Septembre 2015
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Une croissance économique généralement plus soutenue en 2016-17 que 2015 pour
les provinces
Depuis la publication de l’édition printanière de l’Observateur provincial, les forces macroéconomiques influençant la performance des
provinces ont continué d’évoluer. D’abord, le prix des matières premières a poursuivi sa descente, accentuée entre autres par la perte de
vitesse de l’économie chinoise. Par contre, la persistance de la vigueur américaine est susceptible de porter fruit davantage. De son côté, la
devise s’est nettement dépréciée et procurera un effet stimulateur.
Au bout du compte, cette nouvelle édition de l’Observateur provincial inclut un bon nombre de révisions à la baisse de nos pronostics. Nous
nous attendons maintenant à ce que les provinces pétrolières de l’Alberta, de Terre-Neuve-Labrador et de la Saskatchewan soient tout près
du point de stagnation en 2015, suivi d’une légère amélioration pour 2016-17. Au Québec, la croissance économique avoisinera la moyenne
nationale en 2015 à 1,3 % et 1,5 % pour 2016 et 2017, plutôt que les 1,9 % prévus
antérieurement. La plus grande fragilité des conditions économiques en Chine nous
amène aussi à réviser à la baisse nos pronostics pour la Colombie-Britannique. Pour
sa part, l’Ontario restera selon nous la principale locomotive au pays dans les années à
venir, avec une croissance se rapprochant de 2,5 %, tout comme le Manitoba. Dans la
région de l’Atlantique, la Nouvelle-Écosse tirera son épingle du jeu avec une expansion
avoisinant 2,0 %, alors que l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick sont en
voie d’enregistrer une croissance plus lente.
Comme lors des éditions précédentes, cet Observateur provincial élabore sur la
situation économique de chaque région dans les sections suivantes. L’ensemble de
nos prévisions pour 2015, 2016 et 2017 est disponible dans les tableaux à la page 9.
Québec : Une majorité d’industries enregistrent une
croissance modeste
Débutons notre tour d’horizon de cet Observateur provincial par le Québec. Au
printemps dernier, nous prévoyions que le PIB réel québécois allait progresser de
1,9 % en 2015 et en 2016. Or, bien que la croissance économique demeure au rendez-
vous, celle-ci ne s’accélèrera probablement pas en 2015 par rapport à l’an dernier.
Nous envisageons maintenant un rythme de croissance du PIB réel de 1,3 % pour
2015, semblable à 2014 (1,4 %). Pour 2016 et 2017, nous tablons sur une croissance
de 1,5 %.
Notre nouveau pronostic s’appuie sur l’analyse des 20 principales industries de
l’économie québécoise. En résumé, nous notons une timide étendue de la croissance
parmi les différentes sphères d’activité, même si les forces cycliques sont
généralement favorables (demande américaine vigoureuse, faible prix du pétrole et de
la devise).
D’abord, il y a présentement plus de secteurs que de coutume qui sont en mode
contraction au Québec, soit six sur vingt (voir graphique; en moyenne, environ quatre industries ne participent pas à l’expansion). Parmi ces
six industries, le constat qui retient le plus notre attention est le recul prononcé de l’activité dans le secteur de la construction par rapport à
l’an dernier. Jusqu’ici, ce fléchissement exerce une ponction plus significative sur la croissance du PIB réel en 2015 (-0,2 %) que tout autre
secteur. L’essoufflement de la construction résidentielle est un secret de polichinelle. Par exemple, les mises en chantier devraient terminer
l’année sous la barre des 35 000 unités pour la première fois depuis 2001, résultat d’une demande plus faible pour des logements neufs qui a
mené parallèlement au report ou à l’annulation de quelques projets de condos.
1,0
2,3
1,4
1,6
2,3
2,2
1,3
1,0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5
Atlantique
Ontario
Québec
Canada
Manitoba
C.B.
Sask.
Alberta
Croissance annuelle moyenne - PIB réel
2015-17
2003-14
Sources: Statistique Canada, VMBL Rech. écon. et stratégie
6
8
6
0
2
4
6
8
10
12
14
1998-2003 2004-2008 2009 2010-2014 2015
Répartition des 20 principales industries de l'économie
du Québec, selon leur rythme de croissance annuelle
secteurs en contraction
secteurs en croissance modeste (0 à 2%)
secteurs en forte croissance (2% et +)
Source: Institut de la Statistique du Québec, VMBL Rech. écon. et stratégie
Septembre 2015 | 2
Il s’agit d’un mal pour un bien, dans la mesure où les inventaires de condos neufs demeurent passablement élevés dans la région de
Montréal, où le taux de chômage est le plus élevé parmi les principaux centres urbains du pays (8,9 % en juillet). Même si le marché de la
revente a été plus dynamique dernièrement, il n’est pas plus tendu, puisqu’il y a également plus de nouvelles inscriptions. Ainsi, les prix
demeurent stables. Il y a aussi des signes de relâchement dans le marché locatif. Le taux d’inoccupation moyen dépasse la barre des 3 %
dans toutes les principales villes du Québec et les loyers mensuels des appartements n’augmentent que très peu.
Ceci dit, un autre point marquant de notre analyse du PIB réel par industrie est que,
d’année en année, nous observons une augmentation du nombre de secteurs dont la
croissance est modeste (de 0 % à 2 %) et une diminution des secteurs dont la
croissance est vigoureuse (supérieure à 2 %). Depuis le début de 2015, nous
dénombrons seulement six secteurs dont la dynamique de croissance en variation
annuelle est supérieure à 2 %, dont les secteurs du transport et du commerce de gros
qui bénéficient de la demande américaine (voir graphique). Cela témoigne que les
exportations internationales continuent d’être le principal contributeur à l’expansion
économique du Québec.
Également, nous dénombrons huit secteurs dont la croissance est positive, mais
relativement modeste (entre 0 % et 2 %). Parmi ceux-ci, le commerce de détail, dont la
croissance est négativement affectée par la popularité du commerce électronique et par
le fait que les retraités, de plus en plus nombreux, dépensent moins après avoir quitté le
marché du travail.
Ainsi, nous sommes d’avis que la tendance démographique contribue généralement à
ralentir la croissance dans plusieurs secteurs d’activité, et que les forces cycliques
favorables actuellement en place n’arrivent pas à renverser cette lourde tendance. En
d’autres termes, la légère diminution du bassin de main-d’œuvre
(15-64 ans) empêche la propagation d’une expansion vigoureuse parmi l’ensemble des
secteurs. C’est ainsi qu’il nous paraît de plus en plus envisageable que le Québec se
dirige vers des années où la croissance se situera entre 1,0 % et 1,5 % plutôt que
2,0 %. Somme toute, l’économie du Québec performe bien dans les circonstances.
À titre comparatif, durant la période où l’économie québécoise affichait une croissance
soutenue, à la fin des années 90 et au début des années 2000, 14 industries sur 20
enregistraient une croissance supérieure à 2 % (voir graphique à la page 1). Enfin, cette
tendance démographique contribue à accroître l’écart entre la croissance du PIB réel au
Québec et celle de ses deux partenaires principaux, l’Ontario et les États-Unis. En effet,
pour une deuxième année consécutive en 2015, la croissance du PIB réel ontarien et
américain sera près de 1,0 point de pourcentage supérieur à celle du Québec.
Ontario : Le principal moteur de croissance au pays
L’Ontario sera selon nous la principale locomotive de croissance économique
canadienne dans les années à venir. L’économie de la plus grande province du pays a
connu, comme les États-Unis, une brève stagnation au premier trimestre de 2015 en
partie en raison de conditions météorologiques défavorables. Cette perte de vitesse
temporaire nous amène à réviser à la baisse notre estimation de la croissance du PIB
réel en 2015 à 2,0 %, comparativement à notre ancien pronostic de 2,6 %. Néanmoins,
l’Ontario est sur la bonne voie pour connaître une expansion de 2,0 % ou plus pour
quatre années consécutives, de 2014 à 2017.
Parallèlement, cette performance plus que respectable en cours de l’économie se traduit
par une amélioration considérable des conditions dans le marché du travail. Le taux de
chômage en Ontario a plus diminué au cours de la dernière année qu’aux États-Unis, atteignant son plus faible niveau depuis 2007 (6,4 % en
juillet).
85
90
95
100
105
janv.-10
mai-10
sept.-10
janv.-11
mai-11
sept.-11
janv.-12
mai-12
sept.-12
janv.-13
mai-13
sept.-13
janv.-14
mai-14
sept.-14
janv.-15
mai-15
PIB réel par industrie au Québec
Construction résidentielle
Biens ex. constr. résidentielle
Services
Indice Jan. 2013 =100
Source: Institut de la Statistique du Québec, VMBL Rech. écon. et stratégie
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
0
5
10
15
20
25
1992 - Jan
1993 - Feb
1994 - Mar
1995 - Apr
1996 - May
1997 - Jun
1998 - Jul
1999 - Aug
2000 - Sep
2001 - Oct
2002 - Nov
2003 - Dec
2005 - Jan
2006 - Feb
2007 - Mar
2008 - Apr
2009 - May
2010 - Jun
2011 - Jul
2012 - Aug
2013 - Sep
2014 - Oct
Unités multirésidentielles
dans la région de Montréal (en milliers)
mises en chantier (annualisé, éch de gauche)
unités complétées, non absorbées
Source: SCHL, VMBL Recherche économique et stratégie
2
4
6
8
10
12
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Taux de chômage
Québec Ontario Alberta
Source: Statistique Canada, VMBL Rech. écon. et stratégie
Septembre 2015 | 3
Nous prévoyons que le taux de chômage ontarien se rapprochera de 6 % en 2016 pour se retrouver à un niveau similaire à celui de l’Alberta,
une première en 15 ans (voir graphique).
Pour 2016 et 2017, nous sommes d’avis que la persistance de forces macroéconomiques favorables (la faiblesse du huard, du pétrole, des
taux d’intérêt et la vigueur des dépenses discrétionnaires aux États-Unis) propulsera la croissance du PIB réel légèrement au-dessus de
2 %. Une progression attendue du volume des exportations et l’utilisation grandissante des capacités de production devraient raviver les
dépenses en capital des entreprises.
Néanmoins, nous sommes d’avis que la croissance du PIB réel ontarien ne se
rapprochera pas de 3,0 %, contrairement à ce que nous avions été habitués vers la fin
des années 90. En effet, le potentiel de croissance demeure limité par le désavantage
compétitif des entreprises manufacturières canadiennes, dont ontariennes, par rapport
à la Chine et au Mexique. Bien que le huard se soit déprécié par rapport au billet vert
depuis plus de deux ans, sa valeur par rapport aux autres devises est restée
sensiblement la même durant la dernière année. Ainsi, selon une étude du Boston
Consulting Group publiée plus tôt en 2015, le coût de production du secteur
manufacturier au Canada est 17 % plus élevé qu’au Mexique. L’un des cas bien
documentés concerne le secteur automobile : l’assemblage de véhicules automobiles
bondit au Mexique alors qu’il stagne en Ontario.
Également, le risque plus accentué d’une dévaluation du yuan chinois est à surveiller
de près, puisque les exportateurs du secteur manufacturier ontarien font concurrence,
non seulement aux producteurs américains et mexicains, mais de plus en plus à la Chine sur le marché le plus important du monde, les
États-Unis. Puisque le coût de production du secteur manufacturier au Canada est déjà 8 % plus élevé qu’en Chine, une dévaluation du yuan
ne peut qu’accroître le désavantage compétitif ontarien, dont les parts d’importations sur le marché américain sont déjà sur une pente
descendante. Or, en Chine, les ventes de véhicules automobiles baissent cette année alors que la capacité de production est en constante
progression. En dévaluant le yuan, la Chine aurait l’option d’écouler plus facilement son
surplus de production de véhicules automobiles aux États-Unis et ailleurs sur la planète,
au détriment de l’Ontario.
Finalement, nous ne pouvons passer sous silence l’accentuation du risque de
déséquilibre sur le marché des condos dans la région du Grand Toronto. Certes, les bas
taux d’intérêt et la création d’emplois à temps plein ont contribué au raffermissement
printanier et estival de la demande dans le marché immobilier de la Ville reine. Par
contre, la cadence de construction de nouvelles habitations nous paraît trop élevée. En
fait, les mises en chantier dans le segment des logements multifamiliaux ont fortement
augmenté depuis le début de l’année, même si l’achèvement de nombreux projets a fait
bondir le nombre d’unités achevées et non écoulées à un niveau que nous n’avions pas
observé depuis le début des années 90. Bref, une offre encore plus abondante de
condos est en train de se former. Il serait donc souhaitable que le niveau des mises en
chantier dans l’ensemble de la province passe sous la barre des 60 000 unités en 2016
et 2017.
Alberta et Saskatchewan : Reprise modeste en vue, mais le
pire est possiblement passé
Nos perspectives pour les trois provinces pétrolières sont moins optimistes en
comparaison à nos prévisions antérieures, reflétant les récents développements sur le
marché mondial du pétrole. En effet, la situation d’offre excédentaire et l’ampleur du
ralentissement chinois se sont avérées plus prépondérantes qu’anticipées, contribuant
au repli du prix du brut sous la barre des 40 $ US le baril cet été.
115
90
97 100
107 107 106
114
80
90
100
110
120
Mexique Chine É-U Espagne R-U Canada Italie
Coût de production du secteur manufacturier
(Indice: États-Unis = 100)
2014 2015
Source: Boston Consulting Group, VMBL Rech. écon. et stratégie
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
0
10
20
30
40
1992 - Jan
1993 - Mar
1994 - May
1995 - Jul
1996 - Sep
1997 - Nov
1999 - Jan
2000 - Mar
2001 - May
2002 - Jul
2003 - Sep
2004 - Nov
2006 - Jan
2007 - Mar
2008 - May
2009 - Jul
2010 - Sep
2011 - Nov
2013 - Jan
2014 - Mar
2015 - May
Unités multirésidentielles
dans le Grand Toronto (en milliers)
mises en chantier (éch de gauche)
unités multiples complétées, non absorbées
Source: SCHL, VMBL Recherche économique et stratégie
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
2014 2017 2020 2023 2026 2029
Production de pétrole au Canada
(prévisions de 2014 et 2015, mbj)
Total
Sables Bitumineux
Source: Association can. des producteurs pétroliers (ACPP) 2014, 2015
prévision 2015
prévision
2014
prévision 2015
prévision
2014
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Le principal constat est que la pression qu’exerce l’OPEP, et en particulier l’Arabie saoudite, sur les pays producteurs de pétrole non-
membres de l’OPEP, comme les États-Unis et le Canada, n’a pas encore donné les résultats escomptés. Le développement de nouvelles
technologies plus avancées d'extraction pétrolière, la réduction des coûts dans l’industrie et le fait que le prix du pétrole brut s’est transigé
aux alentours de 60 $ US le baril pendant une partie du printemps dernier retardent l’enclenchement d’une consolidation majeure qui
amènera une diminution de la production hors OPEP, tel que souhaité par l’OPEP. Entre autres, les producteurs de schiste en sol américain
ont poursuivi leurs activités comme si de rien n’était, jusqu’à tout récemment cet été. De plus, l’OPEP a rehaussé délibérément sa production.
Qui plus est, l’accord nucléaire annoncé plus tôt cet été entre le groupe des Six et l’Iran permettra à ce pays d’ajouter environ 500 000 b/j de
pétrole brut sur le marché d’ici un an, une augmentation substantielle.
À ce prix d’environ 40 $ US le baril, les producteurs hors OPEP, dont certains joueurs marginaux aux États-Unis, ne peuvent garder le même
rythme de production bien longtemps. Nous commençons à voir davantage de signes qu’un ajustement de la production est en train de se
produire. Les toutes dernières données de l’Energy Information Administration indiquent que la production de pétrole a diminué d’environ 320
000 b/j entre le sommet d’avril et juin. Jumelée à une augmentation graduelle de la demande de pétrole à l’échelle mondiale, la réduction de
la production devrait contribuer à raffermir graduellement le prix WTI vers 60 $ US à la fin de 2015 et vers 70 $ US à la fin de 2016.
Mais il n’y a pas que les États-Unis qui devront plier les genoux pour éponger l’offre excédentaire gargantuesque estimée à 1,6 mbj en 2015
et à 0,6 mbj en 2016 par la Energy Information Administration. La stratégie de l’OPEP étouffe aussi l’industrie pétrolière au Brésil, en Russie
et bien sûr, les producteurs canadiens œuvrant dans le secteur des sables bitumineux en Alberta. Ces derniers sont des producteurs à hauts
coûts (les coûts du cycle complet gravitent autour de 80 $ US moins les dividendes et les paiements d'intérêts, selon Energy Aspects). Leurs
coupures considérables de dépenses en capital et en main-d’œuvre ont des conséquences bien visibles. Premièrement, à long terme, les
coupures réduiront substantiellement la croissance de la production de pétrole au Canada. L’Association canadienne des producteurs
pétroliers a révisé à la baisse sa projection de production de pétrole à l’échelle canadienne de 20 % pour 2030 (à 5 mbj, nettement inférieur
au pronostic de 6 mbj fait l’an dernier). En d’autres mots, la production augmentera toujours, mais à un rythme moindre par rapport à ce qui
avait été prévu il y a à peine un an. La totalité de cette révision touche la production provenant des sables bitumineux, et donc l’Alberta (voir
graphique).
Deuxièmement, à court terme, l’économie albertaine est en récession. Selon nous, plusieurs secteurs de l’économie en Alberta se
contractent de manière considérable, même si notre estimation de la croissance du PIB réel est près du point de stagnation en 2015 (-0,5 %
plus précisément). En réalité, les producteurs de sables bitumineux, dont les coûts fixes avaient déjà été assumés dans le passé, opèrent
avec des coûts marginaux beaucoup plus bas et peuvent donc augmenter leur volume d’extraction. Ainsi, la hausse d’environ 6 % du volume
d’extraction de pétrole prévue pour cette année est la seule raison pour laquelle la croissance du PIB réel pour l’ensemble de l’année 2015
en Alberta ne sera pas significativement négative.
Bref, il ne faut pas trop accorder d’attention à cette statistique du PIB réel, malgré
l’ampleur du déclin des dépenses des entreprises du secteur pétrolier (les dépenses en
capital pourraient dépasser les 20 % cette année). Également, les coupures d’effectifs
ont donné lieu à une détérioration des conditions du marché du travail. Le taux de
chômage a bondi d’un creux cyclique de 4,5 % à 6,0 % depuis un an en Alberta. Les
plus optimistes noteront que cette hausse de 1,5 point de pourcentage est moins
importante que lors des précédents chocs pétroliers (voir graphique). De plus, l’emploi à
temps plein fléchit à peine puisque des Albertains réussissent à dénicher, pour le
moment, des postes vacants qui étaient affichés dans d’autres sphères d’activités.
Néanmoins, cette situation ne risque pas de perdurer longtemps. Et déjà, le salaire
hebdomadaire moyen diminue depuis quatre mois, un autre signe de faiblesse. De plus,
la croissance de la population a ralenti. La population a augmenté en 2015T2 à son plus
faible rythme annuel depuis 2008-09, le fruit d’un flux migratoire moins favorable.
Ces détériorations sur les plans de la démographie et de l’emploi ont provoqué un relâchement dans les marchés immobiliers du neuf, de la
revente et du locatif. Sur le marché de la revente, les transactions ont chuté d’environ 20 % en moyenne lors des sept premiers mois de 2015
comparativement à pareille date l’an dernier. Réalisant l’absence d’acheteurs potentiels, plusieurs vendeurs ont retiré leurs pancartes à
vendre. Ce comportement permet d’éviter ainsi une dépréciation majeure des prix de logements.
2
4
6
8
10
12
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36
Taux de chômage en Alberta
(par rapport au nombre de mois suivant le sommet du
prix du pétrole ou le début de la récession)
2008-10 2014-15
1985-87 1981-83
Source: Stats. Can., VMBL Rech. économique et stratégie
Septembre 2015 | 5
À Calgary, par exemple, les prix des logements ont diminué de 3 % depuis l’automne 2014, alors qu’ils avaient plutôt chuté de 9 % en 2009.
Du côté du marché du neuf, la cadence de construction est demeurée élevée, près de 40 000 unités (annualisées) lors du premier semestre
de 2015. Toutefois, une hausse modérée du nombre d’unités achevées et invendues de propriétés a commencé, particulièrement à
Edmonton où la situation est relativement plus préoccupante qu’à Calgary. Bien que le niveau d’offre de logements neufs invendus soit loin
d’être excessif, comparativement à 2009-10, il faudrait s’attendre à ce que le rythme de mises en chantier ralentisse en 2016. Le marché
locatif commence à montrer aussi des signes de fatigue. Le taux d’inoccupation a largement dépassé la barre des 2 % à Calgary et à
Edmonton ce printemps, après s’être maintenu en deçà de 2 % au cours des quatre années précédentes.
Au bout du compte, nous ne notons pas de détresse chez les consommateurs albertains, et donc, du marché immobilier. C’est toutefois un
risque qui demeure présent dans la mesure où la persistance de bas prix du pétrole peut mener à une perte de confiance majeure.
Cependant, il est possible que le prix du pétrole brut ait atteint un creux en août, tel que discuté précédemment. Somme toute, la faiblesse de
l’économie albertaine devrait se poursuivre, puisqu’une deuxième vague de réductions de dépenses vient tout juste d’être annoncée,
conjointement à la publication des derniers résultats trimestriels des compagnies du secteur pétrolier.
Donc, les bienfaits du huard plus faible, du faible prix du gaz naturel et de l’écart faible
entre le WTI et le Western Canadian Select (le prix du brut canadien) ne sont pas
suffisants pour contrer les effets négatifs du prix du brut plus faible à l’échelle mondiale.
Pour 2016 et 2017, nous n’entrevoyons pas un rebond rapide et significatif du prix du
pétrole similaire à ce qui a été observé en 2010. Par conséquent, l’activité économique
ne reprendra pas de manière substantielle; la croissance devrait atteindre 1,5 % en
2016 et 2,1 % en 2017, alors que le taux de chômage devrait rester au-dessus de la
barre des 6 % sur l’ensemble de la période.
Alors que nous nous attendions à ce que l’économie de la Saskatchewan, en raison de
la plus grande diversification de ses industries liées à l’extraction de ressources
naturelles, résiste un peu mieux au choc pétrolier que sa voisine albertaine, force est
d’admettre que cela n’est pas le cas jusqu’à maintenant. Effectivement, bien que la
Saskatchewan ne produise que l’équivalent d’une fraction du pétrole de l’Alberta, les
effets négatifs du plus bas prix du brut semblent être aussi significatifs. Depuis juillet
2014, le taux de chômage a monté de presque deux points de pourcentage (de 3,3 % à
5,2 %), alors qu’il a monté d’un point et demi de pourcentage en Alberta (de 4,5 % à
6,0 %). Par contre, il est à noter qu’une partie de la baisse de l’emploi en Saskatchewan
s’explique par des pertes dans l’administration publique alors qu’en Alberta, l’emploi
dans ce secteur a augmenté.
La morosité du marché de l’emploi en Saskatchewan affecte inévitablement les
habitudes de consommation des ménages. Les ventes au détail sont 13 % plus faibles
pour les six premiers de l’année, comparativement à la même période l’an dernier; il
s’agit du plus important recul parmi les provinces. Le marché résidentiel est lui aussi
touché. Depuis le début de l’année, la revente de logements est en baisse d’environ
7 %. Cette chute d’activité dans le secteur résidentiel, jumelée à un nombre déjà élevé
de logements invendus à Régina, devrait continuer à ralentir les mises en chantier au
cours des prochaines années. Le risque de correction dans le secteur immobilier à Régina est particulièrement élevé. Par exemple, le
nombre d’unités multirésidentielles neuves invendues à Régina est similaire à Edmonton en ce moment (près de 200 unités, voir graphique),
mais la population de Régina est six fois plus petite.
0
100
200
300
400
500
600
700
800
2007 - Jan
2007 - Jun
2007 - Nov
2008 - Apr
2008 - Sep
2009 - Feb
2009 - Jul
2009 - Dec
2010 - May
2010 - Oct
2011 - Mar
2011 - Aug
2012 - Jan
2012 - Jun
2012 - Nov
2013 - Apr
2013 - Sep
2014 - Feb
2014 - Jul
2014 - Dec
2015 - May
Unités multirésidentielles complétées
et non absorbées
Calgary Edmonton Regina
Source: SCHL, VMBL Rech. économique et stratégie
-6%
-4%
-2%
0%
2%
4%
6%
8%
10%
2014 2015
Production de pétrole brut
(variation annuelle en %)
Alberta Saskatchewan T.N.L.
Source: Office National de l'Énergie, VMBL Rech. écon. et stratégie
Note: La production pour 2015 est un estimé préliminaire
1 / 9 100%
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