LA REVUE DE L’AVIATION ROYALE CANADIENNE VOL. 3 | NO 4 AUTOMNE 2014
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Raid aérien sur Colombo, le 5 avril 1942 : Une attaque surprise qui n’aurait dû surprendre personne
Le 4 décembre 1941, la marine japonaise adopte un nouveau tableau additif pour le JN-25B,
son principal code opérationnel, privant ainsi temporairement les alliés de leur meilleure source
de renseignements. Cela étant, à Londres, les autorités savent lire une carte et font de leur
mieux pour prévoir les options stratégiques du Japon. Le 16 février, le jour suivant la chute de
Singapour, l’état-major de planication interarmées du Cabinet de guerre présente un rapport
intitulé « Far East Policy », dont voici quelques extraits.
9. « En prenant le contrôle de Ceylan et en perpétrant des raids sur la côte indienne, le Japon
pourrait causer de sérieux problèmes de sécurité intérieure en Inde, déstabiliser les forces
indiennes et menacer nos communications avec le Moyen-Orient, la Birmanie et l’Australie.
Notre otte n’aurait ainsi plus accès aux ports de Trincomalee et de Colombo. » […]
11. « Dans un avenir rapproché, nous pouvons nous attendre à [...] ce que Ceylan subisse
un raid de type « Pearl Harbour » ou un assaut général. » […]
13. « Le fondement de notre stratégie générale repose sur la sécurité de nos communications
en mer, lesquelles dépendent de la sécurité des bases navales et aériennes. Par conséquent,
nous devons nous assurer que nos bases principales, c.-à-d. la Birmanie, l’Inde, Ceylan et
l’Australie, sont prêtes avant d’envisager de renforcer la barrière malaise1. » [Traduction]
Dans son rapport, l’état-major conclut que la priorité consiste à donner du renfort à la
Birmanie, dont le maintien de l’effectif était « essentiel pour prolonger les efforts de la Chine »
[traduction], et à Ceylan, dont la chute « mettrait en péril tous les efforts de guerre déployés
par les Britanniques au Moyen-Orient et en Extrême-Orient
2
. » [Traduction] Cinq jours plus
tard, voyant les choses du même œil, les chefs d’état-major afrment au Cabinet de guerre que :
« La perte de Ceylan mettrait en péril tous les efforts de guerre déployés par les Britanniques
au Moyen-Orient et en Extrême-Orient en raison de l’importance de Ceylan pour nos
communications en mer. Des mesures immédiates sont prises an de mettre en place des
moyens de défense adéquats sur l’île, en particulier des forces aériennes, des canons AA
et une radiogoniométrie accrue. [c.-à-d. des radars]3. » [Traduction]
Sur le terrain, les comman-
dants craignent aussi la menace
qui pèse sur Ceylan. Le 7 février,
l’amiral Layton, alors à titre de
commandant de la otte de l’est
à partir du quartier général de
Colombo, informe Londres que
Colombo et Trincomalee ne pour-
raient se défendre contre une
attaque aérienne des Japonais,
comme celle de Pearl Harbour
4
.
Le 27 février, le général Wavell,
commandant en chef des forces
indiennes, indique pour sa part
que le « danger immédiat qui
guette Ceylan est un raid, sem-
blable à celui de Pearl Harbour et
Son Altesse Royale le Duc de Gloucester inspecte les pilotes
canadiens d’un escadron de chasseurs Hurricane en 1942
Photo : MDN PL-10021