PLAN DU CHAPITRE
1Le tableau périodique:
un guide fondamental
2L’hydrogène
3Le sodium et
le potassium
4Le calcium et
le magnésium,
deux métaux
alcalino-terreux
5L’aluminium
6Le silicium
7L’azote et le phosphore
8L’oxygène et le soufre
9Le chlore
3
et aux animaux, elles peuvent extraire
des minéraux l’arsenic et d’autres élé-
ments toxiques, qui, normalement,
resteraient fermement liés dans les
roches. On peut avoir une idée de
l’ampleur de ce phénomène en se
rappelant qu’à peu près la moitié des
ions sulfate présents dans les océans
est produite de cette façon.
Les thiobacillus ferrooxidans sont abon-
dants dans les eaux de drainage. Ils
tirent leur énergie de l’oxydation de
Fe2selon la réaction:
4 Fe
2
(aq) O
2
(aq) 4 H
3
O
(aq)
4 Fe
3
(aq) 6 H
2
O (l)
Les grottes
Le soufre peut jouer un rôle impor-
tant dans la formation et l’évolution
de certaines grottes. Un exemple ty-
pique de son action se trouve dans la
jungle du sud du Mexique. La Cueva
de Villa Luz crache du sulfure d’hy-
drogène (H2S (g)) toxique et rejette
des eaux d’un blanc laiteux contenant
du soufre finement divisé et en suspen-
sion. La grotte abrite une rivière sou-
terraine assez large et un labyrinthe de
passages s’élargissant toujours. L’eau
aboutit dans la grotte après avoir
traversé des couches stratifiées sous-
jacentes riches en soufre et dégage du
sulfure d’hydrogène, dont la concen-
tration dans l’air peut atteindre
200 mg/m3d’air. Ce gaz réagit avec
l’oxygène pour donner du soufre qui
se dépose en cristaux jaunes sur les
parois entourant les sources d’eau.
2 H
2
S (g) O
2
(g) 2 S (s) 2 H
2
O (l)
L’oxydation peut se poursuivre,
transformant une partie du soufre en
acide sulfurique.
2 S (s) 2 H
2
O (l) 3 O
2
(g) 2 H
2
SO
4
(aq)
Le sulfure d’hydrogène est toxique,
si bien que l’exploration de la grotte
nécessite le port d’un masque à gaz.
Cependant, fait assez surprenant, la
grotte déborde de vie. Là encore, les
bactéries thiobacillus accélèrent les
réactions d’oxydation des composés à
base de soufre et se développent grâce
à l’énorme quantité d’énergie libérée,
même en l’absence de toute autre
source de nourriture.
Les bactéries s’agglomèrent en fila-
ments qui pendent aux parois et aux
voûtes. D’autres organismes s’en nour-
rissent et ainsi commence une chaîne
alimentaire, qui comprend des arai-
gnées, des moustiques, des escargots
nains et… des poissons ressemblant à
des sardines. Tout cet écosystème se
maintient grâce à l’oxydation du soufre
se produisant à l’intérieur de la grotte.
▲Des filaments de bactéries oxydant le soufre
suspendus à la voûte d’une grotte mexicaine
contenant une atmosphère riche en sulfure
d’hydrogène. Arthur N. Palmer
Il s’agit pourtant d’un environne-
ment peu ordinaire! Le sulfure d’hy-
drogène et l’oxygène présents dans
l’atmosphère de la grotte se dissolvent
dans les gouttes d’eau infiltrée à partir
de la surface, réagissent ensemble pour
produire de l’acide sulfurique selon
les réactions vues précédemment. Ces
deux gaz, dont la concentration dans
les gouttes diminue à la suite de ces
réactions, sont constamment rem-
placés, si bien que l’eau s’enrichit
progressivement en acide sulfurique.
Plus les gouttes sont vieilles, plus
elles sont acides. Leur concentration
moyenne en ions H3O(aq) est de
l’ordre de 4 10–2mol/L. Par contre,
dans certaines d’entre elles, elle peut
atteindre 1 mol/L: inutile d’insister
sur les brûlures de peau ou sur les trous
dans les vêtements des chercheurs
ayant exploré ce site!
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