COMMUNIQUE DE PRESSE Vendredi 27 novembre 2009
Un microquasar émetteur gamma découvert dans notre Galaxie
Pour la première fois, une émission de rayons gamma de haute énergie en provenance
d’un microquasar a pu être observée avec certitude grâce au satellite Fermi de la
NASA. L’observation du microquasar Cygnus X-3 par les équipes françaises (CEA-
IRFU1, CNRS-INSU2 et CNRS-IN2P33, Université Paris Diderot - Paris 7, Université
Joseph Fourier – Grenoble 1) de la collaboration Fermi permet de mieux comprendre
le fonctionnement de ces sources particulières, capables de propulser dans le milieu
interstellaire l’équivalent de la masse de la Lune à une vitesse proche de celle de la
lumière. Cette étude fait l’objet d’une publication dans la revue Science Express du 26
novembre 2009.
Les microquasars sont des couples d’étoiles composés d’un objet compact (étoile à neutrons
ou trou noir) orbitant autour d'une étoile compagnon. Ces systèmes binaires sont également
le siège de jets de matière très énergétiques, propulsés à des vitesses proches de celles de
la lumière. Par illusion d’optique, ces projections, appelées « jets relativistes », paraissent
même parfois dépasser la vitesse de la lumière. A l’échelle miniature, ils semblent la réplique
exacte des quasars, cœurs de galaxies où de puissants jets sont propulsés par un trou noir
géant, d’où leur nom de « microquasars » 4. Relativement proches de nous, ces quasars
miniatures sont de parfaits laboratoires pour essayer de comprendre les phénomènes de jets
qui affectent aussi les galaxies. Si, jusqu’ici, les astrophysiciens soupçonnaient les
microquasars d’être des sources de rayons gamma de haute énergie, jamais ils n’avaient pu
observer avec certitude une telle émission. Les observations faites grâce au télescope Fermi
du microquasar Cygnus X-3, situé dans notre Galaxie à environ 20 000 années-lumière dans
la direction de la constellation du Cygne, changent désormais la donne. La signature gamma
du microquasar est cette fois-ci sans équivoque et clôt un débat ouvert dans les années 70.
Les observations sont formelles : « Trois preuves nous ont conduit à cette conclusion : la
coïncidence parfaite entre la source gamma détectée par Fermi et la position du microquasar
Cygnus X-3, la variation dans le temps de l’émission en fonction de l’orbite du système
binaire (période de 4.8 heures) et enfin la connexion entre l’activité gamma et celle des jets
relativistes observée par les radio-télescopes», explique Stéphane Corbel, professeur à
l’Université Paris Diderot et membre de l’Unité Mixte de Recherche AIM (Astrophysique
Interactions multi-échelles).
1Institut de Recherches sur les lois Fondamentales de l’Univers, Service d’Astrophysique.
2 Institut National des Sciences de l’Univers du CNRS. Laboratoires INSU impliqués dans l’exploitation de Fermi :
Laboratoire Astrophysique interactions multi-échelles (CEA, CNRS, Université Paris Diderot), Laboratoire
d’Astrophysique de Grenoble (CNRS, Université Joseph Fourier, Observatoire des Sciences de l’Univers de
Grenoble), Centre d’Etude Spatiale des rayonnements (CNRS, Université Paul Sabatier, Observatoire Midi-
Pyrénées)
3 Institut national de physique nucléaire et de physique des particules du CNRS. Laboratoires IN2P3 impliqués
dans Fermi : Centre d'études nucléaires de Bordeaux-Gradignan (CNRS, Université de Bordeaux 1), Laboratoire
Leprince-Ringuet (CNRS, École Polytechnique), Laboratoire de physique théorique et astroparticules (CNRS,
Université Montpellier 2), Centre de calcul de l’IN2P3 (CNRS)
4 Le premier de ces objets a été découvert au CEA en 1992 par Félix Mirabel et ses collaborateurs.