cette voie. Directement liés aux avancées
scientifiques, ils le sont également au soutien
financier des pouvoirs publics.
Parmi toutes les études présentées à l’ASCO, deux
sont une illustration particulièrement probante de
cette nécessité :
•Le cancer de la prostate demeure le cancer le
plus fréquent chez les hommes. L’équipe du
Dr Nauman, de Boston, a donc cherché à préciser
la signification pronostique des lésions de néopla-
sie intraépithéliale (PIN). «Ces lésions PIN de haut
grade sont hautement prédictives d’un cancer
de la prostate », souligne le Dr Nauman. Une sur-
veillance précise des sujets présentant une telle
lésion paraît donc particulièrement intéressante
chez le sujet jeune (50 ans) plus à risque de déve-
lopper un jour un cancer cliniquement parlant.
Cette surveillance ne sera rendue possible que si
la détection de ces lésions est incluse dans une
réelle volonté de prévention de la maladie.
•En ce qui concerne les cancers du col de l’utérus,
l’équipe du John Hopkins Hospital de Baltimore a
étudié l’influence de la prise en charge financière
des frottis sur leur incidence. Elle a ainsi observé,
depuis la prise en charge, en 1990, du frottis par un
programme public d’assurance médicale, une dimi-
nution significative du ratio cancer non invasif/ can-
cer invasif, phénomène particulièrement marqué
chez la femme âgée de plus de 65 ans.
Le cancer du col de l’utérus est un exemple tout a
fait significatif de la nécessité de la détection
et de l’accès aisé pour toutes les femmes aux
procédures de détection : «Cette pathologie peut
être prévenue à 100 % grâce au Pap test qui per-
met un diagnostic à un stade précoce encore
curable », explique Allen Lichter. Un effort supplé-
mentaire des différents partenaires devrait donc
conduire à une véritable éradication de la maladie.
Nouveaux modes d’administration
et qualité de vie
L’autre point fort des succès rencontrés dans la lutte
contre le cancer est, bien entendu, l’apparition de
nouvelles générations de thérapeutiques antican-
céreuses ou de nouvelles modalités d’administration
de molécules déjà existantes. Il semble en effet
nécessaire de considérer comme fondamental la
simplification de l’administration ou du suivi des trai-
tements dans la mesure où elle participe à l’amé-
lioration de la qualité de vie des patients et proba-
blement de la compliance aux traitements.
Sarcomes de Kaposi :
un traitement par voie nasale
Le sarcome de Kaposi est la tumeur la plus souvent
associée à l’infection à VIH. Un petit peptide, l’IM862,
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16
Cancer
semble démontrer, dans les études précliniques, un
effet antiangiogène et immunomodulateur qui a
permis à P.S. Gill d’administrer cette molécule à
44 patients atteints de sarcome de Kaposi par voie
nasale. Les résultats sont spectaculaires puisqu’une
réponse complète ou partielle a été observée dans
36 % des tumeurs. Cette molécule, administrée
en gouttes nasales, est bien tolérée et a une activité
antitumorale démontrée chez les patients atteints
d’un sarcome de Kaposi. L’administration, par le
patient lui-même, d’un traitement ayant peu d’ef-
fets indésirables constitue une avancée significative
dans le traitement de ce type de cancers.
Une ère nouvelle en oncologie digestive
Dans le traitement des cancers colorectaux métas-
tatiques, la capécitabine (Xeloda®) montre une
petite augmentation du taux de réponse sans
effet réellement important sur la survie et la sur-
vie sans progression. L’intérêt de cette molécule
réside dans la prise du traitement per os.
Si ce mode d’administration paraît séduisant
en termes de simplicité et de liberté pour le
patient (moins d’hospitalisation, plus d’autono-
mie), l’interrogation quant à la compliance au trai-
tement reste fondamentale. Quelle sera la moda-
lité de surveillance, en particulier chez les patients
âgés ? Toutes les enquêtes ont montré que 20 à
30 % des patients de 60 à 75 ans ne se rappel-
lent pas s’ils ont pris leur comprimé dans la jour-
née et probablement 10 à 20 % des patients qui
ont oublié un jour un médicament doublent la
dose du lendemain, ce qui est constaté pour tous
types de traitements. Le contrôle de la toxicité va
donc se poser de manière aiguë car une telle atti-
tude ne sera pas acceptable avec une chimiothé-
rapie. «Si le nombre de visites à l’hôpital pour
l’administration du produit est diminué, il devient
nécessaire de trouver un type de visites particu-
lier, visites à domicile par exemple, ce qui revient
à inventer une médecine qui n’existe pas pour
l’instant en France », remarque Ph. Rougier.
Prise en compte des médecines alternatives
Parallèlement au développement nécessaire des
recherches, il n’est plus possible aujourd’hui d’igno-
rer la place toujours croissante des médecines paral-
lèles. De plus en plus de patients ont recours, sou-
vent à l’insu de leur médecin, à des médecines dites
alternatives qui leur semblent pouvoir réussir là où
la médecine traditionnelle échoue. Qu’il s’agisse de
traiter le cancer, d’améliorer la qualité de vie ou de
diminuer la douleur, nombre de patients franchiront
un jour le pas, encouragés en cela par la masse d’in-
formations toutes plus attrayantes les unes que les
autres auxquelles ils peuvent avoir accès. ●●●