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Mais la reconnaissance réelle du « régime crétois » comme modèle de santé se fera plus
tardivement grâce aux résultats obtenus par le Professeur Serge Renaud (père du « paradoxe
français ») au sein de son service de pathologies cardiovasculaires à l’Hôpital de Lyon. Entre
1988 et 1993, il expérimenta deux protocoles alimentaires différents auprès de patients victimes
d’un premier infarctus. Le premier groupe se vit prescrire un régime hypolipidique classique
(diminution des graisses animales et augmentation des graisses végétales riches en acides gras
polyinsaturés) et le second le régime crétois. Les résultats, publiés dans la revue médicale The
Lancet du 11 juin 1994 mirent en évidence que le régime crétois prévalait et réduisait de 70 %
les risques des pathologies cardiovasculaires.
LES PRODUCTIONS AGRICOLES DE LA CRETE ET SON CLIMAT
La Crète est la cinquième plus grande île de la mer Méditerranée. Sa position entre les 34e et 35e
Parallèles lui confère le statut de territoire le plus méridional d’Europe, à hauteur de l’Afrique du
Nord. Trois massifs montagneux se succèdent d’ouest en est, culminant à plus de 2 200 mètres.
Le climat crétois connait des étés chauds et secs, et des hivers cléments (de 10 à 15°C). Les pics
de pluie se situent principalement entre décembre et janvier avec des répartitions inégales selon
la topographie.
Les parties orientales et méridionales de l’île sont plus sèches que celles du Nord ou de l’Ouest,
plus exposées aux vents chargés d’humidité.
La culture principale est l’olivier et couvre près de la moitié de ses surfaces cultivées. La Crète
produit aussi de nombreux fruits (raisin, agrumes, melon, kiwi, avocat, pastèque, banane, figue)
et légumes (tomates, concombre, aubergine, poivron, …), des céréales (blé, orge, riz, seigle …).
La vigne occupe une place croissante. L’île exporte également des plantes aromatiques et
médicinales. La flore crétoise est très abondante (environ 1 800 espèces de plantes à fleurs dont
10% sont endémiques). La moitié de la superficie de l’île sert de pâturage.
LES PRINCIPES ET LES ALIMENTS-PHARES
Le régime crétois puise ses racines dans la civilisation minoenne, il y a plus de 3 000 ans et est
globalement resté inchangé malgré l’influence de nombreuses forces colonisatrices (Romains,
Empire byzantin, Vénitiens et Turcs …). Il se caractérise par :
- Une faible consommation de produits animaux
La viande rouge (mouton, agneau, chevreau) est consommées en de rares occasions lors
des fêtes ou cérémonies religieuses. La volaille ou le lapin se consomment de façon
hebdomadaire (deux fois par semaine). La faible place occupée par cet aliment permet ainsi
d’éviter l’excès de graisses saturées. La consommation moyenne de viande du Crétois est de 35
grammes par jour.
Le poisson et les autres produits de lamer (crustacés, céphalopodes,…) sont consommés
principalement autour des zones côtières, de façon également modérées (2 fois par semaine).
Dans les zones montagneuses, leur place dans l’alimentation est encore plus réduite et
exclusivement sous forme de morue salée.
Les petits escargots gris, récoltés dans la nature, sont très prisés des Crétois. Nourris
d’herbes et de plantes aromatiques sauvages, ils sont d’une grande valeur nutritionnelle
(protéines, oméga-3, minéraux et vitamines D contenue dans leur foie).