Marketing et management entre Eros et Polemos,
Principes de liaison et dé-liaison en entreprise
Actes du colloque scientifique organisé par l’ISTEC - Paris
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question de la légitimité étant toujours valable, notamment que la reprise soit à caractère
familial ou pas.2.
Parmi l’ensemble des reprises accompagnées par OSEO (2005) plus de 20% se
soldent par un échec dans les six années qui suivent leur réalisation3. Certains facteurs
récurrents fragilisent ces opérations, qui ne sont pas suffisamment pris en considération par
ceux qui les conduisent ou y prennent part. Or, étant la seule modalité de continuation de
l’activité relayant le départ – volontaire ou non – de l’actuel dirigeant, il relève de la stratégie
d’assurer le succès de la transmission par des actes concourant à pérenniser l’entreprise
(Haddadj et d’Andria, 2001). Les principales causes d’insuccès ont été repérées.
L’étude d’OSEO identifie les difficultés financières (prix du rachat et poids du
remboursement de la dette contractée), circonstancielles (rupture brutale due à la maladie ou
au décès du dirigeant) et techniques (méconnaissance du secteur d’activité par le repreneur,
manque de préparation). Dans un contexte de processus de reprise fortement marqué par les
interactions humaines (Handler, 1990), celles-ci font l’objet d’une attention croissante, sans
doute motivée par leur richesse d’expression. Elles se traduisent par des comportements plus
ou moins exacerbés et conscients de fragilisation du remplaçant et de son projet, faisant
obstacle à une transmission empreinte de sérénité et d’esprit collaboratif (Chabert, 2005). On
peut citer les conflits relationnels avec le cédant présent après la reprise (OSEO, 2005), les
difficultés d’ordre psychologique du dirigeant historique à quitter l’entreprise (Deschamps et
Paturel, 2005 ; Dubouloy, 2008 ; Pailot 2000) ou encore les risques perçus par les salariés de
perdre un « père », possible traite à leurs yeux, et de subir des dérèglements de leur identité
professionnelle dus aux remaniements organisationnels occasionnés (Deschamps et Paturel,
2005).
Toujours sur le plan humain, mais davantage liés au collectif que constitue
l’entreprise, des travaux font valoir que la création/destruction de liens sociaux provoquée par
la reprise ne va pas forcément de soi. Certaines problématiques ont émergé telles que la
socialisation du nouveau patron (Boussaguet, 2007), plus particulièrement son entrée
2 Par contre, pour les besoins de l’analyse en aval de la présentation du concept, nous serons amené à distinguer
les formes de rachat.
3 Cas des reprises par personnes physiques et morales. Si on accepte que les entreprises reprises par des
personnes morales bénéficient de moyens relativement importants et que celles qui ne sont pas suivies par des
organismes sont plus fragiles, le taux de défaillance général des reprises par personne physique devrait être
supérieur à ce taux.