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Par ces ouvrages, on donnait aux rois des modèles de comportement à suivre. Ces modèles,
ce sont les rois bibliques (David, Salomon), Charlemagne (qu’on représente davantage
comme un personne légendaire qu’historique).
A partir de 1270, le roi idéal à imiter, c’est saint Louis. Saint Louis a bcp contribué au
prestige de la monarchie capétienne. Ce prestige n’a pas attendu l’issue du procès en
canonisation, en 1297, car sa sainteté a été perçue de son vivant. C’est pourquoi le récit de
ses faits et gestes, mis par écrit par Jean de Joinville et terminé en 1309 est lu comme un
modèle de comportement à suivre (cf. TD).
CONCLUSION DU III
Le prestige de la monarchie capétienne ne n’est pas acquis seulement par les victoires
militaires ou les réformes administratives et politiques. Elle s’est forgée à travers des rites
(sacre, les funérailles), des lieux (Paris, Saint-Denis, Reims), des écrits (le droit romain,
l’historiographie).
Toute cette idéologie procède d’une mise en scène du pouvoir et d’une réflexion politique
sur la mission royale. Les rois capétiens avaient une haute image de leur fonction, et ont
exalté leur mission, présentée comme une mission divine.
L’affirmation de la « religion royale » est à la base de l’élaboration, aux XIIIème-XIVème de la
construction d’un sentiment national (la fierté, pour les sujets d’avoir un monarque
d’exception et d’appartenir au royaume). Sentiment national qui s’affirmera encore
davantage au moment de la guerre de Cent Ans.
SUPPLÉMENT"2"Louis"IX"?"un"roi"féodal"ou"un"roi"moderne"?"
Pensez"à"vous"renseigner"sur"les"historiens"qui"sont"cités"ci-dessous…."
⇒!Roi!féodal!ou!roi!moderne!?!
"Louis"IX"était"roi"de"France"alors"que"son"grand-père"était"encore"roi"des"Francs."
La"question"qui"ouvre"le"débat"depuis"le"saint"Louis"de"Jacques"le"Goff1,"question"qui"n’est"
toujours"pas"tranchée"d’ailleurs,"est"bien"celle"de"savoir"s’il"est"un"roi"féodal"ou"un"roi"
moderne."Qu’il"soit"un"roi"réformateur"n’en"fait"pas"nécessairement"un"roi"moderne"au"
sens" où" l’entendent" J.-Ph" Genet" et" Wim" Blockmans." Certains" historiens" analysent" la"
monarchie"du"XIIIe"siècle"comme"une"vraie"monarchie"féodale"aboutie"(Thomas"Bisson)"
avec" un" roi" qui" agit" comme" un" suzerain" suprême," sommet" d’une" pyramide" dont" le"
ciment"est"constitué"par"les"dons,"l’hommage,"la"fidélité."
"Jacques"le"Goff"explique"qu’il"n’y"a"pas"d’opposition"historique"entre"roi"féodal"et"
roi" moderne" en" la" personne" de" Saint" Louis";" et" que" le" passage" de" la" féodalité" à" l’Etat"
moderne"se"fait"par"une"phase"de"monarchie"féodale"intermédiaire,"dans"laquelle"Saint"
Louis" occupe" une" position" centrale." Pour" lui," il" y" a" des" signes" d’évolution" vers" l’Etat"
moderne"déjà"sous"le"règne"de"SL":"
- Le" fait" qu’il" utilise" les" prérogatives" de" la" suzeraineté" à" la" manière" d’une"
souveraineté."Ce"roi"féodal"n’a"personne"au-dessus"de"lui,"sauf"Dieu."Il"ne"tient"
de"personne,"ne"peut"être"le"vassal"de"personne."Ne"reconnaître"personne"au"
dessus-de"lui"rapproche"la"suzeraineté"de"la"souveraineté."Il"est"dit"d’ailleurs"
«"souverain" fieffeux"»," à" la" fois" «"messire"»" et" «"votre" majesté"»." Le" sacre"
intègre" aussi" bien" les" rites" d’entrée" en" féodalité" (adoubement)" que" les" rites"
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1 J. Le Goff, Saint Louis, Paris, Gallimard, 1996, p. 674-704.