Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux – UMR 5804 – Projet 2011-2014
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Recherche de trous noirs binaires supermassifs
Enfin, le dernier thème que nous prévoyons d’aborder dans le cadre de cet axe de recherche concerne l’étude de
la binarité éventuelle des trous noirs situés au cœur des noyaux actifs de galaxies. Cette question est mise en
exergue notamment par l’objet OJ 287 dont la variabilité, qui présente une périodicité de 12 ans, est interprétée
comme la manifestation de l’existence d’un trou noir binaire central. Selon le modèle le plus récent pour cet
objet (Valtonen et al. 2008, Nature 452, 851), un tel trou noir binaire produirait un mouvement orbital ayant une
amplitude de 45 µas. Aussi, il est tentant de vouloir détecter un tel déplacement à l’aide d’observations VLBI
astrométriques, qui atteignent aujourd’hui ce niveau de précision, ou même le dépassent en mode différentiel.
Pour cela, nous allons engager un suivi astrométrique à long terme de cet objet, en recherchant au préalable un
calibrateur in-beam, afin d’arriver à la précision maximale possible en mode différentiel, soit 10 µas. Ce projet
sera mené en parallèle avec les observations Gaia de OJ287, qui si elles révélaient une signature identique,
pourraient permettre, dans un second temps, de valider une éventuelle détection VLBI du mouvement orbital. Au
delà de l’étude de cet objet, nous prévoyons également d’examiner les données de l’ICRF2 pour rechercher la
signature de déplacements à long terme, linéaires ou incurvés, dans d’autres objets, qui seraient la trace de
mouvements orbitaux, révélant par là-même l’existence de trous noirs binaires.
2. Exploration de la Galaxie : paramètres stellaires et cinématique
Plusieurs grandes questions se posent au sujet de la Galaxie, auxquelles l’équipe M2A cherche à apporter des
éléments de réponse. Comment et quand s’est formé le disque galactique, notamment sa composante disque
épais ? Quel rôle ont joué les accrétions et fusion d’autres systèmes ? Quelle est l’histoire de la formation
stellaire dans l’environnement local ? Quels sont les mécanismes de la formation stellaire ? Quel est le contenu
stellaire du voisinage solaire ?
L’information se trouve dans les générations successives d’étoiles, les amas stellaires, les zones de formation
d’étoiles. Les distributions spatiales, cinématiques, chimiques des populations ou associations stellaires tracent
l’évolution de ces systèmes. Par l’observation d’échantillons stellaires représentatifs, puis la détermination des
paramètres stellaires (distance, vitesses, composition chimique, âge), et enfin par l’étude statistique aux
différentes échelles, de nouvelles contraintes sont apportées aux modèles de la Galaxie.
Archéologie du disque galactique
L’équipe M2A poursuivra ses travaux sur les relations âge - cinématique - composition chimique dans le disque,
à partir d’échantillons et de méthodes améliorés. De nouveaux grands surveys spectroscopiques d’étoiles,
comme RAVE et le SDSS, fournissent des données pertinentes pour sonder le disque galactique, ainsi que
l’Observatoire Virtuel qui permet de collecter des quantités de données d’excellente qualité dans les archives et
bibliothèques de spectres stellaires disponibles à travers le monde. Nous avons défini plusieurs échantillons
d’étoiles à partir de ces ensembles de données, pour lesquelles nous allons déterminer ou re-déterminer de
manière plus fiable et homogène les paramètres stellaires en utilisant et comparant différentes méthodes
développées dans l’équipe (TGMET) ou ailleurs. A partir des distances, vitesses, compositions chimiques et âges
déduits, nous évaluerons l’existence de gradients cinématiques et chimiques dans les différentes directions
galactiques, nous étudierons en détail l’interface disque mince – disque épais, dans la continuité de nos travaux
précédents et dans la perspective de l’exploitation du catalogue Gaia sur ces thèmes.
Echelle des paramètres atmosphériques et étoiles de référence
Une des difficulté de la détermination massive de paramètres stellaires (paramètres atmosphériques, abondances
d’éléments chimiques) pour des études galactiques est la construction de grilles d’étoiles de référence couvrant
tout le diagramme HR. C’est un problème auquel se heurtent les grands surveys spectroscopiques comme RAVE
ou le SDSS, car les spectres synthétiques ne sont pas suffisament réalistes sur tout le domaine de paramètres
comme seuls supports de la paramétrisation. Les méthodes automatiques doivent être calibrées avec des étoiles
très bien étudiées de manière homogène. L’équipe M2A s’est spécialisée dans cette activité, en particulier dans
le cadre de la préparation à Gaia. Un catalogue de standards de vitesse radiale, et un catalogue d’étoiles de
référence pour les paramètres atmosphériques devront être livrés pour le lancement de Gaia en 2012. Des
observations complémentaires au sol et un travail d’homogénéïsation des échelles de température effective et de
métallicité dans les atmosphères stellaires viennent de débuter. Cela se poursuivra par l’analyse fine de centaines
de spectres stellaires à haute résolution pour produire les paramètres atmosphériques précis et homogènes des
étoiles les plus adaptées pour le traitement des données Gaia. Une base de données de paramètres stellaires,
PASTEL, a été développée et sera ouverte à la communauté en 2010. Il est à noter que l’intérêt de ce travail