Thème : Végétal - Date : 17 février 2003 - N° 1219 www.jardins.nantes.fr
Le gui
Un parasite qui porte bonheur
SI LE GUI EST CONNU PAR LE JARDINIER
COMME UN PARASITE, CEST AUSSI ET AVANT
TOUT UNE PLANTE RICHE EN SYMBOLES ET
PROPRIÉTÉS MÉDICINALES.
Légende
Parmi tous les habitants du Walhalla,
le beau Balder est le protégé du dieu
Odin. Balder fit un jour un rêve ef-
frayant dans lequel il voyait sa mort
fort proche. Bien entendu il se con-
fia alors à Odin qui accepta de le pro-
téger, mais pas à l’aide de cuirasses
ou de gardes du corps. Le dieu fit pro-
mettre d’abord à la terre, puis à la
mer, le feu, le vent, les pierres et les
poissons de ne nuire en aucun cas à
Balder, jusqu’au plus petit
parmi les plantes et les
animaux, tous prê-
tèrent le
ser-
ment d’être favorable à Balder. Odin
organisa alors de grandes fêtes pour
son favori, durant lesquelles le jeu
préféré consistait à éprouver l’invul-
nérabilité du beau Balder. Mais cela
rendait le méchant dieu Loki jaloux
et il chercha alors de par la planète
entière un allié pour tuer Balder.
Hélas tous avaient promis à Odin.
Loki finit par trouver à l’ouest une
plante qui n’avait pas fait la promesse
et se trouvait dans un arbre touffu.
Elle lui dit qu’elle se cachait parce
qu’elle ne voulait pas prêter le ser-
ment au dieu Odin et elle ajouta ; "Je
me nomme Mistel (c’est d’ailleurs le
nom allemand de la plante) et je fais
ce qui me plaît de faire". Dans un
de ses rameaux Loki confec-
tionna une flèche et, lors des
jeux, pour mettre à l’épreuve
Balder, chargea un vieil aveu-
gle nommé Holdür ,en guidant juste
sa main ,de tirer sur Balder qui en
mourut aussitôt. Tout le Walhalla
fut en deuil et les dieux se re-
pentirent d’avoir cru Balder in-
vulnérable.
Ma fleur préférée
Ma fleur préférée est subtile,
changeante, toujours débordante
de générosité. De la valse des
odeurs, elle est souveraine. Mysté-
rieuses fragrances, énigmatiques
parfums, tout comme les petits
jours, ses effluves se suivent et ne
se ressemblent pas.
Rivale incontestée des plus pré-
cieux fumets, elle détrône aisément
le délicat melia ou l'héliotrope
gourmand.
On la trouve au détour des allées
ou cachée près des bancs, elle
attire l'oeil ou bien le nez.
L'apothéose c'est au plus chaud de
l'été, elle accumule, elle engloutit,
pour vous offrir enfin un coeur
grouillant de générosité.
Cette petite merveille aussi surpre-
nante que déconcertante se
nomme Buscida mysterium...
Retirez lui ce titre un peu ronflant,
ajoutez lui des poignées... Je sors
la mienne tous les dimanches et
vous ?
La Baronne au royaume des
odeurs
Christelle Busson
Dictons de février
Soleil qui rit à la sainte Eulalie fait
des pommes et des prunes, mais
pas de vin (Anjou).
Février n'est jamais si dur
et si méchant qu'il ne nous
fasse don de sept jours de prin-
temps (Dauphiné).
Le destin parvint toujours à s’empa-
rer d’une circonstance infime ou d’un
oubli pour frapper ceux qu’il veut
perdre. Comme Achille meurt pour une
petite place vulnérable au talon, Sie-
gfried succombe à cause d’une feuille
collée à son dos, et Balder a péri
parcequ’une seule petite plante s’était
soustraite au serment d’Odin.
Coutume et tradition
A l’époque des celtes les druides mu-
nis d’une serpe d’or allaient cueillir
cette plante sacrée au moment du
solstice d’hiver, en recherchant sur-
tout sur les chênes, symboles de
force et d’immortalité.. Le druide cla-
mait alors "O Ghel an Heu" ,c’est à
dire en celte "Le grain germe". Au
moyen-âge par déformation cela
aurait donné "Au gui l’an neuf". De
plus, le gui était paré de vertus thé-
rapeutiques et même miraculeuses ce
qui poussait les hommes à une grande
considération pour cette plante.
Une tradition nordique dit que si des
ennemis se rencontraient sous le gui
dans la forêt ils devaient
cesser le combat jusqu’au
lendemain. Sans doute est-
ce là l’origine d’échanger
en début d’année un bai-
ser sous une boule de gui
en signe d’amitié, mais plus
encore de bienveillance,
d’amour et de fécondité.
Cette tradition est encore
bien présente un peu par-
tout en Europe.
Botanique
Le gui (
Viscum album)
est
une plante parasite de la
famille des Loranthacées.
Il est utilisé, comme son
nom l’indique, pour fabri-
quer la glue et également
comme plante médicinale.
Il est beaucoup répandu
dans les régions de l’ouest
grâce au climat océanique
qui lui est favorable. Nous
le trouvons principalement
sur le pommier, le peuplier
de culture et le saule, mal-
heureusement pour les
druides, rarement sur le
chêne et le poirier. Il est
malgré tout capable de
s’implanter sur 175 espè-
ces d’arbres différents. Sa forme de
boule si particulière vient du fait que
chaque rameau d’un an donne nais-
sance à deux prolongements symétri-
ques aussi bien vers le bas comme vers
le haut. Curieusement le gui est dès
le début capable de photosynthèse :
on peut donc dire en fait qu’il est semi-
parasite.
C’est une plante monoïque fleurissant
en mars-avril et qui fournit alors la
nourriture à beaucoup d’insectes bu-
tineurs y compris les insectes auxi-
liaires mangeurs de pucerons. La baie
visqueuse et collante contient une
graine que les grives vont propager
car elles trouvent là leur nourriture
hivernale. La grive avale les baies et
lorsqu'elle se pose au sommet d’un ar-
bre les graines rejetées avec les fien-
tes se collent aux branches après
avoir glissées vers le bas. C’est ainsi
qu’elles restent suspendues au bout
d’un fil de glu en attendant qu’un coup
de vent ne les colle sur une branche
où un premier suçoir pénétrera
l’écorce si elle est assez fine et sou-
ple pour peu que les conditions at-
mosphériques soient bonnes. Un autre
oiseau assure la dissémination du gui
c’est la fauvette à tête noire. Elle dé-
cortique les baies sur place et c’est
en nettoyant son bec contre les bran-
ches que les graines s’y fixent. Les
nombreuses graines produites par la
plante ne donnent pas nécessairement
une boule, car la mésange bleue quant
à elle se nourrit des graines collées
aux branches. Elle équilibre ainsi un
peu le système car en 35 ans de vie
le gui produit près de 30.000 baies.
Vertus
Ses propriétés médicinales signalées
sont assez nombreuses : antispasmo-
diques, antitumorales, guérissant la
coqueluche, décongestionnant,
antihémorragique, mais aussi pour soi-
gner l’hypertension artérielle et l’ar-
tériosclérose et accessoirement
comme diurétique.
Il ne faut pas confondre le gui avec
une autre Loranthacée : Loranthus
europaeus, qui ne possède aucune
propriété curative. Ses baies étant
mortelles, seul les feuilles et l’écorce
sont utilisées en phytothé-
rapie. Le principe actif ma-
jeur est la viscotoxine com-
plétée par la choline et
l’acétylcholine.
Certains consomment de
l'infusion de gui et même du
vin de gui. Vu la toxicité re-
connue des baies et des
feuilles, nous nous garde-
rons bien d'en donner ici
des recettes.
Désormais face au gui, sans
le laisser pour autant enva-
hir un arbre jusqu’à son
épuisement, voyez le
comme une plante qui pour-
rait guérir et plus encore
comme un porte-bonheur.
Pascal JOSSE
Crédits :
. Herbier légendaire de Marie
Gevers
. Ouest France du 5 janvier 2003
. Plantes médicinales Atlas illus-
tré
. La hulotte 49
1 - Rameau en fleurs
2 - Rameau portant des fruits
3 - Fleurs femelles
4 - Fleurs mâles
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