Extrait du Patrimoine naturel de SAINT

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Découvrir le patrimoine naturel de
SAINT-BON COURCHEVEL
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
Avec le concours financier de :
Découvrir
le patrimoine naturel de
SAINT-BON COURCHEVEL
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Regards sur quelques espèces de la flore
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Préface
La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages,
réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces,
offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces
sauvages et terres utilisées par l’homme.
Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, façonnés par l’homme comme par
les aléas d’une nature rétive, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression
d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et
se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect
qui fait appel à la responsabilité de chacun.
Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers,
se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces
milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les
savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public.
La commune de Saint-Bon Courchevel s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux
côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du
patrimoine naturel de la Savoie.
“Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Bon Courchevel” est le reflet d’un ensemble
vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard
quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle
la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les
moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme
un bel enjeu pour demain.
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Regards sur quelques espèces de la flore
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Le mot du Maire
Fière
de son domaine skiable, la commune de Saint-Bon Courchevel peut aussi
s’enorgueillir de posséder un patrimoine naturel d’une très grande richesse.
Mieux connaître l’environnement exceptionnel qui nous entoure à travers la diversité des
paysages, la géologie, la faune et la flore, tel est l’objectif de cet ouvrage réalisé par le Parc
national de la Vanoise en collaboration avec le Conservatoire du patrimoine naturel de la
Savoie.
Grâce au remarquable travail d’investigation qui a été mené sur notre territoire, nous
disposons désormais d’un inventaire précis des espèces et des milieux qu’il convient de
protéger et de valoriser.
Sentiers forestiers, pelouses d’altitude, lacs et cours d’eau… voilà autant d’occasions de
découvrir des milieux naturels uniques et fascinants. La protection de ces milieux est
indispensable puisqu’ils renferment un grand nombre d’espèces faunistiques et floristiques
essentielles au maintien de la qualité de notre environnement.
Mieux connaître pour mieux protéger. Protéger pour mieux aménager, de façon
harmonieuse et durable, dans le respect des sites et du patrimoine local qui font l’identité
de nos vallées. C’est toute la réflexion que doit avoir notre commune, garante de son
territoire et de l’avenir des générations futures.
Je souhaite que ce document éveille la curiosité des lecteurs, les sensibilise à la richesse de
notre patrimoine naturel, et leur donne ainsi l’envie et le devoir de le respecter.
Gilbert BLANC-TAILLEUR,
Maire de Saint-Bon Courchevel
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Regards sur quelques espèces de la flore
Sommaire
* A télécharger sur parcnational-vanoise.fr
Préface
Le mot du Maire
*
Quelles richesses naturelles sur la commune ?
*
Un aperçu de la commune
Dimension économique
Paysages de Saint-Bon Courchevel
Diversité de la flore
Diversité de la faune
Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel
Les milieux naturels, des lieux de vie
*
*
Préambule
Fiche-milieu n°1
Fiche-milieu n°2
Fiche-milieu n°3
Fiche-milieu n°4
Fiche-milieu n°5
Fiche-milieu n°6
Fiche-milieu n°7
Fiche-milieu n°8
Conclusion
:
:
:
:
:
:
:
:
Le village, les hameaux et leurs abords
Les cours d'eau, les lacs et les zones humides d’altitude
Les prairies de fauche
Les forêts
Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude
Les pelouses d’altitude et les combes à neige
Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux
Les rochers et les falaises
Regard sur quelques espèces
*
*
Fiche-espèce n°1 :
Fiche-espèce n°2 :
Fiche-espèce n°3 :
Fiche-espèce n°4 :
Fiche-espèce n°5 :
Fiche-espèce n°6 :
Fiche-espèce n°7 :
Fiche-espèce n°8 :
Fiche-espèce n°9 :
Fiche-espèce n°10 :
Fiche-espèce n°11 :
Fiche-espèce n°12 :
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p. 151
Le sabot de Vénus
L’hormin des Pyrénées
L’ancolie des Alpes
Le pin à crochets
La swertie vivace
L’androsace helvétique
Le chevreuil
La niverolle alpine
La perdrix bartavelle
L’aeschne des joncs
Le cristimover
La gélinotte des bois
Annexes
p. 155
p. 157
p. 161
p. 165
p. 166
Lexique*
Bibliographie
Liste des plantes d’intérêt patrimonial
Index des noms d’espèces
(*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.
Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Bon Courchevel - 5
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Regard sur
quelques espèces
Fiches-espèces
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Regards sur quelques espèces de la flore
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Regards sur quelques espèces de la flore
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Le sabot de Vénus
Il existe environ 150 espèces d’orchidées en France, mais aucune d’entre elles ne ressemble
au sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec Cypris (= aphrodite) et du latin calceus
(= chaussure), le sabot de Vénus, encore appelé soulier de la Vierge, se caractérise par la
forme en sabot de son labelle*. C’est une orchidée spectaculaire, la plus grande de France et
d’Europe, intégralement protégée depuis 1982. La commune de Saint-Bon Courchevel
accueille l’une des plus belles populations de sabot de Vénus connues en Savoie.
sépale brun pourpre
labelle* long de 4 à 5 cm,
jaune vif luisant et renflé, revêtu
intérieurement de poils visqueux
tige anguleuse et rude au toucher
3 à 5 grandes, longues et larges
feuilles, ovales lancéolées et à
nervures saillantes
PNV – Frédéric Fima
Fiche-espèce n°1
Sommaire
Sabot de Vénus
Écologie
Espèce
vivace des étages montagnard et
subalpin, le sabot de Vénus est une plante de
mi-ombre qui affectionne les forêts claires et
les clairières. Il a besoin d’un substrat calcaire à neutre et d’un sol frais, au moins en
profondeur. Il pousse en petites colonies ou
en populations plus étendues. Les tiges et les
124 - Regard sur quelques espèces
nouvelles feuilles émergent à partir d’un
bourgeon souterrain dès le mois d’avril. La
floraison a lieu essentiellement en juin.
Comme toutes les orchidées sa pollinisation
est assurée par les insectes. Fonctionnant
comme un piège à insectes, le labelle* du
sabot de Vénus est l’une des adaptations
utilisée par la plante pour sa pollinisation.
L’insecte piégé se couvre de pollen en se
débattant. Puis il ressort, transportant ce
pollen vers une autre fleur de sabot de Vénus.
Les graines sont disséminées en septembre
avant d’entrer dans une phase de dormance*
hivernale. Le développement d’une graine
est très lent et très aléatoire. Il ne se fait
qu’en association avec un champignon
microscopique présent dans le sol. La plante
ainsi développée fleurit seulement au bout
de 8 à 15 ans.
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constitue dès lors un réservoir exceptionnel
pour la conservation de l’espèce. À SaintBon Courchevel, le sabot de Vénus est
surtout localisé dans les forêts qui couvrent
le versant ouest des massifs de la dent du
Villard et du mont Charvet.
Menaces
À l’échelle de ses localités françaises, cette
Intérêts biologiques
et valeurs d’usage
Le
sabot de Vénus possède une aire de
répartition géographique largement circumboréale* (Europe, Sibérie et Amérique du
Nord). En Europe, il a disparu de Belgique
et du Luxembourg. En France, il est rare de
la Lorraine aux Alpes, et très rare dans les
Pyrénées et les grands Causses. En Vanoise,
le sabot de Vénus est assez bien représenté,
puisqu’il est connu dans 17 des 28 communes du Parc national. Ce territoire
orchidée spectaculaire est menacée par la
cueillette et l’arrachage par des promeneurs,
ainsi que par la destruction de son habitat*
lors d’aménagements ou d’exploitations
forestières. Malgré sa protection intégrale, le
sabot de Vénus continue d’être cueilli.
L’évolution de ses habitats* par densification du couvert forestier peut parfois
aussi lui être défavorable.
Protection
et propositions de gestion
PNV – Christian Balais
Le sabot de Vénus fait partie des orchidées
Fleur de sabot de Vénus
protégées en France ; à ce titre, sa cueillette
et sa destruction sont interdites. D’intérêt
européen, il compte parmi les très rares
espèces que l’Union européenne demande
aux pays membres de protéger (directive
“Habitats*” - annexe 2).
Le maintien de l’espèce passe notamment
par une sensibilisation du public et une
information des touristes sur son statut
d’espèce protégée.
Le saviez-vous ?
• Le sabot de Vénus est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale,
hélas à juste raison. En effet, il a disparu de plusieurs des départements français où il
était autrefois présent. C'est la destruction de ses milieux, ainsi que sa cueillette (on
l'utilisait entre autres aux siècles passés à l'occasion de fêtes populaires), qui ont
provoqué sa disparition de régions entières : Alsace, Auvergne, etc.
• Il a été choisi comme emblème par la Société française d'orchidophilie.
Regard sur quelques espèces - 125
Fiche-espèce n°1
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
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Sommaire
L’hormin des Pyrénées
L’hormin des Pyrénées (Horminum pyrenaicum), appelée aussi horminelle, appartient à la
famille botanique des lamiacées. Ses fleurs forment des tubes, sa tige est quadrangulaire et
les feuilles de sa tige sont opposées. Il n’existe qu’une seule espèce d’hormin en France. Il
peut être confondu avec la très commune sauge des prés (Salvia pratensis), dont les fleurs,
plus nombreuses, sont réparties tout autour de la tige. S’il est bien représenté à Saint-Bon
Courchevel, l’hormin des Pyrénées est une espèce très rare dans les Alpes, puisque cette
commune savoyarde compte parmi les trois localités connues dans les Alpes françaises.
grande fleur,
jusqu’à 2 cm de long
style* dépassant
légèrement la corolle
taille moyenne,
inférieure à 40 cm
PNV - Philippe Benoît
fleurs bleu-violet
foncé, toutes
orientées du même
côté de la tige, et
groupées par 4 ou 6.
PNV – Christophe Gotti
grandes feuilles
basales, ovales et
quadrillées de
nervures
Fleurs d’hormin des Pyrénées
Hormin des Pyrénées
fleurs disposées autour de la tige
grandes fleurs bleu-violet,
jusqu’à 2,5 cm de long
style* dépassant largement la corolle
entre 30
et 60 cm
de hauteur
PNV - Michel Filliol
Fiche-espèce n°2
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
Sauge des prés
Écologie
L’hormin des Pyrénées est une plante vivace
de montagne qui se développe principalement
aux étages montagnard et subalpin entre
126 - Regard sur quelques espèces
800 et 2 200 mètres d’altitude. Il s’installe
préférentiellement dans les pelouses à
végétation clairsemée, caractérisées par un
substrat calcaire. Il peut aussi se développer
dans des boisements clairs.
À Saint-Bon Courchevel, l’hormin des
Pyrénées est bien présent. Il a été observé en
plusieurs endroits entre 1 500 et 2 500 m
d’altitude, particulièrement dans la vallée des
Avals. Sa floraison a lieu de juin à août,
période pendant laquelle les insectes assurent
sa pollinisation.
Intérêts biologiques
et valeurs d’usage
L’hormin des Pyrénées est répandu dans les
Pyrénées et reste très rare dans les Alpes
françaises, où il n’est connu que dans les
départements des Alpes-Maritimes et de la
Savoie (Saint-Bon Courchevel et Bozel).
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Menaces
La
modification et l’aménagement de ses
habitats*, constituent les principales
menaces pour l’hormin des Pyrénées. La
régression du pâturage peut devenir, en
certains cas, un facteur important de
modification de l’habitat* de cette espèce
qui se développe surtout sur des zones
d’alpage. Par ailleurs, un pâturage trop
précoce s’avère incompatible avec la
conservation de l’hormin des Pyrénées, dont
le cycle de végétation est très court et tardif.
Protection et gestion
L’hormin des Pyrénées est protégé en RhôneAlpes, où sa cueillette et sa destruction sont
strictement interdites.
Répartition de l’hormin des Pyrénées en Vanoise
Le saviez-vous ?
• Avec plus d'une centaine de données recueillies entre 1992 et 2004, l'hormin des
Pyrénées compte parmi les espèces végétales importantes pour le Parc national de la
Vanoise les plus observées sur Saint-Bon Courchevel. Ces observations ont eu lieu entre
1 500 et 3 000 m d'altitude.
Regard sur quelques espèces - 127
Fiche-espèce n°2
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
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L’ancolie des Alpes
Appartenant à la famille botanique des renonculacées, les ancolies se reconnaissent à la forme
très particulière de leurs fleurs, dont chacun des cinq pétales représente un cornet évasé, prolongé à la base par un éperon plus ou moins courbé. Il existe en Savoie trois espèces différentes
d’ancolie : l’ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), l’ancolie noirâtre (Aquilegia atrata) et l’ancolie
vulgaire (Aquilegia vulgaris). Seules les deux premières fleurissent à Saint-Bon Courchevel.
Contrairement aux deux autres, l’ancolie des Alpes est une plante rare dans les Alpes.
fleurs bleu-azur clair,
grosses de 6 à 9 cm de diamètre,
composées de 5 pétales
éperon gros, droit
ou arqué, peu incurvé
en crochet
PNV - Michel Filliol
étamines ne
dépassant guère
les pétales
PNV – Patrick Folliet
Fleur d’ancolie des Alpes
Ancolie des Alpes
fleurs violet-noirâtre,
de taille plus réduite
(2 à 5 cm)
éperon nettement recourbé
en crochet
à son extrémité
PNV - Ludovic Imberdis
Fiche-espèce n°3
Sommaire
étamines dépassant
longuement les pétales
Ancolie noirâtre
Écologie
pollinisation est assurée par des insectes,
essentiellement des bourdons.
L’ancolie des Alpes est une plante vivace de
montagne qui se développe principalement à
l’étage subalpin. Elle affectionne surtout les
prairies humides, les éboulis calcaires frais, les
buissons et les forêts claires. C’est une espèce
de demi-ombre qui a besoin d’un sol frais.
Sa floraison s’observe aux mois de juin et
juillet, une période au cours de laquelle sa
128 - Regard sur quelques espèces
Intérêt écologique
et valeurs d’usage
L’ancolie des Alpes est endémique* des
Alpes occidentales : on ne la trouve qu’en
France, Suisse, Autriche et Italie. Bien que
présente en France dans les sept départements alpins, l’ancolie des Alpes y est
partout peu abondante. À Saint-Bon
Courchevel, elle est présente dans les
boisements d’épicéa et de pin à crochets qui
couvrent le versant ouest du massif de la
dent du Villard et du mont Charvet. Une
localité est aussi connue sous le col de
Chanrouge. Cette plante est cultivée pour
ornementer les rocailles.
Menaces
La valeur esthétique des fleurs de l’ancolie
des Alpes fait d’elle une plante poten-
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tiellement menacée par les cueilleurs qui
prennent plaisir à en faire des bouquets.
Protection et gestion
L’ancolie des Alpes est protégée en France.
D’intérêt européen, elle fait partie des
espèces que l’Union européenne demande
aux pays membres de protéger (directive
“Habitats*” - annexe 4).
Le maintien de l’espèce passe notamment
par une sensibilisation des cueilleurs et une
information auprès des touristes, des
habitants et des professionnels du tourisme
sur son statut d’espèce protégée.
Répartition de l’ancolie des Alpes
Le saviez-vous ?
• L’ancolie des Alpes est une plante mellifère. Son nectar, stocké dans les éperons des
fleurs, est utilisé par les abeilles pour élaborer le miel.
• Comme beaucoup d’autres espèces de la même famille (aconit tue-loup, hellébore fétide,
anémone du mont Baldo, etc.) l’ancolie des Alpes est une plante toxique, surtout à l’état
frais. Elle contient de l’acide cyanhydrique. L’ingestion de ses graines peut se révéler
mortelle, et le contact de sa sève sur la peau peut provoquer des irritations.
Regard sur quelques espèces - 129
Fiche-espèce n°3
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
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Regards sur quelques espèces de la flore
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Le pin à crochets
Trois espèces de pins se développent dans les montagnes des Alpes du nord : le pin cembro
(Pinus cembra), le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et le pin à crochets (Pinus uncinata). Parmi
ces trois espèces le pin cembro se distingue très facilement avec ses longues aiguilles réunies
par cinq. Le risque de confusion est plus important entre le pin sylvestre (présent jusqu’à
2 000 m d’altitude) et le pin à crochets, deux espèces capables de s’hybrider entre elles.
Le pin à crochets est remarquable par sa capacité à résister à des conditions extrêmes. Ainsi sur
des substrats de calcaire et de gypse, il forme des forêts dont l’intérêt est prioritaire en Europe.
Hauteur entre 4 et 25 m
aiguilles groupées par 2,
serrées, longues
de 4 à 6 cm, vert foncé
PNV – Philippe Benoît
écorce gris
noirâtre,
écailleuse
Cimes de pins à crochets
cône femelle dissymétrique
dont les écailles présentent
un écusson plus ou moins
saillant en forme de crochet
PNV – Karine Moussiegt
Rameau de pins à crochets
Hauteur jusqu’à 40 m
aiguilles groupées
par 2, serrées,
longues de 3 à 8 cm,
vert pâle
écorce saumonée
sur la partie
supérieure
du tronc
cône femelle
symétrique
écaille sans
protubérance
PNV - Christian Balais
Fiche-espèce n°4
Sommaire
Pin sylvestre
130 - Regard sur quelques espèces
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
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Fiche-espèce n°4
Écologie
per, le pin à crochets supporte difficilement
la concurrence des autres arbres. Hormis
cette exigence, il possède une résistance
remarquable à la sécheresse, au vent et au
froid, et peut s’installer sur des milieux de
montagne qui présentent des conditions
rudes de climat et de sol (saison courte de
végétation, pentes raides, substrats pauvres
en éléments minéraux, etc.). Son développement est alors très lent, et peut se
prolonger sur quelques centaines à un
millier d’années. S’il occupe surtout l’étage
subalpin, le pin à crochets est capable
de se développer entre 1 500 et 2 700 m
d’altitude. Dans les conditions et les
altitudes les plus extrêmes les arbres
adoptent des ports ramassés et tortueux,
et ne mesurent parfois pas plus de quatre
mètres de haut. En situation plus optimale, ils peuvent atteindre une hauteur de
25 m.
La pollinisation et la dissémination des
graines de pin à crochets se font par le vent.
Il fructifie à partir de l’âge de 10 ans : il
produit alors des cônes femelles renfermant
des graines.
Selon les conditions du milieu, les
peuplements de pin à crochets, appelés aussi
pineraies ou pinèdes, présentent une
physionomie variable.
Là où d’autres espèces d’arbres sont
incapables de croître, le pin à crochets
constitue des boisements purs et peu denses.
Intérêts biologiques
et valeurs d’usage
Le
pin à crochets est fréquent dans les
Pyrénées et les Alpes, et plus rare dans le
Massif central, le Jura et les Vosges.
Si son bois offre des qualités recherchées
pour la production de pâte à papier, de
PNV – Ludovic Imberdis
Ayant besoin de lumière pour se dévelop-
Pin à crochets en bordure de falaise
dans la vallée des Avals
matériaux de charpente et de menuiserie, le
pin à crochets ne connaît pas cet usage en
Tarentaise. C’est sa capacité à résister à des
conditions difficiles qui est exploitée dans
cette région. Ainsi, la plupart des peuplements de pin à crochets de Saint-Bon
Courchevel proviennent de plantations
effectuées de 1895 à 1914 dans le cadre des
lois sur la restauration des terrains en
montagne (RTM) pour protéger les sols de
l’érosion. D’origine artificielle, ce boisement
se développe aujourd’hui selon une évolution
naturelle. À Saint-Bon Courchevel, le pin à
crochets est présent aux étages montagnard
et subalpin, en exposition d’adret et
d’ubac, et sur différents substrats : gypse ou
calcaire.
Regard sur quelques espèces - 131
Fiche-espèce n°4
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
La pineraie de pin à crochets sur gypse et sur
calcaire est rare en France. Elle se trouve
dans l’Ubaye, le Queyras, la Maurienne et la
Tarentaise. Elle couvre une surface de
200 ha sur le massif de la dent du Villard.
Cette grande superficie apporte un intérêt
d’autant plus important que cette pineraie
présente différents faciès. Elle renferme par
ailleurs plusieurs espèces protégées, comme
le sabot de Vénus, la bruyère des neiges ou
la chouette de Tengmalm.
Menaces
Le rôle de protection attribué aux pineraies
de pin à crochets, la gestion respectueuse de
leur cycle naturel d’évolution, assurent le
maintien de cette forêt.
Un risque d’incendie en période sèche existe
sur les secteurs les plus chauds et les plus secs.
Là où la forêt ne fait pas l’objet de mesure
14 / 18
réglementaire de protection, tout projet
d’équipement ou d’artificialisation constitue
une menace pour ce milieu.
Protection
et propositions de gestion
Considérée comme un habitat* en danger
de disparition sur le territoire européen,
la pineraie de pins à crochets sur gypse
et sur calcaire est classée “habitat* d’intérêt prioritaire” par la Communauté
européenne.
Le classement de la forêt de la dent du
Villard en réserve biologique domaniale est
une des mesures prises par l’État français
pour la conservation de la pineraie de pin à
crochets sur gypse.
Ouverte au public, cette réserve a pour
objectif d’informer celui-ci sur la richesse
patrimoniale de la forêt.
Le saviez-vous ?
• La résine de pin à crochets est utilisée pour la confection d’un baume utilisé dans la
médecine populaire appelé “baume des Carpates” ou “baume de Hongrie”, d’où le
nom de baumier de Hongrie donné à cet arbre.
• Se caractérisant par une faible rétractabilité, le bois de pin à crochets a été utilisé pour
fabriquer les orgues.
• De nombreux animaux se nourrissent des graines du pin à crochets : le mulot,
l’écureuil, le bec-croisé des sapins, le cassenoix moucheté, le pic épeiche, etc.
132 - Regard sur quelques espèces
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
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La swertie vivace
Fleurissant
en juillet et août, la swertie vivace (Swertia perennis) est généralement
abondante dans les rares marais et tourbières basses qu’elle colonise. C’est une plante haute
de 30 à 50 cm aux inflorescences lâches. Les fleurs en étoiles sont nombreuses, de couleur
bleu violacé, ponctuées de noir. Les tiges sèches restent très visibles jusqu’aux premières
neiges. La swertie vivace appartient aux gentianacées. Le territoire de la Savoie rassemble
ainsi une vingtaine d’espèces de gentianes. La swertie vivace est, quant à elle, la seule
représentante du genre swertie en Europe.
fleurs en étoiles
cinq pétales, veinés de violet
et ponctués de noir
une paire de nectaires
(organes producteurs de nectar),
à la base de chaque pétale
Virginie Bourgoin
feuilles de la tige, étroites, opposées
et peu nombreuses
Swertie vivace
Écologie
La swertie vivace se développe dans les
prairies humides, préférentiellement en
milieu calcaire. C’est une plante vivace
comme son nom l’indique, sa floraison
tardive l’empêche de se maintenir dans les
zones humides fauchées. C’est une espèce
des étages montagnard et subalpin.
Intérêts biologiques
et valeurs d’usage
La
swertie vivace occupe les régions tempérées et froides de l’Europe, de l’Asie et de
l’Amérique du Nord. En France elle est connue dans les Pyrénées, les Alpes et le Jura,
ainsi qu’en de rares localités dans le Massif
central et en Bourgogne. Le massif de la
Regard sur quelques espèces - 133
Fiche-espèce n°5
Sommaire
Fiche-espèce n°5
Vanoise héberge les populations les plus
importantes en Savoie (Maurienne et Trois
Vallées).
Elle fait partie du cortège des plantes
spécifiques des marais alcalins qui se sont
raréfiés du fait du drainage et de la
destruction des zones humides de montagne.
Sa valeur ornementale, sa rareté, en font une
espèce patrimoniale à préserver. En Vanoise,
où l’on dénombre plus d’une centaine de
localités, on la trouve jusqu’à 2 300 m
d’altitude. À Saint-Bon Courchevel, on peut
observer la swertie vivace dans le marais
situé à l’amont du lac de la Rosière.
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PNV – Ludovic Imberdis
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
Comme la swertie vivace, la gentiane acaule, ou gentiane
de Koch, appartient à la famille des gentianacées
Menaces
La
swertie vivace est très sensible à toute
modification des conditions de milieu :
drainage,
remblaiement,
piétinement
humain ou par le bétail et eutrophisation
par apports d’eaux usées ou épandages.
Protection
et propositions de gestion
PNV – Karine Moussiegt
La
Dans les marais qui lui sont favorables, la swertie vivace
ne passe pas inaperçue
swertie vivace figure sur la liste des
espèces protégées. La préservation des zones
humides, la remise en eau de certains marais,
la prise en compte de ses populations par les
études d’impact de projets d’aménagement
devraient assurer la pérennité des localités
savoyardes de cette plante.
Le saviez-vous ?
• La swertie vivace est une plante dédiée à un jardinier hollandais du XVIIe siècle
dénommé Sweert.
• Parmi les représentants de la famille des gentianacées, certaines plantes sont moins
connues que les gentianes. Il s’agit de plantes qui, comme la swertie vivace, fréquentent
des milieux spécialisés. Citons la chlorelle perfoliée, aux fleurs jaunes, que l'on rencontre
dans les pelouses sèches, principalement sur argile.
134 - Regard sur quelques espèces
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
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L’androsace helvétique
Les androsaces se caractérisent par de petites fleurs dont les couleurs oscillent du pourpre
au blanc. Si elles diffèrent par leur forme (plante plus ou moins naine, en forme de coussinet
ou développant des hampes florales), toutes ont la particularité d’être liées à la roche :
pelouses rocailleuses, rochers, éboulis, moraines, etc. L’androsace helvétique (Androsace
helvetica) compte parmi les neuf espèces d’androsace observées en Savoie. À Saint-Bon
Courchevel, elle peut être confondue avec la plus rare androsace pubescente (Androsace
pubescens), qui se développe dans des habitats* identiques. Ces deux espèces d’androsace se
caractérisent par leur tige qui porte des feuilles groupées en rosette dense au sommet des
rameaux. Cette caractéristique donne à la plante une forme en coussinet.
plante naine en coussinet
très dense et bombé
sur calcaire
feuilles vert grisâtre et densément appliquées,
couvertes de poils courts et simples
PNV – Christian Balais
fleurs (de 4 à 6 mm de diamètre) sessiles,
blanches, à gorge jaune
Androsace helvétique
plante naine en coussinet
lâche sur calcaire
fleurs (de 4 à 6 mm de diamètre) brièvement
pédicellées, blanches parfois roses, à gorge jaune
PNV - Christian Balais
feuilles vert clair couvertes de poils hérissés
simples ou parfois fourchus
Androsace pubescente
Écologie
L’androsace
helvétique est une plante
vivace. Elle s’installe dans les fissures et les
anfractuosités des rochers de nature cal-
caire, aux étages alpin et nival. Leur forme
en coussinet, la longueur de leurs racines,
l’épaisseur de leurs feuilles forment un
ensemble d’adaptations très poussées pour
résister aux conditions austères offertes par
Regard sur quelques espèces - 135
Fiche-espèce n°6
Sommaire
Menaces
le milieu rocheux d’altitude. Elle peut ainsi
surmonter la sécheresse due au vent et au
fort ensoleillement. En hiver, le cœur de la
plante, composé des feuilles sèches étroitement imbriquées des années passées, lui
offre une protection contre le gel, de même
qu’il permet à la plante de constituer son
propre humus.
De toutes les androsaces qui poussent en
coussinet, l’androsace helvétique présente
l’une des floraisons les plus précoces,
s’échelonnant entre mai et juillet.
En
raison des caractéristiques de son
habitat*, l’androsace helvétique est une espèce peu menacée, même s’il ne faut pas
exclure un risque lié à d’éventuels aménagements, ou à des prélèvements effectués par
les collectionneurs de plantes rares.
Protection
et propositions de gestion
L’androsace
helvétique est protégée. Sa
cueillette et sa destruction sont interdites en
France. La faible accessibilité des milieux
qu’elle occupe lui assure une certaine
protection physique.
Intérêts biologiques
et valeurs d’usage
L’androsace helvétique est présente dans les
massifs de haute montagne en France,
Suisse, Italie, Autriche et Allemagne. En
France c’est une plante rare et très localisée,
que l’on trouve dans sept départements
alpins (Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte
d’Azur), également en très peu de localités
en Midi-Pyrénées.
La nature majoritairement calcaire du
substrat qui constitue le territoire de SaintBon Courchevel, explique la bonne présence
de l’androsace helvétique sur cette commune, notamment sur les massifs des dents
de la Portetta et de l’aiguille Rouge.
En d’autres communes du Parc national de
la Vanoise, cette espèce est généralement
supplantée par l’androsace alpine qui
préfère les terrains acides. Cette dernière se
distingue par ses fleurs rosâtres.
Plante très esthétique, l’androsace helvétique
peut faire l’objet de cueillette.
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PNV – Christian Balais
Fiche-espèce n°6
Extrait du document du patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL
Regards sur quelques espèces de la flore
Androsace alpine
Le saviez-vous ?
• Au cœur du coussinet formé par les feuilles de l'androsace helvétique règne une
température nettement plus élevée qu’en surface. Plusieurs petits invertébrés trouvent
refuge dans ce milieu végétal.
136 - Regard sur quelques espèces
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