Les nouveaux rapports industrie/services à l’ère du numérique Mme Marie-José Kotlicki

LES AVIS
DU CONSEIL
ÉCONOMIQUE
SOCIAL ET
ENVIRONNEMENTAL
Les nouveaux rapports
industrie/services
à l’ère du numérique
Mme Marie-José Kotlicki
Octobre 2015
2015-27
NOR : CESL1100027X
Lundi 26 octobre 2015
JOURNAL OFFICIEL
DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Mandature 2010-2015 – Séance du mardi 13 octobre 2015
Question dont le Conseil économique, social et environnemental a été saisi par décision de son bureau
en date du 12 mars2013 en application de l’article3 de l’ordonnance no58-1360 du 29décembre1958
modiée portant loi organique relative au Conseil économique, social et environnemental.
Le bureau a coné à la section des activités économiques la préparation d’un avis intitulé :
Les nouveaux rapports industrie/services à l'ère du numérique. La section des activités économiques,
présidée par M. Jean-Louis Schilansky, a désigné MmeMarie-José Kotlicki comme rapporteure.
LES NOUVEAUX RAPPORTS INDUSTRIE/SERVICES
À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE
Avis du Conseil économique, social et environnemental
présenté par
Mme Marie-José Kotlicki, rapporteure
au nom de la
section des activités économiques
Sommaire
Avis ____________________________________ 4
Introduction 4
Des activités économiques en mutation permanente 7
La transformation du paysage industriel français 7
ÊUn décrochage industriel 7
ÊLébauche d’une politique industrielle et ses outils 9
Limbrication de l’industrie et des services 12
ÊNouveaux espaces industriels et politique des lières 12
ÊVers des logiques de production inédites 12
Les atouts de la France 14
Les nouveaux dés du système productif 15
De nouvelles relations interentreprises à construire 15
ÊDes rapports de conance équilibrés à construire
entre donneurs d’ordre et sous-traitants 15
ÊLa stratégie commerciale des groupes: enjeu à l’exportation 19
ÊLa précarité des start-ups: un frein à l’innovation 19
Des services liés à l’industrie:
un atout pour la compétitivité? 20
ÊLes services participent à l’augmentation
de la durée de vie du produit 20
ÊLes services peuvent participer à une meilleure gestion
des ressources 21
ÊLes services créent de nouveaux débouchés industriels 22
ÊLes services participent à la dynamique de l’économie
circulaire 23
La révolution numérique 23
ÊLe numérique renforce l’imbrication de lindustrie
et des services 24
ÊOpportunité du numérique 26
ÊImpacts sur l’emploi 26
ÊLes pôles de compétitivité: des écosystèmes inachevés 28
Impacts sur le travail et le management 29
Les préconisations 30
Une transformation des modèles économiques
des entreprises 30
ÊDe nouvelles logiques de compétitivité 30
ÊLa transformation du travail et du management 31
ÊLa création d’un statut juridique de l’entreprise 32
Des écosystèmes à conforter et à développer
au cœur des enjeux d’innovation 33
ÊLa politique territoriale et la territorialisation de l’industrie 33
ÊFormation, qualication et emploi 34
ÊPérenniser, faire croître les PME et les start-ups 35
Réglementations économiques
pour contrer les risques de dumping 39
De nouveaux paradigmes du système productif,
pistes pour un nouveau modèle économique,
social, sociétal? 41
ÊL’usine du futur et la notion «d’entreprise étendue» 41
ÊDe nouvelles relations sociales 43
ÊLe rôle de l’État et les priorités européennes 44
Conclusion 46
Déclaration des groupes __________________ 47
Scrutin_________________________________ 64
Annexes ___________________________________ 66
Annexe n° 1: compostion de la section des activités économiques
à la date du vote _______________________________________ 66
Annexe n° 2 : liste des personnalités auditionnées ______________________ 68
Annexe n° 3: liste des sigles _________________________________________ 69
Annexe n° 4: liste des éléments bibliographiques ______________________ 70
4  AVIS DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
LES NOUVEAUX RAPPORTS INDUSTRIE/SERVICES
À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE1
Avis
Introduction
L’urgence de la ré-industrialisation de la France doit être une préoccupation majeure de
tous les responsables politiques, économiques et sociaux du pays.
Comme dans les pays de développement économique similaire, les grandes réussites
économiques sont liées aux synergies mises en œuvre dans un secteur industriel donné.
Elles furent portées, souvent sous l’impulsion de l’Etat, par une approche cohérente,
partenariale, pérenne, des acteurs de ce secteur, en dépit de leurs diérences de taille, de
métier, de culture, d’actionnariat…
Mais, en peu de temps, de nombreuses données se sont modiées. La France de 2015
nest plus celle de 2009, celle des États généraux de l’industrie.
La traditionnelle vision segmentée de l’industrie et des services ne résiste plus à la
réalité économique de ces dernières années. Une vision de moins en moins pertinente face
à la révolution numérique dont la montée en puissance annoncée surprend encore par sa
rapidité, nous a obligé à inéchir, en cours de construction, la démarche initiale de la saisine.
Le numérique inverse tous les paradigmes du système productif: le client, l’usager devient à
la fois producteur et consommateur et l’ecacité se centre autour de la qualité, de la sécurité
du produit et des services qui lui sont liés.
Limbrication des objets manufacturés et équipements industriels et des services
qui leurs sont associés - de mise en œuvre, d’utilisation et d’application, d’installation,
d’exploitation et de maintenance… - fait que désormais c’est souvent une fonction ou
une solution, y compris assurées dans le temps, qui sont vendues, plutôt qu’un seul objet
manufacturé ou qu’un seul service.
On observe un développement de la «tertiarisation» de l’industrie à travers la mise
en place de services au cœur des processus industriels, avec la fabrication de produits et la
conception de services qui leur sont liés, le client devenant prescripteur.
En prenant en compte les conséquences de l’évolution des processus industriels, de la
tertiarisation de l’industrie et du bouleversement des frontières industrie/services, il s’agit
de voir comment la dynamique production-services, tout en conservant un lien solide avec
le socle de production, peut être le vecteur d’un rebond industriel.
Limbrication de l’industrie et des services va-t-elle permettre de répondre au triple dé
actuel: la gestion de la raréfaction des ressources naturelles, le dé climatique avec l’enjeu
que représente une économie décarbonée et l’anticipation de nouveaux besoins, y compris
industriels, générés par les aspirations sociétales?
1 Lensemble du projet d’avis a été adopté au scrutin public par 144 voix et 27 abstentions
(voir l’ensemble du scrutin en annexe).
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