M01 : Analyse de la firme et stratégies industrielles MAITRISE DES

M01 : Analyse de la firme et stratégies industrielles
MAITRISE DES SCIENCES ECONOMIQUES,
mention Techniques Economiques et de Gestion et Economie Internationale
SEQUENCE 1 : Les fondements de la théorie de la firme
Objectifs : Etudier le management des organisations nécessite avant tout l'acquisition de
compétences pratiques indispensables pour exercer une activité professionnelle. Les étudiants doivent
cependant être également sensibilisés aux réflexions théoriques qui s'articulent depuis quelques
décennies autour de la firme. L'objectif de la première séquence est donc de proposer un aperçu sur
l'évolution de la théorie de la firme qui permet notamment d'observer que jusqu'à une date récente,
l'entreprise n'a occupé qu'une place marginale dans la théorie économique. Les développements
théoriques récents, au contraire, reconnaissent progressivement la firme comme un acteur véritable
doté d'un comportement propre et exerçant une influence sur son environnement.
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SOMMAIRE
Introduction
CHAPITRE I. La firme appréhendée par la théorie néoclassique
A. L'entreprise : "une boîte noire"
B. Les limites de l'analyse néoclassique
C. Le perfectionnement de la théorie néoclassique de l'entreprise
1. La remise en cause de l'hypothèse de concurrence pure et
parfaite
2. Le profit n'est pas toujours maximisé
3. L 'imperfection de l'information
4. L'entrepreneur, un acteur doté d'une rationalité limitée
CHAPITRE II. L'approche comportementale de la firme : une rupture décisive
CHAPITRE III. Vers de nouvelles théories économiques de l'entreprise
A. La théorie des coûts de transaction (Coase et Williamson)
1. Evaluer les coûts de transaction pour rendre la théorie
opérationnelle
2. Les hypothèses comportementales : rationalité limitée et
opportunisme des acteurs
3. Choisir le mode de coordination le plus efficace entre marché et
hiérarchie
4. Une transaction ne doit pas uniquement être considérée comme
un coût à réduire
B. La théorie des droits de propriété (Alchian et Demsetz)
1. Les droits de propriété : le concept proprement dit
2. Une théorie de la firme fondée sur les droits de propriété
3. Une vision critique des formes d'organisation des entreprises
publiques
C. La théorie de l'agence (Jensen et Meckling)
1. Le cadre d'analyse : la relation d'agence
2. Les coûts d'agence
3. Une théorie qui légitime le marché
D. L'approche dite « évolutionniste » de la firme (Nelson et Winter)
1. Présentation de l'approche évolutionniste de la firme
2. Une théorie qui admet quelques limites
E. Le Knowledge Management : un prolongement pratique de la firme
évolutionniste
1. Définition et contenu
2. Les deux utilisations stratégiques du Knowledge Management
3. Vers une théorie de la création des connaissances à caractère
évolutionniste
4. Les limites du Knowledge Management
Conclusion
Questions relatives à la Séquence 1
Bibliographie relative à la première séquence du cours
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Introduction
Quelques éléments de définition…
Selon une définition courante, l'entreprise désigne tout organisme dont l'activité aboutit à vendre des
biens ou des services sur un marché afin de réaliser un profit et de créer de la valeur (pour les
actionnaires, les clients et le personnel).
Remarque : afin d'atteindre ses buts, l'entreprise doit se structurer et s'organiser.
L'entreprise est donc une organisation , soit un ensemble d'éléments en interaction
dynamique.
L'entreprise – la firme – constitue ainsi un centre de décision indépendant chargé d'assurer la
coordination d'un projet productif durable. Mettant en avant la mission productive, cette définition
place au second rang, d'autres images possibles de la firme, comme celle de lieu de pouvoir ou de
production de normes sociales, qui cependant ne permettent pas de la distinguer des autres
organisations.
Comparativement aux approches sociologiques qui étudient la firme principalement sous l'angle du
pouvoir, les sciences économiques et de gestion, auxquelles sont rattachées les théories de la firme,
accordent une place centrale à l'efficience.
En d'autres termes, la firme est étudiée relativement à sa capacité de créer de la valeur, de dégager
un surplus par rapport à la valeur des ressources utilisées dans le processus productif, d'être rentable.
Les recherches sur le fonctionnement de l'entreprise se sont multipliées dès la fin du
19 ème siècle.
Mais déjà, dans le courant du 18 ème siècle, les économistes classiques jettent un premier regard
extérieur sur l'entreprise.
L'entreprise est alors considérée comme un acteur économique sans pouvoir particulier sur les autres
agents.
Adam SMITH , en analysant la production d'épingles dans une usine d'Écosse,
préconise la spécialisation des tâches pour améliorer la productivité.
David RICARDO s'intéresse plus particulièrement à la notion de profit, différence
entre le total de la valeur créée (mesurée par le travail mis en œuvre) et la part revenant
aux salariés pour conserver leur force de travail.
Les économistes du début du 19 ème siècle considèrent que le processus de production combine les
facteurs de production suivants : le travail , la terre , le capital auxquels Jean-Baptiste SAY ajoute la
fonction de l'entrepreneur .
Remarque : Jusqu'au début du 20 ème siècle, l'entreprise n'est considérée que comme un
centre de création et de répartition des richesses .
I. La firme appréhendée par la théorie néoclassique
Qu'il s'agisse de la théorie de l'équilibre général ou de celle des marchés, la firme s'y trouve réduite à
peu de chose : elle est assimilée à un agent individuel , sans prise en considération de son organisation
interne. Elle ne fait que transformer de manière efficiente des facteurs de production en produits et
s'adapter mécaniquement à son environnement. Elle est en quelque sorte un objet inexploré, en
d'autres termes une boîte noire…
A. L'entreprise : "une boîte noire"
Dans la théorie néoclassique, le comportement de l'entreprise est assimilé à celui de l'entrepreneur ,
propriétaire de l'entreprise.
L'entrepreneur est un agent rationnel qui cherche à maximiser son profit en
minimisant les moyens utilisés .
Pour cela, il met en œuvre la combinaison optimale de facteurs de production pour transformer selon
une relation technique des flux d'entrée (les inputs) en flux de sortie (les outputs).
Cette relation technique est appelée fonction de production .
Son profit est maximum lorsque le coût marginal, correspondant à la dernière unité produite, est égal
au prix de vente.
Remarque : La théorie néoclassique évacue le fonctionnement interne de l'entreprise.
Elle n'analyse ni la structure de l'entreprise ni ce qui se passe à l'intérieur.
L'entreprise est ainsi considérée comme une " boîte noire " transformant des
facteurs de production.
L'entreprise est alors réduite à une simple fonction de production .
L'économie traditionnelle ne considère donc pas vraiment l'entreprise : la firme y est une « firme
point » ou une « firme automate », dotée de réactions parfaitement prévisibles. Elle est conçue comme
un organisme réflexe, parfaitement passif, et non comme un véritable acteur pesant sur le cours de
choses.
Dans ce modèle, la firme n'existe pas en tant que telle. Il n'y a que des individus établissant des
relations d'échange entre eux. Ceci explique le fait qu'il n'y a pas de théorie propre de la firme
dans l'approche néoclassique qui analyse cette dernière à travers la théorie des prix et de l'allocation
des ressources.
La place centrale est occupée par la recherche des conditions de l'équilibre général, pour une économie
sans friction et donc sans coût de transaction1 . Il s'ensuit que cette théorie a banni de ses
préoccupations la stratégie, l'organisation et le management2
Cette vision de la firme se comprend néanmoins si l'on songe à ce qui a été pendant longtemps l'objet
central de la micro-économie néoclassique : l'étude des mécanismes de prix.
1 Tout contrat d'achat, de vente ou de sous-traitance implique un coût, puisqu'il
faut y consacrer du temps, prévoir l'ensemble des dysfonctionnements possibles,
vérifier que le produit livré est conforme à la commande, etc. Dans un certain
nombre de cas, il est alors plus rationnel de faire soi-même, au sein de
l'entreprise, que de faire faire ou d'acheter. En d'autres termes, l'existence de
coûts de transaction explique pour une part l'existence d'organisations qui
concentrent en leur sein des tâches qu'elles pourraient confier à des sous-traitants
ou à des contractants.
(dictionnaire du cédérom Alternatives Economiques , 7 ème édition, octobre 2003,
logiciel version 7.0)
2 Martinet Alain Charles, Théories de l'entreprise, management stratégique et
réalités des affaires , in Charreaux et al, De nouvelles théories pour gérer
l'entreprise , Economica, 1987.
B. Les limites de l'analyse néoclassique
L'approche en terme de " boîte noire " repose sur des hypothèses réductrices , voire irréalistes :
- concurrence et information parfaites ;
- divisibilité des facteurs de production ;
- rationalité parfaite des agents ;
- absence de progrès technique.
De plus, le comporte-ment de l'entreprise est assimilé à celui de son propriétaire, lequel est supposé ne
poursuivre qu'un seul objectif, la maximisation de son profit.
" La théorie néoclassique standard traite comme un agent individuel ce qui est clairement une entité
collective, en lui prêtant de plus un principe de comportement, la maximisation du profit, qui est
hétérogène au principe d'utilité censé fonder l'ensemble des comportements individuels1 "
Il s'agit donc d'une vision très restrictive de la finalité et des buts de l'entreprise qui
ne prend pas en compte ni la réalité ni la complexité des comportements.
Cette approche présente également l'inconvénient d'utiliser des notions peu utilisées dans les
entreprises.
Par exemple, le calcul à la marge n'existe pas en comptabilité où seules des grandeurs moyennes sont
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