5-Instruments
Le terme oïrfideach (celui qui souffle, synonyme de « sonneur ») désigne de manière générique un musicien en
ancien irlandais ; cette généralisation suggère que les premières musiques apparues en Irlande étaient jouées par une
cornemuse ou une flûte. Le mot piopai (de « pipe » en anglais, qui désigne un instrument à chalumeau) est signalé
pour la première fois dans un poème contenu dans le Book of Leinster, manuscrit datant d’environ 1160 ; dans ces
mêmes vers, sont mentionnés le fidli (fiddle, violon), ancêtre probable du violon en Irlande, et le timpán, instrument
à cordes dont on jouerait avec un archet —sans qu’aucune autre précision ne soit connue à ce propos (peut-être une
adaptation du mot "tympanon", sorte de cythare). La harpe irlandaise naquit dans le courant du IXe siècle; son
existence est attestée dans le psautier de Folchard émanant du monastère irlandais de Saint Gall. L’instrument —
muni de cordes en laiton et cuivre, à la caisse de résonance creusée d’un seul bloc dans du saule —, la beauté de son
timbre et l’habileté des harpistes sont cités dès le XIIe siècle par Giraldus Cambrensis. Jusqu’au XVIe siècle, les
harpistes jouirent d’une haute considération et d’une situation sociale enviable; par la suite, les Anglais les
persécutèrent en tant que représentants de la résistance irlandaise. Le déclin de la noblesse qui les entretenait et les
protégeait fit d’eux des ménestrels ambulants dont l’exemple le plus fameux est Turlough O'Carolan (1670-1738).
L’instrument disparaît au début du XIXe siècle avec Arthur O’Neill, dernier harpiste. Vers la fin du XXe siècle,
débute lentement la renaissance d’un instrument, aux cordes aussi bien en boyau qu'en métal, connu aujourd’hui
sous le nom de harpe celtique.
La cornemuse irlandaise ou uillean pipes ("uillean" = le coude) est constituée de trois bourdons, de régulateurs à
douze clés (pour l’accompagnement), d’un soufflet actionné par le coude, d’un sac (coincé contre la hanche) et d’un
chalumeau à deux octaves. L’instrument à percussion le plus utilisé porte le nom de bodhrán; mesurant environ 60
cm de diamètre et 12 cm de haut, son cadre est en frêne et sa peau de chèvre, parfois en daim ou lévrier, est frappée
par un petit bâton de frêne ou de houx d’à peu près 20 cm de long. Formé d’une partie centrale semblable à un gros
crayon à chaque bout duquel on trouve une partie ovaloïde, ce tipper est tenu entre les doigts, l’essentiel du travail
étant effectué par le poignet. Les autres instruments utilisés sont le violon, toujours appelé fiddle, plusieurs types de
flûte (principalement l’Irish concert flute –en bois, relativement proche du traverso baroque– et les whistles, flûtes à
bec en métal ou en bois généralement à 6 trous, l’accordéon diatonique et sa petite sœur, la concertina (sorte de petit
accordéon hexagonal, surtout en usage dans le comté de Clare).
De nos jours, le banjo ténor (4 cordes), la mandoline (à fond plat), la guitare (souvent accordée DADGAD c'est-à-
dire ré la ré sol la ré —accord de Ré sus 4 popularisé par Davey Graham dans les années 1960— en lieu et place de
l'accordage habituel mi la ré sol si mi), le cistre, proche de la mandole et du bouzouki, à 4 ou 5 chœurs (ou doubles
cordes) ainsi que le bouzouki sont également employés. Ce dernier fut importé au début des années 1960 à la suite
d’une erreur ! Alec Finn demanda à un ami qui allait en Grèce de lui rapporter un luth, mais l’ami lui rapporta un
bouzouki, cousin du luth. Finn se contenta du bouzouki, instrument à caisse piriforme à fond bombé comportant un
long manche muni de 3 chœurs. Par la suite, le luthier Peter Abnett fabriqua, en collaboration avec Finn, un
instrument quelque peu différent : forme de larme et fond plat, 4 chœurs, cordes et accord différents. Ainsi naquit le
bouzouki irlandais. Trois autres musiciens utilisèrent le bouzouki dès les années 1970 : les célèbres Andy Irvine et
Donal Lunny, ainsi que Johnny Moynihan. Mentionnons encore que depuis quelques années, divers instruments
hybrides voient le jour, comme le bouzouki au corps de guitare qu’utilise Andy Irvine. Un des principaux luthiers
irlandais (mandolines, cistres, bouzoukis,…) se nomme Joe Foley.
Le bodhran
Le bodhran (prononcez [bo-rône], qui signifie sourd en gaélique irlandais) est un instrument de percussion
typiquement irlandais. C'est un tambour en peau de chèvre (le plus souvent), dont le diamètre varie entre 40 et 60
cm. La peau de chèvre est rivée à un cercle de bois traversé par 2 barres formant une croix. Il se joue habituellement
en position assise, en frappant sur la membrane extérieure à l'aide d'un bâton appelé beater ou tipper, ou parfois
avec la main tout simplement. Avec l'autre main, le musicien balaie ou presse la membrane intérieure pour varier les
sons produits par l'instrument. Certains groupes commes les Chieftains ont élevé le jeu de bodhran au rang d'art, en
faisant un instrument incontournable de la musique irlandaise ! En plus d'être un instrument de musique, le bodhran
est un des symboles de l'Irlande et un grand classique du souvenir ramené d'Irlande. Il est alors souvent décoré de
motifs celtiques ... ou d'un logo de marque de bière irlandaise !!!