revue de presse spécialisée résumé et a n a ly s e d’articles sélectionnés ■ Coordinateur : P. Amarenco L’article coup de cœur Expérimental Hématome intracérébral : le “trou noir” Hémorragie cérébrale induite par rt-PA dans un modèle animal d’angiopathie amyloïde Hémorragies cérébrales Risque de récidive après hémorragie cérébrale Épidémiologie et causes Marqueurs de l’inflammation et de l’hémostase et événements vasculaires après infarctus cérébral Ultrasons Doppler transcrânien (DTC), outil indispensable Thrombolyse par le DTC Apnées du sommeil : marqueur de risque d’athérosclérose ? Imagerie Comparaison des mesures quantitatives de temps de transit moyen par IRM au 133Xe SPECT avant et après un test à l’acétazolamide en pathologie occlusive cérébro-vasculaire Prédiction du risque hémorragique par une mesure de l’ADC Phase aiguë Infarctus sylvien malin : hémicrâniectomie contre hypothermie Thrombolyse combinée i.v./i.a. pour l’occlusion de la carotide interne Prêt pour le Réopro® ? Rééducation, séquelles physiques et cognitives “Une fatigue mortelle” Docteur, quel est votre pronostic ? Au cours de ces dertion de traiter”, la diffénières années, plurence moyenne du LDLsieurs publications ont cholestérol n’était ainsi UNE STATINE POUR TOUS ? laissé entrevoir le que de 1 mmol/l. La bénéfice potentiel des mortalité à 5 ans était statines pour la prévention de la morbimor- significativement diminuée (12,9 % versus talité vasculaire, y compris celle des acci- 14,7 % ; p = 0,0003), principalement en raidents vasculaires cérébraux, et ce principale- son d’une réduction de 18 % de la mortalité ment chez les patients aux antécédents coronarienne. Il était par ailleurs mis en évicoronariens. La Heart Protection Study, dence une réduction d’environ 25 % de la récemment publiée, semble confirmer ces survenue des événements vasculaires suidonnées sur une population de patients à vants : infarctus du myocarde non fatal ou risque coronaire. Cette étude a évalué le mort coronarienne (8,7 versus 11,8 % ; bénéfice sur 5 ans d’un traitement par simva- p < 0,0001), AVC fatal et non fatal (4,3 versus statine 40 mg versus placebo dans une 5,7 % ; p < 0,0001) et gestes de revascularipopulation de patients âgés de 40 à 80 ans sation coronaire ou non coronaire (9,1 versus dont la cholestérolémie initiale était supé- 11,7 % ; p < 0,0001). Par ailleurs, la réducrieure ou égale à 3,5 mmol/l. Les patients tion de ces événements demeurait similaire étaient inclus en raison d’un risque coronaire quels que soient la pathologie vasculaire a priori élevé, du fait soit de l’existence d’an- sous-jacente, le sexe, l’âge ou encore le técédents coronariens (infarctus du myo- niveau du cholestérol initial. Enfin, le traitecarde, angor stable ou instable, revasculari- ment était bien toléré. sation coronaire), soit de l’existence d’une Commentaires : Cette étude semble confirpathologie artérielle occlusive non coronaire mer le bénéfice d’une statine en prévention (AVC non hémorragique, endartérectomie de la morbimortalité vasculaire chez des carotide, artériopathie oblitérante des patients à haut risque coronarien. Il semble membres inférieurs) ou de la présence d’ailleurs qu’une bonne partie du bénéfice d’autres facteurs de risque vasculaire tels de ce traitement résulte de la réduction des qu’un diabète ou une hypertension artéévénements coronaires fatals ou non. rielle, et ce uniquement pour les hommes de Malheureusement, peu d’explications sont plus de 65 ans pour cette dernière condition. fournies sur le fait que moins de 35 % des Sur une population de plus de patients initialement évalués ont finalement 63 600 patients initialement évalués, dont été inclus. On regrette aussi de n’avoir pas 32 145 ayant participé à la phase de run-in, plus de détails sur les 3 280 patients qui 20 536 patients ont finalement été randomiavaient un antécédent d’infarctus cérébral sés, dont 3 280 ayant déjà présenté un ou d’AIT. Il reste difficile, au regard de ces infarctus cérébral ou un AIT. La compliance résultats, de proposer systématiquement un au traitement était de 85 % dans le groupe traitement par statine au décours des AVC simvastatine, et près de 17 % des patients ischémiques. Gageons que l’étude SPARCL sous placebo recevaient une autre statine au (Stroke Prevention by Agressive Reduction of cours de l’étude. Dans l’analyse en “intenCholesterol Level ; Atorvastatine 80 mg) permettra d’apporter des éléments de réponse Heart Protection Study précis à cette question 20 536 patients âgés de 40 à 80 ans, à haut risque coronaire, sous simvastatine 40 mg ou placebo pendant 5 ans. essentielle. STATINE (10 269) PLACEBO (10 267) Risque ratio Simvastatine Placebo meilleure meilleur Mortalité Toutes causes 1 328 (12,9 %) 1 507 (14,7 %) Causes vasculaires 781 (7,6 %) 937 (9,1 %) Réduction 13 % ; p = 0,0003 Réduction 18 % ; p < 0,0001 Événements vasculaires Événement coronaire majeur 898 (8,7 %) 1 212 (11,8 %) AVC 444 (4,3 %) 585 (5,7 %) Revascularisation 939 (9,1 %) 1 205 (11,7 %) Réduction 27 % ; p < 0,0001 Réduction 25 % ; p < 0,0001 Réduction 24 % ; p < 0,0001 0,4 0,6 106 0,8 1,0 1,2 1,4 D. Deplanque (Lille) ❐ Heart Protection Study Collaborative Group. MRC/BHF Heart Protection Study of cholesterol lowering with simvastatin in 20 536 high-risk individuals : a randomized placebo-controlled trial. Lancet 2002 ; 360 : 7-22. Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - Vol. II - juillet-août-septembre 2002 Expérimental HÉMATOME INTRACÉRÉBRAL : LE “TROU NOIR” Les modifications tissulaires à distance d’une hémorragie intracérébrale survenant à long terme ont été rarement étudiées. L’équipe de Felberg et al. a le mérite de les avoir évaluées au niveau cellulaire 100 jours après l’injection de sang autologue dans le striatum chez des rats. Ces auteurs ont mesuré la densité cellulaire dans des régions cérébrales controlatérales 100 jours après l’hémorragie intracérébrale, et dans la périphérie proche de l’hématome un jour et une semaine après la lésion. Les résultats montrent l’absence de modifications du nombre ou de la densité neuronale dans les régions hémisphériques controlatérales (striatum et région périphérique), et à l’inverse, une réduction de la densité cellulaire dans la substance noire homolatérale. Dans la région immédiatement périphérique à l’hématome, une réduction précoce de la densité cellulaire est observée, en l’absence de tout œdème cytotoxique. Les cellules concernées sont “cytochrome c positive” suggérant une apoptose en cours, qui pourrait être favorisée par la libération cellulaire de substance toxiques ; le rôle du NO est suggéré par l’augmentation du nombre de cellules ayant une activité iNOS augmentée. Commentaires : Les résultats concernant les modifications microstructurales survenant à distance de l’hématome sont décevants. Cette étude apparaît très incomplète, car seules cinq régions d’intérêt ont été évaluées dans les régions homolatérales à la lésion hémorragique. L’originalité du travail est d’avoir mis en évidence une zone en immédiate bordure de l’hématome dégénérant précocement selon un mécanisme d’apoptose, la cicatrice de l’hématome se situant dans une zone acellulaire pouvant être considérée comme un “trou noir” sans véritable transition avec le tissu normal. L’autre intérêt de ce travail est de confimer l’absence de tout phénomène “ischémique” en périphérie de la lésion hémorragique, déjà suggéré par des travaux d’imagerie précédents. Hugues Chabriat (Service de neurologie, hôpital Lariboisière, Paris) ❐ Cell death in experimental hemorrhage : “The black hole” model of hemorrhagic damage. Felberg et al. Ann Neurol 2002 ; 51 : 517-24. HÉMORRAGIE CÉRÉBRALE INDUITE PAR RT-PA DANS UN MODÈLE ANIMAL D’ANGIOPATHIE AMYLOÏDE Winkler et al. ont étudié l’effet d’une dose modérée, et d’une dose élevée de rt-PA comparativement à l’administration de sérum physiologique injecté par voie veineuse chez des souris APP23 qui présentent les aspects caractéristiques de l’angiopathie amyloïde humaine. Des microhémorragies sont observées chez toutes les souris, mais le nombre de ces lésions est augmenté chez les souris traitées par rtPA. Il existe en particulier, une corrélation entre le nombre de microhémorragies et le degré des lésions pariétales avec une augmentation d’autant plus grande après administration de rt-PA. Une hémorragie plus importante n’est observée que dans 1 cas sur 9 avec le rt-PA à faible dose, dans 2 cas sur 11 avec le rt-PA à forte dose. Les trois animaux ayant des hématomes intracérébraux avaient tous un grand nombre de microlésions hémorragiques et présentaient des cellules microgliales contenant de l’hémosidérine au contact de la lésion hémorragique, suggérant la présence préalable des microsaignements anciens à ce niveau. Commentaires : Ces résultats confirment que l’angiopathie amyloïde représente un risque non négligeable de transformation hémorragique lors du traitement par rt-PA à la phase aiguë des infarctus cérébraux. Ils incitent à l’utilisation systématique de l’IRM cérébrale avec des séquences en Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - Vol. II - juillet-août-septembre 2002 écho de gradient pour recherche des microsaignements (microbleeds en anglais) plus fréquents au cours de l’angiopathie amyloïde pouvant favoriser cette complication comme l’ont déjà suggéré des publications récentes chez l’homme. HC ❐ Winkler et al. Thrombolysis induces cerebral hemorrhage in a mouse model of cerebral amyloid angiopathy. Ann Neurol 2002 ; 51 : 790-3. Hémorragies cérébrales RISQUE DE RÉCIDIVE APRÈS HÉMORRAGIE CÉRÉBRALE Peu de données existent sur le risque de récidive après une première hémorragie cérébrale. Dans cette étude, les auteurs ont suivi 243 patients ayant eu une première hémorragie cérébrale pendant une durée moyenne de 5,5 ans. Ils ont enregistré les récidives d’hémorragie, tout autre événement vasculaire et les décès. Ils ont aussi évalué les facteurs pouvant favoriser la récidive. Le risque annuel de récidive hémorragique était de 2,1 % (IC à 95 %, 1,4 à 3,3 %), de tout événement vasculaire de 5,9 % (4,5 à 7,7 %) et de décès de 3,2 % (2,2 à 4,5 %). Le risque était plus élevé pour un âge supérieur à 65 ans (3,7 %) pour les hommes. Le risque était trois fois supérieur si le patient était sous anticoagulant (pour une fibrillation auriculaire, une embolie pulmonaire, une prothèse valvulaire, une maladie artérielle occlusive) avec un odds-ratio de 3,0 (1,3 à 7,2). Commentaires : Le risque de récidive d’une hémorragie cérébrale apparaît nettement plus faible que celui d’un accident ischémique cérébral. Les patients les plus à risque sont ceux traités par anticoagulant. Il est vraisemblable que le faible nombre de patients de cette cohorte explique que l’hypertension artérielle n’apparaît pas 107 revue de presse spécialisée résumé comme facteur prédicteur d’une récidive : on sait, depuis l’étude PROGRESS, que dans ce groupe de patients l’association perindopril-Fludex® diminue considérablement le risque de récidive. Pierre Amarenco (Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale, hôpital Bichat, Paris) ❐ Vermeer SE et al. Long-term prognosis after recovery from primary intracerebral hemorrhage. Neurology 2002 ; 59 : 205-9. Épidémiologie et causes MARQUEURS DE L’INFLAMMATION ET DE L’HÉMOSTASE ET ÉVÉNEMENTS VASCULAIRES APRÈS INFARCTUS CÉRÉBRAL Les niveaux de CRP, de fibrinogène et de D-dimères ont été mesurés dans les 24 premières heures chez 473 patients consécutifs ayant eu un premier infarctus cérébral et hospitalisés entre 1998 et 1999. Les patients ayant une infection évolutive, un traumatisme majeur, une intervention chirurgicale récente ou une néoplasie active ont été exclus. Les patients inclus ont été suivis durant deux ans. La médiane de l’âge des patients était de 74 ans, 341 recevaient préalablement un traitement antithrombotique, 40 % étaient coronariens. À un mois, 19,2 % des patients avaient présenté un événement vasculaire et, à deux ans, 38,5 %. Il existait une élévation non significative du taux de D-dimères à l’inclusion chez les patients qui avaient un événement vasculaire, fatal ou non, au cours du suivi. Le taux de CRP était significativement plus élevé chez les patients avec un événement vasculaire (médiane 25 mg/l versus 9 mg/l) de même que celui de fibrinogène (médiane 5,24 g/l versus 4,22 g/l). Les taux de CRP et de fibrinogène prédisaient également le risque de récurrence d’AVC et d’événement cardiaque. La différence apparaissait précocement, dans les trois 108 et a n a ly s e d’articles mois suivant l’infarctus. Dans un modèle multivarié, la CRP était le plus puissant facteur prédictif d’événement vasculaire : hazard ratio 4,04 (2,207,42) pour un taux supérieur à 33 mg/l. Commentaires : Cette étude est la première à identifier l’élévation de la CRP comme un facteur prédictif de récidive d’événement vasculaire après infarctus cérébral, alors que le sous-type étiologique ne jouait pas de rôle (mais on ignore la méthode de classement des sous-types d’infarctus). Si ces résultats se confirment, leur intérêt sera grand pour stratifier les patients dans les essais de prévention secondaire. Le fait qu’il s’agisse d’élévations franches de la CRP fait penser que des infections non reconnues à l’arrivée sont peut-être en cause. De plus, trouver une relation entre les récidives d’infarctus cérébral et l’élévation de la CRP montre que cette relation ne passe sans doute pas par un effet athérogène mais par une activation de la thrombose. Philippe Niclot (Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale, hôpital Bichat, Paris) ❐ Di Napoli M, Papa F. Inflammation, hemostatic markers, and antithrombotic agents in relation to long-term risk of new cardiovascular events in first-ever ischemic stroke patients. Stroke 2002 ; 33 : 1763-71. Ultrasons DOPPLER TRANSCRÂNIEN (DTC), OUTIL INDISPENSABLE Les modifications hémodynamiques de la perfusion cérébrale observées après un infarctus hémisphérique ont été appréciées par la pratique répétée d’un DTC (24 premières heures, entre la 24 e et la 48 e heure et entre le 4 e et le 8 e jour après l’ictus) sur 47 patients. Tous ont eu une ARM (angiographie par résonance magnétique) du polygone et du cou dans les 72 premières heures. Le DTC, initialement normal chez 17 patients, montrait une dégradation de flux chez un patient au cours du suivi alors que sélectionnés l’ARM était normale. Dans 12 cas où le DTC initial et l’angio-IRM montraient une occlusion artérielle intracrânienne, le suivi DTC a permis de montrer une recanalisation dans 6 cas, une sténose résiduelle dans 1 cas et une détérioration du flux dans 1 cas. Dans 5 cas où l’ARM était normale, le DTC ultra-précoce prouvait qu’il s’agissait d’une recanalisation. Chez les patients présentant une sténose proximale de l’artère cérébrale moyenne (4 cas) ou une occlusion/sténose de l’artère carotide interne (5 cas), le DTC a permis d’apprécier les différents profils de collatéralité non discernables sur l’ARM. Commentaires : Au même titre que l’ARM, le DTC doit faire partie intégrante des moyens utilisés dans la prise en charge de l’AIC à sa phase aiguë. Les modifications hémodynamiques de la perfusion cérébrale observées après un infarctus sont très variables et dépendantes du facteur temps. Aussi le DTC y trouve-t-il toute sa justification par sa capacité à évaluer les paramètres hémodynamiques, de façon répétée et rapide au lit du patient. Il est complémentaire de l’ARM, examen morphologique et statique, plus difficilement accessible. Il devient un outil de choix à l’heure du développement de la thrombolyse. Pierre Garnier (Service de neurologie, hôpital Bellevue, Saint-Étienne) ❐ Akopov S et al. Hemodynamic studies in early ischemic stroke. Serial transcranial doppler and magnetic resonance angiography evaluation. Stroke 2002 ; 33 : 1274-9. THROMBOLYSE PAR LE DTC Des travaux récents font part du possible effet thrombolytique des ultrasons (US). Les auteurs ont étudié in vivo chez des lapins l’effet thrombolytique des US lors du DTC sur une occlusion thrombotique expérimentale de l’artère fémorale. Les US étaient appliqués au travers d’un fragment d’os temporal humain et avaient la particularité d’être de fré- Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - Vol. II - juillet-août-septembre 2002 quence et d’intensité faibles. Dans le groupe traité par thrombolyse i.v. (mtPA) et US (n = 9), le taux de recanalisation artérielle était de 66 %, dans le groupe uniquement traité par mtPA i.v. (n = 12), le taux de recanalisation n’était que de 16 %. Le taux de recanalisation devenait signicatif dans le groupe US + mtPA i.v. par rapport au groupe mtPA i.v. seul, dans les 20 à 30 minutes qui suivaient le début de la thrombolyse i.v. Commentaires : Un des intérêts de cette étude par rapport aux précédentes est celui d’avoir choisi des US de faibles fréquence et intensité, permettant ainsi une meilleure pénétration tissulaire et d’accélérer l’effet thrombolytique tout en préservant l’intégrité du tissu soumis aux US. Le DTC réunit de multiples potentialités, non seulement diagnostiques (occlusion artérielle, évaluation des collatérales, de la reperméabilisation, etc.) mais aussi thérapeutiques (thrombolyse), et dont la maniabilité en fait un outil-clé à la phase aiguë de l’AVC. Il reste à démontrer que les résultats de cette étude sont extrapolables à l’homme. PG ❐ Ishibashi T et al. Can transcranial ultrasonication increase recanalization flow with tissue plasminogen activator ? Stroke 2002 ; 33 : 1399-404. mune de 23 patients présentant un SAS sévère avec celle de 23 témoins (sans SAS), appariés sur l’âge, l’existence et la gravité de facteurs de risque vasculaire (tabac, HTA, diabète, BMI, dyslipidémie). Aucun des sujets ne présentait d’AIC. L’EIM était significativement plus élevée dans le groupe SAS (1,429 ± 0,34 versus 0,976 ± 0,17 mm ; p < 0,0001). Pour les auteurs, la progression de l’athérosclérose au cours du SAS s’expliquerait par la “multiplicité de l’agression artérielle”. En effet, le SAS est responsable d’épisodes d’hypoxies et de variations brutales de la pression artérielle et de la viscosité sanguine qui sont délétères pour la paroi, et il survient souvent chez les sujets avec facteurs de risque d’athérosclérose donc ayant déjà une paroi agressée. Commentaires : Si le SAS favorise le développement de l’athérosclérose, il reste encore à démontrer qu’il augmente le risque d’AIC lié à l’athérosclérose ou que le traitement du SAS prévient la progression de la maladie. Notons que l’étude n’incluait que les SAS sévères. En pratique, gardons à l’esprit que cette association existe et soyons attentifs aux troubles respiratoires du sommeil chez nos patients vasculaires. Philippa Lavallée (Service de neurologie, hôpital Bichat, Paris) APNÉES DU SOMMEIL : MARQUEUR DE RISQUE D’ATHÉROSCLÉROSE ? Plusieurs études épidémiologiques ont montré qu’il existait un lien entre syndromes d’apnées du sommeil (SAS) et infarctus cérébral (AIC). Plusieurs mécanismes ont été proposés : modifications de l’hémodynamique cérébrale, augmentation de la viscosité plasmatique, troubles du rythme cardiaque, etc. Mais ces hypothèses physiopathologiques restent à vérifier. Dans cette étude, Silvestrini et al. ont émis l’hypothèse que le SAS favorisait le développement de l’athérosclérose. Pour cela, ils ont comparé l’épaisseur intima-média (EIM) de la carotide com- ❐ Silvestrini M, Rizzato B, Placidi F et al. Carotid artery wall thickness in patients with obstructive sleep apnea syndrome. Stroke 2002 ; 33 : 1782-5. SAS : un nouveau marqueur d’athérosclérose ? • Étude cas-témoin : mesure de l’EIM sur la carotide commune chez 23 SAS sévères et 23 témoins appariés (âge, FDR) • L’EIM était augmentée au cours du SAS par rapport aux témoins (1,429 ± 0,34 versus 0,976 ± 0,17 mm) EIM 1,5 1 0,5 SAS Témoins 0 • Mécanismes : agression vasculaire par l’hypoxie, par les brusques variations de la PA et par les FDR souvent associés au SAS ? Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - Vol. II - juillet-août-septembre 2002 Imagerie COMPARAISON DES MESURES QUANTITATIVES DE TEMPS DE TRANSIT 133 MOYEN PAR IRM AU XE SPECT AVANT ET APRÈS UN TEST À L’ACÉTAZOLAMIDE EN PATHOLOGIE OCCLUSIVE CÉRÉBRO-VASCULAIRE Les auteurs ont étudié 17 patients porteurs de sténoses ou d’occlusions d’une ou plusieurs artères intracrâniennes, diagnostiquées par angiographie numérisée. L’hémodynamique cérébrale a successivement été étudiée par : – IRM de perfusion avec étude du premier passage du gadolinium et calcul quantitatif du temps de transit moyen (MTT) après calcul de la fonction d’entrée artérielle et déconvolution ; – SPECT avant et après injection d’un gramme d’acétazolamide permettant de classer la réserve perfusionnelle en sévèrement diminuée (pourcentage d’augmentation du flux sanguin après acétazolamide ≤ 0 %), modérément diminuée (pourcentage d’augmentation > 0, mais ≤ 15 %), ou normale (pourcentage d’augmentation > 15 %). Les auteurs montrent que le MTT obtenu en IRM est bien corrélé à la chute de réserve hémodynamique mesurée en SPECT après un test au Diamox ®. Les valeurs de MTT sont plus élevées (0,62 ± 1,84 s) en cas de réserve perfusionnelle sévèrement diminuée qu’en cas de réserve perfusionnelle normale (6,15 ± 1,06 s) ou modérément diminuée (6,54 ± 0,19 s). Commentaires : Ces données suggèrent que la réserve hémodynamique cérébrale puisse être appréciée simplement par des mesures de MTT en IRM sans injection d’acétazolamide. C. Oppenheim (Service de neuroradiologie, hôpital Sainte-Anne, Paris) ❐ Kikuchi K, Murase K, Miki H et al. Quantitative evaluation of mean transit times obtained with dynamic susceptibility contrast-enhanced MR imaging and with (133)Xe SPECT in occlusive cerebrovascular disease. Am J Roentgenol 2002 ; 179 : 229-35. 109 revue de presse spécialisée résumé PRÉDICTION DU RISQUE HÉMORRAGIQUE PAR UNE MESURE DE L’ADC Quelques travaux ont suggéré qu’il était possible de prédire le risque de transformation hémorragique (TH) chez les patients ayant un infarctus cérébral par une mesure du coefficient de diffusion apparent (ADC). Le seuil d’ADC de 550 10 -6 mm 2/s semble être prédictif. Parmi 29 patients analysés rétrospectivement, examinés en IRM et traités par rt-PA dans les 3 heures de l’accident ischémique, 17 ont développé une TH (prouvée en IRM T2* ou en scanner), dont 4 symptomatiques et fatales. Les facteurs prédictifs de TH étaient la pression artérielle systolique, le score NIHSS à l’admission, le taux de globules blancs et de plaquettes, la glycémie, un tabagisme actif, le volume lésionnel sur l’IRM de diffusion initiale et le nombre de voxels avec une valeur d’ADC ≤ 550 10 6 mm 2/s. Dans l’analyse multivariée, seul le nombre de voxels avec une valeur d’ADC ≤ 550 10 -6 mm 2/s restait significatif (OR = 1,2 ; p = 0,04). Les 4 patients qui ont eu une hémorragie intracérébrale symptomatique avaient un déficit neurologique plus sévère, un volume lésionnel plus important sur l’IRM initiale et un nombre de voxels avec une valeur d’ADC ≤ 550 10 -6 mm 2/s plus important que ceux qui ont eu une hémorragie asymptomatique. Prédiction du risque hémorragique par une mesure de l’ADC • 29 patients analysés rétrospectivement • IRM diffusion réalisée dans les 3 heures • Tous les patients traités par rt-PA • IRM avec T2* ou scanner, réalisé 24-48 heures après • 17 hémorragies dont 4 symptomatiques et fatales Volume lésion en IRM diffusion (cm3) Voxels avec un ADC ≤ 550 10-6mm2/s (%) Nombre absolu TH+ n = 17 THn = 14 p 75,58 46,74 0,032 27,7 22,2 NS 2 617 1 319 0,017 TH = transformation hémorragique 110 et a n a ly s e d’articles Commentaires : Bien que rétrospective (12 patients ont été exclus) et portant sur un faible échantillon, cette étude confirme que l’IRM est un outil très important pour la prédiction du risque hémorragique avant d’administrer un traitement thrombolytique. Ces résultats méritent toutefois d’être confirmés par des études prospectives étudiant plus particulièrement les hémorragies symptomatiques. De plus, les seuils volumiques d’ADC ≤ 550 10-6 mm2/s et les topographies à risque restent à préciser. E. Touzé (Service de neurologie, hôpital Sainte-Anne, Paris) ❐ Selim M, Fink JN, Kumar S et al. Predictors of hemorrhagic transformation after intravenous recombinant tissue plasminogen activator. Prognostic value of the initial apparent diffusion coefficient and diffusion-weighted lesion volume. Stroke 2002 ; 33 : 2047-52. Phase aiguë INFARCTUS SYLVIEN MALIN : HÉMICRÂNIECTOMIE CONTRE HYPOTHERMIE L’hémicrâniectomie (HC) et l’hypothermie modérée à 33 °C (HM) sont deux techniques qui peuvent être proposées dans la prise en charge thérapeutique de l’infarctus sylvien malin (ISM). L’étude portait sur l’évolution clinique de 36 patients avec un ISM (touchant au moins deux tiers du territoire de l’artère cérébrale moyenne) traités soit par HC (hémisphère non dominant atteint), soit par HM (hémisphère dominant atteint). La mortalité globale de 30,6 % (11 patients sur 36) a été significativement plus élevée dans le groupe HM (9 patients sur 19, 47 %) par rapport au groupe HC sélectionnés (2 patients sur 17, 12 % ; p < 0,02). L’hypertension intracrânienne non contrôlée étant la cause du décès pour 10 patients sur 11. Des différences ont également été observées pour le score NIHSS (17 [16-18] versus 20 [18-22] respectivement pour l’HC et l’HM ; p < 0,002). Ces différences disparaissant après correction du NIHSS pour les troubles du langage. L’âge (HC : 52 ± 5 ans, HM : 56 ± 6 ans ; p = 0,2), le sexe, le niveau de conscience, le délai pour l’institution du traitement, la durée de la ventilation mécanique et de l’hospitalisation en unités de soins intensifs n’ont pas été différents entre les deux groupes. Toutefois, la durée et les doses maximales de catécholamines administrées ont été significativement plus élevées dans le groupe HM (p = 0,02). Commentaires : Sous réserve d’un effet positif sur le handicap, ces résultats favorables sur la mortalité (plus basse que dans d’autres séries rapportées dans la littérature) renforcent la place de l’HC dans la prise en charge thérapeutique des ISM. Les résultats de l’étude DECIMAL actuellement en cours sont donc attendus avec beaucoup d’intérêt. M. Mazighi (Service de neuroradiologie, hôpital Lariboisière, Paris) ❐ Georgiadis et al. Hemicraniectomy and moderate hypothermia in patients witn severe ischemic stroke. Stroke 2002 ; 33 : 1584-8. THROMBOLYSE COMBINÉE I.V./I.A. POUR L’OCCLUSION DE LA CAROTIDE INTERNE L’occlusion de la carotide interne (ACI) se caractérise le plus souvent par une résistance au traitement thromboly- L’hémicrâniectomie supérieure à l’hypothermie dans l’infarctus sylvien malin Patients Âge NIHSS, n Mortalité, n (%) Norépinéphrine : durée d’administration, h Augmentation de la pression intracrânienne > 20 mmHg, n (%) Hémicrâniectomie 17 52 (47-57) 17 (16-18) 2/17 (12) 108 (76-126) Hypothermie 19 56 (50-63) 20 (18-22) 9/19 (47) 147 (122-176) p 0,2 0,002 0,02 0,02 6 (35) 10 (53) 0,3 Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - Vol. II - juillet-août-septembre 2002 tique et un pronostic sombre en termes de handicap. Dans cette série rétrospective, les patients hospitalisés pour un infarctus cérébral (IC) lié à une occlusion de la carotide < 6 heures ont été traités par un thrombolytique par voie intra-artérielle (i.a.) seule ou combinée i.a./intraveineuse (i.v.). La tolérance, la faisabilité et l’efficacité du traitement ont été évaluées au cours de cette étude. Entre 1995 et 2000, le diagnostic d’IC sur occlusion distale de l’ACI a été retenu chez 18 patients (parmi 207 patients thrombolysés). Les facteurs prédictifs de réponse au traitement thrombolytique ont été le délai pour l’instauration du traitement et le NIHSS initial (p < 0,001). La mortalité a été plus élevée chez les patients (8 sur 13) traités par voie i.a. seule par rapport aux patients (1 sur 5) traités par la combinaison i.a./i.v. (respectivement 62 % versus 20 % ; p = 0,05). Une recanalisation angiographique complète a été obtenue chez 62 % des patients traités par voie i.a. seule et chez 80 % des patients traités par thrombolyse combinée i.v./i.a. (p = NS). Les hémorragies symptomatiques ont été constatées chez 15 % des patients avec la voie i.a., et chez 20 % des patients recevant une administration combinée de i.v./i.a. (p = NS). Commentaires : La thrombolyse combinée constitue une option attractive, mais l’absence de différence sur les scores de Rankin à trois mois pose le problème d’une diminution de la mortalité au prix d’une morbidité accrue. Dans les situations de résistance au traitement thrombolytique, l’association à d’autres moyens (mécaniques, agents antiplaquettaires) représente probablement une voie d’avenir. MM ❐ Zaidat et al. Response to intra-arterial and combined intravenous and intra-arterial thrombolytic therapy in patients with distal internal carotid artery occlusion. Stroke 2002 ; 33 : 1821-7. PRÊT POUR LE RÉOPRO® ? Nouveau “thrombolytique” plus sûr ou traitement à haut risque hémorragique, l’abciximab (Réopro ®) n’a pas encore trouvé sa place dans l’arsenal thérapeutique des neurologues vasculaires. Pour mémoire, l’abciximab est un antiagrégant de nouvelle génération : cet anticorps chimérique inhibe la constitution du thrombus fibrinocruorique en bloquant la liaison des plaquettes à la fibrine. Son bénéfice a été clairement démontré dans le traitement des thromboses aiguës compliquant la pose de stent coronaire. Dans l’attente des résultats de l’étude évaluant l’efficacité de l’abciximab administré dans les 6 heures suivant un infarctus cérébral, plusieurs équipes appliquent sur de petites séries de patients les protocoles habituellement dédiés à l’angor instable : suivant le protocole cardiologique “classique” : 0,25 mg/kg en bolus suivi d’une perfusion sur 12 heures de 0,125 µg/kg. Une équipe allemande (Eckert et al.) a réussi à traiter avec succès 3 patients Thrombolyse combinée i.v./i.a. dans l’occlusion de la carotide interne Nombre de patients Délai pour l’initiation du traitement, moyenne ± SD Mortalité Évolution (Rankin modifié à 3 mois), ∆2 NIHSS (initial) Hémorragie intracrânienne symptomatique Recanalisation i.a. 13 4 h ± 16 min 0,05 8/13 (62 %) i.v./i.a. 5 2 : 23 ± 29 min (i.v.) 2 : 55 ± 45 min (i.a.) 1/5 (20 %) 3 15 2 15 NS NS 2/13 (15 %) 8/13 (62 %) 1/5 (20 %) 4/5 (80 %) NS NS Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - Vol. II - juillet-août-septembre 2002 p 0,05 victimes d’une occlusion du tronc basilaire (2 emboliques et une athérothrombotique), par un traitement combinant l’administration de rt-PA intra-artériel (i.a.) et d’abciximab en i.v. Dans un cas d’occlusion embolique, la recanalisation était obtenue dès l’administration du bolus de Réopro ®. Le risque hémorragique induit par l’association avec l’héparine avait été clairement démontré dans les premiers essais sur l’angor instable, justifiant ainsi un protocole d’administration strict adapté sur le TCA dans les études ultérieures. Qureshi et al. rapportent la survenue de 7 hémorragies cérébrales fatales lors d’angioplastie d’artères cérébrales intra- et extracrâniennes sous Réopro ® . Les patients reçurent par ailleurs de l’héparine en bolus (6 sur 7), de l’aspirine (6 sur 7) et du clopidogrel (7 sur 7). La part de l’abciximab dans ce risque hémorragique reste difficile à préciser. Dans tous les cas, l’hémorragie survint dans les 7 heures qui suivirent le geste. L’administration de culot plaquettaire et de protamine fut inefficace pour prévenir le décès des patients dans les 24 heures. Commentaires : Alors, sommes-nous prêts pour le Réopro® ? L’étude Gusto V, qui associait tPA et Réopro® dans le traitement de l’infarctus du myocarde aigu, n’a pas confirmé les espoirs suggérés par ses premiers résultats, et son usage en cardiologie reste aux angioplasties difficiles. Dans l’attente des résultats des études portant sur l’infarctus cérébral, ce traitement semble devoir être réservé aux complications thrombotiques aiguës survenant lors de procédures endovasculaires et pratiqué par certaines équipes entraînées. Jean-Marc Olivot (Bichat) ❐ Eckert B, Koch C, Thomalla G et al. Acute basilar artery occlusion treated with combined intravenous abciximab and intra artérial tissue plasminogen activator. Stroke 2002 ; 33 : 1424-7. ❐ Qureshi AI, Saad M, Zaidat OO et al. Intracerebral hemorrhages associated with neurointerventional procedures using a combination of antithrombotic agents including abciximab. Stroke 2002 ; 33 : 1916-9. 111 revue de presse spécialisée résumé Rééducation, séquelles physiques et cognitives “UNE FATIGUE MORTELLE” La fatigue est un symptôme fréquent après l’AVC. Ce manque d’énergie physique et mentale gêne particulièrement la rééducation. Il est considéré par de nombreux patients comme l’une des séquelles auxquelles il est le plus difficile de s’habituer. La fatigue pourrait résulter de l’effet combiné des lésions organiques cérébrales et du stress lié aux modifications des conditions de vie du patient. C’est aussi, bien sûr, l’un des éléments essentiels de la dépression post-AVC, mais elle peut être observée en son absence. Dans ce cas, sa prise en charge thérapeutique demeure incertaine. Cette étude, fondée sur un registre incluant tous les patients ayant eu un AVC en Suède durant une période de 6 mois, a évalué la prévalence de la fatigue 2 ans après l’attaque cérébrale. Un questionnaire fut envoyé à 5 189 patients, dont 4 023 (79 %) répondirent. Une association significative fut observée entre fatigue et dépression. Les patients qui rapportèrent qu’ils se sentaient “toujours déprimés” et ceux qui ne répondirent pas à la question : “Vous sentez-vous déprimé ?” furent exclus de l’analyse (n = 218). Dix pour cent des patients répondirent qu’ils se sentaient “toujours fatigués” (groupe de patients significativement plus âgés) et 29 % des patients se disaient “souvent fatigués”. Après ajustement pour l’âge, la fatigue apparaissait comme un facteur indépendant d’institutionnalisation et de dépendance dans les actes de la vie quotidienne. La mortalité, 3 ans après l’AVC chez les patients qui se disaient “toujours fatigués”, était significativement plus élevée que chez les autres patients (17 versus 7 %). 112 et a n a ly s e d’articles Commentaires : Cette étude de grande ampleur montre la fréquence (près de 40 %) et l’importance de la fatigue postAVC, qui vient s’ajouter aux autres séquelles physiques et psychologiques de l’attaque cérébrale. Elle n’apporte pas de renseignement sur le pourcentage de patients qui étaient déjà fatigués avant l’accident (patients vivant déjà en institution, ayant déjà eu un AVC, etc.). Cependant, elle évoque pour la première fois l’impact défavorable de la fatigue sur le pronostic fonctionnel et la mortalité après AVC. Un intérêt plus vif des cliniciens pour ce problème est souhaitable afin de mieux comprendre ses mécanismes et d’envisager des essais thérapeutiques. Laurent Derex (Service de neurologie B, hôpital neurologique, Lyon) ❐ Glader EL et al. Poststroke fatigue. A 2-year follow-up study of stroke patients in Sweden. Stroke 2002 ; 33 : 1327-33. Quelle est la prévalence et l’impact de la fatigue 2 ans après l’AVC ? • Méthodes – registre national suédois – questionnaire réalisé auprès de 4 023 patients ayant eu un AVC • Résultats – 10 % de fatigue permanente – 29 % de fatigue fréquente – facteur indépendant d’institutionnalisation et de dépendance – excès de mortalité à 3 ans DOCTEUR, QUEL EST VOTRE PRONOSTIC ? On dispose de relativement peu de données concernant le pronostic fonctionnel à long terme après une première attaque cérébrale. Cette étude australienne visait à évaluer l’invalidité et la dépendance cinq ans après un premier AVC. Toutes les personnes ayant eu un AVC dans la région de Perth furent évaluées durant une période de 18 mois et suivies de façon prospective 4 mois, 1 an et 5 ans après l’attaque cérébrale. Il n’y eut que 2 % de perdus de vue. À un mois, 277 patients avaient survécu à un premier AVC. Parmi ces patients, le taux de survie à 5 ans était de 55 %. Chez les patients valides et non encore institutionnalisés au moment de la survenue de l’AVC, le taux d’invalidité était sélectionnés de 36 % et le taux d’institutionnalisation de 14 %, 5 ans après l’accident. Les facteurs prédictifs essentiels de décès ou d’invalidité à 5 ans sont l’âge, l’invalidité avant l’AVC évaluée selon l’index de Barthel, la présence d’une hémiparésie modérée ou sévère, et la récidive d’AVC. Un faible niveau d’activité avant l’attaque cérébrale (score de 15 à 29 selon le Frenchay Activities Index) est un facteur prédictif significatif d’institutionnalisation (odds-ratio = 22 dans un modèle prédictif multivarié). La récidive d’AVC est un facteur prédictif indépendant d’invalidité, d’institutionnalisation et de décès (oddsratio = 14 pour l’invalidité dans un modèle prédictif multivarié). Commentaires : Cette étude de cohorte montre clairement la gravité de l’AVC en termes de pronostic à long terme. À cinq ans, près de 1 patient sur 2 victimes d’un premier AVC est décédé. Parmi les survivants, 1 patient sur 3 demeure invalide et 1 patient sur 7 vit en institution. Ni l’impact de la prise en charge d’une minorité de ces patients par les unités neurovasculaires, ni l’influence de la localisation et du volume de la lésion cérébrale n’ont été évalués dans ce travail. Les facteurs modifiables d’un meilleur pronostic à long terme sont le maintien d’un bon niveau d’activité physique chez les sujets à risque, notamment les personnes âgées, et la prévention de la récidive cérébro-vasculaire chez les personnes ayant été victimes d’une première attaque. LD ❐ Hankey GJ et al. Long-term disability after first-ever stroke and related prognostic factors in the Perth Community Stroke Study, 1989-1990. Stroke 2002 ; 33 : 1034-40. Pronostic à 5 ans après un premier AVC • Méthodes – étude de cohorte australienne (population de Perth) – suivi à 5 ans de 277 patients ayant survécu à un premier AVC • Résultats – 45 % de décès – 1 survivant sur 3 est invalide – 1 survivant sur 7 vit en institution • Facteurs modifiables – activité physique – prévention de la récidive d’AVC Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - Vol. II - juillet-août-septembre 2002