DU PIMENT DANS LES YEUX Cie AnteprimA

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DU PIMENT DANS LES YEUX
Cie AnteprimA
Texte
Simon Grangeat
Recherche documentaire préparatoire Olivier Favier
D’après le témoignage de Mohamed Zampou
Commande d’écriture de la Cie AnteprimA
Création 3 et 4 novembre 2016 au théâtre de Vienne
Coproductions
Théâtre de Vienne, scène conventionnée
La Scène Nationale Le Merlan, Marseille
L’Arc, Scène Nationale Le Creusot
Accueil Studio au Centre Chorégraphique National de Nantes
Le texte a reçu l'Aide à la création du Centre national du Théâtre
La Cie AnteprimA est soutenue par la Drac aide au projet, la Spedidam, la
Région Auvergne Rhône Alpes, la Ville de Lyon, la Gare Franche.
Distribution
Mise en scène, Antonella Amirante
Regard chorégraphique, Mickael Phelippeau
Avec
Fatou Ba, Léna Dia, Jean Erns Marie Louise, Mohamed Zampou
Création vidéo-son, Nicolas Maisse
Création lumière, Gabriel Guenot
Scénographie et costume, Elsa Belenguier
Construction décor, César Chaussignand et Quentin Charnay
Administratrice de production, Frédérique Yaghaian
Film documentaire
"Du Piment dans les Yeux ou la soif d'étudier - Itinéraire d'un jeune africain"
par Acte public compagnie
soutenu par
le Centre national du cinéma et de l'image animée - CNC
les chaines de télévision 2 Rives TV et Ma Chaine Étudiante - MCE TV
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Notes d’Antonella Amirante
L’émigration des côtes d’Afrique vers l’Europe est un des sujets que
je voulais porter au théâtre depuis déjà quelques temps sans trouver
le texte qui me permettrait d’aborder ce drame contemporain avec le
regard que je souhaitais. Je cherchais un angle précis pour le faire
mien et partager l’histoire de cette immigration. Une histoire qui me
permettrais de trouver la nécessité de la création.
Après tout, le théâtre n’est-il pas le moment où les singularités
entrent dans l’Histoire ?
C’est lorsque, j’ai rencontré Mohamed que le projet a commencé à
prendre forme et trouver tout son sens, comme une évidence.
C’est Olivier Favier qui nous a présentés.
Je connais Olivier depuis plusieurs années, j’ai eu l’occasion
d’apprécier son travail de journaliste, de traducteur ainsi que son
engagement sur les problématiques de notre société.
Le drame de milliers de personnes anonymes, pour lequel je
compatissais avec distraction, « noyé » au milieu des informations
quotidiennes, est devenu un visage réel et concret.
L’histoire d’un enfant qui trouve sa force de vie dans son envie
d’apprendre.
Après ces 3 jours, j’ai su que c’était à travers le récit de Mohamed et
du regard pétillant et plein de vie d’un adolescent que je pouvais
porter cette Histoire tragique de notre temps au théâtre. La
personnalité de Mohamed, son ouverture, son désir de partager son
histoire et d’écouter les autres, son envie aussi de mélanger dans sa
philosophie du quotidien le meilleur de deux cultures si différentes, sa
force de vie, d’aller de l’avant, nous aide à mieux comprendre tout
ceux qui risquent la mort pour la vie.
J’ai demandé à Olivier Favier de recueillir le témoignage de
Mohamed et à Simon Grangeat d’écrire le texte.
Lyon, le 25 octobre 2015
Nantes, le 21 avril 2015
Le 21 avril 2015, premier jour de printemps, il grêlait à mon arrivée à
la gare de Nantes.
Le 21 avril 2015, tout le monde attendait de voir le passage de la
Lune dans l’ombre de la Terre et en France le ciel était couvert.
Le 21 avril 2015, a été pour moi le jour d’une belle rencontre et le
début d’une histoire humaine et artistique : j’ai fait la connaissance de
Mohamed.
Pendant trois jours, Mohamed m’a raconté son voyage, ses rêves, sa
soif d’apprendre et de vivre plus forte que tous les dangers.
Aujourd’hui le texte est écrit et Mohamed sera avec nous sur le
plateau ! …
Il y a eu, la rencontre avec Mickael Phelippeau au Merlan qui fait
parti aussi de la « Bande » de Francesca Polionato. Son travail sur
l’approche de l’autre, son expression théâtrale à partir du corps, son
regard respectueux sur les jeunes qui se préparent pour le grand
écart vers leur monde d’adultes ; c’est le compagnon de voyage que
je cherchais pour tenir en équilibre sur cette « frontière ».
Antonella Amirante
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Le Texte
Je veux croiser ces deux chemins – deux raisons de partir et deux
destins différents. J'ai envie de donner corps à ces deux
personnages, en me permettant d'aller un peu plus dans l'intime que
ce que je fais d'ordinaire dans mes textes.
La question des frontières et des migrations (clandestines ou non)
est un des sujets qui traverse mon écriture régulièrement.
Et plus que tout, je souhaite faire de ces deux jeunes gens non pas
les victimes de notre monde, mais les héros de leur histoire.
En 2011, j'ai écrit Terres closes, texte fragments faisant état des
différentes barrières élevées, physiquement ou administrativement,
pour contraindre et empêcher les mouvements de population (des
extraits de ce texte ont été publiés en 2014 dans la revue Le Bruit du
monde). L’achèvement de ce texte ne me donnait pas pour autant le
sentiment d'en avoir fini avec cette problématique… Et le monde
n'avait pas encore été saisi des flots d'images en provenance de
Turquie, de Grèce, de Hongrie, etc.
Simon Grangeat
Au printemps 2015, Antonnella Amirante, metteuse en scène de la
compagnie AnteprimA, m'a raconté l'histoire de Mohamed, un jeune
homme parti seul de Côte d'Ivoire jusqu'à Nantes, dans le seul but de
continuer ses études. Le récit de son aventure, ainsi que la
singularité de son parcours m'ont tout de suite intrigué. J'ai aimé
immédiatement cette quête, ce désir si intense qu'il lui fait braver
tous les dangers. Et je me suis mis à écrire.
Dans la réalité, l'histoire de Mohamed se termine bien, le jeune
homme étudie actuellement dans un lycée nantais. Mais plus je
cheminais dans les débuts d'écriture, plus j'avais mauvaise
conscience de raconter les milliers de vie abîmées ou sacrifiées par
le voyage à travers l'exemple d'un seul qui s'en tire.
Un documentaire d'Olivier Jobard, grand reporter spécialiste du sujet,
m'a offert un début de réponse. Dans ce film, une jeune femme,
crâne rasé pour se faire passer pour un homme, chaussures
bricolées avec deux bouteilles de plastique, regarde droit la caméra
afin que sa famille puisse la voir. Puisse voir la dureté du voyage. Sa
déchéance (ce qu'elle considère elle-même comme).
Résumé
Du piment dans les yeux est l'histoire croisée d'un jeune homme et
d'une jeune femme, tous deux partis sur les routes pour tenter
l'aventure d'une vie meilleure. Elle fuit la guerre, lui est mû par une
inextinguible soif d'apprendre et de continuer à étudier, qui le rend
capable de braver tous les dangers. D'une séquence à l'autre, nous
suivons en alternance le parcours de ces deux jeunes gens qui
affrontent notre monde et – sans résignation – luttent pour se
construire une existence digne.
Du piment dans les yeux commence légalement et finit sans papiers,
commence sous le ciel d'Afrique et se termine dans des rues de
France. Entre les deux : les exils, les fuites, la débrouille et surtout,
l’irrésistible envie de ne pas subir.
Le second personnage Du piment dans les yeux, Inaya, est né ainsi.
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NOTE D’INTENTION
SCENOGRAPHIQUE
Pour la grande traversée un seul bagage est indispensable pour survivre ;
un jerrican à eau.
Une multitude de jerricans constituera le décor : un mur modulable, surface
de projection, pour créer un banc ,une table, un bus, un pick-up, une
frontière, un mur de barbelé, une carte géographique …
Une fenêtre peut s’ouvrir pour nous laisser voir la main de Mohamed qui
salue sa mère restée à regarder le bus partir…
Scénographie pensée avec des éléments de récupération, l'espace
s'interroge sur l'équilibre, la fragilité et le parcours des corps.
Des jerricans d'eau forment un mur, des véhicules, des ponts et des routes
pour permettre aux corps des danseurs/comédiens de se mouvoir et de
traverser la scène. De l'eau, du plastique comme autant de corps échoués
envahiront le plateau, devenant des visages, des fenêtres sur l'ailleurs avec
le travail de l’image.
Il s'agit de penser la scénographie comme un parcours, dangereux mais
aussi fragile, chemin qui avec l'utilisation d'un objet unique tisse un lien
entre le « là bas » et l' «ici ».
Elsa Belenguier
Les histoires et les parcours de Mohamed et Inaya avancent en parallèle au
début de la pièce. Deux routes qui se construisent au fur et à mesure des
histoires (peut être des sentiers de jerricanes), deux parcours en équilibre
guidés par les pas du chorégraphe Mickael Phelippeau. Comme dans les
jeux inventés par les enfants, quand ils disent que « si on tombe et si on
pose un pieds par terre, on est mort et éliminé » ; mais pour Mohamed et
Inaya ce n’est pas un jeu, c’est la survie, c’est la vie !
Deux parcours différents qui se croisent pour continuer ensemble sur une
seule route.
Le mouvement comme une évidence pour laisser respirer le voyage et faire
résonner le récit, comme complément de la parole pour aller de l’avant,
comme langue universelle.
2 jeunes comédiens dans le rôles de Mohamed et Inaya
2 comédiens /conteurs (H/F) pour raconter l’histoire et interpréter tous les
autres rôles.
Plus le voyage avance plus les mots sont portés par Mohamed et Inaya ; ils
prennent en main leur vie, leur destin et le texte pour le raconter !
Antonella Amirante
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MOHAMED,
ITINÉRAIRE D’UN ENFANT
DOUÉ, PAR OLIVIER FAVIER
Mohamed aura dix-huit ans en juin. Né en Côted’Ivoire de parents burkinabés, il a parcouru
quelques 7000 kilomètres en un an avec pour seul
objectif de pouvoir étudier. Orphelin de père et de
mère, mais moralement soutenu durant son
voyage par sa « petite maman », il habite
aujourd’hui à Nantes, où il est le premier de sa
classe au lycée.
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ÉTRANGER PAR NAISSANCE.
Mohamed sourit: «Je suis né en Côte d’Ivoire, mais je suis
burkinabé, le pays des hommes intègres.» Nous avons déjeuné
ensemble, à Nantes, chez des amis communs, une maison
simple et chaleureuse, avec deux chats, des livres, et ce qu’il
faut de désordre pour se savoir en vie. «Il faut que tu
rencontres ce garçon, m’avait dit une militante locale au
téléphone, il a traversé l’Afrique pour aller à l’école.» Nous
sommes assis au salon, la chatte a sauté sur ses genoux, puis
elle bondit de nouveau sur le dossier du canapé, juste derrière
lui. Alors que je sors mon cahier, Mohamed feuillette un album
illustré, qui doit parler de sciences ou d’histoire, un de ceux
qu’on offre ici aux jeunes adolescents, un livre comme il n’en a
pas eu. Je vois son regard qui se déplace agile sur la page, il a
déjà quelque chose d’un lecteur averti, qui va à l’essentiel. Je
viens d’achever mes préparatifs et il relève aussitôt les yeux.
Sa réaction à ma première demande me fait sourire à mon tour.
Peu à peu ses réponses se feront plus longues et mes
questions ne viseront guère qu’à obtenir de simples précisions.
Je l’écoute.
Mohamed aura 18 ans en juin. Il est l’avant-dernier d’une
famille de huit enfants, auquel s’ajoutent trois demi-frères, son
père ayant eu deux femmes. Ses parents sont décédés l’un et
l’autre l’an dernier, à un mois d’intervalle. Son père a été
victime d’un accident de la route, alors qu’il effectuait un
déplacement en taxi pour son travail. Emmené à l’hôpital, il n’a
pas survécu à ses blessures, n’ayant pas d’argent pour se faire
opérer. Sa mère a succombé, m’explique-t-il, à une crise de
rhumatismes -il cherche le mot, que je lui souffle, mais ce
curieux diagnostic laisse surtout penser qu’elle est morte elle
aussi faute de soins. Mohamed ne sait pas exactement quel
âge ils avaient, il essaie de se souvenir, à ce qu’il me dit, son
père devait avoir une cinquantaine d’années.
«Il me reste ma petite maman, elle sait lire, écrire et parler
français» s’empresse-t-il d’ajouter. Sa petite maman, c’est la
deuxième femme de son père, «c’est comme ça qu’on dit en
Afrique» me précise-t-il aussitôt. Mais dans sa voix, ses mots
trahissent une émotion qui balaie la pudeur d’un simple usage.
Mohamed est un enfant qui a grandi trop vite et qui entre
orphelin dans l’âge adulte.
En Côte d’Ivoire, Mohamed est le seul de la fratrie à être allé à
l’école jusqu’en cinquième. À la rentrée suivante, son père a
cessé de payer l’école pour scolariser ses demi-frères. «C’était
une école privée, car je n’étais pas ivoirien, il fallait tout
acheter, l’uniforme, les fournitures.» Durant l’été, Mohamed a
fait des petits contrats dans un abattoir mais ce qu’il a gagné
n’a suffi que pour un seul trimestre. «Après, m’explique-t-il, je
ne pouvais pas travailler suffisamment et suivre les cours.»
Durant cette période, sa mère et son père se séparent, sa mère
part vivre chez son frère, et son père reste chez sa deuxième
épouse.
LE TOUT POUR LE TOUT.
À la faveur du désordre familial, en 2012, Mohamed choisit seul
de tenter sa chance au Burkina Faso. Il pense pouvoir s’y
inscrire à l’école publique. Mais les places manquent, là-aussi.
Dans ce qu’on lui dit être son pays -la Côte-d’Ivoire applique le
droit du sang- il se retrouve de nouveau étranger. Il travaille
quelques temps avec un frère de son père, puis il entame un
long voyage vers le nord. Il arrive d’abord au Niger. Là, il ne
trouve pas même un endroit pour dormir, la nuit il hante comme
d’autres gamins les abords de la gare de Niamey. «De toutes
façons, mon rêve était de travailler dans le milieu marin, et au
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Niger il n’y a pas la mer.» Pour 35 000 francs CFA -environ 50
euros- il trouve des passeurs pour l’emmener en Algérie, à
Tamanrasset. Dans les ghettos, les migrants plus âgés ne sont
guère encourageants. Il essaie de s’inscrire en plomberie, mais
en vain. À Ghardaïa, grâce au HCR, il trouve une place pour
une formation dans le milieu social. Mais les conditions sont
très difficiles. Les cours sont en arabe -une langue qu’il ne
connaît pas- il ne faut pas croiser le regard des filles, même
inopinément. Dérouté par ces codes qu’il ne comprend pas, il
s’attire quelques ennuis à la sortie des cours. Une fois encore,
il se rend compte qu’il n’a pas terminé son voyage.
«J’ai travaillé dans des champs de blé, d’olives, de pommes de
terre. Avec l’argent, je suis allé au Maroc et j’ai aussi envoyé un
peu d’argent à ma mère.» Passé la frontière, il est employé dix
heures par jour pour gagner 7 euros. «Au Maroc, me dit-il,
l’esclavage n’a pas été aboli, il a été modernisé.» Il dort dans
les ghettos, puis il rejoint la forêt qui longe l’enclave espagnole
de Melilla.
LA TRAVERSÉE.
Ce lieu est presque un monde à part, certains sont là depuis
plusieurs années. Le matin, on fait un genre de thé avec des
feuilles d’olivier. Vers midi, on part fouiller les poubelles, on
récupère des tomates, des pattes et des têtes de poulet, puis
on fait cuire le tout sur des feux de fortune. On dort vers 21
heures, car la police passe tôt dans la nuit, vers 3 heures du
matin. Dans cette zone de non droit, des migrants ont été
battus à mort, et pour tenir le coup, la communauté est
soumise à une sorte de discipline militaire. Après quelques
semaines, il quitte la forêt. «J’ai vu que ce n’était pas un endroit
pour moi.»
À Tanger, il s’organise avec d’autres jeunes, tous plus âgés
que lui. Ils sont neuf et décident d’apporter chacun cent euros
pour mettre en place leur projet commun. L’objectif est atteint
six mois plus tard. Ensemble, ils achètent un zodiac, une
pompe et un seau pour écoper. Personne ne sachant nager, ils
achètent aussi des gilets. Il est le seul à en être à sa première
tentative, les autres ont déjà essayé de passer six ou sept fois.
Pour se rendre jusqu’à la plage, en pleine nuit, ils paient un
genre de passeur, que les migrants appellent ici «l’automafia».
Arrivé sur place, tout le monde se relaie pour gonfler. Dans
l’embarcation, l’un d’eux se couche à l’avant pour maintenir
l’équilibre, six autres pagaient, un huitième motive l’équipage.
«Mon rôle à moi était de rester à l’arrière pour écoper.»
Cette nuit-là, pourtant, la mer est trop grosse. Ils essaient de
prendre le large sans succès jusqu’à six heures du matin.
Finalement ils se résignent à cacher le zodiac et à rentrer à
pied.
Deux mois plus tard, nous sommes à la fin 2013, ils tentent de
nouveau leur chance. L’embarcation n’a pas changé de place,
personne ne l’a détériorée. Mais durant la mise à l’eau, ils
perdent trois pagaies et le seau. Qu’à cela ne tienne, ils
poursuivent l’aventure. Le zodiac dérive de 3 heures à 10
heures du matin. À un moment donné, l’un des jeunes s’étend
au milieu de l’embarcation, il n’en peut plus. Les autres
essaient de le relever, mais en vain. La place se met à
manquer, il faut garder un pied dehors, tous sont pétrifiés par la
peur, car le bateau n’arrête pas de tanguer. Ils renoncent à
pagayer et appellent la Croix Rouge espagnole. Plusieurs
bateaux passent sans les voir avant qu’ils ne soient repérés par
un hélicoptère.
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EN EUROPE.
Arrivés à l’hôpital, on leur annonce que leur ami est mort
depuis deux heures. Les huit autres sont placés en rétention
durant deux mois. À sa sortie, Mohamed refuse de signer une
demande d’asile. Les autorités lui proposent de prendre un
billet pour une destination de son choix. Il choisit Bilbao, la ville
la plus proche de la frontière française. Son objectif n’a pas
changé, il veut aller à l’école. «À Bilbao, c’était très dur, il y
avait beaucoup de racisme, les gens te traitaient de puta de
negro dans la rue, on te crachait dessus.»
Au foyer ivoirien, les grands se cotisent et lui «coupent» [lui
achètent] un billet de train pour Paris. Là, il passe un peu de
temps dans deux squats, l’un à Montreuil, l’autre à Saint-Denis.
Puis il reprend contact avec un ami qu’il a connu en Algérie et
qui vit maintenant à Nantes. Il lui conseille de le rejoindre. «J’ai
pris le TGV à Montparnasse, je suis resté deux ou trois mois
dans le squat puis trois ou quatre chez un Ivoirien. Quand il
s’est marié, c’est devenu compliqué et je suis retourné au
squat.»
Mohamed passe alors un test de niveau d’études, et bien qu’il
ait arrêté le collège en cinquième, il est déclaré apte pour
rentrer au lycée. Après plusieurs tentatives, il est aussi reconnu
mineur, après que lui sont parvenus ses documents
burkinabés.
Cet objectif de travailler dans le milieu marin, m’explique-t-il
enfin, était en fait celui de sa sœur aînée, qui a arrêté l’école
pour qu’il s’y rende à son tour. «Je lui ai dit, puisque c’est de
ma faute si tu ne peux plus étudier, je vais accomplir ton rêve
pour toi.» À Nantes, il essaie par tous les moyens de s’inscrire
au lycée maritime, mais en vain. Au Centre d’information et
d’orientation, la réponse est sans équivoque : «Pour vous, il n’y
a pas de solution.» À côté de lui, se souvient-il, il y avait un
jeune plutôt démotivé pour lequel le personnel multipliait les
efforts.
Depuis septembre, il est inscrit au lycée Saint-Félix, en
seconde, où il prépare un bac protection de l’environnement. À
la fin du premier trimestre, il est premier de sa classe. «J’ai
appelé ma sœur pour dire que je n’avais pas tout à fait réussi à
exaucer son rêve, mais elle m’a dit que ce n’était pas grave,
que j’avais au moins essayé. Et puis, avec ce diplôme, je vais
peut-être réussir quand même à trouver un métier dans le
milieu marin.»
Aujourd’hui, Mohamed est hébergé en hôtel en cohabitation
avec cinq autres jeunes, il fait du bénévolat pour Gassprom,
une association locale de solidarité avec les immigrés.
Théoriquement, il devrait recevoir une petite allocation de centvingt euros tous les quinze jours. Mais comme les 85 autres
mineurs dans sa situation à Nantes, cette somme ne lui a
jamais été versée. On lui fournit simplement le couvert et les
produits d’hygiène. Dans quelques mois, la majorité atteinte,
les difficultés pourraient recommencer. Il sera de nouveau
menacé d’expulsion, même s’il peut faire valoir qu’il est inscrit
pour un cursus de trois ans. Il devra demander un récépissé de
carte de séjour d’abord pour trois mois, puis pour six, et de
nouveau pour un an, cinq ans, dix ans.
LA SAGESSE DE LUTTER.
Mohamed a fini de raconter son histoire. Mais il continue de
parler, il a tant de choses à dire, tout ce qu’il a appris durant sa
courte existence. «Quand on regarde les gens agir
différemment, il ne faut pas les juger mais essayer de
comprendre pourquoi. Ils ont quoi sur le cœur qui les poussent
à agir ainsi?» Il me parle des jeunes immigrés autour de lui.
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Beaucoup de mineurs sont encore à la rue. Ceux qui
bénéficient le plus facilement de protection sont les plus
jeunes, qui ont quinze ou seize ans. «La France, se souvient-il,
les Africains la voient comme un père, un tuteur, un ami.
Quand on arrive ici, on voit bien que toutes ces belles paroles
sont fausses.» Mais il est difficile de dire aux amis qui sont
restés au pays qu’ici aussi il y a des problèmes. La France,
pour les Ivoiriens, c’est celle qu’on montre à la télévision. En
voyant autant d’argent dépensé, il est impossible de penser
que quelque chose ne va pas.
Du pays où il vit désormais, Mohamed a décidé de voir le bon
côté. «En France, quand tu connais tes droits, tu as une bonne
chance d’obtenir ce que tu réclames.» Et puis, il y a le travail
des associations, des militants. «Ce sont eux qui font la force
de ce pays, c’est grâce à eux qu’il reste une terre d’accueil. Ici,
je n’ai jamais passé une journée sans manger, c’est dur, mais
c’est mieux qu’ailleurs.» Si un jour il retourne en Côte d’Ivoire,
Mohamed voudrait ramener bien des choses qu’il a apprises
ici, mais pas tout. «Ici, un vieux doit demander qu’on lui laisse
une place assise dans le bus, chez nous les gens se lèvent
spontanément, même pour quelqu’un qui a quelques années
de plus qu’eux.»
«Pourtant, poursuit-il, il y a tellement de choses à changer en
Afrique.» Puis il se lance dans une condamnation sans appel
de la polygamie et de l’excision. «Il faut aussi que les gens
cessent de faire autant d’enfants, surtout quand ils ne peuvent
pas assurer leur avenir.»
Mohamed sourit encore : «Il ne faut pas rester dans son petit
coin. Il faut continuer à lutter même s’il n’y a rien à défendre.
Jamais s’asseoir, toujours bouger.»
Comme il poursuit ses réflexions, je pense au ciel qui
s’assombrit ici chaque jour davantage : «La première des
choses à bannir c’est la peur. La peur ne résout rien. Il n’y a
pas de vraies luttes sans victimes, et pourtant les gens
attendent que ça empire. Pourtant, dès que tu as l’impression
que ça ne va pas, il vaut mieux agir directement.»
Que pourrais-je ajouter ?
Article publié en partenariat avec France terre d’asile, lundi 2 mars 2015.
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http://aggiornamento.hypotheses.org/2880
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Antonella Amirante
metteure en scène
Et la Cie AnteprimA
Antonella Amirante, après un passé de danseuse et comédienne en Italie et en
France,
En 2009, elle crée la Cie AnteprimA puis commande un texte à Laura Forti ; ce
sera Mère/Fille dont sa traduction est publiée chez Actes Sud Papiers. Le
spectacle qu’elle met en scène est coproduit par le théâtre Massalia de Marseille,
le Théâtre Athénor à Saint-Nazaire et soutenu par le Théâtre Nouvelle
Génération/CDN de Lyon.
En 2010, elle crée la version italienne Madre/Figlia, qui tourne en Italie et reçoit la
mention spéciale du jury du festival Giocateatro de Turin. En juillet 2010,
Mère/Fille est présenté au festival Off d’Avignon au Théâtre GiraSole ; il sera en
tournée jusqu’en 2014
Fin 2010, elle crée Joyeux Anniversaire, spectacle jeune public coproduit par le
Théâtre de Vienne et soutenu par le Théâtre Athénor, le Vélo Théâtre d’Apt, le
théâtre Massalia et le Pôle Jeune Public du Revest.
En 2011, elle commande un texte à Antonio Tarantino ; ce sera Malamore
présenté au Théâtre des Ateliers en décembre 2011 pour le festival « Face à
Face ».
Antonella Amirante coordonne aussi « Vice Versa », un regard croisé sur les
dramaturgies pour le jeune public entre la France et l’Italie en partenariat avec le
TNG/CDN de Lyon et la Fondazione Casa Ragazzi e Giovani de Turin.
Elle est la coordinatrice du comité italien Rhône-Alpes et PACA de la Maison
Antoine Vitez.
Artiste Associée au Théâtre de Vienne pour les écritures contemporaines
(2012/2014) et résidente à partir de 2015 pour 3 ans.
Saison 2012/2013, elle met en lecture pour les Journées des Auteurs de Lyon
« Variations sur le modèle de Kraepelin ou le champ sémantique des lapins
en sauce» texte de Davide Carnevali et le met en scène en 2013 au théâtre de
Vienne.
La compagnie en tant qu'artiste associée au théâtre de Vienne sur 2013 sera
coordinatrice du projet « Femmes de Vienne et d’ailleurs » une semaine de
débats, ateliers, tables rondes, présentations et lectures publiques d’œuvres
littéraires et dramaturgiques pour donner matière à débattre sur la situation et la
place de la femme aujourd’hui en France et dans les pays de la Méditerranée.
Dans ce cadre il sera aussi proposé une mise en espace du texte «Arrange –toi»
de Saverio la Ruina, première étape de travail en vue d’une création en 2014.
En 2014 :
. Cie associée au théâtre de Vienne.
. Projet et spectacle « Archipels », rencontre inter générationnelle (adolescents
– seniors) commande d’écriture à l’auteur Samuel Gallet (Coproduction du
théâtre de Vienne, soutien Drac action culturelle et Région RA Fiacre médiation
culturelle).
. Sur la demande du Ministère des Droits des Femmes, lecture d’« Arrange-toi »
lors de la remise des prix Egalité-E 2014.
. Lecture de « Arrange-toi » à Montréal suite à une master class dirigée par
Antonella Amirante et Federica Martucci.
. Au festival D’Avignon 2014, sur la péniche de la Région Rhône Alpes : lecture
d’un extrait de « Arrange-toi » suivi d’un débat/table ronde organisé par la
compagnie « quand le théâtre regarde les femmes »
. Création en octobre 2014 au TNP du spectacle « Arrange-toi », texte de
Saverio La Ruina (coproduit par le théâtre de Vienne, le TNP Villeurbanne,
l’Espace Albert Camus de Bron et soutenu par la Gare Franche / Cosmos Kolej,
le groupe des 20 Rhône-Alpes et la Spedidam.)
. En décembre 2014, présentation du projet la Revanche aux réseaux de
théâtres Quint’est, groupe des 20 IDF et en janvier 2015, à la route des 20
Rhône-Alpes.
En 2015 :
. Début de la résidence triennale au théâtre de Vienne, scène conventionnée
. Dans la « bande » du théâtre le Merlan scène nationale de Marseille
. Tournée d’Arrange-toi
. Création du spectacle « La Crise à tous les étages »
. Création de la Revanche en décembre 2015 au théâtre de Vienne (coproduit
par le théâtre de Vienne et la scène nationale du Merlan)
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Mickael Phelippeau - Chorégraphe
Après une formation en arts plastiques et en danse, Mickaël
Phelippeau travaille auprès de nombreux chorégraphes (parmi
lesquels Mathilde Monnier, Alain Buffard, Daniel Larrieu), et de
2001 à 2008 au sein du Clubdes5, collectif de danseursinterprètes. Depuis 2003, il axe principalement ses recherches
autour de la démarche bi-portrait, prétexte à la rencontre. Il crée
ainsi les pièces chorégraphiques bi-portrait Jean-Yves (2008)
et bi-portrait Yves C. (2009), Round Round Round (2010), Numéro
d'objet (2011), Sueños et Chorus (2012), enjoy the silence et biportrait Erwan K. (2013), Pour Ethan et Set-Up (2014), Avec
Anastasia et Llamame Lola (2015).
Depuis 2010, Mickaël Phelippeau est directeur artistique des
résidences À domicile à Guissény.
Il est artiste associé au Quartz - scène nationale de Brest de 2011
à 2014, au Théâtre Brétigny - scène conventionnée du Val d’Orge
de 2012 à 2016, à l'Échangeur - CDC de Picardie de 2014 à 2016,
au Merlan - Scène nationale de Marseille de 2015 à 2018, au
Centre chorégraphique national de Caen de 2015 à 2018, au
théâtre Louis Aragon - scène conventionnée de Tremblay-enFrance en 2016.
http://bi-portrait.net
http://ddab.org/fr/oeuvres/Phelippeau
© Philippe Savoir
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Olivier Favier - Journaliste
Mohamed Zampou
Mohamed Zampou (né en 1997) a fait un long voyage de San
Pedro, en Côte d'Ivoire, jusqu'à Nantes, avec pour seul objectif de
pouvoir aller à l'école. Après avoir arrêté le collège au premier
trimestre de sa quatrième, il a réussi à intégrer, suite à un test
d'aptitude, une seconde dans un lycée professionnel. Très engagé
et apprécié dans la vie associative nantaise, il se fait souvent le
porte-parole des mineurs et des jeunes isolés étrangers, et milite
aussi au sein de la JOC pour le droit des travailleurs saisonniers.
Olivier Favier (né en 1972), historien de formation, a été
enseignant dans le secondaire, libraire, directeur de collection,
lecteur dans une maison d'édition, animateur et médiateur culturel,
avant de se consacrer à la traduction littéraire, poétique et
théâtrale. Aujourd'hui, il travaille aussi comme interprète pour le
cinéma et comme pigiste pour Bastamag. Il anime depuis 2010 le
site www.dormirajamais.org et écrit des reportages pour le site de
France terre d'asile. Il est enfin chargé de cours à l'Université de
Paris 1 et à l'ENSATT.
Interview de Mohamed par RFI EMISSION SPECIALE A L'OCCASION DE LA JOURNEE
MONDIALE DES REFUGIES CE SAMEDI 20 JUIN 2015 :
http://www.rfi.fr/emission/20150620-paroles-migrantsjourneemondiale-refugies/
Interview de Mohamed par BFMTV du 9/05/2015 :
http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/les-immigrants-africains-tententde-rejoindre-l-europe-a-tout-prix-521779.html
Interview France Inter du 1/1/2016
http://www.franceinter.fr/emission-dici-dailleurs-mohamed-18-ans-ne-encote-divoire-vit-aujourdhui-a-nantes
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Simon Grangeat – Auteur
comités – bureau des lecteurs de la Comédie Française, collectif À
Mots Découverts, Influenscènes, CDN d'Angers, CDN d'Orléans,
scène nationale L'apostrophe (Cergy-Pontoise), théâtre de
l’Éphémère (Le Mans), les Actuelles XVI – TAPS (Strasbourg). Il
est « coup de cœur 2013 » du comité de lecture du Panta Théâtre
(Caen).
Certains de ses textes sont traduits en catalan, en anglais, en
espagnol, en hongrois ou en grec. Des extraits de Terres Closes
sont publiés dans le numéro 2 de la revue Le Bruit du monde. En
2016, sortira son premier album jeunesse intitulé Les Méchants,
aux éditions Sarbacane (illustrations de Nathalie Choux).
www.simongrangeat.fr - © Emile Zeizig
En 1998, Simon Grangeat participe à la fondation de Traversant 3,
équipe de création pluridisciplinaire jeune public. Il mène d'abord
un double parcours d’écriture et de mise en scène, avant de se
consacrer exclusivement à l'écriture.
Parallèlement à l'écriture, Simon Grangeat développe de
nombreuses actions autour de la lecture et de l’écriture du texte
contemporain. Il coordonne notamment depuis 2010, la partie
régionale du prix Collégien de Littérature Dramatique (Collidram),
organisé nationalement par l’association Postures.
Depuis
septembre
2014,
d'enseignement théâtral au
Régional de Sain Etienne.
il
est
également
assistant
Conservatoire à Rayonnement
Il alterne les créations jeune public (Entre les herbes folles, Un
Caillou dans la botte, Sous mes yeux, De fil blanc) avec des textes
destinés aux adultes (Faut-il désespérer du monde ou mourir en
riant ?, T.IN.A.- Une brève histoire de la crise, Terres Closes, Un
cœur Moulinex). Son écriture adulte s'appuie sur une phase de
documentation et de recherche approfondie, tout en essayant
ensuite de trouver des formes d'écriture non-documentaire –
farces, chœurs contemporains, textes musicaux.
En 2011, il reçoit l'aide à la création du CNT pour T.I.N.A. - Une
brève histoire de la crise, créé par la compagnie Cassandre, en
2012. Ce texte est sélectionné et mis en lecture par de nombreux
Melilla(territoireEspagnolaunordduMaroc)
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Fatou Ba - Comédienne
Lena Dia - Comédienne
Elle débute comme
conteuse avec « Coups
de Pilon » Lyon dans
des mises en scène de
T.M. N’Diaye. Depuis
1998
elle
conte
accompagné par un
(ou une) musicien (ne)
des
contes,
théâtralisés
avec
musique, chants et
danses : La lune regarde en bas et rit, Coucouloulou, Moa et Les
Toa, Petites Querelles, Le conseil des arbres, Soundita Keita
épopée Mandingue.
Ses spectacles sont accueillis dans des Médiathèques, centres
culturels, écoles, crèches, festivals de conte et théâtres ….
En tant que Comédienne, elle est dirigée par Babette Masson (ICI2014) Gilles Chavassieux
(En ordre de Bataille - 2007, Les
nègres), Catherine Anne (Pièce Africaine- 2006, Le crocodile de
paris), Claude Yersin (Electre /Oreste - 2002 et en lecture :
Retour de Bamako I, II et III), Annie Lucas et Roland Fichet
(L’Africaine- 2003), Josiane Fritz (Pitagaba- 2005)…
Elle enregistre des pièces radiophoniques pour France Culture,
France Inter et pour cd-rom. Elle double des publicités et prête sa
voix pour des créations théâtrales, elle participe également à de
nombreuses lectures.
Elle anime plusieurs ateliers de contes en milieu scolaire, auprès
de jeunes en difficulté, personnes handicapées et en psychiatrie.
En 2014, elle crée en compagnie d’artistes de divers disciplines et
des travailleurs sociaux la Compagnie 12 :21 en plus d’être un
espace de création c’est un espace de réflexion et de recherche
sur les questions de transmission, d’appartenances et d’identité.
Léna débute le théâtre
en
Alsace,
à
la
Comédie de l'Est avec
Patrice Verdeil, au
sein de la troupe
Théâtre Tout Terrain.
Elle poursuit ensuite
avec de nombreux
stages dont un qui
marquera
considérablement son
parcours, à l'ARIA (Corse -2013), où elle travaillera avec Nadine
Darmon sur la pièce Elle disait dormir pour mourir de Paul
Willems. En 2014 elle intègre l'Acting Studio, école
professionnelle d'acteur à Lyon, où elle travaille avec Joëlle Sévilla
et Alexis Henon notamment sur deux pièces de Koltès, Sallinger et
Quai Ouest. Elle joue également dans La maison de Bernarda
Alba, de Frédérico Garcia Lorca, mis en scène par Nicolas Musilli.
Elle découvre le théâtre jeune public à travers le rôle de Lys dans
Lys Martagon, une pièce de Sylvain Levey. (Picardie - 2014) sous
la direction de Claire Charré. Ce projet s'est inscrit dans des
ateliers de théâtre avec de jeunes adolescents atteints d'un
handicap mental qui ont suivi la création de ce spectacle.
Suite à cette expérience, Léna débute dans la transmission en
animant un atelier destiné à de jeunes enfants ( 4-7 ans) à Tassinla-demi-Lune pendant un an.
En 2015 elle fonde, avec 6 autres comédien(ne)s la Compagnie
du Bistanclac qui sortira trois spectacles actuellement joués dans
la région Rhône-Alpes et en Picardie.
A la télévision, Léna joue dans la série "Accusé" et au cinéma
dans "Sur quel pied danser".
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Jean Erns Marie Louise - comédien
Jean Erns est comédien, metteur en scène, fondateur de la
compagnie la Thymélé et associé au festival « Soirées d’été
en Luberon”.
Après une formation continue, en Haïti, en France et en
Suisse ; il joue au théâtre dans des mises en scène de
Claudine Hunault, Christopher Barnett, Daniel Girard, Thierry
Bédar, Emmanuel Meirieu, Alain Timar, Nino D’Introna,
Brigitte Mounier, Stephane Titelein, Pierre-jean Naud…
Au cinéma, il joue dans « 30° couleur » de Lucien JeanBaptiste et Philippe Larue et à la télévision dans « Les vieux
calibres », « Pas d'inquiétude », « Les Témoins », « Cherif »,
« Mère porteuse » , « Baron noir » , « The Tunnel » , «
Accusé »…
Il est aussi animateur d’ateliers d’écriture et de théâtre.
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Gabriel Guenot - Créateur lumière
Nicolas Maisse - Créateur vidéo/son
Après
avoir
exercé
des
fonctions
techniques dans l’industrie aérospatiale,
puis
la
recherche
en
physique
fondamentale jusqu’en 2002, il décide de
mettre à profit ses compétences dans le
domaine du spectacle. Il entame alors un
parcours très éclectique, motivé par le plaisir de la découverte,
des expériences nouvelles, et des rencontres.
S’attelant tour à tour à la machinerie, puis la lumière, il collabore
ainsi au théâtre avec Eric Vautrin, Jean christophe Hembert et
Alexandre Astier, Karelle Prugnaud, Bruno Boëglin, Elisabeth
Chailloux et Julia Zimina, Yves Charreton…
Comme régisseur général, il prend part à l’organisation
d’évènements comme le festival Woodstower, ou encore la Fête
des Lumières.
Une incursion au cinéma en 2009 lui permet de travailler à la
création des décors du premier film d’Alexandre Astier, « David et
Madame Hansen ».
Parallèlement, il accompagne le parcours du chorégraphe Yuval
Pick depuis ses débuts jusqu’au CCN de Rillieux, dont il assure la
direction technique jusqu’en 2014.
Il collabore actuellement aux spectacles d’Emmanuel Meirieu.
Suite à une formation de réalisateur
sonore à l'ENSATT (promotion 68), il
travaille avec plusieurs compagnies
lyonnaises et parisiennes sur des
projets allant du théâtre à la vidéo, des
arts de la rue à la musique et la danse
(Langhoff, Schiaretti, cie AnteprimA, La
Hors de, Dos à Deux, Sambre, théâtre du Détour, Christophe
Luthringer, Bina n’Goua, GRAME, TM+, Collectif SONAR...) tant
en régie qu'en création.
D'abord sonore, son travail de création va progressivement se
diversifier vers la vidéo afin de rechercher des formes d'écritures
transversales. Son approche de l'art est empirique, c'est ainsi qu'il
a monté en 2009 le Collectif SONAR afin de disposer d'un
véritable outil de création, un laboratoire de recherches artistiques.
Profondément attiré par les arts immersifs, les nouveaux outils
numériques et l'interactivité, il aime travailler le format de
l'installation, qu'elle soit plastique, sonore ou vidéo.
Côté musique, il assure la régie du festival de jazz Swing41 de
2006 à 2013. Il est également régisseur du théâtre Girasole à
Avignon, durant le festival du Off.
17
Elsa Belenguier
Scénographe, costumière
Après des études de lettres et deux ans de
classe préparatoire à l'ENS de Cachan, Elsa
Belenguier intègre l'ENSATT dans le
département scénographie. Durant ces
années de formations elle travaille avec des metteurs en scène
tels que Thierry Roisin, Enzo Cormann, Jean Pierre Larroche,
Christian Schiaretti, Bérangère Vantusso... Elle collabore depuis
avec plusieurs compagnies en France ainsi qu'en Suisse,
notamment avec le Théâtre du Centaure, le Théâtre du Trèfle,
Acte Public, la compagnie Mimesis avec laquelle elle poursuit ses
recherches notamment autour de l'espace vidéo. Récemment elle
a conçue et réalisée la scénographie de Démons de Lars Noren,
mis en scène par Cyril Legris et crée à La Rose des Vents à
Villeneuve d'Ascq, et entame de nouvelles collaboration avec la
cie L'Atelier, la cie Les Corbeaux et la cie Anteprima, toutes trois
basées en Rhône Alpes.
2014-2015 : Scénographe et costumière de « Arrange-toi » de la
Cie AnteprimA.
2015-2016 : Scénographe et costumière de « La Revanche » de la
Cie AnteprimA.
Frédérique Yaghaian
Administratrice de production
Après avoir été technicienne de
laboratoire (DELAM en 1991),
elle deviendra technicienne du spectacle
vivant en tant qu’administratrice de
! production pour la Cie AnteprimA
en
2012. De fin 2012 à 2015, est co-administratrice de production de
la compagnie Haut et Court et sur l’année 2015 de la Plateforme
Locus Solus.
18
DOSSIER PEDAGOGIQUE
« FRONTIERES »
« Frontières » c’est le thème que la compagnie AnteprimA,
résidente au Théâtre de Vienne, a choisi de proposer
comme sujet commun de travail sur le territoire pour la
saison 2015/2016.
Le travail dans les écoles de Vienne serait un écho à la
création de la compagnie AnteprimA pour la saison
2016/2017 « Du piment dans les yeux ».
radiophonique avec Nicolas Maisse. Une façon d’échanger
et partager des expériences de vie entre adultes et
adolescents.
Nous proposerons aussi des rencontres avant et après les
spectacles avec l’équipe d’AnteprimA, et si possible en
présence d’Olivier Favier et de Mohamed Zampou.
Nous sommes à votre disposition pour partager une
filmographie, des titres de livres et des textes théâtraux
adaptés aux différentes classes d’élèves qui voudraient se
préparer à notre spectacle.
Ce travail peut être proposé à d’autres structures qui
accueilleront le spectacle en tournée.
Ils ont déjà travaillé :
Pour réaliser le projet « frontières », cette année encore le
comité de lecture de Vienne choisira les textes sur la
thématique de la frontière et de l’émigration qui nous seront
proposés par la MAV, LABO07, …. Les textes choisis seront
travaillés pendant toute l’année par les élèves de primaire,
collège et lycée avec l’accompagnement de l’équipe
d’AnteprimA et présentés au public sous forme de lecture,
mise en espace, travail vidéo ou sonore …
Le parcours migratoire de Mohamed : une proposition de
travail de Samuel Kuhn à partir d'un reportage d'Olivier
Favier.
En parallèle, Olivier Favier animera un atelier d’écriture
pour un groupe d’adolescents. Ce sera un travail
« journalistique» pendant lequel il accompagnera les
adolescents dans des interviews faites à des ainés de leur
quartier qui ont « passé une frontière ». A partir de ces
témoignages ils écriront un texte qui sera mis en voix par
Antonella Amirante et/ou avec un travail vidéo ou
http://clgeluardservat.blogspot.fr/2015/06/le-parcours-migratoire-demohamed-une.html
http://aggiornamento.hypotheses.org/2880
« Les élèves de 4e5, du collège François Mugnier de
Bons-en-Chablais (Haute-Savoie), ont travaillé sur le
parcours de Mohamed. (…) Activité de géographie, ce
travail est aussi l’histoire d’une rencontre. À distance. Mais
de ces rencontres qui bouleversent les protagonistes qui
l’ont, pour un instant, pour toujours peut-être, partagée. (…)
Le programme de géographie des classes 4e propose
d’étudier, dans le cadre de la 1e partie consacrée aux
« échanges à la dimension du monde », le thème des
19
mobilités. La mondialisation se caractérise en effet par un
accroissement des flux de capitaux, de marchandises mais
aussi des hommes. Le « Monde mondialisé » n’existe en
effet que par les liens, les échanges, les mouvements, les
déplacements des individus. Les migrations se distinguent
toutefois des autres formes de mobilité. D’abord par leur
poids sans précédent dans l’histoire de l’humanité (l’ONU
estime à plus de 3% de la population mondiale les migrants).
Mais aussi en ce qu’elles engagent un véritable projet de vie.
Si les circulations temporaires gagnent en importance,
migrer implique toutefois une rupture plus forte, plus
définitive. C’est un départ qui possède ses logiques, ses
stratégies, ses itinéraires de plus en plus improbables.
Comme le souligne le géographe Gildas Simon la figure du
migrant est un « des marqueurs les plus évidents de la
mondialisation » (« Migrants et migrations du monde », La
Documentation photographique, n°8063, mai-juin 2008). Les
migrations sont à la fois les produits, les vecteurs, de la
mondialisation. Des inégalités. Des discontinuités entre
les espaces. Mais aussi de la connexion entre des
territoires
inégalement
insérés
dans
cette
mondialisation par les moyens de transport ou la
« révolution communicationnelle » (films, publicités, séries
télévisées…) qui nourrit un imaginaire et une connaissance
de l’autre, de l’ailleurs.
Autant de problématiques complexes à saisir, a fortiori par
de jeunes élèves de 4e. Chez eux, comme sans doute dans
une frange importante de l’opinion, la représentation du
parcours des migrants se réduit trop souvent à deux
images : soit celle, non dénuée de xénophobie, des
« hordes » de migrants qui, par exemple, escaladent les
grillages de Ceuta ou Melilla, soit celle, non dénuée de
condescendance, de victimes anonymes, pauvres hères, qui
viennent s’échouer sur les rivages européens. La répétition
sur les chaînes de télévision des mêmes scènes, de ces
images de naufrages, de morts, de détresse, en arrive,
paradoxalement à annihiler toute capacité de réaction et de
réflexion. Autant d’écueils auxquels se confronte un cours de
géographie sur ce sujet.
(…) Mais s’agit-il seulement d’un travail scolaire ? Pour les
élèves, suivre pas à pas l’itinéraire de Mohamed, ce fut aussi
et surtout l’occasion de mettre un visage sur cette figure du
migrant qui leur semblait a priori si étrangère. De
comprendre que l’autre est aussi un même. La jeunesse de
Mohamed, son désir d’être scolarisé qui lui a donné l’énergie
et le courage de s’engager de ce si long voyage a, sans nul
doute, suscité un effet d’identification et d’empathie.
Et Mohamed ? Il fête ses 18 ans en ce mois de juin. Avec la
majorité, ce sont aussi les difficultés qui peuvent se
réinviter : les menaces d’expulsion, les titres de séjours
délivrés à titre temporaire. Et pour l’heure ? Il est premier de
sa classe, avec les félicitations et un 14.25 de moyenne
générale. Le directeur de l’école en a profité pour lui dire
que, quoi qu’il advienne, il le garderait jusqu’au bout de sa
scolarité. »
Samuel Kuhn
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Contacts
Actualités
Cie AnteprimA
156 cours Docteur Long 69003 Lyon
[email protected] - www.cie-anteprima.com
Festival Cap Excellence de Pointe à Pitre mai 2016
Participation aux journées professionnelles
Direction Artistique, Antonella Amirante
06 10 15 33 72 – [email protected]
Administratrice de production, Frédérique Yaghaian
06 08 14 59 92 – [email protected]
Tournée 2016 – 2017
3 et 4 novembre 2016
au Théâtre de Vienne, scène conventionnée
8 novembre 2016
à l’Espace Albert Camus, Bron
8 et 9 décembre 2016
à la Scène Nationale du Merlan, Marseille
24 mars 2017
Centre Culturel Pablo Picasso, Homécourt
31 mars 2017
Théâtre Gérard Philipe, scène conventionnée de Frouard
13 avril 2017
à l’Arc, Scène Nationale Le Creusot
La Compagnie AnteprimA est
en résidence triennale
au théâtre de Vienne,
scène conventionnée de 2015 à 2017,
fait partie de la « Bande »
de la scène nationale le Merlan à Marseille,
Antonella Amirante est artiste familière
de la Scène Nationale l’Arc Le Creusot.
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