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1.1 LA CIRCULATION SANGUINE
Pour répondre à la demande élevée en oxygène de l’organisme, le dauphin possède
proportionnellement à l’homme un plus grand volume de sang. De plus, les globules rouges
sont plus abondants et contiennent plus d’hémoglobine que ceux des humains. Tout cela reste
cependant insuffisant pour combler les besoins du dauphin.
Tous les cétacés peuvent également réduire considérablement leur rythme cardiaque
pendant l’immersion. La circulation sanguine est contrôlée et redistribuée vers les organes
essentiels (ex : le cœur et le cerveau).
On note aussi une différence au niveau des réseaux artériels: il existe des « réseaux
admirables » correspondant à la présence de plusieurs filets de vaisseaux (retia mirabilia)
Ces filets de minuscules vaisseaux protègent les organes vitaux de la pression de l'eau et
capturent probablement les bulles d'azote qui se forment lorsque le dauphin plonge en eaux
profondes.
Thermorégulation à 37°C sous l'eau
Pour un mammifère qui vit en grande partie dans l'eau, un élément qui conduit la chaleur 25
fois plus vite que l'air, maintenir une température corporelle à environ 37oC (comme tout bon
mammifère) représente un grand défi. Il y a bien sûr l'épaisse couche de graisse sous leur
peau qui isole leurs organes internes du milieu ambiant qui est souvent très froid. Cette
couche peut atteindre une cinquantaine de centimètres chez les grandes baleines. En plus
de la graisse, les pinnipèdes (phoques et otaries) et les loutres de mer peuvent compter sur
une épaisse fourrure pour conserver leur chaleur.
Les adaptations les plus extraordinaires chez les mammifères marins pour maintenir leur
température corporelle sont sans doute les adaptations vasculaires. Ces adaptations
contrôlent les pertes de chaleur en agissant sur la circulation du sang. Un admirable réseau
pour récupérer la chaleur : le retia mirabilia.
Le retia mirabilia, mot latin pour « réseau admirable », est un système d'échange de chaleur
à contre-courant. Ces réseaux se retrouvent principalement dans les régions peu isolées
comme les nageoires pectorales, dorsales et caudales des cétacés, les pattes des pinnipèdes
et la nageoire caudale des siréniens. Ils sont formés d'artères, chacune entourée de plusieurs
veines. Comment ça fonctionne? Comme ces appareils domestiques qui combinent échange
d'air et récupération de chaleur. La chaleur du sang des artères (qui part des organes internes
et se dirige vers les extrémités) est récupérée par le sang des veines (qui part des extrémités
et se dirige vers les organes internes). De cette façon, le sang qui atteint les capillaires à la
surface du corps est déjà refroidi, limitant les pertes de chaleur du corps vers l'environnement.
Parallèlement, le sang qui revient des capillaires de la surface du corps et qui atteint les
organes est réchauffé et risque moins d'abaisser la température interne du corps. Ces réseaux
admirables peuvent aussi jouer le rôle inverse et évacuer le surplus de chaleur. En se dilatant,
l'artère centrale écrase les veines qui l'entourent, ce qui limite le flux de sang dans ces veines
et par conséquent l'échange de chaleur. Le sang artériel qui atteint les capillaires est donc
encore chaud et perd de sa chaleur vers l'environnement. Quant au sang qui retourne vers les
organes, il emprunte des veines à l'écart des réseaux admirables et se réchauffe moins avant
d'atteindre les organes.