Éditorial
Le coût de la vieillesse :
pourra-t-on suivre…
P. de Mestier du Bourg*
V
ivre plus longtemps, dans de meilleures conditions et en travaillant moins risque
d’engendrer des coûts considérables, qui n’ont certainement pas échappé à nos spé-
cialistes de la couverture sociale.
Une étude américaine extrêmement évocatrice est à ce sujet préoccupante. On estime en effet
que le peuple américain comportera plus d’un million de centenaires en 2050, alors qu’il y
en a 71 000 actuellement ; d’autre part, la moyenne des Américains prennent leur retraite
5 ans plus tôt qu’en 1950 et vivent en moyenne 12 ans de plus. “The longer we live, the big-
ger the hole” : en effet, le gouffre financier risque d’être sérieux, et non compensé par une
démographie favorable. Une large étude de la Rand Corporation, publiée en septembre, mon-
trait clairement que les programmes de prise en charge restaient strictement identiques mal-
gré la prolongation du temps de vie, mais surtout que le coût du progrès médical absorbait
presque complètement ces budgets ; à l’inverse, les compagnies d’assurances privées peuvent
contrôler les types de traitements proposés au patient.
Il faut savoir qu’il existe trois types de couverture sociale aux États-Unis en dehors des assu-
rances privées :
- La “Sécurité sociale” à cotisations obligatoires (pour ceux qui le peuvent), avec un budget
de 519 milliards de dollars.
- Medicare est un programme fédéral, donnant une couverture sociale aux sujets âgés de 65
ans et plus. L’enveloppe est ici de 332 milliards de dollars. Dans ce système, les patients
payent seulement 20 % de la facture au médecin ; montant jugé trop faible par les praticiens
qui refusent souvent de participer à ce système sauf si les patients bénéficient d’une assurance
complémentaire.
- Medicaid, qui est également un programme fédéral couvrant les plus pauvres, les handica-
pés et les personnes les plus âgées dans le besoin, soit environ 15 millions de personnes, avec
une enveloppe de 316 milliards de dollars, très largement insuffisante.
Si l’on ajoute à ces programmes, qui n’ont pas été revus à la hausse, le coût des traitements
prolongeant significativement la vie, on arrive à des sommes littéralement faramineuses.
Ainsi, la Rand Corporation, considérant les dix technologies médicales les plus prometteuses
utilisées à large échelle que sont : les vaccins anticancéreux, le traitement des accidents vas-
culaires cérébraux, les “composants” antivieillesse, les inhibiteurs de la télomérase, les trai-
tements préventifs de la maladie d’Alzheimer, les pacemakers, les traitements préventifs du
diabète, les traitement anti-angiogenèse pour les cancers, l’assistance ventriculaire gauche et
les défibrillateurs implantables, arrive à un total, pour 12 mois de prolongation de vie liée à
ces seules technologies, pour un Américain de 65 ans ou plus, d’environ 2 millions de dollars.
Un bon exemple est celui du vice-président Dick Cheney, qui est porteur d’un défibrillateur
Éditorial
* Unité de chirurgie générale et digestive, hôpital des Peupliers, Paris.
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Actualités recherche
L. Peyrin-Biroulet >> 5
Échos des congrès
91
e
Congrès de l’American College
of Surgeons
San Francisco, 16-20 octobre 2005
P. de Mestier du Bourg >> 9
Interview
Intérêt de l’IDR à la tuberculine avant
la mise en route d’un traitement
anti-TNFα: le point de vue
du Dr Y. Yazdanpanah sur les nouvelles
recommandations de l’Afssaps
L. Peyrin-Biroulet >> 16
Vocabulaire
La chromogranine A
B. Landi >> 19
Échos de symposium
Reflux gastro-œsophagien : les facteurs
déterminants du recours à un inhibiteur
de la pompe à protons
“à la demande”. L’étude APOGEE
T. Vallot, J.L. Bolze, E. Jeanson,
A. Terpereau, E. Leutenegger >> 21
(avec le soutien de Takeda)
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Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006