LE SYSTÈME DIGESTIF
Pourquoi s’intéresser au tube digestif quand on est psychiatre ?
Parce qu’il est source d’inflammation et que celle-ci est responsable de dépression.
Il y a sur le site un article : « Inflammation et dépression » qui détaille ces liens.
L’inflammation peut également être source de troubles anxieux.
Plébiscité dans de nombreux pays, ce livre est un trésor d’informations actuelles sur les fonctions du tube
digestif :
Si vous n’avez pas beaucoup de temps, vous pouvez consulter l’article « Microbiote Intestinal » sur le
site.
Le tube digestif abrite environ 70% du système immunitaire, ce dernier étant au cœur des maladies dites
« de civilisation » (maladies auto-immunes et allergies , troubles cardio-vasculaires, diabète 2, maladies
psychiatriques et neurodégénératives…).
Ce graphique célèbre ( JF Bach 2002) montre la diminution des maladies infectieuses et l’augmentation
des maladies immunitaires.
L’hypothèse de l’hygiène (trop d’hygiène entraîne un fonctionnement excessif du système immunitaire) a
ensuite été suivie de l’hypothèse « des vieux amis », émise par le Pr Graham Rook. Selon celui-ci, c’est la perte
du contact avec des microbes amis, avec lesquels nous avions coévolués qui est responsable d’un système
immunitaire « mal éduqué ».
Les parasites exercent une régulation sur le système immunitaire, les bactéries également.
Les microbes (bactéries, virus et parasites) présents dans la lumière du tube digestif sont en « dialogue »
constant avec les cellules immunitaires et régulent leur activité.
On commence à connaître le rôle des bactéries et à observer la nécessité d’un équilibre entre leurs
différentes populations.
Lorsque les proportions ne sont plus respectées, lorsque certaines espèces ont disparues ou que certaines
espèces pathogènes sont présentes, on parle de « dysbiose ».
Beaucoup de facteurs jouent sur la composition de ce qu’on appelait la flore intestinale (on parle
maintenant de microbiote) : la nourriture et sa bonne digestion, le stress, l’exercice physique, la prise
d’antibiotiques, les médicaments contre les reflux gastriques, les toxines dont les pesticides, l’âge…
Nous allons nous contenter de parler de la digestion et de la nourriture.
La digestion
Il s’agit de rendre les aliments assimilables et tolérables par l’organisme.
Il s’agit pour ce faire de les transformer en éléments de toute petite taille, afin qu’ils puissent pénétrer la
barrière que représente la couche de cellule qui borde la muqueuse intestinale
En effet, le système immunitaire n’identifie pas comme ennemi les aliments réduits à leur unité la plus
petite (ce sont les protéines qui engendrent les réactions immunitaires, il faut qu’elles soient réduites en
acide aminés).
La première phase est donc le broyage et la digestion enzymatique des aliments.
La mastication est la première phase. Indispensable, essentielle, elle est souvent négligée. « Mâcher dix
fois de chaque côté de la bouch
Cela permet aux enzymes de la salive (amylases) de commencer le travail de rupture des liaisons
chimiques entre les atomes. Plus la nourriture est bien mâchée et séjourne longtemps dans la bouche,
mieux elle sera exposée à ces enzymes.
Ce travail continue dans l’estomac, dont le PH doit absolument être à bonne acidité.
Cette acidité a deux fonctions : détruire des agents pathogènes et permettre en rendant la nourriture acide
une meilleure efficacité des enzymes gastriques et digestives.
Ces sont les enzymes sécrétées par le pancréas qui vont permettre la digestion ultérieure.
La bile, stockée dans la vésicule biliaire, permet la digestion des graisses. Elle est recyclée, réabsorbée
un peu plus tard, à moins qu’il n’existe une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle qui va la
consommer et entraîner une mauvaise digestion des graisses.
La deuxième phase est l’absorption au travers de la barrière intestinale.
Depuis plusieurs années est apparu la notion d’intestin perméable et de jonctions serrées. Un intestin
perméable est constitué par une muqueuse dont les cellules ne sont plus jointives, les jonctions ne sont
plus serrées.
Le shéma ci-dessous montre que dans ce cas l’absorption des nutriments est moins bonne et le que le
GALT (gut associated lymphoïd tissu) qui est le système immunitaire de l’intestin est perturbé.
Lorsque la barrière que constitue la muqueuse digestive n’est plus imperméable, l’absorption des aliments
est moins bonne, des fragments bactériens et alimentaires passent dans le sang, ce qui va entraîner une
réaction d’inflammation, le système immunitaire est alors excessivement stimulé.
Le Dr Seignalet incriminait le gluten et les produits laitiers dans des pathologies rhumatologiques
inflammatoires. L’élimination de ces aliments avait effectivement aidé des patients atteints de ces
problèmes.
Si la maladie coeliaque, qui est une maladie auto-immune a été identifiée dans les années 50, l’observation
de troubles digestifs liés au gluten, sans qu’il s’agisse de maladie coeliaque, date des années 1980. Le
terme de sensibilité-non-coeliaque au gluten a été proposé par le Dr Fasano en 2010.
Il existe un chevauchement entre cette sensiblité au gluten et le syndrôme du côlon irritable.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3820047/
Les liens entre le système immunitaire, le microbiote et l’alimentation sont très étroits et bi-directionnels.
On peut en schématisant, observer qu’une alimentation riche en sucres, farines raffinées, graisses
industrielles, pauvre en fibres, en phytonutriments, en acide gras oméga 3,, est génératrice de dysbiose et
d’inflammation.
Ces deux derniers phénomènes s’influencent mutuellement.
L’Alimentation
Il s’agit surtout que les aliments ne favorisent ni l’inflammation, ni la dysbiose.
La situation qui entraîne toujours de l’inflammation est l’obésité dans laquelle existe une graisse
abdominale viscérale. En effet, les cellules graisseuses (adipocytes) qui la constituent, fabriquent des
molécules (cytokines) pro-inflammatoires.
Ce problème d’obésité est associé à une dysbiose, dans laquelle prédomine une famille de bactéries les
firmicutes.
Une autre situation qui s’accompagne de dysbiose est la présence d’un excès de bactéries dans l’intestin
grêle, se traduisant par des reflux gastro-oesophagiens, des sensations de gonflement ou de pesanteur
abdominale.
Enfin, lorsqu’existe des intolérances alimentaires sur des aliments tels que le gluten, les produits laitiers
et les œufs, celles-ci suscitent également une inflammation du système immunitaire.
La nourriture, pour être peu inflammatoire, doit à la fois ne pas favoriser l’élévation de la glycémie
(aliments à faible indice glycémique), apporter des fibres, grâce aux légumes et à la famille des
légumineuses, apporter des phytonutriments par l’intermédiaire des fruits et des légumes, apporter plus
d’oméga 3 que d’oméga 6 et ne pas apporter de graisses trans (des graisses industrielles ou des graisses
obtenues par le chauffage des huiles végétales).
Les aliments qui favorisent une bonne flore intestinale sont les aliments prébiotiques.
Dans une alimentation courante, ce sont les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs), les
oignons, l’ail, les poireaux, les artichauts, l’asperge, la banane, la pomme, les choux et les légumes racines
(panais, carottes, patate douce, betterave, navet).
Les prébiotiques vont alimenter une bonne flore bactérienne, qu’on appelle probiotiques. On peut
apporter des probiotiques sous forme de complément alimentaire mais également sous forme de
nourriture en consommant des aliments fermentés.
Les brassicacae (les choux, -choux vert, blanc, rave, de Bruxelles, chou chinois, les radis, les rutabagas, le
cresson, la roquette) occupent une place importante dans l’alimentation car ils contiennent des
substances susceptibles de réguler le système immunitaire.
C’est d’ailleurs ce que propose de manger en grande quantité le Dr Terry Wahls, qui a réussit, grâce à
l’alimentation et une stimulation électrique des muscles à combattre une forme invalidante de sclérose en
plaque.
Les autres légumes (et fruits si on n’a pas de problème de poids) sont également très importants. Selon
leur couleur, ils apportent des substances anti-inflammatoires, anti-oxydantes, qui auront des actions
différentes selon les tissus.
C’est la raison pour laquelle on dit qu’il faut manger une assiette « arc-en-ciel ».
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