son
milieu de vie est menacé par différents éléments.
Les tourbières du Caroux, même en étant
localisées au cœur d'une zone classée du Parc
Régional ont bien failli disparaître. Ce milieu tend
naturellement au comblement et à être recouvert
par une végétation ligneuse. Cette tendance naturelle est accéléré par le piétinement répété de
randonneurs qui, voulant approcher les mouflons au plus près n’hésitent pas à envahir tous les
espaces disponibles. Des sentiers surélevés ont été aménagé dans les zones de tourbières.
D’importants travaux de stabilisation ont été entrepris afin de restaurer ce milieu fragile, espace
de vie, non seulement du Droséra mais de tout un peuplement spécifique animal et végétal.
De plus, le Droséra sécrète des molécules aux vertus médicinales. Elle entre dans la
composition de différents médicaments, notamment en homéopathie (Droséra 9CH…). Le
problème actuel réside dans la difficulté qu’ont les laboratoires pour cultiver des variétés de
Droséra. L’industrie pharmaceutique prélève encore fréquemment les plantes dans les milieux
naturels.
Vous l’aurez donc compris, le message de fin de la
Société de Protection de la Nature du Languedoc-
Roussillon, est celui du respect des sentiers. Notre
association est à l’origine de la création du Parc.
Ses membres militent depuis pour la sauvegarde
de ces espaces magnifiques si particuliers car en
limite entre le climat méditerranéen et montagnard.
Nous vous invitons par ailleurs à renforcer nos
rangs afin de constituer un pôle citoyen actif pour
imposer des choix de gestion des espaces basés
sur le développement durable, en opposition avec
le tourisme de masse qui après avoir bétonné notre
littoral, oriente ses objectifs vers les sites les plus valorisables de notre Arrière Pays (le
Salagou…).