M
édecin-psychiatre, direc-
teur général de la SPASM
et président de la SFRR
(1), le Dr Cacot a accepté de com-
menter la notion de soin en insertion.
Pouvez-vous nous présenter suc-
cinctement la SPASM ?
Dr Cacot : La SPASM est une asso-
ciation loi 1901, créée officiellement
en 1959 dans le sillage de la
Fédération Croix-Marine des So-
ciétés d’aide à la santé mentale.
L’idée de départ était de proposer,
parallèlement aux soins, une forme
d’insertion sociale. Ainsi, l’associa-
tion avait offert aux patientes qui
sortaient d’une hospitalisation à
Sainte-Anne et qui savaient coudre
ou tricoter, la possibilité de vendre
leurs travaux. La SPASM a ensuite
créé un office pour le placement
professionnel des patients sortant
d’hospitalisation. La philosophie de
l’association était certes de favoriser
l’insertion, mais cela ne suffisait pas
car il restait à définir le type de soins
et d’encadrement les plus adaptés à
ces patients. On peut dire aujour-
d’hui que la SPASM propose des
soins adaptés tout en se préoccu-
pant d’insertion.
Comment définiriez-vous précisé-
ment la notion de soin en insertion ?
Et pourquoi est-ce si important ?
Dr Cacot : Dans notre société occi-
dentale, on a séparé l’espace réser-
vé aux soins et l’espace de la société
civile. D’ailleurs, l’hôpital “désinsère”
pour soigner. Les soins en insertion
représentent le refus de cette sépa-
ration entre les soins et la société
civile. Les soins en insertion permet-
tent aux patients de se soigner sans
se désinsérer. L’environnement au-
tour du soin doit être en continuité
avec le tissu urbain. Il s’agit d’inven-
ter ou de promouvoir des établisse-
ments sociaux-médicaux. Bien en-
tendu, la première insertion est
l’insertion familiale, c’est pourquoi
nous prenons en compte l’ensem-
ble de la famille du patient. De
manière générale, nous faisons en
sorte que le cadre du soin prenne
pied dans un contenant social
(exposition, restaurant, concert...).
Comment contribuez-vous concrè-
tement à favoriser cette insertion?
Dr Cacot : Les unités de soins de
réadaptation constituent les outils
nécessaires à la mise en œuvre des
soins en insertion. On part du cons-
tat suivant : pour favoriser la réadap-
tation et l’insertion, il faut mettre en
contact les patients avec des profes-
sionnels soignants et d’autres pro-
fessionnels (moniteurs, éducateurs,
formateurs, etc.). Nos unités de
soins de réadaptation ne sont pas
des hôpitaux. La prise en charge des
patients est limitée dans le temps
(1 à 2 ans) ; elle est assurée par
une équipe pluridisciplinaire. D’un
côté, les patients sont considérés
comme des patients par les soi-
gnants, et d’un autre côté, ils sont
considérés comme des stagiaires
par les moniteurs ou les formateurs.
Ils peuvent acquérir des compé-
tences professionnelles et découvrir
ainsi une autre facette de leur per-
sonnalité au lieu de rester unique-
ment dans le cadre du soin. Le
Centre Mogador et l’Espace jeunes
adultes sont deux de nos unités de
soins de réadaptation.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 57 • août-septembre 2004
Avez-vous procédé à une évalua-
tion de cette démarche d’insertion ?
Dr Cacot : Bien sûr. Pour les unités
de soins de réadaptation, nous
avons des résultats modestes : 30 à
40 % de nos patients sortent avec
un emploi ou décident de reprendre
des études. On en voudrait da-
vantage, mais nous sommes aussi
tributaires du marché de l’emploi. En
tout cas, beaucoup de nos patients
sortent avec l’idée de se débrouiller
autrement dans la vie et progressent
énormément sur le plan de la socia-
bilité. Ces patients qui sortent des
unités de réadaptation ont un par-
cours différent et disposent de
bagages que les autres patients n’ont
pas. Un autre élément d’évaluation
concerne l’augmentation régulière
des demandes pour intégrer nos
unités de soins de réadaptation.
Propos recueillis par François Cohen
(1) Société Française de Recherche en
Réadaptation.
Soins Libéraux
36
Psychiatrie
Quand l’hôpital “désinsère” pour soigner
Insertion sociale et ouverture sur la société civile : tel est le mot
d’ordre, le leitmotiv, voire la vocation de la Société Parisienne d’Aide à
la Santé Mentale (SPASM). Sans sous-estimer l’importance du cadre
du soin, la SPASM milite en faveur d’un soin en insertion et développe
à cette fin, entre autres, des unités de soins de réadaptation.
Infos ...
Adresses utiles
FNACM : Fédération
Nationale
des Associations
Croix-Marine d’aide
à la santé mentale
31, rue d’Amsterdam
75008 Paris
Tél. 01 45 96 06 36
UNAFAM : Union
Nationale des Amis
et des Familles
de Malades Mentaux.
12, Villa Compoint,
75017 Paris.
Tél. 01 42 63 03 03.
À signaler aussi les
familles d’accueil
thérapeutique. Triées
sur le volet, elles sont
salariées et reçoivent
des malades
mentaux l’espace
de quelques mois.
Un exercice délicat.
Des associations
de réinsertion
apportent également
des aides aux patients.
Les alternatives à
l'hospitalisation
L’hôpital psychiatrique conserve
une place éminente lors des
phases aiguës de la maladie
mentale. Lorsque le sujet recou-
vre une stabilité attestée, ou si
son état ne requiert pas l’interne-
ment, d’autres structures assu-
rent la relève. En premier lieu
l’hôpital de jour. Celui-ci accueille
des patients dont l’état permet
un retour au domicile en soirée.
Davantage d’activités thé-
rapeutiques (sorties, ateliers...)
figurent au programme. Les
Centres Médico-Psychologiques
(CMP) s’attachent aux consulta-
tions et aux visites à domicile.
Quelques malades se reconstrui-
sent par le biais de certains tra-
vaux. À signaler aussi les familles
d’accueil thérapeutique.
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