
5
Biodiversité,
point de vue d’un scientifique
C. Lévêque,
Président du Comité Scientifique du GIP Seine-Aval
L’objectif de la journée n’est pas de discuter de la biodiversité en
tant que telle mais de savoir dans quelle mesure la biodiver-
sité peut être un thème structurant dans le futur programme
SA5, quels sont les intérêts des partenaires autour de cette
question et quels pourraient être les angles d’attaque à pour-
suivre dans cette thématique.
La définition scientifique de la biodiversité selon la convention
sur la biodiversité est l’ensemble des sciences de la nature : les
espèces, les gènes de ces espèces mais aussi les milieux dans
lesquels elles vivent (les écosystèmes).
Différentes approches
de la biodiversité co-existent
Chacun a sa représentation de la biodiversité et ne met pas la
même signification derrière cette thématique.
Il y a tout d’abord l’approche taxonomique ou philatélique
(identification des espèces, sciences de l’évolution…). Certains
voient la biodiversité comme l’ensemble des ressources
vivantes (dont la pêche, avec notamment les problèmes d’épui-
sement de stocks). La biodiversité, c’est aussi les ressources
naturelles locales au quotidien (les baies ou les champignons
que tout à chacun peut ramasser). Derrière la biodiversité se
trouve souvent l’approche de « conservation de la nature »
avec les notions d’espaces « naturels » protégés pour des ques-
tions d’espèces ou d’espaces emblématiques. Le patrimoine
naturel culturel est aujourd’hui souvent mis en avant égale-
ment (haies, arbres têtards). La biodiversité n’est pour autant
pas uniquement liée à l’émotionnel ou à l’esthétique. La préoc-
cupation principale de la convention sur la biodiversité est le
partage des avantages liés à l’exploitation de la biodiversité.
Elle représente en effet tout un ensemble de substances d’inté-
rêt industriel ou pharmaceutique majeur.
La biodiversité qui dérange
La biodiversité n’est pas toujours souhaitée. Il faut être prudent
avec les discours liés à l’érosion de la biodiversité. Il y a tout un
ensemble d’espèces qui n’est pas désiré par la société (mous-
tiques, prolifération d’algues vertes…). Il n’est pas question alors
de protection mais de lutte contre cette biodiversité. Il en est de
même pour les questions liées aux espèces introduites. La ten-
dance serait à l’élimination de celles-ci. Mais sont-elles vraiment
indésirables ? Quel regard porter sur une espèce introduite dans
un pays jugée comme indésirable par certains, mais qui est pro-
tégée par ailleurs (ex : ibis sacré) ?
Biodiversité et restauration dans l’estuaire – 23 mai 2011 – Rouen
Crédit photo : C. Dégremont, GIP Seine-Aval