IUFM de Grenoble/UJF – MES1 HG – Hervé Laly
plusieurs seigneurs, mais, en fonction du fief obtenu, il précise quel est celui qu’il aidera en
priorité. Il lui prête alors un hommage-lige (ou hommage principal) pour le signifier.
Accaparement des droits régaliens par les seigneurs
La déliquescence de l’Empire carolingien, aggravée par les invasions normandes (de
840 à 911) et par les attaques hongroises (au Xe siècle), fait pratiquement de chaque vassal le
maître dans son fief. Il usurpe les pouvoirs régaliens : pouvoir de lever une armée, de rendre
la justice, de percevoir des impôts et, parfois, de battre monnaie. Ainsi l’Etat s’est-il
littéralement pulvérisé en une multitude de petites principautés, les seigneuries, dont le
château, fort, symbolise l’indépendance.
Peut être considéré comme seigneur « tout individu ou toute institution possédant
suffisamment de terres pour vivre largement sans avoir besoin de travailler soi-même et
détenant de ce fait un pouvoir sur les travailleurs la mettant en valeur »2. Les travailleurs sont
en grande majorité des paysans. Après l’an Mille se détache du groupe seigneurial une couche
supérieure, la noblesse, qui repose sur le sang. En dessous d’elle apparaît à la même époque
un autre type social, le chevalier dont l’équipement et l’entretien nécessitent un bien foncier
d’au moins 150 ha. Avec eux apparaissent les tournois.
Le grand domaine qu’est la seigneurie devient le fondement de la vie politique,
économique et sociale, le cadre de la vie quotidienne des paysans.
Seigneurs et paysans
Plusieurs types de seigneuries
Il existe plusieurs formes de seigneuries, donc de seigneurs. Par commodité, on
distingue la seigneurie foncière de la seigneurie banale ou justicière. La première est un grand
domaine, constitué de la réserve, que le seigneur conserve pour lui et sur laquelle il fait
travailler des manouvriers et des paysans (système de la corvée), et des tenures, terres qu’il
loue aux paysans moyennent des impôts. Même s’il n’est pas un seigneur banal, la possession
de la terre lui confère des droits sur les personnes qu’il commande.
L’appellation « seigneurie banale » vient du mot ban qui est le droit de contraindre et
de punir, c’est-à-dire de juger et de condamner. En vertu du droit de ban, le seigneur justicier
perçoit les banalités (taxes pour l’utilisation du moulin, du four et du pressoir). En théorie, un
seigneur banal peut ne disposer que de ce droit sans posséder obligatoirement un domaine.
2 Laurent Feller, Paysans et seigneurs au Moyen Age, VIIIe-XVe siècles, Paris, A.Colin, 2007,
p.4-5.