Texte du cours de Génétique – Dr Patrice Bourgeois & Pr Nicole Philip
– Année 2012-2013 – Génétique Bourgeois
On trouve de l’ADN dans les momies, dans certaines fossiles, dans les insectes conservés dans
l’ambre, dans les animaux congelés sous la banquise… cette résistance exceptionnelle est due en
partie à la structure particulière de la molécule d’ADN.
C’est un assemblage de 2 brins d’ADN l’un en face de l’autre, en orientation inverse.
En face de chaque nucléotide, vient se placer un autre nucléotide qui s’associe avec lui.
On mesure ainsi les « distances » sur la molécule d’ADN en nombre de nucléotides (ou de bases, par
abus de langage), 1000 nucléotides représentant un « kilobase », 1 million de nucléotides, un
« mégabase ».
A titre d’exemple, la « taille » de l’ADN humain est de 3.2 milliards de nucléotides (fois 2 puisqu’il y a
2 brins), donc 3200 mégabases ou 3.2 gigabases , mais le haricot possède lui un ADN double brin long
de près de 12 milliards de nucléotides (donc 12 gigabases) !
Les 2 brins en orientation inverse sont en plus dits « complémentaires ». En effet l’association entre 2
brins d’ADN pour former une double hélice n’est possible que si les bases opposées s’associent selon
un mode particulier, par liaisons hydrogène faibles (non covalentes).
Ainsi, en face d’un A, on ne peut trouver que T, et vice-versa : A est complémentaire de T.
De même en face de C, on ne peut que trouver G et vice-versa : C est complémentaire de G.
Ce principe est fondamental et universel, il s’appelle la complémentarité des bases et il permet
notamment la conservation de l’information génétique.
La séquence >AGGCTT> d’un brin ne peut donc s’associer qu’avec la séquence <AAGCCT< de l’autre
brin (on lit dans l’autre sens, et on prend la base complémentaire).
Il peut exister parfois d’autres associations de bases, mais dans ce cas là, ce n’est pas une association
complémentaire parfaite, et la double hélice ne revêt pas une forme régulière.
Au final, on arrive donc à la représentation bidimensionnelle étudiée en cours, où la
complémentarité des bases est illustrée schématiquement par des formes qui s’emboîtent : on voit
bien que A ne pourrait pas s’emboîter avec C ni avec G.
Les 2 chaînes sucre/phosphate qui sont de chaque côté en orientation antiparallèle forment l’axe.
Les « paires de bases » au centre sont des structures planes, perpendiculaires à l’axe.
La double hélice s’enroule sur la droite, dans le sens horaire afin de former la torsade observée au
début de ce chapitre.
Le principe de complémentarité des bases est universel, il est intrinsèque à la structure même de
l’ADN. Il assure la conservation de l’information génétique : il est mis en jeu dans la production des
protéines, dans la multiplication des cellules, dans de nombreux autres processus.
Il permet d’expliquer comment une cellule mère peut produire 2 cellules filles génétiquement
identiques lors de la mitose.
La longueur de la molécule d’ADN (le nombre de paires de nucléotides), mais surtout leur ordre, est
caractéristique d’une espèce.
En 2003, l’ensemble de la séquence de l’ADN de l’espèce humaine a été établi, ce qui signifie
qu’aujourd’hui on connaît l’enchaînement des 3.2 milliards de nucléotides qui composent notre
patrimoine génétique (ou presque). Le programme qui a débouché sur ce résultat est l’un des plus
ambitieux programmes scientifiques jamais conçu. Il a réuni dans un même but des centaines de
scientifiques dans des dizaines de laboratoires à travers le monde pendant une douzaine d’années,
en un consortium appelé HUGO : HUman Genome Organization.
En général, comme sur cet exemple, on ne représente la séquence que d’un des 2 brins d’ADN.
Pour représenter le 2e brin, il suffit d’appliquer le principe de complémentarité des bases.
Par exemple le début de cette séquence serait :