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l’écriture
Référence aux Instructions officielles
L’écriture est un média récent. Si l’homme utilise un langage articulé depuis 100 000 ans, s’il dessine, sculpte ou joue
de la musique depuis 20 000 ans, ce n’est que depuis 5 000 ans qu’il écrit. L’invention de l’écriture est liée à la séden-
tarisation progressive des sociétés du néolithique (vers 7500-3000 av. J.-C.). Pour les premiers échanges, une mémoire
pérenne et disponible à tout instant est nécessaire. C’est pour cette raison que la première écriture apparaît dans un
espace où l’agriculture marchande et les premiers indices d’urbanisation pointent : la Mésopotamie.
Compétences
• Percevoir la diversité des écritures, la performance de chaque système d’écriture et leur concomitance d’apparition.
• Savoir relier une écriture à une aire géographique.
Photofiche
Voir la photofiche p. 48.
Pages 6 à 11 du dossier
Le contexte historique
Tout commence en Allemagne, en 1802, lorsque Georg
Friedrich Grotefend, jeune professeur de latin, entreprend
de déchiffrer les étranges gribouillis – des rainures,
comme un semis de petits clous, inscrites au stylet sur des
tablettes d’argile – dont on a retrouvé des vestiges par-delà
le grand désert syro-arabe, plus loin que l’Euphrate et le
Tigre, au sud-ouest de la Perse. Ses intuitions géniales –
vingt ans avant le Précis du système hiéroglyphique des
anciens Égyptiens de Champollion – nous ont donné accès
à l’antique civilisation mésopotamienne et à la plus vieille
écriture du monde (3200-3000 av. J.-C.). Les quatre cin-
quièmes de cet amoncellement documentaire recouvrent ce
que l’on appelle « les écrits occasionnels ». La masse et la
variété en sont telles que l’on peut composer une fresque
immense de la vie politique, sociale, économique et admi-
nistrative du pays : énumérations de personnel, inventaires
de biens et de stocks agricoles, listes de mariage, testa-
ments, transferts de marchandises et de biens-fonds,
contrats de toute sorte, lettres officielles et privées, régle-
mentations, édits et décisions du pouvoir central, traités
internationaux, procès-verbaux de jugements, inscriptions
commémoratives ou dédicatoires… Encore plus prometteur
est le cinquième restant, qui réunit ce que l’on appelle
« la littérature », l’ensemble des œuvres composées, non
pour répondre à un besoin occasionnel, mais en vue
d’une diffusion dans l’espace et dans le temps, et qui
dévoile bien plus que la simple économie matérielle d’une
civilisation : sa culture. Le texte le plus célèbre est un récit
du Déluge1, à l’évidence antérieur, mais suffisamment
identique à celui de la Bible pour que la ressemblance
narrative de celle-ci sautât aux yeux de George Smith,
l’archéologue britannique qui exhuma ce récit et le traduisit
en 1872.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤Activité 1 : document 1 p. 6
Les premières écritures relèvent de deux grands systèmes
d’encodage.
Toute écriture repose sur un système d’encodage permet-
tant de transposer le matériau sonore, qui constitue les
énoncés d’une langue, en matériau visuel, c’est-à-dire les
signes. Dire aux élèves que l’encodage se fait selon les
deux manières de segmenter l’énoncé :
• De manière idéographique, les signes d’écriture transcri-
vent des unités de la langue qui correspondent à des mots.
Le mot est appréhendé globalement par un signe figuratif.
Par exemple, le système d’écriture dans lequel est encodée
la langue parlée dans l’Égypte des pharaons est constitué
par les hiéroglyphes : ce sont des caractères picturaux
reproduisant très soigneusement non seulement l’homme
en diverses positions, mais encore un vaste bestiaire, ainsi
que des édifices, des objets sacrés ou profanes, des astres,
des végétaux, etc. Les hiéroglyphes sont à envisager en
tant qu’images-signes ou pictogrammes, ayant pour fonc-
tion de signifier ce qu’ils représentent visuellement.
• De manière phonétique, les signes d’écriture encodent
des unités qui correspondent aux sons fondamentaux de la
langue, les phonèmes. C’est le cas des écritures alphabé-
tiques. Ainsi, en français, neuf est segmenté en trois
phonèmes : respectivement [n], auquel correspond la
lettre n, [œ] auquel correspond la suite de lettres eu, et [f]
auquel correspond la lettre f.
Faire observer le document 1 p. 6 et faire répondre aux
questions 1 et 2. Faire identifier les deux familles dans le
1. L’extrait faisait partie de L’Épopée de Gilgamesh et, nous le savons aujourd’hui, avait été tiré par l’auteur anonyme de cette œuvre d’un poème sur les ori-
gines et la première « histoire » de l’homme : le mythe d’Athrasîs.
comment l’écriture
est-elle apparue ?