La chimie sauve des vies – Le ruthénium pour soigner le cancer de l’ovaire
Fanny Theytaz 1 Gymnase Auguste Piccard
1. Introduction
« La chimie sauve des vies » pose d’entrée la réalité du thème dans lequel ce travail va prendre place,
celle de l’application de la chimie et de ses propriétés au domaine des sciences de la vie et plus
particulièrement à celui de la médecine et de la conception de médicaments. La recherche dans ce
domaine a déjà permis, grâce à la chimie, de faire de nombreux progrès dont l’allongement considérable
de la durée de vie.
Dans le cadre de ce travail de maturité TM, ce thème a été retenu, car il rassemble deux sujets d’intérêt
personnels ; celui de la chimie et celui de la médecine, ainsi que l’application d’un domaine à l’autre. Sur
cette base, le sujet des anticancéreux a finalement été sélectionné. Ces derniers font en effet le lien
direct entre la recherche chimique et une pathologie malheureusement trop courante de nos jours ; le
cancer.
Si la recherche dans ce domaine est en plein essor et que des progrès significatifs ont été réalisés, il
reste encore beaucoup à faire pour éradiquer ce fléau qui touche environ 37'000 nouvelles personnes
en Suisse par an (1) et qui est responsable de la mort d’une personne sur huit dans le monde. Le
développement de thérapies plus performantes et de traitements mieux ciblés doivent donc encore
faire l’objet de travaux de recherche et d’innovation, afin d’améliorer la vie de ces personnes et de faire
reculer ces chiffres.
Pour aborder ce vaste sujet, ce travail commencera par présenter quelques généralités en lien avec le
cancer, afin de mieux comprendre comment cette pathologie agit sur les cellules du corps humain. Il
sera ensuite plus ciblé sur un type de cancer en particulier, celui des ovaires. En effet, ce cancer a un
taux de mortalité élevé, de 73,3% (1), notamment parce qu’il n’existe pas de moyen de dépistage
précoce. Afin de faire face à ce problème, les traitements de ce type de cancer doivent donc être mieux
ciblés pour être plus efficaces.
Dans les traitements possibles figure notamment la chimiothérapie qui fait appel à des substances
anticancéreuses pour détruire les cellules tumorales. Actuellement ce sont majoritairement des
composés à base de dérivés du platine ou de taxanes qui sont utilisés. Hélas ces substances présentent
toutes deux des inconvénients non négligeables, comme par exemple la toxicité rénale. Elles sont
également certaines fois éliminées par les cellules qu’elles sont censées détruire ce qui amoindrit leurs
effets.
Ces substances font l’objet plus spécifique de ce travail de maturité, notamment les complexes à base
de ruthénium. En effet, ces complexes sont le fruit d’études récentes pour leurs propriétés
anticancéreuses. Elles présentent entre autre une capacité de sélection permettant de mieux cibler les
cellules qu’elles sont censées détruire. Cette sélectivité pour les cellules cancéreuses est intéressante,
car elle permet de limiter les dégâts que ces médicaments occasionnent sur les cellules saines. Cette
caractéristique permet d’espérer une évolution prometteuse des traitements qui permettent de venir
en aide aux patientes touchées par le cancer de l’ovaire. C’est ce contexte particulier du traitement du
carcinome ovarien par ces substances nouvelles qui sera décrit et documenté dans ce travail.
Une de ces substances, le ruthénium, fait l’objet de la partie pratique du présent travail. Celle-ci a
consisté à synthétiser des complexes à base de ruthénium. Quels processus de synthèse et de
vérification doivent être réalisés afin de produire ces nouveaux complexes porteurs d’espoir pour le
futur ? C’est à cette problématique que cette expérience pratique a tenté de répondre. Elle a été
réalisée en mars 2014 au sein du département de chimie de l’Université de Neuchâtel, avec l’aimable
collaboration du professeur Bruno Therrien et de son doctorant Amine Garci.