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5. Rôle dans l’écosystème urbain
Tant la Corneille noire que la Pie bavarde joue un rôle important, qu’il ne faut pas sous-estimer,
dans l’écosystème urbain. Bien que ces deux espèces suscitent souvent l’antipathie de la
population en raison de la prédation des nids d’autres oiseaux nicheurs, elles remplissent leur rôle
comme prédateur, dans l’écosystème. Cette prédation naturelle (contrairement à celle exercée par
les chats) n’est toutefois jamais telle qu’elle soit en mesure d’exterminer une espèce, voire d’en
réduire la population. Le recul des petites espèces comme le moineau et divers insectivores n’est
absolument pas dû à la prédation par les Corneilles noires et les Pies bavardes, mais à toute une
série d’autres facteurs (découlant souvent d’interventions humaines) qui n’ont rien à voir.
La Pie bavarde et la Corneille noire remplissent une seconde fonction importante, celle d’éliminer
les animaux morts et les déchets (p.ex. des restes de pain et des cadavres), favorisant ainsi
l’équilibre de l’écosystème urbain et apportant une contribution importante à la propreté et à
l’hygiène dans la ville.
Les graphiques illustrent que les populations de Corneilles et les Pies n’ont pas progressé
significativement au cours des dernières années. Pourtant, le public a la fausse impression
qu’elles deviennent plus abondantes. Ceci est probablement dû au fait que ces espèces se sont
adaptées à l’homme et sont donc devenues plus visibles. D’autre part, elles peuvent se regrouper
à certaines périodes de l’année autour de certains points de nourrissage, ce qui accentue encore
l’impression que leur nombre augmente.
6. Mesures
Il a déjà été constaté à plusieurs reprises que la lutte contre des espèces telles que les Corneilles
noires et les Pies bavardes (pièges, captures, destruction, etc.) n’a pas d’effet durable important
étant donné que la place dégagée par les oiseaux éliminés est presque immédiatement
recolonisée par des individus voisins (toute population saine compte un certain nombre d’oiseaux
qui n’ont pas leur propre territoire et occupent immédiatement les espaces libérés) et que la
capacité de reproduction augmente lorsque les ressources importantes du milieu (nourrissage !)
ne sont pas réduites.
Il n’existe que deux possibilités adéquates pour réduire le nombre de ces espèces :
1) Une lutte générale et permanente contre l’espèce pour maintenir leur nombre au-dessous des
capacités du milieu. Ceci est irréalisable (chasse interdite en Région de Bruxelles-Capitale et en
milieu urbain éthiquement pas acceptable) et nécessiterait un programme à l’échelle européenne.
2) Une réduction des ressources du milieu implique une baisse pratiquement immédiate et
permanente de l’effectif de corneilles et de pies en de nombreux endroits. Ceci est facile à réaliser
en interdisant, ou au moins en limitant le nourrissage.
La situation est différente pour les espèces exotiques. S’il apparaissait que celles-ci exerceraient une
influence négative sur les espèces indigènes, il faudra trouver des solutions acceptables pour y remédier.
7. Conclusion
Il est exclu d’autoriser la destruction massive des corvidés indigènes, d’une part, parce que les
arguments avancés reposent essentiellement sur des suppositions et des informations erronées
et, d’autre part, parce que c’est totalement inutile puisque l’espace libéré par les oiseaux éliminés
sera réoccupé par des individus voisins. En outre, toutes les espèces d’oiseaux sont protégées par
la loi en Région de Bruxelles-Capitale (Ordonnance du 29/08/1991) et les problèmes occasionnés
par ces oiseaux (sacs-poubelle éventrés, etc.) peuvent être facilement résolus. Une solution plus
simple et plus respectueuse des animaux pour ramener les populations de corvidés à un niveau
plus naturel, consiste à réduire les ressources en nourriture. En principe, cela pourrait se faire
assez simplement, en interdisant le nourrissage dans les parcs, pour autant que cette mesure soit
réellement appliquée. Cela résoudrait dans le même temps un autre problème très important, à
savoir le botulisme dont sont victimes les oiseaux aquatiques durant les mois d’été.
Il en va autrement des espèces exotiques telles que la Perruche à collier et l’Ouette d’Egypte. Si
des études révélaient que ces espèces représenteraient une menace sérieuse pour les espèces
indigènes de l’avifaune, il faudra alors trouver des solutions. Etant donné que les populations ne
sont pas encore trop importantes – surtout en ce qui concerne l’Ouette d’Egypte – et qu’à certains
moments de l’année, les oiseaux se concentrent à des endroits spécifiques, des campagnes de
capture pourraient être envisagées.
Il est en tout cas essentiel d’informer correctement le grand public sur ces sujets, afin d’éviter de
porter des jugements erronés.