Découvrir le patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Avec le concours financier de : Découvrir le patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL 1 / 18 Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 2 / 18 Préface La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, façonnés par l’homme comme par les aléas d’une nature rétive, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Saint-Bon Courchevel s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Bon Courchevel” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain. Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 3 / 18 Le mot du Maire Fière de son domaine skiable, la commune de Saint-Bon Courchevel peut aussi s’enorgueillir de posséder un patrimoine naturel d’une très grande richesse. Mieux connaître l’environnement exceptionnel qui nous entoure à travers la diversité des paysages, la géologie, la faune et la flore, tel est l’objectif de cet ouvrage réalisé par le Parc national de la Vanoise en collaboration avec le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Grâce au remarquable travail d’investigation qui a été mené sur notre territoire, nous disposons désormais d’un inventaire précis des espèces et des milieux qu’il convient de protéger et de valoriser. Sentiers forestiers, pelouses d’altitude, lacs et cours d’eau… voilà autant d’occasions de découvrir des milieux naturels uniques et fascinants. La protection de ces milieux est indispensable puisqu’ils renferment un grand nombre d’espèces faunistiques et floristiques essentielles au maintien de la qualité de notre environnement. Mieux connaître pour mieux protéger. Protéger pour mieux aménager, de façon harmonieuse et durable, dans le respect des sites et du patrimoine local qui font l’identité de nos vallées. C’est toute la réflexion que doit avoir notre commune, garante de son territoire et de l’avenir des générations futures. Je souhaite que ce document éveille la curiosité des lecteurs, les sensibilise à la richesse de notre patrimoine naturel, et leur donne ainsi l’envie et le devoir de le respecter. Gilbert BLANC-TAILLEUR, Maire de Saint-Bon Courchevel Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Sommaire * A télécharger sur parcnational-vanoise.fr Préface Le mot du Maire * Quelles richesses naturelles sur la commune ? * Un aperçu de la commune Dimension économique Paysages de Saint-Bon Courchevel Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Les milieux naturels, des lieux de vie * * Préambule Fiche-milieu n°1 Fiche-milieu n°2 Fiche-milieu n°3 Fiche-milieu n°4 Fiche-milieu n°5 Fiche-milieu n°6 Fiche-milieu n°7 Fiche-milieu n°8 Conclusion : : : : : : : : Le village, les hameaux et leurs abords Les cours d'eau, les lacs et les zones humides d’altitude Les prairies de fauche Les forêts Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Les pelouses d’altitude et les combes à neige Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux Les rochers et les falaises Regard sur quelques espèces * * Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 : 4 / 18 p. p. 1 3 p. p. p. p. p. p. p. 7 9 16 21 26 34 37 p. 43 p. 45 p. 46 p. 54 p. 67 p. 74 p. 84 p. 91 p. 102 p. 110 p. 119 p. 123 p. 124 p. 126 p. 128 p. 130 p. 133 p. 135 p. 137 p. 140 p. 142 p. 145 p. 148 p. 151 Le sabot de Vénus L’hormin des Pyrénées L’ancolie des Alpes Le pin à crochets La swertie vivace L’androsace helvétique Le chevreuil La niverolle alpine La perdrix bartavelle L’aeschne des joncs Le cristimover La gélinotte des bois Annexes p. 155 p. 157 p. 161 p. 165 p. 166 Lexique* Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique. Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Bon Courchevel - 5 5 / 18 Regard sur quelques espèces Fiches-espèces Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 6 / 18 Le sabot de Vénus Il existe environ 150 espèces d’orchidées en France, mais aucune d’entre elles ne ressemble au sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec Cypris (= aphrodite) et du latin calceus (= chaussure), le sabot de Vénus, encore appelé soulier de la Vierge, se caractérise par la forme en sabot de son labelle*. C’est une orchidée spectaculaire, la plus grande de France et d’Europe, intégralement protégée depuis 1982. La commune de Saint-Bon Courchevel accueille l’une des plus belles populations de sabot de Vénus connues en Savoie. sépale brun pourpre labelle* long de 4 à 5 cm, jaune vif luisant et renflé, revêtu intérieurement de poils visqueux tige anguleuse et rude au toucher 3 à 5 grandes, longues et larges feuilles, ovales lancéolées et à nervures saillantes PNV – Frédéric Fima Fiche-espèce n°1 Sommaire Sabot de Vénus Écologie Espèce vivace des étages montagnard et subalpin, le sabot de Vénus est une plante de mi-ombre qui affectionne les forêts claires et les clairières. Il a besoin d’un substrat calcaire à neutre et d’un sol frais, au moins en profondeur. Il pousse en petites colonies ou en populations plus étendues. Les tiges et les 124 - Regard sur quelques espèces nouvelles feuilles émergent à partir d’un bourgeon souterrain dès le mois d’avril. La floraison a lieu essentiellement en juin. Comme toutes les orchidées sa pollinisation est assurée par les insectes. Fonctionnant comme un piège à insectes, le labelle* du sabot de Vénus est l’une des adaptations utilisée par la plante pour sa pollinisation. L’insecte piégé se couvre de pollen en se débattant. Puis il ressort, transportant ce pollen vers une autre fleur de sabot de Vénus. Les graines sont disséminées en septembre avant d’entrer dans une phase de dormance* hivernale. Le développement d’une graine est très lent et très aléatoire. Il ne se fait qu’en association avec un champignon microscopique présent dans le sol. La plante ainsi développée fleurit seulement au bout de 8 à 15 ans. 7 / 18 constitue dès lors un réservoir exceptionnel pour la conservation de l’espèce. À SaintBon Courchevel, le sabot de Vénus est surtout localisé dans les forêts qui couvrent le versant ouest des massifs de la dent du Villard et du mont Charvet. Menaces À l’échelle de ses localités françaises, cette Intérêts biologiques et valeurs d’usage Le sabot de Vénus possède une aire de répartition géographique largement circumboréale* (Europe, Sibérie et Amérique du Nord). En Europe, il a disparu de Belgique et du Luxembourg. En France, il est rare de la Lorraine aux Alpes, et très rare dans les Pyrénées et les grands Causses. En Vanoise, le sabot de Vénus est assez bien représenté, puisqu’il est connu dans 17 des 28 communes du Parc national. Ce territoire orchidée spectaculaire est menacée par la cueillette et l’arrachage par des promeneurs, ainsi que par la destruction de son habitat* lors d’aménagements ou d’exploitations forestières. Malgré sa protection intégrale, le sabot de Vénus continue d’être cueilli. L’évolution de ses habitats* par densification du couvert forestier peut parfois aussi lui être défavorable. Protection et propositions de gestion PNV – Christian Balais Le sabot de Vénus fait partie des orchidées Fleur de sabot de Vénus protégées en France ; à ce titre, sa cueillette et sa destruction sont interdites. D’intérêt européen, il compte parmi les très rares espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger (directive “Habitats*” - annexe 2). Le maintien de l’espèce passe notamment par une sensibilisation du public et une information des touristes sur son statut d’espèce protégée. Le saviez-vous ? • Le sabot de Vénus est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale, hélas à juste raison. En effet, il a disparu de plusieurs des départements français où il était autrefois présent. C'est la destruction de ses milieux, ainsi que sa cueillette (on l'utilisait entre autres aux siècles passés à l'occasion de fêtes populaires), qui ont provoqué sa disparition de régions entières : Alsace, Auvergne, etc. • Il a été choisi comme emblème par la Société française d'orchidophilie. Regard sur quelques espèces - 125 Fiche-espèce n°1 Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 8 / 18 Sommaire L’hormin des Pyrénées L’hormin des Pyrénées (Horminum pyrenaicum), appelée aussi horminelle, appartient à la famille botanique des lamiacées. Ses fleurs forment des tubes, sa tige est quadrangulaire et les feuilles de sa tige sont opposées. Il n’existe qu’une seule espèce d’hormin en France. Il peut être confondu avec la très commune sauge des prés (Salvia pratensis), dont les fleurs, plus nombreuses, sont réparties tout autour de la tige. S’il est bien représenté à Saint-Bon Courchevel, l’hormin des Pyrénées est une espèce très rare dans les Alpes, puisque cette commune savoyarde compte parmi les trois localités connues dans les Alpes françaises. grande fleur, jusqu’à 2 cm de long style* dépassant légèrement la corolle taille moyenne, inférieure à 40 cm PNV - Philippe Benoît fleurs bleu-violet foncé, toutes orientées du même côté de la tige, et groupées par 4 ou 6. PNV – Christophe Gotti grandes feuilles basales, ovales et quadrillées de nervures Fleurs d’hormin des Pyrénées Hormin des Pyrénées fleurs disposées autour de la tige grandes fleurs bleu-violet, jusqu’à 2,5 cm de long style* dépassant largement la corolle entre 30 et 60 cm de hauteur PNV - Michel Filliol Fiche-espèce n°2 Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Sauge des prés Écologie L’hormin des Pyrénées est une plante vivace de montagne qui se développe principalement aux étages montagnard et subalpin entre 126 - Regard sur quelques espèces 800 et 2 200 mètres d’altitude. Il s’installe préférentiellement dans les pelouses à végétation clairsemée, caractérisées par un substrat calcaire. Il peut aussi se développer dans des boisements clairs. À Saint-Bon Courchevel, l’hormin des Pyrénées est bien présent. Il a été observé en plusieurs endroits entre 1 500 et 2 500 m d’altitude, particulièrement dans la vallée des Avals. Sa floraison a lieu de juin à août, période pendant laquelle les insectes assurent sa pollinisation. Intérêts biologiques et valeurs d’usage L’hormin des Pyrénées est répandu dans les Pyrénées et reste très rare dans les Alpes françaises, où il n’est connu que dans les départements des Alpes-Maritimes et de la Savoie (Saint-Bon Courchevel et Bozel). 9 / 18 Menaces La modification et l’aménagement de ses habitats*, constituent les principales menaces pour l’hormin des Pyrénées. La régression du pâturage peut devenir, en certains cas, un facteur important de modification de l’habitat* de cette espèce qui se développe surtout sur des zones d’alpage. Par ailleurs, un pâturage trop précoce s’avère incompatible avec la conservation de l’hormin des Pyrénées, dont le cycle de végétation est très court et tardif. Protection et gestion L’hormin des Pyrénées est protégé en RhôneAlpes, où sa cueillette et sa destruction sont strictement interdites. Répartition de l’hormin des Pyrénées en Vanoise Le saviez-vous ? • Avec plus d'une centaine de données recueillies entre 1992 et 2004, l'hormin des Pyrénées compte parmi les espèces végétales importantes pour le Parc national de la Vanoise les plus observées sur Saint-Bon Courchevel. Ces observations ont eu lieu entre 1 500 et 3 000 m d'altitude. Regard sur quelques espèces - 127 Fiche-espèce n°2 Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 10 / 18 L’ancolie des Alpes Appartenant à la famille botanique des renonculacées, les ancolies se reconnaissent à la forme très particulière de leurs fleurs, dont chacun des cinq pétales représente un cornet évasé, prolongé à la base par un éperon plus ou moins courbé. Il existe en Savoie trois espèces différentes d’ancolie : l’ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), l’ancolie noirâtre (Aquilegia atrata) et l’ancolie vulgaire (Aquilegia vulgaris). Seules les deux premières fleurissent à Saint-Bon Courchevel. Contrairement aux deux autres, l’ancolie des Alpes est une plante rare dans les Alpes. fleurs bleu-azur clair, grosses de 6 à 9 cm de diamètre, composées de 5 pétales éperon gros, droit ou arqué, peu incurvé en crochet PNV - Michel Filliol étamines ne dépassant guère les pétales PNV – Patrick Folliet Fleur d’ancolie des Alpes Ancolie des Alpes fleurs violet-noirâtre, de taille plus réduite (2 à 5 cm) éperon nettement recourbé en crochet à son extrémité PNV - Ludovic Imberdis Fiche-espèce n°3 Sommaire étamines dépassant longuement les pétales Ancolie noirâtre Écologie pollinisation est assurée par des insectes, essentiellement des bourdons. L’ancolie des Alpes est une plante vivace de montagne qui se développe principalement à l’étage subalpin. Elle affectionne surtout les prairies humides, les éboulis calcaires frais, les buissons et les forêts claires. C’est une espèce de demi-ombre qui a besoin d’un sol frais. Sa floraison s’observe aux mois de juin et juillet, une période au cours de laquelle sa 128 - Regard sur quelques espèces Intérêt écologique et valeurs d’usage L’ancolie des Alpes est endémique* des Alpes occidentales : on ne la trouve qu’en France, Suisse, Autriche et Italie. Bien que présente en France dans les sept départements alpins, l’ancolie des Alpes y est partout peu abondante. À Saint-Bon Courchevel, elle est présente dans les boisements d’épicéa et de pin à crochets qui couvrent le versant ouest du massif de la dent du Villard et du mont Charvet. Une localité est aussi connue sous le col de Chanrouge. Cette plante est cultivée pour ornementer les rocailles. Menaces La valeur esthétique des fleurs de l’ancolie des Alpes fait d’elle une plante poten- 11 / 18 tiellement menacée par les cueilleurs qui prennent plaisir à en faire des bouquets. Protection et gestion L’ancolie des Alpes est protégée en France. D’intérêt européen, elle fait partie des espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger (directive “Habitats*” - annexe 4). Le maintien de l’espèce passe notamment par une sensibilisation des cueilleurs et une information auprès des touristes, des habitants et des professionnels du tourisme sur son statut d’espèce protégée. Répartition de l’ancolie des Alpes Le saviez-vous ? • L’ancolie des Alpes est une plante mellifère. Son nectar, stocké dans les éperons des fleurs, est utilisé par les abeilles pour élaborer le miel. • Comme beaucoup d’autres espèces de la même famille (aconit tue-loup, hellébore fétide, anémone du mont Baldo, etc.) l’ancolie des Alpes est une plante toxique, surtout à l’état frais. Elle contient de l’acide cyanhydrique. L’ingestion de ses graines peut se révéler mortelle, et le contact de sa sève sur la peau peut provoquer des irritations. Regard sur quelques espèces - 129 Fiche-espèce n°3 Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 12 / 18 Le pin à crochets Trois espèces de pins se développent dans les montagnes des Alpes du nord : le pin cembro (Pinus cembra), le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et le pin à crochets (Pinus uncinata). Parmi ces trois espèces le pin cembro se distingue très facilement avec ses longues aiguilles réunies par cinq. Le risque de confusion est plus important entre le pin sylvestre (présent jusqu’à 2 000 m d’altitude) et le pin à crochets, deux espèces capables de s’hybrider entre elles. Le pin à crochets est remarquable par sa capacité à résister à des conditions extrêmes. Ainsi sur des substrats de calcaire et de gypse, il forme des forêts dont l’intérêt est prioritaire en Europe. Hauteur entre 4 et 25 m aiguilles groupées par 2, serrées, longues de 4 à 6 cm, vert foncé PNV – Philippe Benoît écorce gris noirâtre, écailleuse Cimes de pins à crochets cône femelle dissymétrique dont les écailles présentent un écusson plus ou moins saillant en forme de crochet PNV – Karine Moussiegt Rameau de pins à crochets Hauteur jusqu’à 40 m aiguilles groupées par 2, serrées, longues de 3 à 8 cm, vert pâle écorce saumonée sur la partie supérieure du tronc cône femelle symétrique écaille sans protubérance PNV - Christian Balais Fiche-espèce n°4 Sommaire Pin sylvestre 130 - Regard sur quelques espèces Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 13 / 18 Fiche-espèce n°4 Écologie per, le pin à crochets supporte difficilement la concurrence des autres arbres. Hormis cette exigence, il possède une résistance remarquable à la sécheresse, au vent et au froid, et peut s’installer sur des milieux de montagne qui présentent des conditions rudes de climat et de sol (saison courte de végétation, pentes raides, substrats pauvres en éléments minéraux, etc.). Son développement est alors très lent, et peut se prolonger sur quelques centaines à un millier d’années. S’il occupe surtout l’étage subalpin, le pin à crochets est capable de se développer entre 1 500 et 2 700 m d’altitude. Dans les conditions et les altitudes les plus extrêmes les arbres adoptent des ports ramassés et tortueux, et ne mesurent parfois pas plus de quatre mètres de haut. En situation plus optimale, ils peuvent atteindre une hauteur de 25 m. La pollinisation et la dissémination des graines de pin à crochets se font par le vent. Il fructifie à partir de l’âge de 10 ans : il produit alors des cônes femelles renfermant des graines. Selon les conditions du milieu, les peuplements de pin à crochets, appelés aussi pineraies ou pinèdes, présentent une physionomie variable. Là où d’autres espèces d’arbres sont incapables de croître, le pin à crochets constitue des boisements purs et peu denses. Intérêts biologiques et valeurs d’usage Le pin à crochets est fréquent dans les Pyrénées et les Alpes, et plus rare dans le Massif central, le Jura et les Vosges. Si son bois offre des qualités recherchées pour la production de pâte à papier, de PNV – Ludovic Imberdis Ayant besoin de lumière pour se dévelop- Pin à crochets en bordure de falaise dans la vallée des Avals matériaux de charpente et de menuiserie, le pin à crochets ne connaît pas cet usage en Tarentaise. C’est sa capacité à résister à des conditions difficiles qui est exploitée dans cette région. Ainsi, la plupart des peuplements de pin à crochets de Saint-Bon Courchevel proviennent de plantations effectuées de 1895 à 1914 dans le cadre des lois sur la restauration des terrains en montagne (RTM) pour protéger les sols de l’érosion. D’origine artificielle, ce boisement se développe aujourd’hui selon une évolution naturelle. À Saint-Bon Courchevel, le pin à crochets est présent aux étages montagnard et subalpin, en exposition d’adret et d’ubac, et sur différents substrats : gypse ou calcaire. Regard sur quelques espèces - 131 Fiche-espèce n°4 Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore La pineraie de pin à crochets sur gypse et sur calcaire est rare en France. Elle se trouve dans l’Ubaye, le Queyras, la Maurienne et la Tarentaise. Elle couvre une surface de 200 ha sur le massif de la dent du Villard. Cette grande superficie apporte un intérêt d’autant plus important que cette pineraie présente différents faciès. Elle renferme par ailleurs plusieurs espèces protégées, comme le sabot de Vénus, la bruyère des neiges ou la chouette de Tengmalm. Menaces Le rôle de protection attribué aux pineraies de pin à crochets, la gestion respectueuse de leur cycle naturel d’évolution, assurent le maintien de cette forêt. Un risque d’incendie en période sèche existe sur les secteurs les plus chauds et les plus secs. Là où la forêt ne fait pas l’objet de mesure 14 / 18 réglementaire de protection, tout projet d’équipement ou d’artificialisation constitue une menace pour ce milieu. Protection et propositions de gestion Considérée comme un habitat* en danger de disparition sur le territoire européen, la pineraie de pins à crochets sur gypse et sur calcaire est classée “habitat* d’intérêt prioritaire” par la Communauté européenne. Le classement de la forêt de la dent du Villard en réserve biologique domaniale est une des mesures prises par l’État français pour la conservation de la pineraie de pin à crochets sur gypse. Ouverte au public, cette réserve a pour objectif d’informer celui-ci sur la richesse patrimoniale de la forêt. Le saviez-vous ? • La résine de pin à crochets est utilisée pour la confection d’un baume utilisé dans la médecine populaire appelé “baume des Carpates” ou “baume de Hongrie”, d’où le nom de baumier de Hongrie donné à cet arbre. • Se caractérisant par une faible rétractabilité, le bois de pin à crochets a été utilisé pour fabriquer les orgues. • De nombreux animaux se nourrissent des graines du pin à crochets : le mulot, l’écureuil, le bec-croisé des sapins, le cassenoix moucheté, le pic épeiche, etc. 132 - Regard sur quelques espèces Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 15 / 18 La swertie vivace Fleurissant en juillet et août, la swertie vivace (Swertia perennis) est généralement abondante dans les rares marais et tourbières basses qu’elle colonise. C’est une plante haute de 30 à 50 cm aux inflorescences lâches. Les fleurs en étoiles sont nombreuses, de couleur bleu violacé, ponctuées de noir. Les tiges sèches restent très visibles jusqu’aux premières neiges. La swertie vivace appartient aux gentianacées. Le territoire de la Savoie rassemble ainsi une vingtaine d’espèces de gentianes. La swertie vivace est, quant à elle, la seule représentante du genre swertie en Europe. fleurs en étoiles cinq pétales, veinés de violet et ponctués de noir une paire de nectaires (organes producteurs de nectar), à la base de chaque pétale Virginie Bourgoin feuilles de la tige, étroites, opposées et peu nombreuses Swertie vivace Écologie La swertie vivace se développe dans les prairies humides, préférentiellement en milieu calcaire. C’est une plante vivace comme son nom l’indique, sa floraison tardive l’empêche de se maintenir dans les zones humides fauchées. C’est une espèce des étages montagnard et subalpin. Intérêts biologiques et valeurs d’usage La swertie vivace occupe les régions tempérées et froides de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord. En France elle est connue dans les Pyrénées, les Alpes et le Jura, ainsi qu’en de rares localités dans le Massif central et en Bourgogne. Le massif de la Regard sur quelques espèces - 133 Fiche-espèce n°5 Sommaire Fiche-espèce n°5 Vanoise héberge les populations les plus importantes en Savoie (Maurienne et Trois Vallées). Elle fait partie du cortège des plantes spécifiques des marais alcalins qui se sont raréfiés du fait du drainage et de la destruction des zones humides de montagne. Sa valeur ornementale, sa rareté, en font une espèce patrimoniale à préserver. En Vanoise, où l’on dénombre plus d’une centaine de localités, on la trouve jusqu’à 2 300 m d’altitude. À Saint-Bon Courchevel, on peut observer la swertie vivace dans le marais situé à l’amont du lac de la Rosière. 16 / 18 PNV – Ludovic Imberdis Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Comme la swertie vivace, la gentiane acaule, ou gentiane de Koch, appartient à la famille des gentianacées Menaces La swertie vivace est très sensible à toute modification des conditions de milieu : drainage, remblaiement, piétinement humain ou par le bétail et eutrophisation par apports d’eaux usées ou épandages. Protection et propositions de gestion PNV – Karine Moussiegt La Dans les marais qui lui sont favorables, la swertie vivace ne passe pas inaperçue swertie vivace figure sur la liste des espèces protégées. La préservation des zones humides, la remise en eau de certains marais, la prise en compte de ses populations par les études d’impact de projets d’aménagement devraient assurer la pérennité des localités savoyardes de cette plante. Le saviez-vous ? • La swertie vivace est une plante dédiée à un jardinier hollandais du XVIIe siècle dénommé Sweert. • Parmi les représentants de la famille des gentianacées, certaines plantes sont moins connues que les gentianes. Il s’agit de plantes qui, comme la swertie vivace, fréquentent des milieux spécialisés. Citons la chlorelle perfoliée, aux fleurs jaunes, que l'on rencontre dans les pelouses sèches, principalement sur argile. 134 - Regard sur quelques espèces Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore 17 / 18 L’androsace helvétique Les androsaces se caractérisent par de petites fleurs dont les couleurs oscillent du pourpre au blanc. Si elles diffèrent par leur forme (plante plus ou moins naine, en forme de coussinet ou développant des hampes florales), toutes ont la particularité d’être liées à la roche : pelouses rocailleuses, rochers, éboulis, moraines, etc. L’androsace helvétique (Androsace helvetica) compte parmi les neuf espèces d’androsace observées en Savoie. À Saint-Bon Courchevel, elle peut être confondue avec la plus rare androsace pubescente (Androsace pubescens), qui se développe dans des habitats* identiques. Ces deux espèces d’androsace se caractérisent par leur tige qui porte des feuilles groupées en rosette dense au sommet des rameaux. Cette caractéristique donne à la plante une forme en coussinet. plante naine en coussinet très dense et bombé sur calcaire feuilles vert grisâtre et densément appliquées, couvertes de poils courts et simples PNV – Christian Balais fleurs (de 4 à 6 mm de diamètre) sessiles, blanches, à gorge jaune Androsace helvétique plante naine en coussinet lâche sur calcaire fleurs (de 4 à 6 mm de diamètre) brièvement pédicellées, blanches parfois roses, à gorge jaune PNV - Christian Balais feuilles vert clair couvertes de poils hérissés simples ou parfois fourchus Androsace pubescente Écologie L’androsace helvétique est une plante vivace. Elle s’installe dans les fissures et les anfractuosités des rochers de nature cal- caire, aux étages alpin et nival. Leur forme en coussinet, la longueur de leurs racines, l’épaisseur de leurs feuilles forment un ensemble d’adaptations très poussées pour résister aux conditions austères offertes par Regard sur quelques espèces - 135 Fiche-espèce n°6 Sommaire Menaces le milieu rocheux d’altitude. Elle peut ainsi surmonter la sécheresse due au vent et au fort ensoleillement. En hiver, le cœur de la plante, composé des feuilles sèches étroitement imbriquées des années passées, lui offre une protection contre le gel, de même qu’il permet à la plante de constituer son propre humus. De toutes les androsaces qui poussent en coussinet, l’androsace helvétique présente l’une des floraisons les plus précoces, s’échelonnant entre mai et juillet. En raison des caractéristiques de son habitat*, l’androsace helvétique est une espèce peu menacée, même s’il ne faut pas exclure un risque lié à d’éventuels aménagements, ou à des prélèvements effectués par les collectionneurs de plantes rares. Protection et propositions de gestion L’androsace helvétique est protégée. Sa cueillette et sa destruction sont interdites en France. La faible accessibilité des milieux qu’elle occupe lui assure une certaine protection physique. Intérêts biologiques et valeurs d’usage L’androsace helvétique est présente dans les massifs de haute montagne en France, Suisse, Italie, Autriche et Allemagne. En France c’est une plante rare et très localisée, que l’on trouve dans sept départements alpins (Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur), également en très peu de localités en Midi-Pyrénées. La nature majoritairement calcaire du substrat qui constitue le territoire de SaintBon Courchevel, explique la bonne présence de l’androsace helvétique sur cette commune, notamment sur les massifs des dents de la Portetta et de l’aiguille Rouge. En d’autres communes du Parc national de la Vanoise, cette espèce est généralement supplantée par l’androsace alpine qui préfère les terrains acides. Cette dernière se distingue par ses fleurs rosâtres. Plante très esthétique, l’androsace helvétique peut faire l’objet de cueillette. 18 / 18 PNV – Christian Balais Fiche-espèce n°6 Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL Regards sur quelques espèces de la flore Androsace alpine Le saviez-vous ? • Au cœur du coussinet formé par les feuilles de l'androsace helvétique règne une température nettement plus élevée qu’en surface. Plusieurs petits invertébrés trouvent refuge dans ce milieu végétal. 136 - Regard sur quelques espèces