A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 9 -
FRUITIERS D’AMAZONIE – FICHE N°1 : LE BOROJO OU PURUI GRANDE
Sous le nom de borojo (Espagnol) ou de purui grande
(Portugais) se cachent en réalité deux espèces très voisines ayant
pour noms scientifiques Borojoa patinoi Cuatrec. et Borojoa
sorbilis (Ducke) Cuatrec.. Ces deux arbustes fruitiers
appartiennent à la famille des Rubiaceae (comme le café).
Leurs régions d’origine sont différentes, Colombie (Zone du
Choco, sur la côte Pacifique), Costa Rica, Venezuela et Panama
pour B. patinoi et sud-ouest du bassin amazonien (Brésil,
Bolivie et Pérou) pour B. sorbilis. Ce sont des espèces propres
aux sous-bois des forêts tropicales humides aux sols acides à
dominance argileuse. Elles sont donc particulièrement adaptées
aux cultures en association de type système agroforestier, mais
sont relativement difficiles à cultiver en monoculture. Dans leur
milieu naturel, leur production oscille entre 12 et 30
fruits/arbre/an, mais, en améliorant les conditions
agronomiques, elle peut atteindre en culture 50 fruits/an/arbre,
sur une durée d’exploitation variant de 30 à 50 ans. Le fruit mûr,
du fait de ses qualités physiques, chimiques et gustatives,
présente un potentiel extrêmement intéressant pour des usages
alimentaires, médicinaux et industriels. En Europe son
développement commercial est malheureusement freiné par la
directive 258/ 97/CEE sur les nouveaux aliments.
Description botanique :
Borojoa patinoi Cuatrec.
Arbuste de 3-5 m de haut, aux branches érigées, aux feuilles
décussées avec une stipule bien définie et coriace. C’est une
plante dioïque. Les fleurs mâles sont en capitules. Leur calice
est court , de forme prismatique ou conique. Elles sont
dépourvues d’ovaire ou si celui ci existe il est rudimentaire et
non fonctionnel. Les fleurs femelles sont solitaires et terminales,
elles portent deux paires de stipules bractéiforme et six
stigmates plus larges. L’ovaire est infère, avec un calice
ombiliqué à la base, six cavités et beaucoup d’ovules. La
corolle est constituée de six à neuf pétales. Les étamines sont
vides ou stériles. Le fruit est une baie charnue de 7 à 12 cm de
long pour un diamètre similaire. Il peut être pyriforme et
généralement aplati au sommet. Il est de couleur verte mais vire
au brun à maturité. La pulpe est constituée par le mésocarpe et
l’endocarpe, sans séparation apparente avec l’écorce. Elle
contient en moyenne 330 graines
Borojoa sorbilis (Ducke) Cuatr.
Arbuste de 4-6 m de haut au tronc droit et fin (10 cm de diamètre
max.). Les branches sont opposées et portent une écorce
ferrugineuse qui se détache en lamelles. Les feuilles sont grandes,
coriaces, opposées, de 25 à 45 cm de long pour une largeur de 15 à
20 cm. Elles sont de taille plus grande sur les branches stériles.
Leur forme est oblongue, plus ou moins ovalisée, avec une base
courte et obtuse et un sommet plus ou moins acuminé. Les fleurs
sont unisexuées, situées au bout des ramilles. Les inflorescences
mâles sont multiflores, de couleur blanche, tubuleuses, et font 2,5
à 3 cm de haut, alors que les fleurs femelles sont solitaires et ont
une corolle de 2,5 cm de haut. Le fruit est globuleux, de 6 à 8 cm
de diamètre, et possède un péricarpe consistant avec une pulpe
brunâtre contenant de nombreuses graines de forme presque
triangulaire et de 8 à 10 mm de long. Son poids oscille de 300 à
1000 g avec une moyenne de 600 g. A maturité l’exocarpe (peau)
est de couleur marron foncé.
Fleurs mâles Fleur femelle Arbre adulte
A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 10 -
La plante et sa culture :
Méthodes de propagations avant
greffage : Le borojo se propage par
graine. Celles ci sont prélevées dans des
fruits mûrs provenant d’arbres
sélectionnés, puis elles sont lavées à
l’eau et séchées à l’ombre pendant au
moins deux jours. Si elles sont
entreposées dans un endroit frais elles
peuvent conserver leur viabilipendant
plusieurs mois. On doit faire germer les
graines à l’ombre, dans un substrat
composé de sciure décomposée, de sable
ou de balle de riz carbonisée et de terre
végétale. Il faut veiller à ce qu’il reste en
permanence humide. Il est recommandé
de ne recouvrir les semences que très
légèrement. Le poids de 1000 graines est
de 220 g. La germination est de type
épigée. L’émergence des plantules
débute 25 jours après semis et se
prolonge jusqu’au 55éme jour. Le
pourcentage de germination des graines
fraîches est de l’ordre de 80%.
Les plantules récemment germées
ressemblent à des bâtons d’allumette. A
ce stade elles sont transplantées dans des
sacs en polyéthylène et mises en
pépinière totalement ombragée dans une
atmosphère très humide. Au bout de
deux semaines, les plantules
transplantées ont du raciner, ce qui
permet de diminuer au fur et à mesure
l’ombrage (jusqu’à 50%). les jeunes
plants de borojo ne doivent pas être
exposés directement aux radiations
solaires.
La croissance de la plantule est très
lente. Elle devra donc rester en pépinière
pour une période d’environ 1 an, jusqu’à
ce qu’elle atteigne la taille adéquate (35
cm) pour être transplantée
définitivement au champ.
L’espèce étant dioïque, les plants
mâles (théoriquement 50% des plants)
ne produisent pas de fruit, ce qui rend
nécessaire la propagation de plants
femelles (qui donnent des fruits) par
voie asexuée. Celle ci peut être faite par
bouturage, par greffage ou par
marcottage. Les boutures doivent avoir
entre 2 et 5 cm de diamètre et au
minimum 30 cm de long, et bien sur
provenir de plants femelles. Les
substrats utilisés pour le bouturage sont
composés soit de sable, de mousse et de
matière organique dans la proportion de
2:1 :1, soit de balle de riz carbonisée et
de terre végétale du commerce dans la
proportion de 1 :1, soit de la sciure
décomposée. Les boutures doivent être
placées dans un milieu ou l’humidité
relative de l’air est supérieure à 85% et
complètement ombragé. On peut
effectuer cette opération de bouturage
directement sur le lieu de plantation
définitive, en plein sol, mais dans ce cas
le pourcentage de réussite est très
Greffe anglaise terminale
variable.
Les systèmes de greffes les mieux
adaptées au borojo sont la greffe anglaise
et la greffe en fente.
Le marcottage, pour lequel on utilise
la terre se trouvant au pied de l’arbre
marcotté, ne réussit que dans 55% des
cas, ou 77% si on applique de l’acide
naphtaleno-acétique (ANA) à une
concentration de 500 ppm.
Pour obtenir le nombre de pieds
femelle désiré, la méthode la plus sûre , la
plus facile à réaliser et la plus productive
reste le greffage, d’autant plus qu’il est
possible de greffer sur des pieds d’un à
trois ans.
Il faut prendre la précaution de
conserver 5% de pieds mâles pour assurer
une bonne pollinisation.
Pratiques culturales et productions :
La densité de plantation recommandée
est de 625 pieds/ha, avec un espacement
de 4x4m. B. patinoi commence à produire
au bout de trois ans, parfois plus tôt pour
les plants multipliés par voie asexuée.
Pour la densité indiquée, le rendement
espéré est de 15 à 20 tonnes/ha, soit 30
000 fruits. La production peu varier d’une
année à l’autre car l’espèce présente des
alternances de ‘bonnes’ et de ‘mauvaises’
années. Pour B. sorbilis l’espacement utilisé
est plus grand, soit en 5x5 ou en 6x6 m. La
fructification débute plus tard, vers la
cinquième ou la sixième année, et le
rendement annuel est de 5 à 6 kg de
fruits/arbre/an.
Le borojo requière de l’ombre, comme le
café, il est donc impératif de le planter en
association avec d’autres plantes qui vont
fournir de l’ombre de façon temporaire ou
définitive. Afin d’assurer un bon entretien
de la plantation et faciliter la récolte les
pieds de borojo doivent un être maintenus à
une hauteur de 3 m, un étêtage est donc
nécessaire. Une taille d’entretien est aussi
pratiquée. Ces tailles sont effectuées juste
après la récolte principale.
En Colombie on distingue deux période
de récolte, une principale (60 à 80% de la
production), de novembre à mars, donc
pendant la période de moindre
précipitations, et entre avril et octobre, là où
les pluies augmentent. A Belém, dans l’Etat
du Para au Brésil, la période de récolte se
concentre sur les mois de février et mars.
En Colombie il est recommandé de
fertiliser les arbres en production avec un
engrais de formulation 15.15 .15, à raison
de 250 à 500 g/arbre.
Principaux ravageurs et maladies :
Sur borojo il n’a jamais été détecté de
ravageurs ou de maladies, à l’exception
des fourmis maniocs qui peuvent défolier
rapidement des plants entiers si elles ne
sont pas contrôlées. Occasionnellement il a
été trouvé un petite papillon dont les
chenilles minent les feuilles.
S’il n’y a pas de maladies répertoriées
sur borojo, il existe certains problèmes
physiologiques liés aux carences en fer et
en bore sur des sols calcaires, sultant en
l’apparition de taches noires sur la peau du
fruit. L’apparition de crevasses sur sa
partie postérieure, qui résultent de l’action
directe des rayons de soleil, sont à craindre
en période de fort ensoleillement.
Vente de fruits mûrs de borojo
Technique de récolte et post-récolte :
Les fruits de B. sorbilis sont récoltés au
sol, après leur chute naturelle quand ils ont
achevé leur développement. Dans cette
situation les fruits sont très périssables car
ils ont atteint la maturité adéquate pour être
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !