Guide pédagogique

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Guide pédagogique
ALIETTE DE BUFFIÈRES
PROFESSEUR DES ÉCOLES
CHRISTOPHE SAÏSSE
PROFESSEUR D’HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE
Avant-propos
Les huit séquences proposées dans ce guide correspondent aux huit chapitres qui composent les Dossiers
Hachette sur l’Antiquité. Chaque chapitre regroupe :
– une double page évoquant une figure historique ou un thème à l’aide de sources écrites et iconographiques,
de repères chronologiques et de cartes ;
– une double page Sur les traces de… précisant la biographie du personnage ou approfondissant le thème
précédemment abordé ;
– une double page L’héritage de… permettant à l’élève de repérer des traces du passé – l’Histoire reste,
comme l’écrivait Marc Bloch, « une connaissance par traces » – et de comprendre le présent de la société à
l’aune du passé.
Les huit séquences du guide se référant aux doubles pages du dossier ont une composition identique :
– un rappel des Instructions officielles, ce qui permet d’inscrire la séquence dans une problématique du programme d’Histoire ;
– des objectifs qui portent à la fois sur les connaissances factuelles à transmettre aux élèves, mais aussi sur des
compétences de savoir-faire qu’il appartient à l’enseignant de fixer et d’évaluer selon une progression ;
– l’organisation de la séquence présentée sous forme d’activités en classe. Ces activités sont précédées d’une
rubrique « Le contexte historique » qui est une mise au point pour l’enseignant. La rubrique « Pour aller plus
loin » prolonge la mise au point. Toutes les activités (lecture, description, comparaison, mise en relation,
confrontation…) se fondent sur les documents sélectionnés dans le dossier et sur les questions qui s’y rapportent.
Le guide fournit aussi des indications de correction. Attention ! Les documents (textes ou œuvres) ne sont pas
destinés à simplement illustrer le programme ; très souvent, le texte ou l’image, dont on tire une ou deux informations en classe, sont utilisés comme des preuves a posteriori qui valident la parole de l’enseignant, parfois
tendent à se substituer à elle. Ces pratiques pédagogiques, peu scientifiques, ne sont pas conformes à l’épistémologie de l’Histoire. Les documents doivent être étudiés en eux-mêmes : les textes seront lus par les
élèves, les images seront décrites et expliquées avec soin. Ainsi, les documents entrent dans la mémoire des
élèves et contribuent à leur donner une culture commune par la reconnaissance de « traces » que les générations précédentes ont déjà distinguées au point d’en faire des références ;
– des notions (« Pour construire le résumé ») sont proposées à l’enseignant pour faire écrire le résumé de la
leçon en reprenant les mots-clés du chapitre. Les élèves retrouvent ces notions de l’école élémentaire à
l’enseignement supérieur, leur intelligibilité relevant de degrés de compréhension et d’expression différents ;
– des prolongements interdisciplinaires sont décrits. C’est une manière d’insister sur la complémentarité des
savoirs et des savoir-faire, pour éviter que se forme le préjugé de compétences exclusives les unes des autres ;
– enfin, une bibliographie non exhaustive est fournie à l’enseignant.
Toutes les trois séquences, une double page À la manière de… permet aux élèves de :
– découvrir et vivre des situations de l’Antiquité ;
– pratiquer des activités interdisciplinaires.
Les auteurs
ISBN : 2 01 11 7337 9
© Hachette Livre, 2006, 43 quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15.
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement
réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but
d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants
cause, est illicite ».
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie
(20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Sommaire général
1. L’écriture
5
2. Les Celtes
9
3. Les Gaulois
7. Les Gallo-Romains
8. Fabriquer à la manière de…
la mosaïque
14
4. Écrire à la manière de…
l’Antiquité
19
5. Jules César
21
6. Vercingétorix
26
31
35
9. Les chrétiens
37
10. Les invasions barbares
42
11. Dessiner à la manière de…
la vie quotidienne
Photofiches pour les élèves
3
46
48
l’écriture
Pages 6 à 11 du dossier
Référence aux Instructions officielles
L’écriture est un média récent. Si l’homme utilise un langage articulé depuis 100 000 ans, s’il dessine, sculpte ou joue
de la musique depuis 20 000 ans, ce n’est que depuis 5 000 ans qu’il écrit. L’invention de l’écriture est liée à la sédentarisation progressive des sociétés du néolithique (vers 7500-3000 av. J.-C.). Pour les premiers échanges, une mémoire
pérenne et disponible à tout instant est nécessaire. C’est pour cette raison que la première écriture apparaît dans un
espace où l’agriculture marchande et les premiers indices d’urbanisation pointent : la Mésopotamie.
Compétences
• Percevoir la diversité des écritures, la performance de chaque système d’écriture et leur concomitance d’apparition.
• Savoir relier une écriture à une aire géographique.
Photofiche
Voir la photofiche p. 48.
narrative de celle-ci sautât aux yeux de George Smith,
l’archéologue britannique qui exhuma ce récit et le traduisit
en 1872.
comment l’écriture
est-elle apparue ?
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
Le contexte historique
➤ Activité 1 : document 1 p. 6
Tout commence en Allemagne, en 1802, lorsque Georg
Friedrich Grotefend, jeune professeur de latin, entreprend
de déchiffrer les étranges gribouillis – des rainures,
comme un semis de petits clous, inscrites au stylet sur des
tablettes d’argile – dont on a retrouvé des vestiges par-delà
le grand désert syro-arabe, plus loin que l’Euphrate et le
Tigre, au sud-ouest de la Perse. Ses intuitions géniales –
vingt ans avant le Précis du système hiéroglyphique des
anciens Égyptiens de Champollion – nous ont donné accès
à l’antique civilisation mésopotamienne et à la plus vieille
écriture du monde (3200-3000 av. J.-C.). Les quatre cinquièmes de cet amoncellement documentaire recouvrent ce
que l’on appelle « les écrits occasionnels ». La masse et la
variété en sont telles que l’on peut composer une fresque
immense de la vie politique, sociale, économique et administrative du pays : énumérations de personnel, inventaires
de biens et de stocks agricoles, listes de mariage, testaments, transferts de marchandises et de biens-fonds,
contrats de toute sorte, lettres officielles et privées, réglementations, édits et décisions du pouvoir central, traités
internationaux, procès-verbaux de jugements, inscriptions
commémoratives ou dédicatoires… Encore plus prometteur
est le cinquième restant, qui réunit ce que l’on appelle
« la littérature », l’ensemble des œuvres composées, non
pour répondre à un besoin occasionnel, mais en vue
d’une diffusion dans l’espace et dans le temps, et qui
dévoile bien plus que la simple économie matérielle d’une
civilisation : sa culture. Le texte le plus célèbre est un récit
du Déluge1, à l’évidence antérieur, mais suffisamment
identique à celui de la Bible pour que la ressemblance
Les premières écritures relèvent de deux grands systèmes
d’encodage.
Toute écriture repose sur un système d’encodage permettant de transposer le matériau sonore, qui constitue les
énoncés d’une langue, en matériau visuel, c’est-à-dire les
signes. Dire aux élèves que l’encodage se fait selon les
deux manières de segmenter l’énoncé :
• De manière idéographique, les signes d’écriture transcrivent des unités de la langue qui correspondent à des mots.
Le mot est appréhendé globalement par un signe figuratif.
Par exemple, le système d’écriture dans lequel est encodée
la langue parlée dans l’Égypte des pharaons est constitué
par les hiéroglyphes : ce sont des caractères picturaux
reproduisant très soigneusement non seulement l’homme
en diverses positions, mais encore un vaste bestiaire, ainsi
que des édifices, des objets sacrés ou profanes, des astres,
des végétaux, etc. Les hiéroglyphes sont à envisager en
tant qu’images-signes ou pictogrammes, ayant pour fonction de signifier ce qu’ils représentent visuellement.
• De manière phonétique, les signes d’écriture encodent
des unités qui correspondent aux sons fondamentaux de la
langue, les phonèmes. C’est le cas des écritures alphabétiques. Ainsi, en français, neuf est segmenté en trois
phonèmes : respectivement [n], auquel correspond la
lettre n, [œ] auquel correspond la suite de lettres eu, et [f]
auquel correspond la lettre f.
Faire observer le document 1 p. 6 et faire répondre aux
questions 1 et 2. Faire identifier les deux familles dans le
1. L’extrait faisait partie de L’Épopée de Gilgamesh et, nous le savons aujourd’hui, avait été tiré par l’auteur anonyme de cette œuvre d’un poème sur les origines et la première « histoire » de l’homme : le mythe d’Athrasîs.
5
tir le sens de « jambe », mais aussi celui de « marcher »,
« courir » ou « fuir ». De même, l’image du disque solaire
peut signifier « jour », « chaleur », « lumière » ou désigner
le dieu Soleil. La valeur idéographique d’un hiéroglyphe
ne se substitue pas à sa valeur pictographique, mais se juxtapose à elle. Elle alimente donc des interprétations.
• Les phonogrammes sont les signes utilisés pour écrire un
phonème ou une séquence de phonèmes. Ils représentent
toujours des consonnes, car les voyelles n’existent pas
dans l’écriture égyptienne – comme pour l’arabe ou
l’hébreu –, la vocalisation précisant les actualisations particulières de sens (le féminin ou le masculin, le singulier
ou le pluriel, le temps pour un verbe, etc.).
• Enfin, les déterminatifs sont des classificateurs qui,
placés à la fin d’un mot écrit avec des idéogrammes et/ou
des phonogrammes, indiquent la classe sémantique à
laquelle appartient ce mot. Ils facilitent l’identification
d’un mot et aident en outre à la segmentation du texte en
phrases.
domaine des signes écrits. La première regroupe les écritures à dominante idéographique (écritures sumérienne,
égyptienne, chinoise, maya…). La seconde regroupe les
écritures alphabétiques (alphabet phénicien).
Les plus anciens signes d’écriture ont été trouvés dans le
pays de Sumer, en Mésopotamie, au Proche-Orient (question 1). Les premiers pictogrammes sumériens représentent les produits agricoles échangés (question 2).
➤ Activité 2 : documents 2, 3 et 4 p. 7
Les premières écritures se concentrent dans l’aire géographique du Proche-Orient.
Faire observer le document 2 p. 7 et faire répondre aux
questions 3 et 4. Inventé au début du IIIe millénaire av. J.-C.,
cet encodage idéographique a servi communément pour
noter le parler sumérien pendant mille ans ; l’idiome akkadien prévaut ensuite. Le sumérien est très différent de
l’akkadien (autrefois appelé « l’assyrien »). En effet, le
Proche-Orient était et reste couvert par des idiomes d’un
même apparentement linguistique, dénommés « idiomes
sémitiques ». Le plus vieil idiome attesté (début du IIIe millénaire av. J.-C.) est l’akkadien. Au nord-est est localisé le
groupe cananéen (depuis la fin du IIIe millénaire), dont
l’hébreu fait partie, et le groupe araméen (mille ans plus
tard). Au sud, on trouve le sudarabique (début du Ier millénaire av. J.-C.), qui a donné les langues éthiopiennes et,
plus tard, l’arabe. Mais le sumérien n’a rien de commun
avec les langues sémitiques. Faire confronter les documents 2 et 4 p. 7 et faire répondre à la question 6.
Du signe figuratif traditionnel, l’écriture mésopotamienne
évolue en quelques siècles vers l’encodage cunéiforme :
les signes cunéiformes tracés avec un calame (roseau à
bout triangulaire) dans de l’argile molle sont décomposés
en segments en forme de coin ; ils perdent donc toute ressemblance avec l’image figurative de départ. Depuis deux
cents ans que s’est ouverte l’exploration archéologique en
Irak et en Iran, un demi-million de tablettes d’argile ont
été sorties de terre (question 6) !
Pour aller plus loin
Les plus anciens hiéroglyphes connus remontent à l’époque
thinite, c’est-à-dire aux alentours de 3000-2850 av. J.-C.
Or, l’apparition de l’écriture sumérienne semble antérieure d’un ou deux siècles. Par ailleurs, des fouilles
archéologiques prouvent que des contacts commerciaux
réguliers sont établis à la fin de l’époque énéolithique
(3300-3100 av. J.-C.) entre l’Égypte et la Mésopotamie.
Peut-on en conclure que les Égyptiens ont copié le système pictographique sumérien ? Les égyptologues ont
démontré que l’écriture hiéroglyphique est autochtone :
les pictogrammes et la valeur des signes employés diffèrent pour les deux systèmes, et ce y compris pour des
signes censés représenter un même être ou un même objet.
Enfin, les supports matériels sont tout aussi distincts. Les
Sumériens impriment leurs signes presque exclusivement
sur des tablettes d’argile, alors que les Égyptiens reproduisent leurs hiéroglyphes en les gravant ou en les sculptant
(au moyen du ciseau et du marteau) sur des monuments de
pierre, ou encore en les traçant (au moyen d’un roseau à
pointe écrasée et trempée dans une matière colorante) sur
des éclats de roche, des tessons de poterie ou des feuilles
de papyrus.
Faire observer le document 3 p. 7 et faire répondre à la
question 5. L’écriture hiéroglyphique a été utilisée pendant plus de trois millénaires, de 3000 av. J.-C. à la fin du
IVe siècle ap. J.-C., lorsque l’édit de Théodose ordonne la
fermeture des temples païens, condamnant ainsi les derniers
lieux où elle était encore étudiée et pratiquée. A priori,
l’écriture hiéroglyphique est idéographique, puisque ses
signes sont figuratifs. Mais s’il est idéographique, le système hiéroglyphique est aussi phonétique et son fonctionnement met en œuvre au moins trois catégories de signes :
les idéogrammes, les phonogrammes et les déterminatifs.
• Les idéogrammes sont les signes qui renvoient à un mot
ou à une idée. Ainsi, en considérant de nombreuses inscriptions, n’importe qui est capable de reconnaître –
même approximativement – ce que représentent la plupart
des hiéroglyphes qui les composent. Du premier coup
d’œil, on identifie une jambe, une cuisse de bœuf, une
mèche de cheveu, la surface de l’eau ridée par la brise, une
chouette, une bouche… Faire remarquer aux élèves que
les hiéroglyphes ne se limitent pas à leur signification
visuelle. Le dessin d’une jambe peut non seulement revê-
Sur les traces des premiers
alphabets en gaule
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : documents 1 et 2 p. 8
Si le Proche-Orient est l’aire géographique des premières
écritures, le Bassin méditerranéen est le domaine des premiers alphabets.
Faire observer le document 1 p. 8 et faire répondre aux
questions 1, 2 et 3. L’alphabet phénicien est le plus ancien
alphabet connu (question 1). L’alphabet grec (vers 800 av.
6
Faire lire le document 6 p. 9 et faire répondre aux questions 10 et 11. La vague colonisatrice phocéenne est singulière. Comme le dit Aristote (384-322 av. J.-C.), les
Phocéens d’Ionie pratiquent l’« emporia », c’est-à-dire un
commerce à longue distance impliquant non pas le
contrôle d’un vaste territoire, mais, à partir de comptoirs,
de bonnes relations avec les populations autochtones.
Ainsi, par amitié, le roi celte Nannus donne sa fille Gyptis
à Protis, l’un des deux chefs phocéens (question 10) et le
laisse fonder Marseille (question 11).
Faire observer le document 5 et faire répondre à la question 9. La diffusion des céramiques, des amphores ou des
monnaies de bronze et les nombreuses imitations qui en sont
faites démontrent le dynamisme de ce processus d’acculturation. Le cratère de Vix en est un bon exemple (voir
document p. 10). On observe le même engouement pour
l’écriture grecque, comme l’atteste la pièce de monnaie du
document 5 (question 9). En Gaule, des inscriptions
gallo-grecques sur les colonnes tronquées de Ventabren ou
la dédicace de Vitrolles prouvent l’attirance des élites
indigènes pour cet alphabet. Enfin, la Méditerranée
grecque se manifeste surtout comme une culture urbaine.
C’est ce qui donne un air de ressemblance à des cités
géographiquement éloignées. Faire décrire le document 7
p. 9 et faire répondre à la question 12. Comme la métropole de Phocée, le site de la colonie marseillaise occupe
un terrain rocheux et son port s’étale au pied de collines
en amphithéâtre. Partout, les Grecs s’établissent dans un
réduit côtier facile à défendre avant de pousser vers l’intérieur des terres (question 12).
J.-C.) donne naissance à plusieurs alphabets : latin, cyrillique, copte, étrusque, arménien (question 2). Sa diffusion
est le résultat de l’extraordinaire aventure de la colonisation grecque : à partir du VIIIe siècle av. J.-C., les cités
grecques essaiment sur l’ensemble des rivages méditerranéens, de l’Asie Mineure à la Libye, de Chypre à la Gaule.
La conséquence de ces mouvements de colonisation est de
répandre l’hellénisme – et donc l’alphabet grec – au-delà
de la péninsule balkanique.
Écriture du mot « page » en phénicien (question 3) :
➤ Activité 2 : documents 3, 4, 5, 6 et 7 pp. 8-9
La colonisation grecque diffuse l’hellénisme en Gaule.
Dans son Historia, l’historien grec Hérodote (484-425 av.
J.-C.) cite différentes mers : la mer Caspienne, « une mer
à part, sans communication », la mer Érythrée (la mer
Rouge) et « celle que l’on appelle l’Atlantique, qui s’étend
au-delà des colonnes d’Héraclès [détroit de Gibraltar] ».
Quant à la Méditerranée, point n’est besoin de la nommer,
elle est « celle que parcourent les navires grecs ». Pour
Socrate (470-399 av. J.-C.), le domaine grec est également
indissociable du Bassin méditerranéen, qui est un espace
familier, naturellement accueillant aux cités grecques : sur
« cette Terre, qui est quelque chose d’immense », les Grecs
« sont comme des fourmis ou des grenouilles autour d’un
marécage ». La colonisation débute au VIIIe siècle av. J.-C.,
lorsque des Grecs venus d’Eubée et de Grèce continentale
s’installent en Italie du Sud et en Sicile. « Contraints par
l’exiguïté et la maigreur de leur territoire à exploiter la
mer plutôt que la Terre », écrit l’historien latin Justin
(IIe siècle) dans son Histoire universelle, les Grecs
« demandaient leurs moyens d’existence à la pêche, au
commerce, souvent même à la piraterie qui était alors en
honneur ». Vers 650 av. J.-C., la colonisation s’épanouit au
nord (sur les côtes de la Thrace, en Chalcidique, dans
l’Hellespont) et au sud (en Égypte et sur la côte libyenne).
l’héritage des grecs en gaule
Faire lire le document 3 p. 8 et faire répondre aux questions 4 et 5. Le siège de Phocée par les Perses (question 4)
motive – toujours selon Hérodote – l’abandon de la métropole d’Ionie, en Asie Mineure (question 5). Les Phocéens
« furent les premiers Grecs à faire de longs voyages en
mer ; ils firent connaître l’Adriatique, la Tyrrhénie,
l’Ibérie et Tartessos ; ils ne se servaient pas de bateaux
ronds [les navires des marchands], mais de navires à cinquante rames [des bateaux de guerre] ». Le récit
d’Hérodote oublie curieusement la Gaule, où la colonisation phocéenne est pour nous la plus évidente. Faire observer le document 4 p. 9 et faire répondre aux questions 6
et 7. Commencée en Provence, à Marseille en 600 av. J.-C.
(question 6), la vigueur de l’expansion phocéenne n’est
pas gênée par la chute de Phocée : elle se découvre à
Emporion (Ampurias) en Catalogne, à Alalia (Aléria) en
Corse, et à Élée (Vélia) en Campanie. Mettre en rapport
l’installation des Phocéens en Gaule avec le développement du grand commerce entre le Nord et le Sud (mer du
Nord / mer Méditerranée) à l’initiative des Grecs et des
Étrusques. Sur les itinéraires privilégiés de ces échanges
(le long de la vallée du Rhône, par exemple) se constituent
des comptoirs phocéens qui les contrôlent (question 7).
Des traces grecques sur notre sol :
le cratère de Vix
C’est en 1953 qu’un sondage pénètre dans un tumulus
arasé et découvre la tombe dite « de Vix », du nom du
village proche de Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or), au pied
du mont Lassois. De forme cubique, entièrement protégée
par un coffrage de bois, la tombe abrite la dépouille d’une
« princesse » celte d’environ 35 ans, parée d’un diadème
d’or et de bijoux dont quelques-uns sont rehaussés d’ambre
et de corail. On date l’enfouissement de vers 500-480 av.
J.-C. Le corps repose sur la caisse d’un char démonté, les
roues étant alignées contre une paroi. La place la plus
importante est tenue par le célèbre cratère de Vix, ce vase
de bronze haut de 1,64 m et pesant 208 kg. Probablement
forgé par des artisans de Tarente, il a été transporté en
morceaux et monté sur place. Ses anses admirablement
décorées, les reliefs du col représentant des hoplites et des
chars de guerre, le couvercle surmonté d’une statuette, en
font l’un des chefs-d’œuvre de l’Antiquité. Mettre cette
richesse en rapport avec la croissance du commerce entre
le Nord et le Sud à l’initiative des Grecs. Sur les itinéraires privilégiés de ces échanges se constituent donc des
7
coupent à angle droit, division fonctionnelle en quartiers,
rôle structurel des monuments (le temple de Sérapis, l’agora,
les gymnases, le musée, le tombeau d’Alexandre…).
pouvoirs locaux qui les captent et qui accumulent de nouvelles ressources. Les « princes » celtes se créent une cour,
une capitale, adoptent des pratiques du monde hellénique
(le banquet, la chasse et les jeux), reçoivent des cadeaux
comme ce vase.
Des villes fouillées
par les archéologues
➤ Activité possible
Les Antiques, ensemble monumental constitué d’un arc et
d’un mausolée, sont les seuls témoins visibles de la ville
de Glanum jusqu’en 1921, date à laquelle le site est fouillé
par Jules Formigé et Pierre de Brun, puis par Henri
Rolland à partir de 1942. Un premier habitat s’est développé aux VIIe et VIe siècles av. J.-C. au débouché d’un
défilé qui entaille la chaîne des Alpilles et à proximité
d’un itinéraire antique qui va d’Espagne à l’Italie. Les
Glaniques s’apparentent aux Celto-Ligures établis en
Provence. Des relations commerciales avec le monde grec,
sans doute par l’intermédiaire de Marseille, procurent aux
Glaniques une prospérité qui se traduit aux IIe et Ier siècles
av. J.-C. par l’étalement de l’agglomération et par la
construction d’édifices de type grec. L’époque galloromaine, du Ier siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C., est
marquée par un nouveau programme monumental qui
transforme Glanum en ville romaine : de grands bâtiments
publics civils et religieux soigneusement décorés, des
équipements tels que des aqueducs et des égouts, un
forum monumental…
Demander aux élèves de confectionner des panneaux pour
préparer une exposition thématique sur le cratère de Vix,
conservé au musée de Châtillon-sur-Seine (http://www.
monum.fr). L’étude de cette œuvre est pertinente si elle se
fonde sur une reproduction de qualité de ses détails.
Insister sur la facture grecque du vase de Vix. Par exemple, le détail d’un hoplite (fantassin) suivant un quadrige
identifie incontestablement ce cratère comme une production de l’art grec du VIe siècle av. J.-C.
Des villes fondées par les Grecs
de Marseille
Dans la vague colonisatrice grecque, la colonisation phocéenne est la plus tardive et la plus lointaine. Elle se
déroule dans une Méditerranée occidentale partagée en
trois :
– les terres grecques d’Italie et de Sicile que la tradition
littéraire appelle « la Grande-Grèce » ;
– le pôle étrusque en Italie du Nord et centrale ;
– le protectorat phénicien recouvrant les littoraux africains
et espagnols.
Les Phocéens bousculent cet ordonnancement en s’enracinant sur les côtes provençales – Agathé (Agde), La Ciotat,
Olbia (Hyères), Nice et Antipolis (Antibes) – et ligures.
Villes neuves ouvertes sur la mer, les comptoirs phocéens
se caractérisent par leur plan ramassé autour du port, où
les quartiers se distribuent selon un maillage orthogonal
de rues – plan calqué sur ceux de l’architecte Hippodamos
de Milet. Dans cet urbanisme fonctionnel, espace civique
et espace religieux occupent des zones réservées qui
servent d’ossature à la fondation coloniale et guident son
étalement ultérieur.
➤ Activités possibles
• Organiser la visite du site archéologique de Glanum :
route des Baux-de-Provence, 13210 Saint-Rémy-deProvence (tél. : 04 90 92 23 79 ; fax : 04 90 92 35 07 ; site
Internet : www.monum.fr).
• Organiser la visite de l’hôtel de Sade, situé à
Saint-Rémy-de-Provence, qui abrite les collections
archéologiques issues des fouilles de Glanum
(tél. : 04 90 92 64 04).
pour construire le résumé
➤ Activité possible
Faire travailler les élèves sur le plan d’une ville neuve
grecque. Leur distribuer le plan d’une colonie grecque
(par exemple, Syracuse en Sicile, Tarente ou Naples en
Grande-Grèce, Emporion en Espagne, Marseille en
Gaule). Faire retrouver les caractéristiques du modèle
colonial. Pour le choix du site, la colonie occupe « un terrain rocheux et son port s’étale au pied de collines en
amphithéâtre » (Strabon, Géographie, v. 58 av. J.-C.21/25 ap. J.-C.). Pour l’urbanisme colonial, insister sur le
plan concentré de la ville où les quartiers se distribuent
selon un réseau orthogonal de rues. Faire repérer le port.
Faire délimiter deux grandes « masses » : l’espace civique
autour de l’agora et l’espace religieux autour des temples. Ce
découpage du tissu urbain et les éléments architecturaux
qu’il implique traversent le temps et assurent la permanence
d’une identité grecque en Méditerranée. Pour en convaincre les élèves, leur distribuer le plan d’Alexandrie en
Égypte. Au IVe siècle av. J.-C., son architecte, Deinocratès,
conserve les mêmes règles : plan en damier où les rues se
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon. Par
exemple : « Mésopotamie », « hiéroglyphes », « écriture cunéiforme », « alphabet », « colonie », « Gaule », « Marseille ».
Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères
figurant sur la chronologie p. 6. Mettre en commun les
réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence.
bibliographie
– J. Bottéro, M.-J. Steve, Il était une fois la Mésopotamie,
coll. « Découvertes », n° 191, Gallimard, 1993.
– Dans la revue L’Histoire : C. Mossé, « L’expansion
grecque en Méditerranée », n° 98 ; J.-P. Morel, « Les
Phocéens », n° 15 ; H. Duchêne, « Marseille, la Grecque »,
n° 144.
8
les celtes
Pages 12 à 17 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Peuple antique d’Europe occidentale, les Celtes ont occupé la Bohème, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la Gaule,
la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie du Nord, et ont constitué des principautés dans les Balkans et en Asie Mineure.
La Gaule est le territoire celtique le plus étendu et le plus cohérent. Les Celtes n’y sont autochtones que dans le nordest (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne), le reste de la Gaule étant occupé par des peuplades fixées depuis
l’époque néolithique : Basques et Ibères dans le sud-ouest, Ligures dans le sud-est. Même après l’achèvement de la
conquête, les Celtes n’ont jamais constitué la majorité des effectifs. À partir du Ve siècle av. J.-C., ils se sont progressivement fondus dans la population indigène, tout en imposant leur culture.
Compétences
• Appréhender le temps et l’espace en situant les migrations celtiques à travers l’Europe.
• Caractériser une période : la sédentarisation des migrations celtiques en Gaule.
Photofiche
Voir la photofiche p. 50.
centre-est de la Gaule. Elles sont organisées autour d’une
place centrale fortifiée ; leurs chefs se font enterrer dans
des tombes qualifiées de « princières » en raison de leurs
contenus somptueux. Cette richesse est mise en rapport
avec le développement du commerce Nord-Sud à l’initiative des Grecs et des Étrusques. Placés sur les itinéraires
privilégiés de ces échanges, les pouvoirs locaux captent
une partie des trafics. Les « princes hallstattiens1 » se
créent une cour, une capitale, adoptent les pratiques du
monde hellénique (le banquet, la chasse et les jeux), reçoivent des cadeaux comme le vase de Vix2…
comment les celtes
sont-ils arrivés en gaule ?
Le contexte historique
La chronologie et la carte p. 12 mettent en évidence une
extension progressive du domaine celtique vers la Gaule :
– La première époque, celle du bronze moyen (1500-1200
av. J.-C.), est marquée par la pénétration de groupes relativement isolés et peu nombreux. Partant de l’Allemagne
du Sud et de la Rhénanie, les Celtes avancent lentement
vers le centre de la Gaule, avec des pointes vers le Bassin
parisien, voire jusqu’en Charente.
– La deuxième époque, celle du bronze final (1100-900 av.
J.-C.), marque la prise de possession, le partage et la mise
en culture du sol. Les Celtes colonisent le centre-est de la
Gaule – au maximum jusqu’à Bourges. C’est à cette
époque que les fouilles repèrent les premières concentrations
permanentes de type urbain. La sédentarisation des migrations celtiques est déterminée par une mutation des
techniques et du système productif. Les Celtes savent
désormais couler le bronze dans des moules à noyau
réservé, le marteler à chaud, le durcir pour obtenir des tranchants de couteau ou d’épée et dont on peut tirer des tôles
fines, utilisées pour des récipients de forme complexe ou
des masques cultuels. Le système productif, pastoral pendant l’âge du bronze moyen, devient agricole : abandon du
défrichement sur brûlis, utilisation de la fumure naturelle
des terres, généralisation de l’araire en bois tiré par des
bovidés, de la faucille métallique et du chariot à roues.
– Au cours de la troisième époque, celle du premier âge du
fer (800-500 av. J.-C.), des principautés émergent dans le
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 12
La civilisation celtique recouvre l’Europe occidentale.
Les origines des Celtes sont obscures. Faire observer le
document 1 et faire répondre aux questions 1, 2 et 3.
Faire localiser le foyer celtique en insistant sur la permanence, à travers les époques successives de l’âge du
bronze, d’une zone homogène de peuplement et de civilisation – dite « civilisation protoceltique du bronze moyen »
– recouvrant la Gaule du Nord-Est, l’Allemagne méridionale et rhénane, la Suisse, la Bohème et l’Autriche (question 1). Signaler l’existence, de la Lorraine et de l’Alsace
jusqu’à la Bohème, de très anciens toponymes d’origine
celtique pour nommer les montagnes et les cours d’eau.
Entre 1500 et 1200 av. J.-C., les Protoceltes essaiment vers
le centre de la Gaule. De 1100 à 900, les premières migrations massives – dites « invasions des champs d’urnes » –
aboutissent à la colonisation du centre-est de la Gaule,
s’avançant même vers le Bassin ligérien, le Massif central,
le Languedoc et la vallée du Rhône (question 2). Vers 750
1. Du nom d’une vaste nécropole autrichienne aménagée à proximité des mines de sel qui ont sans doute fait la fortune des riches personnages enterrés au
premier âge du fer.
2. Voir le chapitre « L’écriture » : « Des traces grecques sur notre sol : le cratère de Vix », p. 7.
9
Gaulois, avides de pillage, pénétrèrent dans Rome que nul
ne défendait. […] Ce geste déclencha un carnage. Tous les
vieillards furent massacrés, toutes les maisons pillées et
incendiées » (question 6). Toutes ces sources écrites sont
à la fois brèves et très orientées par le regard que porte le
« civilisé » sur le « barbare ». L’incendie de Rome par les
Gaulois du chef Brennus en 390 av. J.-C., par exemple,
entretient ce cliché xénophobe (question 4).
av. J.-C., la civilisation de Hallstatt se constitue en Gaule,
en Allemagne, en Suisse, en Bohème et en Autriche. Cette
civilisation est étrangère aux Celtes, qui s’inspirent des pays
voisins : Étrurie, Ibérie, Balkans, Ligurie, Illyrie. L’élément
formateur et commun de la civilisation hallstattienne est
une classe aristocratique de cavaliers. Nous fouillons aujourd’hui leurs tombes et leurs résidences, qui sont des sites
fortifiés (les oppidums, oppida en latin), comme celui de Vix,
sur le mont Lassois. Les progrès contemporains de la colonisation grecque et du commerce étrusque sur les côtes méridionales de la Gaule intensifient les relations entre les Celtes
et la Méditerranée et enrichissent les princes hallstattiens. Les
échanges se multiplient aussi entre l’Étrurie et la Rhénanie
par les cols des Alpes. Entre 500 et 450 av. J.-C., ce monde
celtique s’effondre. La période qui suit, de 450 à 150 av.
J.-C., est la moins bien connue ; trois certitudes, cependant :
– vers – 450, la civilisation de La Tène3 se constitue en
Gaule, en Allemagne, en Suisse et en Bohème. Elle diffère
totalement de celle de Hallstatt, car elle apparaît comme
autonome, nationale et conquérante ;
– entre – 400 et – 300, des migrations celtiques investissent la vallée du Pô. Rome est incendiée en – 390 par les
Gaulois du chef Brennus ;
– vers – 300, des Celtes venus d’outre-Rhin – que Jules
César appelle « les Belges » – s’implantent en Gaule.
Leur arrivée déclenche deux nouvelles vagues de migrations qui se portent les unes vers la Provence, l’Espagne et
l’Italie, les autres vers l’Est, la Grèce et l’Asie Mineure
(question 3).
➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 13
L’art celte est le plus riche des arts barbares.
Venu de l’âge du bronze, l’art celte traverse le premier âge
du fer (ou époque de Hallstatt), pour s’épanouir au
deuxième âge du fer (ou époque de La Tène). Mais on ne
parle d’art celte que dans les espaces où l’occupation des
Celtes a duré : la Gaule, les vallées du Rhin et du Danube,
les îles de Grande-Bretagne et d’Irlande. L’art celte est
un art de petits objets transportables, produits pour les
hommes (et non pour les dieux) et pour leur quotidien (et
non pour des occasions exceptionnelles) : pour la guerre,
chars, épées, pointes de lance, boucliers, casques et poignards ; à la maison, chenets pour le foyer, récipients (en
métal ou en céramique, selon la fréquence de leur usage) ;
enfin, des bijoux : torques, bracelets, boucles d’oreilles,
pendentifs, boucles de ceinture et fibules. Pour les bijoux,
l’art celte est un art du métal qui utilise le bronze, l’or et,
plus rarement, l’argent. Il est certes capable de s’exercer
sur la pierre et sur la céramique, mais c’est surtout un art
d’orfèvres, qui s’enrichit d’ivoire, d’os, de corne, de pierres
précieuses, d’ambre venu des rivages de la Baltique, transformés en perles et incrustations, de corail enfin. C’est
donc un art de la parure, qui ne cherche ni à copier la réalité, ni à en donner une image idéale. Cet art ne prétend
pas davantage stimuler la réflexion qu’exalter le mysticisme. Faire observer le document 3 p. 13 et faire répondre
aux questions 7 et 8. Les Celtes n’ignorent pas la représentation du visage humain (question 8), comme en témoignent les masques en bronze (question 7), les statues, les
monnaies ou le chaudron de Gundestrup4. Faire décrire le
masque : la barbe et la chevelure bouclées du dieu sont
caractéristiques des divinités ouraniennes. Faire observer
le document 4 p. 13 et faire répondre à la question 9.
L’art celte a aussi un bestiaire : un sanglier – animal surtout vénéré pour sa force et son courage – figure sur le
casque du premier cavalier (question 9).
➤ Activité 2 : document 2 p. 13
L’histoire des Gaulois est une histoire mal connue.
Faire lire le document 2 p. 13 et faire répondre aux questions 4, 5 et 6. Dire aux élèves que l’on sait peu de chose
de l’histoire des Gaulois car, à la différence des Grecs et
des Romains, les Gaulois n’ont pas écrit leur histoire ; ils
élaborent des récits épiques, des poèmes, déclamés ou
chantés, associant légendes et exploits personnels (un peu
comme les chansons de geste du Moyen Âge), qui se
transmettent oralement par les bardes et s’enrichissent de
génération en génération. Les bardes sont au service des
druides ou des nobles, qu’ils escortent dans leurs déplacements. Sur les champs de bataille, ils entonnent des chants
guerriers et peuvent, parfois, jouer le rôle d’ambassadeurs.
Ils apparaissent dans les banquets pour vanter les mérites
de leurs maîtres, pour improviser des récits de geste ou
encore des poésies satiriques. Mais la conquête romaine
met un terme à cette transmission, et il ne nous en est rien
parvenu. Donc, excepté La Guerre des Gaules de Jules
César, nous ne disposons que de rares textes, mi-historiques mi-ethnographiques. Par exemple, la Géographie
de Strabon : « Les Gaulois se laissent pousser les cheveux.
Ils s’habillent de pantalons bouffants et de blouses à
manches fendues. La laine dont ils se servent pour les tisser est rude. Leur armement comprend une longue épée,
un bouclier allongé, de longues piques et une arme de jet »
(question 5). Et l’Histoire de Rome de Tite-Live : « Les
Sur les traces des celtes
L’exploitation pédagogique
des documents
➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 3 p. 14
La civilisation gauloise est une civilisation évoluée.
3. La Tène est le nom d’une station protohistorique du lac de Neuchâtel en Suisse.
4. Très certainement fabriqué dans le nord de la Gaule vers 100 av. J.-C., le chaudron de Gundestrup est découvert à la fin du XIXe siècle dans une tourbière
danoise. Il est conservé au Nationalmuseet à Copenhague.
10
celui de la conduire. Le noble, selon sa naissance et sa fortune, a des clients et des esclaves. Les clients sont des
hommes libres (paysans, artisans…) qui se mettent au service de leur patron contre protection et subsistance et qui
doivent accourir au moindre appel. Quant aux esclaves, ils
sont, comme dans toutes les civilisations antiques, interdits de guerre et privés de droits ; ils peuvent être vendus,
échangés, affranchis (question 4).
• Des prêtres mystérieux, vêtus de blanc, cueillant le gui
avec une serpe d’or… Cette représentation des druides est
un cliché. Les druides sont en fait recrutés parmi la
noblesse. Leur nom signifie « très savants ». Leur érudition encyclopédique (en philosophie, en astronomie, en
botanique, en médecine…) est reconnue par tous, y compris par les Grecs et les Romains. Ils instruisent donc les
jeunes nobles ; un enseignement exclusivement oral qui
leur apprend notamment l’histoire de leurs ancêtres. Les
druides rendent la justice entre les tribus ou entre les individus. Leurs fonctions étant strictement intellectuelles et
morales, il leur est interdit de porter tout signe distinctif et
d’amasser des richesses matérielles. C’est pourquoi les
archéologues ont du mal à identifier les tombes de druides. Si on suit les Commentarii de César, ils se réunissent
tous les ans dans la forêt des Carnutes autour de leur chef
suprême ; lorsque celui-ci meurt, c’est lors de cette assemblée qu’ils élisent son successeur. Pénétrés des mystères
du sacré et de l’Au-Delà, les druides président au culte
(question 3). Ils interdisent de transcrire tout ce qui se
rapporte à la religion et aussi, pendant longtemps, de donner un visage aux dieux. Jugés dangereux du fait de leur
influence considérable, les druides sont persécutés par les
empereurs romains Auguste, Tibère et Claude.
Il nous faut oublier ce qu’ont longtemps enseigné les
manuels d’Histoire sur « nos ancêtres les Gaulois » :
blonds, échevelés, moustachus, belliqueux, ils ne seraient
que des Barbares à qui Rome est venue apporter la civilisation. Dire aux élèves que les découvertes archéologiques
(document 1 p. 14) détruisent tous ces clichés et nous
révèlent une civilisation gauloise qui n’a pas fini de nous
surprendre. Faire lire le document 3 p. 14 et faire répondre aux questions 5 et 6. Le régime alimentaire des
Gaulois ne se limite pas à la viande de sanglier, comme
pourraient le croire les élèves. La viande de porc constitue
la base de l’alimentation carnée : elle est consommée
bouillie, grillée ou braisée dans un chaudron. Les salaisons, transportées dans de grands saloirs en terre cuite,
feront le délice des Romains après la conquête. Le lait de
vache est consommé pur ou transformé en beurre, tandis
que le lait de chèvre ou de brebis sert à la production des
fromages (question 5). Pour l’habitat rural, pas de cabanes mais un ensemble de bâtiments délimité par des palissades. Les maisons de plan rectangulaire sont toujours
composées de solides poteaux de bois qui maintiennent
des murs en clayonnage revêtus d’argile et qui constituent
la charpente. Le toit est recouvert de chaume par lequel la
fumée peut s’échapper – empêchant ainsi le toit de pourrir – sans qu’il soit besoin de cheminée (question 6)5.
Faire lire le document 2 p. 14 et faire répondre aux questions 3 et 4. La Gaule est aussi un espace politique cohérent car, même s’il n’y pas de nation au sens moderne du
terme, l’organisation sociale révèle partout une forte hiérarchie. Les nobles et les druides constituent les deux classes
dominantes :
• Les peuples les plus puissants6 – les Arvernes, les
Éduens, les Séquanes, les Bituriges, les Sénons – s’organisent comme des États dans la mesure où ils ont créé une
administration centrale. État civil, perception de l’impôt,
recensement et cadastre des terrains, conservation des testaments, mais aussi commerce et frappe monétaire constituent des archives écrites sur des supports périssables. Par
exemple, lorsqu’en 58 av. J.-C., Jules César repousse la
migration massive des Helvètes, il saisit des milliers de
tablettes de bois enduites de cire listant les noms de tous
les intrus ! Il précise que ces documents de recensement
sont écrits « en lettres grecques ». C’est dire que ces
comptes doivent être rédigés en langue celtique transcrite
en utilisant l’alphabet grec. D’ailleurs, on a retrouvé dans
le Midi de la France des inscriptions sur pierre utilisant ce
système, appelées « inscriptions gallo-grecques ». Ces
États sont dirigés par un sénat composé uniquement de
nobles, c’est-à-dire de grands propriétaires fonciers, que
César nomme « les chevaliers ». Chaque lignage aristocratique est représenté par l’un de ses membres. Tous les ans,
le Sénat élit le magistrat suprême, le « vergobret », à qui
il délègue les pouvoirs politique, judiciaire (qu’il partage
avec les druides) et administratif. Le pouvoir militaire est
confié à un noble, élu lui aussi annuellement. Ce chef n’a
pas le pouvoir de déclarer la guerre – la décision reste collégiale après avoir consulté les druides – mais uniquement
➤ Activité 2 : documents 4, 5 et 6 p. 15
Pour l’art antique, les Celtes sont des guerriers.
Faire observer le document 5 p. 15 et faire répondre à la
question 8. La plus ancienne figuration de guerrier celtique (VIe siècle av. J.-C.) est la statue en pierre de
Hirschlanden (Wurtemberg, entre la Forêt-Noire et la
limite orientale du bassin de Souabe). Cette œuvre celtique représente un fantassin nu, la tête couverte d’un casque de bronze en forme d’abat-jour, le cou orné d’un torque (collier métallique de type hallstattien propre aux
dieux chtoniens) et la taille entourée d’une ceinture dans
laquelle est passé un poignard. Un peu plus récentes
(Ve siècle av. J.-C.), des figurations de guerriers celtiques
ornent la situle dite « Arnoaldi », de Bologne (Italie du
Nord), où l’on voit un défilé de fantassins – associés à des
Étrusques – portant un bouclier oblong à extrémités arrondies, à longues nervures et à umbo central. Le cimetière de
Hallstatt a livré une longue épée de bronze, dont le fourreau porte un décor gravé et repoussé représentant des
combattants celtiques et deux jeunes héros ou divinités
portant une roue. Tous ces personnages sont vêtus d’un
costume typiquement celtique : braies collantes et justaucorps bigarrés. Les fouilles de l’oppidum d’Alésia ont
permis de retrouver toutes ces armes pour la période du
5. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 2 p. 19.
6. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 1 p. 18.
11
moustache et sa musculature robuste. Le guerrier porte un
torque autour du cou (question 10).
siècle av. J.-C. (question 8). Mais la représentation des
Celtes ne se limite pas à la description de leur armement.
Vers 250 av. J.-C., la grande sculpture monumentale se
développe dans le Midi de la Gaule ; faire observer le
document 4 p. 15 et faire répondre à la question 7. Le
portique du sanctuaire celto-ligure de Roquepertuse a été
reconstitué à partir de fragments. Les alvéoles creusées
dans les piliers sont destinées à recevoir des crânes de
guerriers, réels ou sculptés, selon un rite particulier au Midi
(question 7). Au IIe siècle av. J.-C., la production statuaire
est toujours féconde dans cet espace (tarasque de Noves au
musée Calvet à Avignon, têtes coupées d’Entremont à
Aix-en-Provence), mais l’Allemagne et la Bohème possèdent aussi de belles pièces (tête d’Heidelberg à Karlsruhe,
tête de Msecké-Zehrovice à Prague). Toutes ces œuvres
célèbrent la mort, ou plus précisément le mort « héroïsé ».
Au Ier siècle av. J.-C., le culte devient plus pacifique dans
cette civilisation qui, en raison de la croissance économique, préfère désormais le commerce à la guerre : les
Gaulois offrent aux dieux des bijoux, des monnaies et des
vases, plutôt que des armes, des animaux ou des hommes…
Ier
l’héritage celte
Un oppidum gaulois
Pour exercer leur activité en paix, artisans et commerçants
s’établissent dans des sites fortifiés – les oppidums –
construits sur une hauteur. Édifiés à proximité des gisements de matières premières et sur les voies commerciales,
ils sont des étapes obligées pour les marchands et une source
de profit nouveau pour les nobles, qui perçoivent des
droits de péage. On connaît surtout leur étendue (qui peut
atteindre 200 hectares), leurs remparts de différents types,
associant souvent un poutrage en bois et des parements de
pierre, et leur rôle : capitale administrative, refuge pour les
populations rurales, mais aussi marché agricole périodique, centre artisanal, lieu de rassemblement religieux.
Un plan d’urbanisme organise ces premières agglomérations permanentes : les activités et les habitations y sont
réparties en quartiers distincts desservis par des rues rectilignes bordées de trottoirs et qui convergent vers la
grande place publique. À Bibracte, les aristocrates vivent
dans des maisons en pierre scellée au mortier de chaux,
avec péristyle et atrium. On trouve aussi des édifices
administratifs, des bâtiments de culte abritant sources et
fontaines sacrées ; de grands espaces vierges servent d’enclos pour le bétail.
C’est la statuaire hellénique qui produit les plus belles
représentations de guerriers celtiques. Toutes proviennent
d’ensembles monumentaux, dont l’existence nous est rapportée par des sources écrites : les trophées des rois Attale Ier
(269-197 av. J.-C.) et Eumène II (197-159 av. J.-C.) à
Pergame, le monument d’Attale Ier sur l’Acropole
d’Athènes. Il convient de rattacher à ces représentations
de l’époque pergaménienne le fameux Galate mourant ou
Gaulois mourant du musée du Capitole à Rome, ainsi que
le groupe de la villa Ludovisi, intitulé Arria et Paetus.
Faire observer le document 6 p. 15 et faire répondre aux
questions 9 et 10. Faire retenir que le mot « Celtes » apparaît pour la première fois dans des textes de l’historien et
géographe grec Hécatée de Milet (548-475 av. J.-C.). Deux
siècles plus tard, en 279 av. J.-C., les Celtes qui investissent le sanctuaire de Delphes sont dénommés « Galatai »
(Galates) par les documents grecs. En 278 av. J.-C., un contingent de Galates est employé par Nicomède, roi de Bithynie,
tandis qu’un autre groupe traverse l’Hellespont et se fixe
sur le plateau phrygien (question 9). Environ un demisiècle plus tard, les auteurs latins parlent des « Galli »
(Gaulois) à propos des Celtes installés en Gaule et en
Italie du Nord. Nous ignorons d’où vient cette distinction
entre Celtes et Gaulois. Toujours est-il que le terme
« Gallia » (Gaule) se fixe pour désigner l’Italie du Nord
(Gaule cisalpine) ainsi que les territoires au-delà des
Alpes (Gaule transalpine). Il faut donc réserver le mot
« Gaulois » aux habitants de la Gaule à une époque
récente, à partir du IIIe siècle av. J.-C. ; pour les périodes
qui précèdent et pour toutes les autres zones géographiques, on parle des « Celtes »7. Le Galate mourant est donc
un Gaulois blessé à mort, assis sur un bouclier oblong à
extrémités arrondies, s’appuyant de la main droite sur le
sol ; à côté de lui, son épée et sa trompe de guerre. Il est
nu, mais l’artiste grec l’a caractérisé comme Gaulois, par
sa chevelure drue et hérissée, ses traits farouches, sa
➤ Activité possible
Demander aux élèves de confectionner des panneaux pour
préparer une exposition thématique sur l’oppidum de
Bibracte8, par exemple. De toutes les places fortes gauloises, cet oppidum est le mieux conservé, épargné par les
Romains, contrairement à Alésia ou Gergovie.
Les techniques gauloises :
l’orfèvrerie (le travail de l’or)
Les artisans gaulois ont su fabriquer tous les outils à usage
domestique. Avec un réel talent d’ailleurs, puisque la plupart des outils utilisés au XIXe siècle dans les campagnes
françaises existaient déjà en Gaule au IIIe siècle av. J.-C.
Les charpentiers, par exemple, excellent dans le travail du
bois. Ils inventent le tonneau, bien commode pour transporter le vin, dont les Romains vont inonder le marché
gaulois ; les solides charrettes de transport à quatre roues
ou les carrioles légères contribuent à l’essor des échanges.
Les charpentiers savent fabriquer des poutres parfaites,
mais aussi des coffres, des baquets et des seaux, qui sont
ensuite cerclés de fer. Les potiers, installés près des sites
d’argile, façonnent, grâce à l’intensification de l’usage du
four depuis la fin du IIIe siècle av. J.-C., des céramiques
plus fines. Ils décorent leurs poteries de peintures d’animaux fantastiques ou de motifs géométriques. Les orfè-
7. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage celte », « D’où viennent les mots Gaulois et Celtes ? », p. 16.
8. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », activité 2, documents 2 et 3 p. 19.
12
Marseille (13) présente le portique du sanctuaire de
Roquepertuse. Le musée Joseph-Déchelette de Roanne
(47) possède une collection d’objets trouvés dans l’oppidum de Bibracte et la région du Forez. À Chalonsur-Saône (71), le musée Denon présente une collection
d’armes gauloises. Demander aux élèves de rechercher
le musée le plus proche de l’école pour préparer sa
visite.
vres gaulois – dont on sait peu de chose car aucun atelier
n’a été retrouvé – disposent d’un or alluvionnaire abondant, notamment dans le Sud-Ouest, qu’ils travaillent en
tôle fine. Le bronze – alliage de cuivre et d’étain et d’une
belle couleur jaune d’or à l’état neuf – reste pourtant le
matériau privilégié de la parure : fibules en or, en argent,
en fer, en bronze, ciselées ou incrustées de corail pour
agrafer les vêtements ; bracelets en or, en fer, en bronze ou
en schiste, ceintures-chaînes en bronze, torques en or ou
en bronze. Le torque est composé d’un collier proprement
dit, qui peut être fermé ou ouvert. Le torque fermé est parfois muni d’un fermoir ou d’un système de fermeture (à
crochet, par exemple). Le torque ouvert est pourvu d’un
tampon (conique, campaniforme…) à chaque extrémité du
collier. Du Ve au IIIe siècle av. J.-C., c’est le bijou des femmes les plus riches ; ensuite, il se fait rare : peut-être estil réservé aux statues en bois (disparues) de divinités, aux
princes, aux plus valeureux guerriers ? Les verriers, passés maîtres dans la technique de coloration, créent aussi
des bijoux pour leur clientèle féminine, comme les colliers
de perles, d’ambre, de corail ou de verre, ainsi que les
ceintures-chaînes, les bagues et les boucles d’oreilles en
bronze ou en or.
pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon.
Par exemple, « Celtes », « Gaulois », « druides », « archéologues », « oppidum ». Mettre en relation chacun de ces
mots avec les repères figurant en chronologie p. 12.
Mettre les réponses en commun et écrire ensemble le
résumé de cette séquence.
bibliographie
➤ Activité possible
Il n’est guère de villes, en France, qui ne possèdent une
collection d’objets gaulois. Le musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye (78), possède la plus riche
collection française d’armes, bijoux, vaisselle et autres
outils d’époque gauloise, et présente de nombreuses
maquettes du site d’Alésia. Le Musée municipal d’Épernay (51) possède une collection archéologique, aussi bien
celte que gauloise, qui couvre la période allant de 650 av.
J.-C. à la conquête romaine. Le musée Granet, à Aix-enProvence (13), présente les sculptures provenant de l’oppidum d’Entremont. Le musée de la Vieille-Charité à
– V. Kruta, Les Celtes, coll. « Bouquins », Robert Laffont,
2000.
– Les Celtes, catalogue d’exposition de Venise, éd.
Bompiani, 1991.
– F. Audouze, O. Buchsenschutz, Villes, villages et campagnes de l’Europe celtique, Hachette, 1989.
– P. Brun, Princes et princesses de la Celtique. Le premier
âge du fer (850-450 av. J.-C.), Errance, 1987.
– C. Goudineau, C. Peyre, Bibracte et les Éduens,
Errance, 1993.
13
les gaulois
Pages 18 à 23 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Dans l’Europe non méditerranéenne, la Gaule indépendante, qui est limitée par le Rhin, la Méditerranée, les Alpes, les
Pyrénées et l’Atlantique, est, au cours des IIe et Ier siècles av. J.-C., le plus vaste et le plus riche des territoires celtiques.
Les Gaulois sont les plus inventifs et les plus productifs de tous les Celtes. Les produits gaulois circulent à l’intérieur
du monde celtique et méditerranéen, et nombre de leurs techniques agricoles et artisanales sont empruntées ou
copiées par les peuples voisins. Mais, avec la conquête du Midi de la France vers 125-122 av. J.-C., la pénétration de
Rome va s’accentuer, inaugurant une période de bouleversements au sein des tribus gauloises.
Compétences
• Identifier des espaces comme les différentes parties de la Gaule en 58 av. J.-C.
• Caractériser une période : la civilisation de la Gaule indépendante, IIe-Ier siècles av. J.-C.
Photofiche
Voir la photofiche p. 52.
la Gaule et l’Italie, qu’illustrent notamment les épaves
chargées de vin italien retrouvées par l’archéologie sousmarine. Le développement de ce commerce favorise la
constitution de pouvoirs indigènes ou les renforce1. La
livraison d’esclaves aux Romains introduit aussi un processus de tensions croissantes entre tribus gauloises :
d’abord, on prélève les esclaves parmi ses compatriotes,
puis on va les rafler chez les peuplades voisines. Pour justifier ce trafic, les chefs gaulois qui s’y livrent doivent
montrer et redistribuer une partie de la richesse qu’ils en
retirent, d’où l’allure imposante des remparts qui ceignent
les oppidums ou encore les excès des fêtes. Par exemple,
le roi arverne Luern (v. 160 av. J.-C.) et son successeur
Bituit (v. 130 av. J.-C.) – les ancêtres de Vercingétorix –
donnent des fêtes grandioses, décrites dans un texte
d’Athénée résumant un passage de Posidonius d’Apamée
(v. 135 – 51 av. J.-C.), qui voyagea en Gaule au Ier siècle
av. J.-C : « Sur près de 500 hectares sont amoncelées des
amphores de vin et des cuves remplies de victuailles. Les
festins durent plusieurs jours. Les souverains paradent sur
leur char de guerre couvert de plaques d’argent, en jetant
à la foule des pièces d’or frappées à leur image… »
L’historien Camille Jullian résume ainsi l’impression produite sur les Grecs par les prodigalités des rois arvernes :
« Le charme des vers, l’ivresse des repas, le foisonnement
de l’or, les tumultes des grandes assemblées et par-dessus
tout l’apothéose d’un héros vivant, voilà ce qu’étalait aux
yeux des étrangers la royauté de Luern et Bituit, et pour
tout cela, cette monarchie arverne fut l’expression la plus
complète de la vie et de l’humeur gauloises. »2
comment vivaient
les gaulois ?
Le contexte historique
Aux IIe et Ier siècles av. J.-C., il n’y a pas d’État central au
sens moderne du terme, ni même de nation gauloise. Les
peuples gaulois sont des tribus plus ou moins fortes, qui
s’allient ou s’opposent au gré de leurs intérêts respectifs.
La chronologie p. 18 montre que c’est à partir du Midi
que les Romains vont investir la Gaule indépendante : la
position du Midi et sa puissance économique poussent les
Romains à y établir la plus ancienne colonie de peuplement
hors d’Italie. Entre 125 et 122 av. J.-C., le Roussillon, le
Languedoc, les Cévennes, la Provence, la vallée du Rhône
et les Préalpes sont annexés à l’ager romanus pour former
une provincia romana ou « Gaule narbonnaise », du nom
de sa capitale Narbo Martius (Narbonne). L’axe NarbonneToulouse libère ainsi les Romains de la tutelle massaliote
pour la diffusion de leurs produits en Gaule celtique. En
effet, en s’alliant à Rome dès le IIIe siècle av. J.-C.,
Marseille est la première cité à ouvrir la voie à l’impérialisme romain. Ce qui n’empêche pas la provincia romana
de lui livrer une concurrence acharnée : deux siècles plus
tard, le vin italien élimine complètement le vin massaliote
de tous les marchés gaulois. La pénétration commerciale
romaine suit deux axes : l’isthme gaulois, qui va de Narbonne
à Bordeaux, et le couloir Rhône-Saône, les Romains s’appuyant sur des supplétifs locaux, les Éduens de
Bourgogne. En effet, depuis les migrations du IVe siècle av.
J.-C., les Romains considèrent la Gaule comme une source
de dangers ; les Éduens sont une force d’interposition
entre Rome et les autres tribus gauloises. Au IIe siècle av.
J.-C., on remarque une intensification des échanges entre
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 18
La Gaule ou les Gaules ?
1. Voir le chapitre « Les Celtes » : « Le contexte historique », p. 9.
2. C. Jullian, Histoire de la Gaule, 1907-1926, rééd. en deux volumes, Hachette, 1993.
14
par une palissade. La maison est faite de bois et de torchis
(mélange de paille et d’argile) et recouverte d’un toit de
chaume par lequel la fumée du foyer peut s’échapper –
empêchant ainsi le toit de pourrir – sans qu’il soit besoin
de cheminée. Des poteaux porteurs plantés profondément
dans le sol garantissent la stabilité du bâti. Ces poteaux
aujourd’hui disparus ont laissé des traces appelées « trous
de poteaux », dont la répartition, la taille et la forme ont
permis aux archéologues de reconstituer l’habitat primitif
gaulois, comme ici en Bourgogne (question 4). Des greniers surélevés protègent les récoltes contre l’humidité et
la prédation. Des silos sont creusés dans le sol pour
stocker les céréales, qui sont destinées à la consommation
domestique ou à la vente. Quelques constructions sur
poteaux servent d’étable ou de remise à outils. L’eau potable est puisée dans des puits tandis que des fosses dépotoirs reçoivent les déchets.
Faire observer le document 1 et faire répondre aux questions 1, 2 et 3. On distingue dans la Gaule quatre parties
(question 1) :
– le Midi de la Gaule, qui s’étend d’Antibes à Toulouse et
jusqu’à Vienne vers le nord, est conquis vers 125-122 av.
J.-C. ; une provincia romana dite « Gaule narbonnaise »
ou « Gaule transalpine » y est constituée (question 3).
C’est d’ailleurs en tant que proconsul de la Transalpine et
de la Cisalpine (l’Italie du Nord) que Jules César guerroie
en Gaule intérieure, restée indépendante. Étant donné la
situation géographique, les influences celtiques et méditerranéennes (grecque, ibère, ligure, latine) s’exercent sur
les populations indigènes. Les peuplades gauloises sont
les Volques à l’ouest du Rhône, et les Allobroges entre le
Rhône et l’Isère ;
– l’Aquitaine, peu celtisée ;
– la Gaule du Nord, peuplée de Celtes dénommés « Belges ».
Les tribus belges sont les dernières des tribus celtiques
arrivées en Gaule3. Au nord-est, les Trévires, cavaliers réputés
pour leur bravoure et assez proches des Germains, et en
Champagne, les Rèmes, alliés des Romains, captent les
trafics entre la Méditerranée et la mer du Nord. Lutèce, capitale des Parisii, est le grand carrefour du nord de la Gaule. Cette
ville, installée sur une île de la Seine, jouit d’une prospérité
exceptionnelle. Située entre les confluents Marne-Seine et OiseSeine, elle contrôle la route de l’étain britannique et s’enrichit des péages qu’elle lève sur les flux de marchandises ;
– la Gaule celtique ou « Gaule chevelue », une dénomination mystérieuse qui lui vient de l’étendue de ses forêts,
abrite les Gaulois à proprement dit. Insister sur les
Arvernes (Auvergne actuelle) et les Éduens (Bourgogne).
Au IIe siècle av. J.-C., la domination arverne s’étend jusqu’à
Narbonne et aux limites du domaine de Marseille ; en 121 av.
J.-C., le roi Bituit s’oppose sans succès à la conquête du
Midi. La ruine de la monarchie arverne provoque une
grande anarchie, décrite par César. Deux groupes de tribus
visent à l’hégémonie : les Arvernes et les Séquanes d’une
part, les Éduens et leurs alliés d’autre part. Cette rivalité,
qui se prolonge par la lutte des deux factions à l’intérieur
même des villes ou des tribus, se complique d’une querelle idéologique entre deux partis : l’un (éduen) étant
favorable au maintien au pouvoir de l’aristocratie des
cavaliers, l’autre (arverne-séquane) à la monarchie. Ce
genre de soulèvements est fréquent, avant César comme
pendant la guerre des Gaules. Tous échouent. C’est le cas
de la tentative de Celtillos – le père de Vercingétorix –
chez les Arvernes et, plus tard, d’Orgétorix l’Helvète, de
Dumnorix l’Éduen ou de Casticos le Séquane. En 52 av.
J.-C., un jeune noble arverne, Vercingétorix, devient le
chef de la résistance gauloise.
Faire observer le document 3 p. 19 et faire répondre aux
questions 5 et 6. Les fouilles de l’oppidum de Bibracte,
capitale des Éduens, ont révolutionné la connaissance du
monde gaulois d’avant la conquête. Son site est celui du
mont Beuvray, un massif du Morvan situé à une vingtaine
de kilomètres d’Autun (question 5). En 1867, Napoléon III
charge Jacques-Gabriel Bulliot, négociant en vins à Autun
mais aussi figure de l’érudition régionale, d’engager des
fouilles sur le mont Beuvray, alors que les spécialistes
pensent que Bibracte se trouve sous la cité romaine
d’Augustodunum (Autun). Bulliot puis son neveu Joseph
Déchelette fouillent le site jusqu’en 1907, mettant au jour
le rempart de l’oppidum, des ateliers d’artisans, un sanctuaire et ses annexes, de grandes maisons romanisées. Le
matériel céramique et surtout métallique de Bibracte
devient la référence européenne, et Bibracte est considéré
comme le modèle de l’oppidum4. Comme tous les grands
oppidums, Bibracte est ceinturé par un rempart précédé
d’un fossé. Les plus impressionnantes de ces fortifications, que César nomme « murus gallicus », atteignent
4 mètres de hauteur et d’épaisseur. Les fouilles du rempart
à la porte du Rebout révèlent les techniques de construction : l’armature du murus gallicus est composée de poutres en bois entrecroisées et assemblées par des clous en
fer longs de 30 cm. Les rangées de poutres sont séparées
par des couches de pierraille et de terre. À l’avant, de gros
blocs de pierre forment un solide parement (question 6).
À Bibracte, des tours de guet coiffent des portes monumentales fermées la nuit par des vantaux de bois.
Sur les traces des gaulois
➤ Activité 2 : documents 2 et 3 p. 19
L’exploitation pédagogique
des documents
Les Gaulois ne sont pas des Barbares.
Faire observer le document 2 p. 19 et faire répondre à la
question 4. Cette maison gauloise de plan rectangulaire
(on ne trouve les maisons circulaires que dans les îles britanniques) appartient à un groupe de bâtiments délimité
➤ Activité 1 : document 1 p. 20
Faute de textes gaulois, notre connaissance de la religion
gauloise reste limitée.
3. Voir « Les Celtes » : « Le contexte historique », p. 9.
4. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage Celte », « Un oppidum gaulois », p. 16.
15
Dioscures avec l’assistance d’Apollon. Smertius permet
aussi à Cernunnos, par le sacrifice d’un cerf, de revenir
sous forme humaine afin de retrouver la déesse mère et de
l’épouser. Ce cycle mythologique commande les fêtes saisonnières, chaque épisode étant célébré à date fixe en
cérémonie religieuse. Quant à la déesse Epona (du celte
epos, qui signifie « cheval »), elle est toujours figurée avec
un cheval, qu’elle monte le plus souvent en écuyère,
accompagnée parfois d’un poulain. Epona est la protectrice des chevaux, des palefreniers, mais aussi des cavaliers et des voyageurs (question 2). Elle aide aussi
peut-être les âmes à se rendre dans le monde des morts.
Enfin, elle est l’une des rares divinités gauloises à avoir
été adoptée par les Romains.
Qu’il s’agisse des dieux, des sanctuaires ou du clergé druidique, la littérature gréco-romaine est d’utilisation délicate en classe. Les auteurs classiques se contentent de
reprendre Jules César. Pire, César lui-même, dans ses
Commentarii Rerum Gestarum, emprunte à Posidonius
d’Apamée, duquel proviennent les clichés qui sont répétés
jusqu’à la fin de l’Antiquité. Par exemple, la bravoure des
Gaulois qui s’explique par leur croyance en la métempsycose, qui leur retire toute peur de la mort, ou encore la
mise à mort par les vainqueurs des guerriers vaincus :
« Leur irréflexion s’accompagne aussi de barbarie et de
sauvagerie, comme si souvent chez les peuples du Nord :
je pense à cet usage qui consiste à suspendre à l’encolure de
leur cheval les têtes de leurs ennemis quand ils reviennent
de la bataille, et à les rapporter chez eux pour les clouer
devant les portes. » Quant à la description des sacrifices
humains, elle fait l’objet d’une complaisance morbide (de
manière à justifier la conquête, qui a permis de normaliser
la religion gauloise) : « Ce furent les Romains qui mirent
fin à ces coutumes, ainsi d’ailleurs qu’à toutes les pratiques de sacrifices et de divination contraires à nos usages,
car ils [les Gaulois] cherchaient des présages dans les
convulsions d’un homme, désigné comme victime, qu’on
frappait dans le dos d’un coup d’épée. Ils ne sacrifiaient
jamais sans qu’un druide fût présent. On cite plusieurs formes de sacrifices humains chez eux : par exemple, on tuait
certaines victimes à coups de flèches, ou on les crucifiait
dans les temples, ou encore on confectionnait une effigie
géante de paille et de bois, et après avoir jeté dedans des
bestiaux et des animaux sauvages de tout genre et des
hommes, ils en faisaient un holocauste. »5
➤ Activité 2 : document 2 p. 20
Les représentations de guerriers gaulois permettent de
comprendre les faits matériels observés lors des fouilles6.
Faire observer le document 2 p. 20 et faire répondre aux
questions 3 et 4. Le guerrier gaulois porte un casque en
forme d’abat-jour. Faire décrire le casque. Le casque
est parfois constitué d’une seule tôle de bronze martelé
mais, plus souvent, d’une tôle de fer. Certains sont ornés
d’un bouton sommital. Un protège-joues et protègemâchoires, mobile, articulé, est riveté au casque. Un
anneau permet de l’attacher sous le menton avec un lacet
en cuir. Faire remarquer aussi le couvre-nuque rigide et
riveté au casque.
La taille du fantassin est entourée d’une ceinture dans
laquelle est passée une épée. Pour laisser libre le flanc gauche et faciliter ainsi l’usage du bouclier, l’épée repose sur la
hanche droite. Elle est arrimée par une courroie de cuir et par
des anneaux, pour ne pas gêner les courses du fantassin. La
lame, plate, mesure environ 80 cm de long et 4 à 5 cm de
large. Les épées à bout pointu sont des armes d’estoc (frappe
avec la pointe) et de taille (frappe avec le tranchant de la
lame) ; les autres, à bout arrondi, sont exclusivement des
armes de taille. Le fourreau est en tôle de bronze ou de fer.
Le fantassin et le cavalier portent une lance. La longueur
standard de la lance est de 2,50 m ; sa hampe est en bois.
La forme et la longueur du fer varient selon que la lance sert
à un fantassin ou à un cavalier, au lancer ou au corps à corps.
Le fantassin porte un grand bouclier en bois, ovale et plat.
Son armature est maintenue par une pièce métallique
ronde, le umbo. Le bouclier possède une poignée centrale
(question 3) et protège bien le corps ; il permet de tenir
l’ennemi à distance et d’éviter, d’absorber ou d’évacuer
les coups par le repli ou la rotation de la main portante.
Depuis le IIIe siècle av. J.-C., une cotte de mailles avec
rabat sur les épaules complète l’équipement de protection
du cavalier (question 4).
Les sources classiques rapportent que les Gaulois combattent nus, mais les fouilles révèlent qu’ils sont habillés de
vêtements de couleurs vives, à carreaux, comme l’attestent les fragments de tissus bien conservés retrouvés dans
les tombes. Le costume celtique typique se compose de
braies – pantalon – collantes et resserrées aux chevilles,
d’un justaucorps bigarré et de bottines en cuir.
Les comparaisons entre le plus complet des objets religieux de la période indépendante, le chaudron de
Gundestrup (document 4 p. 13), et les plus anciens documents gallo-romains ont permis de reconstituer un cycle
mythologique gaulois. Ce cycle met en scène une déesse
mère qui épouse successivement le dieu du Ciel, Taranis,
et le dieu de la Terre, Esus. Ce dernier apparaît, suivant les
saisons, tantôt sous une forme humaine et sous le nom
d’Esus, tantôt sous la forme d’un monstre hybride moitié
homme moitié cerf, Cernunnos. Faire observer le document 1 p. 20 et faire répondre aux questions 1 et 2. En
tant qu’Esus, le dieu est celui de la Végétation et l’époux
printanier de la déesse mère ; en tant que Cernunnos, il est
le dieu des Enfers. Comme tous les dieux chtoniens, il est
assis en tailleur et porte un torque ; il en tient un autre dans
sa main droite. De sa main gauche, il brandit un serpent à
tête de bélier qui le protège (question 1). Il est entouré de
nombreux animaux, dont le taureau et le cerf. Cernunnos
devient, à la fin de l’hiver, l’amant de la déesse mère, qui
a quitté Taranis et ses chiens redoutables pour le rejoindre
sous la terre. Encouragé par la déesse mère, le compagnon
d’Esus, le héros Smertius, tue un chien de Taranis. Pour se
venger, le dieu du Ciel envoie un autre chien et transforme
la déesse mère et ses deux complices en trois grues, lesquelles reprennent leur forme humaine grâce à Smertius,
qui sacrifie les trois taureaux divins découverts par les
5. Strabon, Géographie, IV, 5, trad. F. Lasserre, coll. « Universités de France ».
6. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des Celtes », documents 4, 5 et 6 p. 15.
16
➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 21
Gaule celtique ou les renforce : au IIe siècle avant J.-C., ce
sont des royautés ; au Ier siècle av. J.-C., ce sont des pouvoirs oligarchiques. Il faut donc en finir avec la légende
d’une Gaule farouchement retranchée, de Gaulois vivant
comme des demi-sauvages. Nous avons affaire, surtout
pour la « Gaule chevelue », à des pouvoirs parfaitement
constitués, entretenant contacts et échanges avec le monde
extérieur.
La richesse de la Gaule repose sur l’agriculture et
l’élevage.
Les textes grecs et latins mettent l’accent sur l’exceptionnelle fécondité agricole de la Gaule. Les fouilles mettent
au jour nombre de petits établissements ruraux7. L’étude
de l’outillage montre qu’aux IIe et Ier siècles av. J.-C. sont
mis au point les outils de fer qui formeront, jusqu’au
XIXe siècle, le fonds de toute exploitation agricole, depuis
la faux, la faucille et la bêche, jusqu’aux forces pour tondre les moutons. Les progrès de la métallurgie du fer profitent aussi aux instruments à abattre et à travailler le bois,
ainsi qu’à l’outillage artisanal.
Faire observer le document 4 p. 21 et faire répondre aux
questions 6 et 7. L’araire en bois est toujours en usage : un
attelage de bovidés tire l’araire avec un harnais qui leur
serre le cou et les étrangle lorsque l’effort est intense
(question 6) ; le paysan conduit l’attelage avec un bâton
(question 7). L’araire en bois est amélioré grâce à l’ajout
d’un soc de fer, qui permet de labourer les sols lourds. Le
coutre du soc retourne la terre de part et d’autre du sillon
et l’aère en même temps, ce qui permet de semer plus profond et de mieux enfouir les graines, et donc d’en perdre
moins. Les paysans fertilisent les sols avec l’apport de
fumier et pratiquent la jachère. La Gaule est donc un grenier à céréales : blé, orge, millet, avoine, froment, sarrasin.
Cette base agricole ne permet pas de considérer la Gaule
comme une entité isolée. Tout le Midi, depuis la fondation
de Marseille en 600 av. J.-C., est en relation avec les puissances méditerranéennes, de même que les peuples de la
Gaule indépendante. Ainsi, au IIe siècle avant J.-C., les
Éduens sont liés à Rome par une alliance qui remonterait
au siècle précédent. Une alliance très forte puisque les
Éduens sont déclarés « frères du même sang » du peuple
romain, une formule utilisée par Rome seulement à
l’égard des Troyens – dont les Romains se prétendent les
descendants.
Faire lire le document 3 p. 21 et faire répondre à la question 5. À partir du IIe siècle avant J.-C., on constate une
intensification des échanges marchands entre la Gaule et
l’Italie, qu’illustrent les épaves de navires chargés de vin
italien retrouvées par l’archéologie sous-marine. Le vin
est convoyé dans des amphores, alignées et calées dans les
soutes par des branchages ; selon la taille du bateau, 4 000
à 10 000 amphores peuvent être transportées. Ainsi,
500 000 à 1 million d’amphores arrivent chaque année en
Gaule (soit 125 000 à 250 000 hectolitres, puisqu’une
amphore contient 25 litres !). Les droits de péage – à
hauteur des volumes importés – sont considérables (question 5). Les Gaulois exportent des métaux (cuivre, plomb,
étain, fer), du blé livré en vrac dans des sacs, des tissus, du
bétail, des salaisons et des fourrures. Mais l’essentiel des
trafics est celui des esclaves ; c’est l’époque où l’esclavage atteint son apogée en Italie à cause du mode d’exploitation du sol et parce que, pour tenir son rang, un
patricien doit entretenir une foule servile. L’intensification
du commerce accélère l’émergence de pouvoirs forts en
➤ Activité 4 : document 5 p. 21
Conquise par Jules César, la Gaule reste sous l’imperium
romain jusqu’au Ve siècle ap. J.-C.
Dire aux élèves que notre source sur la guerre menée par
Rome contre les Gaulois est La Guerre des Gaules (De
Bello Gallico) de Jules César. À part le livre VIII, écrit
après la mort de César par l’un de ses collaborateurs,
Hirtius, les autres sont rédigés par César lui-même, dans
ses quartiers de Bibracte, après la prise de l’oppidum
d’Alésia, durant l’hiver 52-51 av. J.-C. La méthode de travail est intermédiaire : alors qu’un historien amalgame des
matériaux provenant d’autrui, César mémorialiste fait
entrer le contenu de ses dossiers dans des livres de forme
annalistique, ce genre constituant à Rome le cadre traditionnel des plus vieilles chroniques, où le récit est réparti,
découpé année par année, saison par saison. Les dossiers
comprennent un journal de marche, des lettres ou rapports
reçus de divers officiers et le double des rapports officiels
de César au Sénat de Rome. Après la mort de César,
Hirtius compose de la même manière le livre VIII, et
d’autres, les « continuations » du corpus césarien : Guerre
d’Alexandrie, Guerre d’Afrique, Guerre d’Espagne.
Faire lire le document 5 p. 21 et faire répondre à la question 8. On peut considérer que les peuples cités par Jules
César sont en place dans les années 150 av. J.-C. Toutes les
tribus gauloises n’ont pas la même importance. Faire
reprendre le document 1 p. 18, qui montre de grands territoires dans le Midi et dans le Centre (des Séquanes aux
Santons d’est en ouest). En revanche, la partie septentrionale de la Gaule est formée d’une mosaïque de petits peuples (Nerviens, Ambiens, Atrébates d’Arras, Trévires,
Rèmes). Mais chacun a le sens de son identité : « Tous ces
peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes,
les lois » (question 8). Évoquer aussi la généralisation du
monnayage indigène. Vers le milieu du IIIe siècle av. J.-C.,
les Arvernes frappent la première monnaie gauloise, monnaie d’or qui imite le statère grec de Philippe II de
Macédoine qui circule déjà dans tout le Bassin méditerranéen. Dorénavant, la noblesse gauloise règle ses dépenses
de prestige avec des pièces d’or. L’essor des oppidums, la
multiplication des transactions et l’apparition de milliers
d’objets de fer de faible valeur provoquent, vers 100 av.
J.-C., le besoin de petite monnaie. Si les produits de luxe
sont toujours payés en pièces d’or, les achats quotidiens
s’acquittent avec des pièces de bronze ou d’argent, qui
n’ont de valeur que sur le territoire de la tribu. En dehors,
elles ne sont acceptées que pour leur poids en métal précieux. Les monnaies sont une des créations les plus originales des Gaulois. Les motifs humains, animaliers ou
7. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », documents 2 et 3 p. 19.
17
d’art sont réalisés, tels cet enfant vêtu d’un manteau à
capuchon (musée des Antiquités nationales à SaintGermain-en-Laye) et ce grand sanglier à échine (Musée
historique de l’Orléanais). Le cucullus, ou manteau à
capuchon, a fait fureur chez les Romains au point que
l’empereur Caracalla (188-217) lui doit son surnom.
Quant au sanglier, il est le gibier par excellence et le mets
de prédilection des dieux et des héros. Les bronziers exercent aussi leur talent dans la fabrication de la vaisselle,
d’éléments de chariots ou de bateaux. Au Ier siècle av. J.-C.,
le fer, beaucoup moins coûteux que le bronze, investit la
vie quotidienne. Ainsi, à côté des armes, toujours d’excellente qualité, les forgerons produisent, dans des fourneaux
de petites dimensions, des outils agricoles plus perfectionnés, des clefs et des serrures, et les clous nécessaires à
l’assemblage des énormes poutres du murus gallicus. Ce
sont eux aussi qui inventent le cerclage des roues sans
clous.
abstraits sont décomposés et recomposés à l’infini : chevaux au corps très stylisé, parfois à tête humaine, sangliers,
motifs celtiques (boucles, esses…), noms d’oppidums,
visages, notamment celui de Vercingétorix au profil grec
et aux longues boucles.
l’héritage gaulois
Le pain
La culture principale, pilier de l’économie agricole de la
Gaule, est le blé. Il est le plus souvent récolté à la faux ou
à la faucille. Des meules tournantes en pierre en broient
les grains. Cette farine, stockée dans d’énormes jarres en
céramique, les dolia, est transformée en pâtisseries, en
galettes et en pain. Si on ajoute la viande de porc, les salaisons, le lait, les légumes (petits pois, lentilles, fèves, peutêtre choux, navets et carottes) et différentes sortes de
bières, on approche de ce que pouvait être l’alimentation
gauloise au Ier siècle av. J.-C.
➤ Activité possible
Le musée des Antiquités nationales à Saint-Germainen-Laye (78) possède la plus riche collection française
d’armes, bijoux, vaisselle et autres outils de l’époque
gauloise. Demander aux élèves de confectionner des
panneaux pour préparer une exposition thématique sur
l’artisanat gaulois.
Les noms des fleuves
et des rivières de France
Si la langue française a pour principale origine le latin, il
ne faut pas oublier que le latin lui-même a intégré des
mots gaulois. Par exemple, les fameux pantalons gaulois
sont nommés « braies » en français, braca en latin,
emprunté au gaulois. De même, char, charrette, charpente… sont dérivés de mots gaulois latinisés. Beaucoup
de noms d’arbres (chêne, bouleau…), de plantes (verveine, bruyère…), de cours d’eau (Seine, Saône…), de
montagnes (Ardennes, Vosges…) nous viennent du gaulois. Quant aux villes et villages qui portaient des noms
latins après la conquête, ils ont repris des noms rappelant
leur origine gauloise. Lutèce s’est appelée Paris, du nom
des Parisii. Avaricum est devenue Bourges, du nom des
Bituriges.
pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon.
Par exemple, « tribus », « agriculture », « élevage »,
« polythéisme », « artisans », « oppidum », « conquête
romaine ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les
repères figurant dans la chronologie p. 18. Mettre en
commun les réponses et écrire ensemble le résumé de
cette séquence.
➤ Activité possible
bibliographie
Les élèves sont invités à se documenter sur l’origine du
nom de leur lieu de résidence et de leur région.
– C. Delaplace, J. France, Histoire des Gaules, VIe siècle
av. J.-C. / VIe siècle ap. J.-C., coll. « Cursus », Armand
Colin, 2005.
– C. Goudineau, Regard sur la Gaule, Errance, 2000.
– L’Art celtique de la Gaule au musée des Antiquités
nationales, catalogue d’exposition, Réunion des musées
nationaux, 1989.
– M. Py, Les Gaulois du Midi, de la fin de l’âge de bronze
à l’époque romaine, Hachette, 1993.
L’artisanat / L’art des bronziers
La place des artisans est si éminente qu’ils sont enterrés
avec leur outillage, comme jadis un prince hallstattien
l’était avec son char ou ses armes. Au premier rang de ces
artisans, les bronziers. Le bronze – alliage de cuivre et
d’étain, qui, neuf, est d’une belle couleur jaune d’or – est
le matériau de la parure : fibules pour agrafer les vêtements, torques, bracelets, ceintures, chaînes. Des objets
18
Écrire à la manière de… l’antiquité
Pages 24 et 25 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Au cours de sa scolarité, l’élève découvre de nouveaux supports de travail (glaise, pâte à modeler) et d’autres instruments, notamment ceux qui marquent le support (pointe, peigne, manche du pinceau, etc.). Il enrichit et module son
geste pour le rendre précis ou aléatoire, vif ou modéré, souple ou cassant, appuyé ou léger, impliquant le corps entier,
ou seulement le bras ou le poignet, guidé ou non à l’aide d’un instrument.
Compétences
• Être capable de choisir, manipuler et combiner des matériaux, des supports, des outils.
• Être capable de témoigner d’une expérience, de s’exprimer sur une œuvre.
L’exploitation pédagogique en classe
grammes et les phonogrammes. En parallèle, les Égyptiens utilisent aussi des signes-consonnes, établissant
ainsi ce que l’on peut appeler un alphabet. Bien que la
combinaison de ces différents signes ait été suffisante
pour écrire, les Égyptiens y ont ajouté des signes idéographiques.
Ils utilisent aussi les couleurs pour donner un sens à leurs
écrits : le bleu se rapporte au ciel, le rouge à la terre et au
soleil, le vert à l’eau. Pour connaître le sens de la lecture,
les Égyptiens regardent la direction des têtes d’animaux et
d’hommes, leurs yeux étant tournés vers le début des
textes. Seul les noms des souverains égyptiens sont gravés
dans des cartouches.
Écrire, c’est garder une trace de ce que l’on dit, de ce que
l’on possède, de ce que l’on pense.
Les premiers textes retrouvés au cours du IVe millénaire
avant Jésus-Christ sont liés au recensement des biens que
les hommes possédaient (nombre d’animaux dans un troupeau, quantité de grains récoltée…) ainsi qu’aux nécessités du pouvoir (impôts, lois…).
L’écriture est liée à l’évolution de la société : elle favorise une
organisation plus complexe, elle permet de garder des traces.
Les premiers textes ont été retrouvés sur des tessons de
poteries ou des tablettes d’argile. D’autres supports ont été
utilisés, comme le cuir, les étoffes, le papyrus – duquel
provient le mot « papier ». L’écriture, les outils, les signes
et les supports ont été simplifiés avec l’usage.
➤ Activité 2 : « Je réalise une tablette
à la manière de… »
Dans l’Antiquité, des types d’écriture très différents ont
été créés : hiéroglyphes égyptiens, cunéiformes sumériens, alphabet grec.
Les Égyptiens écrivent avec des pictogrammes : un signe
équivaut à un mot.
Les Sumériens, vers 2600 av. J.-C., ont apporté une amélioration très importante à l’écriture : les scribes ont utilisé
un roseau coupé en biseau pour imprimer la glaise encore
molle de leurs tablettes. C’est de là que vient le nom de
leur écriture : l’écriture « cunéiforme » (en forme de
coins). À partir de cette forme de base, les Sumériens ont
développé une écriture qui servit de fondement à toutes les
autres écritures cunéiformes.
Par la suite, les Phéniciens ont révolutionné le système de
l’écriture en inventant un alphabet uniquement composé
de consonnes. Cet alphabet était composé de 22 lettres. Il
était très facile à utiliser, ce qui a permis à tout le monde
de l’apprendre.
Les Grecs, leurs voisins, l’ont adopté. Ils y ont ajouté les
voyelles, qui facilitent la lecture. Le mot « alphabet » vient
de la réunion de la première lettre, alpha (A), et de la
deuxième, bêta (B).
1. J’écris mon âge à la manière du scribe Intef
Les Égyptiens ont un système de numérotation décimal.
Ils utilisent la répétition de l’unité autant de fois que
nécessaire pour les nombres jusqu’à 9. La répétition de
l’écriture du nombre 10 permet d’écrire les nombres
jusqu’à 90. Pour écrire 8, les Égyptiens notent huit fois le
signe 1 ; 90 s’écrit par la répétition du signe 10 neuf fois.
Le mot « papyrus » désigne à la fois la plante (roseau à
longue tige poussant sur les bords du Nil) et le support de
l’écriture. Pour fabriquer le papyrus, les Égyptiens procèdent en cinq étapes :
1. Ils commencent par couper les tiges en morceaux
de 40 cm de longueur. Après avoir retiré l’écorce, le
papyrus est débité en fines lamelles dans le sens de la
longueur.
2. Les lamelles sont disposées les unes à côté des autres
pour former un carré. La seconde couche de lamelles est
déposée à 45 degrés. Les deux couches sont frappées avec
un maillet pour les aplatir.
3. Si l’épaisseur n’est pas satisfaisante ou si des trous
apparaissent, il est possible de les boucher en ajoutant à
nouveau des lamelles. Pour que ces ajouts tiennent, la sève
du papyrus est utilisée comme colle.
4. L’opération est répétée plusieurs fois. Les feuilles ainsi
fabriquées sont placées ensuite sous une presse.
➤ Activité 1 : « Je découvre des techniques
et des écritures différentes »
L’écriture égyptienne est construite sur la redondance.
Les hiéroglyphes utilisent des signes-mots : les logo-
19
Pour aller plus loin
5. La dernière opération consiste à polir les feuilles à
l’aide d’un polissoir en ivoire ou en ébène pour que l’encre n’accroche pas.
Pour que les élèves écrivent sur du papier ressemblant
le plus possible au papyrus, il existe des feuilles à inclusions de fibres. Certains magasins spécialisés proposent
des feuilles de papyrus.
Pour écrire, les scribes utilisent soit des plumes taillées en
biseau soit des baguettes trempées dans l’encre.
L’utilisation des plumes Sergent Major est tout à fait envisageable au sein d’une classe.
Se confronter à d’autres écritures, c’est découvrir des
pays, des cultures et des langues. Pour étoffer ce travail, on
pourra proposer aux élèves et à leurs familles ayant une
écriture différente de venir présenter leur patrimoine
culturel au sein de la classe (calligraphie chinoise, écriture
arabe, écriture cyrillique…).
bibliographie
2. J’écris mon prénom à la manière des Grecs
Les enfants grecs et romains apprennent à écrire sur
une sorte d’ardoise recouverte d’une couche de cire.
Les lettres sont tracées à l’aide d’un stylet dont
l’extrémité opposée est aplatie. Cette sorte de spatule sert
de gomme. La cire étant relativement souple, les élèves
peuvent écrire plusieurs fois en utilisant la même couche
de cire.
Pour les textes qui doivent durer longtemps, l’ardoise de
cire est remplacée par une tablette d’argile gravée.
Les élèves peuvent écrire leur prénom dans de la terre
glaise, mais elle se craquelle souvent en séchant. Pour
obtenir un résultat plus satisfaisant, il est possible
d’utiliser de la pâte à modeler conçue pour sécher à l’air
libre.
Les stylets peuvent être remplacés avantageusement par
des baguettes chinoises que l’enseignant retaille préalablement en pointe. Les magasins de bricolage ont souvent un
rayon loisirs créatifs où l’on peut trouver des stylets pour
la poterie.
– J. Poirier, G. Rachet, Vie et activité des hommes dans
l’Antiquité, Hachette, 1981.
– K. Delobbe, Des Enfants dans l’Antiquité, coll. « Bonjour
l’Histoire », PEMF, 1999.
– M. Meuleau, Égypte Orient Grèce, Bordas.
sites
– http://classes.bnf.fr/dossier/
Dossier de la BNF sur l’écriture avec des pistes
d’exploitation en classe.
– http://www.dinosoria.com/naissance ecriture.htm
Ce site présente des images des différentes écritures.
– http://www.atelier-calligraphie.com/histoire.htm
Ce site explique comment fabriquer et utiliser un calame.
20
jules césar
Pages 26 à 31 du dossier
Référence aux Instructions officielles
La trajectoire dans l’histoire d’un peuple ou d’une ville destinés à un grand avenir est toujours entourée de mystère.
D’abord, l’historien est mal armé pour l’étude d’une époque très reculée dans le temps, qui n’est connue que par des
sources tardives ou partielles. Ensuite, une inclinaison naturelle porte les chroniqueurs à enjoliver et donc à déformer
la naissance de leur patrie. Rome ne fait pas exception à cette règle. Contrairement à ce que racontent les annales,
l’histoire de Rome, depuis ses origines jusqu’à la conquête de l’Italie, puis de la Méditerranée, n’est pas celle d’une
montée en puissance irrésistible. Et le tableau d’une cité progressant par une sorte de dynamique autonome est aussi
à critiquer. Rome, dès ses débuts, appartient à la communauté des cités latines dont elle partage longtemps le destin.
Comme elles, elle entretient d’étroites relations avec les deux civilisations de haut niveau qui l’encadrent : la civilisation
étrusque au nord et la civilisation grecque au sud.
Compétences
• Situer dans le temps les moments importants de la vie de Jules César.
• Mettre en perspective la trajectoire de Jules César dans la chronologie du
guerre civile).
• Caractériser une période : l’émergence de la monarchie militaire à Rome.
Ier
siècle av. J.-C (guerre des Gaules et
Photofiche
Voir la photofiche p. 54.
se prononcent souverainement sur les projets de lois et,
plus important que tout, délibèrent sur la paix ou la guerre.
Il appartient aux citoyens d’accepter ou de repousser une
alliance ou une paix, ainsi que les traités. Si nous fixons
notre attention sur le pouvoir des consuls, le gouvernement apparaît tout à fait monarchique. Si nous considérons le pouvoir du Sénat, il paraît être aristocratique, et
enfin, si l’on observe le pouvoir du peuple, il semble être
nettement une démocratie. »1 L’égalité civile et politique
des citoyens n’empêche pas la République romaine de
conférer un rang supérieur à quelques grandes familles,
les gentes2, qui sont à la tête de l’État. Cependant, la lutte
des ambitions personnelles, au cours du Ier siècle av. J.-C.,
annonce la disparition de la république. Les droits des
citoyens dépendront désormais du bon vouloir du général
victorieux, puis de l’empereur.
qui était jules césar ?
Le contexte historique
L’étude de la chronologie p. 26 permet de mettre en évidence deux époques successives :
– de la fondation légendaire de Rome en 753 av. J.-C. au
début de la République romaine en 509 av. J.-C., les annales, qui compilent des matériaux légendaires et historiques, situent les règnes de sept rois latins et sabins
jusqu’en 616 av. J.-C., étrusques ensuite ;
– la République romaine dure près de cinq siècles, de 509
à 27 av. J.-C. Elle recouvre la mise en place d’institutions
qui subsistent jusqu’au principat d’Octave, la conquête de
l’Italie, puis celle du monde méditerranéen, enfin les
guerres civiles du Ier siècle av. J.-C. qui aboutissent à la disparition définitive du régime.
Pour bien comprendre ce que représente la république
pour les Romains, il faut dire que les droits civils et politiques du citoyen sont garantis par la forme républicaine
du gouvernement, et que la république est intimement liée
au respect des lois et à la répartition des compétences
entre le Sénat, les magistrats et les citoyens : « C’est le
Sénat qui règle tout ce qui concerne les revenus et les
dépenses ; d’autre part, les consuls ont pleins pouvoirs
pour ce qui est des préparatifs de la guerre et de la
conduite des opérations [...]. Mais ce sont les citoyens qui
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 26
La Méditerranée se trouve, pour la première fois, unifiée
et pacifiée par la paix romaine (pax romana).
Faire observer le document 1 p. 26 et faire répondre aux
questions 1, 2 et 3. Depuis la fin du IIIe siècle av. J.-C., le
peuple romain étend son imperium à la fois sur la péninsule italienne et sur les rivages de la Méditerranée. Cette
conquête, commencée en Occident par l’occupation de la
Sicile (241 av. J.-C.), de la Sardaigne (236 av. J.-C.) et de
1. Polybe (v. 200 – 125-120 av. J.-C.), Histoires.
2. Les gentes regroupent tous ceux qui se rattachent à un ancêtre commun et éponyme. En plus de ceux qu’unissent les liens du sang, la gens comprend des
clients, qui doivent assistance à leurs patrons et reçoivent en échange aide et assistance en cas de besoin. Les gentes les plus puissantes forment une classe
privilégiée, le patriciat.
21
La légende des jumeaux, d’inspiration latine, date certainement du VIIe siècle av. J.-C. En effet, après cette époque,
les rois étrusques déplacent le centre de gravité de Rome
du Palatin vers le Forum. On voit mal pourquoi la dynastie étrusque, qui fait de cette fondrière régulièrement envahie par les eaux du Tibre le cœur de la nouvelle Rome,
détrônant ainsi la prééminence du Palatin, se serait en
même temps ingéniée à créer une légende qui donne précisément le rôle central au Palatin… L’enfance des
jumeaux est marquée, dans les annales destinées à glorifier les débuts de Rome, du sceau du merveilleux. Faire
observer le document 3 p. 27 et faire répondre à la question 6. Selon un récit transmis en particulier par l’historien Tite-Live (v. 64 – v. 10 av. J.-C.), Romulus et Remus
sont originaires d’Albe-la-Longue, capitale mythique des
Latins, dont les Romains disaient qu’elle avait disparu et
qu’ils situaient sur les bord du lac d’Albano, à 30 km au
sud de Rome. Leurs parents sont la vestale Rhea Silvia et
le dieu Mars. Condamnés à mort par leur grand-oncle
Amulius, usurpateur du trône d’Albe, les jumeaux, abandonnés sur le Tibre, sont sauvés par le berger Faustulus,
qui les trouve au moment où une louve les allaite (question 6). Cette scène se déroule au flanc du Palatin, l’une
des collines de la future Rome. Les jumeaux apprennent
leur véritable filiation, chassent Amulius et replacent leur
grand-père Numitor sur le trône d’Albe ; puis Romulus
fonde Rome.
l’Espagne (197 av. J.-C.), se poursuit conjointement dans
les deux bassins de la Méditerranée. Elle s’accélère à partir du IIe siècle av. J.-C. avec la création des provinces de
Macédoine (148 av. J.-C.), d’Afrique (146 av. J.-C.) et
d’Asie (133-129 av. J.-C.) (question 1), ainsi que de la
Gaule narbonnaise (125-121 av. J.-C.). Luttant à la fois
contre les pirates qui pullulent et contre le roi du Pont3,
Mithridate VI Eupator, dont les ambitions menacent la
présence romaine en Asie et en Grèce, Rome continue de
créer des provinces en Orient : Cilicie (96 av. J.-C.),
Bithynie-Pont (74 av. J.-C.), Syrie (64 av. J.-C.), Chypre
(59 av. J.-C.). Les royaumes hellénistiques, vestiges des
conquêtes d’Alexandre le Grand, disparaissent. L’épopée
césarienne ajoute la Gaule celtique (58-52 av J.-C.) et la
Numidie (question 2). Ainsi, lorsque Marc Antoine et
Octave, associés à Lépide au sein du second triumvirat
(43 av. J.-C.), se posent en vengeurs de César assassiné, la
quasi-totalité des rivages de la Méditerranée obéit à Rome,
à l’exception du Royaume lagide4, réduit à l’Égypte.
Lorsque Octave décide « d’ajouter l’Égypte à l’imperium
du peuple romain »5 (31 av. J.-C.), il considère donc la
conquête comme terminée ; il fait fermer le sanctuaire de
Janus à Rome, ce qui n’était pas arrivé depuis plus de
deux siècles. Partout, Rome s’approprie l’espace en installant une administration provinciale6 réduite, chargée surtout de maintenir l’ordre public et de faire rentrer l’impôt.
La guerre est cantonnée aux périphéries de l’Empire. Pour
exprimer leur reconnaissance, les populations des provinces d’Asie et de Bithynie prennent l’initiative d’instituer un culte de Rome et d’Octave ; elles sont bientôt
imitées par d’autres. La paix romaine en Méditerranée –
des Colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar) au Bosphore
et au delta du Nil – durera cinq siècles (question 3).
Faire observer le document 4 p. 27 et faire répondre à la
question 7. La Rome de Jules César regroupe sept collines – le Palatin, l’Aventin, l’Esquilin, le Quirinal, le
Capitole, le Viminal et le Caelius (question 7) – situées
face au dernier gué du Tibre avant l’embouchure, à un
endroit où un méandre profond forme un excellent port
naturel pour les navires qui remontent le fleuve depuis la
mer Tyrrhénienne, à 30 km de là, et pour ceux qui le descendent. C’est le carrefour naturel des deux plus grandes
voies stratégiques et commerciales de l’Italie centrale : le
cours navigable du Tibre y croise la route terrestre qui
vient d’Étrurie et arrive jusqu’au gué du fleuve ; au-delà,
celle-ci se divise en deux voies donnant accès à la
Campanie et à l’Italie méridionale : celle de la vallée du
Sacco et du Liri (la future voie Latine) et celle des vallées
pontines (la future voie Appienne). Faire repérer le Palatin.
Les fouilles conduites sur une surface comprise entre l’arc
de Titus et la maison des Vestales prouvent l’existence
d’un habitat fortifié sur le Palatin dès le VIIIe siècle av.
J.-C. : comment ne pas penser, dans ce lieu et à cette époque, à la légende qui prétend que Romulus fonda Rome
sur le Palatin en 753 av. J.-C. ? Plusieurs fonds de cabanes
y ont été dégagés. Le tuf de la colline est creusé pour servir de sol à des cabanes de forme ovale dont le toit est soutenu par des pieux verticaux (les trous dans lesquels ils
étaient enfoncés sont encore visibles). Les urnes cinéraires
découvertes dans la nécropole du Forum reproduisent
minutieusement l’aspect de ces cabanes primitives.
➤ Activité 2 : documents 2, 3 et 4 p. 27
Quand et comment Rome est-elle née ?
La légende veut que Romulus ait fondé Rome en 753 av.
J.-C. sur le mont Palatin. Faire lire le document 2 p. 27 et
faire répondre aux questions 4 et 5. Les jumeaux Romulus
et Remus se disputent l’honneur de fonder une ville, et le
premier des deux frères tue le second. La légende utilise
un rite étrusque : après la prise des auspices (question 4)
et la détermination des points cardinaux, Romulus trace
sur le sol deux axes perpendiculaires, orientés respectivement nord-sud et est-ouest. Puis, guidant un araire, il ouvre
dans le sol le sillon primordial, dont la ligne (le pomerium) sert de ceinture de défense magique à la ville nouvelle. Enfin, un maillage de rues en damier divise l’espace
urbain. Une autre colline située au nord, le Capitole, porte
les temples des divinités poliades. Romulus bénéficie du
prestige d’avoir donné son nom à la cité (question 5) : sa
figure, marquée à l’origine de traits un peu frustes, s’idéalise, et il apparaît au Ier siècle av. J.-C. comme le prototype
du chef de guerre et de l’homme d’État (imperator en
latin) que les ambitieux prennent pour modèle.
3. Situé au bord de la mer Noire, le Pont couvre le nord-est de la Turquie actuelle.
4. La dynastie lagide est fondée par l’un des généraux d’Alexandre : Ptolémée, fils de Lagos.
5. Le Testament d’Octave, Res Gestae Divi Augusti, 27-1, Les Belles-Lettres, éd. J. Gagé, 1935.
6. Tandis que les provinces les plus anciennes et les plus calmes sont laissées à l’administration du Sénat, les autres sont placées sous l’imperium d’Auguste,
qui y nomme un légat.
22
➤ Activité 3 : document 5 p. 27
La supériorité de l’armée romaine repose longtemps sur la
composition de son recrutement. La citoyenneté romaine
est en effet un agrégat de droits, de devoirs et d’honneurs,
qui peuvent être acquis séparément et accordés progressivement. Au-dessus de tous les devoirs civiques, il y a, bien
sûr, le devoir militaire. Selon la règle qui veut qu’un
citoyen qui a un bien à défendre est plus efficace qu’un
autre qui ne possède rien, seuls les propriétaires terriens
sont recrutés pour former une armée en cas d’urgence, car
il n’existe pas d’armée permanente et professionnelle
entre le Ve et le IIer siècles av. J.-C. Ce contingent de citoyens
est la légion (du latin legio, qui signifie « levée »). En première ligne, les 82 centuries8 de la première classe censitaire sont armées à la manière de l’hoplite grec : casque de
bronze, cuirasse, protections pour tibias, épée, lance, bouclier rond en bronze. Les 20 centuries de la deuxième
classe sont équipées comme celles de la première, sauf
qu’elles n’ont pas de cuirasse et utilisent un large bouclier
de facture latine, le scutum. Derrière, les 20 centuries de
la troisième classe sont armées comme celles de la
deuxième, sauf qu’elles n’ont pas les protections de
bronze sur les tibias. La quatrième classe n’a ni casque ni
épée, mais un scutum et une lance légère. Les autres propriétaires forment les 32 centuries de la cinquième classe.
Polybe précise qu’une légion comprend 18 centuries de
cavaliers (equites en latin) sélectionnés parmi les gentes
les plus fortunées. Si les effectifs de chaque centurie sont
identiques – ce qui n’est pas certain –, l’effectif moyen
d’une légion avoisinerait les 4 000 hommes.
Jules César est le véritable fondateur de la monarchie militaire à Rome.
Faire observer le document 5 p. 27 et faire répondre aux
questions 8 et 9. Caius Julius Caesar (nom latin de Jules
César) est né à Rome, en 101 av. J.-C., d’une gens patricienne dont l’éponyme légendaire est Iulus, fils d’Énée, et
donc petit-fils de la déesse Vénus. Cette dynastie
n’émerge qu’au IIe siècle av. J.-C. : l’arrière-grand-père de
César est consul en – 157, son père est préteur vers – 91,
puis proconsul d’Asie. La grand-mère de César est une
Marcia, d’une gens dont l’éponyme est le dernier roi latin de
Rome, Ancus Marcius (640-616 av. J.-C.) ; sa mère est une
Aurelia, sœur de deux consuls. Sa tante paternelle a
épousé Caius Marius, six fois consul, sauveur de Rome
face aux Germains et chef du parti populaire. Héritier
politique de Marius, César est, en 65 av. J.-C., l’un des
champions de la plèbe urbaine. Son alliance avec Pompée
et Crassus7 lui permet de devenir consul dès 59 av. J.-C.
Puis, un plébiscite lui attribue pour cinq ans (jusqu’en
54 av. J.-C.) les provinces de l’Illyrie et de la Gaule cisalpine, avec trois légions. Le Sénat, par surenchère, y ajoute
la Gaule transalpine et une légion. César a 43 ans (question 8) lorsqu’il entame la conquête de la Gaule indépendante (58-52 av. J.-C.), se forgeant une armée entraînée et
dévouée et s’attirant gloire et richesses. En 50 av. J.-C., il
refuse de quitter son commandement sans être certain de
son élection comme consul pour 49 av. J.-C. Les patriciens
du Sénat confient alors à Pompée le soin de « défendre la
République ». La guerre civile va durer jusqu’en juillet
45 av. J.-C. César l’emporte grâce à son armée, à sa popularité parmi la plèbe, et à ses clientèles dans la bourgeoisie municipale. En 44 av. J.-C., César rêve à une grande
entreprise en Orient qui doit le conduire sur les traces
d’Alexandre le Grand : l’expédition parthique, destinée à
venger Crassus. Sa propagande prépare l’opinion romaine
à ce que lui soit attribué le titre de roi (question 9). Mais
il est assassiné par une poignée de sénateurs le 15 mars de
la même année. César laisse aussi une œuvre littéraire –
aux dires de Cicéron – d’une « souveraine perfection » :
dans ses Commentarii Rerum Gestarum, il raconte sept de
ses campagnes en Gaule (De Bello Gallico, livres I-VII,
années 58 à 52 av. J.-C.) et les deux premières années de la
guerre civile, qui le font vainqueur de Pompée (De Bello
Civilo, en trois livres, années 49 et 48 av. J.-C.).
Dire aux élèves qu’un grand repère dans l’organisation
militaire de Rome est associé au consul Caius Marius
(157-86 av. J.-C.). Comme l’imperium du peuple romain
s’étend, Rome ne peut plus mobiliser sur la seule base
censitaire. La décision de Marius d’enrôler les citoyens les
plus pauvres – les proletarii en latin – permet aux nouvelles légions levées d’être pérennes. La légion devient un
contingent permanent et professionnel, et l’armement est
uniformisé. Faire observer le document 1 p. 28 et faire
répondre aux questions 1 et 2. L’armure d’un légionnaire
et d’un centurion au Ier siècle av. J.-C. est un plastron fait
de mailles – les mailles sont une invention celtique datant
du IVe siècle av. J.-C. – avec ses doublements distinctifs
pour les épaules. Le casque porté ici par le légionnaire est
du style dit « Monteferino » datant du début du IIe siècle
av. J.-C. Le javelot lourd des légionnaires est le pilum.
C’est une hampe de bois longue de 1,40 m environ, munie
d’une tête de fer qui devait se courber sous le choc pour ne
pas être réutilisée par l’ennemi. La longueur moyenne du
pilum est de 2,10 m. L’épée utilisée par le légionnaire et le
centurion est le glaive de taille et d’estoc, fabriqué d’après
un modèle espagnol. Le scutum est le plus souvent recouvert de peau de veau et renforcé en haut et en bas par du
fer. L’équipement du soldat régulier inclut aussi les rations
d’urgence et le matériel de cuisine. Le légionnaire doit
porter ses armes, une scie, un panier léger, une pièce de
cuir et une faucille. Tout ce qu’il ne peut pas porter est
attaché au bout d’une longue perche. Marius aurait intro-
Sur les traces de jules césar
L’exploitation pédagogique
des documents
➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 3 p. 28
Comment peut-on expliquer la supériorité des légions
romaines ?
7. Ce syndicat de politiciens ambitieux est connu sous le nom de « premier triumvirat ».
8. Unité militaire de cent hommes d’armes dans la légion romaine.
23
emparé du Pays ménape : cela lui donne l’occasion de
franchir le Rhin pour la première fois (question 10). Puis,
César passe en Bretagne avec deux légions, mais pour
trois semaines seulement. Il repasse la Manche en 54 av.
J.-C. et s’enfonce au-delà de la Tamise. Il reçoit la soumission du chef breton Cassivellaunos. Jusqu’alors, la politique de César est, après avoir exhibé sa force et battu les
différents peuples indigènes, d’installer partout des sortes
de protectorats, en favorisant dans chaque cité un prétendant ou une faction ; il n’est pas question d’annexion,
mais plutôt d’une sorte de clientélisme. À la fin de l’année
54 av. J.-C., César doit mater une révolte des Éburons et
des Nerviens d’Ambiorix, qui ont massacré une légion
tombée dans un piège. Malgré le calme apparent des
autres peuplades, qui protestent de leur fidélité, les troubles politiques à Rome et en Italie ainsi que l’échéance de
la fin du proconsulat de César entretiennent en Gaule un
sentiment d’insécurité. Profitant de son absence pendant
l’hiver 53-52 av. J.-C., des chefs gaulois fomentent une
insurrection, dont le signal est donné par les Carnutes, qui
assassinent à Genabum (Orléans) tous les négociants
Romains.
duit la fourche sur le haut de la perche afin de faciliter le
port (question 1). En effet, plutôt que de transporter les
équipements en charrette ou à dos de mulet, ce qui ralentit la progression du contingent, Marius fait porter le matériel par les hommes eux-mêmes. Plutarque rapporte que
les légionnaires du Ier siècle av. J.-C. sont surnommés « les
mulets de Marius » (question 2).
La supériorité de l’armée romaine repose aussi sur sa discipline collective. En face, le Barbare, le Celte de la
guerre des Gaules et, plus tard, le Germain ou le Dace préfèrent le combat singulier où deux champions décident,
par leur duel, du sort de leurs peuples. On retrouve cette
conception dans les vertus chevaleresques. Mais déjà, le
récit de Tite-Live oppose le duel celtique à l’engagement
collectif romain. Faire observer le document 2 p. 28 et
faire répondre aux questions 3 et 4. La discipline collective de la légion est un savant mélange de punitions et de
récompenses :
– la privation de butin est une punition : avant la professionnalisation du contingent, elle exprime le rejet symbolique d’un citoyen-soldat du corps civique mobilisé ; après
la professionnalisation, elle prive le soldat d’une part de
ses revenus (question 3) ;
– le soldat peut recevoir une part de butin, être décoré et
être promu dans la hiérarchie militaire (question 4).
Faire lire le document 5 p. 29 et faire répondre aux questions 12, 13 et 14. En 57 av. J.-C., César monte une expédition dans la province de Belgique. Avant l’insurrection
générale de 52 av. J.-C., en effet, les offensives de César
sont limitées à la zone nord de la Gaule : les pays de Loire,
la Bretagne, la Normandie, la Picardie, le nord et le nordest, autrement dit la zone la moins romanisée, celle qui a
le moins de contacts avec l’Italie. César cherche à rendre
ces régions plus perméables aux grands échanges commerciaux, à y trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en matières premières et en esclaves, et aussi, sans
doute, à les placer sous la coupe des grands peuples du
centre de la Gaule, qui sont encore ses alliés. César remporte plusieurs victoires en Gaule du Nord, non sans difficultés, comme la bataille de la Sambre contre les Nerviens
(question 12). La résistance de cette peuplade est saluée
par le proconsul : « À la fin de la bataille, l’ennemi, alors
qu’il ne lui restait guère d’espoir, montra un grand courage. Quand les premiers étaient tombés, ceux qui les suivaient montaient sur leurs corps pour se battre. Quand ils
tombaient à leur tour et que s’entassaient les cadavres, les
survivants renvoyaient les javelots sur nos soldats » (question 13). Comprenant que tout était perdu, « les vieillards
firent soumission complète à César » (question 14).
Faire observer le document 3 p. 28 et faire répondre aux
questions 5, 6, 7 et 8. Les camps romains peuvent être
permanents, ou occasionnels s’ils sont associés à un
siège9. Les troupes massées à l’intérieur du camp sont protégées par un fossé et une palissade (question 5) ; les quatre tours d’angle en bois sont des postes d’observation sur
360 degrés (questions 6, 7 et 8).
➤ Activité 2 : documents 4 et 5 p. 29
Les brillantes campagnes de César révèlent la supériorité
de l’armée romaine.
Faire observer le document 4 p. 29 et faire répondre aux
questions 9, 10 et 11. Rappeler aux élèves que le Midi de
la Gaule, qui s’étend d’Antibes à Toulouse au sud et
jusqu’à Vienne au nord, est conquis vers 125-122 av. J.-C.
et que la province narbonnaise y est constituée10. En 58 av.
J.-C., les Helvètes entament une migration qui doit les
conduire dans l’actuelle Saintonge. César leur refusant de
traverser la Gaule narbonnaise, ils se lancent à travers la
Franche-Comté et atteignent la Bourgogne. À l’appel de
chefs éduens, César les poursuit et leur inflige une
cuisante défaite près de Bibracte. À la demande des tribus
du Centre, César s’en prend aussi au chef germain
Arioviste, qui s’est implanté chez les Séquanes ; il le vainc
aux alentours de Mulhouse. En 57 av. J.-C., César occupe
la Gaule du Nord. En 56 av. J.-C., il s’attaque à
l’Armorique et défait les Vénètes du Morbihan (question
9), pendant que P. Crassus, le fils du triumvir, son légat,
mène une guerre un peu à part contre les Aquitains. En 55
av. J.-C., son projet est de passer en Bretagne, mais il doit
d’abord affronter les Usipètes et les Tencthères, deux peuplades germaniques qui ont traversé le Rhin et se sont
l’héritage des romains
La ville de Rome
Les vestiges archéologiques du Palatin ne sont pas les plus
anciens du site de Rome. Une trouvaille faite au pied du
Tabularium, au bas du Capitole, prouve que cette colline
est occupée dès le IXe siècle av. J.-C ; entre le Xe et le
9. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces de Vercingétorix », documents 2 et 3 p. 34.
10. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 1 p. 18.
24
noms apparaissant tantôt dans une langue tantôt dans l’autre.
Les tribus du centre de la Gaule adoptent naturellement la
civilisation gréco-romaine parce qu’elle les attire11. Cette
démarche se fait pacifiquement. Ce processus n’a rien de
commun avec ce que l’Histoire contemporaine connaît
sous le nom de « colonisation ». Les empereurs antonins
(Trajan, Hadrien, Marc Aurèle…), par exemple, qui succèdent aux Flaviens et règnent de 96 à 192 ap. J.-C., sont originaires d’Espagne ; mais descendent-ils de colons
romains ou d’indigènes ? Cette distinction n’a pas de sens
pour les Romains, car il n’y a pas eu de résistance à la paix
romaine. Rome tient la Gaule ou la province d’Afrique
avec dix mille légionnaires ! La civilisation gréco-romaine
modèle aussi le paysage sur toutes les rives de la
Méditerranée : des amphithéâtres sont construits en Gaule
et en Espagne ; la vigne est introduite en Gaule par des
négociants romains, et l’olivier arrive en Espagne lorsque
les familles fortunées de la péninsule décident de se lancer dans une culture spéculative et d’exporter leur huile
par Tarragone et Valence jusqu’à Rome… Le droit public
est un apport spécifiquement romain. Les magistrats romains
respectent partout le droit autochtone, mais obligent les
parties en conflit à se plier à la procédure romaine. Le
droit romain se répand de lui-même parce qu’il est plus
efficient. Ainsi, les royautés germaines conserveront,
après la chute de l’Empire, le Code théodosien, rédigé de
435 à 438 ap. J.-C., qui compile les Constitutions impériales promulguées depuis 312.
siècles av. J.-C., le Quirinal abrite un hameau de cabanes. Il n’y a donc pas d’antériorité évidente du site du
Palatin. D’autre part, on ne peut plus dire qu’un habitat
situé originellement sur le Palatin se serait peu à peu
agrandi en fusionnant avec d’autres villages situés sur les
collines proches, puisque nous savons que la plaine qui
deviendra le Forum est marécageuse jusqu’au VIe siècle av.
J.-C. ; il est donc inimaginable que les Latins de villages
voisins aient pris l’habitude de s’y rencontrer. En fait, ce
qui s’est passé à Rome correspond à un schéma détaillé
ailleurs par les archéologues, non seulement dans le
Latium, mais aussi dans toute l’Italie centrale. Au VIIIe siècle av. J.-C., les anciens villages sont abandonnés au profit de l’un d’entre eux. Cette évolution est constatée à
Véies, à Tarquinia et, bien plus loin, à Felsina (l’actuelle
Bologne). La légende de Romulus ne dit pas autre chose
lorsqu’elle affirme que c’est bien au VIIIe siècle av. J.-C.,
sur le Palatin, que la ville de Rome est fondée. Cette
légende correspond à une réalité archéologiquement certifiée. Nous savons donc quand et comment est née Rome.
Peut-on connaître aussi les causes de cette naissance ?
Dans toute société, et notamment dans les économies primitives où l’élevage joue un grand rôle, le sel (sal en latin)
est un produit vital (ce que révèle le mot salarium qui a
donné « salaire » en français). Rome devient un centre de
commerce du sel. C’est que, à 30 km de là, sur la côte,
s’étendent des marais salants – le Campus Salinarum.
Mais ils sont situés sur la rive droite de l’embouchure du
fleuve. Il faut donc aux bergers sabins et latins des monts
albains descendant vers la mer un point de passage entre
leur rive et l’autre côté du fleuve. Ce point de passage est
la ville de Rome.
VIIIe
pour construire le résumé
➤ Activité possible
Distribuer aux élèves un plan du Forum au Ier siècle av.
J.-C. ; faire identifier les bâtiments placés à la périphérie
du Forum ; faire délimiter deux grandes « masses » selon
la fonction des bâtiments : l’espace civique et l’espace
religieux.
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon.
Par exemple, « Rome », « république », « légion », « Jules
César », « La Guerre des Gaules ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant sur la chronologie p. 26. Mettre en commun les réponses et écrire
ensemble le résumé de cette séquence.
L’influence de Rome
sur les trois continents
Retenir que la culture dominante en Méditerranée est
grecque et que des apports romains sont venus s’y ajouter.
La médecine, la philosophie, les mathématiques ou la rhétorique sont grecques ; les monuments, les jeux du cirque
et le droit sont romains. Ainsi, l’Empire parle latin en
Occident, et grec en Orient. Ensuite, la conquête permet
l’extension de la civilisation gréco-romaine vers l’intérieur des terres ; évidemment, l’acculturation est plus
rapide dans les villes que dans les campagnes : à Palmyre
coexistent l’architecture gréco-romaine et la sculpture
orientale ; en Égypte, les riches citadins ne savent pas euxmêmes s’ils sont plutôt Égyptiens ou plutôt Grecs, leurs
bibliographie
– A. Grandazzi, La Fondation de Rome. Réflexion sur
l’Histoire, Les Belles-Lettres, 1991.
– C. Nicolet (s.d.), Rome et la conquête du monde méditerranéen, PUF, 1988.
– M. Sartre, A. Tranoy, La Méditerranée antique (IVe siècle
av. J.-C., IIIe siècle ap. J.-C.), coll. « Cursus », Armand
Colin, 1990.
– C. Goudineau, César et la Gaule, Errance, 1990.
11. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage de Vercingétorix », document « Les Gaulois influencés par les Romains », p. 37.
25
vercingétorix
Pages 32 à 37 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Le mythe Vercingétorix se compose à une époque – Second Empire et IIIe République naissante – où la vulgate
officielle insiste sur l’unité nationale et, contre « l’histoire dynastique », sur la valeur des héros qui ont « fait la
France ». C’est ainsi que nous croyons encore que les Gaulois désordonnés et divisés ont été battus par les Romains
disciplinés et unis, qu’à Vercingétorix revient le mérite de réaliser, malheureusement trop tard, l’unité de la « patrie
gauloise », et que c’est le début de l’Histoire de France : Vercingétorix est le premier d’une lignée où l’on trouve
Clovis, Philippe Auguste, saint Louis, Jeanne d’Arc, Richelieu, Louis XIV, etc., bref, toutes les figures tutélaires de
notre État-nation. S’incarnent en lui la noblesse du vaincu face à un adversaire supérieur, le sacrifice personnel qui
vaut expiation pour ses compatriotes, et la certitude que d’un malheur peut sortir un bien – en l’occurrence, grâce à
Rome, la Gaule accède à un plus haut degré de civilisation.
Compétences
• Appréhender le temps en situant les moments importants de la vie de Vercingétorix.
• Mettre en perspective le destin de Vercingétorix en le replaçant dans la chronologie de la guerre des Gaules.
• Caractériser une période : la romanisation de la Gaule.
Photofiche
Voir la photofiche p. 56.
méables aux flux commerciaux, à y trouver de nouvelles
sources d’approvisionnement en matières premières et en
esclaves, et aussi, sans doute, à les placer sous la coupe
des grands peuples du centre de la Gaule – Éduens,
Arvernes, Séquanes, Lingons, Bituriges et Santons –, qui
sont encore ses alliés. Il ne faut pas oublier que l’armée de
César comporte des contingents gaulois (ou socii), notamment une cavalerie formée par les Éduens. Le proconsul1
de la Gaule cisalpine et de la Gaule transalpine a aussi un
état-major comprenant de jeunes nobles gaulois. Il est à
peu près certain que Vercingétorix a fait partie de ce
groupe et a ainsi appris la guerre « à la romaine ». Son
peuple – les Arvernes – est allié de Rome depuis la
conquête du Midi en 121 av. J.-C. Lui-même dirige le
contingent de sa tribu pendant les cinq premières années
de la guerre des Gaules, lorsque Rome et ses grands alliés
du Centre luttent contre les Helvètes, les Suèves et les
petits peuples indépendants.
qui était vercingétorix ?
Le contexte historique
Jusqu’au début de l’an 58 av. J.-C., Jules César hésite entre
deux offensives. Au nord-est, le roi dace Burebistas fait
peser depuis plus de vingt ans une lourde menace sur les
marches illyriennes de l’Italie. Surtout, un nouveau danger
plane sur la Gaule, et peut-être sur l’Italie elle-même, qui
n’a pas oublié les migrations des Cimbres et des Teutons :
le chef suève Arioviste réussit à s’immiscer dans les rivalités qui opposent les Éduens, les Séquanes et les Arvernes
pour la domination de la Gaule, et les bat successivement.
D’autre part, les Helvètes entament une migration qui doit
les conduire dans l’actuelle Saintonge. César leur refusant
de traverser la Gaule narbonnaise, ils se lancent à travers
la Franche-Comté et atteignent la Bourgogne. Cette situation donne à César le prétexte pour intervenir.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 32
L’étude de la chronologie p. 32 pourrait laisser croire que
César s’est lancé à la conquête de la Gaule en 58 av. J.-C.,
qu’il a vaincu tous les Gaulois et que la Gaule est devenue
romaine. En fait, il n’est pas du tout certain que Jules
César ait voulu conquérir ce pays. Avant l’insurrection
générale de l’an 52 av. J.-C., pendant six ans, ses campagnes sont géographiquement limitées à la zone nord de la
Gaule : pays de Loire, Bretagne, Normandie, Picardie,
Nord et Nord-Est, autrement dit, la « Gaule chevelue », la
zone la moins romanisée, celle qui a le moins de rapports
avec l’Italie. César cherche à rendre ces espaces plus per-
L’épopée de Vercingétorix fonde le mythe du premier
« résistant » de l’Histoire de France.
Faire observer le document 1 p. 32 et faire répondre aux
questions 1, 2, 3 et 4. À la fin de l’année 53 av. J.-C.,
César pense qu’il a réussi la conquête de toute la Gaule.
Pourtant, au début de 52 av. J.-C., les Carnutes massacrent
tous les négociants romains qui travaillent dans leur capitale, Genabum (Orléans). Leur révolte fait tache d’huile :
les Bituriges (Berry) et les Arvernes (Auvergne) les rejoi-
1. C’est-à-dire gouverneur : le proconsul est un ancien consul, qui garde son pouvoir de commandement aux armées.
26
glaive espagnol des légions, les lances rèmes ou germaniques s’enfoncent dans la chair gauloise, l’inaction voulue
de Vercingétorix ressort plus à une vaste réaction de
joie que de tristesse ou de remords. » Les avatars du chef
gaulois montrent combien nous manquent des sources
historiques détaillées. Tout, ou presque3, repose sur
César, que l’on peut suivre à la lettre ou suspecter. Il ne
faut donc pas s’étonner qu’un personnage dont on sait
aussi peu se prête autant au jeu des idéologies et des
passions4.
gnent. Ces derniers donnent à l’insurrection un chef,
Vercingétorix, qui, devenu roi, exerce le pouvoir absolu.
D’autres tribus se placent sous son autorité : les Sénons
(Sens), les Santons (Saintes), les Séquanes (Jura), et
même les Éduens (Bourgogne), qui furent pourtant longtemps les alliés de Rome (question 1). Seuls les Lingons
et les Rèmes restent fidèles aux Romains (question 2).
Informé de la situation, César rejoint la Gaule transalpine.
Il traverse les Cévennes enneigées et s’empare d’Orléans,
où il venge ses morts en pillant et brûlant la ville et en vendant ses habitants comme esclaves. Puis il attaque les
Bituriges, prenant d’assaut leur capitale, Avaricum
(Bourges). Enhardi par ce succès, le proconsul décide
alors de porter la guerre au cœur du dispositif ennemi,
chez les Arvernes. Il met le siège devant leur principal
oppidum, Gergovie. Après l’échec du siège en juin 52 av.
J.-C. (question 3), César déplace ses légions vers le nord,
chez les Sénons, où il attend son lieutenant Labiénus, qui
mène dans le Bassin parisien une campagne qui se termine
victorieusement près de Lutèce. César constate que
Vercingétorix a élaboré une tactique de guérilla : pour
affamer les Romains, le roi arverne impose à tous les
Gaulois la pratique de la terre brûlée. Puis, constatant l’infériorité de ses fantassins face aux légionnaires, il ordonne
à ses officiers de n’accepter que des combats de cavalerie.
Enfin, il ordonne à ses alliés de masser leurs troupes sur
les marges de la Gaule narbonnaise. La visée est claire : il
veut, dans le même temps, chasser César du nord de la
Gaule et l’attirer vers le sud. Sa stratégie présente encore
davantage de complexité : pendant que César fait retraite,
Vercingétorix veut lui couper la route ; il emmène son
armée à marche forcée jusqu’à l’oppidum d’Alésia. César
se trouve dans la vallée de la Saône, sur le territoire des
Lingons, quand il apprend que Vercingétorix s’est
enfermé dans l’oppidum des Mandubiens. La reddition
de Vercingétorix et de la garnison d’Alésia en septembre
52 av. J.-C. marque la fin de la guerre des Gaules (question 4).
Faire lire le document 2 p. 33 et faire répondre à la question 5. En février 52 av. J.-C., les Arvernes décident de
rompre l’encerclement que César a organisé autour de leur
pays, d’entraîner leurs clients et de profiter de l’agitation
pour organiser un soulèvement général. Ils délèguent la
direction des opérations à un jeune noble, Vercingétorix,
fils de Celtillos (ou Celtill), qui tente de rallier toutes les
tribus du centre de la Gaule (question 5). Vercingétorix se
fait reconnaître roi et, bientôt, commandant en chef de
l’insurrection. César abandonne aussitôt le pays des
Sénons. Mais, avant de partir vers le sud, il fait venir des
cavaliers de Germanie. Près des sources de la Seine, ces
redoutables mercenaires écrasent la cavalerie gauloise.
Vercingétorix renvoie immédiatement les survivants : les
hommes qui servent à cheval appartiennent à une élite
sociale, ils reçoivent donc pour mission de se rendre chez
tous les peuples de la Gaule pour y lever la grande armée
qui prendra les Romains à revers. Vercingétorix garde avec
lui, dans Alésia, 80 000 fantassins, effectif impressionnant
pour l’époque, mais pas sans égal. Car César aligne des
effectifs supérieurs. Il dispose de dix à douze légions,
mobilisation encore jamais atteinte dans cette guerre, et
qui correspond à quelque 50 000 fantassins, auxquels il
faut ajouter un nombre sans doute proche de supplétifs
germains et gaulois.
Faire observer le document 3 p. 33 et faire répondre aux
questions 6 et 7. Le siège de l’oppidum d’Alésia donne
lieu à de multiples interprétations aussi grandiloquentes
que fantaisistes, véritable panégyrique de l’art pompier.
Tel ce tableau, intitulé Vercingétorix appelle les Gaulois à
la défense d’Alésia (question 7), que François Ehrmann,
peintre d’histoire, réalise au XIXe siècle (question 6) et que
des générations d’écoliers ont découvert dans leurs
manuels scolaires5. Pourtant, l’issue de la bataille ne fait
pas de doute. Les Gaulois veulent expulser les noncombattants : femmes, enfants et vieillards. Mais les
Romains ne leur permettent même pas de franchir leurs
premières lignes, et la suite du siège n’est pour eux
qu’une longue agonie. L’armée gauloise appelée en renfort
arrive. Elle compte 250 000 fantassins, mais seulement
8 000 cavaliers d’après César. Les Arvernes et les Éduens
ont fourni chacun 35 000 hommes, pris chez eux et
chez leurs clients. Six autres tribus ont donné chacune
12 000 hommes ; ce sont les Séquanes, les Sénons, les
➤ Activité 2 : documents 2, 3 et 4 p. 33
Tout le monde connaît le nom de Vercingétorix. Mais qui
est-il en réalité et quel est son rôle ?
Il y a cinquante ans, l’historien Michel Rambaud a dépeint
Vercingétorix comme un personnage médiocre auquel
César aurait donné un prestige inventé pour justifier les
difficultés des légions. Jacques Harmand2 propose d’expliquer les échecs du chef arverne par une complicité
secrète avec César, les deux hommes ayant machiné
ensemble les opérations qui aboutissent au désastre
d’Alésia : « Car, au bout du compte, ce qui donne son
unité foncière à l’action de Vercingétorix, au-delà du service caché du proconsul, c’est un sentiment de haine diffuse contre la Gaule en tant que rebelle. […] Plus largement, lorsqu’à Avaricum, à la seconde bataille de
Bourgogne, durant les journées de l’armée de secours, le
2. J. Harmand, Vercingétorix, Fayard, 1984.
3. Plutarque, César, XXVII, Florus, I, 45, 20-24, Dion Cassus, XXXVIII, Suétone, César, XXV, Frontin, Stratagèmes, II, Appien, Fragments des Celtica, et
Orose, VI, 11, 1-11.
4. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage de Vercingétorix », document « La légende de Vercingétorix », p. 36.
5. Op. cit.
27
mont Auxois, à 50 km au nord-ouest de Dijon. Faire lire le
document 1 p. 34 et faire répondre aux questions 1 et 2.
Le mont Auxois est un vaste plateau orienté, de direction
est-ouest, en forme d’amande, mesurant 2 000 m sur 900.
Il domine les vallées de l’Oze au nord et de l’Ozerain au
sud. Les deux rivières se rencontrent à l’ouest, pour former la plaine des Laumes ; elles isolent le mont Auxois
d’autres hauteurs : le mont Réa et la montagne de Bussy
au nord, la montagne de Flavigny au sud. L’Alésia de Jules
César se trouvait bien à Alise-Sainte-Reine. Même si elle
ne nous apporte aucune preuve définitive, La Guerre des
Gaules ne contredit ce choix sur aucun point, qu’il
s’agisse du site ou de la situation. La toponymie montre
qu’Alise-Sainte-Reine est le seul lieu pour lequel on
puisse suivre le maintien du nom depuis l’Antiquité
jusqu’à nos jours. Et l’archéologie valide que le mont
Auxois a bien reçu un oppidum, protégé par un murus gallicus (question 1). La stratégie de Vercingétorix consiste à
affaiblir l’armée romaine par la guérilla et à recourir à
l’abcès de fixation : bloquer les Romains à Alésia et les
faire attaquer par-derrière. Il semble très probable que la
victoire de Gergovie encourage Vercingétorix dans la
guerre de siège, à condition que ses hommes soient en
position d’assiégés (question 2).
Santons, les Bituriges, les Rutènes et les Carnutes. Une
première charge de cavalerie se brise sur les Germains.
Puis, la garnison d’Alésia tente une sortie, qui échoue.
L’armée gauloise de secours tente un nouvel assaut, qui
échoue encore ; elle prend la fuite.
Faire lire le document 4 p. 33 et faire répondre aux questions 8, 9 et 10. Vercingétorix comprend que tout est perdu
(question 9). Il se rend à César, qui le fait couvrir de chaînes et l’envoie en prison à Rome ; les guerriers gaulois, à
l’exception des Éduens, sont asservis (question 10). En
46 av. J.-C., Vercingétorix orne le triomphe que César
célèbre, puis il est étranglé dans son cachot. Plutarque,
Florus et Dion Cassius6 racontent la reddition de
Vercingétorix tout autrement que César (question 8) : le
chef gaulois arrive à cheval, paré de ses plus belles armes,
fait le tour de l’état-major romain, puis saute à bas de sa
monture, jette ses armes au pied de César et s’agenouille
devant lui dans l’attitude du suppliant. La scène est belle7,
mais elle n’a aucune vraisemblance historique : un vaincu
ne peut pas sortir d’une place forte assiégée en armes.
L’erreur est née du récit même de César et de son interprétation par Plutarque. César dicte ses conditions aux vaincus. Il exige qu’on lui livre les chefs et qu’on lui remette
les armes. Le lendemain, les chefs sont livrés –
Vercingétorix a dû être livré les mains liées – et les armes
« projiciuntur », ce qui veut dire « lancées en avant »,
« pro »-jetées du haut des remparts et non pas « jetées à
ses pieds ».
➤ Activité 2 : documents 2 et 3 p. 34
La poliorcétique césarienne triomphe à Alésia.
Ce qu’ignore Vercingétorix, c’est que César connaît toutes
les finesses de la poliorcétique, un art du siège parfaitement mis au point au cours de l’époque hellénistique
(IVe-Ier siècles av. J.-C.). Faire lire le document 2 p. 34 et
faire répondre à la question 3. César fait installer une
défense linéaire continue de 15 km composée de trois
fossés successifs, que les archéologues du XIXe siècle ont
appelé « contrevallation ». Elle interdit toute sortie aux
assiégés. En avant des fossés, il fait placer trois séries de
pièges qui doivent ralentir la progression des Gaulois,
pendant l’assaut comme pendant la retraite : tout d’abord,
sur cinq rangs, fixés les uns aux autres, de petits pieux
acérés, les cippes ; puis des pieux à la pointe durcie, les
lillia ; enfin, tout en avant, des pointes de fer, les stimuli.
Les assaillants s’exposent aussi aux projectiles des pièces
d’artillerie, puis aux flèches et aux balles de fronde, enfin
aux javelots. Ensuite, les légionnaires installent une autre
défense linéaire continue, plus longue que la précédente,
qu’elle englobe, de façon à protéger les assiégeants contre
les renforts envoyés aux assiégés. Ce nouvel ensemble,
dénommé « circonvallation », s’étale sur 22 m de large et
comprend deux fossés. Ce dispositif est complété par la
construction de camps destinés à protéger les troupes
amassées (question 3).
Sur les traces
de vercingétorix
L’exploitation pédagogique
des documents
➤ Activité 1 : document 1 p. 34
À quel site moderne identifier l’Alésia de Jules César ?
César ne donne aucun détail qui permette soit de localiser
avec précision les lieux dont il parle, soit de les décrire.
César écrit pour des sénateurs de Rome, des Romains certes cultivés, mais qui ne se soucient pas de la géographie
de la Gaule. Toutefois, nous savons, notamment grâce au
livre VII de La Guerre des Gaules consacré au sujet, que
les insurgés se sont réfugiés dans un oppidum, c’est-à-dire
une agglomération protégée par l’un de ces solides remparts que César appelle murus gallicus, constitués par une
armature de poutres clouées remplie de pierres. En outre,
les travaux de siège et la présence d’une multitude d’assiégeants ont dû laisser des traces. Enfin, il est probable que
le site retenu ait conservé un toponyme dérivé du nom
d’Alésia. Deux sites ont été fouillés. En 1855, l’architecte
Alphonse Delacroix déclare qu’Alésia se trouvait à Alaise,
dans le Jura, à 25 km au sud de Besançon. Peu après, une
autre localisation est proposée : Alise-Sainte-Reine, sur le
Faire observer le document 3 p. 34 et faire répondre à la
question 5. Faire repérer les trois éléments de base de la
poliorcétique césarienne : les légionnaires creusent un
fossé en V (fossa en latin), puis rejettent la terre vers l’arrière de façon à élever un bourrelet (agger) sur lequel est
6. Plutarque, César, XXVII, Florus, III, 10, Dion Cassus, XL, 41.
7. Voir le tableau Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, que le peintre Lionel Royer réalise pour le Salon de 1899, conservé au musée Crozatier,
Le Puy-en-Velay.
28
➤ Activité 4 : document 6 p. 35
placée une palissade (ou vallum) (question 5). Faire
confronter les documents 2 et 3 p. 34 et faire répondre à
la question 6. Faire retrouver aux élèves les trois éléments
repérés sur le document 3 : la fossa (« César fit creuser
un fossé de vingt pieds de large. Entre cette ligne et
la suivante, il creusa deux autres fossés qu’il fit remplir
d’eau ») ; l’agger (« Derrière ces fossés, il fit construire un mur de terre ») ; le vallum (« Il fit construire un
mur de terre surmonté d’une palissade haute de douze
pieds »).
La guerre des Gaules, un conflit de civilisations ?
Faire observer le document 6 p. 35 et faire répondre à la
question 12. Tout oppose l’image du Gaulois échevelé,
l’œil exorbité et la posture agressive, au Romain impeccablement casqué et cuirassé, figé dans la morgue et l’assurance tranquille des vainqueurs (question 12). La Gaule
« barbare » sert de faire-valoir à Rome qui, prenant le
relais des cités grecques, se situe au centre de la civilisation. Faire reprendre le document 1 p. 26 pour comprendre le décalage des forces qui existe entre les Romains et
les Gaulois. Alors que les insurgés de 52 av. J.-C. ne peuvent pas compter sur l’appui de toutes les peuplades de la
Gaule indépendante, le pouvoir romain recouvre en partie
la péninsule Ibérique, les Balkans, l’Anatolie, l’Afrique,
la Syrie et la totalité de l’Italie… Tous ces espaces fournissent des hommes, des vivres et de l’argent. César
compte enfin des alliés au sein même de ses ennemis :
toute la Gaule transalpine lui est restée fidèle, ainsi que
des tribus du Nord tels les Lingons et les Rèmes.
➤ Activité 3 : documents 4 et 5 p. 35
Les fouilles montrent qu’un siège très important s’est
déroulé à Alésia. Mais quand ?
La numismatique donne une réponse convaincante. Faire
observer le document 4 p. 35 et faire répondre aux questions 7 et 8. Au cours de fouilles entreprises au XIXe siècle,
621 monnaies sont retrouvées – 134 romaines et 487 celtiques. Du côté romain, aucune émission postérieure à
54 av. J.-C. n’est identifiée, ce qui veut dire que l’enfouissement a eu lieu en 54 av. J.-C. ou peu après. Du côté gaulois, les émissions les plus nombreuses appartiennent aux
peuples qui participent à l’insurrection du Ier siècle av.
J.-C., et en particulier aux Arvernes, qui, avec les
Séquanes et les Éduens, fournissent plus de la moitié des
espèces recueillies sur le terrain (question 7). Il est donc
évident qu’un très grand siège, mené par des Romains et
impliquant les révoltés de 52 av. J.-C., a eu lieu à AliseSainte-Reine. Des noms de chefs célèbres sont gravés sur
les monnaies, comme sur cette pièce en or qui mentionne
Vercingétorix et figure son profil grec et ses longues boucles (question 8). Faire confronter le document 4 p. 35 et
le document 4 p. 33 et faire répondre à la question 9.
Quel est le vrai visage de Vercingétorix ? Celui qui est
gravé sur cette monnaie gauloise ? Celui que lui donne la
statuaire antique : une chevelure longue, flottante, et la
fameuse moustache (question 9) ? On a assez de monnaies aujourd’hui pour savoir que la mode de la moustache et des cheveux longs est celle du IIIe siècle av. J.-C., et
que sous l’influence romaine, elle est complètement
passée. Deux siècles plus tard, les Gaulois sont glabres et
portent le cheveu court. Pour l’historien Camille Jullian8 –
qui se réfère à une seule source : César –, l’allure de
Vercingétorix en impose aux Gaulois et aux Romains :
« La splendeur de son corps haut et superbe le désignait au
commandement et à l’admiration des foules. Il avait la
supériorité physique, qui donne à la volonté une assurance
nouvelle. Il faut se le figurer avec cette grande taille qui
émouvait les Romains, cet aspect farouche qui effrayait
l’ennemi, droit sur son cheval de bataille. » Faire lire
le document 5 p. 35 et faire répondre aux questions 10
et 11 : « Vercingétorix se montre très sévère dans le commandement : pour une faute grave, c’est la mort par le feu
et par toutes sortes de supplices. Pour une faute légère, il
fait couper les oreilles au coupable ou crever un œil et il le
renvoie chez lui [question 10], afin de servir d’exemple et
que la sévérité du châtiment subi frappe les autres de terreur [question 11]. »
l’héritage de vercingétorix
La légende de Vercingétorix :
des livres et un film
Pendant des siècles, les érudits, lorsqu’ils s’intéressent au
passé antique de la France, ne recherchent guère que les
traces de la civilisation romaine, voire grecque (dans le
Midi), à travers les monuments, les œuvres d’art, les inscriptions. Il faut attendre le XIXe siècle pour que la civilisation des Gaulois intéresse les historiens. Plusieurs phénomènes jouent, depuis la réhabilitation des vertus des
peuples primitifs jusqu’aux doctrines officielles qui insistent sur le nationalisme et, en Histoire, sur le rôle des
grands hommes. C’est l’historien Amédée Thierry qui ressuscite Vercingétorix dans son Histoire des Gaulois depuis
les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de
la Gaule à la domination romaine, en 1828. Sa sensibilité
romantique, avec son goût des destins pathétiques, fait du
chef arverne le premier de nos héros. Amédée Thierry
développe aussi la thèse selon laquelle nous « descendons »
tous des Gaulois. Il précise même que de cette « race »
gauloise « descendent les dix-neuf vingtièmes d’entre
nous, Français ». Le Second Empire vulgarise le « héros
national ». Ainsi, pendant la Guerre de 1870, la France
combattant Bismarck est assimilée à la Gaule combattant
César : c’est la patrie face au représentant d’un empire
belliqueux. La IIIe République née dans la défaite consacre le créateur et le défenseur de la patrie. Les grands traits
du mythe gaulois sont fixés et ils connaîtront un bel avenir dans les écoles : « Les premiers Gaulois étaient de
grands hommes blonds aux yeux bleus ; mais ils amenèrent avec eux d’Asie d’autres tribus de la famille aryenne
qui se firent gauloises, et ils se mêlèrent aussi plus tard
8. C. Jullian, Vercingétorix, 1901, rééd. Marabout, 1979.
29
avec les restes des populations plus anciennes qu’eux en
Occident, surtout avec les Espagnols dans le Midi ; et c’est
apparemment à cause de cela que nous sommes
aujourd’hui, pour la plupart, moins grands qu’eux et châtains et non plus blonds. » « Il y avait en eux beaucoup de
choses diverses et contraires. Ils étaient enthousiastes et
moqueurs, mobiles en apparence, obstinés au fond, sociables et querelleurs, faciles à vivre et intraitables sur le
point d’honneur, généreux et envahissants, cruels à la
guerre et sensibles aux plaintes des malheureux, et toujours prêts à secourir le faible contre le fort ; éloquents
dans les assemblées, ils aimaient les combats de la parole
comme les combats de l’épée, et ils n’avaient aucune peur
de la mort. »9 En 1901, Camille Jullian10 décrit les efforts
de Vercingétorix pour donner vie à son idéal d’une « patrie
gauloise », « supérieure aux clans, aux tribus, aux cités et
aux ligues, les unissant toutes en commandant à toutes ».
Ce sont tous ces clichés que distillent les manuels scolaires, les images d’Épinal, les œuvres d’art couronnées dans
les salons de sculpture et de peinture... jusqu’à la production cinématographique la plus récente.
Pierre – dont le premier état est daté des environs de 126 av.
J.-C. – sur le site de Bibracte montre que les techniques de
construction sont apparentées à celles utilisées à la même
époque en Italie. Un autre indice est livré par les fouilles
de sauvetage qui ont eu lieu en 1989-1990 lors du creusement d’un parking à Besançon. Les archéologues y ont
découvert quelques habitations à colombages, de nombreuses amphores et de la céramique venant d’Italie,
datant de 120-80 av. J.-C. Trouvaille plus surprenante :
celle d’une tige de bronze plate portant des divisions ; il
s’agit en fait d’un étalon de mesure gradué correspondant
à un demi-pied romain. On peut ajouter à cette série d’indices une découverte récente faite à Vaize, dans la banlieue lyonnaise, où un bâtiment privé datant des environs
de 100 av. J.-C. porte des enduits peints du même style que
ceux que l’on a retrouvés à Pompéi !
Les Gaulois influencés par les Romains
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon.
Par exemple, « Vercingétorix », « Jules César », « La
Guerre des Gaules » , « Alésia », « oppidum », « 52 av.
J.-C. ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les
repères figurant sur la chronologie p. 32. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de cette
séquence.
pour construire le résumé
L’archéologie retrouve surtout des objets importés par les
Gaulois : amphores, céramiques, vases de bronze ou d’argent. Mais le processus de romanisation de la Gaule est
antérieur à la guerre des Gaules, et ce processus s’est traduit par des réalités qui dépassent les simples échanges de
marchandises. Les monnaies d’abord : vers 300 av. J.-C.,
l’usage des pièces se répand en Gaule ; les pièces sont en
or et imitent le statère d’or de Philippe II de Macédoine.
Cent cinquante ans plus tard, les grands peuples du Centre
– Éduens, Arvernes, Séquanes, Lingons, Bituriges – adoptent, comme Rome, le monnayage d’argent. Ils créent des
deniers qui sont alignés en poids, c’est-à-dire en valeur,
sur l’obole de Marseille et sur le denier romain. Certains
de ces deniers gaulois transposent des motifs iconographiques figurant sur les pièces de la République romaine : des
dieux, des animaux et surtout des personnages debout et à
cheval. Les grands chefs éduens, séquanes ou lingons se
mettent à frapper la monnaie à leur image. L’exportation
de techniques ensuite : la fouille de la fontaine Saint-
bibliographie
– Jules César, La Guerre des Gaules, traduit par L.-A.
Constans, présentation et annotations de C. Goudineau,
Imprimerie nationale, 1994.
– C. Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, ActesSud/Errance, 2001 ; César et la Gaule, Errance, 1990.
– Y. Le Bohec, César, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1994.
– A. Berthier, A. Watelle, Alésia, Nouvelles Éditions
latines, 1990.
9. En 1875, Henri Martin publie une Histoire populaire de la France largement inspirée, pour ce qui concerne l’histoire de la Gaule, de la somme d’Amédée
Thierry.
10. Op. cit.
30
les gallo-romains
Pages 38 à 43 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Conquise par Jules César entre 58 et 52 av. J.-C., la Gaule est maintenue sous l’imperium romain jusqu’au milieu du
Ve siècle ap. J.-C. La question que l’on étudie ici, la romanisation, pose de difficiles problèmes aux historiens,
puisqu’il s’agit de culture. Elle n’en présente pas moins un grand intérêt car elle permet de faire repérer aux élèves
la place de l’influence romaine dans l’Histoire de France, ainsi que ses traces dans le paysage.
Compétences
• Identifier et caractériser le processus de la romanisation.
• Identifier et mémoriser quelques traces de la romanisation en Gaule.
Photofiche
Voir la photofiche p. 58.
comme tous les habitants libres de l’Empire (ou pérégrins), les Gaulois deviennent des citoyens romains.
qui étaient
les gallo-romains ?
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
Le contexte historique
➤ Activité 1 : document 1 p. 38
Rappeler aux élèves que les Gaulois ne sont pas des
Barbares livrés à la civilisation supérieure de Rome1. Les
premières formes d’urbanisme, d’agriculture et d’artisanat
en Gaule remontent très haut dans la protohistoire, et elles
appartiennent soit à la période du bronze final (entre 1100
et 900 av. J.-C.), soit à la période des influences méditerranéennes (à partir de 600 av. J.-C.). Par exemple, une
phase d’urbanisme antérieure à la guerre des Gaules marque la structure des villes provençales : la période hellénistique, qui débute à la fin du IVe siècle av. J.-C. Des cités
comme Olbia (Hyères) ou Glanum (près de Saint-Rémyde-Provence) datent de cette époque, caractérisée par une
dominante des trames triangulaires ou trapézoïdales2.
Ne pas oublier l’ambiguïté qui pèse sur le mot « romanisation », qui désigne à la fois un processus d’acculturation
et son résultat : d’un côté, toutes les méthodes employées
par le pouvoir romain pour rapprocher les Gaulois du
mode de vie romain, de l’autre, la constitution d’une civilisation gallo-romaine dans le cadre de la Pax romana. En
effet, même si Jules César laisse la Gaule exsangue, la paix
romaine garantit l’ordre public. L’achèvement du réseau
routier, l’ouverture des ports, l’occupation de la Bretagne,
la stabilisation de la situation militaire sur le Rhin ramènent la croissance économique au Ier siècle ap. J.-C. En 47
après J.-C., l’empereur Claude propose de faire entrer au
Sénat de Rome les élites gauloises3. Cette promotion, préparant l’intégration politique de l’aristocratie indigène,
n’est appliquée que progressivement et commence avec
les alliés séculaires des Romains, les Éduens. Il faut attendre l’an 212 pour que l’empereur Caracalla décide que,
L’empereur Auguste crée les bases administratives de la
Gaule romaine.
Faire observer le document 1 p. 38 et faire répondre aux
questions 1 et 2. Auguste (63 av. J.-C.-14 ap. J.-C.) divise
la Gaule en quatre provinces : province narbonnaise,
Aquitaine, province lugdunaise, et Belgique, auxquelles
s’ajouteront plus tard les Germanies. Il délègue à son gendre Agrippa la construction du réseau de voies romaines
(ou viae). Si des documents routiers comme la carte de
Peutinger ou l’itinéraire d’Antonin en donnent l’état théorique, au début du IIIe siècle ap. J.-C., des fragments très
bien conservés et connus ainsi que des ponts encore existants nous permettent de retrouver quelques itinéraires.
Par exemple, pour relier Marseille à Boulogne, on passe
par Arles, Orange, Vienne, Lyon, Reims et Amiens ; ou
bien pour relier Marseille à Strasbourg : Arles, Orange,
Vienne, Lyon et Besançon (question 2). D’autre part, des
bornes militaires gravées portent encore les noms des
empereurs sous le règne desquels sont exécutés les travaux
de voierie : Trajan, Hadrien, Antonin, Septime Sévère,
Claude, ou les Flaviens sont les dédicaces les plus fréquentes. Auguste fait aussi établir le cadastre, le recensement, les contributions. Deux éléments fédérateurs sont
installés par la nouvelle administration : le culte impérial
et la mise en place du Conseil des Gaules, régulièrement
réuni à Lugdunum (Lyon), capitale des Gaules.
➤ Activité 2 : documents 2, 3, 4 et 5 pp. 38-39
La romanisation est un processus d’acculturation plus ou
moins achevé.
1. Voir p. 14, « Comment vivaient les Gaulois ? ».
2. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage des Grecs en Gaule », document « Des villes fouillées par les archéologues », p. 10.
3. Son discours est conservé en partie dans les « Tables claudiennes » gravées dans le bronze retrouvées à Lyon.
31
Faire observer le document 4 p. 39 et faire répondre aux
questions 6 et 7. Du point de vue de l’architecture, les villes gallo-romaines essaient d’imiter l’inimitable Rome, la
ville par excellence, l’urbs. Leurs monuments expriment
toutes les fonctions de Rome (question 6) :
– la fonction civique s’exprime dans le forum, qui est la
vaste esplanade où les hommes se rassemblent pour parler ;
contrairement à ce que l’on peut parfois lire, ils n’y font
guère de commerce. Sur le forum, la curie est la salle en
forme de temple capitolin, lieu sacré où se réunit le Sénat
local, l’ordre des décurions. La basilique est une salle couverte, qui permet de se réunir lorsque l’accès au forum est
pénible ;
– la fonction économique se traduit par la construction de
marchés, la diffusion de boutiques d’artisans et de commerçants ;
– la fonction religieuse s’exprime à travers les temples, en
particulier du genre du Capitole, sanctuaire de la triade
(Jupiter, Junon et Minerve) qui protège Rome, dédicacé
aux empereurs. Faire observer le document 3 p. 39 et
faire répondre à la question 5. Dire aux élèves que les
bustes des empereurs sont très ressemblants et nullement
idéalisés. Les visages d’Auguste, de Néron ou de Titus nous
sont aussi familiers que si nous en possédions des photographies. Le buste de Marc Aurèle, empereur et philosophe
stoïcien du IIe siècle ap. J.-C., ne manifeste donc aucune
flatterie, rien qui signale le dieu et son culte obligatoire
(question 5). Tout Romain brûle de l’encens devant ce
buste, en témoignage de sa soumission et de sa loyauté ;
– enfin, la fonction des loisirs, inséparable de la romanisation, a laissé de nombreux vestiges. Chaque jour, on va
aux thermes pour se baigner et profiter des nombreux
agréments qui accompagnent cette occupation : conversation, sport, bibliothèque, restaurant… Le théâtre propose
des spectacles proches de notre music-hall. Dans l’amphithéâtre, on va voir couler du sang : homme contre homme,
homme contre bête, bête contre bête. Enfin, le cirque est
un champ de courses (question 7).
Du point de vue de la religion, le paganisme gaulois commence à s’exprimer, à la période de l’indépendance, sous
la forme de symboles et de figurations empruntés à l’art
grec – la représentation de la déesse mère4 sous la forme
d’Athéna, par exemple. Les influences grecques ont pu
s’exercer par Marseille, d’abord au VIe siècle av. J.-C., puis
à partir des invasions celtiques à la fin du IVe siècle av.
J.-C. Lorsque les Romains s’installent en Gaule, ils trouvent donc les Gaulois habitués à traduire leurs croyances
et leur panthéon religieux sous une forme inspirée du
polythéisme grec. D’autre part, une conception est familière aux Anciens dès l’époque antérieure à la conquête
romaine : celle d’une parenté entre les religions païennes.
Elle contribue beaucoup à la transposition romaine des
mythes et des dieux gaulois (ou interpretatio romana). Ce
processus recouvre en vérité deux mouvements : les
Romains favorisent le passage des mythes et des dieux
gaulois aux mythes et aux dieux romains ; les druides et
les fidèles favorables à l’occupation essaient d’interpréter
l’iconographie et les symboles romains. La transposition
romaine des mythes et des dieux gaulois trouve donc son
complément dans une interprétation gauloise des mythes
et des dieux romains (ou interpretatio celtica) afin de leur
faire exprimer des conceptions indigènes. Ainsi, au cours
du Ier siècle ap. J.-C., on suit sur les monuments galloromains de piété collective une interpénétration progressive des deux paganismes. On y trouve soit des images
spécifiquement gauloises, plutôt rares, soit des associations guidées de divinités, ou bien des mythes sélectionnés
pour leur analogie avec des croyances gauloises, ou encore
des groupements mixtes de dieux et de symboles romains,
de dieux et de symboles gaulois. Dans tous les cas, le système d’expression est strictement gréco-romain. Faire
observer le document 2 p. 38 et faire répondre aux questions 3 et 4. Apollon (en grec Phoibos, « le Brillant ») est
le dieu grec de la Lumière à la chevelure flamboyante
(question 3) ; les rites du culte d’Apollon gaulois, qui
comporte des usages spécifiquement grecs comme celui
de l’incubation dans le sanctuaire, qui doit apporter la
révélation du remède au Mal, et de la divination par incubation, pénètrent en Gaule au IIIe siècle av. J.-C. à partir de
la Provence hellénisée. Vénus est une très ancienne divinité italique présidant à la croissance des végétaux ; elle
est assimilée au IIe siècle av. J.-C. à l’Aphrodite grecque,
dont elle prend les attributs et les mythes. La déesse grecque de l’Amour et de la Fécondité inspire de nombreux
artistes, prétexte à rendre hommage à la beauté féminine
(Vénus de Médicis, Vénus de Milo, Vénus de Callimaque,
Lysippe, Praxitèle, Scopas). La culture européenne appelle
« Vénus » des représentations qui sont en fait celles
d’Aphrodite, ou des copies romaines de celles-ci, comme
la Vénus d’Arles (question 4). Cette invasion de la mythologie et de l’iconographie gréco-romaines correspond-elle
à une conversion sincère des Gaulois ? À partir de la fin du
IIe siècle ap. J.-C. réapparaissent des noms de divinités et des
symboles spécifiquement celtiques : la conquête ne supprime ni le contenu même des croyances ni la mythologie
gauloises, elle en modifie simplement les manifestations.
Faire observer le document 5 p. 39 et faire répondre aux
questions 8 et 9. Pour la description de ce temple de facture grecque, se reporter au document 4 p. 41 et à la question 7 ; les pierres sont levées par une grue en bois qui
fonctionne selon le principe du contrepoids.
Sur les traces
des gallo-romains
L’exploitation pédagogique
des documents
➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 4 pp. 40-41
La romanisation ne s’opère vraiment que dans les villes.
Dire aux élèves que la ville gallo-romaine se développe
selon une trame orthogonale : la base du plan d’urbanisme
et du cadastre urbain est le croisement à angle droit du
4. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des Gaulois », document 1 p. 20.
32
ciper à cette culture nouvelle. Deux élèves assis entourent
le maître (question 3) ; les élèves tiennent chacun dans
leurs mains un volumen (question 4), qui a donné en français le mot « volume » (question 5) ; un troisième élève,
en retard, debout, tenant à la main des tablettes dans un
étui, s’apprête à essuyer la colère du maître. Même si on
ignore le nombre de lecteurs en Gaule, on sait cependant
qu’à partir du IIe siècle ap. J.-C., la lecture se diffuse surtout en ville grâce à l’alphabétisation.
cardo (voie nord-sud) et du decumanus (voie est-ouest).
Les rues à angle droit délimitent des îlots d’habitation de
taille variable appelés « insulae ». Mais cette règle est soumise à la topographie, aux commodités d’accès, à l’évolution historique du site et à l’emprise foncière des cultes
indigènes5.
Toute ville gallo-romaine possède son centre monumental,
avec le sanctuaire de la cité, qui est tantôt un temple du
genre du Capitole, dédié à la triade capitoline et aux
empereurs, tantôt un sanctuaire indigène. Faire observer le
document 4 p. 41 et faire répondre à la question 7. Ce
temple du genre du Capitole érigé à Vienne et dédié à
Auguste et à son épouse Livie est une imitation des temples grecs. Les colonnes cylindriques portent des sortes de
traverses en pierre pour soutenir le poids du toit. Ces traverses sont les architraves, et l’ensemble du bandeau reposant sur les colonnes de pierre est l’entablement. Dans sa
partie supérieure, c’est comme si des extrémités de poutres (en pierre) dépassaient du temple. Ces extrémités sont
généralement décorées de trois rainures ou « triglyphes ».
L’espace qui sépare ces triglyphes se nomme « métope ».
La majesté du temple vient de l’attachement à la disposition claire : ici, rien qui ne soit nécessaire, du moins rien
dont on ne voit la raison d’être (question 7). Ce temple est
voisin du forum, longue place rectangulaire entourée de
portiques autour de laquelle sont groupés les édifices de la
vie municipale : la curie et une ou plusieurs basiliques. À
la périphérie se dressent les thermes, l’amphithéâtre et le
théâtre. Ces lieux sont un foyer efficace dans la diffusion
de la culture romaine des loisirs. Faire observer le document 1 p. 40 et faire répondre aux questions 1 et 2. La
nouveauté de style est l’emploi de l’arcade. Dès l’instant
où la technique de la construction d’une arcade par l’assemblage de pierres taillées en coin est maîtrisée, l’architecte peut bâtir les arches d’un aqueduc, d’un théâtre ou
d’un amphithéâtre, et il peut même reproduire ce procédé
pour voûter un édifice. Pour l’amphithéâtre d’Arles, deux
étages (à l’origine trois) comptant chacun soixante arcades
superposées soutiennent les gradins ; pour le théâtre, un seul
étage (question 1). Les deux édifices se distinguent par
leur forme (ovoïdale pour l’amphithéâtre, semi-circulaire
pour le théâtre) et par leur étendue (l’amphithéâtre est plus
vaste et plus haut) (question 2). Plus à l’écart se trouve le
cirque, utilisé pour les courses de chars. C’est dans la périphérie qu’apparaissent des groupes de temples, associés
de manière à former un sanctuaire local destiné à la population indigène. Les quartiers périphériques sont aussi
occupés par de belles demeures patriciennes et par de
petits immeubles de rapport divisés en appartements.
➤ Activité 2 : documents 3 et 5 pp. 40-41
La romanisation suscite aussi un transfert de techniques et
d’objets.
L’artisanat gallo-romain intéresse peu les écrivains latins.
Pour trouver des informations, il faut étudier les productions qui sont parvenues jusqu’à nous :
– Faire observer le document 3 p. 40 et faire répondre à
la question 6. Par exemple, les nombreux tessons recueillis dans les fouilles révèlent une industrie généralisée de la
poterie. La céramique sigillée (marquée d’un sceau) est
une spécialité gallo-romaine importée d’Italie. En effet, la
céramique commune, grise, de type indigène, voisine avec
la céramique rouge, recouverte d’une fine pellicule lustrée, qui imite la céramique italienne. Elle est faite au tour
et dans un moule de terre réfractaire qui reçoit à l’intérieur, en creux, l’empreinte d’un décor ; le motif s’imprime à son tour en relief sur l’argile tendre. Une fois
cuite, la céramique est ensuite polie avec un morceau de
bois ou de peau, puis est recouverte d’un enduit. Les usages sont divers : transport du vin, de l’huile, stockage des
grains, préparation et cuisson des aliments, vaisselle de
table, fine ou commune (question 6).
– Faire observer le document 5 p. 41 et faire répondre à
la question 8. Par exemple, on a retrouvé des statuettes
cultuelles de bronze6 jusqu’en Gaule du Nord (question 8).
➤ Activité 3 : documents 6 et 7 p. 41
Le modèle de la villa témoigne de la romanisation du système productif.
Les fouilles ont mis au jour nombre de petits établissements ruraux tenus par des indigènes7 ainsi que des villas.
Le mot latin villa désigne une exploitation agricole de
type latifundium. On possède peu de représentations figurées des villas. Seuls deux auteurs latins ont évoqué chacun leur villa en Gaule : Ausone au IVe siècle ap. J.-C., et
Sidoine Apollinaire au Ve siècle. Le second décrit minutieusement son domaine, localisé dans le Puy-de-Dôme.
C’est une vaste exploitation comprenant un gynécée, un
portique, l’appartement du maître, des bâtiments d’exploitation, une cour, un sanctuaire et un petit port fluvial. Mais
ce n’est pas une configuration unique ; l’archéologie
aérienne a permis de découvrir un grand nombre de villas
inconnues. Faire observer le document 6 p. 41 et faire
répondre à la question 9. Cette reconstitution permet aux
élèves de retrouver trois éléments de la description de
En ville, le latin est la langue des élites indigènes. Faire
observer le document 2 p. 40 et faire répondre aux questions 3, 4 et 5. Détail d’un monument funéraire, cette
scène montre l’importance accordée à l’apprentissage de
la lecture et de l’écriture, indispensables à qui veut parti-
5. Par exemple, dans la colonie d’Augst, deux réseaux d’orientation très différente sont associés dans la trame d’urbanisme : un maillage colonial romain
comprenant le forum, la basilique, les quartiers résidentiels, et un ensemble secondaire où s’inscrivent de vastes édifices cultuels d’origine gauloise, dont
l’orientation s’est imposée au théâtre romain.
6. Voir le manuel de l’élève : « L’héritage gaulois », « L’art des bronziers », p. 23.
7. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des Gaulois », documents 3 et 4 p. 21.
33
taires concordent pour montrer que les voies les plus souvent refaites sont celles du nord-est (Belgique et
Germanies) pour des raisons stratégiques. Insister sur la
densité du réseau routier romain dans la province narbonnaise, du fait de l’ancienneté de l’occupation. Aux grandes
voies militaires et aux voies publiques d’État, établies et
entretenues par l’administration impériale avec les ressources des provinces, s’ajoutent celles des collectivités
locales et les voies privées des villas. Les voies sont parcourues par les légionnaires, la poste impériale, les commerçants, les pèlerins, les touristes, les convois de bétail et
de céréales destinés à Rome ou aux garnisons du limes.
Sidoine Apollinaire : la maison du maître, les bâtiments
d’exploitation et la cour (question 9). La villa produit pour
elle-même et surtout pour la vente. Les productions marchandes sont des céréales (blé, orge, millet, avoine, froment, sarrasin), du vin, des animaux de basse-cour… Faire
lire le document 7 et faire répondre à la question 10. La
scène décrite ici est une scène de labour à l’automne : un
attelage de bovidés tire l’araire avec un joug qui serre leur
cou lorsque l’effort est intense (question 10). L’araire en
bois est amélioré grâce à l’ajout d’un soc de fer, qui permet de labourer les sols lourds. Le coutre du soc retourne
la terre de part et d’autre du sillon et l’aère en même temps,
ce qui permet de semer plus profond et de mieux enfouir
les graines, et donc d’en perdre moins. Les sols sont fertilisés avec l’apport de fumier, et on pratique la jachère.
➤ Activité possible
Faire réaliser par les élèves la coupe simplifiée d’une voie
romaine.
Des ponts et des aqueducs /
Les stations thermales ou les bains
l’héritage
des gallo-romains
Les villes gallo-romaines utilisent d’énormes quantités
d’eau qui nécessitent d’organiser la collecte et le transport
d’une eau de source recherchée parfois à des dizaines de
kilomètres de distance. L’alimentation en eau suppose à la
fois la science de l’ingénieur hydraulicien, celle de l’architecte et du technicien des travaux publics, ainsi qu’une
surveillance et un entretien permanents et une substructure administrative considérable. Les villes sont desservies par d’immenses aqueducs, qui ont laissé souvent des
vestiges impressionnants (pont du Gard, piles de Jouyaux-Arches près de Metz, les onze aqueducs de Vienne).
D’ailleurs, à l’image de Rome, de nombreuses villes survivent difficilement à la destruction de leurs aqueducs.
L’eau est distribuée aux riches particuliers et aux infrastructures publiques : thermes, fontaines, latrines, caniveaux. Les particuliers prennent l’eau à la fontaine ou
dans des puits plongeant dans la nappe phréatique. Les
eaux usées sont évacuées par un réseau d’égouts.
Des villes où il fait bon vivre
Vers le VIe siècle av. J.-C., une petite bourgade indigène
nommée Arelate dans un coude du Grand Rhône est mentionnée. À la même époque, Arelate est colonisée par les
Grecs de Marseille. Ce comptoir devient une vraie ville,
puisque c’est à elle que, en 49 av. J.-C., Jules César confie
la construction des douze navires de guerre qui bloqueront
le port de Marseille. Trois ans plus tard, César fait d’Arelate
une colonie de droit romain pour les vétérans de la
6e Légion. Les terrains lotis proviennent du territoire rural
de Marseille. Le plan d’Arles est globalement orthogonal
avec quelques rues pénétrantes transversales ; la base du plan
est le croisement à angle droit du cardo (peut-être la rue de
l’Hôtel-de-Ville) et du decumanus (rue de la Calade). La
colonie est immédiatement dotée de puissantes murailles,
dont la partie est existe toujours, puis, au début du Ier siècle
ap. J.-C., d’un forum monumental, dont les cryptoportiques, magnifiques galeries en sous-sol qui lui servent
d’assise, sont eux aussi toujours présents. L’esplanade
comprend la curie, une basilique et le sanctuaire de la cité,
qui est un temple du genre du capitole. À distance, le théâtre, toujours visible, apparaît néanmoins diminué : en effet,
du Ve au XIIe siècle, il sert de carrière, notamment pour
construire la primatiale romane Saint-Trophime. L’amphithéâtre est toujours là. Un pont de bateaux permanent
(aujourd’hui disparu) permet de franchir le fleuve. Les
bateaux, solidement amarrés et proches les uns des autres,
sont réunis par un tablier de bois. À chaque extrémité, un
pont-levis permet le passage. Au cadastre urbain se rattache
le cadastre régional (centuriation) et le réseau des voies.
pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon.
Par exemple, « romanisation », « gallo-romain », « villes »,
« voies romaines », « forum », « théâtre », « amphithéâtre »,
« aqueduc », « villa », « poterie ». Mettre en relation chacun de ces mots. Mettre en commun les réponses et écrire
ensemble le résumé de cette séquence.
bibliographie
➤ Activité possible
Faire comparer la reconstitution de la ville d’Arles avec le
plan de la ville actuelle ; faire repérer et identifier les édifices gallo-romains toujours visibles.
– A. Ferdière, Les Gaules, IIe siècle av. J.-C / Ve siècle ap.
J.-C., coll. « U », Armand Colin, 2005.
– C. Delaplace, J. France, Histoire des Gaules, VIe siècle av.
J.-C. / VIe siècle ap. J.-C., coll. « Cursus », Armand Colin, 2005.
– C. Goudineau, Regard sur la Gaule, Errance, 2000.
Des routes : les voies romaines
Les documents routiers, des fragments très bien conservés
et connus, et les indications données par les bornes mili-
34
fabriquer à la manière de… la mosaïque
Pages 44 et 45 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Les créations artistiques rencontrées ou utilisées sont situées dans leur contexte grâce au programme d’Histoire, qui
fournit les références culturelles indispensables.
En utilisant des objets et des matériaux variés, en les observant ou en les construisant, l’élève se familiarise un peu
plus avec le monde technique.
Le travail sur les matériaux, les manipulations d’objets et d’images engagent l’élève dans une démarche de réflexion.
L’élève doit pouvoir agir sur les formes, les couleurs, les matières et les objets pour chercher à produire des effets.
Les activités proposées visent à préciser des principes d’organisation et de composition : répétition, alternance, superposition, orientation.
Compétences
• Être capable d’utiliser le dessin dans ses diverses fonctions.
• Être capable d’expérimenter des matériaux, des supports, des outils ; constater les effets produits.
• Être capable de combiner plusieurs opérations plastiques pour réaliser une production.
L’exploitation pédagogique en classe
permettent de formuler des hypothèses mais, souvent,
le style et le thème évoluent selon les régions ou les
mosaïstes et non selon les époques.
Certains événements permettent toutefois une datation :
les centaines de mosaïques retrouvées à Pompéi sont
forcément antérieures aux coulées de lave du Vésuve de
79 après J.-C.
➤ Activité 1 : « J’étudie l’art des mosaïques »
Le mot « mosaïque » vient de l’expression latine « mussiuum opus », du Ier siècle avant J.-C., qui désignait les
décors ornant les lieux de détente consacrés aux muses
(grottes, fontaines…) ; ces lieux étaient dénommés
« musaea ». Par la suite, le mot évoquait non plus les
lieux eux-mêmes mais le décor (les mosaïques). Le mot
« musée » a la même origine.
➤ Activité 2 : « J’étudie les thèmes
et les lieux des mosaïques »
Chez les Grecs, la mosaïque est réservée aux riches maisons ou palais. Elle est étroitement liée à l’architecture des
lieux.
Les maisons s’organisent autour d’une cour à péristyle et
de deux ou trois salles. Les mosaïques sont le plus souvent
composées de galets blancs et verts. Des formes géométriques côtoient des animaux ou des figures mythologiques.
Initialement, la mosaïque a un rôle utilitaire (protection
des murs, facilité de nettoyage…) et elle est employée en
complément de la maçonnerie. De ce fait, elle fut longtemps considérée comme un art secondaire, moins noble
que la peinture.
En 301 après J.-C., un édit fixe le prix maximal des marchandises et des salaires dans l’Empire romain. Le salaire
d’un boulanger, d’un maçon et d’un poseur de tesselles
est de 50 deniers par jour, plus la nourriture. Un mosaïste
brodeur gagne 60 deniers par jour, un peintre de murs,
75 deniers, un peintre d’images, 150 deniers.
Pompéi permet de connaître de façon plus détaillée les
mosaïques romaines. Les maisons des riches marchands
s’organisent autour de l’atrium et du bassin central, qui
recueille les eaux de pluie. Au contact des Grecs, les maisons romaines s’agrandissent, la fonction des pièces s’individualise (salle d’apparat, salle à manger, espace public,
espace privé). Dans ces demeures, les mosaïques sont à la
fois décor et élément utilitaire, tel le vestibule de la maison de Paquius Proculus représentant un chien gardant la
demeure.
Dans les villas gallo-romaines, les mosaïques prennent
encore plus d’espace et de majesté. Les formes géométriques soulignent les décors inspirés de la nature
(acanthe, vigne, arbres…).
Comme les pièces, les thèmes des mosaïques se diversifient. Dès le IIIe siècle, les mosaïques des salles à manger
abordent les thèmes des repas, du marché, de l’alimentation. Dans les chambres d’enfants, les motifs sont liés à
l’enfance, comme dans la villa de Casale en Sicile, dont le
La mosaïque est un assemblage de tesselles. Ce mot a la
même origine que le mot « tesson ». Il désigne aussi les
morceaux d’une poterie. Toutes les mosaïques de l’époque
gréco-romaine sont composées avec des matériaux minéraux : galets pour les mosaïques anciennes, fragments de
roches pour les autres mosaïques. Par la suite, on utilise
les pâtes de verre.
La mosaïque étant une succession de petits morceaux de
roches, l’art du mosaïste est de sublimer cette contrainte
technique pour offrir un dessin le plus homogène possible.
Les plus adroits ont utilisé cette contrainte à leur avantage
en sélectionnant des tesselles ou des galets dont la forme
épousait le dessin originel.
Les mosaïques sont difficiles à dater. Considérées comme
un art secondaire, elles ne sont quasiment pas signées ni
datées, à l’inverse des peintures. Les éléments représentés
35
pavement représente deux petits garçons jouant avec un
char tiré par des oiseaux.
Les thèmes mythologiques sont souvent abordés, quel que
soit le lieu de la maison.
– utiliser des gommettes (elles ont l’avantage d’avoir une
taille carrée standard) ;
– limiter la taille de la mosaïque (une feuille A5 suffit).
Pour aller plus loin
Dans les villes, les théâtres, les cirques et les arènes sont
recouverts de mosaïques. Les thèmes varient selon la
destination du bâtiment : athlète, discobole ou porteur de
palmes pour les arènes, masques aux traits amplifiés et
séances de répétitions pour le théâtre.
L’art de la mosaïque a beaucoup évolué depuis les Grecs
et les Romains. Aujourd’hui, la mosaïque s’intègre souvent à l’espace urbain contemporain. Certains édifices
religieux en sont décorés. Ce travail consiste pour les
élèves à explorer leur ville en recensant les lieux comportant des mosaïques, en les photographiant, puis en les
replaçant sur un plan de la ville.
La mosaïque peut être utilisée aussi en écriture. On pourra
ainsi proposer d’écrire le nom de l’école en mosaïques.
En utilisant des petits graviers ou des cailloux plats rapportés par les élèves, on pourra aussi créer une mosaïque
collective.
➤ Activité 3 : « Je fabrique
une mosaïque géométrique »
Pour que les élèves réalisent une mosaïque qui soit la
plus proche de la réalité, il est nécessaire de leur faire
comprendre la démarche des mosaïstes.
Les mosaïstes travaillent à partir d’une planche sur
laquelle est représenté le dessin en couleur de ce qu’ils
doivent réaliser en tesselles. Ce dessin est quadrillé. C’est
le « carton ».
À l’emplacement de la future mosaïque, les artisans
tendent des fils qui matérialisent l’emplacement des
tesselles.
Ensuite, ils coulent sous ces fils une sorte de mortier et ils
y fixent les tesselles selon le dessin du carton.
bibliographie
– M.-C. Amouretti, La Grèce classique, « Documentation
photographique » n° 6092, La Documentation française,
1987.
– R. Flacelière, La Vie quotidienne en Grèce, coll. « Livre
de poche », Hachette, 1959.
– G. Delobbe, Mosaïques de l’Antiquité gréco-romaines,
PEMF, 2000.
– V. Marzi, F. Gambrelle, Secrets d’ateliers : les
mosaïques, Solar, 2005.
En classe, il est possible de suivre le même déroulement :
– dessin du motif que l’élève souhaite réaliser sur une
feuille ;
– coloriage du dessin ;
– découpage des tesselles dans du papier coloré ou choix
des tesselles (gommettes) nécessaires à la réalisation de
la mosaïque ;
– matérialisation du quadrillage sur une feuille épaisse
(qui remplace le sol) ;
– collage des tesselles selon le modèle.
site
Pour que le travail ne soit pas fastidieux, il vaut mieux :
– proposer des motifs géométriques à base de carrés à
reproduire ;
– limiter le choix des couleurs (les premières mosaïques
étaient bicolores) ;
– http://rolletbrigitte.free.fr/historiq.html
Ce site propose un bref historique de l’art de la mosaïque.
36
les chrétiens
Pages 46 à 51 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Le christianisme né dans le judaïsme palestinien est devenu la religion la plus universelle jamais connue. Que l’on
attribue cette réussite aux chances historiques qu’ont données au christianisme l’Empire romain d’abord, puis la
civilisation occidentale n’empêche pas de lui reconnaître un universalisme de principe qu’il exprime dès ses débuts
clandestins. Le mot « catholique », d’origine grecque, signifie précisément « universel ». Cet universalisme explique
l’importance que revêt le christianisme du point de vue de son influence dans les domaines de la culture, de la vie
sociale et politique, de la morale collective et personnelle.
Compétences
• Connaître les étapes géographiques et sociologiques de la diffusion du christianisme.
• Définir l’Évangile.
• Caractériser une période : la diffusion du christianisme en Gaule.
Photofiche
Voir la photofiche p. 60.
J.-C., date à laquelle se consomme une rupture irréversible. Le christianisme n’attend d’ailleurs pas d’être rejeté
du judaïsme pour se répandre dans le monde païen.
L’historien juif Flavius Josèphe (Ier siècle ap. J.-C.) et trois
auteurs latins du IIe siècle – Suétone, Tacite et Pline le
Jeune – ne témoignent pas directement de l’existence de
Jésus-Christ, mais ils attestent que des individus se réclament de lui à Rome dès les années 40. L’Empire romain
doit finalement, après les persécutions, ouvrir toutes ses
provinces au christianisme. Du monde romain, le christianisme passe aux « Barbares » et recouvre l’Europe. S’il
recule face à l’islam en Méditerranée, il envoie des missionnaires au loin : vers l’Asie et vers l’Amérique latine
au XVIe siècle, vers les deux Amériques au XVIIe siècle, vers
l’Afrique au XIXe siècle. Avec l’époque des grandes découvertes, les prétentions universelles de l’Église catholique
se concrétisent : les terres occupées deviennent possessions du Christ en même temps que celles du roi, et la
plantation de la croix, du Mexique aux Indes, atteste partout du processus d’évangélisation à l’œuvre, inséparable
de la colonisation.
comment les premiers chrétiens
sont-ils arrivés en gaule ?
Le contexte historique
Tous les grands monothéismes s’affirment de source
divine et appuient cette prétention sur une révélation reçue
par des hommes. Pour les chrétiens, Jésus de Nazareth
(entre 7 et 4 av. notre ère – entre 27 et 36 de notre ère) est
plus qu’un prophète, il est le Dieu-Homme. Il porte le titre
signifiant l’Oint, le Messie, sur lequel est formé le mot
latin christianismus, en français christianisme, qui désigne
la doctrine et l’institution qui se réclament de JésusChrist. L’idée d’incarnation est une des spécificités du
christianisme : le chrétien reconnaît en Jésus Dieu Luimême entrant dans l’Histoire, dévoilant ainsi qui Il est.
En sorte que la valeur du Messie ne tient pas d’abord à sa
prédication mais à sa personne, porteuse de l’absolu divin.
L’adjectif « eschatologique » désigne cette plénitude
divine du fait de Jésus dans l’Histoire, ainsi que les autres
titres de « Seigneur », « Fils de Dieu », « Sauveur », « Juge
des vivants et des morts ». La révélation chrétienne
s’appelle « Évangile » ; ce mot appartient au protocole
impérial où il désigne les événements heureux (victoire,
naissance, avènement). La révélation de Jésus-Christ
est une « heureuse nouvelle », puisqu’elle annonce la
rémission des péchés et la résurrection, et propose une
explication sur les origines et sur le terme de la destinée
humaine.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 46
Le christianisme se diffuse dans tout le Bassin méditerranéen.
Cette diffusion pacifique n’est pas foudroyante, à la différence de ce qui se passera pour l’islam : il faut quatre siècles au christianisme pour s’imposer dans l’Empire
romain. Faire observer le document 1 p. 46 et faire répondre aux questions 1 et 2. Une génération après la crucifixion du Christ, le christianisme est déjà présent sur toutes les côtes de la Méditerranée. Dès les années 40, il est
repéré à Rome. En 112, Pline le Jeune affirme qu’en
Bithynie, les chrétiens sont « nombreux, de tout âge, de
La chronologie p. 46 permet de montrer que le christianisme est né au sein du judaïsme palestinien. C’est parmi
les nombreuses sectes messianiques qui émergent dans le
judaïsme au Ier siècle av. J.-C. que s’opère le regroupement
des disciples de Jésus de Nazareth. Les chrétiens sont
acceptés au sein du judaïsme jusqu’aux environs de 65 ap.
37
– les représentations des catacombes, qui se reconnaissent
par un laconisme et un souci d’abstraction. Pour échapper
aux persécutions, les chrétiens figurent le Christ par le
Poisson. En effet, l’acrostiche du mot grec « poisson »
permet de lire : « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ». On
retrouve le poisson-Christ sur les fresques, les sarcophages, les vases, les amulettes. On le porte au cou en signe
de reconnaissance. L’Agneau pascal, thème de l’Ancien
Testament, est un autre symbole christologique ;
– les représentations byzantines du Christ pantocrator
bénissant le monde, placé sous les coupoles centrales des
basiliques, comme au centre du Royaume céleste (SainteSophie de Constantinople). Le Christ byzantin se signale
par un réalisme minutieux dans les détails du vêtement et
par un goût pour les matières précieuses (or, argent, cristaux, marbres, porphyres, nacre). Il est représenté de face,
plongeant son regard sur celui des fidèles ; démesurément
grandi, il dépasse les personnes qui l’entourent ; l’anatomie et la perspective sont volontairement ignorées. Le Christ
ne trahit aucune émotion, il est en dehors du temps ;
– les tableaux naturalistes des maîtres allemands de la préRenaissance, qui rompent avec le hiératisme byzantin. Ils
accentuent à l’excès la fragilité de la nature humaine du
Christ. Il est montré affreusement éprouvé par les supplices de la Passion, son corps est couvert de plaies d’où
ruisselle le sang ; il ploie sous le poids de la croix : Le
Couronnement d’épines du maître de la Passion de
Karlsruhe, La Crucifixion de Schäuffelein, La Flagellation
de Ratgeb, les Crucifixions de Grünewald, Le Christ au
tombeau de Hans Holbein le Jeune…
tout rang, de l’un et l’autre sexe ». À la même époque, en
Gaule, le christianisme est signalé dans les grandes villes
de Lyon, Vienne, Paris, Tours, Toulouse et Bordeaux
(question 1). Pour le IIIe siècle, on possède le constat amer
de Porphyre dans son livre Contre les chrétiens : « Depuis
tant d’années, la maladie [le christianisme] a envahi la
Ville [Rome]. » Au Ve siècle, l’Asie Mineure, la SyriePalestine, l’Égypte nilotique, la province d’Afrique, les
trois péninsules méditerranéennes et la Gaule sont chrétiennes (question 2). Sur les raisons de cette diffusion, il
y a au départ l’unité politique de la Méditerranée, sous
l’imperium romain, et la facilité des communications. Il y
a aussi la doctrine de Paul1 tirant les leçons de l’échec du
prosélytisme évangélique auprès des Juifs et situant la
nouvelle religion en dehors des particularismes : le
judaïsme s’adresse à un peuple ; le christianisme, lui, se
veut universel.
➤ Activité 2 : document 2 p. 47
Peut-on figurer le Dieu-Homme ?
Selon l’Ancien Testament, Dieu cache Sa face à Moïse sur
le mont Sinaï, et toute représentation de la divinité s’y
trouve par conséquent interdite. Pourtant, le deuxième
concile de Nicée (VIIIe siècle ap. J.-C.) précise une théologie de la représentation divine, refusant à la fois les excès
idolâtres et la négation de toute image. Dès lors, deux sensibilités dominent : dans la chrétienté grecque, l’icône
contient une parcelle de l’énergie divine, elle est donc soumise à des canons stricts ; dans la chrétienté latine, les
artistes gardent leur liberté d’interprétation. Ainsi, si chaque époque a ses thèmes christologiques préférés, elle a
aussi son propre Christ. Faire observer le document 2
p. 47 et faire répondre à la question 3. Cette miniature du
XIIIe siècle est une représentation du Christ selon les
canons de l’art gothique. Cet art reprend les cycles habituels de l’épopée christologique : la Nativité et l’Enfance
du Christ, la Vie publique, la Passion, la Résurrection, la
Vie glorieuse, le Christ eschatologique. L’art gothique y
ajoute le Couronnement de la Vierge Marie : d’un geste
majestueux, le Christ bénit sa mère, qui incline sa tête
couronnée devant la grandeur de son fils. Les cathédrales
gothiques (Chartres, Paris, Senlis, Laon, Mantes), très
hautes, exigent des sculptures qui leur soient proportionnées. Les statues s’étirent, se raidissent. Le Christ devient
plus solennel, plus distant, les draperies de ses vêtements
tombent droit, sans les spirales et les corolles spécifiques
à l’art roman. L’art gothique crée le type du « beau Dieu »,
qui se fonde sur un psaume de David : « Ô le plus beau des
enfants des hommes, règne, triomphe par l’éclat attrayant
de ta beauté ! » Les livres d’heures et les psautiers ornés
de miniatures subliment aussi le Christ : Le Christ apparaissant à Marie-Madeleine dans le Psautier de Blanche
de Castille (1230) ; L’Onction du corps du Christ du
Psautier d’Ingelburge (vers 1200).
➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 47
Quels sont les vecteurs de la diffusion du christianisme ?
Faire lire le document 3 p. 47 et faire répondre à la question 4. On connaît l’expression de Tertullien : « Le sang
des martyrs2 est la semence des chrétiens. » En fait, on
range sous la notion commode de « persécutions » des
comportements très divers : les malheureux brûlés par
Néron après l’incendie de Rome du 19 juillet 64 n’ont rien
de commun avec les victimes de la persécution méthodique déclenchée par Dèce en 250. Le plus souvent, ce sont
des émeutes (à Lyon, en 177) ou des dénonciations (dans
la Bithynie de Pline le Jeune, en 111-113) qui obligent le
pouvoir romain à poursuivre les chrétiens. Les persécutions systématiques éclatent lorsque l’empereur a besoin
de s’assurer de la fidélité de ses sujets : le refus chrétien
de participer au culte impérial devient alors insupportable
(question 4). Faire lire le document 4 p. 47 et faire répondre à la question 5. Il faut attendre deux siècles et demi
après les premiers apostolats pour que le christianisme soit
non pas toléré (ce qui est le cas la plupart du temps) mais
adopté comme la religion préférée, puis exclusive, de
l’empereur (question 5). C’est l’œuvre de Constantin, à
partir de sa conversion (312), puis de l’édit de Milan
(313). En 312, Constantin, maître de la Gaule, marche
contre son compétiteur à l’Empire, Maxence, qui tient
Rome. Dans la bataille, Maxence est tué. Selon son pané-
Parmi les nombreuses représentations du Dieu-Homme,
montrer aux élèves (question 3) :
1. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces des premiers chrétiens », document 5 p. 49.
2. Le mot grec « martyr », qui veut dire « témoin », signifie que les martyrs sont mis à mort pour avoir refusé d’abandonner la foi du Christ.
38
ancienne, les historiens font le tri entre les « actes authentiques » (tels les actes des martyrs de Lyon) et les récits
légendaires (par exemple, la vie de sainte Marguerite ou
celle de saint Georges). Martin (316-397) est un saint
« historique » : soldat pannonien converti, il rejoint saint
Hilaire qui l’ordonne prêtre à Poitiers, puis fonde une
communauté monastique à Ligugé (361). Devenu évêque
de Tours (v. 370), il évangélise les campagnes. Sa Vie par
son disciple Sulpice Sévère répand son culte dans toute la
Gaule.
gyriste Eusèbe de Césarée, Dieu a envoyé un signe à
Constantin : « Il était environ midi au soleil, et l’aprèsmidi allait commencer ; il [Constantin] vit, dit-il, de ses
propres yeux, au-dessus du soleil, un trophée en forme de
croix, fait de lumière, et une inscription y était attachée,
disant : “Par cela sois vainqueur”. [La nuit suivante,] dans
son sommeil, le Christ se fit voir à lui, avec le signe de
Dieu qui était apparu dans le ciel ; et il lui ordonna de le
faire reproduire [..] et de s’en servir comme d’une protection lors de ses rencontres avec les ennemis. »3 Pour la
seule fois de son histoire, le Bassin méditerranéen connaît
une unité religieuse qui dure de 391 (Théodose Ier interdit
la pratique des cultes païens) à 636 (les Byzantins perdent
la Syrie au profit des musulmans).
Sur les traces
des premiers chrétiens
➤ Activité 4 : document 5 p. 47
L’évangélisation est une œuvre répétitive et de longue
haleine.
Le contexte historique
La première génération chrétienne n’a pas ses écrits propres : Jésus n’a point écrit ; il n’y a point incité ses apôtres. C’est seulement entre 70 et 95 que sont rédigés les
premiers textes évangéliques, précédés par les lettres de
Paul (entre 56 et 63). Quatre récits, dits « canoniques »,
écrits en grec, sont reconnus comme authentiques : celui
de Marc est le plus ancien (vers 65) ; Luc et Matthieu sont
un peu plus tardifs (entre 70 et 90) ; l’Évangile de Jean est
le plus récent (vers 95). Ce ne sont pas des textes d’auteur,
mais les livres d’un Évangile unique à quatre voix, « selon »
Matthieu, Marc, Luc et Jean. L’Évangile s’est formé peu à
peu sur la base de recueils fragmentaires contenant des
habitudes propres à tel apôtre, à un groupe de disciples, ou
à une région. On ne sait pas où se produit le passage des
traditions orales préévangéliques aux Évangiles écrits.
Mais ils ne suffisent pas à l’Église pour élaborer des
formulations réflexives de sa foi. Plus tard, les premiers
conciles (Nicée en 325, Constantinople en 381, Éphèse
en 431, Chalcédoine en 451) permettront de dégager le
Credo.
Faire observer le document 5 p. 47 et faire répondre à la
question 6. Les succès de l’évangélisation en Gaule sont
irréguliers et provisoires. Au IIe siècle, le christianisme
n’est guère diffusé au-delà des grands centres urbains
comme Lyon, Vienne, Paris, Tours, Toulouse ou Bordeaux.
C’est en 177 qu’a lieu à Lyon une première persécution :
48 chrétiens sont molestés, torturés, emprisonnés, jetés aux
bêtes à l’occasion de la grande Fête fédérale du 1er août.
Eusèbe en conserve le récit : une lettre en grec des chrétiens de Lyon et de Vienne à leurs compatriotes d’Asie
Mineure. Les premiers chrétiens sont donc des citadins
d’origine étrangère. Ce sont aussi les premiers saints de
notre pays, avec le vieil évêque Pothin et la jeune
Blandine. Après cette persécution, le christianisme se
répand sans doute en ville et aussi dans les campagnes,
grâce à l’ardeur missionnaire d’Irénée de Lyon, qui s’adresse
aux Gaulois dans leur langue. Mais, deux cents ans plus
tard, le paganisme est toujours vivace. Dans le même pays
sinon dans les mêmes lieux, saint Martin de Tours – repérable à son nimbe, qui le désigne comme l’intercesseur
entre Dieu et Son peuple – doit employer des moyens violents pour détrôner les anciens dieux (question 6) ; de
plus, l’évêché de Lyon reste longtemps le seul en Gaule ;
enfin, en Bretagne ou en Rhénanie, acquises au christianisme au IVe siècle, les invasions germaniques du Ve siècle
ramènent un peuplement païen.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : documents 1 et 2 p. 48
Le christianisme plonge ses racines dans le judaïsme
palestinien.
Il revient au judaïsme d’avoir établi la croyance en un seul
dieu transcendant. Ce monothéisme trouve sa genèse,
selon l’Ancien Testament, dans deux exodes : celui
d’Abraham qui quitte la ville d’Ur en Chaldée vers 1850
av. J.-C., et celui des Hébreux d’Égypte vers le XIIIe siècle
av. J.-C. Faire lire le document 2 p. 48 et faire répondre à
la question 3. Parce qu’il refuse de libérer les Hébreux de
leur servitude, le pharaon s’oppose à Moïse (question 3).
À ce sujet, la Bible hébraïque nous apprend que l’Égypte
tout entière se voit infliger des calamités naturelles : invasion de mouches, de taons, pullulement de grenouilles,
crue terrible du Nil, moissons anéanties, maladie et peste,
mort de tous les premiers-nés égyptiens, hommes et bêtes,
en une seule nuit... Les dix plaies d’Égypte se produisant
Pour aller plus loin
Dire aux élèves que les chrétiens font une distinction entre
les saints et les autres défunts : d’une part, les défunts en
général, pour lesquels il faut prier pour qu’ils soient
accueillis auprès de Dieu, et d’autre part, ceux qui sont
déjà auprès de Dieu, auxquels on peut demander d’aider
les autres chrétiens par leur prière. Parmi les saints, on
recourt beaucoup à la prière de la Vierge Marie, à celle des
apôtres et à celle des martyrs. Il y aussi les « docteurs de
l’Église » (l’Église reconnaît en eux des enseignants
compétents de la doctrine du Christ), les « vierges » (femmes qui s’engagent dans un célibat absolu par amour pour
le Christ), ou les « religieux ». Pour l’époque la plus
3. Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, I, 28-31.
39
chrétien et le clergé des autres religions. Le Bon Pasteur
n’a pas de pouvoir magique ; il n’est pas le gardien jaloux
des rites ; il n’est pas l’homme du sacré, par opposition au
profane. Il est l’homme spécialisé de la cause de l’Évangile autour de qui s’assemble la communauté. Après Jésus,
les apôtres, puis les évêques exerceront l’autorité pastorale. Conjointement à la structure pastorale et articulée sur
elle, il faut insister sur la structure sacramentelle de la
communauté. Faire observer le document 4 p. 49 et faire
répondre aux questions 6 et 7. Cette mosaïque byzantine
montre que, dès les origines et par une volonté expresse de
Jésus, la communauté célèbre l’eucharistie (aussi appelée
« fraction du pain ») comme sacrement plénier de la vie en
Église. « Ils [les chrétiens] se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle,
à la fraction du pain et aux prières » (Actes des apôtres,
II, 42). Faire repérer Jésus : à droite de la mosaïque, il
porte une barbe noire et son nimbe (question 7).
L’eucharistie rappelle le dernier repas de Jésus avec ses
douze apôtres (question 8). Enfin, Dieu n’est plus qui l’on
pense. Sa puissance est d’amour, non de terreur. Il est le
Dieu très humain qui s’adresse à la liberté de l’homme.
Il est le Dieu qui fait l’Histoire avec l’homme au point de
lui proposer de rejoindre Son Royaume. Il est le Dieu qui
pardonne, mais qui appelle à sa communion. Il est le
Dieu de tous et non plus d’une clientèle. La prière chrétienne traduit cette nouveauté du rapport de dépendance
avec Dieu. Faire observer le document 6 p. 49 et faire
répondre à la question 10. Faire décrire la posture de
la chrétienne : debout, les bras ouverts, paumes de la
main ouvertes et tournées vers les cieux (question 10).
Cette posture manifeste que le rapport de dépendance est
dynamique, filial, englobant, à la différence d’une prière
magique ou mercantile, d’une prière d’écrasement ou de
fatalité.
sur une période courte signifieraient une catastrophe écologique majeure, dont ni l’archéologie ni la paléoclimatologie ne conservent d’ailleurs la trace. Dans cette seconde
migration, Dieu se révèle à Moïse sur le mont Sinaï et lui
dicte les Tables de la Loi qui contiennent les Dix
Commandements. Les Tables sont déposées dans l’Arche
d’alliance. Faire observer le document 1 p. 48 et faire
répondre aux questions 1 et 2. Le roi Salomon (Xe siècle
av. J.-C.) fait construire à Jérusalem un temple dans lequel
il fait déposer l’Arche d’alliance. Le Temple est l’unique
demeure de Dieu. Il comprend deux salles. La première, le
Saint, contient un autel des parfums et une table des
offrandes ; seuls les prêtres peuvent y pénétrer. La
seconde, ou Saint des Saints, contient l’Arche d’alliance et
le chandelier à sept branches ou Menora (question 2). Elle
est séparée du Saint par un rideau. Devant le temple sont
dressées deux colonnes de bronze et un autel des sacrifices (question 1).
➤ Activité 2 : documents 3, 4 et 6 pp. 48-49
Le discours de Jésus proclame la nécessité de la rupture
par rapport au judaïsme.
On peut s’étonner que les premiers disciples de Jésus de
Nazareth, et particulièrement les apôtres, aient cru en lui
de façon si inconditionnelle. Leur culture juive les y
porte4. Comme tous les membres du « peuple élu », ils
sont monothéistes ; ils méditent l’enseignement de
l’Ancien Testament et attendent la venue du Messie
annoncé par les prophètes ; ils continuent à obéir à la Loi
de l’ancienne Alliance. Mais, dans le même temps, ils prétendent vivre leur foi dans une situation nouvelle et à un
degré de plénitude que seul le Christ leur permet d’atteindre. Eux-mêmes ne s’appellent pas encore « chrétiens »,
mais « Nazaréens », mot qui, tout en rappelant le lieu de
l’enfance de Jésus, peut aussi être interprété à partir d’un
radical signifiant « séparé » (des autres Juifs par un vœu
particulier à Dieu). Cette conviction s’enracine dans leur
foi en l’identité divine de Jésus et en sa résurrection. Cette
expérience du Christ ressuscité leur apprend que cet
homme a été une personne divine tout au long de sa carrière terrestre, bien que de façon cachée ! On comprend
mieux pourquoi ces Juifs se réfèrent constamment aux
textes messianiques de l’Ancien Testament pour y découvrir l’annonce de la venue de celui qu’ils croient Fils de
Dieu.
➤ Activité 3 : document 5 p. 49
Paul de Tarse (v. 5-15 – v. 62-64) est l’idéologue de la nouvelle religion.
Paul appartient à la diaspora juive de langue grecque ; il
est instruit et son père est citoyen romain. Faire observer
le document 5 p. 48 et faire répondre aux questions 8
et 9. Dans chaque ville qu’il visite – Antioche,
Thessalonique, Bérée, Éphèse –, Paul prend bien soin
d’aller à la synagogue locale pour s’adresser d’abord aux
Juifs (questions 8 et 9). Ceux-ci parfois l’écoutent, parfois
le chassent. Paul tire les leçons de l’échec de sa mission
évangélique auprès des Juifs et situe la nouvelle religion
en dehors des particularismes : le judaïsme s’adresse à un
peuple ; le christianisme, lui, se veut universel. Le « paulinisme », dispensant les gentils de la circoncision et
autres prescriptions judaïques, dégage le christianisme du
judéo-christianisme. Parti d’Antioche, Paul fonde des
communautés chrétiennes au cours de trois voyages dans
l’Orient hellénisé : Asie Mineure, Macédoine, Grèce. Il ne
dépend d’aucune instance ecclésiastique, ni d’aucune tradition apostolique. Son autorité, il la tient, dit-il, directement du Christ, qui lui est apparu sur le chemin de Damas ;
Faire lire le document 3 p. 48 et faire répondre aux questions 4 et 5. À cause des persécutions, les premiers chrétiens renoncent à donner une représentation historique de
Jésus-Christ et créent un type conventionnel, symbolique,
compréhensible de tous les initiés. C’est ainsi que Jésus
prend les traits mythiques d’Orphée (qui est descendu aux
enfers), d’un jeune homme enseignant, ou du « Bon
Pasteur » (question 4). La parabole du bon pasteur – le
berger gardien de ses brebis – témoigne de l’Évangile : de
la même façon que « le bon pasteur risque sa vie pour ses
brebis », la vie de Jésus manifeste une venue bienveillante
de Dieu parmi les hommes (question 5). Par extension,
cette parabole explique la différence entre le ministre
4. Les convertis parmi les Juifs sont désignés aujourd’hui du terme « judéo-chrétiens ».
40
communion avec lui. Les chrétiens qui ne prononcent
aucun vœu et restent dans le siècle sont désignés pour cette
raison « saeculares », les « séculiers », pour nous les « laïcs ».
c’est dans cette expérience personnelle de conversion que
s’enracine son message : « Je vous rappelle, frères,
l’Évangile que je vous ai annoncé. […] Je vous ai donc
transmis que le Christ est ressuscité, qu’Il est apparu à
Képhas, puis aux douze. Ensuite, Il est apparu à plus de
cinq cents frères à la fois – la plupart d’entre eux vivent
encore. Voilà ce que vous avez cru. […] Si le Christ n’est
pas ressuscité, vide est notre annonce, vide est votre foi »
(Lettre aux Corinthiens, chap. XV). Arrêté à Jérusalem, il
est exécuté à Rome.
➤ Activité possible
Faire réaliser par les élèves un organigramme des divers
états de la vie dans la société catholique. Insister sur la
coupure très nette entre les clercs/religieux et les laïcs.
Des traditions chrétiennes
Être catholique, c’est d’abord adhérer à tout ce que l’institution définit comme vérité de foi, qui trouve sa formulation dans le Credo (en latin, « Je crois ») de Nicée (325)
proclamé solennellement à chaque messe, et résumé par le
« Symbole des Apôtres » (IIIe siècle) : « Je crois en Dieu,
Père tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre, et en
Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été
conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie ; a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux Enfers ; le troisième jour, est ressuscité des morts, est monté aux cieux ; il siège à la droite de
Dieu, Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants
et les morts. Je crois au Saint-Esprit, à la sainte Église
catholique, à la communion des saints, à la rémission des
péchés, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. »
C’est aussi observer scrupuleusement les commandements canoniques, qui règlent la discipline des sacrements
– le baptême est le premier des sacrements – et fixent des
fréquences impératives : assistance à la messe, confession
de ses péchés, communion pascale. Le baptême, que les
premiers chrétiens ont en commun avec les Juifs, est une
purification religieuse par bain ou par aspersion d’eau. À
l’époque du Christ, il sert de rite d’entrée dans la nouvelle
communauté, ce qui explique que l’intéressé n’y procède
pas lui-même. C’est ainsi que Jésus reçoit le baptême de
Jean le Baptiste dans le Jourdain.
l’héritage chrétien
Le calendrier chrétien /
Jésus-Christ est né avant Jésus-Christ
D’une part, nous ne savons pas avec certitude où et quand
Jésus est né. D’autre part, notre manière de compter les
années a été fixée en fonction de la naissance du Christ,
considérée comme point zéro à partir duquel on compte le
temps vers l’après et vers l’avant (il n’y a pas d’année zéro).
La datation correspondant à l’an 1 de l’ère chrétienne est
donc purement théorique. Elle dérive d’une spéculation des
computistes (qui coordonnent les différents calendriers)
d’Alexandrie au Ve siècle et de la table qu’en a tirée l’évêque
local, Cyrille. Cette datation sert de base à la révision du
comput de l’Église romaine par Denys le Petit et finit par
s’imposer partout en Occident comme ère mondiale.
➤ Activité possible
Distribuer aux élèves plusieurs pages d’un agenda. Leur
montrer que ce calendrier est fondamentalement la liste
des fêtes du Christ, de la Vierge Marie et des autres saints
célébrés à un jour fixe de l’année.
Le pape
Les différentes catégories de la société catholique sont
définies en fonction des divers états de vie, à savoir selon
le degré choisi de renoncement au siècle et l’importance
des ordres ecclésiastiques reçus. L’Église a défini une progression dans la réception des ordres, depuis les ordres
mineurs – portier, lecteur, exorciste, acolyte – jusqu’aux
ordres majeurs – sous-diacre, diacre, prêtre, évêque. La
tonsure et la réception d’au moins le premier des ordres
mineurs distinguent les clercs ; ceux qui sont ordonnés
prêtres entrent dans la hiérarchie du clergé séculier. Pour sa
part, le moine s’engage à vivre retiré du monde : pour ce faire,
il prononce des vœux et se soumet à une règle. Il peut ne
pas accéder à la prêtrise, donc ne peut pas être qualifié de
« clerc » ; cependant, l’habitude d’ordonner les moines
débute à l’époque carolingienne, puis se généralise dans
toute l’Europe. D’autres moines, enfin, contractent un
engagement religieux sanctionné par des vœux et la soumission à une règle de vie mais sans se retirer du siècle :
ce sont les religieux, illustrés par les ordres mendiants,
dominicains, franciscains, carmes et augustins. L’autorité
de direction est détenue par le pape, qui arbitre en tant que
pasteur suprême, et par les évêques, qui gouvernent en
pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon.
Par exemple, « monothéisme », « Jésus-Christ », « apôtres »,
« Évangile », « persécutions », « Église », « Paul de Tarse ».
Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères
figurant sur la chronologie p. 46. Mettre en commun les
réponses et écrire ensemble le résumé de cette séquence.
bibliographie
– Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien,
Éditions du Cerf, 1990.
– N. Gauthier, Les premiers siècles chrétiens, « Documentation photographique » n° 7028, La Documentation
française, 1995.
– M. Simon, Les Premiers Chrétiens, coll. « Que sais-je ? »,
n° 511, PUF.
41
les invasions barbares
Pages 52 à 57 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Brutale aux yeux des contemporains, la désintégration politique de l’Empire romain est en fait un processus lent
(deux siècles environ, IVe-Ve siècles ap. J.-C.), complexe, et au rythme inégal dans les deux parties de l’Empire1.
L’infiltration des « Barbares » – au sens d’étrangers à la civilisation romaine – affecte surtout les structures de
l’Occident romain puisqu’ils s’y implantent durablement.
Compétences
• Appréhender le temps en situant la période des Grandes Invasions.
• Repérer le parcours de migration des peuples barbares.
• Caractériser une période : l’émergence des royaumes barbares.
Photofiche
Voir la photofiche p. 62.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
que sont
les grandes invasions ?
➤ Activité 1 : document 1 p. 52
L’Europe est le cadre des migrations barbares.
Le contexte historique
Faire observer le document 1 p. 52 et faire répondre aux
questions 1, 2, 3 et 4. La carte montre la direction des
Grandes Invasions : depuis l’est vers l’ouest et le sud de
l’Europe, c’est-à-dire vers l’Occident romain. Les
Barbares déplacés, en majorité germaniques, commencent
à pénétrer massivement dans l’Occident romain en 376.
Parmi les peuplades barbares, faire repérer les Francs, les
Alamans et les Burgondes ; tous sont établis le long du
limes rhénan et danubien (question 1). Les Francs forment une confédération des tribus installées depuis plusieurs générations sur les bords des moyenne et basse
vallées du Rhin. Les Burgondes sont au nord du Danube
et dans la vallée du Main, au nord et à l’est des Alamans.
Les trois peuples sont éponymes : Francs pour la France,
Alamans pour l’Allemagne, Burgondes pour la Bourgogne
(question 2). L’arrivée des Huns en 375 précipite les
Germains dans l’Empire (question 3). La poussée
hunnique et la panique des Germains orientaux (Goths,
Alains, Ruges, Skires, Érules) entraînent une véritable
réaction en chaîne. En 406, la ligne de défense craque sur
le Rhin et les peuplades germaniques de la plaine danubienne – Vandales, Suèves et Burgondes – se répandent
dans l’Empire, bousculant au passage les Germains occidentaux déjà établis sur cette ligne, les Francs au nord, les
Alamans au sud (question 4). Le fragile équilibre entre les
Germains est donc rompu.
Signaler aux élèves la montée en puissance des Francs au
détriment des Alamans. La victoire totale de Clovis (481511) sur Syagrius, qui commande depuis la ville de
Le point de départ est la chute de l’Empire romain
d’Occident (476). Aujourd’hui encore, nos livres
d’Histoire font commencer le Moyen Âge au Ve siècle,
avec les premières installations de Germains dans
l’Occident romain. Il est évident que l’infiltration des
Barbares au travers du glacis protecteur de l’Empire (en
latin, le limes2) joue un rôle déterminant dans la dislocation de l’Empire, en particulier à l’ouest. Pour autant, faire
de l’arrivée des Barbares la seule cause de l’effondrement
de l’Empire serait donner du crédit à la thèse du choc des
civilisations. L’historiographie moderne confirme ce que
les contemporains savaient déjà : les Germains ne sont pas
un corps étranger à la civilisation romaine. Ce sont souvent des peuples intégrés à la défense de l’Empire ; leurs
chefs les plus doués obtiennent même des responsabilités
importantes. En 375, par exemple, le Franc Arbogast est
nommé tuteur du jeune empereur Valentinien II, comme le
sera en 395 le Vandale Stilicon pour les deux fils de l’empereur Théodose Ier. Le plus célèbre est le Skire Odoacre
qui, en désaccord avec le père du dernier empereur
d’Occident, Romulus Augustule, chasse le souverain et
s’installe dans Rome. C’est pour cette raison qu’il est difficile de faire des migrations barbares des « invasions » au
sens littéral. L’étude de la chronologie p. 52 permet aussi
de faire comprendre aux élèves que la chute de l’Empire
romain est un processus lent, qui s’inscrit dans le glissement pluriséculaire des peuples d’Asie et d’Europe de
l’Est vers l’ouest et le sud.
1. L’empereur Constantin crée une nouvelle capitale en 324 sur l’emplacement de la colonie grecque de Byzance : Constantinople, au centre de la partie orientale, est consacrée Nouvelle Rome en 330. En 395, la partition de l’Empire devient définitive.
2. Le limes est la frontière défensive de l’Empire. Elle est matérialisée en Europe par un ensemble de fortins alignés sur le Rhin et le Danube ; ils sont reliés
à des camps militaires et à des colonies auxiliaires établis en retrait. En Orient et en Afrique, la ligne de démarcation est une grande rocade routière ou un
fossé continu.
42
superposées, repose sur une sorte de tunique. Le javelot
(pilum) est remplacé par une longue lance d’arrêt (hasta
ou contus). Le bouclier complète la panoplie du fantassin
(question 5).
Faire observer le document 5 p. 53 et faire répondre aux
questions 8 et 9. L’hécatombe d’Andrinople réactive la
vieille opposition entre les Barbares et les citoyens
romains, avec tous les stéréotypes qui y sont associés. Par
exemple, la bravoure des Germains s’explique par leur
croyance en la métempsycose, qui leur retire toute peur de
la mort. Ou bien, la mise à mort des guerriers vaincus par
les vainqueurs (question 8), avec cet usage consistant à
suspendre à l’encolure de leur cheval les têtes de leurs
ennemis, qu’ils clouent aux portes de leurs maisons à leur
retour de bataille (question 9). Ainsi, le monde barbare
sert de faire-valoir à Rome qui, prenant le relais des Grecs,
se situe au centre de la civilisation.
Soissons la grande armée romaine du Nord, lui ouvre tous
les territoires de la Gaule du Nord, jusqu’à la Loire et aux
frontières de la Bretagne, où il n’a plus de concurrents. Il
brise d’abord la puissance alémanique entre 496 et 506,
puis il chasse d’Aquitaine les Wisigoths, et contraint enfin
les autres rois francs à se soumettre.
Dire que la poussée hunnique profite aussi aux
Burgondes. En 413, un traité (foedus, en latin) les installe
dans la partie romaine de la Rhénanie, mais ce premier
royaume est détruit par le général romain Aetius et par les
Huns en 436 ; en 443, un nouveau traité les installe en
Sapaudia ; ce deuxième royaume burgonde s’étend progressivement du sud de la Champagne à la Durance.
➤ Activité 2 : documents 2, 3, 4 et 5 p. 53
Pendant les trois derniers siècles de son histoire, Rome
combat sur deux fronts.
En Occident – sur le Rhin et sur le Danube –, l’Empire
romain affronte les Barbares. Faire lire le document 2
p. 53. Dès la fin du IIe siècle, des peuplades germaniques
(Quades, Marcomans) et asiatiques (Sarmates) se pressent
déjà sur la ligne du Danube. Faire observer le document 4
p. 53 et faire répondre aux questions 6 et 7. Ce détail de
la colonne Antonine oppose l’image du Barbare échevelé
au Romain impeccablement casqué et cuirassé, figé dans
la morgue et l’assurance tranquille des vainqueurs (question 6), tandis que des prisonniers barbares sont mis à
mort (question 7). Au début du IIIe siècle, les raids des
Goths font peser une menace plus grave encore. Il est probable que la distinction entre Wisigoths et Ostrogoths
remonte précisément à cette époque : les Wisigoths se
fixent à l’ouest de la mer Noire, dans la région forestière
qui s’étend entre le Danube et le Dniestr, l’antique Dacie
et la Roumanie actuelle ; les Ostrogoths sont à l’est. En
244, les Goths submergent le limes danubien ; puis à nouveau entre 248 et 250. Ils ravagent l’Asie Mineure et la
péninsule balkanique. En 322, après d’autres agressions
en Scythe, en Thrace et en Mésie, l’empereur Constantin
signe un premier traité avec les Wisigoths : en contrepartie de subsides annuels, ceux-ci défendent le cours inférieur du Danube3. Il est donc naturel que l’empereur
Valens accorde le droit d’asile aux Goths, chassés de leurs
terres par les Huns en 376. Mais les exilés se rebellent et
deviennent à leur tour une menace pour l’Orient romain.
En 378, en Thrace, près de la ville d’Andrinople, à 200 km
au nord-ouest de Constantinople, l’armée romaine, mal
renseignée, mal préparée et mal commandée, est écrasée ;
Valens est tué dans la mêlée.
Faire observer le document 3 p. 53 et faire répondre à la
question 5. En pillant les fabriques d’Andrinople, les
Goths s’équipent d’un armement romain. La calotte du
casque est composée de plusieurs sections rivetées entre
elles. Les paragnathides (protège-joues) sont couvrantes et
articulées à la calotte par des charnières ; un nasal est
ajouté. Le glaive est remplacé par la spatha, longue épée
à une main dotée de deux tranchants parallèles. La cotte
de mailles, faite de longues et étroites lamelles de métal
En Orient, Rome est engagée dans un conflit d’une autre
nature contre les Perses sassanides. Depuis qu’en 224, les
Perses ont évincé les Parthes, la guerre tourne à leur avantage. Du nord au sud, la frontière entre les deux empires
passe par l’Arménie, la Mésopotamie et le nord de la
péninsule arabique. Après l’édit de Théodose Ier (391)4,
leur compétition politique se double d’une opposition
entre deux religions d’État : le christianisme d’une part, le
mazdéisme5 d’autre part.
➤ Activité 3 : document 6 p. 53
Contre les Barbares, les Romains utilisent deux armes.
Faire lire le document 6 p. 53 et faire répondre à la question 10. D’une part, les Romains recrutent leurs contingents au sein même des tribus barbares et éliminent les
ethnies trop puissantes ou trop remuantes, interdisant l’apparition d’un prétendant (question 10). Ainsi, l’empereur
d’Orient Léon Ier (règne de 457 à 473) élimine l’Alain
Aspar allié aux Goths en s’appuyant sur les Isauriens
(tribus montagnardes du Taurus) et, après le court règne de
Léon II, l’Isaurien Zénon (474-491) chasse ses propres
compatriotes.
D’autre part, ils utilisent le système du traité : en échange
de terres et/ou d’un tribut, le peuple fédéré assure, sous la
responsabilité de son roi, une mission de défense territoriale. On a ainsi retrouvé dans la sépulture du Franc
Childéric (457-481), père de Clovis, un anneau sigillaire
figurant sa silhouette et portant la légende « Childerici
Regis » ; si Childéric est paré du titre romain « rex », cela
signifie que l’empereur reconnaît sa royauté. Dès lors, il
est probable que Childéric est le roi d’un « peuple fédéré ».
De même, Théodoric (v. 455-526), roi des Ostrogoths de
474 à 526, est fait magister militum et patrice par l’empereur d’Orient Zénon, et est installé en Mésie et en Dacie
vers 480. Mais ce n’est pas suffisant ; malgré les dignités
romaines dont Théodoric est revêtu, les Ostrogoths inquiètent les Balkans et menacent Constantinople. Pour les
éloigner définitivement, Zénon leur concède alors l’Italie,
que prétend gouverner en toute indépendance un autre
3. Cette région correspond à la Transylvanie, la Munténie, la Moldavie et l’Ukraine actuelles.
4. Théodose Ier interdit la pratique des cultes païens dans l’Empire.
5. Religion zoroastrienne de l’Iran antique.
43
Barbare, Odoacre, qui a renvoyé les insignes impériaux à
Constantinople en 476. Le peuple ostrogoth arrive en
Italie en 489 ; Anastase, successeur de Zénon, ne reconnaîtra Théodoric comme roi d’Italie qu’en 497. Cette titulature romaine est importante car cela va à l’encontre des
préjugés qui insistent sur le choc des cultures entre la
horde barbare et les partisans de la légitimité romaine.
troublée par d’autres Barbares, les Wisigoths sont installés
en Aquitaine. Le royaume wisigoth de Toulouse reste l’allié des empereurs d’Occident entre 418 et 466. C’est le roi
wisigoth Théodoric Ier (418-451) qui, aux côtés du général
romain Aetius, vainc Attila au cours de la bataille des
champs Catalauniques. Théodoric II (453-466) respecte
encore le traité. Mais ses successeurs, Euric (466-484) et
Alaric II (484-507), le dénoncent pour agir en souverains
indépendants.
Sur les traces
des germains et des huns
Faire observer le document 3 p. 54 et faire répondre aux
questions 4 et 5. Même si, officiellement, l’Empire
romain d’Occident ne disparaît qu’en 476, Rome a déjà
été prise : par les Gaulois du chef Brennus en 3908, par les
Wisigoths d’Alaric en 410, et par les Vandales en 455
(question 4). C’est que les traités ne garantissent qu’une
reconnaissance limitée de l’autorité impériale dans les
royaumes germaniques. Après la dissolution de l’armée de
Gaule (454), le pouvoir appartient en fait aux généraux
barbares qui commandent la dernière armée de campagne
qui subsiste, celle d’Italie. À Ricimer (456-472), fils d’un
Suève et d’une Wisigothe, succède le Skire Odoacre. Il
fait attribuer le tiers des terres d’Italie à ses soldats,
dépose l’empereur Romulus Augustule et fait assassiner
son père Oreste en 476 (question 5). Il n’y a plus d’empereur dans l’Occident romain.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : documents 1, 2 et 3 p. 54
L’Empire romain est barbarisé de l’intérieur.
Faire lire le document 1 p. 54 et faire répondre aux questions 1 et 2. La branche occidentale des Barbares est
constituée des Germains, dont l’origine est sans doute la
Scandinavie et les rivages orientaux de la Baltique. Le
terme « Germain » est de fabrication latine ; il désigne
« les frères nés de même père et de même mère »
(question 1). L’archéologie avance que les migrations germaniques remontent à la fin de l’âge de bronze, avec un
établissement de peuplades venues de Scandinavie sur les
rives du Danemark et de la Poméranie vers 1000 av. J.-C.,
glissant vers la Westphalie vers 800 av. J.-C. Mais,
jusqu’au IIe siècle av. J.-C., cette avancée est bloquée par
l’expansion celte. Elle n’explose que par intermittence :
au IIe siècle av. J.-C., Cimbres et Teutons pénètrent le
domaine celtique et atteignent la Gaule transalpine ;
l’agression des Suèves en 58 av. J.-C. est l’origine directe
de la guerre des Gaules6 ; entre 165 et 180, les Quades
et les Marcomans mettent en péril l’empire de Marc
Aurèle ; le plus grave danger est celui des Goths. La littérature antique à visée ethnographique, qui reste prisonnière des stéréotypes sur les Barbares, essaie péniblement
de différencier Gaulois et Germains : « Comparés aux
Gaulois, les Germains ont des mœurs plus sauvages, une
taille plus élevée, les cheveux plus blonds, mais à cela
près, ils leur ressemblent fort » (question 2)7.
Faire observer le document 2 p. 54 et faire répondre à la
question 3. Il n’empêche que des chefs barbares occupent
des positions importantes au niveau central de l’Empire.
Par exemple, l’empereur d’Orient Théodose Ier défait l’armée de son compétiteur occidental en 388 et, pour la dernière fois, réunifie l’Empire ; s’il le divise entre ses deux
fils Arcadius et Honorius, il prévoit qu’après sa mort (en
395), le Vandale Stilicon aura la tutelle des deux princes
(question 3). Son assassinat en 408 accélère d’ailleurs la
descente vers l’Italie des Wisigoths du chef Alaric ; en
410, ils saccagent Rome. En 418, un nouveau traité est
obtenu par Honorius : missionnés pour pacifier l’Espagne
➤ Activité 2 : document 4 p. 55
La Gaule est une mosaïque de royaumes barbares.
Faire observer le document 4 p. 55 et faire répondre aux
questions 6 et 7. Faire repérer le royaume des Francs dans
la Gaule du Nord. On a l’habitude de distinguer deux
groupes : les Saliens, centrés sur le bassin moyen de
l’Escaut – Tournai est leur capitale (question 6) –, et les
Rhénans (ou Ripuaires) à l’est. S’ils opèrent des raids en
Gaule (en 257 et vers 268-275), leurs rapports avec
l’Empire sont étroits : les Francs fournissent des soldats
expérimentés (y compris des généraux, comme Arbogast),
mais surtout des paysans, installés comme colons dans le
nord de la Gaule. Dire aux élèves que Clovis est le fils du
roi Childéric, un Germain au service de Rome. Sous le
règne de Clovis (481-511) – qui a hérité de son père la
royauté des Francs saliens –, plusieurs autres rois francs
existent de manière sûre à Cologne et à Cambrai. Tous
ces rois sont encore, à la fin du Ve siècle, des rois « barbares ». Ils sont avant tout des chefs de guerre élus à vie par
l’assemblée de leur peuple en armes. Grégoire de Tours
raconte le rituel d’accès à la royauté chez les Francs
saliens : « Quand ils eurent écouté Clovis, ils l’applaudirent tant de leurs boucliers que de leurs cris et le choisirent
pour roi en l’élevant sur un bouclier. » Ce récit ne contredit pas une autre coutume franque (peut-être germanique),
qui est le respect de l’hérédité : « Childéric étant mort,
c’est son fils Clovis qui fut appelé à lui succéder »9. D’autres
royautés barbares émergent en Gaule : les Wisigoths au
sud de la Loire, les Burgondes à l’est de la Saône et du
Rhône, les Ostrogoths en Provence (question 7).
6. Voir le manuel de l’élève : « Sur les traces de Jules César », document 4 p. 29.
7. Voir le manuel de l’élève : « Comment vivaient les Gaulois ? », document 2 p. 19.
8. Voir le manuel de l’élève : « Comment les Celtes sont-ils arrivés en Gaule ? », document 1 p. 12.
9. Decem Libri historiarum, Grégoire de Tours, trad. Latouche.
44
➤ Activité 3 : documents 5 et 6 p. 55
pierre d’équipements publics et de nécropoles au niveau
des soubassements. Par exemple, la porte Noire (porta
Nigra) de Trèves fait partie de l’enceinte de 6,5 km
construite vers 180 et comportant des portes et des tours.
C’est une construction haute de 30 m, longue de 32 m, et
de 22 m de profondeur. Les blocs sont en grès taillé,
assemblés sans mortier et reliés par des fers scellés de
plomb. Son franchissement devait être défendu par une
herse. Partout, la fortification des villes s’accompagne de
la rétraction de leur emprise foncière. Cela correspond au
choix d’une défense des seuls éléments stratégiques de la
ville.
La poussée hunnique bouscule l’ordonnancement impérial
et les installations barbares.
Souvent présenté comme le déclencheur des Grandes
Invasions, le peuple hunnique est en fait mal connu.
S’agit-il d’un peuple turc ? Doit-on le rattacher aux Xun
qui, d’après les sources chinoises, détruisirent la résidence
des empereurs de la dynastie Tsin en 311 ? ou encore des
Chounoï des documents grecs, repérés en Arménie en 290 ?
En tout cas, la brève poussée hunnique traverse, entre la
fin du IVe siècle et le début du Ve siècle, les plaines d’Asie
centrale vers l’ouest et se retrouve, par raids successifs, au
milieu de l’Empire romain d’Occident. Faire lire le document 5 et faire répondre aux questions 8 et 9. Vers 375,
les Huns détruisent l’établissement ostrogoth d’Ukraine et
s’y installent (question 8). Une véritable panique s’empare des Ostrogoths : leur roi Ermanaric se suicide (question 9) ; ils se ruent vers l’ouest, franchissent le Dniestr et
le Danube, entraînant dans leur sillage les Wisigoths et
d’autres Germains orientaux (Alains, Ruges, Skires, Érules). La chronique d’Ammien Marcellin est certainement
rédigée après cette première poussée hunnique. Elle est
l’expression d’un sentiment très répandu chez les citoyens
romains de cette époque qui veut que les Barbares soient
trop nombreux. Le texte est un stéréotype où percent à la
fois la curiosité, la stupéfaction et le rejet. À partir de 425,
les Huns centrent leur domination sur la Pannonie, développant un État avec sa cour et sa bureaucratie. En 434,
Attila devient leur roi : il dévaste d’abord les Balkans, puis,
à partir de 449, se tourne vers l’Occident. Faire observer
le document 6 et faire répondre à la question 10. En 451,
Attila ravage la Belgique et la Lorraine et avance jusqu’à
Orléans ; accroché pendant son repli à la bataille des champs
Catalauniques (à Moirey, près de Troyes), il délaisse alors
la Gaule pour l’Italie, qu’il razzie en 452, allant jusqu’à
Rome où il rencontre le pape Léon Ier (question 10). Mais
Attila meurt en 453 et le conglomérat hétéroclite de tribus
qui s’était constitué autour des Huns se dissout.
L’orfèvrerie
Lorsqu’en 489, l’empereur d’Orient Zénon lâche sur
l’Occident le roi des Ostrogoths Théodoric et son peuple,
le Skire Odoacre ne peut résister : sa capitale, Ravenne,
est prise en 493 et lui-même est tué. On estime à environ
100 000 individus la population qui s’établit dans la vallée
du Pô, au nord de la péninsule et sur les côtes de
l’Adriatique. Comme tout peuple nomade, les Ostrogoths
ne possèdent pas d’architecture spécifique : ils utilisent
celle qu’ils trouvent dans le pays qu’ils occupent. En
revanche, le germanisme de l’occupation et de la distribution du peuple ostrogoth dans les espaces italiques transparaît à travers les matériels funéraires et les objets de
parure personnelle, telle cette plaque-boucle de ceinture
en or à appendices aviformes garnie d’un cloisonné, provenant d’une sépulture de Landriano à proximité de Pavie
(Museo civico del castello Sforzesco, Milan). Les plaquesboucles de ceinture à boucle articulée comportent une
plaque rectangulaire dont l’avers s’orne de motifs géométriques ou de végétaux incisés ou portant des cabochons
répartis sur la surface ; il existe quelques rares exemplaires – dont celui de Landriano – dont la plaque est entièrement recouverte d’un cloisonné. Ces pièces sont datées de
l’an 500 environ.
pour construire le résumé
l’héritage barbare
Solliciter les élèves pour trouver les mots-clés de la leçon.
Par exemple, « Barbares », « Grandes Invasions », « Huns »,
« Germains », « Empire romain d’Occident / d’Orient » ,
« 476 ap. J.-C. ». Mettre en relation chacun de ces mots
avec les repères figurant sur la chronologie p. 52. Mettre
en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de
cette séquence.
Des constructions défensives /
Des villes gallo-romaines plus petites
Aux Ier et IIe siècles, très peu de villes sont fortifiées : la
ville ouverte, c’est-à-dire dénuée de remparts, est une
manifestation extérieure de la paix romaine. Moins d’une
vingtaine de villes – Trèves, Orange, Vienne, Arles, etc. –
dérogent à cette règle. Ensuite, avec les Grandes
Invasions, l’insécurité s’installe durablement dans
l’Empire. Des murailles et des portes fortifiées sont
construites. On a longtemps pensé que ces fortifications
avaient été réalisées dans l’urgence ; mais la qualité et
l’étendue des ouvrages défensifs font plutôt songer à un
travail patient et méthodique. On évoque aujourd’hui une
période de construction allant de 250 à 350. Les murailles
sont faites de pierres ou de briques, avec des remplois en
bibliographie
– M. Le Glay, J.-L. Voisin, Y. Le Bohec, Histoire romaine,
Armand Colin, 1991.
– P. Riché, Grandes Invasions et Empires, Larousse, 1968.
– L. Musset, Les Invasions, PUF, 2e éd., 1969.
45
dessiner à la manière de… la vie quotidienne
Pages 58 et 59 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Les Instructions officielles préconisent de resituer dans leur contexte les créations artistiques grâce au programme
d’Histoire, qui fournit aussi les références culturelles indispensables.
La pratique créative est une composante fondamentale de l’éducation artistique, dans laquelle l’élève est amené à
s’exprimer pour donner corps à un projet personnel.
Compétences
• Être capable de transformer un texte littéraire en une bande dessinée.
• Être capable de construire une réalisation graphique en y intégrant des contraintes spatiales.
• Être capable d’intégrer des éléments historiques dans une œuvre plastique.
L’exploitation pédagogique en classe
➤ Activité 1 : « Un exemple
de bande dessinée historique »
La ville par excellence est Rome, qui compte plus de
1 million d’habitants au maximum de son expansion. La
population y est entassée dans d’énormes immeubles de
cinq étages, les insulae. Les temples, le Colisée, les
thermes, les amphithéâtres et les forums aèrent un peu
l’espace. Les rues étroites rendent la circulation difficile,
les encombrements sont quotidiens. Les courses et les
jeux du cirque et du Colisée ainsi que les thermes offrent
des distractions aux citoyens romains.
Rome ne produit rien. Il faut acheminer le ravitaillement
depuis toutes les provinces de l’Empire. C’est à Ostie, le
port de Rome, creusé sous Claude et Trajan, que sont rassemblées les marchandises. Autour des grands bassins
portuaires ont été construits les docks et le forum des corporations, décoré de grandes mosaïques indiquant l’activité du marchand ou l’origine de son commerce.
L’administration romaine des marchés surveille l’approvisionnement et les transactions. Elle est présente dans tout
l’Empire.
Le forum est le centre de Rome. C’est là que sont
construits de nombreux temples, la basilique où la justice
est rendue, la bibliothèque. Les candidats aux élections y
prononcent leur discours, c’est aussi le lieu où le peuple
vote les lois et discute politique.
Les jours de marché, une grande agitation règne. Les boutiques, situées au rez-de-chaussée des maisons, donnent
directement sur la rue. Il existe aussi des marchés couverts :
les échoppes se situent alors de part et d’autre d’un
passage. Toutes les boutiques ont une enseigne illustrée.
➤ Activité 2 : « J’étudie un texte antique »
Apulée vécut à Rome puis à Carthage au IIe siècle après
J.-C. Il a tiré de ses nombreux voyages un regard critique
et amusé de la vie dans les villes.
Apulée n’hésite pas à marchander le prix des poissons
face au vendeur malhonnête. Puis il rencontre le préfet de
l’annone, une charge très importante attribuée par l’empe-
reur lui-même, qui lui confie la responsabilité du ravitaillement de la capitale. Pour assumer sa charge, l’annone est
aidé de nombreuses personnes. Parmi ses prérogatives, il a
le pouvoir d’empêcher un vendeur de s’installer sur le
forum. Il doit veiller au bon déroulement du marché.
➤ Activité 3 : « Je transforme le texte
d’Apulée en une bande dessinée »
Pour mener à bien cette activité, il est nécessaire de procéder d’abord à une phase de recherche et de réflexion sur
les enjeux d’une bande dessinée.
Travail préparatoire
Transformer un texte en bande dessinée implique que les
élèves aient au préalable compris la différence entre un
récit sous forme de texte et un récit sous forme de bande
dessinée.
Dans un texte, le lecteur se fait ses propres images. C’est
lui aussi qui effectue les découpages du texte en scènes
s’il en a envie. Dans une bande dessinée, ce sont l’auteur
et l’illustrateur qui font ce travail pour le lecteur.
Avant de passer à la phase d’illustration, il faut donc que
les élèves soient d’accord sur le découpage qu’ils vont
effectuer dans le texte pour le transformer en vignettes.
Une vignette de bande dessinée doit être organisée. Ce
petit espace comprend :
– le décor,
– les personnages,
– le texte dans une bulle qui ne doit pas cacher le dessin et
qui doit être intégrée à la vignette.
Travailler sur une illustration historique demande de s’être
documenté en amont sur :
– la place du forum (son apparence, les bâtiments…),
– les vêtements que portent les citoyens,
– les étals des marchands.
Il est possible d’obtenir ces informations en étudiant en
détail les vignettes d’Alix.
Préparation de la planche
Pour que le dessin soit assez grand, on pourra proposer
aux élèves de travailler sur un format A3 en prenant la
feuille dans le sens de la largeur. On pourra ensuite subdiviser la feuille en rectangles de 10 cm sur 5 cm.
46
Dessins et illustrations
C’est une illustration fine qui est demandée aux élèves.
Les crayons de couleur ou les feutres fins peuvent être
utilisés.
bibliographie
Pour faciliter le travail
– J. Dautry, O. Maisani, Le Guide romain antique, coll.
« Classiques », Hachette, 1952.
– O. Bombarde, C. Moatti, Comment vivaient les Romains ?,
coll. « Découverte Benjamin », Gallimard Jeunesse,
1986.
– H. Lavagne, La Civilisation romaine, « Documentation
photographique » n° 6099, La Documentation française,
1989.
Représenter de façon fidèle les bâtiments et les costumes
d’époque risque d’être difficile pour certains élèves.
On pourra proposer aux élèves de travailler avec du calque :
– l’élève décalque le décor des vignettes (les bâtiments du
forum) ;
– il colle les calques sur les vignettes, puis y ajoute les
personnages et les dialogues.
Pour aller plus loin
sites
Le travail de classe peut être intégré à un travail plus large
sur la bande dessinée au fil des époques.
Les élèves peuvent à leur tour choisir des textes et tenter
de les transformer sur le modèle du texte d’Apulée.
Il est possible aussi de proposer le travail inverse, c’està-dire de partir d’une bande dessinée pour aboutir à un
texte.
– http://fraphael.free.fr/alix.htm
Ce site propose une histoire de la bande dessinée.
– http://historama.free.fr/index.php
Site généraliste sur l’Histoire avec un dossier spécifique
sur l’Antiquité.
47
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
l’écriture
Dossier pages 6 à 11
1. Relis la chronologie de ton dossier page 6, puis complète la frise ci-dessous. Fais
bien attention à l’ordre chronologique : nous sommes avant l’an zéro du calendrier.
– 3200
......................................................
......................................................
– 3000
____________
Alphabet phénicien
– 2000
– 1000
____________
J.-C.
Vers – 800
......................................................
......................................................
Écriture égyptienne
2. Relie les alphabets à leur origine. Aide-toi de la carte de ton dossier page 8.
• Punique
Alphabet grec •
• Arabe
• Hébreu
Alphabet phénicien •
• Étrusque
• Arménien
Alphabet araméen •
• Latin
• Cyrillique
3. Utilise le document 2 page 8 de ton dossier pour écrire en phénicien et en grec les
mots suivants :
ALPHABET : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LATIN : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4. Qui suis-je ?
a. Je suis une écriture pictographique utilisée en Mésopotamie vers la fin du IVe millénaire avant J.-C.
© HACHETTE LIVRE 2006.
Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
b. J’ai reçu en mariage la terre sur laquelle j’ai bâti Marseille. Je suis :
c. Je suis l’origine de l’alphabet arabe. Je suis :
...............................
.
..........................................................
.
d. Je suis une ville du sud de la France fondée par les Grecs entre Olbia et Marseille.
Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
48
e. Je suis un grand vase découvert en 1953. Je suis :
...................................................
.
f. Je suis le mot composé à partir des deux premières lettres de l’alphabet grec.
Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
g. En – 800, mon invention par les Grecs transforme définitivement l’écriture.
Je suis : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5. Relis le texte du document 6 page 9 de ton dossier pour répondre aux questions.
a. Quand le texte a-t-il été écrit ? De quand datent les événements qu’il raconte ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
b. D’après toi, ce texte est-il un récit historique ou bien une légende ? Pourquoi ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
c. Que donne le roi à Protis pour son mariage ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
d. Regarde la carte page 9 et explique où se situe Marseille.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
e. Quels avantages tire Protis en fondant la ville de Marseille à cet endroit ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2006.
écriture – Mésopotamie – Phéniciens – alphabet – Grecs – voyelles – Massalia.
49
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
les celtes
Dossier pages 12 à 17
1. Utilise l’axe chronologique de ton dossier page 12 pour compléter la progression
géographique des Celtes.
IIIe
Vers – 750
Vers – 450
– 385
siècle av. J.-C.
Les Celtes sont
en Europe centrale.
...........................
...........................
...........................
...........................
...........................
...........................
2. Utilise les pages 13 et 15 de ton dossier pour compléter la description des guerriers
gaulois.
Les guerriers s’habillent de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à manches fendues.
Ils ont comme armement une longue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et un . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . allongé.
Pour se défendre, ils utilisent aussi de longues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et une arme de . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pour faire peur à leurs ennemis, ils suspendent leurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . au cou de leurs chevaux.
Puis, de retour de la bataille, ils les clouent devant leurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
© HACHETTE LIVRE 2006.
3. Avec la description que tu viens de compléter, dessine un guerrier gaulois. Pense à
un célèbre guerrier pour t’aider !
50
4. À l’aide de ton dossier page 16, retrouve les définitions des mots suivants :
Celte : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Gaulois : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Oppidum : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5. Complète la grille de mots croisés ci-dessous avec les définitions suivantes :
Horizontalement
1. Principale viande des Gaulois.
2. Colline dont le sommet est plat.
3. « Pays » situé au centre de la Gaule et servant de lieu
d’enseignement aux druides.
4. Nom du peuple qui pilla Delphes en 279 av. J.-C.
5. Métal utilisé par les Celtes pour fabriquer les armes
et les masques des divinités.
Verticalement
A. Synonyme du mot « Gaulois ».
B. Nom des pantalons bouffants des Gaulois.
C. Nom du peuple qui envahit la Gaule.
D. Personne qui s’occupe de la religion chez les Celtes.
E. Matériau qui recouvre le toit des maisons gauloises.
E
1➧
C
D
2➧
B
A
3➧
4➧
5➧
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2006.
Celtes – Gaule – druides – oppidum – archéologues – 750 av. J.-C. – 450 av. J.-C. – 390 av. J.-C.
51
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
les gaulois
Dossier pages 18 à 23
1. En t’aidant de la carte page 18 de ton dossier, colorie de la même couleur le nom
ancien et le nom moderne des villes.
Nom moderne
Nom ancien
PARIS
CONDIVICNUM
ORLÉANS
MASSALIA
NANTES
DUROCORTORUM
TOULOUSE
GENABUM
MARSEILLE
DIVODURUM
REIMS
BURDIGALA
METZ
LUTETIA
BORDEAUX
TOLOSA
2. Observe la photo du document 2 page 19 de ton dossier. Décris la maison gauloise
en utilisant les mots : torchis, chaume, fenêtre, murs, toit, superposition.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
3. Lis bien le texte de Jules César extrait de La Guerre des Gaules (document 5 page 21)
et réponds aux questions suivantes :
a. Qui sont les habitants des trois parties de la Gaule ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
b. Pourquoi Jules César a-t-il une préférence pour les Belges ?
© HACHETTE LIVRE 2006.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
c. Explique l’expression « raffinements de sa civilisation ».
....................................................................................................................
....................................................................................................................
52
4. Complète les phrases suivantes en t’aidant du carnet de route page 23.
Les Gaulois sont regroupés en . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ils sont les premiers à avoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
la forêt pour construire leurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Leurs activités essentielles sont l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ils utilisent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pour labourer la terre.
Ils cultivent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et élèvent des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les Gaulois sont un peuple d’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et d’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ; ils ont
inventé le . . . . . . . . . . . . .
..................
Mer du
Nord
et les
braies.
Ils sont . . . . . . . . . . . . . . . . .
...........,
c’est-à-dire
Manche
Nord
qu’ils croient en un
grand
nombre
....................................
de
....................
5. En t’aidant
de la carte page 18
de ton dossier,
colorie sur la carte
les quatre provinces
gauloises
en indiquant
leur nom, et
replace au bon
endroit les noms
des villes :
Lutetia, Gergovia,
Massalia.
Océan
Atlantique
Provinces
gauloises
....................................
.............................
.............................
.............................
.............................
.............................
....................................
.............................
.............................
200 km
.............................
Mer
Méditerranée
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2006.
agriculture – défricher – élevage – polythéistes – Marseille.
53
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
jules césar
Dossier pages 26 à 31
1. Place sur le dessin les noms des objets portés par
le légionnaire : la lance, les sandales, le casque, la gourde,
..................
le bouclier, l’épée courte, la cotte de mailles.
........................
........................
2. Qui suis-je ?
a. Je deviens une république
........................
en 509 avant J.-C.
........................
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
........................
................................................
b. Mon frère a vu six vautours,
moi douze.
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
................................................
c. Je suis un chef politique et un général romain.
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
d. Je suis une bataille décisive pour César en 57 avant J.-C.
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
e. Je suis un ouvrage qui réunit les souvenirs de Jules César.
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3. En t’aidant des documents 4 et 5 page 29 de ton dossier,
réponds aux questions suivantes :
..................
a. À l’aide de la carte (document 4), explique où se passe la bataille racontée dans le document 5.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
© HACHETTE LIVRE 2006.
....................................................................................................................
b. Qui sont les ennemis de Jules César ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
54
c. À ton avis, pourquoi les Nerviens ont-ils mis une partie de leur population en lieu sûr ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
d. Quelle a été l’issue de la bataille ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
4. Relie les noms des dieux et déesses à leur fonction.
MARS •
• DÉESSE DU MARIAGE
FLORA •
• DÉESSE DE LA CHASSE
JUNON •
• DIEU DE LA GUERRE
DIANE •
• DÉESSE DE LA VÉGÉTATION
5. Utilise ton carnet de route page 31 ou un dictionnaire pour expliquer les termes
suivants :
Sénat : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Citoyen : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Province : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2006.
cité de Rome – République – conquête – an 753 av. J.-C. – an 58 av. J.-C. – Empire – légion.
55
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
vercingétorix
Dossier pages 32 à 37
1. Relis la chronologie de ton dossier page 32 puis complète la frise de l’année 52 av. J.-C.
Juin 52 av. J.-C.
.........................................................
.........................................................
Février 52 av. J.-C.
.........................................................
.........................................................
Septembre 52 av. J.-C.
.........................................................
.........................................................
– 53
– 51
– 52
2. Place les noms au bon
endroit dans le dessin
des fortifications
(document 3 page 34).
..................
..................
• Fossé
• Mur de terre
..................
• Palissade
..................
• Pièces de bois fourchues
• Tour
..................
3. Retrouve dans
le document 5 page 35
de ton dossier les punitions
que Vercingétorix appliquait
pour :
– une faute légère : . . . . . . . . . . . . . . .
......................................
......................................
– une faute grave : . . . . . . . . . . . . . . .
© HACHETTE LIVRE 2006.
......................................
......................................
Que penses-tu de ces punitions ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
56
4. À l’aide des définitions suivantes, complète la grille de mots croisés ci-dessous.
Horizontalement
1. Lieu de la victoire de Jules César en septembre 52 av. J.-C.
2. Nom du chef des Gaulois.
3. Lieu de l’exécution de Vercingétorix.
Verticalement
A. Lieu de la défaite de Jules César en 52 av. J.-C.
B. Ville fortifiée gauloise.
C. Nom de l’assassin de Jules César.
D
D. Héros de la célèbre bande dessinée
des « irréductibles Gaulois ».
1➧
B
C
A
2➧
3➧
© HACHETTE LIVRE 2006.
Résume la leçon en utilisant les mots en gras dans le carnet de route page 37
de ton dossier.
57
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
les gallo-romains
Dossier pages 38 à 43
1. Utilise la carte page 38 de ton
dossier pour compléter la carte cicontre avec les noms des provinces
romaines de la Gaule au IIe siècle
après J.-C.
Manche
Nord
....................................
....................................
2. Utilise les documents 6 et 7
....................................
page 41 de ton dossier pour
répondre aux questions :
....................................
....................................
a. Pourquoi l’utilisation du joug est-il
un changement important pour les
agriculteurs ?
.............................................
....................................
Océan
Atlantique
....................................
....................................
.............................................
....................................
....................................
.............................................
.............................................
200 km
.............................................
Mer
Méditerranée
....................................................................................................................
....................................................................................................................
b. Que signifie le mot « araire » ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
c. Comment s’appelaient les grandes exploitations agricoles de cette époque ?
....................................................................................................................
d. Donne le nom de deux bâtiments d’une villa.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
© HACHETTE LIVRE 2006.
3. Relis ton dossier de la page 38 à la page 43 et complète les phrases suivantes.
Apollon est le dieu du . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et de l’ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le mot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . est synonyme d’« amphithéâtre ».
Les céramiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sont très recherchées dans l’Empire romain.
La ville de Vienne possède un temple dédié à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
58
4. Complète la grille de mots croisés ci-dessous sur les constructions gallo-romaines.
Horizontalement
Verticalement
1. Nom donné à la route par les Romains.
A. Permet d’enjamber un cours d’eau.
2. Espace réservé aux jeux.
B. Canal apportant de l’eau à la ville.
3. Lieu où se déroulent les courses de chars.
C. Établissement de bains.
4. Maison construite en l’honneur d’un dieu. D. Lieu des représentations de spectacles.
5. Grande place centrale rectangulaire.
E. Grande propriété agricole.
E
1➧
C
D
B
2➧
3➧
A
4➧
5➧
© HACHETTE LIVRE 2006.
Résume la leçon en utilisant les mots en gras dans le carnet de route page 43
de ton dossier.
59
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
les chrétiens
Dossier pages 46 à 51
1. Complète la frise ci-dessous en t’aidant de la chronologie page 46 de ton dossier.
____
____–____
Rédaction de la Bible
177
.....................................................................
Le christianisme est autorisé
J.-C.
– 4 à 33
.............................................
500
391
.........................................................
.........................................................
2. Aide-toi du document 2 page 48 de ton dossier pour répondre aux questions suivantes :
a. Quels sont les commandements concernant la famille ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
b. Que signifie « Tu honoreras ton père et ta mère » ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
c. Trouve le commandement qui rythme encore notre calendrier.
....................................................................................................................
3. En t’aidant du calendrier chrétien page 50 de ton dossier, relie les noms des fêtes
à chaque événement religieux correspondant.
PENTECÔTE •
MARDI GRAS •
AVENT •
PÂQUES •
NOËL •
© HACHETTE LIVRE 2006.
CARÊME •
• DERNIER JOUR AVANT LE DÉBUT DU CARÊME
• JOUR DE LA NAISSANCE DE JÉSUS
• MONTÉE DE JÉSUS AU CIEL
• DERNIER REPAS DE JÉSUS AVEC SES APÔTRES
• TEMPS PRÉCÉDANT LA NAISSANCE DE JÉSUS
• MORT DE JÉSUS
JEUDI SAINT •
• TEMPS AVANT PÂQUES
ASCENSION •
• DESCENTE DU SAINT-ESPRIT SUR LES APÔTRES
VENDREDI SAINT •
• RÉSURRECTION DE JÉSUS
60
4. Étudie attentivement les deux représentations de baptême à la page 50 de ton dossier.
a. Quels sont les deux éléments communs à ces deux baptêmes ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
b. Quelle est la différence entre ces deux baptêmes ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
c. Recherche avec tes camarades les cérémonies équivalentes au baptême dans les autres religions
monothéistes.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
5. Utilise le carnet de route page 51 pour répondre aux questions suivantes :
a. Quel bouleversement la religion juive produit-elle en Palestine au Ier siècle avant J.-C. ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
b. Comment les Romains considèrent-ils Jésus ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
c. Quel est le livre qui raconte la vie de Jésus ?
....................................................................................................................
d. Jusqu’à quand les chrétiens furent-ils persécutés ?
....................................................................................................................
e. Que fait l’empereur Constantin en 391 ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2006.
monothéisme – messie – crucifié – chrétiens– évangile – Église – empereur Constantin.
61
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
les invasions barbares
Dossier pages 52 à 57
1. En t’aidant de la chronologie page 52 de ton dossier, replace dans le bon ordre
chronologique les événements suivants : fin de l’Empire romain d’Occident – les Wisigoths
franchissent le Danube – les Burgondes et les Alamans franchissent le Rhin.
376
..................................................................
..................................................................
300
476
..................................................................
..................................................................
400
500
406
..................................................................
..................................................................
2. Observe bien la carte des Grandes Invasions page 52 pour répondre aux questions.
a. Décris le chemin parcouru par les Wisigoths avant leur arrivée en Gaule et en Espagne.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
......................................
PE
ANGLES
SAXONS
UP
......................................
LE
E
S C
......................................
LTE
Océan
Atlantique
......................................
......................................
......................................
......................................
Royaume
des
Germanie
..............
champs
Catalauniques (451)
S
b. Retrouve quatre noms de pays
ayant pour origine un nom de
peuple.
Tournai
Royaume
de .................
ALAMANS
Royaume
Royaumes
des
des ........................
......................
Toulouse
Ravenne
Royaume
des .................
Tolède
Corse
Rome
SLAVES
Empire
romain
d’Orient
Baléares
Sardaigne
Colonnes d’Hercule
......................................
© HACHETTE LIVRE 2006.
LOMBARDS
be
Rhin
......................................
Royaume
des
................. Carthage
3. En t’aidant de la carte
page 55 de ton dossier,
complète la carte
ci-contre.
Da
nu
Mer
Méditerranée
800 km
Capitale ou ville principale des royaumes barbares
62
4. Utilise le texte du document 5 page 55 pour répondre aux questions :
a. Qui est l’auteur du texte ?
................................................................................
b. Comment les Huns sont-ils décrits ?
.....................................................................
....................................................................................................................
c. Explique les raisons du suicide du roi des Ostrogoths.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
d. Penses-tu que le texte est juste dans ses descriptions ? Justifie ta réponse.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
5. Utilise les pages 52 à 57 de ton dossier pour répondre aux questions suivantes :
a. Que font les Romains à partir du IIIe siècle après J.-C. pour résister aux Germains ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
b. Qui était surnommé « le Fléau de Dieu » ? À ton avis, pourquoi ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
c. Comment s’appelle la période comprise entre 376 et 476 après J.-C. ?
....................................................................................................................
d. Pourquoi l’Empire romain est-il partagé en deux parties ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
e. Donne trois dates importantes pour les Romains.
....................................................................................................................
....................................................................................................................
© HACHETTE LIVRE 2006.
Résume la leçon en utilisant les mots en gras dans le carnet de route page 57
de ton dossier.
63
Responsable éditoriale : Stéphanie-Paule SAÏSSE
Suivi éditorial : Patricia SULTAN
Création de la maquette de couverture : Laurent CARRÉ
Exécution de la maquette de couverture : TYPO-VIRGULE
Création de la maquette intérieure : TYPO-VIRGULE
Mise en pages : TYPO-VIRGULE
Illustration de la couverture : Alain BOYER
Illustrations : Gilles POING
Cartographie et frises chronologiques : DOMINO (Nathalie GUÉVENEUX)
Fabrication : Isabelle SIMON-BOURG
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