En mouvement
Si l'art nous révèle des potentialités cachées du monde, la musique — dont l'objet central est le
temps — éveille notre sensibilité à la diversité des temporalités. Aujourd'hui, à l'heure de
l'accélération des technologies de communications où tout semble accessible en un claquement de
doigt, où « Le surgissement soudain escamote le passé et sature l'avenir » (Marc Augé), l'instant est
devenu hégémonique. Dans ce contexte, la musique nous invite à redécouvrir les multiples facettes
du temps.
En mouvement parcourt plusieurs qualités de temps. Le temps musical qui est un temps en
mouvement, logique mais souvent imprévisible comme le cheminement de la pensée ; le temps
tournant qui répète des événements de façon cyclique comme dans certains rythmes naturels, de la
course du soleil dans le ciel, répétée chaque chaque jour, au chant répétitif de certains oiseaux ; le
temps de la matière, cosmique, étiré sur des échelles si grandes qu'il semble immobile.
Dans la première partie de la pièce, un simple geste ralenti sert de marqueur du temps musical. En
utilisant tous les niveaux de structure de l'écriture du rythme dans la musique, la pulsation, la
métrique, la phrase, ce matériau se transforme à travers un ralentissement à grande échelle. Le geste
ralenti, modifié sans cesse à travers ces transformations du temps se présente à nous toujours
différemment. Il donne ainsi un caractère organique à la musique. Ce grand processus est ponctué
de plusieurs moments où la musique s'arrête et où l'auditeur contemple le temps immobile, stagnant.
La deuxième partie répète ensuite de manière cyclique une autre version du matériau sonore initial,
qui se décolore puis disparaît .