Guide pédagogique ALIETTE DE BUFFIÈRES PROFESSEUR DES ÉCOLES CHRISTOPHE SAÏSSE PROFESSEUR D’HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE Avant-propos Les huit séquences proposées dans ce guide correspondent aux huit chapitres qui composent les Dossiers Hachette sur l’Antiquité. Chaque chapitre regroupe : – une double page évoquant une figure historique ou un thème à l’aide de sources écrites et iconographiques, de repères chronologiques et de cartes ; – une double page Sur les traces de… précisant la biographie du personnage ou approfondissant le thème précédemment abordé ; – une double page L’héritage de… permettant à l’élève de repérer des traces du passé – l’Histoire reste, comme l’écrivait Marc Bloch, « une connaissance par traces » – et de comprendre le présent de la société à l’aune du passé. Les huit séquences du guide se référant aux doubles pages du dossier ont une composition identique : – un rappel des Instructions officielles, ce qui permet d’inscrire la séquence dans une problématique du programme d’Histoire ; – des objectifs qui portent à la fois sur les connaissances factuelles à transmettre aux élèves, mais aussi sur des compétences de savoir-faire qu’il appartient à l’enseignant de fixer et d’évaluer selon une progression ; – l’organisation de la séquence présentée sous forme d’activités en classe. Ces activités sont précédées d’une rubrique « Le contexte historique » qui est une mise au point pour l’enseignant. La rubrique « Pour aller plus loin » prolonge la mise au point. Toutes les activités (lecture, description, comparaison, mise en relation, confrontation…) se fondent sur les documents sélectionnés dans le dossier et sur les questions qui s’y rapportent. Le guide fournit aussi des indications de correction. Attention ! Les documents (textes ou œuvres) ne sont pas destinés à simplement illustrer le programme ; très souvent, le texte ou l’image, dont on tire une ou deux informations en classe, sont utilisés comme des preuves a posteriori qui valident la parole de l’enseignant, parfois tendent à se substituer à elle. Ces pratiques pédagogiques, peu scientifiques, ne sont pas conformes à l’épistémologie de l’Histoire. Les documents doivent être étudiés en eux-mêmes : les textes seront lus par les élèves, les images seront décrites et expliquées avec soin. Ainsi, les documents entrent dans la mémoire des élèves et contribuent à leur donner une culture commune par la reconnaissance de « traces » que les générations précédentes ont déjà distinguées au point d’en faire des références ; – des notions (« Pour construire le résumé ») sont proposées à l’enseignant pour faire écrire le résumé de la leçon en reprenant les mots-clés du chapitre. Les élèves retrouvent ces notions de l’école élémentaire à l’enseignement supérieur, leur intelligibilité relevant de degrés de compréhension et d’expression différents ; – des prolongements interdisciplinaires sont décrits. C’est une manière d’insister sur la complémentarité des savoirs et des savoir-faire, pour éviter que se forme le préjugé de compétences exclusives les unes des autres ; – enfin, une bibliographie non exhaustive est fournie à l’enseignant. Toutes les trois séquences, une double page À la manière de… permet aux élèves de : – découvrir et vivre des situations de l’Antiquité ; – pratiquer des activités interdisciplinaires. Les auteurs ISBN : 2 01 11 7337 9 © Hachette Livre, 2006, 43 quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ». Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Sommaire général 1. L’écriture 5 2. Les Celtes 9 3. Les Gaulois 7. Les Gallo-Romains 8. Fabriquer à la manière de… la mosaïque 14 4. Écrire à la manière de… l’Antiquité 19 5. Jules César 21 6. Vercingétorix 26 31 35 9. Les chrétiens 37 10. Les invasions barbares 42 11. Dessiner à la manière de… la vie quotidienne Photofiches pour les élèves 3 46 48 l’écriture Pages 6 à 11 du dossier Référence aux Instructions officielles L’écriture est un média récent. Si l’homme utilise un langage articulé depuis 100 000 ans, s’il dessine, sculpte ou joue de la musique depuis 20 000 ans, ce n’est que depuis 5 000 ans qu’il écrit. L’invention de l’écriture est liée à la sédentarisation progressive des sociétés du néolithique (vers 7500-3000 av. J.-C.). Pour les premiers échanges, une mémoire pérenne et disponible à tout instant est nécessaire. C’est pour cette raison que la première écriture apparaît dans un espace où l’agriculture marchande et les premiers indices d’urbanisation pointent : la Mésopotamie. Compétences • Percevoir la diversité des écritures, la performance de chaque système d’écriture et leur concomitance d’apparition. • Savoir relier une écriture à une aire géographique. Photofiche Voir la photofiche p. 48. narrative de celle-ci sautât aux yeux de George Smith, l’archéologue britannique qui exhuma ce récit et le traduisit en 1872. comment l’écriture est-elle apparue ? L’exploitation pédagogique des documents en classe Le contexte historique ➤ Activité 1 : document 1 p. 6 Tout commence en Allemagne, en 1802, lorsque Georg Friedrich Grotefend, jeune professeur de latin, entreprend de déchiffrer les étranges gribouillis – des rainures, comme un semis de petits clous, inscrites au stylet sur des tablettes d’argile – dont on a retrouvé des vestiges par-delà le grand désert syro-arabe, plus loin que l’Euphrate et le Tigre, au sud-ouest de la Perse. Ses intuitions géniales – vingt ans avant le Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens de Champollion – nous ont donné accès à l’antique civilisation mésopotamienne et à la plus vieille écriture du monde (3200-3000 av. J.-C.). Les quatre cinquièmes de cet amoncellement documentaire recouvrent ce que l’on appelle « les écrits occasionnels ». La masse et la variété en sont telles que l’on peut composer une fresque immense de la vie politique, sociale, économique et administrative du pays : énumérations de personnel, inventaires de biens et de stocks agricoles, listes de mariage, testaments, transferts de marchandises et de biens-fonds, contrats de toute sorte, lettres officielles et privées, réglementations, édits et décisions du pouvoir central, traités internationaux, procès-verbaux de jugements, inscriptions commémoratives ou dédicatoires… Encore plus prometteur est le cinquième restant, qui réunit ce que l’on appelle « la littérature », l’ensemble des œuvres composées, non pour répondre à un besoin occasionnel, mais en vue d’une diffusion dans l’espace et dans le temps, et qui dévoile bien plus que la simple économie matérielle d’une civilisation : sa culture. Le texte le plus célèbre est un récit du Déluge1, à l’évidence antérieur, mais suffisamment identique à celui de la Bible pour que la ressemblance Les premières écritures relèvent de deux grands systèmes d’encodage. Toute écriture repose sur un système d’encodage permettant de transposer le matériau sonore, qui constitue les énoncés d’une langue, en matériau visuel, c’est-à-dire les signes. Dire aux élèves que l’encodage se fait selon les deux manières de segmenter l’énoncé : • De manière idéographique, les signes d’écriture transcrivent des unités de la langue qui correspondent à des mots. Le mot est appréhendé globalement par un signe figuratif. Par exemple, le système d’écriture dans lequel est encodée la langue parlée dans l’Égypte des pharaons est constitué par les hiéroglyphes : ce sont des caractères picturaux reproduisant très soigneusement non seulement l’homme en diverses positions, mais encore un vaste bestiaire, ainsi que des édifices, des objets sacrés ou profanes, des astres, des végétaux, etc. Les hiéroglyphes sont à envisager en tant qu’images-signes ou pictogrammes, ayant pour fonction de signifier ce qu’ils représentent visuellement. • De manière phonétique, les signes d’écriture encodent des unités qui correspondent aux sons fondamentaux de la langue, les phonèmes. C’est le cas des écritures alphabétiques. Ainsi, en français, neuf est segmenté en trois phonèmes : respectivement [n], auquel correspond la lettre n, [œ] auquel correspond la suite de lettres eu, et [f] auquel correspond la lettre f. Faire observer le document 1 p. 6 et faire répondre aux questions 1 et 2. Faire identifier les deux familles dans le 1. L’extrait faisait partie de L’Épopée de Gilgamesh et, nous le savons aujourd’hui, avait été tiré par l’auteur anonyme de cette œuvre d’un poème sur les origines et la première « histoire » de l’homme : le mythe d’Athrasîs. 5 tir le sens de « jambe », mais aussi celui de « marcher », « courir » ou « fuir ». De même, l’image du disque solaire peut signifier « jour », « chaleur », « lumière » ou désigner le dieu Soleil. La valeur idéographique d’un hiéroglyphe ne se substitue pas à sa valeur pictographique, mais se juxtapose à elle. Elle alimente donc des interprétations. • Les phonogrammes sont les signes utilisés pour écrire un phonème ou une séquence de phonèmes. Ils représentent toujours des consonnes, car les voyelles n’existent pas dans l’écriture égyptienne – comme pour l’arabe ou l’hébreu –, la vocalisation précisant les actualisations particulières de sens (le féminin ou le masculin, le singulier ou le pluriel, le temps pour un verbe, etc.). • Enfin, les déterminatifs sont des classificateurs qui, placés à la fin d’un mot écrit avec des idéogrammes et/ou des phonogrammes, indiquent la classe sémantique à laquelle appartient ce mot. Ils facilitent l’identification d’un mot et aident en outre à la segmentation du texte en phrases. domaine des signes écrits. La première regroupe les écritures à dominante idéographique (écritures sumérienne, égyptienne, chinoise, maya…). La seconde regroupe les écritures alphabétiques (alphabet phénicien). Les plus anciens signes d’écriture ont été trouvés dans le pays de Sumer, en Mésopotamie, au Proche-Orient (question 1). Les premiers pictogrammes sumériens représentent les produits agricoles échangés (question 2). ➤ Activité 2 : documents 2, 3 et 4 p. 7 Les premières écritures se concentrent dans l’aire géographique du Proche-Orient. Faire observer le document 2 p. 7 et faire répondre aux questions 3 et 4. Inventé au début du IIIe millénaire av. J.-C., cet encodage idéographique a servi communément pour noter le parler sumérien pendant mille ans ; l’idiome akkadien prévaut ensuite. Le sumérien est très différent de l’akkadien (autrefois appelé « l’assyrien »). En effet, le Proche-Orient était et reste couvert par des idiomes d’un même apparentement linguistique, dénommés « idiomes sémitiques ». Le plus vieil idiome attesté (début du IIIe millénaire av. J.-C.) est l’akkadien. Au nord-est est localisé le groupe cananéen (depuis la fin du IIIe millénaire), dont l’hébreu fait partie, et le groupe araméen (mille ans plus tard). Au sud, on trouve le sudarabique (début du Ier millénaire av. J.-C.), qui a donné les langues éthiopiennes et, plus tard, l’arabe. Mais le sumérien n’a rien de commun avec les langues sémitiques. Faire confronter les documents 2 et 4 p. 7 et faire répondre à la question 6. Du signe figuratif traditionnel, l’écriture mésopotamienne évolue en quelques siècles vers l’encodage cunéiforme : les signes cunéiformes tracés avec un calame (roseau à bout triangulaire) dans de l’argile molle sont décomposés en segments en forme de coin ; ils perdent donc toute ressemblance avec l’image figurative de départ. Depuis deux cents ans que s’est ouverte l’exploration archéologique en Irak et en Iran, un demi-million de tablettes d’argile ont été sorties de terre (question 6) ! Pour aller plus loin Les plus anciens hiéroglyphes connus remontent à l’époque thinite, c’est-à-dire aux alentours de 3000-2850 av. J.-C. Or, l’apparition de l’écriture sumérienne semble antérieure d’un ou deux siècles. Par ailleurs, des fouilles archéologiques prouvent que des contacts commerciaux réguliers sont établis à la fin de l’époque énéolithique (3300-3100 av. J.-C.) entre l’Égypte et la Mésopotamie. Peut-on en conclure que les Égyptiens ont copié le système pictographique sumérien ? Les égyptologues ont démontré que l’écriture hiéroglyphique est autochtone : les pictogrammes et la valeur des signes employés diffèrent pour les deux systèmes, et ce y compris pour des signes censés représenter un même être ou un même objet. Enfin, les supports matériels sont tout aussi distincts. Les Sumériens impriment leurs signes presque exclusivement sur des tablettes d’argile, alors que les Égyptiens reproduisent leurs hiéroglyphes en les gravant ou en les sculptant (au moyen du ciseau et du marteau) sur des monuments de pierre, ou encore en les traçant (au moyen d’un roseau à pointe écrasée et trempée dans une matière colorante) sur des éclats de roche, des tessons de poterie ou des feuilles de papyrus. Faire observer le document 3 p. 7 et faire répondre à la question 5. L’écriture hiéroglyphique a été utilisée pendant plus de trois millénaires, de 3000 av. J.-C. à la fin du IVe siècle ap. J.-C., lorsque l’édit de Théodose ordonne la fermeture des temples païens, condamnant ainsi les derniers lieux où elle était encore étudiée et pratiquée. A priori, l’écriture hiéroglyphique est idéographique, puisque ses signes sont figuratifs. Mais s’il est idéographique, le système hiéroglyphique est aussi phonétique et son fonctionnement met en œuvre au moins trois catégories de signes : les idéogrammes, les phonogrammes et les déterminatifs. • Les idéogrammes sont les signes qui renvoient à un mot ou à une idée. Ainsi, en considérant de nombreuses inscriptions, n’importe qui est capable de reconnaître – même approximativement – ce que représentent la plupart des hiéroglyphes qui les composent. Du premier coup d’œil, on identifie une jambe, une cuisse de bœuf, une mèche de cheveu, la surface de l’eau ridée par la brise, une chouette, une bouche… Faire remarquer aux élèves que les hiéroglyphes ne se limitent pas à leur signification visuelle. Le dessin d’une jambe peut non seulement revê- Sur les traces des premiers alphabets en gaule L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : documents 1 et 2 p. 8 Si le Proche-Orient est l’aire géographique des premières écritures, le Bassin méditerranéen est le domaine des premiers alphabets. Faire observer le document 1 p. 8 et faire répondre aux questions 1, 2 et 3. L’alphabet phénicien est le plus ancien alphabet connu (question 1). L’alphabet grec (vers 800 av. 6 Faire lire le document 6 p. 9 et faire répondre aux questions 10 et 11. La vague colonisatrice phocéenne est singulière. Comme le dit Aristote (384-322 av. J.-C.), les Phocéens d’Ionie pratiquent l’« emporia », c’est-à-dire un commerce à longue distance impliquant non pas le contrôle d’un vaste territoire, mais, à partir de comptoirs, de bonnes relations avec les populations autochtones. Ainsi, par amitié, le roi celte Nannus donne sa fille Gyptis à Protis, l’un des deux chefs phocéens (question 10) et le laisse fonder Marseille (question 11). Faire observer le document 5 et faire répondre à la question 9. La diffusion des céramiques, des amphores ou des monnaies de bronze et les nombreuses imitations qui en sont faites démontrent le dynamisme de ce processus d’acculturation. Le cratère de Vix en est un bon exemple (voir document p. 10). On observe le même engouement pour l’écriture grecque, comme l’atteste la pièce de monnaie du document 5 (question 9). En Gaule, des inscriptions gallo-grecques sur les colonnes tronquées de Ventabren ou la dédicace de Vitrolles prouvent l’attirance des élites indigènes pour cet alphabet. Enfin, la Méditerranée grecque se manifeste surtout comme une culture urbaine. C’est ce qui donne un air de ressemblance à des cités géographiquement éloignées. Faire décrire le document 7 p. 9 et faire répondre à la question 12. Comme la métropole de Phocée, le site de la colonie marseillaise occupe un terrain rocheux et son port s’étale au pied de collines en amphithéâtre. Partout, les Grecs s’établissent dans un réduit côtier facile à défendre avant de pousser vers l’intérieur des terres (question 12). J.-C.) donne naissance à plusieurs alphabets : latin, cyrillique, copte, étrusque, arménien (question 2). Sa diffusion est le résultat de l’extraordinaire aventure de la colonisation grecque : à partir du VIIIe siècle av. J.-C., les cités grecques essaiment sur l’ensemble des rivages méditerranéens, de l’Asie Mineure à la Libye, de Chypre à la Gaule. La conséquence de ces mouvements de colonisation est de répandre l’hellénisme – et donc l’alphabet grec – au-delà de la péninsule balkanique. Écriture du mot « page » en phénicien (question 3) : ➤ Activité 2 : documents 3, 4, 5, 6 et 7 pp. 8-9 La colonisation grecque diffuse l’hellénisme en Gaule. Dans son Historia, l’historien grec Hérodote (484-425 av. J.-C.) cite différentes mers : la mer Caspienne, « une mer à part, sans communication », la mer Érythrée (la mer Rouge) et « celle que l’on appelle l’Atlantique, qui s’étend au-delà des colonnes d’Héraclès [détroit de Gibraltar] ». Quant à la Méditerranée, point n’est besoin de la nommer, elle est « celle que parcourent les navires grecs ». Pour Socrate (470-399 av. J.-C.), le domaine grec est également indissociable du Bassin méditerranéen, qui est un espace familier, naturellement accueillant aux cités grecques : sur « cette Terre, qui est quelque chose d’immense », les Grecs « sont comme des fourmis ou des grenouilles autour d’un marécage ». La colonisation débute au VIIIe siècle av. J.-C., lorsque des Grecs venus d’Eubée et de Grèce continentale s’installent en Italie du Sud et en Sicile. « Contraints par l’exiguïté et la maigreur de leur territoire à exploiter la mer plutôt que la Terre », écrit l’historien latin Justin (IIe siècle) dans son Histoire universelle, les Grecs « demandaient leurs moyens d’existence à la pêche, au commerce, souvent même à la piraterie qui était alors en honneur ». Vers 650 av. J.-C., la colonisation s’épanouit au nord (sur les côtes de la Thrace, en Chalcidique, dans l’Hellespont) et au sud (en Égypte et sur la côte libyenne). l’héritage des grecs en gaule Faire lire le document 3 p. 8 et faire répondre aux questions 4 et 5. Le siège de Phocée par les Perses (question 4) motive – toujours selon Hérodote – l’abandon de la métropole d’Ionie, en Asie Mineure (question 5). Les Phocéens « furent les premiers Grecs à faire de longs voyages en mer ; ils firent connaître l’Adriatique, la Tyrrhénie, l’Ibérie et Tartessos ; ils ne se servaient pas de bateaux ronds [les navires des marchands], mais de navires à cinquante rames [des bateaux de guerre] ». Le récit d’Hérodote oublie curieusement la Gaule, où la colonisation phocéenne est pour nous la plus évidente. Faire observer le document 4 p. 9 et faire répondre aux questions 6 et 7. Commencée en Provence, à Marseille en 600 av. J.-C. (question 6), la vigueur de l’expansion phocéenne n’est pas gênée par la chute de Phocée : elle se découvre à Emporion (Ampurias) en Catalogne, à Alalia (Aléria) en Corse, et à Élée (Vélia) en Campanie. Mettre en rapport l’installation des Phocéens en Gaule avec le développement du grand commerce entre le Nord et le Sud (mer du Nord / mer Méditerranée) à l’initiative des Grecs et des Étrusques. Sur les itinéraires privilégiés de ces échanges (le long de la vallée du Rhône, par exemple) se constituent des comptoirs phocéens qui les contrôlent (question 7). Des traces grecques sur notre sol : le cratère de Vix C’est en 1953 qu’un sondage pénètre dans un tumulus arasé et découvre la tombe dite « de Vix », du nom du village proche de Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or), au pied du mont Lassois. De forme cubique, entièrement protégée par un coffrage de bois, la tombe abrite la dépouille d’une « princesse » celte d’environ 35 ans, parée d’un diadème d’or et de bijoux dont quelques-uns sont rehaussés d’ambre et de corail. On date l’enfouissement de vers 500-480 av. J.-C. Le corps repose sur la caisse d’un char démonté, les roues étant alignées contre une paroi. La place la plus importante est tenue par le célèbre cratère de Vix, ce vase de bronze haut de 1,64 m et pesant 208 kg. Probablement forgé par des artisans de Tarente, il a été transporté en morceaux et monté sur place. Ses anses admirablement décorées, les reliefs du col représentant des hoplites et des chars de guerre, le couvercle surmonté d’une statuette, en font l’un des chefs-d’œuvre de l’Antiquité. Mettre cette richesse en rapport avec la croissance du commerce entre le Nord et le Sud à l’initiative des Grecs. Sur les itinéraires privilégiés de ces échanges se constituent donc des 7 coupent à angle droit, division fonctionnelle en quartiers, rôle structurel des monuments (le temple de Sérapis, l’agora, les gymnases, le musée, le tombeau d’Alexandre…). pouvoirs locaux qui les captent et qui accumulent de nouvelles ressources. Les « princes » celtes se créent une cour, une capitale, adoptent des pratiques du monde hellénique (le banquet, la chasse et les jeux), reçoivent des cadeaux comme ce vase. Des villes fouillées par les archéologues ➤ Activité possible Les Antiques, ensemble monumental constitué d’un arc et d’un mausolée, sont les seuls témoins visibles de la ville de Glanum jusqu’en 1921, date à laquelle le site est fouillé par Jules Formigé et Pierre de Brun, puis par Henri Rolland à partir de 1942. Un premier habitat s’est développé aux VIIe et VIe siècles av. J.-C. au débouché d’un défilé qui entaille la chaîne des Alpilles et à proximité d’un itinéraire antique qui va d’Espagne à l’Italie. Les Glaniques s’apparentent aux Celto-Ligures établis en Provence. Des relations commerciales avec le monde grec, sans doute par l’intermédiaire de Marseille, procurent aux Glaniques une prospérité qui se traduit aux IIe et Ier siècles av. J.-C. par l’étalement de l’agglomération et par la construction d’édifices de type grec. L’époque galloromaine, du Ier siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C., est marquée par un nouveau programme monumental qui transforme Glanum en ville romaine : de grands bâtiments publics civils et religieux soigneusement décorés, des équipements tels que des aqueducs et des égouts, un forum monumental… Demander aux élèves de confectionner des panneaux pour préparer une exposition thématique sur le cratère de Vix, conservé au musée de Châtillon-sur-Seine (http://www. monum.fr). L’étude de cette œuvre est pertinente si elle se fonde sur une reproduction de qualité de ses détails. Insister sur la facture grecque du vase de Vix. Par exemple, le détail d’un hoplite (fantassin) suivant un quadrige identifie incontestablement ce cratère comme une production de l’art grec du VIe siècle av. J.-C. Des villes fondées par les Grecs de Marseille Dans la vague colonisatrice grecque, la colonisation phocéenne est la plus tardive et la plus lointaine. Elle se déroule dans une Méditerranée occidentale partagée en trois : – les terres grecques d’Italie et de Sicile que la tradition littéraire appelle « la Grande-Grèce » ; – le pôle étrusque en Italie du Nord et centrale ; – le protectorat phénicien recouvrant les littoraux africains et espagnols. Les Phocéens bousculent cet ordonnancement en s’enracinant sur les côtes provençales – Agathé (Agde), La Ciotat, Olbia (Hyères), Nice et Antipolis (Antibes) – et ligures. Villes neuves ouvertes sur la mer, les comptoirs phocéens se caractérisent par leur plan ramassé autour du port, où les quartiers se distribuent selon un maillage orthogonal de rues – plan calqué sur ceux de l’architecte Hippodamos de Milet. Dans cet urbanisme fonctionnel, espace civique et espace religieux occupent des zones réservées qui servent d’ossature à la fondation coloniale et guident son étalement ultérieur. ➤ Activités possibles • Organiser la visite du site archéologique de Glanum : route des Baux-de-Provence, 13210 Saint-Rémy-deProvence (tél. : 04 90 92 23 79 ; fax : 04 90 92 35 07 ; site Internet : www.monum.fr). • Organiser la visite de l’hôtel de Sade, situé à Saint-Rémy-de-Provence, qui abrite les collections archéologiques issues des fouilles de Glanum (tél. : 04 90 92 64 04). pour construire le résumé ➤ Activité possible Faire travailler les élèves sur le plan d’une ville neuve grecque. Leur distribuer le plan d’une colonie grecque (par exemple, Syracuse en Sicile, Tarente ou Naples en Grande-Grèce, Emporion en Espagne, Marseille en Gaule). Faire retrouver les caractéristiques du modèle colonial. Pour le choix du site, la colonie occupe « un terrain rocheux et son port s’étale au pied de collines en amphithéâtre » (Strabon, Géographie, v. 58 av. J.-C.21/25 ap. J.-C.). Pour l’urbanisme colonial, insister sur le plan concentré de la ville où les quartiers se distribuent selon un réseau orthogonal de rues. Faire repérer le port. Faire délimiter deux grandes « masses » : l’espace civique autour de l’agora et l’espace religieux autour des temples. Ce découpage du tissu urbain et les éléments architecturaux qu’il implique traversent le temps et assurent la permanence d’une identité grecque en Méditerranée. Pour en convaincre les élèves, leur distribuer le plan d’Alexandrie en Égypte. Au IVe siècle av. J.-C., son architecte, Deinocratès, conserve les mêmes règles : plan en damier où les rues se Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple : « Mésopotamie », « hiéroglyphes », « écriture cunéiforme », « alphabet », « colonie », « Gaule », « Marseille ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant sur la chronologie p. 6. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence. bibliographie – J. Bottéro, M.-J. Steve, Il était une fois la Mésopotamie, coll. « Découvertes », n° 191, Gallimard, 1993. – Dans la revue L’Histoire : C. Mossé, « L’expansion grecque en Méditerranée », n° 98 ; J.-P. Morel, « Les Phocéens », n° 15 ; H. Duchêne, « Marseille, la Grecque », n° 144. 8 les celtes Pages 12 à 17 du dossier Référence aux Instructions officielles Peuple antique d’Europe occidentale, les Celtes ont occupé la Bohème, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la Gaule, la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie du Nord, et ont constitué des principautés dans les Balkans et en Asie Mineure. La Gaule est le territoire celtique le plus étendu et le plus cohérent. Les Celtes n’y sont autochtones que dans le nordest (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne), le reste de la Gaule étant occupé par des peuplades fixées depuis l’époque néolithique : Basques et Ibères dans le sud-ouest, Ligures dans le sud-est. Même après l’achèvement de la conquête, les Celtes n’ont jamais constitué la majorité des effectifs. À partir du Ve siècle av. J.-C., ils se sont progressivement fondus dans la population indigène, tout en imposant leur culture. Compétences • Appréhender le temps et l’espace en situant les migrations celtiques à travers l’Europe. • Caractériser une période : la sédentarisation des migrations celtiques en Gaule. Photofiche Voir la photofiche p. 50. centre-est de la Gaule. Elles sont organisées autour d’une place centrale fortifiée ; leurs chefs se font enterrer dans des tombes qualifiées de « princières » en raison de leurs contenus somptueux. Cette richesse est mise en rapport avec le développement du commerce Nord-Sud à l’initiative des Grecs et des Étrusques. Placés sur les itinéraires privilégiés de ces échanges, les pouvoirs locaux captent une partie des trafics. Les « princes hallstattiens1 » se créent une cour, une capitale, adoptent les pratiques du monde hellénique (le banquet, la chasse et les jeux), reçoivent des cadeaux comme le vase de Vix2… comment les celtes sont-ils arrivés en gaule ? Le contexte historique La chronologie et la carte p. 12 mettent en évidence une extension progressive du domaine celtique vers la Gaule : – La première époque, celle du bronze moyen (1500-1200 av. J.-C.), est marquée par la pénétration de groupes relativement isolés et peu nombreux. Partant de l’Allemagne du Sud et de la Rhénanie, les Celtes avancent lentement vers le centre de la Gaule, avec des pointes vers le Bassin parisien, voire jusqu’en Charente. – La deuxième époque, celle du bronze final (1100-900 av. J.-C.), marque la prise de possession, le partage et la mise en culture du sol. Les Celtes colonisent le centre-est de la Gaule – au maximum jusqu’à Bourges. C’est à cette époque que les fouilles repèrent les premières concentrations permanentes de type urbain. La sédentarisation des migrations celtiques est déterminée par une mutation des techniques et du système productif. Les Celtes savent désormais couler le bronze dans des moules à noyau réservé, le marteler à chaud, le durcir pour obtenir des tranchants de couteau ou d’épée et dont on peut tirer des tôles fines, utilisées pour des récipients de forme complexe ou des masques cultuels. Le système productif, pastoral pendant l’âge du bronze moyen, devient agricole : abandon du défrichement sur brûlis, utilisation de la fumure naturelle des terres, généralisation de l’araire en bois tiré par des bovidés, de la faucille métallique et du chariot à roues. – Au cours de la troisième époque, celle du premier âge du fer (800-500 av. J.-C.), des principautés émergent dans le L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : document 1 p. 12 La civilisation celtique recouvre l’Europe occidentale. Les origines des Celtes sont obscures. Faire observer le document 1 et faire répondre aux questions 1, 2 et 3. Faire localiser le foyer celtique en insistant sur la permanence, à travers les époques successives de l’âge du bronze, d’une zone homogène de peuplement et de civilisation – dite « civilisation protoceltique du bronze moyen » – recouvrant la Gaule du Nord-Est, l’Allemagne méridionale et rhénane, la Suisse, la Bohème et l’Autriche (question 1). Signaler l’existence, de la Lorraine et de l’Alsace jusqu’à la Bohème, de très anciens toponymes d’origine celtique pour nommer les montagnes et les cours d’eau. Entre 1500 et 1200 av. J.-C., les Protoceltes essaiment vers le centre de la Gaule. De 1100 à 900, les premières migrations massives – dites « invasions des champs d’urnes » – aboutissent à la colonisation du centre-est de la Gaule, s’avançant même vers le Bassin ligérien, le Massif central, le Languedoc et la vallée du Rhône (question 2). Vers 750 1. Du nom d’une vaste nécropole autrichienne aménagée à proximité des mines de sel qui ont sans doute fait la fortune des riches personnages enterrés au premier âge du fer. 2. Voir le chapitre « L’écriture » : « Des traces grecques sur notre sol : le cratère de Vix », p. 7. 9 Gaulois, avides de pillage, pénétrèrent dans Rome que nul ne défendait. […] Ce geste déclencha un carnage. Tous les vieillards furent massacrés, toutes les maisons pillées et incendiées » (question 6). Toutes ces sources écrites sont à la fois brèves et très orientées par le regard que porte le « civilisé » sur le « barbare ». L’incendie de Rome par les Gaulois du chef Brennus en 390 av. J.-C., par exemple, entretient ce cliché xénophobe (question 4). av. J.-C., la civilisation de Hallstatt se constitue en Gaule, en Allemagne, en Suisse, en Bohème et en Autriche. Cette civilisation est étrangère aux Celtes, qui s’inspirent des pays voisins : Étrurie, Ibérie, Balkans, Ligurie, Illyrie. L’élément formateur et commun de la civilisation hallstattienne est une classe aristocratique de cavaliers. Nous fouillons aujourd’hui leurs tombes et leurs résidences, qui sont des sites fortifiés (les oppidums, oppida en latin), comme celui de Vix, sur le mont Lassois. Les progrès contemporains de la colonisation grecque et du commerce étrusque sur les côtes méridionales de la Gaule intensifient les relations entre les Celtes et la Méditerranée et enrichissent les princes hallstattiens. Les échanges se multiplient aussi entre l’Étrurie et la Rhénanie par les cols des Alpes. Entre 500 et 450 av. J.-C., ce monde celtique s’effondre. La période qui suit, de 450 à 150 av. J.-C., est la moins bien connue ; trois certitudes, cependant : – vers – 450, la civilisation de La Tène3 se constitue en Gaule, en Allemagne, en Suisse et en Bohème. Elle diffère totalement de celle de Hallstatt, car elle apparaît comme autonome, nationale et conquérante ; – entre – 400 et – 300, des migrations celtiques investissent la vallée du Pô. Rome est incendiée en – 390 par les Gaulois du chef Brennus ; – vers – 300, des Celtes venus d’outre-Rhin – que Jules César appelle « les Belges » – s’implantent en Gaule. Leur arrivée déclenche deux nouvelles vagues de migrations qui se portent les unes vers la Provence, l’Espagne et l’Italie, les autres vers l’Est, la Grèce et l’Asie Mineure (question 3). ➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 13 L’art celte est le plus riche des arts barbares. Venu de l’âge du bronze, l’art celte traverse le premier âge du fer (ou époque de Hallstatt), pour s’épanouir au deuxième âge du fer (ou époque de La Tène). Mais on ne parle d’art celte que dans les espaces où l’occupation des Celtes a duré : la Gaule, les vallées du Rhin et du Danube, les îles de Grande-Bretagne et d’Irlande. L’art celte est un art de petits objets transportables, produits pour les hommes (et non pour les dieux) et pour leur quotidien (et non pour des occasions exceptionnelles) : pour la guerre, chars, épées, pointes de lance, boucliers, casques et poignards ; à la maison, chenets pour le foyer, récipients (en métal ou en céramique, selon la fréquence de leur usage) ; enfin, des bijoux : torques, bracelets, boucles d’oreilles, pendentifs, boucles de ceinture et fibules. Pour les bijoux, l’art celte est un art du métal qui utilise le bronze, l’or et, plus rarement, l’argent. Il est certes capable de s’exercer sur la pierre et sur la céramique, mais c’est surtout un art d’orfèvres, qui s’enrichit d’ivoire, d’os, de corne, de pierres précieuses, d’ambre venu des rivages de la Baltique, transformés en perles et incrustations, de corail enfin. C’est donc un art de la parure, qui ne cherche ni à copier la réalité, ni à en donner une image idéale. Cet art ne prétend pas davantage stimuler la réflexion qu’exalter le mysticisme. Faire observer le document 3 p. 13 et faire répondre aux questions 7 et 8. Les Celtes n’ignorent pas la représentation du visage humain (question 8), comme en témoignent les masques en bronze (question 7), les statues, les monnaies ou le chaudron de Gundestrup4. Faire décrire le masque : la barbe et la chevelure bouclées du dieu sont caractéristiques des divinités ouraniennes. Faire observer le document 4 p. 13 et faire répondre à la question 9. L’art celte a aussi un bestiaire : un sanglier – animal surtout vénéré pour sa force et son courage – figure sur le casque du premier cavalier (question 9). ➤ Activité 2 : document 2 p. 13 L’histoire des Gaulois est une histoire mal connue. Faire lire le document 2 p. 13 et faire répondre aux questions 4, 5 et 6. Dire aux élèves que l’on sait peu de chose de l’histoire des Gaulois car, à la différence des Grecs et des Romains, les Gaulois n’ont pas écrit leur histoire ; ils élaborent des récits épiques, des poèmes, déclamés ou chantés, associant légendes et exploits personnels (un peu comme les chansons de geste du Moyen Âge), qui se transmettent oralement par les bardes et s’enrichissent de génération en génération. Les bardes sont au service des druides ou des nobles, qu’ils escortent dans leurs déplacements. Sur les champs de bataille, ils entonnent des chants guerriers et peuvent, parfois, jouer le rôle d’ambassadeurs. Ils apparaissent dans les banquets pour vanter les mérites de leurs maîtres, pour improviser des récits de geste ou encore des poésies satiriques. Mais la conquête romaine met un terme à cette transmission, et il ne nous en est rien parvenu. Donc, excepté La Guerre des Gaules de Jules César, nous ne disposons que de rares textes, mi-historiques mi-ethnographiques. Par exemple, la Géographie de Strabon : « Les Gaulois se laissent pousser les cheveux. Ils s’habillent de pantalons bouffants et de blouses à manches fendues. La laine dont ils se servent pour les tisser est rude. Leur armement comprend une longue épée, un bouclier allongé, de longues piques et une arme de jet » (question 5). Et l’Histoire de Rome de Tite-Live : « Les Sur les traces des celtes L’exploitation pédagogique des documents ➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 3 p. 14 La civilisation gauloise est une civilisation évoluée. 3. La Tène est le nom d’une station protohistorique du lac de Neuchâtel en Suisse. 4. Très certainement fabriqué dans le nord de la Gaule vers 100 av. J.-C., le chaudron de Gundestrup est découvert à la fin du XIXe siècle dans une tourbière danoise. Il est conservé au Nationalmuseet à Copenhague. 10 celui de la conduire. Le noble, selon sa naissance et sa fortune, a des clients et des esclaves. Les clients sont des hommes libres (paysans, artisans…) qui se mettent au service de leur patron contre protection et subsistance et qui doivent accourir au moindre appel. Quant aux esclaves, ils sont, comme dans toutes les civilisations antiques, interdits de guerre et privés de droits ; ils peuvent être vendus, échangés, affranchis (question 4). • Des prêtres mystérieux, vêtus de blanc, cueillant le gui avec une serpe d’or… Cette représentation des druides est un cliché. Les druides sont en fait recrutés parmi la noblesse. Leur nom signifie « très savants ». Leur érudition encyclopédique (en philosophie, en astronomie, en botanique, en médecine…) est reconnue par tous, y compris par les Grecs et les Romains. Ils instruisent donc les jeunes nobles ; un enseignement exclusivement oral qui leur apprend notamment l’histoire de leurs ancêtres. Les druides rendent la justice entre les tribus ou entre les individus. Leurs fonctions étant strictement intellectuelles et morales, il leur est interdit de porter tout signe distinctif et d’amasser des richesses matérielles. C’est pourquoi les archéologues ont du mal à identifier les tombes de druides. Si on suit les Commentarii de César, ils se réunissent tous les ans dans la forêt des Carnutes autour de leur chef suprême ; lorsque celui-ci meurt, c’est lors de cette assemblée qu’ils élisent son successeur. Pénétrés des mystères du sacré et de l’Au-Delà, les druides président au culte (question 3). Ils interdisent de transcrire tout ce qui se rapporte à la religion et aussi, pendant longtemps, de donner un visage aux dieux. Jugés dangereux du fait de leur influence considérable, les druides sont persécutés par les empereurs romains Auguste, Tibère et Claude. Il nous faut oublier ce qu’ont longtemps enseigné les manuels d’Histoire sur « nos ancêtres les Gaulois » : blonds, échevelés, moustachus, belliqueux, ils ne seraient que des Barbares à qui Rome est venue apporter la civilisation. Dire aux élèves que les découvertes archéologiques (document 1 p. 14) détruisent tous ces clichés et nous révèlent une civilisation gauloise qui n’a pas fini de nous surprendre. Faire lire le document 3 p. 14 et faire répondre aux questions 5 et 6. Le régime alimentaire des Gaulois ne se limite pas à la viande de sanglier, comme pourraient le croire les élèves. La viande de porc constitue la base de l’alimentation carnée : elle est consommée bouillie, grillée ou braisée dans un chaudron. Les salaisons, transportées dans de grands saloirs en terre cuite, feront le délice des Romains après la conquête. Le lait de vache est consommé pur ou transformé en beurre, tandis que le lait de chèvre ou de brebis sert à la production des fromages (question 5). Pour l’habitat rural, pas de cabanes mais un ensemble de bâtiments délimité par des palissades. Les maisons de plan rectangulaire sont toujours composées de solides poteaux de bois qui maintiennent des murs en clayonnage revêtus d’argile et qui constituent la charpente. Le toit est recouvert de chaume par lequel la fumée peut s’échapper – empêchant ainsi le toit de pourrir – sans qu’il soit besoin de cheminée (question 6)5. Faire lire le document 2 p. 14 et faire répondre aux questions 3 et 4. La Gaule est aussi un espace politique cohérent car, même s’il n’y pas de nation au sens moderne du terme, l’organisation sociale révèle partout une forte hiérarchie. Les nobles et les druides constituent les deux classes dominantes : • Les peuples les plus puissants6 – les Arvernes, les Éduens, les Séquanes, les Bituriges, les Sénons – s’organisent comme des États dans la mesure où ils ont créé une administration centrale. État civil, perception de l’impôt, recensement et cadastre des terrains, conservation des testaments, mais aussi commerce et frappe monétaire constituent des archives écrites sur des supports périssables. Par exemple, lorsqu’en 58 av. J.-C., Jules César repousse la migration massive des Helvètes, il saisit des milliers de tablettes de bois enduites de cire listant les noms de tous les intrus ! Il précise que ces documents de recensement sont écrits « en lettres grecques ». C’est dire que ces comptes doivent être rédigés en langue celtique transcrite en utilisant l’alphabet grec. D’ailleurs, on a retrouvé dans le Midi de la France des inscriptions sur pierre utilisant ce système, appelées « inscriptions gallo-grecques ». Ces États sont dirigés par un sénat composé uniquement de nobles, c’est-à-dire de grands propriétaires fonciers, que César nomme « les chevaliers ». Chaque lignage aristocratique est représenté par l’un de ses membres. Tous les ans, le Sénat élit le magistrat suprême, le « vergobret », à qui il délègue les pouvoirs politique, judiciaire (qu’il partage avec les druides) et administratif. Le pouvoir militaire est confié à un noble, élu lui aussi annuellement. Ce chef n’a pas le pouvoir de déclarer la guerre – la décision reste collégiale après avoir consulté les druides – mais uniquement ➤ Activité 2 : documents 4, 5 et 6 p. 15 Pour l’art antique, les Celtes sont des guerriers. Faire observer le document 5 p. 15 et faire répondre à la question 8. La plus ancienne figuration de guerrier celtique (VIe siècle av. J.-C.) est la statue en pierre de Hirschlanden (Wurtemberg, entre la Forêt-Noire et la limite orientale du bassin de Souabe). Cette œuvre celtique représente un fantassin nu, la tête couverte d’un casque de bronze en forme d’abat-jour, le cou orné d’un torque (collier métallique de type hallstattien propre aux dieux chtoniens) et la taille entourée d’une ceinture dans laquelle est passé un poignard. Un peu plus récentes (Ve siècle av. J.-C.), des figurations de guerriers celtiques ornent la situle dite « Arnoaldi », de Bologne (Italie du Nord), où l’on voit un défilé de fantassins – associés à des Étrusques – portant un bouclier oblong à extrémités arrondies, à longues nervures et à umbo central. Le cimetière de Hallstatt a livré une longue épée de bronze, dont le fourreau porte un décor gravé et repoussé représentant des combattants celtiques et deux jeunes héros ou divinités portant une roue. Tous ces personnages sont vêtus d’un costume typiquement celtique : braies collantes et justaucorps bigarrés. Les fouilles de l’oppidum d’Alésia ont permis de retrouver toutes ces armes pour la période du 5. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 2 p. 19. 6. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 1 p. 18. 11 moustache et sa musculature robuste. Le guerrier porte un torque autour du cou (question 10). siècle av. J.-C. (question 8). Mais la représentation des Celtes ne se limite pas à la description de leur armement. Vers 250 av. J.-C., la grande sculpture monumentale se développe dans le Midi de la Gaule ; faire observer le document 4 p. 15 et faire répondre à la question 7. Le portique du sanctuaire celto-ligure de Roquepertuse a été reconstitué à partir de fragments. Les alvéoles creusées dans les piliers sont destinées à recevoir des crânes de guerriers, réels ou sculptés, selon un rite particulier au Midi (question 7). Au IIe siècle av. J.-C., la production statuaire est toujours féconde dans cet espace (tarasque de Noves au musée Calvet à Avignon, têtes coupées d’Entremont à Aix-en-Provence), mais l’Allemagne et la Bohème possèdent aussi de belles pièces (tête d’Heidelberg à Karlsruhe, tête de Msecké-Zehrovice à Prague). Toutes ces œuvres célèbrent la mort, ou plus précisément le mort « héroïsé ». Au Ier siècle av. J.-C., le culte devient plus pacifique dans cette civilisation qui, en raison de la croissance économique, préfère désormais le commerce à la guerre : les Gaulois offrent aux dieux des bijoux, des monnaies et des vases, plutôt que des armes, des animaux ou des hommes… Ier l’héritage celte Un oppidum gaulois Pour exercer leur activité en paix, artisans et commerçants s’établissent dans des sites fortifiés – les oppidums – construits sur une hauteur. Édifiés à proximité des gisements de matières premières et sur les voies commerciales, ils sont des étapes obligées pour les marchands et une source de profit nouveau pour les nobles, qui perçoivent des droits de péage. On connaît surtout leur étendue (qui peut atteindre 200 hectares), leurs remparts de différents types, associant souvent un poutrage en bois et des parements de pierre, et leur rôle : capitale administrative, refuge pour les populations rurales, mais aussi marché agricole périodique, centre artisanal, lieu de rassemblement religieux. Un plan d’urbanisme organise ces premières agglomérations permanentes : les activités et les habitations y sont réparties en quartiers distincts desservis par des rues rectilignes bordées de trottoirs et qui convergent vers la grande place publique. À Bibracte, les aristocrates vivent dans des maisons en pierre scellée au mortier de chaux, avec péristyle et atrium. On trouve aussi des édifices administratifs, des bâtiments de culte abritant sources et fontaines sacrées ; de grands espaces vierges servent d’enclos pour le bétail. C’est la statuaire hellénique qui produit les plus belles représentations de guerriers celtiques. Toutes proviennent d’ensembles monumentaux, dont l’existence nous est rapportée par des sources écrites : les trophées des rois Attale Ier (269-197 av. J.-C.) et Eumène II (197-159 av. J.-C.) à Pergame, le monument d’Attale Ier sur l’Acropole d’Athènes. Il convient de rattacher à ces représentations de l’époque pergaménienne le fameux Galate mourant ou Gaulois mourant du musée du Capitole à Rome, ainsi que le groupe de la villa Ludovisi, intitulé Arria et Paetus. Faire observer le document 6 p. 15 et faire répondre aux questions 9 et 10. Faire retenir que le mot « Celtes » apparaît pour la première fois dans des textes de l’historien et géographe grec Hécatée de Milet (548-475 av. J.-C.). Deux siècles plus tard, en 279 av. J.-C., les Celtes qui investissent le sanctuaire de Delphes sont dénommés « Galatai » (Galates) par les documents grecs. En 278 av. J.-C., un contingent de Galates est employé par Nicomède, roi de Bithynie, tandis qu’un autre groupe traverse l’Hellespont et se fixe sur le plateau phrygien (question 9). Environ un demisiècle plus tard, les auteurs latins parlent des « Galli » (Gaulois) à propos des Celtes installés en Gaule et en Italie du Nord. Nous ignorons d’où vient cette distinction entre Celtes et Gaulois. Toujours est-il que le terme « Gallia » (Gaule) se fixe pour désigner l’Italie du Nord (Gaule cisalpine) ainsi que les territoires au-delà des Alpes (Gaule transalpine). Il faut donc réserver le mot « Gaulois » aux habitants de la Gaule à une époque récente, à partir du IIIe siècle av. J.-C. ; pour les périodes qui précèdent et pour toutes les autres zones géographiques, on parle des « Celtes »7. Le Galate mourant est donc un Gaulois blessé à mort, assis sur un bouclier oblong à extrémités arrondies, s’appuyant de la main droite sur le sol ; à côté de lui, son épée et sa trompe de guerre. Il est nu, mais l’artiste grec l’a caractérisé comme Gaulois, par sa chevelure drue et hérissée, ses traits farouches, sa ➤ Activité possible Demander aux élèves de confectionner des panneaux pour préparer une exposition thématique sur l’oppidum de Bibracte8, par exemple. De toutes les places fortes gauloises, cet oppidum est le mieux conservé, épargné par les Romains, contrairement à Alésia ou Gergovie. Les techniques gauloises : l’orfèvrerie (le travail de l’or) Les artisans gaulois ont su fabriquer tous les outils à usage domestique. Avec un réel talent d’ailleurs, puisque la plupart des outils utilisés au XIXe siècle dans les campagnes françaises existaient déjà en Gaule au IIIe siècle av. J.-C. Les charpentiers, par exemple, excellent dans le travail du bois. Ils inventent le tonneau, bien commode pour transporter le vin, dont les Romains vont inonder le marché gaulois ; les solides charrettes de transport à quatre roues ou les carrioles légères contribuent à l’essor des échanges. Les charpentiers savent fabriquer des poutres parfaites, mais aussi des coffres, des baquets et des seaux, qui sont ensuite cerclés de fer. Les potiers, installés près des sites d’argile, façonnent, grâce à l’intensification de l’usage du four depuis la fin du IIIe siècle av. J.-C., des céramiques plus fines. Ils décorent leurs poteries de peintures d’animaux fantastiques ou de motifs géométriques. Les orfè- 7. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage celte », « D’où viennent les mots Gaulois et Celtes ? », p. 16. 8. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », activité 2, documents 2 et 3 p. 19. 12 Marseille (13) présente le portique du sanctuaire de Roquepertuse. Le musée Joseph-Déchelette de Roanne (47) possède une collection d’objets trouvés dans l’oppidum de Bibracte et la région du Forez. À Chalonsur-Saône (71), le musée Denon présente une collection d’armes gauloises. Demander aux élèves de rechercher le musée le plus proche de l’école pour préparer sa visite. vres gaulois – dont on sait peu de chose car aucun atelier n’a été retrouvé – disposent d’un or alluvionnaire abondant, notamment dans le Sud-Ouest, qu’ils travaillent en tôle fine. Le bronze – alliage de cuivre et d’étain et d’une belle couleur jaune d’or à l’état neuf – reste pourtant le matériau privilégié de la parure : fibules en or, en argent, en fer, en bronze, ciselées ou incrustées de corail pour agrafer les vêtements ; bracelets en or, en fer, en bronze ou en schiste, ceintures-chaînes en bronze, torques en or ou en bronze. Le torque est composé d’un collier proprement dit, qui peut être fermé ou ouvert. Le torque fermé est parfois muni d’un fermoir ou d’un système de fermeture (à crochet, par exemple). Le torque ouvert est pourvu d’un tampon (conique, campaniforme…) à chaque extrémité du collier. Du Ve au IIIe siècle av. J.-C., c’est le bijou des femmes les plus riches ; ensuite, il se fait rare : peut-être estil réservé aux statues en bois (disparues) de divinités, aux princes, aux plus valeureux guerriers ? Les verriers, passés maîtres dans la technique de coloration, créent aussi des bijoux pour leur clientèle féminine, comme les colliers de perles, d’ambre, de corail ou de verre, ainsi que les ceintures-chaînes, les bagues et les boucles d’oreilles en bronze ou en or. pour construire le résumé Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple, « Celtes », « Gaulois », « druides », « archéologues », « oppidum ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant en chronologie p. 12. Mettre les réponses en commun et écrire ensemble le résumé de cette séquence. bibliographie ➤ Activité possible Il n’est guère de villes, en France, qui ne possèdent une collection d’objets gaulois. Le musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye (78), possède la plus riche collection française d’armes, bijoux, vaisselle et autres outils d’époque gauloise, et présente de nombreuses maquettes du site d’Alésia. Le Musée municipal d’Épernay (51) possède une collection archéologique, aussi bien celte que gauloise, qui couvre la période allant de 650 av. J.-C. à la conquête romaine. Le musée Granet, à Aix-enProvence (13), présente les sculptures provenant de l’oppidum d’Entremont. Le musée de la Vieille-Charité à – V. Kruta, Les Celtes, coll. « Bouquins », Robert Laffont, 2000. – Les Celtes, catalogue d’exposition de Venise, éd. Bompiani, 1991. – F. Audouze, O. Buchsenschutz, Villes, villages et campagnes de l’Europe celtique, Hachette, 1989. – P. Brun, Princes et princesses de la Celtique. Le premier âge du fer (850-450 av. J.-C.), Errance, 1987. – C. Goudineau, C. Peyre, Bibracte et les Éduens, Errance, 1993. 13 les gaulois Pages 18 à 23 du dossier Référence aux Instructions officielles Dans l’Europe non méditerranéenne, la Gaule indépendante, qui est limitée par le Rhin, la Méditerranée, les Alpes, les Pyrénées et l’Atlantique, est, au cours des IIe et Ier siècles av. J.-C., le plus vaste et le plus riche des territoires celtiques. Les Gaulois sont les plus inventifs et les plus productifs de tous les Celtes. Les produits gaulois circulent à l’intérieur du monde celtique et méditerranéen, et nombre de leurs techniques agricoles et artisanales sont empruntées ou copiées par les peuples voisins. Mais, avec la conquête du Midi de la France vers 125-122 av. J.-C., la pénétration de Rome va s’accentuer, inaugurant une période de bouleversements au sein des tribus gauloises. Compétences • Identifier des espaces comme les différentes parties de la Gaule en 58 av. J.-C. • Caractériser une période : la civilisation de la Gaule indépendante, IIe-Ier siècles av. J.-C. Photofiche Voir la photofiche p. 52. la Gaule et l’Italie, qu’illustrent notamment les épaves chargées de vin italien retrouvées par l’archéologie sousmarine. Le développement de ce commerce favorise la constitution de pouvoirs indigènes ou les renforce1. La livraison d’esclaves aux Romains introduit aussi un processus de tensions croissantes entre tribus gauloises : d’abord, on prélève les esclaves parmi ses compatriotes, puis on va les rafler chez les peuplades voisines. Pour justifier ce trafic, les chefs gaulois qui s’y livrent doivent montrer et redistribuer une partie de la richesse qu’ils en retirent, d’où l’allure imposante des remparts qui ceignent les oppidums ou encore les excès des fêtes. Par exemple, le roi arverne Luern (v. 160 av. J.-C.) et son successeur Bituit (v. 130 av. J.-C.) – les ancêtres de Vercingétorix – donnent des fêtes grandioses, décrites dans un texte d’Athénée résumant un passage de Posidonius d’Apamée (v. 135 – 51 av. J.-C.), qui voyagea en Gaule au Ier siècle av. J.-C : « Sur près de 500 hectares sont amoncelées des amphores de vin et des cuves remplies de victuailles. Les festins durent plusieurs jours. Les souverains paradent sur leur char de guerre couvert de plaques d’argent, en jetant à la foule des pièces d’or frappées à leur image… » L’historien Camille Jullian résume ainsi l’impression produite sur les Grecs par les prodigalités des rois arvernes : « Le charme des vers, l’ivresse des repas, le foisonnement de l’or, les tumultes des grandes assemblées et par-dessus tout l’apothéose d’un héros vivant, voilà ce qu’étalait aux yeux des étrangers la royauté de Luern et Bituit, et pour tout cela, cette monarchie arverne fut l’expression la plus complète de la vie et de l’humeur gauloises. »2 comment vivaient les gaulois ? Le contexte historique Aux IIe et Ier siècles av. J.-C., il n’y a pas d’État central au sens moderne du terme, ni même de nation gauloise. Les peuples gaulois sont des tribus plus ou moins fortes, qui s’allient ou s’opposent au gré de leurs intérêts respectifs. La chronologie p. 18 montre que c’est à partir du Midi que les Romains vont investir la Gaule indépendante : la position du Midi et sa puissance économique poussent les Romains à y établir la plus ancienne colonie de peuplement hors d’Italie. Entre 125 et 122 av. J.-C., le Roussillon, le Languedoc, les Cévennes, la Provence, la vallée du Rhône et les Préalpes sont annexés à l’ager romanus pour former une provincia romana ou « Gaule narbonnaise », du nom de sa capitale Narbo Martius (Narbonne). L’axe NarbonneToulouse libère ainsi les Romains de la tutelle massaliote pour la diffusion de leurs produits en Gaule celtique. En effet, en s’alliant à Rome dès le IIIe siècle av. J.-C., Marseille est la première cité à ouvrir la voie à l’impérialisme romain. Ce qui n’empêche pas la provincia romana de lui livrer une concurrence acharnée : deux siècles plus tard, le vin italien élimine complètement le vin massaliote de tous les marchés gaulois. La pénétration commerciale romaine suit deux axes : l’isthme gaulois, qui va de Narbonne à Bordeaux, et le couloir Rhône-Saône, les Romains s’appuyant sur des supplétifs locaux, les Éduens de Bourgogne. En effet, depuis les migrations du IVe siècle av. J.-C., les Romains considèrent la Gaule comme une source de dangers ; les Éduens sont une force d’interposition entre Rome et les autres tribus gauloises. Au IIe siècle av. J.-C., on remarque une intensification des échanges entre L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : document 1 p. 18 La Gaule ou les Gaules ? 1. Voir le chapitre « Les Celtes » : « Le contexte historique », p. 9. 2. C. Jullian, Histoire de la Gaule, 1907-1926, rééd. en deux volumes, Hachette, 1993. 14 par une palissade. La maison est faite de bois et de torchis (mélange de paille et d’argile) et recouverte d’un toit de chaume par lequel la fumée du foyer peut s’échapper – empêchant ainsi le toit de pourrir – sans qu’il soit besoin de cheminée. Des poteaux porteurs plantés profondément dans le sol garantissent la stabilité du bâti. Ces poteaux aujourd’hui disparus ont laissé des traces appelées « trous de poteaux », dont la répartition, la taille et la forme ont permis aux archéologues de reconstituer l’habitat primitif gaulois, comme ici en Bourgogne (question 4). Des greniers surélevés protègent les récoltes contre l’humidité et la prédation. Des silos sont creusés dans le sol pour stocker les céréales, qui sont destinées à la consommation domestique ou à la vente. Quelques constructions sur poteaux servent d’étable ou de remise à outils. L’eau potable est puisée dans des puits tandis que des fosses dépotoirs reçoivent les déchets. Faire observer le document 1 et faire répondre aux questions 1, 2 et 3. On distingue dans la Gaule quatre parties (question 1) : – le Midi de la Gaule, qui s’étend d’Antibes à Toulouse et jusqu’à Vienne vers le nord, est conquis vers 125-122 av. J.-C. ; une provincia romana dite « Gaule narbonnaise » ou « Gaule transalpine » y est constituée (question 3). C’est d’ailleurs en tant que proconsul de la Transalpine et de la Cisalpine (l’Italie du Nord) que Jules César guerroie en Gaule intérieure, restée indépendante. Étant donné la situation géographique, les influences celtiques et méditerranéennes (grecque, ibère, ligure, latine) s’exercent sur les populations indigènes. Les peuplades gauloises sont les Volques à l’ouest du Rhône, et les Allobroges entre le Rhône et l’Isère ; – l’Aquitaine, peu celtisée ; – la Gaule du Nord, peuplée de Celtes dénommés « Belges ». Les tribus belges sont les dernières des tribus celtiques arrivées en Gaule3. Au nord-est, les Trévires, cavaliers réputés pour leur bravoure et assez proches des Germains, et en Champagne, les Rèmes, alliés des Romains, captent les trafics entre la Méditerranée et la mer du Nord. Lutèce, capitale des Parisii, est le grand carrefour du nord de la Gaule. Cette ville, installée sur une île de la Seine, jouit d’une prospérité exceptionnelle. Située entre les confluents Marne-Seine et OiseSeine, elle contrôle la route de l’étain britannique et s’enrichit des péages qu’elle lève sur les flux de marchandises ; – la Gaule celtique ou « Gaule chevelue », une dénomination mystérieuse qui lui vient de l’étendue de ses forêts, abrite les Gaulois à proprement dit. Insister sur les Arvernes (Auvergne actuelle) et les Éduens (Bourgogne). Au IIe siècle av. J.-C., la domination arverne s’étend jusqu’à Narbonne et aux limites du domaine de Marseille ; en 121 av. J.-C., le roi Bituit s’oppose sans succès à la conquête du Midi. La ruine de la monarchie arverne provoque une grande anarchie, décrite par César. Deux groupes de tribus visent à l’hégémonie : les Arvernes et les Séquanes d’une part, les Éduens et leurs alliés d’autre part. Cette rivalité, qui se prolonge par la lutte des deux factions à l’intérieur même des villes ou des tribus, se complique d’une querelle idéologique entre deux partis : l’un (éduen) étant favorable au maintien au pouvoir de l’aristocratie des cavaliers, l’autre (arverne-séquane) à la monarchie. Ce genre de soulèvements est fréquent, avant César comme pendant la guerre des Gaules. Tous échouent. C’est le cas de la tentative de Celtillos – le père de Vercingétorix – chez les Arvernes et, plus tard, d’Orgétorix l’Helvète, de Dumnorix l’Éduen ou de Casticos le Séquane. En 52 av. J.-C., un jeune noble arverne, Vercingétorix, devient le chef de la résistance gauloise. Faire observer le document 3 p. 19 et faire répondre aux questions 5 et 6. Les fouilles de l’oppidum de Bibracte, capitale des Éduens, ont révolutionné la connaissance du monde gaulois d’avant la conquête. Son site est celui du mont Beuvray, un massif du Morvan situé à une vingtaine de kilomètres d’Autun (question 5). En 1867, Napoléon III charge Jacques-Gabriel Bulliot, négociant en vins à Autun mais aussi figure de l’érudition régionale, d’engager des fouilles sur le mont Beuvray, alors que les spécialistes pensent que Bibracte se trouve sous la cité romaine d’Augustodunum (Autun). Bulliot puis son neveu Joseph Déchelette fouillent le site jusqu’en 1907, mettant au jour le rempart de l’oppidum, des ateliers d’artisans, un sanctuaire et ses annexes, de grandes maisons romanisées. Le matériel céramique et surtout métallique de Bibracte devient la référence européenne, et Bibracte est considéré comme le modèle de l’oppidum4. Comme tous les grands oppidums, Bibracte est ceinturé par un rempart précédé d’un fossé. Les plus impressionnantes de ces fortifications, que César nomme « murus gallicus », atteignent 4 mètres de hauteur et d’épaisseur. Les fouilles du rempart à la porte du Rebout révèlent les techniques de construction : l’armature du murus gallicus est composée de poutres en bois entrecroisées et assemblées par des clous en fer longs de 30 cm. Les rangées de poutres sont séparées par des couches de pierraille et de terre. À l’avant, de gros blocs de pierre forment un solide parement (question 6). À Bibracte, des tours de guet coiffent des portes monumentales fermées la nuit par des vantaux de bois. Sur les traces des gaulois ➤ Activité 2 : documents 2 et 3 p. 19 L’exploitation pédagogique des documents Les Gaulois ne sont pas des Barbares. Faire observer le document 2 p. 19 et faire répondre à la question 4. Cette maison gauloise de plan rectangulaire (on ne trouve les maisons circulaires que dans les îles britanniques) appartient à un groupe de bâtiments délimité ➤ Activité 1 : document 1 p. 20 Faute de textes gaulois, notre connaissance de la religion gauloise reste limitée. 3. Voir « Les Celtes » : « Le contexte historique », p. 9. 4. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage Celte », « Un oppidum gaulois », p. 16. 15 Dioscures avec l’assistance d’Apollon. Smertius permet aussi à Cernunnos, par le sacrifice d’un cerf, de revenir sous forme humaine afin de retrouver la déesse mère et de l’épouser. Ce cycle mythologique commande les fêtes saisonnières, chaque épisode étant célébré à date fixe en cérémonie religieuse. Quant à la déesse Epona (du celte epos, qui signifie « cheval »), elle est toujours figurée avec un cheval, qu’elle monte le plus souvent en écuyère, accompagnée parfois d’un poulain. Epona est la protectrice des chevaux, des palefreniers, mais aussi des cavaliers et des voyageurs (question 2). Elle aide aussi peut-être les âmes à se rendre dans le monde des morts. Enfin, elle est l’une des rares divinités gauloises à avoir été adoptée par les Romains. Qu’il s’agisse des dieux, des sanctuaires ou du clergé druidique, la littérature gréco-romaine est d’utilisation délicate en classe. Les auteurs classiques se contentent de reprendre Jules César. Pire, César lui-même, dans ses Commentarii Rerum Gestarum, emprunte à Posidonius d’Apamée, duquel proviennent les clichés qui sont répétés jusqu’à la fin de l’Antiquité. Par exemple, la bravoure des Gaulois qui s’explique par leur croyance en la métempsycose, qui leur retire toute peur de la mort, ou encore la mise à mort par les vainqueurs des guerriers vaincus : « Leur irréflexion s’accompagne aussi de barbarie et de sauvagerie, comme si souvent chez les peuples du Nord : je pense à cet usage qui consiste à suspendre à l’encolure de leur cheval les têtes de leurs ennemis quand ils reviennent de la bataille, et à les rapporter chez eux pour les clouer devant les portes. » Quant à la description des sacrifices humains, elle fait l’objet d’une complaisance morbide (de manière à justifier la conquête, qui a permis de normaliser la religion gauloise) : « Ce furent les Romains qui mirent fin à ces coutumes, ainsi d’ailleurs qu’à toutes les pratiques de sacrifices et de divination contraires à nos usages, car ils [les Gaulois] cherchaient des présages dans les convulsions d’un homme, désigné comme victime, qu’on frappait dans le dos d’un coup d’épée. Ils ne sacrifiaient jamais sans qu’un druide fût présent. On cite plusieurs formes de sacrifices humains chez eux : par exemple, on tuait certaines victimes à coups de flèches, ou on les crucifiait dans les temples, ou encore on confectionnait une effigie géante de paille et de bois, et après avoir jeté dedans des bestiaux et des animaux sauvages de tout genre et des hommes, ils en faisaient un holocauste. »5 ➤ Activité 2 : document 2 p. 20 Les représentations de guerriers gaulois permettent de comprendre les faits matériels observés lors des fouilles6. Faire observer le document 2 p. 20 et faire répondre aux questions 3 et 4. Le guerrier gaulois porte un casque en forme d’abat-jour. Faire décrire le casque. Le casque est parfois constitué d’une seule tôle de bronze martelé mais, plus souvent, d’une tôle de fer. Certains sont ornés d’un bouton sommital. Un protège-joues et protègemâchoires, mobile, articulé, est riveté au casque. Un anneau permet de l’attacher sous le menton avec un lacet en cuir. Faire remarquer aussi le couvre-nuque rigide et riveté au casque. La taille du fantassin est entourée d’une ceinture dans laquelle est passée une épée. Pour laisser libre le flanc gauche et faciliter ainsi l’usage du bouclier, l’épée repose sur la hanche droite. Elle est arrimée par une courroie de cuir et par des anneaux, pour ne pas gêner les courses du fantassin. La lame, plate, mesure environ 80 cm de long et 4 à 5 cm de large. Les épées à bout pointu sont des armes d’estoc (frappe avec la pointe) et de taille (frappe avec le tranchant de la lame) ; les autres, à bout arrondi, sont exclusivement des armes de taille. Le fourreau est en tôle de bronze ou de fer. Le fantassin et le cavalier portent une lance. La longueur standard de la lance est de 2,50 m ; sa hampe est en bois. La forme et la longueur du fer varient selon que la lance sert à un fantassin ou à un cavalier, au lancer ou au corps à corps. Le fantassin porte un grand bouclier en bois, ovale et plat. Son armature est maintenue par une pièce métallique ronde, le umbo. Le bouclier possède une poignée centrale (question 3) et protège bien le corps ; il permet de tenir l’ennemi à distance et d’éviter, d’absorber ou d’évacuer les coups par le repli ou la rotation de la main portante. Depuis le IIIe siècle av. J.-C., une cotte de mailles avec rabat sur les épaules complète l’équipement de protection du cavalier (question 4). Les sources classiques rapportent que les Gaulois combattent nus, mais les fouilles révèlent qu’ils sont habillés de vêtements de couleurs vives, à carreaux, comme l’attestent les fragments de tissus bien conservés retrouvés dans les tombes. Le costume celtique typique se compose de braies – pantalon – collantes et resserrées aux chevilles, d’un justaucorps bigarré et de bottines en cuir. Les comparaisons entre le plus complet des objets religieux de la période indépendante, le chaudron de Gundestrup (document 4 p. 13), et les plus anciens documents gallo-romains ont permis de reconstituer un cycle mythologique gaulois. Ce cycle met en scène une déesse mère qui épouse successivement le dieu du Ciel, Taranis, et le dieu de la Terre, Esus. Ce dernier apparaît, suivant les saisons, tantôt sous une forme humaine et sous le nom d’Esus, tantôt sous la forme d’un monstre hybride moitié homme moitié cerf, Cernunnos. Faire observer le document 1 p. 20 et faire répondre aux questions 1 et 2. En tant qu’Esus, le dieu est celui de la Végétation et l’époux printanier de la déesse mère ; en tant que Cernunnos, il est le dieu des Enfers. Comme tous les dieux chtoniens, il est assis en tailleur et porte un torque ; il en tient un autre dans sa main droite. De sa main gauche, il brandit un serpent à tête de bélier qui le protège (question 1). Il est entouré de nombreux animaux, dont le taureau et le cerf. Cernunnos devient, à la fin de l’hiver, l’amant de la déesse mère, qui a quitté Taranis et ses chiens redoutables pour le rejoindre sous la terre. Encouragé par la déesse mère, le compagnon d’Esus, le héros Smertius, tue un chien de Taranis. Pour se venger, le dieu du Ciel envoie un autre chien et transforme la déesse mère et ses deux complices en trois grues, lesquelles reprennent leur forme humaine grâce à Smertius, qui sacrifie les trois taureaux divins découverts par les 5. Strabon, Géographie, IV, 5, trad. F. Lasserre, coll. « Universités de France ». 6. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des Celtes », documents 4, 5 et 6 p. 15. 16 ➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 21 Gaule celtique ou les renforce : au IIe siècle avant J.-C., ce sont des royautés ; au Ier siècle av. J.-C., ce sont des pouvoirs oligarchiques. Il faut donc en finir avec la légende d’une Gaule farouchement retranchée, de Gaulois vivant comme des demi-sauvages. Nous avons affaire, surtout pour la « Gaule chevelue », à des pouvoirs parfaitement constitués, entretenant contacts et échanges avec le monde extérieur. La richesse de la Gaule repose sur l’agriculture et l’élevage. Les textes grecs et latins mettent l’accent sur l’exceptionnelle fécondité agricole de la Gaule. Les fouilles mettent au jour nombre de petits établissements ruraux7. L’étude de l’outillage montre qu’aux IIe et Ier siècles av. J.-C. sont mis au point les outils de fer qui formeront, jusqu’au XIXe siècle, le fonds de toute exploitation agricole, depuis la faux, la faucille et la bêche, jusqu’aux forces pour tondre les moutons. Les progrès de la métallurgie du fer profitent aussi aux instruments à abattre et à travailler le bois, ainsi qu’à l’outillage artisanal. Faire observer le document 4 p. 21 et faire répondre aux questions 6 et 7. L’araire en bois est toujours en usage : un attelage de bovidés tire l’araire avec un harnais qui leur serre le cou et les étrangle lorsque l’effort est intense (question 6) ; le paysan conduit l’attelage avec un bâton (question 7). L’araire en bois est amélioré grâce à l’ajout d’un soc de fer, qui permet de labourer les sols lourds. Le coutre du soc retourne la terre de part et d’autre du sillon et l’aère en même temps, ce qui permet de semer plus profond et de mieux enfouir les graines, et donc d’en perdre moins. Les paysans fertilisent les sols avec l’apport de fumier et pratiquent la jachère. La Gaule est donc un grenier à céréales : blé, orge, millet, avoine, froment, sarrasin. Cette base agricole ne permet pas de considérer la Gaule comme une entité isolée. Tout le Midi, depuis la fondation de Marseille en 600 av. J.-C., est en relation avec les puissances méditerranéennes, de même que les peuples de la Gaule indépendante. Ainsi, au IIe siècle avant J.-C., les Éduens sont liés à Rome par une alliance qui remonterait au siècle précédent. Une alliance très forte puisque les Éduens sont déclarés « frères du même sang » du peuple romain, une formule utilisée par Rome seulement à l’égard des Troyens – dont les Romains se prétendent les descendants. Faire lire le document 3 p. 21 et faire répondre à la question 5. À partir du IIe siècle avant J.-C., on constate une intensification des échanges marchands entre la Gaule et l’Italie, qu’illustrent les épaves de navires chargés de vin italien retrouvées par l’archéologie sous-marine. Le vin est convoyé dans des amphores, alignées et calées dans les soutes par des branchages ; selon la taille du bateau, 4 000 à 10 000 amphores peuvent être transportées. Ainsi, 500 000 à 1 million d’amphores arrivent chaque année en Gaule (soit 125 000 à 250 000 hectolitres, puisqu’une amphore contient 25 litres !). Les droits de péage – à hauteur des volumes importés – sont considérables (question 5). Les Gaulois exportent des métaux (cuivre, plomb, étain, fer), du blé livré en vrac dans des sacs, des tissus, du bétail, des salaisons et des fourrures. Mais l’essentiel des trafics est celui des esclaves ; c’est l’époque où l’esclavage atteint son apogée en Italie à cause du mode d’exploitation du sol et parce que, pour tenir son rang, un patricien doit entretenir une foule servile. L’intensification du commerce accélère l’émergence de pouvoirs forts en ➤ Activité 4 : document 5 p. 21 Conquise par Jules César, la Gaule reste sous l’imperium romain jusqu’au Ve siècle ap. J.-C. Dire aux élèves que notre source sur la guerre menée par Rome contre les Gaulois est La Guerre des Gaules (De Bello Gallico) de Jules César. À part le livre VIII, écrit après la mort de César par l’un de ses collaborateurs, Hirtius, les autres sont rédigés par César lui-même, dans ses quartiers de Bibracte, après la prise de l’oppidum d’Alésia, durant l’hiver 52-51 av. J.-C. La méthode de travail est intermédiaire : alors qu’un historien amalgame des matériaux provenant d’autrui, César mémorialiste fait entrer le contenu de ses dossiers dans des livres de forme annalistique, ce genre constituant à Rome le cadre traditionnel des plus vieilles chroniques, où le récit est réparti, découpé année par année, saison par saison. Les dossiers comprennent un journal de marche, des lettres ou rapports reçus de divers officiers et le double des rapports officiels de César au Sénat de Rome. Après la mort de César, Hirtius compose de la même manière le livre VIII, et d’autres, les « continuations » du corpus césarien : Guerre d’Alexandrie, Guerre d’Afrique, Guerre d’Espagne. Faire lire le document 5 p. 21 et faire répondre à la question 8. On peut considérer que les peuples cités par Jules César sont en place dans les années 150 av. J.-C. Toutes les tribus gauloises n’ont pas la même importance. Faire reprendre le document 1 p. 18, qui montre de grands territoires dans le Midi et dans le Centre (des Séquanes aux Santons d’est en ouest). En revanche, la partie septentrionale de la Gaule est formée d’une mosaïque de petits peuples (Nerviens, Ambiens, Atrébates d’Arras, Trévires, Rèmes). Mais chacun a le sens de son identité : « Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois » (question 8). Évoquer aussi la généralisation du monnayage indigène. Vers le milieu du IIIe siècle av. J.-C., les Arvernes frappent la première monnaie gauloise, monnaie d’or qui imite le statère grec de Philippe II de Macédoine qui circule déjà dans tout le Bassin méditerranéen. Dorénavant, la noblesse gauloise règle ses dépenses de prestige avec des pièces d’or. L’essor des oppidums, la multiplication des transactions et l’apparition de milliers d’objets de fer de faible valeur provoquent, vers 100 av. J.-C., le besoin de petite monnaie. Si les produits de luxe sont toujours payés en pièces d’or, les achats quotidiens s’acquittent avec des pièces de bronze ou d’argent, qui n’ont de valeur que sur le territoire de la tribu. En dehors, elles ne sont acceptées que pour leur poids en métal précieux. Les monnaies sont une des créations les plus originales des Gaulois. Les motifs humains, animaliers ou 7. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », documents 2 et 3 p. 19. 17 d’art sont réalisés, tels cet enfant vêtu d’un manteau à capuchon (musée des Antiquités nationales à SaintGermain-en-Laye) et ce grand sanglier à échine (Musée historique de l’Orléanais). Le cucullus, ou manteau à capuchon, a fait fureur chez les Romains au point que l’empereur Caracalla (188-217) lui doit son surnom. Quant au sanglier, il est le gibier par excellence et le mets de prédilection des dieux et des héros. Les bronziers exercent aussi leur talent dans la fabrication de la vaisselle, d’éléments de chariots ou de bateaux. Au Ier siècle av. J.-C., le fer, beaucoup moins coûteux que le bronze, investit la vie quotidienne. Ainsi, à côté des armes, toujours d’excellente qualité, les forgerons produisent, dans des fourneaux de petites dimensions, des outils agricoles plus perfectionnés, des clefs et des serrures, et les clous nécessaires à l’assemblage des énormes poutres du murus gallicus. Ce sont eux aussi qui inventent le cerclage des roues sans clous. abstraits sont décomposés et recomposés à l’infini : chevaux au corps très stylisé, parfois à tête humaine, sangliers, motifs celtiques (boucles, esses…), noms d’oppidums, visages, notamment celui de Vercingétorix au profil grec et aux longues boucles. l’héritage gaulois Le pain La culture principale, pilier de l’économie agricole de la Gaule, est le blé. Il est le plus souvent récolté à la faux ou à la faucille. Des meules tournantes en pierre en broient les grains. Cette farine, stockée dans d’énormes jarres en céramique, les dolia, est transformée en pâtisseries, en galettes et en pain. Si on ajoute la viande de porc, les salaisons, le lait, les légumes (petits pois, lentilles, fèves, peutêtre choux, navets et carottes) et différentes sortes de bières, on approche de ce que pouvait être l’alimentation gauloise au Ier siècle av. J.-C. ➤ Activité possible Le musée des Antiquités nationales à Saint-Germainen-Laye (78) possède la plus riche collection française d’armes, bijoux, vaisselle et autres outils de l’époque gauloise. Demander aux élèves de confectionner des panneaux pour préparer une exposition thématique sur l’artisanat gaulois. Les noms des fleuves et des rivières de France Si la langue française a pour principale origine le latin, il ne faut pas oublier que le latin lui-même a intégré des mots gaulois. Par exemple, les fameux pantalons gaulois sont nommés « braies » en français, braca en latin, emprunté au gaulois. De même, char, charrette, charpente… sont dérivés de mots gaulois latinisés. Beaucoup de noms d’arbres (chêne, bouleau…), de plantes (verveine, bruyère…), de cours d’eau (Seine, Saône…), de montagnes (Ardennes, Vosges…) nous viennent du gaulois. Quant aux villes et villages qui portaient des noms latins après la conquête, ils ont repris des noms rappelant leur origine gauloise. Lutèce s’est appelée Paris, du nom des Parisii. Avaricum est devenue Bourges, du nom des Bituriges. pour construire le résumé Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple, « tribus », « agriculture », « élevage », « polythéisme », « artisans », « oppidum », « conquête romaine ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant dans la chronologie p. 18. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence. ➤ Activité possible bibliographie Les élèves sont invités à se documenter sur l’origine du nom de leur lieu de résidence et de leur région. – C. Delaplace, J. France, Histoire des Gaules, VIe siècle av. J.-C. / VIe siècle ap. J.-C., coll. « Cursus », Armand Colin, 2005. – C. Goudineau, Regard sur la Gaule, Errance, 2000. – L’Art celtique de la Gaule au musée des Antiquités nationales, catalogue d’exposition, Réunion des musées nationaux, 1989. – M. Py, Les Gaulois du Midi, de la fin de l’âge de bronze à l’époque romaine, Hachette, 1993. L’artisanat / L’art des bronziers La place des artisans est si éminente qu’ils sont enterrés avec leur outillage, comme jadis un prince hallstattien l’était avec son char ou ses armes. Au premier rang de ces artisans, les bronziers. Le bronze – alliage de cuivre et d’étain, qui, neuf, est d’une belle couleur jaune d’or – est le matériau de la parure : fibules pour agrafer les vêtements, torques, bracelets, ceintures, chaînes. Des objets 18 Écrire à la manière de… l’antiquité Pages 24 et 25 du dossier Référence aux Instructions officielles Au cours de sa scolarité, l’élève découvre de nouveaux supports de travail (glaise, pâte à modeler) et d’autres instruments, notamment ceux qui marquent le support (pointe, peigne, manche du pinceau, etc.). Il enrichit et module son geste pour le rendre précis ou aléatoire, vif ou modéré, souple ou cassant, appuyé ou léger, impliquant le corps entier, ou seulement le bras ou le poignet, guidé ou non à l’aide d’un instrument. Compétences • Être capable de choisir, manipuler et combiner des matériaux, des supports, des outils. • Être capable de témoigner d’une expérience, de s’exprimer sur une œuvre. L’exploitation pédagogique en classe grammes et les phonogrammes. En parallèle, les Égyptiens utilisent aussi des signes-consonnes, établissant ainsi ce que l’on peut appeler un alphabet. Bien que la combinaison de ces différents signes ait été suffisante pour écrire, les Égyptiens y ont ajouté des signes idéographiques. Ils utilisent aussi les couleurs pour donner un sens à leurs écrits : le bleu se rapporte au ciel, le rouge à la terre et au soleil, le vert à l’eau. Pour connaître le sens de la lecture, les Égyptiens regardent la direction des têtes d’animaux et d’hommes, leurs yeux étant tournés vers le début des textes. Seul les noms des souverains égyptiens sont gravés dans des cartouches. Écrire, c’est garder une trace de ce que l’on dit, de ce que l’on possède, de ce que l’on pense. Les premiers textes retrouvés au cours du IVe millénaire avant Jésus-Christ sont liés au recensement des biens que les hommes possédaient (nombre d’animaux dans un troupeau, quantité de grains récoltée…) ainsi qu’aux nécessités du pouvoir (impôts, lois…). L’écriture est liée à l’évolution de la société : elle favorise une organisation plus complexe, elle permet de garder des traces. Les premiers textes ont été retrouvés sur des tessons de poteries ou des tablettes d’argile. D’autres supports ont été utilisés, comme le cuir, les étoffes, le papyrus – duquel provient le mot « papier ». L’écriture, les outils, les signes et les supports ont été simplifiés avec l’usage. ➤ Activité 2 : « Je réalise une tablette à la manière de… » Dans l’Antiquité, des types d’écriture très différents ont été créés : hiéroglyphes égyptiens, cunéiformes sumériens, alphabet grec. Les Égyptiens écrivent avec des pictogrammes : un signe équivaut à un mot. Les Sumériens, vers 2600 av. J.-C., ont apporté une amélioration très importante à l’écriture : les scribes ont utilisé un roseau coupé en biseau pour imprimer la glaise encore molle de leurs tablettes. C’est de là que vient le nom de leur écriture : l’écriture « cunéiforme » (en forme de coins). À partir de cette forme de base, les Sumériens ont développé une écriture qui servit de fondement à toutes les autres écritures cunéiformes. Par la suite, les Phéniciens ont révolutionné le système de l’écriture en inventant un alphabet uniquement composé de consonnes. Cet alphabet était composé de 22 lettres. Il était très facile à utiliser, ce qui a permis à tout le monde de l’apprendre. Les Grecs, leurs voisins, l’ont adopté. Ils y ont ajouté les voyelles, qui facilitent la lecture. Le mot « alphabet » vient de la réunion de la première lettre, alpha (A), et de la deuxième, bêta (B). 1. J’écris mon âge à la manière du scribe Intef Les Égyptiens ont un système de numérotation décimal. Ils utilisent la répétition de l’unité autant de fois que nécessaire pour les nombres jusqu’à 9. La répétition de l’écriture du nombre 10 permet d’écrire les nombres jusqu’à 90. Pour écrire 8, les Égyptiens notent huit fois le signe 1 ; 90 s’écrit par la répétition du signe 10 neuf fois. Le mot « papyrus » désigne à la fois la plante (roseau à longue tige poussant sur les bords du Nil) et le support de l’écriture. Pour fabriquer le papyrus, les Égyptiens procèdent en cinq étapes : 1. Ils commencent par couper les tiges en morceaux de 40 cm de longueur. Après avoir retiré l’écorce, le papyrus est débité en fines lamelles dans le sens de la longueur. 2. Les lamelles sont disposées les unes à côté des autres pour former un carré. La seconde couche de lamelles est déposée à 45 degrés. Les deux couches sont frappées avec un maillet pour les aplatir. 3. Si l’épaisseur n’est pas satisfaisante ou si des trous apparaissent, il est possible de les boucher en ajoutant à nouveau des lamelles. Pour que ces ajouts tiennent, la sève du papyrus est utilisée comme colle. 4. L’opération est répétée plusieurs fois. Les feuilles ainsi fabriquées sont placées ensuite sous une presse. ➤ Activité 1 : « Je découvre des techniques et des écritures différentes » L’écriture égyptienne est construite sur la redondance. Les hiéroglyphes utilisent des signes-mots : les logo- 19 Pour aller plus loin 5. La dernière opération consiste à polir les feuilles à l’aide d’un polissoir en ivoire ou en ébène pour que l’encre n’accroche pas. Pour que les élèves écrivent sur du papier ressemblant le plus possible au papyrus, il existe des feuilles à inclusions de fibres. Certains magasins spécialisés proposent des feuilles de papyrus. Pour écrire, les scribes utilisent soit des plumes taillées en biseau soit des baguettes trempées dans l’encre. L’utilisation des plumes Sergent Major est tout à fait envisageable au sein d’une classe. Se confronter à d’autres écritures, c’est découvrir des pays, des cultures et des langues. Pour étoffer ce travail, on pourra proposer aux élèves et à leurs familles ayant une écriture différente de venir présenter leur patrimoine culturel au sein de la classe (calligraphie chinoise, écriture arabe, écriture cyrillique…). bibliographie 2. J’écris mon prénom à la manière des Grecs Les enfants grecs et romains apprennent à écrire sur une sorte d’ardoise recouverte d’une couche de cire. Les lettres sont tracées à l’aide d’un stylet dont l’extrémité opposée est aplatie. Cette sorte de spatule sert de gomme. La cire étant relativement souple, les élèves peuvent écrire plusieurs fois en utilisant la même couche de cire. Pour les textes qui doivent durer longtemps, l’ardoise de cire est remplacée par une tablette d’argile gravée. Les élèves peuvent écrire leur prénom dans de la terre glaise, mais elle se craquelle souvent en séchant. Pour obtenir un résultat plus satisfaisant, il est possible d’utiliser de la pâte à modeler conçue pour sécher à l’air libre. Les stylets peuvent être remplacés avantageusement par des baguettes chinoises que l’enseignant retaille préalablement en pointe. Les magasins de bricolage ont souvent un rayon loisirs créatifs où l’on peut trouver des stylets pour la poterie. – J. Poirier, G. Rachet, Vie et activité des hommes dans l’Antiquité, Hachette, 1981. – K. Delobbe, Des Enfants dans l’Antiquité, coll. « Bonjour l’Histoire », PEMF, 1999. – M. Meuleau, Égypte Orient Grèce, Bordas. sites – http://classes.bnf.fr/dossier/ Dossier de la BNF sur l’écriture avec des pistes d’exploitation en classe. – http://www.dinosoria.com/naissance ecriture.htm Ce site présente des images des différentes écritures. – http://www.atelier-calligraphie.com/histoire.htm Ce site explique comment fabriquer et utiliser un calame. 20 jules césar Pages 26 à 31 du dossier Référence aux Instructions officielles La trajectoire dans l’histoire d’un peuple ou d’une ville destinés à un grand avenir est toujours entourée de mystère. D’abord, l’historien est mal armé pour l’étude d’une époque très reculée dans le temps, qui n’est connue que par des sources tardives ou partielles. Ensuite, une inclinaison naturelle porte les chroniqueurs à enjoliver et donc à déformer la naissance de leur patrie. Rome ne fait pas exception à cette règle. Contrairement à ce que racontent les annales, l’histoire de Rome, depuis ses origines jusqu’à la conquête de l’Italie, puis de la Méditerranée, n’est pas celle d’une montée en puissance irrésistible. Et le tableau d’une cité progressant par une sorte de dynamique autonome est aussi à critiquer. Rome, dès ses débuts, appartient à la communauté des cités latines dont elle partage longtemps le destin. Comme elles, elle entretient d’étroites relations avec les deux civilisations de haut niveau qui l’encadrent : la civilisation étrusque au nord et la civilisation grecque au sud. Compétences • Situer dans le temps les moments importants de la vie de Jules César. • Mettre en perspective la trajectoire de Jules César dans la chronologie du guerre civile). • Caractériser une période : l’émergence de la monarchie militaire à Rome. Ier siècle av. J.-C (guerre des Gaules et Photofiche Voir la photofiche p. 54. se prononcent souverainement sur les projets de lois et, plus important que tout, délibèrent sur la paix ou la guerre. Il appartient aux citoyens d’accepter ou de repousser une alliance ou une paix, ainsi que les traités. Si nous fixons notre attention sur le pouvoir des consuls, le gouvernement apparaît tout à fait monarchique. Si nous considérons le pouvoir du Sénat, il paraît être aristocratique, et enfin, si l’on observe le pouvoir du peuple, il semble être nettement une démocratie. »1 L’égalité civile et politique des citoyens n’empêche pas la République romaine de conférer un rang supérieur à quelques grandes familles, les gentes2, qui sont à la tête de l’État. Cependant, la lutte des ambitions personnelles, au cours du Ier siècle av. J.-C., annonce la disparition de la république. Les droits des citoyens dépendront désormais du bon vouloir du général victorieux, puis de l’empereur. qui était jules césar ? Le contexte historique L’étude de la chronologie p. 26 permet de mettre en évidence deux époques successives : – de la fondation légendaire de Rome en 753 av. J.-C. au début de la République romaine en 509 av. J.-C., les annales, qui compilent des matériaux légendaires et historiques, situent les règnes de sept rois latins et sabins jusqu’en 616 av. J.-C., étrusques ensuite ; – la République romaine dure près de cinq siècles, de 509 à 27 av. J.-C. Elle recouvre la mise en place d’institutions qui subsistent jusqu’au principat d’Octave, la conquête de l’Italie, puis celle du monde méditerranéen, enfin les guerres civiles du Ier siècle av. J.-C. qui aboutissent à la disparition définitive du régime. Pour bien comprendre ce que représente la république pour les Romains, il faut dire que les droits civils et politiques du citoyen sont garantis par la forme républicaine du gouvernement, et que la république est intimement liée au respect des lois et à la répartition des compétences entre le Sénat, les magistrats et les citoyens : « C’est le Sénat qui règle tout ce qui concerne les revenus et les dépenses ; d’autre part, les consuls ont pleins pouvoirs pour ce qui est des préparatifs de la guerre et de la conduite des opérations [...]. Mais ce sont les citoyens qui L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : document 1 p. 26 La Méditerranée se trouve, pour la première fois, unifiée et pacifiée par la paix romaine (pax romana). Faire observer le document 1 p. 26 et faire répondre aux questions 1, 2 et 3. Depuis la fin du IIIe siècle av. J.-C., le peuple romain étend son imperium à la fois sur la péninsule italienne et sur les rivages de la Méditerranée. Cette conquête, commencée en Occident par l’occupation de la Sicile (241 av. J.-C.), de la Sardaigne (236 av. J.-C.) et de 1. Polybe (v. 200 – 125-120 av. J.-C.), Histoires. 2. Les gentes regroupent tous ceux qui se rattachent à un ancêtre commun et éponyme. En plus de ceux qu’unissent les liens du sang, la gens comprend des clients, qui doivent assistance à leurs patrons et reçoivent en échange aide et assistance en cas de besoin. Les gentes les plus puissantes forment une classe privilégiée, le patriciat. 21 La légende des jumeaux, d’inspiration latine, date certainement du VIIe siècle av. J.-C. En effet, après cette époque, les rois étrusques déplacent le centre de gravité de Rome du Palatin vers le Forum. On voit mal pourquoi la dynastie étrusque, qui fait de cette fondrière régulièrement envahie par les eaux du Tibre le cœur de la nouvelle Rome, détrônant ainsi la prééminence du Palatin, se serait en même temps ingéniée à créer une légende qui donne précisément le rôle central au Palatin… L’enfance des jumeaux est marquée, dans les annales destinées à glorifier les débuts de Rome, du sceau du merveilleux. Faire observer le document 3 p. 27 et faire répondre à la question 6. Selon un récit transmis en particulier par l’historien Tite-Live (v. 64 – v. 10 av. J.-C.), Romulus et Remus sont originaires d’Albe-la-Longue, capitale mythique des Latins, dont les Romains disaient qu’elle avait disparu et qu’ils situaient sur les bord du lac d’Albano, à 30 km au sud de Rome. Leurs parents sont la vestale Rhea Silvia et le dieu Mars. Condamnés à mort par leur grand-oncle Amulius, usurpateur du trône d’Albe, les jumeaux, abandonnés sur le Tibre, sont sauvés par le berger Faustulus, qui les trouve au moment où une louve les allaite (question 6). Cette scène se déroule au flanc du Palatin, l’une des collines de la future Rome. Les jumeaux apprennent leur véritable filiation, chassent Amulius et replacent leur grand-père Numitor sur le trône d’Albe ; puis Romulus fonde Rome. l’Espagne (197 av. J.-C.), se poursuit conjointement dans les deux bassins de la Méditerranée. Elle s’accélère à partir du IIe siècle av. J.-C. avec la création des provinces de Macédoine (148 av. J.-C.), d’Afrique (146 av. J.-C.) et d’Asie (133-129 av. J.-C.) (question 1), ainsi que de la Gaule narbonnaise (125-121 av. J.-C.). Luttant à la fois contre les pirates qui pullulent et contre le roi du Pont3, Mithridate VI Eupator, dont les ambitions menacent la présence romaine en Asie et en Grèce, Rome continue de créer des provinces en Orient : Cilicie (96 av. J.-C.), Bithynie-Pont (74 av. J.-C.), Syrie (64 av. J.-C.), Chypre (59 av. J.-C.). Les royaumes hellénistiques, vestiges des conquêtes d’Alexandre le Grand, disparaissent. L’épopée césarienne ajoute la Gaule celtique (58-52 av J.-C.) et la Numidie (question 2). Ainsi, lorsque Marc Antoine et Octave, associés à Lépide au sein du second triumvirat (43 av. J.-C.), se posent en vengeurs de César assassiné, la quasi-totalité des rivages de la Méditerranée obéit à Rome, à l’exception du Royaume lagide4, réduit à l’Égypte. Lorsque Octave décide « d’ajouter l’Égypte à l’imperium du peuple romain »5 (31 av. J.-C.), il considère donc la conquête comme terminée ; il fait fermer le sanctuaire de Janus à Rome, ce qui n’était pas arrivé depuis plus de deux siècles. Partout, Rome s’approprie l’espace en installant une administration provinciale6 réduite, chargée surtout de maintenir l’ordre public et de faire rentrer l’impôt. La guerre est cantonnée aux périphéries de l’Empire. Pour exprimer leur reconnaissance, les populations des provinces d’Asie et de Bithynie prennent l’initiative d’instituer un culte de Rome et d’Octave ; elles sont bientôt imitées par d’autres. La paix romaine en Méditerranée – des Colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar) au Bosphore et au delta du Nil – durera cinq siècles (question 3). Faire observer le document 4 p. 27 et faire répondre à la question 7. La Rome de Jules César regroupe sept collines – le Palatin, l’Aventin, l’Esquilin, le Quirinal, le Capitole, le Viminal et le Caelius (question 7) – situées face au dernier gué du Tibre avant l’embouchure, à un endroit où un méandre profond forme un excellent port naturel pour les navires qui remontent le fleuve depuis la mer Tyrrhénienne, à 30 km de là, et pour ceux qui le descendent. C’est le carrefour naturel des deux plus grandes voies stratégiques et commerciales de l’Italie centrale : le cours navigable du Tibre y croise la route terrestre qui vient d’Étrurie et arrive jusqu’au gué du fleuve ; au-delà, celle-ci se divise en deux voies donnant accès à la Campanie et à l’Italie méridionale : celle de la vallée du Sacco et du Liri (la future voie Latine) et celle des vallées pontines (la future voie Appienne). Faire repérer le Palatin. Les fouilles conduites sur une surface comprise entre l’arc de Titus et la maison des Vestales prouvent l’existence d’un habitat fortifié sur le Palatin dès le VIIIe siècle av. J.-C. : comment ne pas penser, dans ce lieu et à cette époque, à la légende qui prétend que Romulus fonda Rome sur le Palatin en 753 av. J.-C. ? Plusieurs fonds de cabanes y ont été dégagés. Le tuf de la colline est creusé pour servir de sol à des cabanes de forme ovale dont le toit est soutenu par des pieux verticaux (les trous dans lesquels ils étaient enfoncés sont encore visibles). Les urnes cinéraires découvertes dans la nécropole du Forum reproduisent minutieusement l’aspect de ces cabanes primitives. ➤ Activité 2 : documents 2, 3 et 4 p. 27 Quand et comment Rome est-elle née ? La légende veut que Romulus ait fondé Rome en 753 av. J.-C. sur le mont Palatin. Faire lire le document 2 p. 27 et faire répondre aux questions 4 et 5. Les jumeaux Romulus et Remus se disputent l’honneur de fonder une ville, et le premier des deux frères tue le second. La légende utilise un rite étrusque : après la prise des auspices (question 4) et la détermination des points cardinaux, Romulus trace sur le sol deux axes perpendiculaires, orientés respectivement nord-sud et est-ouest. Puis, guidant un araire, il ouvre dans le sol le sillon primordial, dont la ligne (le pomerium) sert de ceinture de défense magique à la ville nouvelle. Enfin, un maillage de rues en damier divise l’espace urbain. Une autre colline située au nord, le Capitole, porte les temples des divinités poliades. Romulus bénéficie du prestige d’avoir donné son nom à la cité (question 5) : sa figure, marquée à l’origine de traits un peu frustes, s’idéalise, et il apparaît au Ier siècle av. J.-C. comme le prototype du chef de guerre et de l’homme d’État (imperator en latin) que les ambitieux prennent pour modèle. 3. Situé au bord de la mer Noire, le Pont couvre le nord-est de la Turquie actuelle. 4. La dynastie lagide est fondée par l’un des généraux d’Alexandre : Ptolémée, fils de Lagos. 5. Le Testament d’Octave, Res Gestae Divi Augusti, 27-1, Les Belles-Lettres, éd. J. Gagé, 1935. 6. Tandis que les provinces les plus anciennes et les plus calmes sont laissées à l’administration du Sénat, les autres sont placées sous l’imperium d’Auguste, qui y nomme un légat. 22 ➤ Activité 3 : document 5 p. 27 La supériorité de l’armée romaine repose longtemps sur la composition de son recrutement. La citoyenneté romaine est en effet un agrégat de droits, de devoirs et d’honneurs, qui peuvent être acquis séparément et accordés progressivement. Au-dessus de tous les devoirs civiques, il y a, bien sûr, le devoir militaire. Selon la règle qui veut qu’un citoyen qui a un bien à défendre est plus efficace qu’un autre qui ne possède rien, seuls les propriétaires terriens sont recrutés pour former une armée en cas d’urgence, car il n’existe pas d’armée permanente et professionnelle entre le Ve et le IIer siècles av. J.-C. Ce contingent de citoyens est la légion (du latin legio, qui signifie « levée »). En première ligne, les 82 centuries8 de la première classe censitaire sont armées à la manière de l’hoplite grec : casque de bronze, cuirasse, protections pour tibias, épée, lance, bouclier rond en bronze. Les 20 centuries de la deuxième classe sont équipées comme celles de la première, sauf qu’elles n’ont pas de cuirasse et utilisent un large bouclier de facture latine, le scutum. Derrière, les 20 centuries de la troisième classe sont armées comme celles de la deuxième, sauf qu’elles n’ont pas les protections de bronze sur les tibias. La quatrième classe n’a ni casque ni épée, mais un scutum et une lance légère. Les autres propriétaires forment les 32 centuries de la cinquième classe. Polybe précise qu’une légion comprend 18 centuries de cavaliers (equites en latin) sélectionnés parmi les gentes les plus fortunées. Si les effectifs de chaque centurie sont identiques – ce qui n’est pas certain –, l’effectif moyen d’une légion avoisinerait les 4 000 hommes. Jules César est le véritable fondateur de la monarchie militaire à Rome. Faire observer le document 5 p. 27 et faire répondre aux questions 8 et 9. Caius Julius Caesar (nom latin de Jules César) est né à Rome, en 101 av. J.-C., d’une gens patricienne dont l’éponyme légendaire est Iulus, fils d’Énée, et donc petit-fils de la déesse Vénus. Cette dynastie n’émerge qu’au IIe siècle av. J.-C. : l’arrière-grand-père de César est consul en – 157, son père est préteur vers – 91, puis proconsul d’Asie. La grand-mère de César est une Marcia, d’une gens dont l’éponyme est le dernier roi latin de Rome, Ancus Marcius (640-616 av. J.-C.) ; sa mère est une Aurelia, sœur de deux consuls. Sa tante paternelle a épousé Caius Marius, six fois consul, sauveur de Rome face aux Germains et chef du parti populaire. Héritier politique de Marius, César est, en 65 av. J.-C., l’un des champions de la plèbe urbaine. Son alliance avec Pompée et Crassus7 lui permet de devenir consul dès 59 av. J.-C. Puis, un plébiscite lui attribue pour cinq ans (jusqu’en 54 av. J.-C.) les provinces de l’Illyrie et de la Gaule cisalpine, avec trois légions. Le Sénat, par surenchère, y ajoute la Gaule transalpine et une légion. César a 43 ans (question 8) lorsqu’il entame la conquête de la Gaule indépendante (58-52 av. J.-C.), se forgeant une armée entraînée et dévouée et s’attirant gloire et richesses. En 50 av. J.-C., il refuse de quitter son commandement sans être certain de son élection comme consul pour 49 av. J.-C. Les patriciens du Sénat confient alors à Pompée le soin de « défendre la République ». La guerre civile va durer jusqu’en juillet 45 av. J.-C. César l’emporte grâce à son armée, à sa popularité parmi la plèbe, et à ses clientèles dans la bourgeoisie municipale. En 44 av. J.-C., César rêve à une grande entreprise en Orient qui doit le conduire sur les traces d’Alexandre le Grand : l’expédition parthique, destinée à venger Crassus. Sa propagande prépare l’opinion romaine à ce que lui soit attribué le titre de roi (question 9). Mais il est assassiné par une poignée de sénateurs le 15 mars de la même année. César laisse aussi une œuvre littéraire – aux dires de Cicéron – d’une « souveraine perfection » : dans ses Commentarii Rerum Gestarum, il raconte sept de ses campagnes en Gaule (De Bello Gallico, livres I-VII, années 58 à 52 av. J.-C.) et les deux premières années de la guerre civile, qui le font vainqueur de Pompée (De Bello Civilo, en trois livres, années 49 et 48 av. J.-C.). Dire aux élèves qu’un grand repère dans l’organisation militaire de Rome est associé au consul Caius Marius (157-86 av. J.-C.). Comme l’imperium du peuple romain s’étend, Rome ne peut plus mobiliser sur la seule base censitaire. La décision de Marius d’enrôler les citoyens les plus pauvres – les proletarii en latin – permet aux nouvelles légions levées d’être pérennes. La légion devient un contingent permanent et professionnel, et l’armement est uniformisé. Faire observer le document 1 p. 28 et faire répondre aux questions 1 et 2. L’armure d’un légionnaire et d’un centurion au Ier siècle av. J.-C. est un plastron fait de mailles – les mailles sont une invention celtique datant du IVe siècle av. J.-C. – avec ses doublements distinctifs pour les épaules. Le casque porté ici par le légionnaire est du style dit « Monteferino » datant du début du IIe siècle av. J.-C. Le javelot lourd des légionnaires est le pilum. C’est une hampe de bois longue de 1,40 m environ, munie d’une tête de fer qui devait se courber sous le choc pour ne pas être réutilisée par l’ennemi. La longueur moyenne du pilum est de 2,10 m. L’épée utilisée par le légionnaire et le centurion est le glaive de taille et d’estoc, fabriqué d’après un modèle espagnol. Le scutum est le plus souvent recouvert de peau de veau et renforcé en haut et en bas par du fer. L’équipement du soldat régulier inclut aussi les rations d’urgence et le matériel de cuisine. Le légionnaire doit porter ses armes, une scie, un panier léger, une pièce de cuir et une faucille. Tout ce qu’il ne peut pas porter est attaché au bout d’une longue perche. Marius aurait intro- Sur les traces de jules césar L’exploitation pédagogique des documents ➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 3 p. 28 Comment peut-on expliquer la supériorité des légions romaines ? 7. Ce syndicat de politiciens ambitieux est connu sous le nom de « premier triumvirat ». 8. Unité militaire de cent hommes d’armes dans la légion romaine. 23 emparé du Pays ménape : cela lui donne l’occasion de franchir le Rhin pour la première fois (question 10). Puis, César passe en Bretagne avec deux légions, mais pour trois semaines seulement. Il repasse la Manche en 54 av. J.-C. et s’enfonce au-delà de la Tamise. Il reçoit la soumission du chef breton Cassivellaunos. Jusqu’alors, la politique de César est, après avoir exhibé sa force et battu les différents peuples indigènes, d’installer partout des sortes de protectorats, en favorisant dans chaque cité un prétendant ou une faction ; il n’est pas question d’annexion, mais plutôt d’une sorte de clientélisme. À la fin de l’année 54 av. J.-C., César doit mater une révolte des Éburons et des Nerviens d’Ambiorix, qui ont massacré une légion tombée dans un piège. Malgré le calme apparent des autres peuplades, qui protestent de leur fidélité, les troubles politiques à Rome et en Italie ainsi que l’échéance de la fin du proconsulat de César entretiennent en Gaule un sentiment d’insécurité. Profitant de son absence pendant l’hiver 53-52 av. J.-C., des chefs gaulois fomentent une insurrection, dont le signal est donné par les Carnutes, qui assassinent à Genabum (Orléans) tous les négociants Romains. duit la fourche sur le haut de la perche afin de faciliter le port (question 1). En effet, plutôt que de transporter les équipements en charrette ou à dos de mulet, ce qui ralentit la progression du contingent, Marius fait porter le matériel par les hommes eux-mêmes. Plutarque rapporte que les légionnaires du Ier siècle av. J.-C. sont surnommés « les mulets de Marius » (question 2). La supériorité de l’armée romaine repose aussi sur sa discipline collective. En face, le Barbare, le Celte de la guerre des Gaules et, plus tard, le Germain ou le Dace préfèrent le combat singulier où deux champions décident, par leur duel, du sort de leurs peuples. On retrouve cette conception dans les vertus chevaleresques. Mais déjà, le récit de Tite-Live oppose le duel celtique à l’engagement collectif romain. Faire observer le document 2 p. 28 et faire répondre aux questions 3 et 4. La discipline collective de la légion est un savant mélange de punitions et de récompenses : – la privation de butin est une punition : avant la professionnalisation du contingent, elle exprime le rejet symbolique d’un citoyen-soldat du corps civique mobilisé ; après la professionnalisation, elle prive le soldat d’une part de ses revenus (question 3) ; – le soldat peut recevoir une part de butin, être décoré et être promu dans la hiérarchie militaire (question 4). Faire lire le document 5 p. 29 et faire répondre aux questions 12, 13 et 14. En 57 av. J.-C., César monte une expédition dans la province de Belgique. Avant l’insurrection générale de 52 av. J.-C., en effet, les offensives de César sont limitées à la zone nord de la Gaule : les pays de Loire, la Bretagne, la Normandie, la Picardie, le nord et le nordest, autrement dit la zone la moins romanisée, celle qui a le moins de contacts avec l’Italie. César cherche à rendre ces régions plus perméables aux grands échanges commerciaux, à y trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en matières premières et en esclaves, et aussi, sans doute, à les placer sous la coupe des grands peuples du centre de la Gaule, qui sont encore ses alliés. César remporte plusieurs victoires en Gaule du Nord, non sans difficultés, comme la bataille de la Sambre contre les Nerviens (question 12). La résistance de cette peuplade est saluée par le proconsul : « À la fin de la bataille, l’ennemi, alors qu’il ne lui restait guère d’espoir, montra un grand courage. Quand les premiers étaient tombés, ceux qui les suivaient montaient sur leurs corps pour se battre. Quand ils tombaient à leur tour et que s’entassaient les cadavres, les survivants renvoyaient les javelots sur nos soldats » (question 13). Comprenant que tout était perdu, « les vieillards firent soumission complète à César » (question 14). Faire observer le document 3 p. 28 et faire répondre aux questions 5, 6, 7 et 8. Les camps romains peuvent être permanents, ou occasionnels s’ils sont associés à un siège9. Les troupes massées à l’intérieur du camp sont protégées par un fossé et une palissade (question 5) ; les quatre tours d’angle en bois sont des postes d’observation sur 360 degrés (questions 6, 7 et 8). ➤ Activité 2 : documents 4 et 5 p. 29 Les brillantes campagnes de César révèlent la supériorité de l’armée romaine. Faire observer le document 4 p. 29 et faire répondre aux questions 9, 10 et 11. Rappeler aux élèves que le Midi de la Gaule, qui s’étend d’Antibes à Toulouse au sud et jusqu’à Vienne au nord, est conquis vers 125-122 av. J.-C. et que la province narbonnaise y est constituée10. En 58 av. J.-C., les Helvètes entament une migration qui doit les conduire dans l’actuelle Saintonge. César leur refusant de traverser la Gaule narbonnaise, ils se lancent à travers la Franche-Comté et atteignent la Bourgogne. À l’appel de chefs éduens, César les poursuit et leur inflige une cuisante défaite près de Bibracte. À la demande des tribus du Centre, César s’en prend aussi au chef germain Arioviste, qui s’est implanté chez les Séquanes ; il le vainc aux alentours de Mulhouse. En 57 av. J.-C., César occupe la Gaule du Nord. En 56 av. J.-C., il s’attaque à l’Armorique et défait les Vénètes du Morbihan (question 9), pendant que P. Crassus, le fils du triumvir, son légat, mène une guerre un peu à part contre les Aquitains. En 55 av. J.-C., son projet est de passer en Bretagne, mais il doit d’abord affronter les Usipètes et les Tencthères, deux peuplades germaniques qui ont traversé le Rhin et se sont l’héritage des romains La ville de Rome Les vestiges archéologiques du Palatin ne sont pas les plus anciens du site de Rome. Une trouvaille faite au pied du Tabularium, au bas du Capitole, prouve que cette colline est occupée dès le IXe siècle av. J.-C ; entre le Xe et le 9. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces de Vercingétorix », documents 2 et 3 p. 34. 10. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 1 p. 18. 24 noms apparaissant tantôt dans une langue tantôt dans l’autre. Les tribus du centre de la Gaule adoptent naturellement la civilisation gréco-romaine parce qu’elle les attire11. Cette démarche se fait pacifiquement. Ce processus n’a rien de commun avec ce que l’Histoire contemporaine connaît sous le nom de « colonisation ». Les empereurs antonins (Trajan, Hadrien, Marc Aurèle…), par exemple, qui succèdent aux Flaviens et règnent de 96 à 192 ap. J.-C., sont originaires d’Espagne ; mais descendent-ils de colons romains ou d’indigènes ? Cette distinction n’a pas de sens pour les Romains, car il n’y a pas eu de résistance à la paix romaine. Rome tient la Gaule ou la province d’Afrique avec dix mille légionnaires ! La civilisation gréco-romaine modèle aussi le paysage sur toutes les rives de la Méditerranée : des amphithéâtres sont construits en Gaule et en Espagne ; la vigne est introduite en Gaule par des négociants romains, et l’olivier arrive en Espagne lorsque les familles fortunées de la péninsule décident de se lancer dans une culture spéculative et d’exporter leur huile par Tarragone et Valence jusqu’à Rome… Le droit public est un apport spécifiquement romain. Les magistrats romains respectent partout le droit autochtone, mais obligent les parties en conflit à se plier à la procédure romaine. Le droit romain se répand de lui-même parce qu’il est plus efficient. Ainsi, les royautés germaines conserveront, après la chute de l’Empire, le Code théodosien, rédigé de 435 à 438 ap. J.-C., qui compile les Constitutions impériales promulguées depuis 312. siècles av. J.-C., le Quirinal abrite un hameau de cabanes. Il n’y a donc pas d’antériorité évidente du site du Palatin. D’autre part, on ne peut plus dire qu’un habitat situé originellement sur le Palatin se serait peu à peu agrandi en fusionnant avec d’autres villages situés sur les collines proches, puisque nous savons que la plaine qui deviendra le Forum est marécageuse jusqu’au VIe siècle av. J.-C. ; il est donc inimaginable que les Latins de villages voisins aient pris l’habitude de s’y rencontrer. En fait, ce qui s’est passé à Rome correspond à un schéma détaillé ailleurs par les archéologues, non seulement dans le Latium, mais aussi dans toute l’Italie centrale. Au VIIIe siècle av. J.-C., les anciens villages sont abandonnés au profit de l’un d’entre eux. Cette évolution est constatée à Véies, à Tarquinia et, bien plus loin, à Felsina (l’actuelle Bologne). La légende de Romulus ne dit pas autre chose lorsqu’elle affirme que c’est bien au VIIIe siècle av. J.-C., sur le Palatin, que la ville de Rome est fondée. Cette légende correspond à une réalité archéologiquement certifiée. Nous savons donc quand et comment est née Rome. Peut-on connaître aussi les causes de cette naissance ? Dans toute société, et notamment dans les économies primitives où l’élevage joue un grand rôle, le sel (sal en latin) est un produit vital (ce que révèle le mot salarium qui a donné « salaire » en français). Rome devient un centre de commerce du sel. C’est que, à 30 km de là, sur la côte, s’étendent des marais salants – le Campus Salinarum. Mais ils sont situés sur la rive droite de l’embouchure du fleuve. Il faut donc aux bergers sabins et latins des monts albains descendant vers la mer un point de passage entre leur rive et l’autre côté du fleuve. Ce point de passage est la ville de Rome. VIIIe pour construire le résumé ➤ Activité possible Distribuer aux élèves un plan du Forum au Ier siècle av. J.-C. ; faire identifier les bâtiments placés à la périphérie du Forum ; faire délimiter deux grandes « masses » selon la fonction des bâtiments : l’espace civique et l’espace religieux. Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple, « Rome », « république », « légion », « Jules César », « La Guerre des Gaules ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant sur la chronologie p. 26. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence. L’influence de Rome sur les trois continents Retenir que la culture dominante en Méditerranée est grecque et que des apports romains sont venus s’y ajouter. La médecine, la philosophie, les mathématiques ou la rhétorique sont grecques ; les monuments, les jeux du cirque et le droit sont romains. Ainsi, l’Empire parle latin en Occident, et grec en Orient. Ensuite, la conquête permet l’extension de la civilisation gréco-romaine vers l’intérieur des terres ; évidemment, l’acculturation est plus rapide dans les villes que dans les campagnes : à Palmyre coexistent l’architecture gréco-romaine et la sculpture orientale ; en Égypte, les riches citadins ne savent pas euxmêmes s’ils sont plutôt Égyptiens ou plutôt Grecs, leurs bibliographie – A. Grandazzi, La Fondation de Rome. Réflexion sur l’Histoire, Les Belles-Lettres, 1991. – C. Nicolet (s.d.), Rome et la conquête du monde méditerranéen, PUF, 1988. – M. Sartre, A. Tranoy, La Méditerranée antique (IVe siècle av. J.-C., IIIe siècle ap. J.-C.), coll. « Cursus », Armand Colin, 1990. – C. Goudineau, César et la Gaule, Errance, 1990. 11. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage de Vercingétorix », document « Les Gaulois influencés par les Romains », p. 37. 25 vercingétorix Pages 32 à 37 du dossier Référence aux Instructions officielles Le mythe Vercingétorix se compose à une époque – Second Empire et IIIe République naissante – où la vulgate officielle insiste sur l’unité nationale et, contre « l’histoire dynastique », sur la valeur des héros qui ont « fait la France ». C’est ainsi que nous croyons encore que les Gaulois désordonnés et divisés ont été battus par les Romains disciplinés et unis, qu’à Vercingétorix revient le mérite de réaliser, malheureusement trop tard, l’unité de la « patrie gauloise », et que c’est le début de l’Histoire de France : Vercingétorix est le premier d’une lignée où l’on trouve Clovis, Philippe Auguste, saint Louis, Jeanne d’Arc, Richelieu, Louis XIV, etc., bref, toutes les figures tutélaires de notre État-nation. S’incarnent en lui la noblesse du vaincu face à un adversaire supérieur, le sacrifice personnel qui vaut expiation pour ses compatriotes, et la certitude que d’un malheur peut sortir un bien – en l’occurrence, grâce à Rome, la Gaule accède à un plus haut degré de civilisation. Compétences • Appréhender le temps en situant les moments importants de la vie de Vercingétorix. • Mettre en perspective le destin de Vercingétorix en le replaçant dans la chronologie de la guerre des Gaules. • Caractériser une période : la romanisation de la Gaule. Photofiche Voir la photofiche p. 56. méables aux flux commerciaux, à y trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en matières premières et en esclaves, et aussi, sans doute, à les placer sous la coupe des grands peuples du centre de la Gaule – Éduens, Arvernes, Séquanes, Lingons, Bituriges et Santons –, qui sont encore ses alliés. Il ne faut pas oublier que l’armée de César comporte des contingents gaulois (ou socii), notamment une cavalerie formée par les Éduens. Le proconsul1 de la Gaule cisalpine et de la Gaule transalpine a aussi un état-major comprenant de jeunes nobles gaulois. Il est à peu près certain que Vercingétorix a fait partie de ce groupe et a ainsi appris la guerre « à la romaine ». Son peuple – les Arvernes – est allié de Rome depuis la conquête du Midi en 121 av. J.-C. Lui-même dirige le contingent de sa tribu pendant les cinq premières années de la guerre des Gaules, lorsque Rome et ses grands alliés du Centre luttent contre les Helvètes, les Suèves et les petits peuples indépendants. qui était vercingétorix ? Le contexte historique Jusqu’au début de l’an 58 av. J.-C., Jules César hésite entre deux offensives. Au nord-est, le roi dace Burebistas fait peser depuis plus de vingt ans une lourde menace sur les marches illyriennes de l’Italie. Surtout, un nouveau danger plane sur la Gaule, et peut-être sur l’Italie elle-même, qui n’a pas oublié les migrations des Cimbres et des Teutons : le chef suève Arioviste réussit à s’immiscer dans les rivalités qui opposent les Éduens, les Séquanes et les Arvernes pour la domination de la Gaule, et les bat successivement. D’autre part, les Helvètes entament une migration qui doit les conduire dans l’actuelle Saintonge. César leur refusant de traverser la Gaule narbonnaise, ils se lancent à travers la Franche-Comté et atteignent la Bourgogne. Cette situation donne à César le prétexte pour intervenir. L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : document 1 p. 32 L’étude de la chronologie p. 32 pourrait laisser croire que César s’est lancé à la conquête de la Gaule en 58 av. J.-C., qu’il a vaincu tous les Gaulois et que la Gaule est devenue romaine. En fait, il n’est pas du tout certain que Jules César ait voulu conquérir ce pays. Avant l’insurrection générale de l’an 52 av. J.-C., pendant six ans, ses campagnes sont géographiquement limitées à la zone nord de la Gaule : pays de Loire, Bretagne, Normandie, Picardie, Nord et Nord-Est, autrement dit, la « Gaule chevelue », la zone la moins romanisée, celle qui a le moins de rapports avec l’Italie. César cherche à rendre ces espaces plus per- L’épopée de Vercingétorix fonde le mythe du premier « résistant » de l’Histoire de France. Faire observer le document 1 p. 32 et faire répondre aux questions 1, 2, 3 et 4. À la fin de l’année 53 av. J.-C., César pense qu’il a réussi la conquête de toute la Gaule. Pourtant, au début de 52 av. J.-C., les Carnutes massacrent tous les négociants romains qui travaillent dans leur capitale, Genabum (Orléans). Leur révolte fait tache d’huile : les Bituriges (Berry) et les Arvernes (Auvergne) les rejoi- 1. C’est-à-dire gouverneur : le proconsul est un ancien consul, qui garde son pouvoir de commandement aux armées. 26 glaive espagnol des légions, les lances rèmes ou germaniques s’enfoncent dans la chair gauloise, l’inaction voulue de Vercingétorix ressort plus à une vaste réaction de joie que de tristesse ou de remords. » Les avatars du chef gaulois montrent combien nous manquent des sources historiques détaillées. Tout, ou presque3, repose sur César, que l’on peut suivre à la lettre ou suspecter. Il ne faut donc pas s’étonner qu’un personnage dont on sait aussi peu se prête autant au jeu des idéologies et des passions4. gnent. Ces derniers donnent à l’insurrection un chef, Vercingétorix, qui, devenu roi, exerce le pouvoir absolu. D’autres tribus se placent sous son autorité : les Sénons (Sens), les Santons (Saintes), les Séquanes (Jura), et même les Éduens (Bourgogne), qui furent pourtant longtemps les alliés de Rome (question 1). Seuls les Lingons et les Rèmes restent fidèles aux Romains (question 2). Informé de la situation, César rejoint la Gaule transalpine. Il traverse les Cévennes enneigées et s’empare d’Orléans, où il venge ses morts en pillant et brûlant la ville et en vendant ses habitants comme esclaves. Puis il attaque les Bituriges, prenant d’assaut leur capitale, Avaricum (Bourges). Enhardi par ce succès, le proconsul décide alors de porter la guerre au cœur du dispositif ennemi, chez les Arvernes. Il met le siège devant leur principal oppidum, Gergovie. Après l’échec du siège en juin 52 av. J.-C. (question 3), César déplace ses légions vers le nord, chez les Sénons, où il attend son lieutenant Labiénus, qui mène dans le Bassin parisien une campagne qui se termine victorieusement près de Lutèce. César constate que Vercingétorix a élaboré une tactique de guérilla : pour affamer les Romains, le roi arverne impose à tous les Gaulois la pratique de la terre brûlée. Puis, constatant l’infériorité de ses fantassins face aux légionnaires, il ordonne à ses officiers de n’accepter que des combats de cavalerie. Enfin, il ordonne à ses alliés de masser leurs troupes sur les marges de la Gaule narbonnaise. La visée est claire : il veut, dans le même temps, chasser César du nord de la Gaule et l’attirer vers le sud. Sa stratégie présente encore davantage de complexité : pendant que César fait retraite, Vercingétorix veut lui couper la route ; il emmène son armée à marche forcée jusqu’à l’oppidum d’Alésia. César se trouve dans la vallée de la Saône, sur le territoire des Lingons, quand il apprend que Vercingétorix s’est enfermé dans l’oppidum des Mandubiens. La reddition de Vercingétorix et de la garnison d’Alésia en septembre 52 av. J.-C. marque la fin de la guerre des Gaules (question 4). Faire lire le document 2 p. 33 et faire répondre à la question 5. En février 52 av. J.-C., les Arvernes décident de rompre l’encerclement que César a organisé autour de leur pays, d’entraîner leurs clients et de profiter de l’agitation pour organiser un soulèvement général. Ils délèguent la direction des opérations à un jeune noble, Vercingétorix, fils de Celtillos (ou Celtill), qui tente de rallier toutes les tribus du centre de la Gaule (question 5). Vercingétorix se fait reconnaître roi et, bientôt, commandant en chef de l’insurrection. César abandonne aussitôt le pays des Sénons. Mais, avant de partir vers le sud, il fait venir des cavaliers de Germanie. Près des sources de la Seine, ces redoutables mercenaires écrasent la cavalerie gauloise. Vercingétorix renvoie immédiatement les survivants : les hommes qui servent à cheval appartiennent à une élite sociale, ils reçoivent donc pour mission de se rendre chez tous les peuples de la Gaule pour y lever la grande armée qui prendra les Romains à revers. Vercingétorix garde avec lui, dans Alésia, 80 000 fantassins, effectif impressionnant pour l’époque, mais pas sans égal. Car César aligne des effectifs supérieurs. Il dispose de dix à douze légions, mobilisation encore jamais atteinte dans cette guerre, et qui correspond à quelque 50 000 fantassins, auxquels il faut ajouter un nombre sans doute proche de supplétifs germains et gaulois. Faire observer le document 3 p. 33 et faire répondre aux questions 6 et 7. Le siège de l’oppidum d’Alésia donne lieu à de multiples interprétations aussi grandiloquentes que fantaisistes, véritable panégyrique de l’art pompier. Tel ce tableau, intitulé Vercingétorix appelle les Gaulois à la défense d’Alésia (question 7), que François Ehrmann, peintre d’histoire, réalise au XIXe siècle (question 6) et que des générations d’écoliers ont découvert dans leurs manuels scolaires5. Pourtant, l’issue de la bataille ne fait pas de doute. Les Gaulois veulent expulser les noncombattants : femmes, enfants et vieillards. Mais les Romains ne leur permettent même pas de franchir leurs premières lignes, et la suite du siège n’est pour eux qu’une longue agonie. L’armée gauloise appelée en renfort arrive. Elle compte 250 000 fantassins, mais seulement 8 000 cavaliers d’après César. Les Arvernes et les Éduens ont fourni chacun 35 000 hommes, pris chez eux et chez leurs clients. Six autres tribus ont donné chacune 12 000 hommes ; ce sont les Séquanes, les Sénons, les ➤ Activité 2 : documents 2, 3 et 4 p. 33 Tout le monde connaît le nom de Vercingétorix. Mais qui est-il en réalité et quel est son rôle ? Il y a cinquante ans, l’historien Michel Rambaud a dépeint Vercingétorix comme un personnage médiocre auquel César aurait donné un prestige inventé pour justifier les difficultés des légions. Jacques Harmand2 propose d’expliquer les échecs du chef arverne par une complicité secrète avec César, les deux hommes ayant machiné ensemble les opérations qui aboutissent au désastre d’Alésia : « Car, au bout du compte, ce qui donne son unité foncière à l’action de Vercingétorix, au-delà du service caché du proconsul, c’est un sentiment de haine diffuse contre la Gaule en tant que rebelle. […] Plus largement, lorsqu’à Avaricum, à la seconde bataille de Bourgogne, durant les journées de l’armée de secours, le 2. J. Harmand, Vercingétorix, Fayard, 1984. 3. Plutarque, César, XXVII, Florus, I, 45, 20-24, Dion Cassus, XXXVIII, Suétone, César, XXV, Frontin, Stratagèmes, II, Appien, Fragments des Celtica, et Orose, VI, 11, 1-11. 4. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage de Vercingétorix », document « La légende de Vercingétorix », p. 36. 5. Op. cit. 27 mont Auxois, à 50 km au nord-ouest de Dijon. Faire lire le document 1 p. 34 et faire répondre aux questions 1 et 2. Le mont Auxois est un vaste plateau orienté, de direction est-ouest, en forme d’amande, mesurant 2 000 m sur 900. Il domine les vallées de l’Oze au nord et de l’Ozerain au sud. Les deux rivières se rencontrent à l’ouest, pour former la plaine des Laumes ; elles isolent le mont Auxois d’autres hauteurs : le mont Réa et la montagne de Bussy au nord, la montagne de Flavigny au sud. L’Alésia de Jules César se trouvait bien à Alise-Sainte-Reine. Même si elle ne nous apporte aucune preuve définitive, La Guerre des Gaules ne contredit ce choix sur aucun point, qu’il s’agisse du site ou de la situation. La toponymie montre qu’Alise-Sainte-Reine est le seul lieu pour lequel on puisse suivre le maintien du nom depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Et l’archéologie valide que le mont Auxois a bien reçu un oppidum, protégé par un murus gallicus (question 1). La stratégie de Vercingétorix consiste à affaiblir l’armée romaine par la guérilla et à recourir à l’abcès de fixation : bloquer les Romains à Alésia et les faire attaquer par-derrière. Il semble très probable que la victoire de Gergovie encourage Vercingétorix dans la guerre de siège, à condition que ses hommes soient en position d’assiégés (question 2). Santons, les Bituriges, les Rutènes et les Carnutes. Une première charge de cavalerie se brise sur les Germains. Puis, la garnison d’Alésia tente une sortie, qui échoue. L’armée gauloise de secours tente un nouvel assaut, qui échoue encore ; elle prend la fuite. Faire lire le document 4 p. 33 et faire répondre aux questions 8, 9 et 10. Vercingétorix comprend que tout est perdu (question 9). Il se rend à César, qui le fait couvrir de chaînes et l’envoie en prison à Rome ; les guerriers gaulois, à l’exception des Éduens, sont asservis (question 10). En 46 av. J.-C., Vercingétorix orne le triomphe que César célèbre, puis il est étranglé dans son cachot. Plutarque, Florus et Dion Cassius6 racontent la reddition de Vercingétorix tout autrement que César (question 8) : le chef gaulois arrive à cheval, paré de ses plus belles armes, fait le tour de l’état-major romain, puis saute à bas de sa monture, jette ses armes au pied de César et s’agenouille devant lui dans l’attitude du suppliant. La scène est belle7, mais elle n’a aucune vraisemblance historique : un vaincu ne peut pas sortir d’une place forte assiégée en armes. L’erreur est née du récit même de César et de son interprétation par Plutarque. César dicte ses conditions aux vaincus. Il exige qu’on lui livre les chefs et qu’on lui remette les armes. Le lendemain, les chefs sont livrés – Vercingétorix a dû être livré les mains liées – et les armes « projiciuntur », ce qui veut dire « lancées en avant », « pro »-jetées du haut des remparts et non pas « jetées à ses pieds ». ➤ Activité 2 : documents 2 et 3 p. 34 La poliorcétique césarienne triomphe à Alésia. Ce qu’ignore Vercingétorix, c’est que César connaît toutes les finesses de la poliorcétique, un art du siège parfaitement mis au point au cours de l’époque hellénistique (IVe-Ier siècles av. J.-C.). Faire lire le document 2 p. 34 et faire répondre à la question 3. César fait installer une défense linéaire continue de 15 km composée de trois fossés successifs, que les archéologues du XIXe siècle ont appelé « contrevallation ». Elle interdit toute sortie aux assiégés. En avant des fossés, il fait placer trois séries de pièges qui doivent ralentir la progression des Gaulois, pendant l’assaut comme pendant la retraite : tout d’abord, sur cinq rangs, fixés les uns aux autres, de petits pieux acérés, les cippes ; puis des pieux à la pointe durcie, les lillia ; enfin, tout en avant, des pointes de fer, les stimuli. Les assaillants s’exposent aussi aux projectiles des pièces d’artillerie, puis aux flèches et aux balles de fronde, enfin aux javelots. Ensuite, les légionnaires installent une autre défense linéaire continue, plus longue que la précédente, qu’elle englobe, de façon à protéger les assiégeants contre les renforts envoyés aux assiégés. Ce nouvel ensemble, dénommé « circonvallation », s’étale sur 22 m de large et comprend deux fossés. Ce dispositif est complété par la construction de camps destinés à protéger les troupes amassées (question 3). Sur les traces de vercingétorix L’exploitation pédagogique des documents ➤ Activité 1 : document 1 p. 34 À quel site moderne identifier l’Alésia de Jules César ? César ne donne aucun détail qui permette soit de localiser avec précision les lieux dont il parle, soit de les décrire. César écrit pour des sénateurs de Rome, des Romains certes cultivés, mais qui ne se soucient pas de la géographie de la Gaule. Toutefois, nous savons, notamment grâce au livre VII de La Guerre des Gaules consacré au sujet, que les insurgés se sont réfugiés dans un oppidum, c’est-à-dire une agglomération protégée par l’un de ces solides remparts que César appelle murus gallicus, constitués par une armature de poutres clouées remplie de pierres. En outre, les travaux de siège et la présence d’une multitude d’assiégeants ont dû laisser des traces. Enfin, il est probable que le site retenu ait conservé un toponyme dérivé du nom d’Alésia. Deux sites ont été fouillés. En 1855, l’architecte Alphonse Delacroix déclare qu’Alésia se trouvait à Alaise, dans le Jura, à 25 km au sud de Besançon. Peu après, une autre localisation est proposée : Alise-Sainte-Reine, sur le Faire observer le document 3 p. 34 et faire répondre à la question 5. Faire repérer les trois éléments de base de la poliorcétique césarienne : les légionnaires creusent un fossé en V (fossa en latin), puis rejettent la terre vers l’arrière de façon à élever un bourrelet (agger) sur lequel est 6. Plutarque, César, XXVII, Florus, III, 10, Dion Cassus, XL, 41. 7. Voir le tableau Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, que le peintre Lionel Royer réalise pour le Salon de 1899, conservé au musée Crozatier, Le Puy-en-Velay. 28 ➤ Activité 4 : document 6 p. 35 placée une palissade (ou vallum) (question 5). Faire confronter les documents 2 et 3 p. 34 et faire répondre à la question 6. Faire retrouver aux élèves les trois éléments repérés sur le document 3 : la fossa (« César fit creuser un fossé de vingt pieds de large. Entre cette ligne et la suivante, il creusa deux autres fossés qu’il fit remplir d’eau ») ; l’agger (« Derrière ces fossés, il fit construire un mur de terre ») ; le vallum (« Il fit construire un mur de terre surmonté d’une palissade haute de douze pieds »). La guerre des Gaules, un conflit de civilisations ? Faire observer le document 6 p. 35 et faire répondre à la question 12. Tout oppose l’image du Gaulois échevelé, l’œil exorbité et la posture agressive, au Romain impeccablement casqué et cuirassé, figé dans la morgue et l’assurance tranquille des vainqueurs (question 12). La Gaule « barbare » sert de faire-valoir à Rome qui, prenant le relais des cités grecques, se situe au centre de la civilisation. Faire reprendre le document 1 p. 26 pour comprendre le décalage des forces qui existe entre les Romains et les Gaulois. Alors que les insurgés de 52 av. J.-C. ne peuvent pas compter sur l’appui de toutes les peuplades de la Gaule indépendante, le pouvoir romain recouvre en partie la péninsule Ibérique, les Balkans, l’Anatolie, l’Afrique, la Syrie et la totalité de l’Italie… Tous ces espaces fournissent des hommes, des vivres et de l’argent. César compte enfin des alliés au sein même de ses ennemis : toute la Gaule transalpine lui est restée fidèle, ainsi que des tribus du Nord tels les Lingons et les Rèmes. ➤ Activité 3 : documents 4 et 5 p. 35 Les fouilles montrent qu’un siège très important s’est déroulé à Alésia. Mais quand ? La numismatique donne une réponse convaincante. Faire observer le document 4 p. 35 et faire répondre aux questions 7 et 8. Au cours de fouilles entreprises au XIXe siècle, 621 monnaies sont retrouvées – 134 romaines et 487 celtiques. Du côté romain, aucune émission postérieure à 54 av. J.-C. n’est identifiée, ce qui veut dire que l’enfouissement a eu lieu en 54 av. J.-C. ou peu après. Du côté gaulois, les émissions les plus nombreuses appartiennent aux peuples qui participent à l’insurrection du Ier siècle av. J.-C., et en particulier aux Arvernes, qui, avec les Séquanes et les Éduens, fournissent plus de la moitié des espèces recueillies sur le terrain (question 7). Il est donc évident qu’un très grand siège, mené par des Romains et impliquant les révoltés de 52 av. J.-C., a eu lieu à AliseSainte-Reine. Des noms de chefs célèbres sont gravés sur les monnaies, comme sur cette pièce en or qui mentionne Vercingétorix et figure son profil grec et ses longues boucles (question 8). Faire confronter le document 4 p. 35 et le document 4 p. 33 et faire répondre à la question 9. Quel est le vrai visage de Vercingétorix ? Celui qui est gravé sur cette monnaie gauloise ? Celui que lui donne la statuaire antique : une chevelure longue, flottante, et la fameuse moustache (question 9) ? On a assez de monnaies aujourd’hui pour savoir que la mode de la moustache et des cheveux longs est celle du IIIe siècle av. J.-C., et que sous l’influence romaine, elle est complètement passée. Deux siècles plus tard, les Gaulois sont glabres et portent le cheveu court. Pour l’historien Camille Jullian8 – qui se réfère à une seule source : César –, l’allure de Vercingétorix en impose aux Gaulois et aux Romains : « La splendeur de son corps haut et superbe le désignait au commandement et à l’admiration des foules. Il avait la supériorité physique, qui donne à la volonté une assurance nouvelle. Il faut se le figurer avec cette grande taille qui émouvait les Romains, cet aspect farouche qui effrayait l’ennemi, droit sur son cheval de bataille. » Faire lire le document 5 p. 35 et faire répondre aux questions 10 et 11 : « Vercingétorix se montre très sévère dans le commandement : pour une faute grave, c’est la mort par le feu et par toutes sortes de supplices. Pour une faute légère, il fait couper les oreilles au coupable ou crever un œil et il le renvoie chez lui [question 10], afin de servir d’exemple et que la sévérité du châtiment subi frappe les autres de terreur [question 11]. » l’héritage de vercingétorix La légende de Vercingétorix : des livres et un film Pendant des siècles, les érudits, lorsqu’ils s’intéressent au passé antique de la France, ne recherchent guère que les traces de la civilisation romaine, voire grecque (dans le Midi), à travers les monuments, les œuvres d’art, les inscriptions. Il faut attendre le XIXe siècle pour que la civilisation des Gaulois intéresse les historiens. Plusieurs phénomènes jouent, depuis la réhabilitation des vertus des peuples primitifs jusqu’aux doctrines officielles qui insistent sur le nationalisme et, en Histoire, sur le rôle des grands hommes. C’est l’historien Amédée Thierry qui ressuscite Vercingétorix dans son Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de la Gaule à la domination romaine, en 1828. Sa sensibilité romantique, avec son goût des destins pathétiques, fait du chef arverne le premier de nos héros. Amédée Thierry développe aussi la thèse selon laquelle nous « descendons » tous des Gaulois. Il précise même que de cette « race » gauloise « descendent les dix-neuf vingtièmes d’entre nous, Français ». Le Second Empire vulgarise le « héros national ». Ainsi, pendant la Guerre de 1870, la France combattant Bismarck est assimilée à la Gaule combattant César : c’est la patrie face au représentant d’un empire belliqueux. La IIIe République née dans la défaite consacre le créateur et le défenseur de la patrie. Les grands traits du mythe gaulois sont fixés et ils connaîtront un bel avenir dans les écoles : « Les premiers Gaulois étaient de grands hommes blonds aux yeux bleus ; mais ils amenèrent avec eux d’Asie d’autres tribus de la famille aryenne qui se firent gauloises, et ils se mêlèrent aussi plus tard 8. C. Jullian, Vercingétorix, 1901, rééd. Marabout, 1979. 29 avec les restes des populations plus anciennes qu’eux en Occident, surtout avec les Espagnols dans le Midi ; et c’est apparemment à cause de cela que nous sommes aujourd’hui, pour la plupart, moins grands qu’eux et châtains et non plus blonds. » « Il y avait en eux beaucoup de choses diverses et contraires. Ils étaient enthousiastes et moqueurs, mobiles en apparence, obstinés au fond, sociables et querelleurs, faciles à vivre et intraitables sur le point d’honneur, généreux et envahissants, cruels à la guerre et sensibles aux plaintes des malheureux, et toujours prêts à secourir le faible contre le fort ; éloquents dans les assemblées, ils aimaient les combats de la parole comme les combats de l’épée, et ils n’avaient aucune peur de la mort. »9 En 1901, Camille Jullian10 décrit les efforts de Vercingétorix pour donner vie à son idéal d’une « patrie gauloise », « supérieure aux clans, aux tribus, aux cités et aux ligues, les unissant toutes en commandant à toutes ». Ce sont tous ces clichés que distillent les manuels scolaires, les images d’Épinal, les œuvres d’art couronnées dans les salons de sculpture et de peinture... jusqu’à la production cinématographique la plus récente. Pierre – dont le premier état est daté des environs de 126 av. J.-C. – sur le site de Bibracte montre que les techniques de construction sont apparentées à celles utilisées à la même époque en Italie. Un autre indice est livré par les fouilles de sauvetage qui ont eu lieu en 1989-1990 lors du creusement d’un parking à Besançon. Les archéologues y ont découvert quelques habitations à colombages, de nombreuses amphores et de la céramique venant d’Italie, datant de 120-80 av. J.-C. Trouvaille plus surprenante : celle d’une tige de bronze plate portant des divisions ; il s’agit en fait d’un étalon de mesure gradué correspondant à un demi-pied romain. On peut ajouter à cette série d’indices une découverte récente faite à Vaize, dans la banlieue lyonnaise, où un bâtiment privé datant des environs de 100 av. J.-C. porte des enduits peints du même style que ceux que l’on a retrouvés à Pompéi ! Les Gaulois influencés par les Romains Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple, « Vercingétorix », « Jules César », « La Guerre des Gaules » , « Alésia », « oppidum », « 52 av. J.-C. ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant sur la chronologie p. 32. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence. pour construire le résumé L’archéologie retrouve surtout des objets importés par les Gaulois : amphores, céramiques, vases de bronze ou d’argent. Mais le processus de romanisation de la Gaule est antérieur à la guerre des Gaules, et ce processus s’est traduit par des réalités qui dépassent les simples échanges de marchandises. Les monnaies d’abord : vers 300 av. J.-C., l’usage des pièces se répand en Gaule ; les pièces sont en or et imitent le statère d’or de Philippe II de Macédoine. Cent cinquante ans plus tard, les grands peuples du Centre – Éduens, Arvernes, Séquanes, Lingons, Bituriges – adoptent, comme Rome, le monnayage d’argent. Ils créent des deniers qui sont alignés en poids, c’est-à-dire en valeur, sur l’obole de Marseille et sur le denier romain. Certains de ces deniers gaulois transposent des motifs iconographiques figurant sur les pièces de la République romaine : des dieux, des animaux et surtout des personnages debout et à cheval. Les grands chefs éduens, séquanes ou lingons se mettent à frapper la monnaie à leur image. L’exportation de techniques ensuite : la fouille de la fontaine Saint- bibliographie – Jules César, La Guerre des Gaules, traduit par L.-A. Constans, présentation et annotations de C. Goudineau, Imprimerie nationale, 1994. – C. Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, ActesSud/Errance, 2001 ; César et la Gaule, Errance, 1990. – Y. Le Bohec, César, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1994. – A. Berthier, A. Watelle, Alésia, Nouvelles Éditions latines, 1990. 9. En 1875, Henri Martin publie une Histoire populaire de la France largement inspirée, pour ce qui concerne l’histoire de la Gaule, de la somme d’Amédée Thierry. 10. Op. cit. 30 les gallo-romains Pages 38 à 43 du dossier Référence aux Instructions officielles Conquise par Jules César entre 58 et 52 av. J.-C., la Gaule est maintenue sous l’imperium romain jusqu’au milieu du Ve siècle ap. J.-C. La question que l’on étudie ici, la romanisation, pose de difficiles problèmes aux historiens, puisqu’il s’agit de culture. Elle n’en présente pas moins un grand intérêt car elle permet de faire repérer aux élèves la place de l’influence romaine dans l’Histoire de France, ainsi que ses traces dans le paysage. Compétences • Identifier et caractériser le processus de la romanisation. • Identifier et mémoriser quelques traces de la romanisation en Gaule. Photofiche Voir la photofiche p. 58. comme tous les habitants libres de l’Empire (ou pérégrins), les Gaulois deviennent des citoyens romains. qui étaient les gallo-romains ? L’exploitation pédagogique des documents en classe Le contexte historique ➤ Activité 1 : document 1 p. 38 Rappeler aux élèves que les Gaulois ne sont pas des Barbares livrés à la civilisation supérieure de Rome1. Les premières formes d’urbanisme, d’agriculture et d’artisanat en Gaule remontent très haut dans la protohistoire, et elles appartiennent soit à la période du bronze final (entre 1100 et 900 av. J.-C.), soit à la période des influences méditerranéennes (à partir de 600 av. J.-C.). Par exemple, une phase d’urbanisme antérieure à la guerre des Gaules marque la structure des villes provençales : la période hellénistique, qui débute à la fin du IVe siècle av. J.-C. Des cités comme Olbia (Hyères) ou Glanum (près de Saint-Rémyde-Provence) datent de cette époque, caractérisée par une dominante des trames triangulaires ou trapézoïdales2. Ne pas oublier l’ambiguïté qui pèse sur le mot « romanisation », qui désigne à la fois un processus d’acculturation et son résultat : d’un côté, toutes les méthodes employées par le pouvoir romain pour rapprocher les Gaulois du mode de vie romain, de l’autre, la constitution d’une civilisation gallo-romaine dans le cadre de la Pax romana. En effet, même si Jules César laisse la Gaule exsangue, la paix romaine garantit l’ordre public. L’achèvement du réseau routier, l’ouverture des ports, l’occupation de la Bretagne, la stabilisation de la situation militaire sur le Rhin ramènent la croissance économique au Ier siècle ap. J.-C. En 47 après J.-C., l’empereur Claude propose de faire entrer au Sénat de Rome les élites gauloises3. Cette promotion, préparant l’intégration politique de l’aristocratie indigène, n’est appliquée que progressivement et commence avec les alliés séculaires des Romains, les Éduens. Il faut attendre l’an 212 pour que l’empereur Caracalla décide que, L’empereur Auguste crée les bases administratives de la Gaule romaine. Faire observer le document 1 p. 38 et faire répondre aux questions 1 et 2. Auguste (63 av. J.-C.-14 ap. J.-C.) divise la Gaule en quatre provinces : province narbonnaise, Aquitaine, province lugdunaise, et Belgique, auxquelles s’ajouteront plus tard les Germanies. Il délègue à son gendre Agrippa la construction du réseau de voies romaines (ou viae). Si des documents routiers comme la carte de Peutinger ou l’itinéraire d’Antonin en donnent l’état théorique, au début du IIIe siècle ap. J.-C., des fragments très bien conservés et connus ainsi que des ponts encore existants nous permettent de retrouver quelques itinéraires. Par exemple, pour relier Marseille à Boulogne, on passe par Arles, Orange, Vienne, Lyon, Reims et Amiens ; ou bien pour relier Marseille à Strasbourg : Arles, Orange, Vienne, Lyon et Besançon (question 2). D’autre part, des bornes militaires gravées portent encore les noms des empereurs sous le règne desquels sont exécutés les travaux de voierie : Trajan, Hadrien, Antonin, Septime Sévère, Claude, ou les Flaviens sont les dédicaces les plus fréquentes. Auguste fait aussi établir le cadastre, le recensement, les contributions. Deux éléments fédérateurs sont installés par la nouvelle administration : le culte impérial et la mise en place du Conseil des Gaules, régulièrement réuni à Lugdunum (Lyon), capitale des Gaules. ➤ Activité 2 : documents 2, 3, 4 et 5 pp. 38-39 La romanisation est un processus d’acculturation plus ou moins achevé. 1. Voir p. 14, « Comment vivaient les Gaulois ? ». 2. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage des Grecs en Gaule », document « Des villes fouillées par les archéologues », p. 10. 3. Son discours est conservé en partie dans les « Tables claudiennes » gravées dans le bronze retrouvées à Lyon. 31 Faire observer le document 4 p. 39 et faire répondre aux questions 6 et 7. Du point de vue de l’architecture, les villes gallo-romaines essaient d’imiter l’inimitable Rome, la ville par excellence, l’urbs. Leurs monuments expriment toutes les fonctions de Rome (question 6) : – la fonction civique s’exprime dans le forum, qui est la vaste esplanade où les hommes se rassemblent pour parler ; contrairement à ce que l’on peut parfois lire, ils n’y font guère de commerce. Sur le forum, la curie est la salle en forme de temple capitolin, lieu sacré où se réunit le Sénat local, l’ordre des décurions. La basilique est une salle couverte, qui permet de se réunir lorsque l’accès au forum est pénible ; – la fonction économique se traduit par la construction de marchés, la diffusion de boutiques d’artisans et de commerçants ; – la fonction religieuse s’exprime à travers les temples, en particulier du genre du Capitole, sanctuaire de la triade (Jupiter, Junon et Minerve) qui protège Rome, dédicacé aux empereurs. Faire observer le document 3 p. 39 et faire répondre à la question 5. Dire aux élèves que les bustes des empereurs sont très ressemblants et nullement idéalisés. Les visages d’Auguste, de Néron ou de Titus nous sont aussi familiers que si nous en possédions des photographies. Le buste de Marc Aurèle, empereur et philosophe stoïcien du IIe siècle ap. J.-C., ne manifeste donc aucune flatterie, rien qui signale le dieu et son culte obligatoire (question 5). Tout Romain brûle de l’encens devant ce buste, en témoignage de sa soumission et de sa loyauté ; – enfin, la fonction des loisirs, inséparable de la romanisation, a laissé de nombreux vestiges. Chaque jour, on va aux thermes pour se baigner et profiter des nombreux agréments qui accompagnent cette occupation : conversation, sport, bibliothèque, restaurant… Le théâtre propose des spectacles proches de notre music-hall. Dans l’amphithéâtre, on va voir couler du sang : homme contre homme, homme contre bête, bête contre bête. Enfin, le cirque est un champ de courses (question 7). Du point de vue de la religion, le paganisme gaulois commence à s’exprimer, à la période de l’indépendance, sous la forme de symboles et de figurations empruntés à l’art grec – la représentation de la déesse mère4 sous la forme d’Athéna, par exemple. Les influences grecques ont pu s’exercer par Marseille, d’abord au VIe siècle av. J.-C., puis à partir des invasions celtiques à la fin du IVe siècle av. J.-C. Lorsque les Romains s’installent en Gaule, ils trouvent donc les Gaulois habitués à traduire leurs croyances et leur panthéon religieux sous une forme inspirée du polythéisme grec. D’autre part, une conception est familière aux Anciens dès l’époque antérieure à la conquête romaine : celle d’une parenté entre les religions païennes. Elle contribue beaucoup à la transposition romaine des mythes et des dieux gaulois (ou interpretatio romana). Ce processus recouvre en vérité deux mouvements : les Romains favorisent le passage des mythes et des dieux gaulois aux mythes et aux dieux romains ; les druides et les fidèles favorables à l’occupation essaient d’interpréter l’iconographie et les symboles romains. La transposition romaine des mythes et des dieux gaulois trouve donc son complément dans une interprétation gauloise des mythes et des dieux romains (ou interpretatio celtica) afin de leur faire exprimer des conceptions indigènes. Ainsi, au cours du Ier siècle ap. J.-C., on suit sur les monuments galloromains de piété collective une interpénétration progressive des deux paganismes. On y trouve soit des images spécifiquement gauloises, plutôt rares, soit des associations guidées de divinités, ou bien des mythes sélectionnés pour leur analogie avec des croyances gauloises, ou encore des groupements mixtes de dieux et de symboles romains, de dieux et de symboles gaulois. Dans tous les cas, le système d’expression est strictement gréco-romain. Faire observer le document 2 p. 38 et faire répondre aux questions 3 et 4. Apollon (en grec Phoibos, « le Brillant ») est le dieu grec de la Lumière à la chevelure flamboyante (question 3) ; les rites du culte d’Apollon gaulois, qui comporte des usages spécifiquement grecs comme celui de l’incubation dans le sanctuaire, qui doit apporter la révélation du remède au Mal, et de la divination par incubation, pénètrent en Gaule au IIIe siècle av. J.-C. à partir de la Provence hellénisée. Vénus est une très ancienne divinité italique présidant à la croissance des végétaux ; elle est assimilée au IIe siècle av. J.-C. à l’Aphrodite grecque, dont elle prend les attributs et les mythes. La déesse grecque de l’Amour et de la Fécondité inspire de nombreux artistes, prétexte à rendre hommage à la beauté féminine (Vénus de Médicis, Vénus de Milo, Vénus de Callimaque, Lysippe, Praxitèle, Scopas). La culture européenne appelle « Vénus » des représentations qui sont en fait celles d’Aphrodite, ou des copies romaines de celles-ci, comme la Vénus d’Arles (question 4). Cette invasion de la mythologie et de l’iconographie gréco-romaines correspond-elle à une conversion sincère des Gaulois ? À partir de la fin du IIe siècle ap. J.-C. réapparaissent des noms de divinités et des symboles spécifiquement celtiques : la conquête ne supprime ni le contenu même des croyances ni la mythologie gauloises, elle en modifie simplement les manifestations. Faire observer le document 5 p. 39 et faire répondre aux questions 8 et 9. Pour la description de ce temple de facture grecque, se reporter au document 4 p. 41 et à la question 7 ; les pierres sont levées par une grue en bois qui fonctionne selon le principe du contrepoids. Sur les traces des gallo-romains L’exploitation pédagogique des documents ➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 4 pp. 40-41 La romanisation ne s’opère vraiment que dans les villes. Dire aux élèves que la ville gallo-romaine se développe selon une trame orthogonale : la base du plan d’urbanisme et du cadastre urbain est le croisement à angle droit du 4. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des Gaulois », document 1 p. 20. 32 ciper à cette culture nouvelle. Deux élèves assis entourent le maître (question 3) ; les élèves tiennent chacun dans leurs mains un volumen (question 4), qui a donné en français le mot « volume » (question 5) ; un troisième élève, en retard, debout, tenant à la main des tablettes dans un étui, s’apprête à essuyer la colère du maître. Même si on ignore le nombre de lecteurs en Gaule, on sait cependant qu’à partir du IIe siècle ap. J.-C., la lecture se diffuse surtout en ville grâce à l’alphabétisation. cardo (voie nord-sud) et du decumanus (voie est-ouest). Les rues à angle droit délimitent des îlots d’habitation de taille variable appelés « insulae ». Mais cette règle est soumise à la topographie, aux commodités d’accès, à l’évolution historique du site et à l’emprise foncière des cultes indigènes5. Toute ville gallo-romaine possède son centre monumental, avec le sanctuaire de la cité, qui est tantôt un temple du genre du Capitole, dédié à la triade capitoline et aux empereurs, tantôt un sanctuaire indigène. Faire observer le document 4 p. 41 et faire répondre à la question 7. Ce temple du genre du Capitole érigé à Vienne et dédié à Auguste et à son épouse Livie est une imitation des temples grecs. Les colonnes cylindriques portent des sortes de traverses en pierre pour soutenir le poids du toit. Ces traverses sont les architraves, et l’ensemble du bandeau reposant sur les colonnes de pierre est l’entablement. Dans sa partie supérieure, c’est comme si des extrémités de poutres (en pierre) dépassaient du temple. Ces extrémités sont généralement décorées de trois rainures ou « triglyphes ». L’espace qui sépare ces triglyphes se nomme « métope ». La majesté du temple vient de l’attachement à la disposition claire : ici, rien qui ne soit nécessaire, du moins rien dont on ne voit la raison d’être (question 7). Ce temple est voisin du forum, longue place rectangulaire entourée de portiques autour de laquelle sont groupés les édifices de la vie municipale : la curie et une ou plusieurs basiliques. À la périphérie se dressent les thermes, l’amphithéâtre et le théâtre. Ces lieux sont un foyer efficace dans la diffusion de la culture romaine des loisirs. Faire observer le document 1 p. 40 et faire répondre aux questions 1 et 2. La nouveauté de style est l’emploi de l’arcade. Dès l’instant où la technique de la construction d’une arcade par l’assemblage de pierres taillées en coin est maîtrisée, l’architecte peut bâtir les arches d’un aqueduc, d’un théâtre ou d’un amphithéâtre, et il peut même reproduire ce procédé pour voûter un édifice. Pour l’amphithéâtre d’Arles, deux étages (à l’origine trois) comptant chacun soixante arcades superposées soutiennent les gradins ; pour le théâtre, un seul étage (question 1). Les deux édifices se distinguent par leur forme (ovoïdale pour l’amphithéâtre, semi-circulaire pour le théâtre) et par leur étendue (l’amphithéâtre est plus vaste et plus haut) (question 2). Plus à l’écart se trouve le cirque, utilisé pour les courses de chars. C’est dans la périphérie qu’apparaissent des groupes de temples, associés de manière à former un sanctuaire local destiné à la population indigène. Les quartiers périphériques sont aussi occupés par de belles demeures patriciennes et par de petits immeubles de rapport divisés en appartements. ➤ Activité 2 : documents 3 et 5 pp. 40-41 La romanisation suscite aussi un transfert de techniques et d’objets. L’artisanat gallo-romain intéresse peu les écrivains latins. Pour trouver des informations, il faut étudier les productions qui sont parvenues jusqu’à nous : – Faire observer le document 3 p. 40 et faire répondre à la question 6. Par exemple, les nombreux tessons recueillis dans les fouilles révèlent une industrie généralisée de la poterie. La céramique sigillée (marquée d’un sceau) est une spécialité gallo-romaine importée d’Italie. En effet, la céramique commune, grise, de type indigène, voisine avec la céramique rouge, recouverte d’une fine pellicule lustrée, qui imite la céramique italienne. Elle est faite au tour et dans un moule de terre réfractaire qui reçoit à l’intérieur, en creux, l’empreinte d’un décor ; le motif s’imprime à son tour en relief sur l’argile tendre. Une fois cuite, la céramique est ensuite polie avec un morceau de bois ou de peau, puis est recouverte d’un enduit. Les usages sont divers : transport du vin, de l’huile, stockage des grains, préparation et cuisson des aliments, vaisselle de table, fine ou commune (question 6). – Faire observer le document 5 p. 41 et faire répondre à la question 8. Par exemple, on a retrouvé des statuettes cultuelles de bronze6 jusqu’en Gaule du Nord (question 8). ➤ Activité 3 : documents 6 et 7 p. 41 Le modèle de la villa témoigne de la romanisation du système productif. Les fouilles ont mis au jour nombre de petits établissements ruraux tenus par des indigènes7 ainsi que des villas. Le mot latin villa désigne une exploitation agricole de type latifundium. On possède peu de représentations figurées des villas. Seuls deux auteurs latins ont évoqué chacun leur villa en Gaule : Ausone au IVe siècle ap. J.-C., et Sidoine Apollinaire au Ve siècle. Le second décrit minutieusement son domaine, localisé dans le Puy-de-Dôme. C’est une vaste exploitation comprenant un gynécée, un portique, l’appartement du maître, des bâtiments d’exploitation, une cour, un sanctuaire et un petit port fluvial. Mais ce n’est pas une configuration unique ; l’archéologie aérienne a permis de découvrir un grand nombre de villas inconnues. Faire observer le document 6 p. 41 et faire répondre à la question 9. Cette reconstitution permet aux élèves de retrouver trois éléments de la description de En ville, le latin est la langue des élites indigènes. Faire observer le document 2 p. 40 et faire répondre aux questions 3, 4 et 5. Détail d’un monument funéraire, cette scène montre l’importance accordée à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, indispensables à qui veut parti- 5. Par exemple, dans la colonie d’Augst, deux réseaux d’orientation très différente sont associés dans la trame d’urbanisme : un maillage colonial romain comprenant le forum, la basilique, les quartiers résidentiels, et un ensemble secondaire où s’inscrivent de vastes édifices cultuels d’origine gauloise, dont l’orientation s’est imposée au théâtre romain. 6. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage gaulois », « L’art des bronziers », p. 23. 7. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des Gaulois », documents 3 et 4 p. 21. 33 taires concordent pour montrer que les voies les plus souvent refaites sont celles du nord-est (Belgique et Germanies) pour des raisons stratégiques. Insister sur la densité du réseau routier romain dans la province narbonnaise, du fait de l’ancienneté de l’occupation. Aux grandes voies militaires et aux voies publiques d’État, établies et entretenues par l’administration impériale avec les ressources des provinces, s’ajoutent celles des collectivités locales et les voies privées des villas. Les voies sont parcourues par les légionnaires, la poste impériale, les commerçants, les pèlerins, les touristes, les convois de bétail et de céréales destinés à Rome ou aux garnisons du limes. Sidoine Apollinaire : la maison du maître, les bâtiments d’exploitation et la cour (question 9). La villa produit pour elle-même et surtout pour la vente. Les productions marchandes sont des céréales (blé, orge, millet, avoine, froment, sarrasin), du vin, des animaux de basse-cour… Faire lire le document 7 et faire répondre à la question 10. La scène décrite ici est une scène de labour à l’automne : un attelage de bovidés tire l’araire avec un joug qui serre leur cou lorsque l’effort est intense (question 10). L’araire en bois est amélioré grâce à l’ajout d’un soc de fer, qui permet de labourer les sols lourds. Le coutre du soc retourne la terre de part et d’autre du sillon et l’aère en même temps, ce qui permet de semer plus profond et de mieux enfouir les graines, et donc d’en perdre moins. Les sols sont fertilisés avec l’apport de fumier, et on pratique la jachère. ➤ Activité possible Faire réaliser par les élèves la coupe simplifiée d’une voie romaine. Des ponts et des aqueducs / Les stations thermales ou les bains l’héritage des gallo-romains Les villes gallo-romaines utilisent d’énormes quantités d’eau qui nécessitent d’organiser la collecte et le transport d’une eau de source recherchée parfois à des dizaines de kilomètres de distance. L’alimentation en eau suppose à la fois la science de l’ingénieur hydraulicien, celle de l’architecte et du technicien des travaux publics, ainsi qu’une surveillance et un entretien permanents et une substructure administrative considérable. Les villes sont desservies par d’immenses aqueducs, qui ont laissé souvent des vestiges impressionnants (pont du Gard, piles de Jouyaux-Arches près de Metz, les onze aqueducs de Vienne). D’ailleurs, à l’image de Rome, de nombreuses villes survivent difficilement à la destruction de leurs aqueducs. L’eau est distribuée aux riches particuliers et aux infrastructures publiques : thermes, fontaines, latrines, caniveaux. Les particuliers prennent l’eau à la fontaine ou dans des puits plongeant dans la nappe phréatique. Les eaux usées sont évacuées par un réseau d’égouts. Des villes où il fait bon vivre Vers le VIe siècle av. J.-C., une petite bourgade indigène nommée Arelate dans un coude du Grand Rhône est mentionnée. À la même époque, Arelate est colonisée par les Grecs de Marseille. Ce comptoir devient une vraie ville, puisque c’est à elle que, en 49 av. J.-C., Jules César confie la construction des douze navires de guerre qui bloqueront le port de Marseille. Trois ans plus tard, César fait d’Arelate une colonie de droit romain pour les vétérans de la 6e Légion. Les terrains lotis proviennent du territoire rural de Marseille. Le plan d’Arles est globalement orthogonal avec quelques rues pénétrantes transversales ; la base du plan est le croisement à angle droit du cardo (peut-être la rue de l’Hôtel-de-Ville) et du decumanus (rue de la Calade). La colonie est immédiatement dotée de puissantes murailles, dont la partie est existe toujours, puis, au début du Ier siècle ap. J.-C., d’un forum monumental, dont les cryptoportiques, magnifiques galeries en sous-sol qui lui servent d’assise, sont eux aussi toujours présents. L’esplanade comprend la curie, une basilique et le sanctuaire de la cité, qui est un temple du genre du capitole. À distance, le théâtre, toujours visible, apparaît néanmoins diminué : en effet, du Ve au XIIe siècle, il sert de carrière, notamment pour construire la primatiale romane Saint-Trophime. L’amphithéâtre est toujours là. Un pont de bateaux permanent (aujourd’hui disparu) permet de franchir le fleuve. Les bateaux, solidement amarrés et proches les uns des autres, sont réunis par un tablier de bois. À chaque extrémité, un pont-levis permet le passage. Au cadastre urbain se rattache le cadastre régional (centuriation) et le réseau des voies. pour construire le résumé Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple, « romanisation », « gallo-romain », « villes », « voies romaines », « forum », « théâtre », « amphithéâtre », « aqueduc », « villa », « poterie ». Mettre en relation chacun de ces mots. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence. bibliographie ➤ Activité possible Faire comparer la reconstitution de la ville d’Arles avec le plan de la ville actuelle ; faire repérer et identifier les édifices gallo-romains toujours visibles. – A. Ferdière, Les Gaules, IIe siècle av. J.-C / Ve siècle ap. J.-C., coll. « U », Armand Colin, 2005. – C. Delaplace, J. France, Histoire des Gaules, VIe siècle av. J.-C. / VIe siècle ap. J.-C., coll. « Cursus », Armand Colin, 2005. – C. Goudineau, Regard sur la Gaule, Errance, 2000. Des routes : les voies romaines Les documents routiers, des fragments très bien conservés et connus, et les indications données par les bornes mili- 34 fabriquer à la manière de… la mosaïque Pages 44 et 45 du dossier Référence aux Instructions officielles Les créations artistiques rencontrées ou utilisées sont situées dans leur contexte grâce au programme d’Histoire, qui fournit les références culturelles indispensables. En utilisant des objets et des matériaux variés, en les observant ou en les construisant, l’élève se familiarise un peu plus avec le monde technique. Le travail sur les matériaux, les manipulations d’objets et d’images engagent l’élève dans une démarche de réflexion. L’élève doit pouvoir agir sur les formes, les couleurs, les matières et les objets pour chercher à produire des effets. Les activités proposées visent à préciser des principes d’organisation et de composition : répétition, alternance, superposition, orientation. Compétences • Être capable d’utiliser le dessin dans ses diverses fonctions. • Être capable d’expérimenter des matériaux, des supports, des outils ; constater les effets produits. • Être capable de combiner plusieurs opérations plastiques pour réaliser une production. L’exploitation pédagogique en classe permettent de formuler des hypothèses mais, souvent, le style et le thème évoluent selon les régions ou les mosaïstes et non selon les époques. Certains événements permettent toutefois une datation : les centaines de mosaïques retrouvées à Pompéi sont forcément antérieures aux coulées de lave du Vésuve de 79 après J.-C. ➤ Activité 1 : « J’étudie l’art des mosaïques » Le mot « mosaïque » vient de l’expression latine « mussiuum opus », du Ier siècle avant J.-C., qui désignait les décors ornant les lieux de détente consacrés aux muses (grottes, fontaines…) ; ces lieux étaient dénommés « musaea ». Par la suite, le mot évoquait non plus les lieux eux-mêmes mais le décor (les mosaïques). Le mot « musée » a la même origine. ➤ Activité 2 : « J’étudie les thèmes et les lieux des mosaïques » Chez les Grecs, la mosaïque est réservée aux riches maisons ou palais. Elle est étroitement liée à l’architecture des lieux. Les maisons s’organisent autour d’une cour à péristyle et de deux ou trois salles. Les mosaïques sont le plus souvent composées de galets blancs et verts. Des formes géométriques côtoient des animaux ou des figures mythologiques. Initialement, la mosaïque a un rôle utilitaire (protection des murs, facilité de nettoyage…) et elle est employée en complément de la maçonnerie. De ce fait, elle fut longtemps considérée comme un art secondaire, moins noble que la peinture. En 301 après J.-C., un édit fixe le prix maximal des marchandises et des salaires dans l’Empire romain. Le salaire d’un boulanger, d’un maçon et d’un poseur de tesselles est de 50 deniers par jour, plus la nourriture. Un mosaïste brodeur gagne 60 deniers par jour, un peintre de murs, 75 deniers, un peintre d’images, 150 deniers. Pompéi permet de connaître de façon plus détaillée les mosaïques romaines. Les maisons des riches marchands s’organisent autour de l’atrium et du bassin central, qui recueille les eaux de pluie. Au contact des Grecs, les maisons romaines s’agrandissent, la fonction des pièces s’individualise (salle d’apparat, salle à manger, espace public, espace privé). Dans ces demeures, les mosaïques sont à la fois décor et élément utilitaire, tel le vestibule de la maison de Paquius Proculus représentant un chien gardant la demeure. Dans les villas gallo-romaines, les mosaïques prennent encore plus d’espace et de majesté. Les formes géométriques soulignent les décors inspirés de la nature (acanthe, vigne, arbres…). Comme les pièces, les thèmes des mosaïques se diversifient. Dès le IIIe siècle, les mosaïques des salles à manger abordent les thèmes des repas, du marché, de l’alimentation. Dans les chambres d’enfants, les motifs sont liés à l’enfance, comme dans la villa de Casale en Sicile, dont le La mosaïque est un assemblage de tesselles. Ce mot a la même origine que le mot « tesson ». Il désigne aussi les morceaux d’une poterie. Toutes les mosaïques de l’époque gréco-romaine sont composées avec des matériaux minéraux : galets pour les mosaïques anciennes, fragments de roches pour les autres mosaïques. Par la suite, on utilise les pâtes de verre. La mosaïque étant une succession de petits morceaux de roches, l’art du mosaïste est de sublimer cette contrainte technique pour offrir un dessin le plus homogène possible. Les plus adroits ont utilisé cette contrainte à leur avantage en sélectionnant des tesselles ou des galets dont la forme épousait le dessin originel. Les mosaïques sont difficiles à dater. Considérées comme un art secondaire, elles ne sont quasiment pas signées ni datées, à l’inverse des peintures. Les éléments représentés 35 pavement représente deux petits garçons jouant avec un char tiré par des oiseaux. Les thèmes mythologiques sont souvent abordés, quel que soit le lieu de la maison. – utiliser des gommettes (elles ont l’avantage d’avoir une taille carrée standard) ; – limiter la taille de la mosaïque (une feuille A5 suffit). Pour aller plus loin Dans les villes, les théâtres, les cirques et les arènes sont recouverts de mosaïques. Les thèmes varient selon la destination du bâtiment : athlète, discobole ou porteur de palmes pour les arènes, masques aux traits amplifiés et séances de répétitions pour le théâtre. L’art de la mosaïque a beaucoup évolué depuis les Grecs et les Romains. Aujourd’hui, la mosaïque s’intègre souvent à l’espace urbain contemporain. Certains édifices religieux en sont décorés. Ce travail consiste pour les élèves à explorer leur ville en recensant les lieux comportant des mosaïques, en les photographiant, puis en les replaçant sur un plan de la ville. La mosaïque peut être utilisée aussi en écriture. On pourra ainsi proposer d’écrire le nom de l’école en mosaïques. En utilisant des petits graviers ou des cailloux plats rapportés par les élèves, on pourra aussi créer une mosaïque collective. ➤ Activité 3 : « Je fabrique une mosaïque géométrique » Pour que les élèves réalisent une mosaïque qui soit la plus proche de la réalité, il est nécessaire de leur faire comprendre la démarche des mosaïstes. Les mosaïstes travaillent à partir d’une planche sur laquelle est représenté le dessin en couleur de ce qu’ils doivent réaliser en tesselles. Ce dessin est quadrillé. C’est le « carton ». À l’emplacement de la future mosaïque, les artisans tendent des fils qui matérialisent l’emplacement des tesselles. Ensuite, ils coulent sous ces fils une sorte de mortier et ils y fixent les tesselles selon le dessin du carton. bibliographie – M.-C. Amouretti, La Grèce classique, « Documentation photographique » n° 6092, La Documentation française, 1987. – R. Flacelière, La Vie quotidienne en Grèce, coll. « Livre de poche », Hachette, 1959. – G. Delobbe, Mosaïques de l’Antiquité gréco-romaines, PEMF, 2000. – V. Marzi, F. Gambrelle, Secrets d’ateliers : les mosaïques, Solar, 2005. En classe, il est possible de suivre le même déroulement : – dessin du motif que l’élève souhaite réaliser sur une feuille ; – coloriage du dessin ; – découpage des tesselles dans du papier coloré ou choix des tesselles (gommettes) nécessaires à la réalisation de la mosaïque ; – matérialisation du quadrillage sur une feuille épaisse (qui remplace le sol) ; – collage des tesselles selon le modèle. site Pour que le travail ne soit pas fastidieux, il vaut mieux : – proposer des motifs géométriques à base de carrés à reproduire ; – limiter le choix des couleurs (les premières mosaïques étaient bicolores) ; – http://rolletbrigitte.free.fr/historiq.html Ce site propose un bref historique de l’art de la mosaïque. 36 les chrétiens Pages 46 à 51 du dossier Référence aux Instructions officielles Le christianisme né dans le judaïsme palestinien est devenu la religion la plus universelle jamais connue. Que l’on attribue cette réussite aux chances historiques qu’ont données au christianisme l’Empire romain d’abord, puis la civilisation occidentale n’empêche pas de lui reconnaître un universalisme de principe qu’il exprime dès ses débuts clandestins. Le mot « catholique », d’origine grecque, signifie précisément « universel ». Cet universalisme explique l’importance que revêt le christianisme du point de vue de son influence dans les domaines de la culture, de la vie sociale et politique, de la morale collective et personnelle. Compétences • Connaître les étapes géographiques et sociologiques de la diffusion du christianisme. • Définir l’Évangile. • Caractériser une période : la diffusion du christianisme en Gaule. Photofiche Voir la photofiche p. 60. J.-C., date à laquelle se consomme une rupture irréversible. Le christianisme n’attend d’ailleurs pas d’être rejeté du judaïsme pour se répandre dans le monde païen. L’historien juif Flavius Josèphe (Ier siècle ap. J.-C.) et trois auteurs latins du IIe siècle – Suétone, Tacite et Pline le Jeune – ne témoignent pas directement de l’existence de Jésus-Christ, mais ils attestent que des individus se réclament de lui à Rome dès les années 40. L’Empire romain doit finalement, après les persécutions, ouvrir toutes ses provinces au christianisme. Du monde romain, le christianisme passe aux « Barbares » et recouvre l’Europe. S’il recule face à l’islam en Méditerranée, il envoie des missionnaires au loin : vers l’Asie et vers l’Amérique latine au XVIe siècle, vers les deux Amériques au XVIIe siècle, vers l’Afrique au XIXe siècle. Avec l’époque des grandes découvertes, les prétentions universelles de l’Église catholique se concrétisent : les terres occupées deviennent possessions du Christ en même temps que celles du roi, et la plantation de la croix, du Mexique aux Indes, atteste partout du processus d’évangélisation à l’œuvre, inséparable de la colonisation. comment les premiers chrétiens sont-ils arrivés en gaule ? Le contexte historique Tous les grands monothéismes s’affirment de source divine et appuient cette prétention sur une révélation reçue par des hommes. Pour les chrétiens, Jésus de Nazareth (entre 7 et 4 av. notre ère – entre 27 et 36 de notre ère) est plus qu’un prophète, il est le Dieu-Homme. Il porte le titre signifiant l’Oint, le Messie, sur lequel est formé le mot latin christianismus, en français christianisme, qui désigne la doctrine et l’institution qui se réclament de JésusChrist. L’idée d’incarnation est une des spécificités du christianisme : le chrétien reconnaît en Jésus Dieu Luimême entrant dans l’Histoire, dévoilant ainsi qui Il est. En sorte que la valeur du Messie ne tient pas d’abord à sa prédication mais à sa personne, porteuse de l’absolu divin. L’adjectif « eschatologique » désigne cette plénitude divine du fait de Jésus dans l’Histoire, ainsi que les autres titres de « Seigneur », « Fils de Dieu », « Sauveur », « Juge des vivants et des morts ». La révélation chrétienne s’appelle « Évangile » ; ce mot appartient au protocole impérial où il désigne les événements heureux (victoire, naissance, avènement). La révélation de Jésus-Christ est une « heureuse nouvelle », puisqu’elle annonce la rémission des péchés et la résurrection, et propose une explication sur les origines et sur le terme de la destinée humaine. L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : document 1 p. 46 Le christianisme se diffuse dans tout le Bassin méditerranéen. Cette diffusion pacifique n’est pas foudroyante, à la différence de ce qui se passera pour l’islam : il faut quatre siècles au christianisme pour s’imposer dans l’Empire romain. Faire observer le document 1 p. 46 et faire répondre aux questions 1 et 2. Une génération après la crucifixion du Christ, le christianisme est déjà présent sur toutes les côtes de la Méditerranée. Dès les années 40, il est repéré à Rome. En 112, Pline le Jeune affirme qu’en Bithynie, les chrétiens sont « nombreux, de tout âge, de La chronologie p. 46 permet de montrer que le christianisme est né au sein du judaïsme palestinien. C’est parmi les nombreuses sectes messianiques qui émergent dans le judaïsme au Ier siècle av. J.-C. que s’opère le regroupement des disciples de Jésus de Nazareth. Les chrétiens sont acceptés au sein du judaïsme jusqu’aux environs de 65 ap. 37 – les représentations des catacombes, qui se reconnaissent par un laconisme et un souci d’abstraction. Pour échapper aux persécutions, les chrétiens figurent le Christ par le Poisson. En effet, l’acrostiche du mot grec « poisson » permet de lire : « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ». On retrouve le poisson-Christ sur les fresques, les sarcophages, les vases, les amulettes. On le porte au cou en signe de reconnaissance. L’Agneau pascal, thème de l’Ancien Testament, est un autre symbole christologique ; – les représentations byzantines du Christ pantocrator bénissant le monde, placé sous les coupoles centrales des basiliques, comme au centre du Royaume céleste (SainteSophie de Constantinople). Le Christ byzantin se signale par un réalisme minutieux dans les détails du vêtement et par un goût pour les matières précieuses (or, argent, cristaux, marbres, porphyres, nacre). Il est représenté de face, plongeant son regard sur celui des fidèles ; démesurément grandi, il dépasse les personnes qui l’entourent ; l’anatomie et la perspective sont volontairement ignorées. Le Christ ne trahit aucune émotion, il est en dehors du temps ; – les tableaux naturalistes des maîtres allemands de la préRenaissance, qui rompent avec le hiératisme byzantin. Ils accentuent à l’excès la fragilité de la nature humaine du Christ. Il est montré affreusement éprouvé par les supplices de la Passion, son corps est couvert de plaies d’où ruisselle le sang ; il ploie sous le poids de la croix : Le Couronnement d’épines du maître de la Passion de Karlsruhe, La Crucifixion de Schäuffelein, La Flagellation de Ratgeb, les Crucifixions de Grünewald, Le Christ au tombeau de Hans Holbein le Jeune… tout rang, de l’un et l’autre sexe ». À la même époque, en Gaule, le christianisme est signalé dans les grandes villes de Lyon, Vienne, Paris, Tours, Toulouse et Bordeaux (question 1). Pour le IIIe siècle, on possède le constat amer de Porphyre dans son livre Contre les chrétiens : « Depuis tant d’années, la maladie [le christianisme] a envahi la Ville [Rome]. » Au Ve siècle, l’Asie Mineure, la SyriePalestine, l’Égypte nilotique, la province d’Afrique, les trois péninsules méditerranéennes et la Gaule sont chrétiennes (question 2). Sur les raisons de cette diffusion, il y a au départ l’unité politique de la Méditerranée, sous l’imperium romain, et la facilité des communications. Il y a aussi la doctrine de Paul1 tirant les leçons de l’échec du prosélytisme évangélique auprès des Juifs et situant la nouvelle religion en dehors des particularismes : le judaïsme s’adresse à un peuple ; le christianisme, lui, se veut universel. ➤ Activité 2 : document 2 p. 47 Peut-on figurer le Dieu-Homme ? Selon l’Ancien Testament, Dieu cache Sa face à Moïse sur le mont Sinaï, et toute représentation de la divinité s’y trouve par conséquent interdite. Pourtant, le deuxième concile de Nicée (VIIIe siècle ap. J.-C.) précise une théologie de la représentation divine, refusant à la fois les excès idolâtres et la négation de toute image. Dès lors, deux sensibilités dominent : dans la chrétienté grecque, l’icône contient une parcelle de l’énergie divine, elle est donc soumise à des canons stricts ; dans la chrétienté latine, les artistes gardent leur liberté d’interprétation. Ainsi, si chaque époque a ses thèmes christologiques préférés, elle a aussi son propre Christ. Faire observer le document 2 p. 47 et faire répondre à la question 3. Cette miniature du XIIIe siècle est une représentation du Christ selon les canons de l’art gothique. Cet art reprend les cycles habituels de l’épopée christologique : la Nativité et l’Enfance du Christ, la Vie publique, la Passion, la Résurrection, la Vie glorieuse, le Christ eschatologique. L’art gothique y ajoute le Couronnement de la Vierge Marie : d’un geste majestueux, le Christ bénit sa mère, qui incline sa tête couronnée devant la grandeur de son fils. Les cathédrales gothiques (Chartres, Paris, Senlis, Laon, Mantes), très hautes, exigent des sculptures qui leur soient proportionnées. Les statues s’étirent, se raidissent. Le Christ devient plus solennel, plus distant, les draperies de ses vêtements tombent droit, sans les spirales et les corolles spécifiques à l’art roman. L’art gothique crée le type du « beau Dieu », qui se fonde sur un psaume de David : « Ô le plus beau des enfants des hommes, règne, triomphe par l’éclat attrayant de ta beauté ! » Les livres d’heures et les psautiers ornés de miniatures subliment aussi le Christ : Le Christ apparaissant à Marie-Madeleine dans le Psautier de Blanche de Castille (1230) ; L’Onction du corps du Christ du Psautier d’Ingelburge (vers 1200). ➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 47 Quels sont les vecteurs de la diffusion du christianisme ? Faire lire le document 3 p. 47 et faire répondre à la question 4. On connaît l’expression de Tertullien : « Le sang des martyrs2 est la semence des chrétiens. » En fait, on range sous la notion commode de « persécutions » des comportements très divers : les malheureux brûlés par Néron après l’incendie de Rome du 19 juillet 64 n’ont rien de commun avec les victimes de la persécution méthodique déclenchée par Dèce en 250. Le plus souvent, ce sont des émeutes (à Lyon, en 177) ou des dénonciations (dans la Bithynie de Pline le Jeune, en 111-113) qui obligent le pouvoir romain à poursuivre les chrétiens. Les persécutions systématiques éclatent lorsque l’empereur a besoin de s’assurer de la fidélité de ses sujets : le refus chrétien de participer au culte impérial devient alors insupportable (question 4). Faire lire le document 4 p. 47 et faire répondre à la question 5. Il faut attendre deux siècles et demi après les premiers apostolats pour que le christianisme soit non pas toléré (ce qui est le cas la plupart du temps) mais adopté comme la religion préférée, puis exclusive, de l’empereur (question 5). C’est l’œuvre de Constantin, à partir de sa conversion (312), puis de l’édit de Milan (313). En 312, Constantin, maître de la Gaule, marche contre son compétiteur à l’Empire, Maxence, qui tient Rome. Dans la bataille, Maxence est tué. Selon son pané- Parmi les nombreuses représentations du Dieu-Homme, montrer aux élèves (question 3) : 1. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des premiers chrétiens », document 5 p. 49. 2. Le mot grec « martyr », qui veut dire « témoin », signifie que les martyrs sont mis à mort pour avoir refusé d’abandonner la foi du Christ. 38 ancienne, les historiens font le tri entre les « actes authentiques » (tels les actes des martyrs de Lyon) et les récits légendaires (par exemple, la vie de sainte Marguerite ou celle de saint Georges). Martin (316-397) est un saint « historique » : soldat pannonien converti, il rejoint saint Hilaire qui l’ordonne prêtre à Poitiers, puis fonde une communauté monastique à Ligugé (361). Devenu évêque de Tours (v. 370), il évangélise les campagnes. Sa Vie par son disciple Sulpice Sévère répand son culte dans toute la Gaule. gyriste Eusèbe de Césarée, Dieu a envoyé un signe à Constantin : « Il était environ midi au soleil, et l’aprèsmidi allait commencer ; il [Constantin] vit, dit-il, de ses propres yeux, au-dessus du soleil, un trophée en forme de croix, fait de lumière, et une inscription y était attachée, disant : “Par cela sois vainqueur”. [La nuit suivante,] dans son sommeil, le Christ se fit voir à lui, avec le signe de Dieu qui était apparu dans le ciel ; et il lui ordonna de le faire reproduire [..] et de s’en servir comme d’une protection lors de ses rencontres avec les ennemis. »3 Pour la seule fois de son histoire, le Bassin méditerranéen connaît une unité religieuse qui dure de 391 (Théodose Ier interdit la pratique des cultes païens) à 636 (les Byzantins perdent la Syrie au profit des musulmans). Sur les traces des premiers chrétiens ➤ Activité 4 : document 5 p. 47 L’évangélisation est une œuvre répétitive et de longue haleine. Le contexte historique La première génération chrétienne n’a pas ses écrits propres : Jésus n’a point écrit ; il n’y a point incité ses apôtres. C’est seulement entre 70 et 95 que sont rédigés les premiers textes évangéliques, précédés par les lettres de Paul (entre 56 et 63). Quatre récits, dits « canoniques », écrits en grec, sont reconnus comme authentiques : celui de Marc est le plus ancien (vers 65) ; Luc et Matthieu sont un peu plus tardifs (entre 70 et 90) ; l’Évangile de Jean est le plus récent (vers 95). Ce ne sont pas des textes d’auteur, mais les livres d’un Évangile unique à quatre voix, « selon » Matthieu, Marc, Luc et Jean. L’Évangile s’est formé peu à peu sur la base de recueils fragmentaires contenant des habitudes propres à tel apôtre, à un groupe de disciples, ou à une région. On ne sait pas où se produit le passage des traditions orales préévangéliques aux Évangiles écrits. Mais ils ne suffisent pas à l’Église pour élaborer des formulations réflexives de sa foi. Plus tard, les premiers conciles (Nicée en 325, Constantinople en 381, Éphèse en 431, Chalcédoine en 451) permettront de dégager le Credo. Faire observer le document 5 p. 47 et faire répondre à la question 6. Les succès de l’évangélisation en Gaule sont irréguliers et provisoires. Au IIe siècle, le christianisme n’est guère diffusé au-delà des grands centres urbains comme Lyon, Vienne, Paris, Tours, Toulouse ou Bordeaux. C’est en 177 qu’a lieu à Lyon une première persécution : 48 chrétiens sont molestés, torturés, emprisonnés, jetés aux bêtes à l’occasion de la grande Fête fédérale du 1er août. Eusèbe en conserve le récit : une lettre en grec des chrétiens de Lyon et de Vienne à leurs compatriotes d’Asie Mineure. Les premiers chrétiens sont donc des citadins d’origine étrangère. Ce sont aussi les premiers saints de notre pays, avec le vieil évêque Pothin et la jeune Blandine. Après cette persécution, le christianisme se répand sans doute en ville et aussi dans les campagnes, grâce à l’ardeur missionnaire d’Irénée de Lyon, qui s’adresse aux Gaulois dans leur langue. Mais, deux cents ans plus tard, le paganisme est toujours vivace. Dans le même pays sinon dans les mêmes lieux, saint Martin de Tours – repérable à son nimbe, qui le désigne comme l’intercesseur entre Dieu et Son peuple – doit employer des moyens violents pour détrôner les anciens dieux (question 6) ; de plus, l’évêché de Lyon reste longtemps le seul en Gaule ; enfin, en Bretagne ou en Rhénanie, acquises au christianisme au IVe siècle, les invasions germaniques du Ve siècle ramènent un peuplement païen. L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : documents 1 et 2 p. 48 Le christianisme plonge ses racines dans le judaïsme palestinien. Il revient au judaïsme d’avoir établi la croyance en un seul dieu transcendant. Ce monothéisme trouve sa genèse, selon l’Ancien Testament, dans deux exodes : celui d’Abraham qui quitte la ville d’Ur en Chaldée vers 1850 av. J.-C., et celui des Hébreux d’Égypte vers le XIIIe siècle av. J.-C. Faire lire le document 2 p. 48 et faire répondre à la question 3. Parce qu’il refuse de libérer les Hébreux de leur servitude, le pharaon s’oppose à Moïse (question 3). À ce sujet, la Bible hébraïque nous apprend que l’Égypte tout entière se voit infliger des calamités naturelles : invasion de mouches, de taons, pullulement de grenouilles, crue terrible du Nil, moissons anéanties, maladie et peste, mort de tous les premiers-nés égyptiens, hommes et bêtes, en une seule nuit... Les dix plaies d’Égypte se produisant Pour aller plus loin Dire aux élèves que les chrétiens font une distinction entre les saints et les autres défunts : d’une part, les défunts en général, pour lesquels il faut prier pour qu’ils soient accueillis auprès de Dieu, et d’autre part, ceux qui sont déjà auprès de Dieu, auxquels on peut demander d’aider les autres chrétiens par leur prière. Parmi les saints, on recourt beaucoup à la prière de la Vierge Marie, à celle des apôtres et à celle des martyrs. Il y aussi les « docteurs de l’Église » (l’Église reconnaît en eux des enseignants compétents de la doctrine du Christ), les « vierges » (femmes qui s’engagent dans un célibat absolu par amour pour le Christ), ou les « religieux ». Pour l’époque la plus 3. Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, I, 28-31. 39 chrétien et le clergé des autres religions. Le Bon Pasteur n’a pas de pouvoir magique ; il n’est pas le gardien jaloux des rites ; il n’est pas l’homme du sacré, par opposition au profane. Il est l’homme spécialisé de la cause de l’Évangile autour de qui s’assemble la communauté. Après Jésus, les apôtres, puis les évêques exerceront l’autorité pastorale. Conjointement à la structure pastorale et articulée sur elle, il faut insister sur la structure sacramentelle de la communauté. Faire observer le document 4 p. 49 et faire répondre aux questions 6 et 7. Cette mosaïque byzantine montre que, dès les origines et par une volonté expresse de Jésus, la communauté célèbre l’eucharistie (aussi appelée « fraction du pain ») comme sacrement plénier de la vie en Église. « Ils [les chrétiens] se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Actes des apôtres, II, 42). Faire repérer Jésus : à droite de la mosaïque, il porte une barbe noire et son nimbe (question 7). L’eucharistie rappelle le dernier repas de Jésus avec ses douze apôtres (question 8). Enfin, Dieu n’est plus qui l’on pense. Sa puissance est d’amour, non de terreur. Il est le Dieu très humain qui s’adresse à la liberté de l’homme. Il est le Dieu qui fait l’Histoire avec l’homme au point de lui proposer de rejoindre Son Royaume. Il est le Dieu qui pardonne, mais qui appelle à sa communion. Il est le Dieu de tous et non plus d’une clientèle. La prière chrétienne traduit cette nouveauté du rapport de dépendance avec Dieu. Faire observer le document 6 p. 49 et faire répondre à la question 10. Faire décrire la posture de la chrétienne : debout, les bras ouverts, paumes de la main ouvertes et tournées vers les cieux (question 10). Cette posture manifeste que le rapport de dépendance est dynamique, filial, englobant, à la différence d’une prière magique ou mercantile, d’une prière d’écrasement ou de fatalité. sur une période courte signifieraient une catastrophe écologique majeure, dont ni l’archéologie ni la paléoclimatologie ne conservent d’ailleurs la trace. Dans cette seconde migration, Dieu se révèle à Moïse sur le mont Sinaï et lui dicte les Tables de la Loi qui contiennent les Dix Commandements. Les Tables sont déposées dans l’Arche d’alliance. Faire observer le document 1 p. 48 et faire répondre aux questions 1 et 2. Le roi Salomon (Xe siècle av. J.-C.) fait construire à Jérusalem un temple dans lequel il fait déposer l’Arche d’alliance. Le Temple est l’unique demeure de Dieu. Il comprend deux salles. La première, le Saint, contient un autel des parfums et une table des offrandes ; seuls les prêtres peuvent y pénétrer. La seconde, ou Saint des Saints, contient l’Arche d’alliance et le chandelier à sept branches ou Menora (question 2). Elle est séparée du Saint par un rideau. Devant le temple sont dressées deux colonnes de bronze et un autel des sacrifices (question 1). ➤ Activité 2 : documents 3, 4 et 6 pp. 48-49 Le discours de Jésus proclame la nécessité de la rupture par rapport au judaïsme. On peut s’étonner que les premiers disciples de Jésus de Nazareth, et particulièrement les apôtres, aient cru en lui de façon si inconditionnelle. Leur culture juive les y porte4. Comme tous les membres du « peuple élu », ils sont monothéistes ; ils méditent l’enseignement de l’Ancien Testament et attendent la venue du Messie annoncé par les prophètes ; ils continuent à obéir à la Loi de l’ancienne Alliance. Mais, dans le même temps, ils prétendent vivre leur foi dans une situation nouvelle et à un degré de plénitude que seul le Christ leur permet d’atteindre. Eux-mêmes ne s’appellent pas encore « chrétiens », mais « Nazaréens », mot qui, tout en rappelant le lieu de l’enfance de Jésus, peut aussi être interprété à partir d’un radical signifiant « séparé » (des autres Juifs par un vœu particulier à Dieu). Cette conviction s’enracine dans leur foi en l’identité divine de Jésus et en sa résurrection. Cette expérience du Christ ressuscité leur apprend que cet homme a été une personne divine tout au long de sa carrière terrestre, bien que de façon cachée ! On comprend mieux pourquoi ces Juifs se réfèrent constamment aux textes messianiques de l’Ancien Testament pour y découvrir l’annonce de la venue de celui qu’ils croient Fils de Dieu. ➤ Activité 3 : document 5 p. 49 Paul de Tarse (v. 5-15 – v. 62-64) est l’idéologue de la nouvelle religion. Paul appartient à la diaspora juive de langue grecque ; il est instruit et son père est citoyen romain. Faire observer le document 5 p. 48 et faire répondre aux questions 8 et 9. Dans chaque ville qu’il visite – Antioche, Thessalonique, Bérée, Éphèse –, Paul prend bien soin d’aller à la synagogue locale pour s’adresser d’abord aux Juifs (questions 8 et 9). Ceux-ci parfois l’écoutent, parfois le chassent. Paul tire les leçons de l’échec de sa mission évangélique auprès des Juifs et situe la nouvelle religion en dehors des particularismes : le judaïsme s’adresse à un peuple ; le christianisme, lui, se veut universel. Le « paulinisme », dispensant les gentils de la circoncision et autres prescriptions judaïques, dégage le christianisme du judéo-christianisme. Parti d’Antioche, Paul fonde des communautés chrétiennes au cours de trois voyages dans l’Orient hellénisé : Asie Mineure, Macédoine, Grèce. Il ne dépend d’aucune instance ecclésiastique, ni d’aucune tradition apostolique. Son autorité, il la tient, dit-il, directement du Christ, qui lui est apparu sur le chemin de Damas ; Faire lire le document 3 p. 48 et faire répondre aux questions 4 et 5. À cause des persécutions, les premiers chrétiens renoncent à donner une représentation historique de Jésus-Christ et créent un type conventionnel, symbolique, compréhensible de tous les initiés. C’est ainsi que Jésus prend les traits mythiques d’Orphée (qui est descendu aux enfers), d’un jeune homme enseignant, ou du « Bon Pasteur » (question 4). La parabole du bon pasteur – le berger gardien de ses brebis – témoigne de l’Évangile : de la même façon que « le bon pasteur risque sa vie pour ses brebis », la vie de Jésus manifeste une venue bienveillante de Dieu parmi les hommes (question 5). Par extension, cette parabole explique la différence entre le ministre 4. Les convertis parmi les Juifs sont désignés aujourd’hui du terme « judéo-chrétiens ». 40 communion avec lui. Les chrétiens qui ne prononcent aucun vœu et restent dans le siècle sont désignés pour cette raison « saeculares », les « séculiers », pour nous les « laïcs ». c’est dans cette expérience personnelle de conversion que s’enracine son message : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé. […] Je vous ai donc transmis que le Christ est ressuscité, qu’Il est apparu à Képhas, puis aux douze. Ensuite, Il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d’entre eux vivent encore. Voilà ce que vous avez cru. […] Si le Christ n’est pas ressuscité, vide est notre annonce, vide est votre foi » (Lettre aux Corinthiens, chap. XV). Arrêté à Jérusalem, il est exécuté à Rome. ➤ Activité possible Faire réaliser par les élèves un organigramme des divers états de la vie dans la société catholique. Insister sur la coupure très nette entre les clercs/religieux et les laïcs. Des traditions chrétiennes Être catholique, c’est d’abord adhérer à tout ce que l’institution définit comme vérité de foi, qui trouve sa formulation dans le Credo (en latin, « Je crois ») de Nicée (325) proclamé solennellement à chaque messe, et résumé par le « Symbole des Apôtres » (IIIe siècle) : « Je crois en Dieu, Père tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie ; a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux Enfers ; le troisième jour, est ressuscité des morts, est monté aux cieux ; il siège à la droite de Dieu, Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois au Saint-Esprit, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. » C’est aussi observer scrupuleusement les commandements canoniques, qui règlent la discipline des sacrements – le baptême est le premier des sacrements – et fixent des fréquences impératives : assistance à la messe, confession de ses péchés, communion pascale. Le baptême, que les premiers chrétiens ont en commun avec les Juifs, est une purification religieuse par bain ou par aspersion d’eau. À l’époque du Christ, il sert de rite d’entrée dans la nouvelle communauté, ce qui explique que l’intéressé n’y procède pas lui-même. C’est ainsi que Jésus reçoit le baptême de Jean le Baptiste dans le Jourdain. l’héritage chrétien Le calendrier chrétien / Jésus-Christ est né avant Jésus-Christ D’une part, nous ne savons pas avec certitude où et quand Jésus est né. D’autre part, notre manière de compter les années a été fixée en fonction de la naissance du Christ, considérée comme point zéro à partir duquel on compte le temps vers l’après et vers l’avant (il n’y a pas d’année zéro). La datation correspondant à l’an 1 de l’ère chrétienne est donc purement théorique. Elle dérive d’une spéculation des computistes (qui coordonnent les différents calendriers) d’Alexandrie au Ve siècle et de la table qu’en a tirée l’évêque local, Cyrille. Cette datation sert de base à la révision du comput de l’Église romaine par Denys le Petit et finit par s’imposer partout en Occident comme ère mondiale. ➤ Activité possible Distribuer aux élèves plusieurs pages d’un agenda. Leur montrer que ce calendrier est fondamentalement la liste des fêtes du Christ, de la Vierge Marie et des autres saints célébrés à un jour fixe de l’année. Le pape Les différentes catégories de la société catholique sont définies en fonction des divers états de vie, à savoir selon le degré choisi de renoncement au siècle et l’importance des ordres ecclésiastiques reçus. L’Église a défini une progression dans la réception des ordres, depuis les ordres mineurs – portier, lecteur, exorciste, acolyte – jusqu’aux ordres majeurs – sous-diacre, diacre, prêtre, évêque. La tonsure et la réception d’au moins le premier des ordres mineurs distinguent les clercs ; ceux qui sont ordonnés prêtres entrent dans la hiérarchie du clergé séculier. Pour sa part, le moine s’engage à vivre retiré du monde : pour ce faire, il prononce des vœux et se soumet à une règle. Il peut ne pas accéder à la prêtrise, donc ne peut pas être qualifié de « clerc » ; cependant, l’habitude d’ordonner les moines débute à l’époque carolingienne, puis se généralise dans toute l’Europe. D’autres moines, enfin, contractent un engagement religieux sanctionné par des vœux et la soumission à une règle de vie mais sans se retirer du siècle : ce sont les religieux, illustrés par les ordres mendiants, dominicains, franciscains, carmes et augustins. L’autorité de direction est détenue par le pape, qui arbitre en tant que pasteur suprême, et par les évêques, qui gouvernent en pour construire le résumé Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple, « monothéisme », « Jésus-Christ », « apôtres », « Évangile », « persécutions », « Église », « Paul de Tarse ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant sur la chronologie p. 46. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence. bibliographie – Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, Éditions du Cerf, 1990. – N. Gauthier, Les premiers siècles chrétiens, « Documentation photographique » n° 7028, La Documentation française, 1995. – M. Simon, Les Premiers Chrétiens, coll. « Que sais-je ? », n° 511, PUF. 41 les invasions barbares Pages 52 à 57 du dossier Référence aux Instructions officielles Brutale aux yeux des contemporains, la désintégration politique de l’Empire romain est en fait un processus lent (deux siècles environ, IVe-Ve siècles ap. J.-C.), complexe, et au rythme inégal dans les deux parties de l’Empire1. L’infiltration des « Barbares » – au sens d’étrangers à la civilisation romaine – affecte surtout les structures de l’Occident romain puisqu’ils s’y implantent durablement. Compétences • Appréhender le temps en situant la période des Grandes Invasions. • Repérer le parcours de migration des peuples barbares. • Caractériser une période : l’émergence des royaumes barbares. Photofiche Voir la photofiche p. 62. L’exploitation pédagogique des documents en classe que sont les grandes invasions ? ➤ Activité 1 : document 1 p. 52 L’Europe est le cadre des migrations barbares. Le contexte historique Faire observer le document 1 p. 52 et faire répondre aux questions 1, 2, 3 et 4. La carte montre la direction des Grandes Invasions : depuis l’est vers l’ouest et le sud de l’Europe, c’est-à-dire vers l’Occident romain. Les Barbares déplacés, en majorité germaniques, commencent à pénétrer massivement dans l’Occident romain en 376. Parmi les peuplades barbares, faire repérer les Francs, les Alamans et les Burgondes ; tous sont établis le long du limes rhénan et danubien (question 1). Les Francs forment une confédération des tribus installées depuis plusieurs générations sur les bords des moyenne et basse vallées du Rhin. Les Burgondes sont au nord du Danube et dans la vallée du Main, au nord et à l’est des Alamans. Les trois peuples sont éponymes : Francs pour la France, Alamans pour l’Allemagne, Burgondes pour la Bourgogne (question 2). L’arrivée des Huns en 375 précipite les Germains dans l’Empire (question 3). La poussée hunnique et la panique des Germains orientaux (Goths, Alains, Ruges, Skires, Érules) entraînent une véritable réaction en chaîne. En 406, la ligne de défense craque sur le Rhin et les peuplades germaniques de la plaine danubienne – Vandales, Suèves et Burgondes – se répandent dans l’Empire, bousculant au passage les Germains occidentaux déjà établis sur cette ligne, les Francs au nord, les Alamans au sud (question 4). Le fragile équilibre entre les Germains est donc rompu. Signaler aux élèves la montée en puissance des Francs au détriment des Alamans. La victoire totale de Clovis (481511) sur Syagrius, qui commande depuis la ville de Le point de départ est la chute de l’Empire romain d’Occident (476). Aujourd’hui encore, nos livres d’Histoire font commencer le Moyen Âge au Ve siècle, avec les premières installations de Germains dans l’Occident romain. Il est évident que l’infiltration des Barbares au travers du glacis protecteur de l’Empire (en latin, le limes2) joue un rôle déterminant dans la dislocation de l’Empire, en particulier à l’ouest. Pour autant, faire de l’arrivée des Barbares la seule cause de l’effondrement de l’Empire serait donner du crédit à la thèse du choc des civilisations. L’historiographie moderne confirme ce que les contemporains savaient déjà : les Germains ne sont pas un corps étranger à la civilisation romaine. Ce sont souvent des peuples intégrés à la défense de l’Empire ; leurs chefs les plus doués obtiennent même des responsabilités importantes. En 375, par exemple, le Franc Arbogast est nommé tuteur du jeune empereur Valentinien II, comme le sera en 395 le Vandale Stilicon pour les deux fils de l’empereur Théodose Ier. Le plus célèbre est le Skire Odoacre qui, en désaccord avec le père du dernier empereur d’Occident, Romulus Augustule, chasse le souverain et s’installe dans Rome. C’est pour cette raison qu’il est difficile de faire des migrations barbares des « invasions » au sens littéral. L’étude de la chronologie p. 52 permet aussi de faire comprendre aux élèves que la chute de l’Empire romain est un processus lent, qui s’inscrit dans le glissement pluriséculaire des peuples d’Asie et d’Europe de l’Est vers l’ouest et le sud. 1. L’empereur Constantin crée une nouvelle capitale en 324 sur l’emplacement de la colonie grecque de Byzance : Constantinople, au centre de la partie orientale, est consacrée Nouvelle Rome en 330. En 395, la partition de l’Empire devient définitive. 2. Le limes est la frontière défensive de l’Empire. Elle est matérialisée en Europe par un ensemble de fortins alignés sur le Rhin et le Danube ; ils sont reliés à des camps militaires et à des colonies auxiliaires établis en retrait. En Orient et en Afrique, la ligne de démarcation est une grande rocade routière ou un fossé continu. 42 superposées, repose sur une sorte de tunique. Le javelot (pilum) est remplacé par une longue lance d’arrêt (hasta ou contus). Le bouclier complète la panoplie du fantassin (question 5). Faire observer le document 5 p. 53 et faire répondre aux questions 8 et 9. L’hécatombe d’Andrinople réactive la vieille opposition entre les Barbares et les citoyens romains, avec tous les stéréotypes qui y sont associés. Par exemple, la bravoure des Germains s’explique par leur croyance en la métempsycose, qui leur retire toute peur de la mort. Ou bien, la mise à mort des guerriers vaincus par les vainqueurs (question 8), avec cet usage consistant à suspendre à l’encolure de leur cheval les têtes de leurs ennemis, qu’ils clouent aux portes de leurs maisons à leur retour de bataille (question 9). Ainsi, le monde barbare sert de faire-valoir à Rome qui, prenant le relais des Grecs, se situe au centre de la civilisation. Soissons la grande armée romaine du Nord, lui ouvre tous les territoires de la Gaule du Nord, jusqu’à la Loire et aux frontières de la Bretagne, où il n’a plus de concurrents. Il brise d’abord la puissance alémanique entre 496 et 506, puis il chasse d’Aquitaine les Wisigoths, et contraint enfin les autres rois francs à se soumettre. Dire que la poussée hunnique profite aussi aux Burgondes. En 413, un traité (foedus, en latin) les installe dans la partie romaine de la Rhénanie, mais ce premier royaume est détruit par le général romain Aetius et par les Huns en 436 ; en 443, un nouveau traité les installe en Sapaudia ; ce deuxième royaume burgonde s’étend progressivement du sud de la Champagne à la Durance. ➤ Activité 2 : documents 2, 3, 4 et 5 p. 53 Pendant les trois derniers siècles de son histoire, Rome combat sur deux fronts. En Occident – sur le Rhin et sur le Danube –, l’Empire romain affronte les Barbares. Faire lire le document 2 p. 53. Dès la fin du IIe siècle, des peuplades germaniques (Quades, Marcomans) et asiatiques (Sarmates) se pressent déjà sur la ligne du Danube. Faire observer le document 4 p. 53 et faire répondre aux questions 6 et 7. Ce détail de la colonne Antonine oppose l’image du Barbare échevelé au Romain impeccablement casqué et cuirassé, figé dans la morgue et l’assurance tranquille des vainqueurs (question 6), tandis que des prisonniers barbares sont mis à mort (question 7). Au début du IIIe siècle, les raids des Goths font peser une menace plus grave encore. Il est probable que la distinction entre Wisigoths et Ostrogoths remonte précisément à cette époque : les Wisigoths se fixent à l’ouest de la mer Noire, dans la région forestière qui s’étend entre le Danube et le Dniestr, l’antique Dacie et la Roumanie actuelle ; les Ostrogoths sont à l’est. En 244, les Goths submergent le limes danubien ; puis à nouveau entre 248 et 250. Ils ravagent l’Asie Mineure et la péninsule balkanique. En 322, après d’autres agressions en Scythe, en Thrace et en Mésie, l’empereur Constantin signe un premier traité avec les Wisigoths : en contrepartie de subsides annuels, ceux-ci défendent le cours inférieur du Danube3. Il est donc naturel que l’empereur Valens accorde le droit d’asile aux Goths, chassés de leurs terres par les Huns en 376. Mais les exilés se rebellent et deviennent à leur tour une menace pour l’Orient romain. En 378, en Thrace, près de la ville d’Andrinople, à 200 km au nord-ouest de Constantinople, l’armée romaine, mal renseignée, mal préparée et mal commandée, est écrasée ; Valens est tué dans la mêlée. Faire observer le document 3 p. 53 et faire répondre à la question 5. En pillant les fabriques d’Andrinople, les Goths s’équipent d’un armement romain. La calotte du casque est composée de plusieurs sections rivetées entre elles. Les paragnathides (protège-joues) sont couvrantes et articulées à la calotte par des charnières ; un nasal est ajouté. Le glaive est remplacé par la spatha, longue épée à une main dotée de deux tranchants parallèles. La cotte de mailles, faite de longues et étroites lamelles de métal En Orient, Rome est engagée dans un conflit d’une autre nature contre les Perses sassanides. Depuis qu’en 224, les Perses ont évincé les Parthes, la guerre tourne à leur avantage. Du nord au sud, la frontière entre les deux empires passe par l’Arménie, la Mésopotamie et le nord de la péninsule arabique. Après l’édit de Théodose Ier (391)4, leur compétition politique se double d’une opposition entre deux religions d’État : le christianisme d’une part, le mazdéisme5 d’autre part. ➤ Activité 3 : document 6 p. 53 Contre les Barbares, les Romains utilisent deux armes. Faire lire le document 6 p. 53 et faire répondre à la question 10. D’une part, les Romains recrutent leurs contingents au sein même des tribus barbares et éliminent les ethnies trop puissantes ou trop remuantes, interdisant l’apparition d’un prétendant (question 10). Ainsi, l’empereur d’Orient Léon Ier (règne de 457 à 473) élimine l’Alain Aspar allié aux Goths en s’appuyant sur les Isauriens (tribus montagnardes du Taurus) et, après le court règne de Léon II, l’Isaurien Zénon (474-491) chasse ses propres compatriotes. D’autre part, ils utilisent le système du traité : en échange de terres et/ou d’un tribut, le peuple fédéré assure, sous la responsabilité de son roi, une mission de défense territoriale. On a ainsi retrouvé dans la sépulture du Franc Childéric (457-481), père de Clovis, un anneau sigillaire figurant sa silhouette et portant la légende « Childerici Regis » ; si Childéric est paré du titre romain « rex », cela signifie que l’empereur reconnaît sa royauté. Dès lors, il est probable que Childéric est le roi d’un « peuple fédéré ». De même, Théodoric (v. 455-526), roi des Ostrogoths de 474 à 526, est fait magister militum et patrice par l’empereur d’Orient Zénon, et est installé en Mésie et en Dacie vers 480. Mais ce n’est pas suffisant ; malgré les dignités romaines dont Théodoric est revêtu, les Ostrogoths inquiètent les Balkans et menacent Constantinople. Pour les éloigner définitivement, Zénon leur concède alors l’Italie, que prétend gouverner en toute indépendance un autre 3. Cette région correspond à la Transylvanie, la Munténie, la Moldavie et l’Ukraine actuelles. 4. Théodose Ier interdit la pratique des cultes païens dans l’Empire. 5. Religion zoroastrienne de l’Iran antique. 43 Barbare, Odoacre, qui a renvoyé les insignes impériaux à Constantinople en 476. Le peuple ostrogoth arrive en Italie en 489 ; Anastase, successeur de Zénon, ne reconnaîtra Théodoric comme roi d’Italie qu’en 497. Cette titulature romaine est importante car cela va à l’encontre des préjugés qui insistent sur le choc des cultures entre la horde barbare et les partisans de la légitimité romaine. troublée par d’autres Barbares, les Wisigoths sont installés en Aquitaine. Le royaume wisigoth de Toulouse reste l’allié des empereurs d’Occident entre 418 et 466. C’est le roi wisigoth Théodoric Ier (418-451) qui, aux côtés du général romain Aetius, vainc Attila au cours de la bataille des champs Catalauniques. Théodoric II (453-466) respecte encore le traité. Mais ses successeurs, Euric (466-484) et Alaric II (484-507), le dénoncent pour agir en souverains indépendants. Sur les traces des germains et des huns Faire observer le document 3 p. 54 et faire répondre aux questions 4 et 5. Même si, officiellement, l’Empire romain d’Occident ne disparaît qu’en 476, Rome a déjà été prise : par les Gaulois du chef Brennus en 3908, par les Wisigoths d’Alaric en 410, et par les Vandales en 455 (question 4). C’est que les traités ne garantissent qu’une reconnaissance limitée de l’autorité impériale dans les royaumes germaniques. Après la dissolution de l’armée de Gaule (454), le pouvoir appartient en fait aux généraux barbares qui commandent la dernière armée de campagne qui subsiste, celle d’Italie. À Ricimer (456-472), fils d’un Suève et d’une Wisigothe, succède le Skire Odoacre. Il fait attribuer le tiers des terres d’Italie à ses soldats, dépose l’empereur Romulus Augustule et fait assassiner son père Oreste en 476 (question 5). Il n’y a plus d’empereur dans l’Occident romain. L’exploitation pédagogique des documents en classe ➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 3 p. 54 L’Empire romain est barbarisé de l’intérieur. Faire lire le document 1 p. 54 et faire répondre aux questions 1 et 2. La branche occidentale des Barbares est constituée des Germains, dont l’origine est sans doute la Scandinavie et les rivages orientaux de la Baltique. Le terme « Germain » est de fabrication latine ; il désigne « les frères nés de même père et de même mère » (question 1). L’archéologie avance que les migrations germaniques remontent à la fin de l’âge de bronze, avec un établissement de peuplades venues de Scandinavie sur les rives du Danemark et de la Poméranie vers 1000 av. J.-C., glissant vers la Westphalie vers 800 av. J.-C. Mais, jusqu’au IIe siècle av. J.-C., cette avancée est bloquée par l’expansion celte. Elle n’explose que par intermittence : au IIe siècle av. J.-C., Cimbres et Teutons pénètrent le domaine celtique et atteignent la Gaule transalpine ; l’agression des Suèves en 58 av. J.-C. est l’origine directe de la guerre des Gaules6 ; entre 165 et 180, les Quades et les Marcomans mettent en péril l’empire de Marc Aurèle ; le plus grave danger est celui des Goths. La littérature antique à visée ethnographique, qui reste prisonnière des stéréotypes sur les Barbares, essaie péniblement de différencier Gaulois et Germains : « Comparés aux Gaulois, les Germains ont des mœurs plus sauvages, une taille plus élevée, les cheveux plus blonds, mais à cela près, ils leur ressemblent fort » (question 2)7. Faire observer le document 2 p. 54 et faire répondre à la question 3. Il n’empêche que des chefs barbares occupent des positions importantes au niveau central de l’Empire. Par exemple, l’empereur d’Orient Théodose Ier défait l’armée de son compétiteur occidental en 388 et, pour la dernière fois, réunifie l’Empire ; s’il le divise entre ses deux fils Arcadius et Honorius, il prévoit qu’après sa mort (en 395), le Vandale Stilicon aura la tutelle des deux princes (question 3). Son assassinat en 408 accélère d’ailleurs la descente vers l’Italie des Wisigoths du chef Alaric ; en 410, ils saccagent Rome. En 418, un nouveau traité est obtenu par Honorius : missionnés pour pacifier l’Espagne ➤ Activité 2 : document 4 p. 55 La Gaule est une mosaïque de royaumes barbares. Faire observer le document 4 p. 55 et faire répondre aux questions 6 et 7. Faire repérer le royaume des Francs dans la Gaule du Nord. On a l’habitude de distinguer deux groupes : les Saliens, centrés sur le bassin moyen de l’Escaut – Tournai est leur capitale (question 6) –, et les Rhénans (ou Ripuaires) à l’est. S’ils opèrent des raids en Gaule (en 257 et vers 268-275), leurs rapports avec l’Empire sont étroits : les Francs fournissent des soldats expérimentés (y compris des généraux, comme Arbogast), mais surtout des paysans, installés comme colons dans le nord de la Gaule. Dire aux élèves que Clovis est le fils du roi Childéric, un Germain au service de Rome. Sous le règne de Clovis (481-511) – qui a hérité de son père la royauté des Francs saliens –, plusieurs autres rois francs existent de manière sûre à Cologne et à Cambrai. Tous ces rois sont encore, à la fin du Ve siècle, des rois « barbares ». Ils sont avant tout des chefs de guerre élus à vie par l’assemblée de leur peuple en armes. Grégoire de Tours raconte le rituel d’accès à la royauté chez les Francs saliens : « Quand ils eurent écouté Clovis, ils l’applaudirent tant de leurs boucliers que de leurs cris et le choisirent pour roi en l’élevant sur un bouclier. » Ce récit ne contredit pas une autre coutume franque (peut-être germanique), qui est le respect de l’hérédité : « Childéric étant mort, c’est son fils Clovis qui fut appelé à lui succéder »9. D’autres royautés barbares émergent en Gaule : les Wisigoths au sud de la Loire, les Burgondes à l’est de la Saône et du Rhône, les Ostrogoths en Provence (question 7). 6. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces de Jules César », document 4 p. 29. 7. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 2 p. 19. 8. Voir le manuel de l’élève : « Comment les Celtes sont-ils arrivés en Gaule ? », document 1 p. 12. 9. Decem Libri historiarum, Grégoire de Tours, trad. Latouche. 44 ➤ Activité 3 : documents 5 et 6 p. 55 pierre d’équipements publics et de nécropoles au niveau des soubassements. Par exemple, la porte Noire (porta Nigra) de Trèves fait partie de l’enceinte de 6,5 km construite vers 180 et comportant des portes et des tours. C’est une construction haute de 30 m, longue de 32 m, et de 22 m de profondeur. Les blocs sont en grès taillé, assemblés sans mortier et reliés par des fers scellés de plomb. Son franchissement devait être défendu par une herse. Partout, la fortification des villes s’accompagne de la rétraction de leur emprise foncière. Cela correspond au choix d’une défense des seuls éléments stratégiques de la ville. La poussée hunnique bouscule l’ordonnancement impérial et les installations barbares. Souvent présenté comme le déclencheur des Grandes Invasions, le peuple hunnique est en fait mal connu. S’agit-il d’un peuple turc ? Doit-on le rattacher aux Xun qui, d’après les sources chinoises, détruisirent la résidence des empereurs de la dynastie Tsin en 311 ? ou encore des Chounoï des documents grecs, repérés en Arménie en 290 ? En tout cas, la brève poussée hunnique traverse, entre la fin du IVe siècle et le début du Ve siècle, les plaines d’Asie centrale vers l’ouest et se retrouve, par raids successifs, au milieu de l’Empire romain d’Occident. Faire lire le document 5 et faire répondre aux questions 8 et 9. Vers 375, les Huns détruisent l’établissement ostrogoth d’Ukraine et s’y installent (question 8). Une véritable panique s’empare des Ostrogoths : leur roi Ermanaric se suicide (question 9) ; ils se ruent vers l’ouest, franchissent le Dniestr et le Danube, entraînant dans leur sillage les Wisigoths et d’autres Germains orientaux (Alains, Ruges, Skires, Érules). La chronique d’Ammien Marcellin est certainement rédigée après cette première poussée hunnique. Elle est l’expression d’un sentiment très répandu chez les citoyens romains de cette époque qui veut que les Barbares soient trop nombreux. Le texte est un stéréotype où percent à la fois la curiosité, la stupéfaction et le rejet. À partir de 425, les Huns centrent leur domination sur la Pannonie, développant un État avec sa cour et sa bureaucratie. En 434, Attila devient leur roi : il dévaste d’abord les Balkans, puis, à partir de 449, se tourne vers l’Occident. Faire observer le document 6 et faire répondre à la question 10. En 451, Attila ravage la Belgique et la Lorraine et avance jusqu’à Orléans ; accroché pendant son repli à la bataille des champs Catalauniques (à Moirey, près de Troyes), il délaisse alors la Gaule pour l’Italie, qu’il razzie en 452, allant jusqu’à Rome où il rencontre le pape Léon Ier (question 10). Mais Attila meurt en 453 et le conglomérat hétéroclite de tribus qui s’était constitué autour des Huns se dissout. L’orfèvrerie Lorsqu’en 489, l’empereur d’Orient Zénon lâche sur l’Occident le roi des Ostrogoths Théodoric et son peuple, le Skire Odoacre ne peut résister : sa capitale, Ravenne, est prise en 493 et lui-même est tué. On estime à environ 100 000 individus la population qui s’établit dans la vallée du Pô, au nord de la péninsule et sur les côtes de l’Adriatique. Comme tout peuple nomade, les Ostrogoths ne possèdent pas d’architecture spécifique : ils utilisent celle qu’ils trouvent dans le pays qu’ils occupent. En revanche, le germanisme de l’occupation et de la distribution du peuple ostrogoth dans les espaces italiques transparaît à travers les matériels funéraires et les objets de parure personnelle, telle cette plaque-boucle de ceinture en or à appendices aviformes garnie d’un cloisonné, provenant d’une sépulture de Landriano à proximité de Pavie (Museo civico del castello Sforzesco, Milan). Les plaquesboucles de ceinture à boucle articulée comportent une plaque rectangulaire dont l’avers s’orne de motifs géométriques ou de végétaux incisés ou portant des cabochons répartis sur la surface ; il existe quelques rares exemplaires – dont celui de Landriano – dont la plaque est entièrement recouverte d’un cloisonné. Ces pièces sont datées de l’an 500 environ. pour construire le résumé l’héritage barbare Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par exemple, « Barbares », « Grandes Invasions », « Huns », « Germains », « Empire romain d’Occident / d’Orient » , « 476 ap. J.-C. ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant sur la chronologie p. 52. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence. Des constructions défensives / Des villes gallo-romaines plus petites Aux Ier et IIe siècles, très peu de villes sont fortifiées : la ville ouverte, c’est-à-dire dénuée de remparts, est une manifestation extérieure de la paix romaine. Moins d’une vingtaine de villes – Trèves, Orange, Vienne, Arles, etc. – dérogent à cette règle. Ensuite, avec les Grandes Invasions, l’insécurité s’installe durablement dans l’Empire. Des murailles et des portes fortifiées sont construites. On a longtemps pensé que ces fortifications avaient été réalisées dans l’urgence ; mais la qualité et l’étendue des ouvrages défensifs font plutôt songer à un travail patient et méthodique. On évoque aujourd’hui une période de construction allant de 250 à 350. Les murailles sont faites de pierres ou de briques, avec des remplois en bibliographie – M. Le Glay, J.-L. Voisin, Y. Le Bohec, Histoire romaine, Armand Colin, 1991. – P. Riché, Grandes Invasions et Empires, Larousse, 1968. – L. Musset, Les Invasions, PUF, 2e éd., 1969. 45 dessiner à la manière de… la vie quotidienne Pages 58 et 59 du dossier Référence aux Instructions officielles Les Instructions officielles préconisent de resituer dans leur contexte les créations artistiques grâce au programme d’Histoire, qui fournit aussi les références culturelles indispensables. La pratique créative est une composante fondamentale de l’éducation artistique, dans laquelle l’élève est amené à s’exprimer pour donner corps à un projet personnel. Compétences • Être capable de transformer un texte littéraire en une bande dessinée. • Être capable de construire une réalisation graphique en y intégrant des contraintes spatiales. • Être capable d’intégrer des éléments historiques dans une œuvre plastique. L’exploitation pédagogique en classe ➤ Activité 1 : « Un exemple de bande dessinée historique » La ville par excellence est Rome, qui compte plus de 1 million d’habitants au maximum de son expansion. La population y est entassée dans d’énormes immeubles de cinq étages, les insulae. Les temples, le Colisée, les thermes, les amphithéâtres et les forums aèrent un peu l’espace. Les rues étroites rendent la circulation difficile, les encombrements sont quotidiens. Les courses et les jeux du cirque et du Colisée ainsi que les thermes offrent des distractions aux citoyens romains. Rome ne produit rien. Il faut acheminer le ravitaillement depuis toutes les provinces de l’Empire. C’est à Ostie, le port de Rome, creusé sous Claude et Trajan, que sont rassemblées les marchandises. Autour des grands bassins portuaires ont été construits les docks et le forum des corporations, décoré de grandes mosaïques indiquant l’activité du marchand ou l’origine de son commerce. L’administration romaine des marchés surveille l’approvisionnement et les transactions. Elle est présente dans tout l’Empire. Le forum est le centre de Rome. C’est là que sont construits de nombreux temples, la basilique où la justice est rendue, la bibliothèque. Les candidats aux élections y prononcent leur discours, c’est aussi le lieu où le peuple vote les lois et discute politique. Les jours de marché, une grande agitation règne. Les boutiques, situées au rez-de-chaussée des maisons, donnent directement sur la rue. Il existe aussi des marchés couverts : les échoppes se situent alors de part et d’autre d’un passage. Toutes les boutiques ont une enseigne illustrée. ➤ Activité 2 : « J’étudie un texte antique » Apulée vécut à Rome puis à Carthage au IIe siècle après J.-C. Il a tiré de ses nombreux voyages un regard critique et amusé de la vie dans les villes. Apulée n’hésite pas à marchander le prix des poissons face au vendeur malhonnête. Puis il rencontre le préfet de l’annone, une charge très importante attribuée par l’empe- reur lui-même, qui lui confie la responsabilité du ravitaillement de la capitale. Pour assumer sa charge, l’annone est aidé de nombreuses personnes. Parmi ses prérogatives, il a le pouvoir d’empêcher un vendeur de s’installer sur le forum. Il doit veiller au bon déroulement du marché. ➤ Activité 3 : « Je transforme le texte d’Apulée en une bande dessinée » Pour mener à bien cette activité, il est nécessaire de procéder d’abord à une phase de recherche et de réflexion sur les enjeux d’une bande dessinée. Travail préparatoire Transformer un texte en bande dessinée implique que les élèves aient au préalable compris la différence entre un récit sous forme de texte et un récit sous forme de bande dessinée. Dans un texte, le lecteur se fait ses propres images. C’est lui aussi qui effectue les découpages du texte en scènes s’il en a envie. Dans une bande dessinée, ce sont l’auteur et l’illustrateur qui font ce travail pour le lecteur. Avant de passer à la phase d’illustration, il faut donc que les élèves soient d’accord sur le découpage qu’ils vont effectuer dans le texte pour le transformer en vignettes. Une vignette de bande dessinée doit être organisée. Ce petit espace comprend : – le décor, – les personnages, – le texte dans une bulle qui ne doit pas cacher le dessin et qui doit être intégrée à la vignette. Travailler sur une illustration historique demande de s’être documenté en amont sur : – la place du forum (son apparence, les bâtiments…), – les vêtements que portent les citoyens, – les étals des marchands. Il est possible d’obtenir ces informations en étudiant en détail les vignettes d’Alix. Préparation de la planche Pour que le dessin soit assez grand, on pourra proposer aux élèves de travailler sur un format A3 en prenant la feuille dans le sens de la largeur. On pourra ensuite subdiviser la feuille en rectangles de 10 cm sur 5 cm. 46 Dessins et illustrations C’est une illustration fine qui est demandée aux élèves. Les crayons de couleur ou les feutres fins peuvent être utilisés. bibliographie Pour faciliter le travail – J. Dautry, O. Maisani, Le Guide romain antique, coll. « Classiques », Hachette, 1952. – O. Bombarde, C. Moatti, Comment vivaient les Romains ?, coll. « Découverte Benjamin », Gallimard Jeunesse, 1986. – H. Lavagne, La Civilisation romaine, « Documentation photographique » n° 6099, La Documentation française, 1989. Représenter de façon fidèle les bâtiments et les costumes d’époque risque d’être difficile pour certains élèves. On pourra proposer aux élèves de travailler avec du calque : – l’élève décalque le décor des vignettes (les bâtiments du forum) ; – il colle les calques sur les vignettes, puis y ajoute les personnages et les dialogues. Pour aller plus loin sites Le travail de classe peut être intégré à un travail plus large sur la bande dessinée au fil des époques. Les élèves peuvent à leur tour choisir des textes et tenter de les transformer sur le modèle du texte d’Apulée. Il est possible aussi de proposer le travail inverse, c’està-dire de partir d’une bande dessinée pour aboutir à un texte. – http://fraphael.free.fr/alix.htm Ce site propose une histoire de la bande dessinée. – http://historama.free.fr/index.php Site généraliste sur l’Histoire avec un dossier spécifique sur l’Antiquité. 47 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . l’écriture Dossier pages 6 à 11 1. Relis la chronologie de ton dossier page 6, puis complète la frise ci-dessous. Fais bien attention à l’ordre chronologique : nous sommes avant l’an zéro du calendrier. – 3200 ...................................................... ...................................................... – 3000 ____________ Alphabet phénicien – 2000 – 1000 ____________ J.-C. Vers – 800 ...................................................... ...................................................... Écriture égyptienne 2. Relie les alphabets à leur origine. Aide-toi de la carte de ton dossier page 8. • Punique Alphabet grec • • Arabe • Hébreu Alphabet phénicien • • Étrusque • Arménien Alphabet araméen • • Latin • Cyrillique 3. Utilise le document 2 page 8 de ton dossier pour écrire en phénicien et en grec les mots suivants : ALPHABET : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . LATIN : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4. Qui suis-je ? a. Je suis une écriture pictographique utilisée en Mésopotamie vers la fin du IVe millénaire avant J.-C. © HACHETTE LIVRE 2006. Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . b. J’ai reçu en mariage la terre sur laquelle j’ai bâti Marseille. Je suis : c. Je suis l’origine de l’alphabet arabe. Je suis : ............................... . .......................................................... . d. Je suis une ville du sud de la France fondée par les Grecs entre Olbia et Marseille. Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 e. Je suis un grand vase découvert en 1953. Je suis : ................................................... . f. Je suis le mot composé à partir des deux premières lettres de l’alphabet grec. Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . g. En – 800, mon invention par les Grecs transforme définitivement l’écriture. Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5. Relis le texte du document 6 page 9 de ton dossier pour répondre aux questions. a. Quand le texte a-t-il été écrit ? De quand datent les événements qu’il raconte ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... b. D’après toi, ce texte est-il un récit historique ou bien une légende ? Pourquoi ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... c. Que donne le roi à Protis pour son mariage ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... d. Regarde la carte page 9 et explique où se situe Marseille. .................................................................................................................... .................................................................................................................... e. Quels avantages tire Protis en fondant la ville de Marseille à cet endroit ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... Résume la leçon en utilisant les mots : © HACHETTE LIVRE 2006. écriture – Mésopotamie – Phéniciens – alphabet – Grecs – voyelles – Massalia. 49 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . les celtes Dossier pages 12 à 17 1. Utilise l’axe chronologique de ton dossier page 12 pour compléter la progression géographique des Celtes. IIIe Vers – 750 Vers – 450 – 385 siècle av. J.-C. Les Celtes sont en Europe centrale. ........................... ........................... ........................... ........................... ........................... ........................... 2. Utilise les pages 13 et 15 de ton dossier pour compléter la description des guerriers gaulois. Les guerriers s’habillent de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à manches fendues. Ils ont comme armement une longue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et un . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . allongé. Pour se défendre, ils utilisent aussi de longues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et une arme de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pour faire peur à leurs ennemis, ils suspendent leurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . au cou de leurs chevaux. Puis, de retour de la bataille, ils les clouent devant leurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . © HACHETTE LIVRE 2006. 3. Avec la description que tu viens de compléter, dessine un guerrier gaulois. Pense à un célèbre guerrier pour t’aider ! 50 4. À l’aide de ton dossier page 16, retrouve les définitions des mots suivants : Celte : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Gaulois : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oppidum : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5. Complète la grille de mots croisés ci-dessous avec les définitions suivantes : Horizontalement 1. Principale viande des Gaulois. 2. Colline dont le sommet est plat. 3. « Pays » situé au centre de la Gaule et servant de lieu d’enseignement aux druides. 4. Nom du peuple qui pilla Delphes en 279 av. J.-C. 5. Métal utilisé par les Celtes pour fabriquer les armes et les masques des divinités. Verticalement A. Synonyme du mot « Gaulois ». B. Nom des pantalons bouffants des Gaulois. C. Nom du peuple qui envahit la Gaule. D. Personne qui s’occupe de la religion chez les Celtes. E. Matériau qui recouvre le toit des maisons gauloises. E 1➧ C D 2➧ B A 3➧ 4➧ 5➧ Résume la leçon en utilisant les mots : © HACHETTE LIVRE 2006. Celtes – Gaule – druides – oppidum – archéologues – 750 av. J.-C. – 450 av. J.-C. – 390 av. J.-C. 51 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . les gaulois Dossier pages 18 à 23 1. En t’aidant de la carte page 18 de ton dossier, colorie de la même couleur le nom ancien et le nom moderne des villes. Nom moderne Nom ancien PARIS CONDIVICNUM ORLÉANS MASSALIA NANTES DUROCORTORUM TOULOUSE GENABUM MARSEILLE DIVODURUM REIMS BURDIGALA METZ LUTETIA BORDEAUX TOLOSA 2. Observe la photo du document 2 page 19 de ton dossier. Décris la maison gauloise en utilisant les mots : torchis, chaume, fenêtre, murs, toit, superposition. .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... 3. Lis bien le texte de Jules César extrait de La Guerre des Gaules (document 5 page 21) et réponds aux questions suivantes : a. Qui sont les habitants des trois parties de la Gaule ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... b. Pourquoi Jules César a-t-il une préférence pour les Belges ? © HACHETTE LIVRE 2006. .................................................................................................................... .................................................................................................................... c. Explique l’expression « raffinements de sa civilisation ». .................................................................................................................... .................................................................................................................... 52 4. Complète les phrases suivantes en t’aidant du carnet de route page 23. Les Gaulois sont regroupés en . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ils sont les premiers à avoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . la forêt pour construire leurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Leurs activités essentielles sont l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ils utilisent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pour labourer la terre. Ils cultivent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et élèvent des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Gaulois sont un peuple d’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et d’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ; ils ont inventé le . . . . . . . . . . . . . .................. Mer du Nord et les braies. Ils sont . . . . . . . . . . . . . . . . . ..........., c’est-à-dire Manche Nord qu’ils croient en un grand nombre .................................... de .................... 5. En t’aidant de la carte page 18 de ton dossier, colorie sur la carte les quatre provinces gauloises en indiquant leur nom, et replace au bon endroit les noms des villes : Lutetia, Gergovia, Massalia. Océan Atlantique Provinces gauloises .................................... ............................. ............................. ............................. ............................. ............................. .................................... ............................. ............................. 200 km ............................. Mer Méditerranée Résume la leçon en utilisant les mots : © HACHETTE LIVRE 2006. agriculture – défricher – élevage – polythéistes – Marseille. 53 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . jules césar Dossier pages 26 à 31 1. Place sur le dessin les noms des objets portés par le légionnaire : la lance, les sandales, le casque, la gourde, .................. le bouclier, l’épée courte, la cotte de mailles. ........................ ........................ 2. Qui suis-je ? a. Je deviens une république ........................ en 509 avant J.-C. ........................ Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................ ................................................ b. Mon frère a vu six vautours, moi douze. Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ................................................ c. Je suis un chef politique et un général romain. Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . d. Je suis une bataille décisive pour César en 57 avant J.-C. Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . e. Je suis un ouvrage qui réunit les souvenirs de Jules César. Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. En t’aidant des documents 4 et 5 page 29 de ton dossier, réponds aux questions suivantes : .................. a. À l’aide de la carte (document 4), explique où se passe la bataille racontée dans le document 5. .................................................................................................................... .................................................................................................................... © HACHETTE LIVRE 2006. .................................................................................................................... b. Qui sont les ennemis de Jules César ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... 54 c. À ton avis, pourquoi les Nerviens ont-ils mis une partie de leur population en lieu sûr ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... d. Quelle a été l’issue de la bataille ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... 4. Relie les noms des dieux et déesses à leur fonction. MARS • • DÉESSE DU MARIAGE FLORA • • DÉESSE DE LA CHASSE JUNON • • DIEU DE LA GUERRE DIANE • • DÉESSE DE LA VÉGÉTATION 5. Utilise ton carnet de route page 31 ou un dictionnaire pour expliquer les termes suivants : Sénat : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .................................................................................................................... .................................................................................................................... Citoyen : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .................................................................................................................... .................................................................................................................... Province : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .................................................................................................................... .................................................................................................................... Résume la leçon en utilisant les mots : © HACHETTE LIVRE 2006. cité de Rome – République – conquête – an 753 av. J.-C. – an 58 av. J.-C. – Empire – légion. 55 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vercingétorix Dossier pages 32 à 37 1. Relis la chronologie de ton dossier page 32 puis complète la frise de l’année 52 av. J.-C. Juin 52 av. J.-C. ......................................................... ......................................................... Février 52 av. J.-C. ......................................................... ......................................................... Septembre 52 av. J.-C. ......................................................... ......................................................... – 53 – 51 – 52 2. Place les noms au bon endroit dans le dessin des fortifications (document 3 page 34). .................. .................. • Fossé • Mur de terre .................. • Palissade .................. • Pièces de bois fourchues • Tour .................. 3. Retrouve dans le document 5 page 35 de ton dossier les punitions que Vercingétorix appliquait pour : – une faute légère : . . . . . . . . . . . . . . . ...................................... ...................................... – une faute grave : . . . . . . . . . . . . . . . © HACHETTE LIVRE 2006. ...................................... ...................................... Que penses-tu de ces punitions ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... 56 4. À l’aide des définitions suivantes, complète la grille de mots croisés ci-dessous. Horizontalement 1. Lieu de la victoire de Jules César en septembre 52 av. J.-C. 2. Nom du chef des Gaulois. 3. Lieu de l’exécution de Vercingétorix. Verticalement A. Lieu de la défaite de Jules César en 52 av. J.-C. B. Ville fortifiée gauloise. C. Nom de l’assassin de Jules César. D D. Héros de la célèbre bande dessinée des « irréductibles Gaulois ». 1➧ B C A 2➧ 3➧ © HACHETTE LIVRE 2006. Résume la leçon en utilisant les mots en gras dans le carnet de route page 37 de ton dossier. 57 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . les gallo-romains Dossier pages 38 à 43 1. Utilise la carte page 38 de ton dossier pour compléter la carte cicontre avec les noms des provinces romaines de la Gaule au IIe siècle après J.-C. Manche Nord .................................... .................................... 2. Utilise les documents 6 et 7 .................................... page 41 de ton dossier pour répondre aux questions : .................................... .................................... a. Pourquoi l’utilisation du joug est-il un changement important pour les agriculteurs ? ............................................. .................................... Océan Atlantique .................................... .................................... ............................................. .................................... .................................... ............................................. ............................................. 200 km ............................................. Mer Méditerranée .................................................................................................................... .................................................................................................................... b. Que signifie le mot « araire » ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... c. Comment s’appelaient les grandes exploitations agricoles de cette époque ? .................................................................................................................... d. Donne le nom de deux bâtiments d’une villa. .................................................................................................................... .................................................................................................................... © HACHETTE LIVRE 2006. 3. Relis ton dossier de la page 38 à la page 43 et complète les phrases suivantes. Apollon est le dieu du . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et de l’ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le mot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . est synonyme d’« amphithéâtre ». Les céramiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sont très recherchées dans l’Empire romain. La ville de Vienne possède un temple dédié à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 4. Complète la grille de mots croisés ci-dessous sur les constructions gallo-romaines. Horizontalement Verticalement 1. Nom donné à la route par les Romains. A. Permet d’enjamber un cours d’eau. 2. Espace réservé aux jeux. B. Canal apportant de l’eau à la ville. 3. Lieu où se déroulent les courses de chars. C. Établissement de bains. 4. Maison construite en l’honneur d’un dieu. D. Lieu des représentations de spectacles. 5. Grande place centrale rectangulaire. E. Grande propriété agricole. E 1➧ C D B 2➧ 3➧ A 4➧ 5➧ © HACHETTE LIVRE 2006. Résume la leçon en utilisant les mots en gras dans le carnet de route page 43 de ton dossier. 59 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . les chrétiens Dossier pages 46 à 51 1. Complète la frise ci-dessous en t’aidant de la chronologie page 46 de ton dossier. ____ ____–____ Rédaction de la Bible 177 ..................................................................... Le christianisme est autorisé J.-C. – 4 à 33 ............................................. 500 391 ......................................................... ......................................................... 2. Aide-toi du document 2 page 48 de ton dossier pour répondre aux questions suivantes : a. Quels sont les commandements concernant la famille ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... b. Que signifie « Tu honoreras ton père et ta mère » ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... c. Trouve le commandement qui rythme encore notre calendrier. .................................................................................................................... 3. En t’aidant du calendrier chrétien page 50 de ton dossier, relie les noms des fêtes à chaque événement religieux correspondant. PENTECÔTE • MARDI GRAS • AVENT • PÂQUES • NOËL • © HACHETTE LIVRE 2006. CARÊME • • DERNIER JOUR AVANT LE DÉBUT DU CARÊME • JOUR DE LA NAISSANCE DE JÉSUS • MONTÉE DE JÉSUS AU CIEL • DERNIER REPAS DE JÉSUS AVEC SES APÔTRES • TEMPS PRÉCÉDANT LA NAISSANCE DE JÉSUS • MORT DE JÉSUS JEUDI SAINT • • TEMPS AVANT PÂQUES ASCENSION • • DESCENTE DU SAINT-ESPRIT SUR LES APÔTRES VENDREDI SAINT • • RÉSURRECTION DE JÉSUS 60 4. Étudie attentivement les deux représentations de baptême à la page 50 de ton dossier. a. Quels sont les deux éléments communs à ces deux baptêmes ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... b. Quelle est la différence entre ces deux baptêmes ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... c. Recherche avec tes camarades les cérémonies équivalentes au baptême dans les autres religions monothéistes. .................................................................................................................... .................................................................................................................... 5. Utilise le carnet de route page 51 pour répondre aux questions suivantes : a. Quel bouleversement la religion juive produit-elle en Palestine au Ier siècle avant J.-C. ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... b. Comment les Romains considèrent-ils Jésus ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... c. Quel est le livre qui raconte la vie de Jésus ? .................................................................................................................... d. Jusqu’à quand les chrétiens furent-ils persécutés ? .................................................................................................................... e. Que fait l’empereur Constantin en 391 ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... Résume la leçon en utilisant les mots : © HACHETTE LIVRE 2006. monothéisme – messie – crucifié – chrétiens– évangile – Église – empereur Constantin. 61 Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . les invasions barbares Dossier pages 52 à 57 1. En t’aidant de la chronologie page 52 de ton dossier, replace dans le bon ordre chronologique les événements suivants : fin de l’Empire romain d’Occident – les Wisigoths franchissent le Danube – les Burgondes et les Alamans franchissent le Rhin. 376 .................................................................. .................................................................. 300 476 .................................................................. .................................................................. 400 500 406 .................................................................. .................................................................. 2. Observe bien la carte des Grandes Invasions page 52 pour répondre aux questions. a. Décris le chemin parcouru par les Wisigoths avant leur arrivée en Gaule et en Espagne. .................................................................................................................... .................................................................................................................... .................................................................................................................... ...................................... PE ANGLES SAXONS UP ...................................... LE E S C ...................................... LTE Océan Atlantique ...................................... ...................................... ...................................... ...................................... Royaume des Germanie .............. champs Catalauniques (451) S b. Retrouve quatre noms de pays ayant pour origine un nom de peuple. Tournai Royaume de ................. ALAMANS Royaume Royaumes des des ........................ ...................... Toulouse Ravenne Royaume des ................. Tolède Corse Rome SLAVES Empire romain d’Orient Baléares Sardaigne Colonnes d’Hercule ...................................... © HACHETTE LIVRE 2006. LOMBARDS be Rhin ...................................... Royaume des ................. Carthage 3. En t’aidant de la carte page 55 de ton dossier, complète la carte ci-contre. Da nu Mer Méditerranée 800 km Capitale ou ville principale des royaumes barbares 62 4. Utilise le texte du document 5 page 55 pour répondre aux questions : a. Qui est l’auteur du texte ? ................................................................................ b. Comment les Huns sont-ils décrits ? ..................................................................... .................................................................................................................... c. Explique les raisons du suicide du roi des Ostrogoths. .................................................................................................................... .................................................................................................................... d. Penses-tu que le texte est juste dans ses descriptions ? Justifie ta réponse. .................................................................................................................... .................................................................................................................... 5. Utilise les pages 52 à 57 de ton dossier pour répondre aux questions suivantes : a. Que font les Romains à partir du IIIe siècle après J.-C. pour résister aux Germains ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... b. Qui était surnommé « le Fléau de Dieu » ? À ton avis, pourquoi ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... c. Comment s’appelle la période comprise entre 376 et 476 après J.-C. ? .................................................................................................................... d. Pourquoi l’Empire romain est-il partagé en deux parties ? .................................................................................................................... .................................................................................................................... e. Donne trois dates importantes pour les Romains. .................................................................................................................... .................................................................................................................... © HACHETTE LIVRE 2006. Résume la leçon en utilisant les mots en gras dans le carnet de route page 57 de ton dossier. 63 Responsable éditoriale : Stéphanie-Paule SAÏSSE Suivi éditorial : Patricia SULTAN Création de la maquette de couverture : Laurent CARRÉ Exécution de la maquette de couverture : TYPO-VIRGULE Création de la maquette intérieure : TYPO-VIRGULE Mise en pages : TYPO-VIRGULE Illustration de la couverture : Alain BOYER Illustrations : Gilles POING Cartographie et frises chronologiques : DOMINO (Nathalie GUÉVENEUX) Fabrication : Isabelle SIMON-BOURG