IBERIS
Famille : Brassicaceae (= Cruciferae) Ordre : Brassicales
La présente fiche a simplement pour objet d’essayer de permettre de différencier deux espèces qui
paraissent morphologiquement proches Iberis linifolia L. et Iberis intermedia Guersent.
Deux autres taxons seront évoqués, Iberis aurosica Chaix proche d’Iberis linifolia dont il se distingue
surtout par sa taille plus réduite et son habitat, et Iberis timeroyii Jordan au positionnement mal défini.
Si le genre Iberis est facilement reconnaissable
- fleurs de couleur claire allant du blanc au rose lilas plus ou moins foncé, disposées en grappe courte
quasi umbelliforme, dont les fleurs périphériques présentent des pétales externes rayonnants ;
- silicules angustiseptées, c’est à dire aplaties perpendiculairement au plan passant par la ligne de suture
des deux carpelles, entourées d’une aile plus ou moins prononcée sur la pointe de chacune des valves.
…tous les botanistes de terrain, confirmés ou non, connaissent des difficultés pour nommer correctement
certaines espèces rencontrées, en particulier s’ils herborisent à l’extérieur de leur périmètre familier et
s’ils utilisent plusieurs flores.
Iberis intermedia subsp. violletii Montjoyer (Drôme) : fleurs le 16 septembre 2013, silicules le
30 octobre 2013
Les deux pétales extérieurs sont beaucoup plus grands que les deux pétales intérieurs, ce caractère est
plus prononcé sur les fleurs placées au bas de la grappe et qui s’épanouissent les premières (ici leur
silicule est déjà en formation) en périphérie de l’ensemble alors que les fleurs du haut de la tige sont
encore en boutons.
Les silicules atteignent 5 à 6 mm en longueur (la suture est de l’ordre de 4 mm) pour environ 4 mm de
largeur. Le style peut être plus court ou plus long que les lobes.
Dans les flores de France usuelles et classiques nous trouvons :
Coste (1900-1906) :
- Iberis linifolia L. avec une espèce affine, Iberis stricta Jord..
- Iberis intermedia Guers. avec deux espèces affines, Iberis violetti Soy.-Will. et Iberis prostii Soy-Will.
Supplément à la Flore de Coste (premier supplément) :
- Iberis linifolia L. est paré d’Iberis stricta Jord.qui, outre la sous-espèce autonyme, possède une sous-
espèce leptophylla (Jord.) Franco et P. Silvae.
- Iberis violetti Soy.-Will. Et Godr. est distinguée comme endémique de Lorraine méridionale en tant
qu’espèce affine d’Iberis umbellata L..
- Iberis intermedia Guers., qui en plus de la sous-espèce autonyme, comporte deux sous-espèces, prostii
(Soy-Will.) Rouy et Fouc.et timeroyi (Jord.) Rouy et P. Silva
Fournier (1936) :
- Iberis linifolia L avec, en plus de la sous-espèce autonyme, deux sous-espèces stricta Jord et grenieri
Thuret et B..
- Iberis intermedia Guers. avec, en plus de la sous-espèce autonyme, trois sous-espèces violetti Soy.-
Will., timeroyi. Jord et prostii Soy-Will..
CNRS (1982) :
- Iberis stricta Jord. avec, en plus de la sous-espèce autonyme, une sous-espèce leptophylla (Jord.) Franco
et P. Silvae.
- Iberis intermedia Guers. avec, en plus de la sous-espèce autonyme, deux sous-espèces, prostii (Soy-
Will.) Rouy et Fouc.et timeroyi (Jord.) Rouy et P. Silva
Suite à des problèmes nés de travaux réalisés en 1984, ayant conduit à la transformation erronée
d’intermedia en linifolia, reprise notamment dans l’Index synonymique de la Flore de France (Kerguèlen
1993), il est probable que des botanistes aient mal désignés certains taxons, source d’erreurs dans les
cartes de répartition reprenant des données non corrigées de cette période. Pour ne prendre que l’exemple
d’Iberis prostii (qui était donné comme endémique caussenard) il devenait Iberis linifolia subsp.linifolia,
alors qu’il est aujourd’hui rattaché à Iberis intermedia.subsp. violletii.
Après avoir souligné que la difficulté de reconnaître et de nommer correctement les espèces de ce genre
tient à un polymorphisme particulièrement prononcé, ayant conduit à la description de nombreux taxons
sans grande valeur (autre que géographique) et de ce fait à une taxonomie très embrouillée, dans deux
articles publiés dans le Monde des Plantes en 1998 et 2000 et un article dans Acta Botanica Gallica en
2003, Jean-Marc TISON présente les espèces critiques et donne une clé des Iberis.
Concernant le groupe Iberis linifolia L. J.-M. TISON précise : « Ce groupe est caractérisé par son cycle
bisannuel long (différence avec I. umbellata), sa glabréité (différence avec le groupe ciliata), ses feuilles
supérieures très entières et ses fleurs anthocyanées. Il comprend trois espèces françaises qui sont donc I.
linifolia L., I. aurosica Chaix et I. intermedia Guersent. »
Ces espèces de type hémicrytophyte bisannuel (présence de jeunes pieds en rosette lors de la floraison) se
distinguent par le caractère de l’allongement de la grappe fructifère à maturité qui reste « l’un des plus
fiables du genre. »
1 Iberis linifolia L.
1.1 Iberis linifolia L. subsp. linifolia (= Iberis stricta Jordan subsp. leptophylla (Jordan) Franco & P.
Silva ; inclus Iberis Grenieri Thuret & Bornet)
Pour reprendre la description qu’en donne COSTE, il s’agit d’une espèce possédant une tige de 30-60 cm,
grêle, à rameaux étalés-dressés, feuilles radicales lancéolées-linéaires, presque entières, les caulinaires
étroitement linéaires, entières ; fleurs roses ou lilacées assez petites ; pétales oblongs en grappe fructifère
courte, en corymbe petit et serré, à pédicelles dressés , silicules petites, suborbiculaires, rétrécies et ailées
seulement au sommet, à échancrure peu marquée, à lobes petits aigus, divariqués, style dépassant
longuement les lobes.
C’est une espèce qui se caractérise essentiellement « par sa grappe fructifère contractée, ses feuilles de
première année souvent linéaires et entières, les moyennes étroitement linéaires, ses sépales externes
carénés, ses fruits petits (4-7 mm), son port élancé et sa floraison automnale. »
Iberis linifolia subsp. linifolia Sablet (Vaucluse) 28 octobre 2013
A gauche, jeune pied en rosette (10 à 15 cm) dont les feuilles atteignent 2-3 mm de large environ, pas
très épaissies, normalement très entières (parfois une ébauche de dent).
A droite les feuilles d’une tige fleurie, environ 2 mm de large, toujours très entières.
Iberis linifolia subsp. linifolia Sablet (Vaucluse) 28 octobre 2013
Le diamètre de l’ « ombelle » est d’environ 20-25 mm ; les pétales sont souvent de couleur claire ; les
sépales externes sont carénés ou faiblement ailés sur le dos ; les pédicelles sont courts et dressés et
surtout ils sont attachés sur l’axe de la tige presque au même niveau (sur une longueur de 5-6 mm).
La période de floraison, pour la station observée, est relativement tardive, le 28 septembre 2013 les
plantes de la station de Sablet étaient pour partie en fleurs, mais aucune silicule n’était formée (alors que
sur la station d’Iberis intermedia de Montjoyer on pouvait noter la présence de nombreuses silicules le
16 septembre 2013).
Iberis linifolia subsp. linifolia Sablet (Vaucluse) 28 octobre 2013
Il faut noter les pédicelles bien dressés, d’une longueur de 5-6 mm ; une infrutescence (grappe fructifère)
courte, bien contractée, avec des pédicelles naissant presque tous à la même hauteur sur une longueur de
tige d’environ 5-7 mm ; on n’observe pas d’accrescence de la partie de la tige portant les pédicelles ; le
diamètre de l’infrutescence à son extrémité est d’environ 15 mm.
La silicule mesure en moyenne 4 mm au niveau de la suture, la forme des ailes est variable, le style est
souvent un peu plus long que les lobes des ailes.
Le 28 octobre 2013 de nombreux pieds étaient encore en floraison sur la station de Sablet, la
fructification était en cours, mais aucun pied n’avait encore grainé, contrairement aux I. intermedia de
Montjoyer vu le 30 octobre 2013
A contrario de ce que pourrait laisser penser la carte de répartition de Tela Botanica cette espèce est une
« subendémique provençale débordant très faiblement sur la Ligurie », elle semble atteindre sa limite
septentrionale au nord des Dentelles de Montmirail dans le Vaucluse.
1.2 Iberis linifolia L. subsp. stricta (Jord.) Rouy & Foucaud (= I. stricta Jord. subsp. stricta)
Si la subsp. autonyme est « très homogène sur la majorité de son aire », dans la partie nord correspondant
au Laragnais (Hautes-Alpes), « manifestement introgressée par I. intermedia (présent dans le Diois
Drôme) », nous aurions la sous espèce stricta (Jord.) Rouy & Foucaud.
Ce taxon se caractérise par des « feuilles de première année souvent dentées, fleurs plus foncées, fruits
plus gros, grappe fructifère parfois faiblement accrescente. ». Ce taxon est un endémique du Bassin
supérieur de la Durance.
1.3 Quid d’Iberis grenieri Thuret & Bornet ?
Une variante, appartenant à des populations montagnardes des Alpes Maritimes, « censément
intermédiaires entre I. umbellata et I. linifolia » a é nommée subsp. grenieri et parfois rattaché à
I. umbellata (dans la flore de Fournier elle est mentionnée en sous espèce de linifolia). Aujourd’hui ce
taxon, plus précoce et à port plus trapu, est considéré comme un écotype et il est inclus dans la subsp.
linifolia.
2 Iberis intermedia Guersent
Pour reprendre la description qu’en donne COSTE il s’agit d’une espèce possédant une tige de 20-60 cm,
dressée, rameuse au sommet ; feuilles radicales un peu dentées, les caulinaires linéaires lancéolées ou
linéaires, entières, éparses ; fleurs blanches ou purpurines, assez grandes ; grappe fructifère courte, assez
dense à pédicelles étalés ; silicules ovales, ailés dès la base, non ou peu rétrécis au sommet, à lobes
divergents.
Plante polymorphe qui « se caractérise avant tout par sa grappe fructifère accrescente, sensiblement aussi
longue que large à maturité : ce caractère est constant dans toute l’aire, sauf malformation. Les autres
caractères (feuilles, couleur des fleurs, sépales, fruits, port, phénologie) sont tellement variables que cinq
sous-espèces et dix-sept microtaxons (dont dix de Jordan) ont été décrits. »
Ces populations géographiquement dispersées et à la phénologie quelque peu différente, ont en commun
l’allongement de la grappe fructifère et lorsque qu’elles sont en contact (rarement) elles sont
interfécondes. De ses travaux et de ses observations J.-M. TISON en tire comme conclusion : « A notre
avis il est inutile et erroné, dans ce cas, de vouloir créer des sous-espèces : mieux vaut s’en tenir à la seule
espèce Iberis intermedia. » En tout état de cause et comme souligné dans le projet de Flore Med s’ « il
est impossible de définir des sous-espèces morphologiques on peut en revanche maintenir des sous-
espèces géographiques, car le fait de nommer un isolat met en exergue sa valeur patrimoniale… » De la
description qu’en donne J.-M. TISON sont retenues trois sous-espèces :
- Feuilles moyennes et supérieures largement oblancéolées (souvent plus de 3 mm de large), obtuses ou subobtuses au moins
chez certains sujets ; fleurs normalement blanchâtres ou blanc-lilacé. Taxon localisé sur éboulis calcaires en Haute-Normandie
(environs de Rouen) subsp. intermedia
Feuilles moyennes et supérieures étroitement oblancéolées à linéaires (souvent moins de 3 mm de large) et/ou aiguës ; fleurs
normalement lilas clair à lilas soutenu, au moins chez la majorité des sujets
Plante de 2-10 dm, à port rappelant I. linifolia subsp. violletii (Godr.) Valdes
Incluant la plupart des sous-espèces ou variétés qui ont pu être décrites ce taxon est répandu en France continentale
orientale (Lorraine à Bugey) et méridionale (Vercors à Causses) (100-1200 m) il croit sur des éboulis fins, plus
rarement les bois rocailleux, sur calcaire et basalte
- Plante de 0,5-2 dm, à port d’I. aurosica (ne diffère de ce dernier que par son infrutescence plus accrescente) taxon
localisé sur des éboulis calcaires dans le Bugey (Nantua, 800-900 m) subsp. beugesiaca J.M. Tison
2.1 Iberiis intermedia Guersent subsp. intermedia
Ci-contre exsiccata de l’herbier de Rouy à partir d’un leg de
l’abbé Legendre (Université de Lyon)
Lamarck et de Candolle dans leur flore de France (1805)
donnent la description suivante de cet Iberis de Normandie
qui est aujourd’hui considéré comme l’espèce
type d’intermedia :
« Cette espèce est herbacée, entièrement glabre, s'élève
jusqu'à 5-6 décim., et se fait remarquer à l'extrême divergence
de ses rameaux; les feuilles qui se trouvent sur les jeunes tiges
sont serrées, ordinairement obtuses, rétrécies en pétioles, et
dentées en scie sur les bords; ces feuilles tombent lorsque la
tige grandit, et celle-ci porte des feuilles éparses, lancéolées et
entières; les fleurs sont blanches, un peu purpurines à leur
base, disposées en une grappe d'abord serrée en forme de
corimbe, puis alongée et presque cylindrique ; les silicules
sont oblongues, arrondies à leur base, tronquées au sommet,
parce ce que les 2 pointes qui les terminent, au lieu d'être
parallèles au style, s'en écartent à angle droit. Elle croît
abondamment sur les roches calcaires qui bordent la Seine
entre Rouen et Duclair, elle a été découverte par
M. Guersent »
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