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L
e parfum vanille est présent dans
de nombreux produits du "panier de la
ménagère" : dans les glaces, les
yaourts, les crèmes, les desserts, et
en parfumerie dans les savons, dé-
sodorisants, lessives, etc...
Mais la vanille véritable, con-
currencée par les arômes
artificiels, est-elle réelle-
ment présente dans tous
ces produit ?
Y a-t-il une seule épice qui
soit autant convoitée que
la vanille? Dès sa décou-
verte, elle a fasciné.
Est-ce son goût, son
parfum, ou bien tout
simplement le mystère
du charme de l’orchi-
dée ?
2
DE MONTEZUMA A
Selon la légende, Hernan Cor-
tez, le conquérant du Mexique,
fut le premier européen à goû-
ter et à découvrir le parfum de
la vanille lorsqu’il fut reçu par
l’empereur aztèque Monté-
zuma en 1519.
La vanille servait à adoucir un
breuvage à base de cacao et
de piment servi à la fin des re-
pas. Les Aztèques l’appe-
laient
Tlilxochitl
, ce qui signi-
fie gousse noire. Au début du
16éme siècle, la fameuse épice
fit son entrée en Espagne et
devint rapidement célèbre.
Les espagnols l’appelèrent
vaynilla ou petite gousse et,
en 1703, le père Plumier, illus-
tre botaniste, utilisa le nom de
vanilla. La plante fut intro-
duite en Angleterre et des
boutures arrivèrent à Paris
dans les serres du Jardin des
Plantes en 1812, se dévelop-
pèrent mais ne donnèrent
aucun fruit. En effet, la fécon-
dation de la fleur se faisait au
Mexique avec l’intervention
d'insectes qui n’existent qu’en
Amérique Latine.
Depuis la France, Marchant,
ordonnateur de l’île de Bour-
bon (actuelle île de La Réu-
nion), introduisit des boutures
au jardin colonial de Saint
Denis et dans une de ses pro-
priétés. De son côté, le com-
mandant Pierre-Henri Phili-
bert introduisit à l’île Bourbon,
le 26 juin 1819, des boutures
en provenance de Cayenne.
Mais le facteur déterminant
dans l’histoire économique de
la vanille, c’est la mise au
point de la technique de la pol-
linisation artificielle. Le bota-
niste belge, Morren, s’inspi-
rant des travaux sur la fructifi-
cation des orchidées réussit à
obtenir en 1836, la pollinisa-
tion du vanillier dans les ser-
res du jardin botanique de
Liège. Deux ans plus tard,
Neumann, chef des serres du
jardin du roi à Paris répétait
l’expérience. Mais ces essais
n’aboutirent pas à la mise au
point d’une technique pour la
production en culture.
Dans les années qui suivirent
LA CONQUÊTE OU ARRIVÉE DE CORTES
À VERACRUZ
EDMOND ALBUS
3
son introduction dans les co-
lonies, la vanille fut cultivée
pour son originalité et l’intérêt
botanique qu’elle suscitait
auprès des collectionneurs de
végétaux rares. C’est à un en-
fant de 12 ans, Edmond
Albius, jeune esclave du riche
propriétaire Ferréol Beau-
mont-Bellier, que l’on doit la
maîtrise de la pollinisation ar-
tificielle qui bouleversa l’éco-
nomie de l’île de la Réunion,
puis celle de Madagascar.
Un jour de 1841, alors qu’il se
promenait dans son jardin,
Ferréol Beaumont-Bellier dé-
couvrit avec stupéfaction
l’existence de gousses. Il ap-
pela alors le jeune Edmond
qu’il avait vu se réfugier dans
le manguier qui servait de
support à la belle orchidée et
lui demanda ce qu’il faisait
lorsqu’il passait des heures
perché dans l’arbre. Timide-
ment, Edmond avoua qu’il
aimait froisser les fleurs en les
frottant l’une contre l’autre
pour en exhaler le parfum. A
la demande de son maître, il re-
produisit ces gestes qui sont
encore pratiqués aujourd’hui
dans les vanilleraies.
Certains disent que c’est
parce qu’il avait été puni par
son maître qu’il se vengea sur
les orchidées, ce qui déclen-
cha la fécondation; d’autres
disent que c’était un pas-
sionné des plantes et qu’il tra-
vaillait comme jardinier dans
une plantation où il aurait ap-
pris de son maître la féconda-
tion artificielle des citrouilles.
Plus tard, son maître affranchit
le jeune esclave et l’adopta.
Une autre version de l’histoire
dit que malgré sa découverte,
Edmond Albius n’eut pas droit
à un traitement de faveur.
Ainsi à l’abolition de l’escla-
vage, le 20 décembre 1848 à
EDMOND ALBIUS
la Réunion, il aurait été lâché
comme les autres esclaves
sans aucun encadrement ni
métier. Il aurait péri dans la
misère en 1880 alors que l’île
Bourbon s’enrichissait grâce
à la vanille…
Ce fut le début d’une ère de
prospérité avec une produc-
tion de vanille de plus en plus
importante (50kg en 1848, 3
tonnes en 1858 et pas moins
de 200 tonnes en 1898). La
méthode a été ‘exportée’ vers
d’autres pays de la zone
Océan Indien.
La vanille a été introduite aux
Seychelles en 1866 puis à Ma-
dagascar vers 1880. En 1924,
Madagascar exportait 300
tonnes de vanille et devint, le
premier exportateur mondial.
C’est à peu près à cette épo-
que qu’arriva sur le marché la
vanilline de synthèse: les
cours chutèrent.
CA MANQUE
QUAND MÊME
UN PEU DE
SUCRE!
ALORS QU'EN
DITES VOUS ?
HUM!
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LA FAMILLE: ORCHIDACEAE
Avec environ 25 000 à 35 000
espèces dans le monde entier,
c’est probablement la plus
grande famille de plantes à
fleurs sur terre. On les retrouve
presque partout dans le monde.
Les fleurs des orchidées sont
les plus riches et les plus évo-
luées de la botanique. Elles sont
aussi très diversi-
fiées tant par la
forme, la dimension
et la couleur. Leurs
parfums sont aussi
variés, d’une senteur
tantôt agréable, tan-
tôt fétide.
Elles sont générale-
ment partagées en
trois catégories prin-
cipales :
· Les épiphytes
sont adaptées à la
jungle tropicale. Elles
croissent à la ma-
nière de lianes, pou-
vant atteindre des
longueurs considéra-
bles, se servant des
troncs d’arbres pour
fixer leurs racines et
aller chercher la lu-
mière à la cime de
ceux-ci. Elles se con-
tentent, pour toute nourriture, de
ce qui est contenu dans les mi-
nuscules poches de sols sus-
pendus sur les écorces des ar-
bres. Mais contrairement aux
plantes parasites comme le
gui, elles ne vivent pas aux dé-
pens de la plante hôte. Les
mousses et les lichens sont
aussi des plantes épiphytes.
· Les lithophytes
se retrouvent surtout sous les
tropiques. Elles peuvent cou-
vrir les bases ou fourches des
arbres, ou pousser dans des
anfractuosités des rochers où
elles puisent leur nourriture
dans les feuilles mortes et
l’humus.
· Les terrestres
se rencontrent dans des ré-
gions tempérées fraîches jus-
qu’aux tropiques plus tièdes.
Leurs racines plongent dans
la terre pour trouver les subs-
tances afin d’assurer leur sur-
vie. On en trouve plus d’une
trentaine d’espèces dans le
Massif Armoricain et presque
cent en Europe.
LE GENRE: VANILLA SW.
La vanille est une plante vi-
vace grimpante épiphyte qui
émet une racine aérienne à
chaque entre-noeud. Il en
existe plus de 110 espèces
réparties dans toutes les par-
ties tropicales du globe.
Seules des espèces améri-
caines sont cultivées dans un
but commercial.
UNE LIANE
PLANTES ÉPIPHYTES
PLANTES ÉPIPHYTES PLANTES ÉPIPHYTES
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VANILLA FRAGRANS
EPIPHYTE
le même jour sur une
même inflorescence.
Le fruit qu’on appelle
«gous-se» est une
capsule cylindrique
d’un jaune verdâtre à
maturité mesurant de
10 à 25 cm de long et
de 8 à 15 mm de dia-
mètre. Il con-
tient une multi-
tude de petites
graines noires.
La maturité du
fruit n’est obtenue
qu’au bout de 9
mois, tandis que sa
taille maximale est
déjà atteinte au bout
d’un mois et demi.
Vanilla Pompona
Schiede
Cette plante très vigoureuse aux
grandes fleurs jaunâtres est ori-
ginaire d’Amérique tropicale et
des Antilles. Comparée à
Vanilla fragrans
, ses feuilles sont
plus larges et trapues. Le nom-
bre de fleurs par inflorescence
est de 6 à 8. Le fruit d’un brun
foncé, dénommé «vanillon», est
large de 16 à 30 mm et long de
10 à 12 cm.
Vanilla tahitensis
Moore
J.W.
Vanilla
tahitensis
Moore J.W.
Comme son
nom l’indique,
elle est origi-
naire de Poly-
nésie. Par rap-
port à
Vanilla
fragrans
, les ti-
ges sont plus
élancées, les
feuilles plus étroites, les segments
floraux plus longs. Les fruits ont 10
à 20 cm de long, de 10 à 14 mm
de large et contiennent un arôme
sensiblement différent de celui de
Vanilla fragrans
. Elle est produite
exclusivement à Tahiti.
La fécondation des fleurs
Les organes mâles et femelles des
fleurs étant séparés par une large
membrane, la fécondation natu-
relle a rarement lieu. La vanille est
donc une plante naturellement sté-
rile. En Amérique Centrale (Mexi-
que), la pollinisation est effectuée
par une petite abeille appelée
Mélipona et, à Madagascar, ce
sont des colibris qui y
parviennent.Une telle fécondation
naturelle est cependant trop incer-
taine pour les plantations de pro-
duction. On a donc recours à la fé-
condation artificielle.
LES ESPÈCES "ALIMENTAIRES"
Vanilla fragrans
Ames (=
Vanilla
planifolia
André =
Vanilla
aromatica
Widd p.p.)
C’est la vanille la plus communé-
ment cultivée.
Elle peut
atteindre 10 à 15 m
de haut sur support. Sa tige est
cylindrique, charnue, de 10 à 15
mm de diamètre, composée
d’éléments de 12 à 15 cm de
long soudés entre eux par un
nœud. Les feuilles en forme de
fer de lance avec un pédoncule
très court sont épaisses, planes,
charnues et d’un vert brillant. El-
les mesurent 10-15 cm de long
et 4-8 cm de large. Les fleurs
sont grandes, aromatiques, d’as-
pect cireux, jaune verdâtre avec
des pétales et sépales de 5 à 7
cm de long. Elles ne fleurissent
qu’environ 8 heures et poussent
en grappes courtes en inflores-
cence de 6 à 15 fleurs dont deux
fleurs ne sont jamais à maturité
VANILLA POMPONA
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