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son introduction dans les co-
lonies, la vanille fut cultivée
pour son originalité et l’intérêt
botanique qu’elle suscitait
auprès des collectionneurs de
végétaux rares. C’est à un en-
fant de 12 ans, Edmond
Albius, jeune esclave du riche
propriétaire Ferréol Beau-
mont-Bellier, que l’on doit la
maîtrise de la pollinisation ar-
tificielle qui bouleversa l’éco-
nomie de l’île de la Réunion,
puis celle de Madagascar.
Un jour de 1841, alors qu’il se
promenait dans son jardin,
Ferréol Beaumont-Bellier dé-
couvrit avec stupéfaction
l’existence de gousses. Il ap-
pela alors le jeune Edmond
qu’il avait vu se réfugier dans
le manguier qui servait de
support à la belle orchidée et
lui demanda ce qu’il faisait
lorsqu’il passait des heures
perché dans l’arbre. Timide-
ment, Edmond avoua qu’il
aimait froisser les fleurs en les
frottant l’une contre l’autre
pour en exhaler le parfum. A
la demande de son maître, il re-
produisit ces gestes qui sont
encore pratiqués aujourd’hui
dans les vanilleraies.
Certains disent que c’est
parce qu’il avait été puni par
son maître qu’il se vengea sur
les orchidées, ce qui déclen-
cha la fécondation; d’autres
disent que c’était un pas-
sionné des plantes et qu’il tra-
vaillait comme jardinier dans
une plantation où il aurait ap-
pris de son maître la féconda-
tion artificielle des citrouilles.
Plus tard, son maître affranchit
le jeune esclave et l’adopta.
Une autre version de l’histoire
dit que malgré sa découverte,
Edmond Albius n’eut pas droit
à un traitement de faveur.
Ainsi à l’abolition de l’escla-
vage, le 20 décembre 1848 à
EDMOND ALBIUS
la Réunion, il aurait été lâché
comme les autres esclaves
sans aucun encadrement ni
métier. Il aurait péri dans la
misère en 1880 alors que l’île
Bourbon s’enrichissait grâce
à la vanille…
Ce fut le début d’une ère de
prospérité avec une produc-
tion de vanille de plus en plus
importante (50kg en 1848, 3
tonnes en 1858 et pas moins
de 200 tonnes en 1898). La
méthode a été ‘exportée’ vers
d’autres pays de la zone
Océan Indien.
La vanille a été introduite aux
Seychelles en 1866 puis à Ma-
dagascar vers 1880. En 1924,
Madagascar exportait 300
tonnes de vanille et devint, le
premier exportateur mondial.
C’est à peu près à cette épo-
que qu’arriva sur le marché la
vanilline de synthèse: les
cours chutèrent.
CA MANQUE
QUAND MÊME
UN PEU DE
SUCRE!
ALORS QU'EN
DITES VOUS ?
HUM!