Effets de l`évolution démographique sur le marché de l`emploi de la

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Effets de l’évolution démographique sur le marché de
l’emploi de la Grande Région
Deuxième cahier thématique dans le cadre du projet général « Etat
d’avancement, perspectives et exigences d’action du marché de l’emploi dans
la Grande Région d’ici l’année 2020 »
subventionné par Interreg IIIC OCR e-BIRD
Observatoire Interrégional
du marché de l’Emploi
c/o INFO-Institut
Pestelstraße 6
D-66119 Saarbrücken
www.info-institut.de
Effets de l’évolution démographique sur
le marché de l’emploi de la Grande Région
Deuxième cahier thématique dans le cadre du projet général « Etat d’avancement, perspectives et exigences d’action du marché de l’emploi dans la Grande Région d’ici l’année 2020 »
Sarrebruck 2006
subventionné par Interreg IIIC
Opération Cadre Régionale
e-based Inter-Regional Development (e-BIRD)
Sommaire
1.
2.
3.
4.
5.
Contexte et méthodologie du projet « Effets du changement démographique
sur le marché de l’emploi de la Grande Région »
1
1.1
Sujets et objectifs.................................................................................................... 2
1.2
Méthodologie et coopération des instituts spécialisés de l’OIE .............................. 3
1.3
Entretiens avec des experts et manifestations ....................................................... 8
Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
11
2.1
Evolution générale de la population...................................................................... 12
2.2
Mouvements naturels et migratoires..................................................................... 17
2.3
Structure par âge et rapport de dépendance........................................................ 19
2.4
Projections démographiques ................................................................................ 31
2.5
Quelques constats et enjeux démographiques dans les régions ......................... 37
Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
41
3.1
Tendances générales de l’évolution de l’offre de main-d’œuvre .......................... 41
3.2
Aspects structurels de la demande future de main-d’œuvre ................................ 54
3.3
Résumé et synthèse intermédiaire ....................................................................... 64
Conditions, expériences pratiques et perspectives pour les seniors, les
femmes et les jeunes
69
4.1
Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active ............... 69
4.2
Activité féminine dans le contexte de la conciliation de la vie professionnelle
et de la vie familiale ............................................................................................ 105
4.3
Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi ......................... 131
Synthèse : Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi de
la Grande Région et exigences d’action
176
Bibliographie
180
-I-
Sommaire
Table des matières
1.
Contexte et méthodologie du projet « Effets du changement démographique
sur le marché de l’emploi de la Grande Région »
1.1
1
Sujets et objectifs.................................................................................................... 2
Esquisser la situation démographique initiale et les perspectives qui s’offrent à la
Grande Région......................................................................................................................2
Définir les défis que pose le changement démographique pour le marché de l’emploi
dans la Grande Région .........................................................................................................2
Comment mobiliser la population active potentielle : jeunes, femmes et seniors ................3
1.2
Méthodologie et coopération des instituts spécialisés de l’OIE .............................. 3
Recherche et analyse de sources bibliographiques et de données statistiques
pertinentes ............................................................................................................................3
Une enquête exploratoire auprès d’entreprises de la Grande Région .................................4
Opportunités et risques que présentent les exemples de bonnes pratiques........................6
Coopération au sein du réseau des instituts spécialisés de l’Observatoire
Interrégional du Marché de l’Emploi .....................................................................................7
1.3
Entretiens avec des experts et manifestations ....................................................... 8
Table ronde de l’OIE à Arlon.................................................................................................8
Deuxième atelier-débat de l’OIE à Luxembourg...................................................................9
2.
Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
2.1
11
Evolution générale de la population...................................................................... 12
2.1.1 La Grande Région comptait 11 302 464 habitants en 2005 ................................. 12
2.1.2 L’évolution démographique de la Grande Région n’a pas été régulière sur les
20 dernières années ............................................................................................. 12
2.1.3 La population de la Grande Région continue de progresser à un rythme
moins soutenu que celui de l’Europe des 15 ........................................................ 14
2.1.4 Un bilan démographique favorable pour l’ensemble de la Grande région
depuis 1990 mais contrasté au niveau infra régional ........................................... 15
2.2
Mouvements naturels et migratoires..................................................................... 17
2.2.1 Un jeu des mouvements naturels et migratoires très disparate............................ 17
2.3
Structure par âge et rapport de dépendance........................................................ 19
2.3.1 Un vieillissement de la population dans la Grande Région par les deux
extrémités de sa structure par âge ....................................................................... 19
2.3.2 L’indice de vieillissement de la population reste plus favorable dans la
Grande Région qu’au niveau de l’EU 15 .............................................................. 22
2.3.3 Un rapport de dépendance de moins en moins favorable aux «actifs»................ 24
2.3.4 L’âge moyen et médian en progression constante pour la Grande Région.......... 25
2.3.5 Un vieillissement progressif de la pyramide des âges de la population de la
Grande Région ..................................................................................................... 28
- II -
2.4
Projections démographiques ................................................................................ 31
2.4.1 Le vieillissement de la population devrait s’amplifier à l’horizon 2020.................. 31
2.4.2 Projections démographiques, hypothèses et scénarios : remarques
méthodologiques et tendances générales ............................................................ 34
Remarques générales.........................................................................................................34
2.5
Quelques constats et enjeux démographiques dans les régions ......................... 37
Lorraine ...............................................................................................................................37
Wallonie ..............................................................................................................................38
Rhénanie-Palatinat .............................................................................................................39
Sarre ...................................................................................................................................39
Luxembourg ........................................................................................................................40
3.
Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
3.1
41
Tendances générales de l’évolution de l’offre de main-d’œuvre .......................... 41
Pris globalement, le déclin démographique sera relativement modéré..............................41
Deux phénomènes simultanés : renversement de la pyramide des âges et baisse
rapide de la population active potentielle............................................................................42
Nombre croissant de personnes âgées dans toutes les régions........................................42
Augmentation de l’âge moyen de la population active potentielle......................................43
Vieillissement croissant des salariés – l’exemple de la Sarre ............................................43
L’afflux continu de salariés étrangers nettement plus jeunes atténue les effets du
vieillissement - l’exemple du Luxembourg ..........................................................................44
Soldes migratoires positifs – une option réaliste pour compenser le déclin
démographique et le processus de vieillissement de la population active potentielle ?.....44
On attend à l’avenir une hausse sensible des flux de frontaliers .......................................45
A l’exception du Luxembourg, le phénomène frontalier ne représente qu’une option
insuffisante pour stabiliser l’emploi au lieu de travail..........................................................46
Les soldes migratoires positifs peuvent accroître le potentiel de main-d’œuvre à court
terme, mais ne peuvent guère influencer le changement démographique à moyen et
long terme ...........................................................................................................................46
Les conséquences de l’immigration et les atouts économiques du phénomène
frontalier ..............................................................................................................................47
Actuellement 1. million de personnes qui vivent en Grande Région viennent d’un
pays extérieur à l’espace de coopération ...........................................................................48
Les migrations se font en premier lieu vers les villes-pôles et autour des centres
économiques.......................................................................................................................49
L’offre de main-d’œuvre dépendra avant tout du comportement des actifs .......................49
De grandes réserves inutilisées de main-d’œuvre – à la fois un défi et une
opportunité ..........................................................................................................................50
L’emploi des seniors dans la Grande Région est bien inférieur à la moyenne
européenne .........................................................................................................................50
Des réserves de main d’oeuvre également chez la population féminine ...........................52
A moyen terme, il n’y aurait donc guère de pénurie de main-d’œuvre, du moins en
termes quantitatifs … ..........................................................................................................52
… Les pénuries seront plutôt de nature qualitative ............................................................52
Des disparités sensibles entre les taux de chômage selon la qualification........................53
Le changement démographique ne résout en aucun cas le problème du chômage..........53
3.2
Aspects structurels de la demande future de main-d’œuvre ................................ 54
Mutation structurelle : de la société industrielle à la société du savoir et des services......54
- III -
Sommaire
Les services comme moteurs de l’emploi – diminution de main-d’oeuvre dans
l’industrie .............................................................................................................................55
Renforcement accru de la tertiarisation dans le futur avec, simultanément, une base
industrielle performante comme pilier de l’économie..........................................................55
Les services aux entreprises bénéficient d’une très forte dynamique de croissance.........56
Sciences, recherche et technologies, les principaux moteurs de la croissance
économique.........................................................................................................................56
La processus de tertiarisation ne se développera pas uniformément dans tous les
services ...............................................................................................................................57
L’économie des seniors, secteur de croissance innovateur ...............................................57
Les secteurs de la santé et de l’action sociale, éventuels bénéficiaires de la mutation
démographique ...................................................................................................................58
Les secteurs de la santé et de l’action sociale de la Grande Région affichent un bilan
de l’emploi positif depuis quelques années déjà ................................................................58
Exploitation des potentiels de recrutement par l’adaptation aux besoins d’une société
vieillissante – également de manière transfrontalière.........................................................59
Nouveaux défis dans le secteur de la construction et du logement ...................................59
Nouvelles opportunités dans le secteur des loisirs et du tourisme.....................................61
Les potentiels économiques liés à la mutation démographique doivent être mieux
exploités encore ..................................................................................................................61
L’importance de l’éducation et du savoir a fortement augmenté … ...................................62
… et se trouve encore renforcée par la mutation démographique .....................................63
D’importants efforts de mobilisation des ressources humaines futures sont
nécessaires dès aujourd’hui ...............................................................................................63
3.3
Résumé et synthèse intermédiaire ....................................................................... 64
Baisse du potentiel d’actifs .................................................................................................64
Modification de la pyramide des âges ................................................................................64
Des salariés vieillissants .....................................................................................................64
Moins de jeunes sur le marché du travail et en apprentissage ..........................................64
Des exigences de qualifications généralement accrues dans tous les secteurs de
l’économie ...........................................................................................................................65
La mutation démographique ne résout pas le problème du chômage ...............................65
Pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs d’activité ...............................................65
Augmentation du nombre des formations pour les secteurs en expansion........................66
Immigration en fonction des besoins du marché du travail ................................................66
Mobilité transfrontalière.......................................................................................................66
Défis à la politique régionale...............................................................................................66
La mutation démographique génère également des opportunités .....................................67
Exploiter de nouvelles possibilités pour le développement économique et l’emploi ..........67
Une meilleure exploitation qualitative et quantitative des potentiels de main-d’œuvre ......67
Promotion des ressources humaines et gestion de la diversité .........................................68
4.
Conditions, expériences pratiques et perspectives pour les seniors, les
femmes et les jeunes
4.1
69
Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active ............... 69
Favoriser le vieillissement actif comme objectif de la stratégie européenne de l’emploi ...69
4.1.1 Données de référence sur la situation du marché de l’emploi des seniors .......... 69
Six seniors actifs sur dix se trouvent dans les régions allemandes....................................69
Participation plus faible des seniors à la vie active.............................................................70
- IV -
Le niveau d’emploi et le chômage de la main-d’oeuvre âgée sont plus prononcés
dans les régions allemandes ..............................................................................................71
Des progrès dans l’emploi de seniors.................................................................................72
Objectif d’emploi à l’horizon 2010 : on est encore loin .......................................................73
Structure de l’emploi de la main-d’oeuvre âgée selon les branches d’activité ...................75
La politique des entreprises en matière de personnel est déterminante pour
l’amélioration de la situation de l’emploi des seniors … .....................................................77
… mais l’évolution démographique est encore peu prise en compte dans les
entreprises ..........................................................................................................................78
Différence entre âge légal de la retraite et âge effectif de cessation d’activité ..................80
Culture de la mise à la retraite anticipée ............................................................................81
Réformes de la préretraite ..................................................................................................82
Evaluation des travailleurs âgés du point de vue des entreprises......................................85
Exemple de bonnes pratiques : L’Observatoire Lorrain pour la Gestion des Ages
(OLGA)................................................................................................................................85
Faible propension à l’embauche de travailleurs âgés.........................................................86
Refus d’embauche: un phénomène répandu dans les entreprises belges ........................87
Exemple de bonnes pratiques: Embauche d’employés âgés (WKV
Direktvertriebsservice GmbH).............................................................................................88
Aides à l’intégration et mesures de soutien pour les travailleurs âgés...............................88
Exemple de bonnes pratiques: le projet „Region Trier“ après le Programme STARK .......90
4.1.2 Approches au sein de l’entreprise pour améliorer la situation des travailleurs
âgés...................................................................................................................... 90
Profiter des opportunités qui se présentent et garantir l’avenir ..........................................90
Il est indispensable de changer d’attitude vis-à-vis des seniors.........................................91
Il n’est pas nécessaire d’inventer de nouveaux instruments pour promouvoir un
travail répondant aux besoins d’un personnel vieillissant...................................................91
Exemple de bonnes pratiques: „En forme jusqu’à la retraite“ chez Peugeot .....................92
Le changement démographique encourage l’aménagement de l’organisation du
travail...................................................................................................................................92
Exemple de bonnes pratiques : Ford mise sur les expériences précieuses des
seniors.................................................................................................................................93
La gestion systématique de la santé permet de préserver l’employabilité des salariés.....93
Exemple de bonnes pratiques: Daimler Chrysler Wörth et ses employés âgés.................94
Exemple de bonnes pratiques: l’entreprise santé, Rasselstein GmbH Andernach ............95
Employabilité.......................................................................................................................95
Intégrer la qualification et la formation tout au long de la vie dans une culture
d’entreprise motivante pour toutes les tranches d’âge .......................................................96
Exemple de bonnes pratiques : Sollac mise sur une transmission des savoirs entre
les salariés ..........................................................................................................................96
Un concept global intégré passe par une analyse de la situation de départ ......................97
Exemple de bonnes pratiques: Boehringer Ingelheim se prépare au vieillissement de
son personnel......................................................................................................................98
Il est indispensable de sensibiliser les salariés et les dirigeants ..................................... 100
Exemple de bonnes pratiques : Campagne de sensibilisation „MIDlife CHALLenge
45+“ (MIDCHALL) ............................................................................................................ 101
Associer les acteurs extérieurs à l’entreprise, regrouper et combiner les aides ............. 101
Exemple de bonnes pratiques : KomKon – « Préserver les compétences dans
l’artisanat »....................................................................................................................... 102
4.1.3 Conclusions ........................................................................................................ 102
-V-
Sommaire
Les défis posés par le changement démographique obligeront à agir dans différents
domaines politiques ......................................................................................................... 102
La politique de qualification revêt une grande importance pour le maintien de
l’employabilité et l’amélioration de l’insertion................................................................... 103
Dans le cadre du changement démographique, il est indispensable de changer
d’attitude vis-à-vis des travailleurs âgés .......................................................................... 103
Pour relever les défis, il faut sensibiliser tous les acteurs et promouvoir l’approche
démographique … ........................................................................................................... 104
…et ceci demande beaucoup de temps .......................................................................... 104
4.2
Activité féminine dans le contexte de la conciliation de la vie professionnelle
et de la vie familiale ............................................................................................ 105
4.2.1 Natalité et principales données sur la situation sur le marché de l’emploi ......... 105
Disparités dans les taux de natalité pour un taux d’emploi des femmes globalement
faible dans la Grande Région .......................................................................................... 106
On trouve deux grands modèles dans la Grande Région : un taux de natalité élevé
pour un taux d’emploi faible d’une part, une plus grande intégration dans le marché
de l’emploi avec une renonciation plus prononcée aux enfants d’autre part................... 107
Facteurs exerçant une influence sur la participation à la vie active et sur la
conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle : âge, nombre d’enfants,
situation familiale …......................................................................................................... 107
… conditions socio-économiques et réglementaires, structures d’accueil des enfants
et temps de travail............................................................................................................ 108
4.2.2 Travail à temps partiel ........................................................................................ 108
Les taux de travail à temps partiel varient fortement selon les composantes de la
Grande Région................................................................................................................. 108
Travail à temps partiel : souvent indispensable pour les femmes ... ............................... 109
… mais souvent lié à d’énormes inconvénients quant à la qualité du travail et à la
protection matérielle et sociale ........................................................................................ 109
Exemple de bonnes pratiques : « Diriger à temps partiel »............................................. 110
Moduler la durée du travail pour répondre aux besoins des familles .............................. 110
Exemple de bonnes pratiques : Siemens Luxembourg : introduction de modèles de
travail en faveur de la famille ........................................................................................... 111
Exemple de bonnes pratiques : Bureau-bébé et flexibilité du travail: quand concilier
travail et famille peut devenir un avantage. L’exemple de B&H Sprinklerservice. .......... 112
4.2.3 La situation de la garde des enfants................................................................... 113
La garde des enfants, facteur essentiel de la conciliation de la vie de famille et de la
vie professionnelle ........................................................................................................... 113
Les structures d’accueil proposées pour les enfants en bas âge sont insuffisantes
dans les composantes de la Grande Région................................................................... 114
Exemple de bonnes pratiques: « L’atelier des lutins » à Hambach................................. 115
Exemple de bonnes pratiques : Service de garde à domicile à horaires atypiques ........ 115
Exemple de bonnes pratiques : Agence pour des crèches d’entreprise ......................... 115
Exemple de bonnes pratiques : la crèche de l’Université de Liège ................................. 116
Exemple de bonnes pratiques: famille et travail chez Daimler Chrysler.......................... 117
Exemple de bonnes pratiques: WKV Direktvertriebsservice GmbH et sa garderie
privée ............................................................................................................................... 119
Exemple de bonnes pratiques : DEXIA BIL s’investit dans l’égalité des chances entre
hommes et femmes et pour une meilleure conciliation entre la vie familiale et
professionnelle ................................................................................................................. 120
Dans toutes les régions, les structures proposées pour les enfants à partir de trois
ans sont mieux développées ........................................................................................... 121
- VI -
Exemple de bonnes pratiques : Réseau de quartier à Dudweiler: „Garde flexible“......... 122
Exemple de bonnes pratiques : Camps de vacances chez Daimler Chrysler – le
village d’enfants „Astropolis“ ............................................................................................ 123
La demande de structures d’accueil pour les enfants est influencée par de nombreux
facteurs ............................................................................................................................ 123
4.2.4 Résumé et conclusion intermédiaire................................................................... 124
Mettre les conditions de travail sur le banc d’essai ......................................................... 124
Optimiser les conditions de vie des parents .................................................................... 124
Créer des normes de qualité pour la garde des enfants ................................................. 125
Faire de la garde des enfants en bas âge une tâche prioritaire ...................................... 125
Champ d’action : Structures publiques d’accueil des enfants ......................................... 125
Champ d’action : Niveau d’entreprise.............................................................................. 126
Exemple de bonnes pratiques: famille et emploi sont conciliables chez Boehringer
Ingelheim – les mutations démographiques, un atout ..................................................... 126
Exemple de bonnes pratiques : encouragement d’une politique du personnel
favorable aux familles ...................................................................................................... 128
Champ d’action : Politique familiale ................................................................................. 129
Exemple de bonnes pratiques: Alliance locale pour les familles à Trêves...................... 130
4.3
Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi ......................... 131
4.3.1 Quelques éléments de constats ......................................................................... 131
1 jeune actif sur 5 est au chômage dans la Grande Région............................................ 132
L’absence ou le manque de qualification accroît fortement le risque de chômage des
jeunes............................................................................................................................... 135
4.3.2 Les systèmes d’éducation au sein de la Grande Région.................................... 136
Caractéristiques et particularités des systèmes d’éducation........................................... 138
4.3.3 Formation professionnelle et alternance............................................................. 142
Le modèle du système dual en crise malgré un taux de chômage des jeunes parmi
les plus faibles d’Europe .................................................................................................. 145
Exemple de bonnes pratiques : Les jeunes sont les gagnants de Hartz IV: initiatives
pour l’emploi en Sarre et en Rhénanie-Palatinat ............................................................. 146
Exemple de bonnes pratiques : promotion et qualification de jeunes ............................. 147
Exemple de bonnes pratiques: comment Boehringer Ingelheim assure la relève .......... 148
L’apprentissage en France couvre tous les niveaux mais reste surtout ancré dans les
niveaux de formation les moins élevés............................................................................ 149
L’alternance : modèle de formation largement ancré avec des exigences de
qualification grandissantes vs. réservoir d’élèves au niveau de qualification inférieur.... 151
Différences entre l’Allemagne et le Luxembourg au niveau de la formation
professionnelle – exemples dans le secteur de la santé publique .................................. 152
4.3.4 L’insertion professionnelle des jeunes peu ou non qualifiés : des réponses et
des enjeux différenciés selon les pays ............................................................... 153
Une focalisation en Allemagne sur le système de formation et non sur les dispositifs
d’insertion......................................................................................................................... 155
Exemple de bonnes pratiques : quatre projets novateurs en Rhénanie-Palatinat :
vainqueur régional lors du concours « Jugend in Arbeit » (Les jeunes au travail) .......... 156
Exemple de bonnes pratiques : quatre projets novateurs en Sarre : vainqueur
régional du concours « Jugend in Arbeit » (Les jeunes au travail).................................. 156
Exemple de bonnes pratiques : l’ARGE Sarrebruck lance STABIL/INSERE (Insertion
par le Suivi, l’Entraînement, la Réactivation et l’Emploi), un large programme
d’insertion des jeunes sur le marché du travail................................................................ 157
- VII -
Sommaire
Exemple de bonnes pratiques : le programme de promotion « QGA »........................... 159
Les jeunes peu ou pas qualifiés, une cible privilégiée des dispositifs de la politique de
l’emploi en France............................................................................................................ 159
Les « contrats aidés », une singularité française ?.......................................................... 160
Exemple de bonnes pratiques : le Groupe EdF-GdF : aide à l’intégration des jeunes
dans le marché de l’emploi .............................................................................................. 160
Le recours à des contrats jeunes et des établissements spécifiques de formation en
Belgique ........................................................................................................................... 160
Exemple de bonnes pratiques : Heinen Tech : promotion de jeunes dans l’entreprise .. 162
Des mesures diverses destinées aux jeunes sans qualification au Luxembourg ........... 163
Un programme gouvernemental de lutte contre les situations de « décrochage
scolaire ».......................................................................................................................... 164
Exemple de bonnes pratiques : Le centre « Liewenshaff » s’occupe de l’intégration
des jeunes dans le marché de l’emploi............................................................................ 164
Exemple de bonnes pratiques : projet "Aktiv an d'Aarbeschtswelt" au LTJB de
Grevenmacher ................................................................................................................. 165
4.3.5 Les formations d’ingénieur dans la Grande Région............................................ 165
4.3.6 Systèmes d’éducation dans la Grande Région - entre modèles latin et
germanique......................................................................................................... 169
Bildung vs. éducation....................................................................................................... 169
Savoir encyclopédique vs. savoir procédural .................................................................. 169
Enseignement général vs. enseignement professionnel ................................................. 169
Beruflichkeit vs. déprofessionnalisation........................................................................... 170
Théorie vs. pratique ......................................................................................................... 170
Généralistes vs. spécialistes............................................................................................ 171
4.3.7 Initiatives transfrontalières en matière d’éducation............................................. 171
Défis des initiatives et projets transfrontaliers ................................................................. 175
5.
Synthèse : Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi de
la Grande Région et exigences d’action
176
La Grande Région compte 11 302 464 habitants ............................................................ 176
Les générations qui arrivent sur le marché ne compensent pas le processus de
vieillissement.................................................................................................................... 176
On attend un vieillissement progressif et une réduction de la population active
potentielle......................................................................................................................... 176
Les besoins de main-d’œuvre hautement qualifiée augmentent..................................... 176
Pallier à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée par la qualification.............................. 177
Utiliser judicieusement la main-d’œuvre potentielle ........................................................ 177
Il est indispensable de changer d’attitude vis-à-vis des seniors...................................... 178
La hausse de l’activité des femmes passe par une amélioration des conditions
générales ......................................................................................................................... 178
Améliorer le passage des jeunes dans le marché de l’emploi......................................... 179
Bibliographie
180
- VIII -
1.
Contexte et méthodologie du projet « Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi de
la Grande Région »
A partir des travaux de documentation et d’analyse en cours, le réseau des instituts spécialisés de l’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi (OIE) effectue une analyse approfondie des perspectives d’évolution du marché de l’emploi transfrontalier de la Grande Région jusqu’en 2020 à l’aide d’un ensemble de méthodes composé d’enquêtes statistiques,
d’analyses secondaires et de collectes personnelles de données qualitatives. Les travaux
s’articulent autour des défis et champs d’action en regard du changement démographique
dans la Grande Région. Le projet général est composé de trois projets individuels indépendants les uns des autres du point de vue de leur contenu, mais qui suivent de manière méthodique une structure modulaire homogène. Les projets sont réalisés sur la période 20042006 et subventionnés dans le cadre du programme européen Interreg IIIC, opération cadre
régionale (OCR) e-BIRD.
Le projet général de l’OIE « Etat d’avancement, perspectives et exigences d’action du
marché de l’emploi dans la Grande Région d’ici l’année 2020 » en bref
Les points importants sélectionnés de chaque projet sont basés sur les constatations effectuées jusqu’à présent par l’OIE et ont pour objectif de permettre d’effectuer des déclarations
globales sur l’état d’avancement, les perspectives et les exigences d’action du marché de
l’emploi dans la Grande Région d’ici l’année 2020. Parallèlement à la mise à jour continue et
à l’approfondissement qualitatif des rapports structurels de l’OIE, le projet général comprend
la collecte et la présentation d’exemples de bonnes pratiques dans différents domaines im-1-
1. Contexte et méthodologie du projet
portants pour la Grande Région. Les contributions serviront à élaborer des conclusions finales politiques du point de vue de la structure et du marché de l’emploi pour la Grande Région
et des recommandations d’action orientées vers les problèmes et l’avenir de la politique en
matière de marché de l’emploi transfrontalier. Les résultats obtenus seront mis, par le biais
de l’opération cadre régionale e-BIRD, à la disposition de tous les acteurs intéressés et importants de la Grande Région. Le projet général contribue ainsi à l’amélioration du savoir au
sein de la Grande Région et au renforcement d’une identité commune aux habitants de
l’espace de coopération.
Le projet « Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi de la Grande
Région » présente l’évolution démographique et met particulièrement l’accent sur les thèmes
transversaux : « Intégration des plus âgés », « Activité féminine » et « Emploi et qualification
des jeunes ». Le présent cahier thématique fait état des résultats du projet ; il s’agit du
deuxième cahier thématique de l’OIE.
1.1
Sujets et objectifs
D’ici l’année 2020, la population de la Grande Région diminuera d’environ un pour cent et
vieillira parallèlement du fait de l’allongement de l’espérance de vie. La récession démographique et le décalage de la pyramide des âges ne feront pas que remettre en question les
systèmes actuels de protection sociale, mais entraîneront également un changement profond de l’emploi et du monde professionnel. La part des seniors augmente alors que de
moins en moins de jeunes actifs sont présents sur le marché de l’emploi et de la formation.
Les modifications et les exigences d’action en découlant constituent une tâche importante de
la politique de l’emploi pour le marché du travail dans la Grande Région.
Dans le cadre du projet « Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi de
la Grande Région », nous avons donc adopté une approche pragmatique axée sur les principaux champs d’action avec les sujets clés et les objectifs suivants :
Esquisser la situation démographique initiale et les perspectives qui s’offrent à la
Grande Région
Les travaux de recherche dans le cadre du présent projet se fondent sur la situation démographique dans la Grande Région. Nous avons considéré pour ce faire l’évolution démographique au niveau de la Grande Région et dans les différentes composantes régionales sur la
période considérée. Il a été tenu compte des mouvements migratoires naturels et dans
l’espace et procédé à une analyse différenciée en fonction des tranches d’âge. Pour pouvoir
tirer des enseignements sur d’éventuels scénarios futurs, nous avons également eu recours
à des calculs démographiques prévisionnels pour les composantes de la Grande Région et
les avons complétés. Les travaux dans le cadre du projet se sont poursuivis sur la base des
résultats ainsi obtenus.
Définir les défis que pose le changement démographique pour le marché de l’emploi
dans la Grande Région
A partir des informations sur les perspectives démographiques dans la Grande Région, nous
avons en première approche examiné plus en détail les tendances générales de l’évolution
-2-
attendue au niveau de l’offre de main-d’œuvre et les avons complétées par des aspects
structurels essentiels de la demande attendue de main-d’œuvre. On retiendra globalement
que les informations sur la future structure du marché de l’emploi ne sont pas très fiables,
notamment eu égard à l’évolution de la demande et des besoins de main-d’oeuvre exprimés
par les entreprises ; ces derniers sont influencés non seulement par les prix, le progrès technique et l’évolution de la productivité, mais aussi par la future demande de biens (marchandises et services) – des aspects difficiles à pronostiquer, notamment en termes qualitatifs.
L’esquisse des principales tendances futures permet néanmoins de donner une première
idée des principaux effets, des opportunités et des risques que renferme le changement démographique ainsi que des champs d’action et options en découlant au niveau de la politique
de l’emploi.
Comment mobiliser la population active potentielle : jeunes, femmes et seniors
En regard de la tendance générale observée, soit un nombre croissant de seniors et une
diminution du nombre des jeunes actifs disponibles sur le marché de l’emploi et de la formation, il convient d’utiliser au mieux et de mobiliser les réserves dont dispose la Grande Région en termes d’emploi et de qualification. Face à cette situation, les travaux dans le cadre
du projet se concentrent sur trois groupes principaux qui constituent une main-d’œuvre potentielle intéressante pour le marché de l’emploi en 2020 : les seniors, les femmes et les jeunes. Compte tenu de leurs particularités spécifiques, ces groupes ont été examinés au niveau de leur insertion dans le marché de l’emploi, des conditions générales et des efforts
faits dans les différentes régions.
1.2
Méthodologie et coopération des instituts spécialisés de
l’OIE
Pour mettre en œuvre ces différentes étapes, le réseau de l’Observatoire Interrégional du
marché de l’Emploi a choisi différentes méthodes et approches. L’équipe interrégionale s’est
prononcée pour une combinaison d’études bibliographiques et documentaires, d’analyses
secondaires et de propres enquêtes (enquête téléphonique, bonnes pratiques), d’échanges
d’idées et de discussions avec les experts. Au fil du projet, cette méthode s’est avérée tout à
fait appropriée.
Recherche et analyse de sources bibliographiques et de données statistiques pertinentes
En première approche, les partenaires du réseau ont recherché, collecté et traité systématiquement les sources bibliographiques pertinentes. Les résultats ainsi obtenus ont permis de
concrétiser et de différencier les questions posées et de rassembler les informations émanant des différentes composantes régionales. La structure documentaire de l’Observatoire
Interrégional du marché de l’Emploi, mise au point dans le cadre du suivi du projet, s’est avérée très utile. La « banque interrégionale de sources et de données bibliographiques », basée sur Internet, est à la disposition des membres du réseau ; on peut y placer des documents et recherches thématiques avec la possibilité pour les acteurs de les télécharger. Cet
outil est amélioré en permanence durant le projet général de l’OIE.
-3-
1. Contexte et méthodologie du projet
Outre l’aspect qualitatif, des indicateurs statistiques dans le
domaine de « l’évolution démographique », du « marché de
l’emploi » et de la « formation » permettent d’esquisser
l’évolution actuelle et future dans les composantes de la
Grande Région. Pour ce faire, nous avons tenu compte des
données mises à disposition par les instituts statistiques de la
Grande Région et par EUROSTAT et les avons complétées
par d’autres publications régionales.
Banque interrégionale de sources et
de données bibliograpiques de
En regard des objectifs du projet, il s’est avéré nécessaire de
l’Obser-vatoire Interrégional du marprésenter l’évolution démographique future en tenant compte
ché de l’Emploi
d’indicateurs pertinents pour l’ensemble de la Grande Région.
Une étude sur l’évolution de la population active et sur la croissance potentielle de l’emploi
dans l’ensemble de l’espace de coopération a donc été réalisée en complément des travaux
des instituts statistiques de la Grande Région.
Une enquête exploratoire auprès d’entreprises de la Grande Région
Objectif de l’enquête
Dans le cadre du second projet, l’Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi souhaite
décrire plus précisément, à l’aide de propres analyses empiriques, les effets du changement
démographique sur les marchés de l’emploi des régions partenaires. Ce travail a notamment
pour objectif de montrer, à l’aide d’exemples de bonnes pratiques, la manière dont les entreprises dialoguent en pratique avec les groupes ciblés par ce cahier thématique. Une courte
enquête téléphonique exploratoire effectuée auprès d’entreprises de la Grande Région devait donner une première idée de l’étendue de mesures correspondantes, de la prise de
conscience par les entreprises du problème posé par le changement démographique et,
dans le cas idéal, permettre de trouver des exemples de bonnes pratiques.
Le choix des entreprises contactées s’est fondé sur la banque de données transfrontalière
« Vektor », résultat d’un projet mené à bien dans le cadre d’Interreg II par les chambres de
commerce et d’industrie de la Grande Région. La banque de données des entreprises ne
comprend certes pas tout l’ensemble de l’espace considéré de la Grande Région,1 mais en
vue de sa taille et de la diversité des entreprises représentées ainsi que des ressources limitées au sein du réseau de l’OIE, il a fallu définir des critères d’évaluation appropriés. Les
instituts participants ont convenu de limiter l’enquête à 50 entreprises situées à proximité de
la frontière par composante régionale et aux secteurs de la métallurgie et de l’industrie électrique. Les différentes chambres ont été priées d’apporter leur assistance pour la mise à disposition d’adresses récentes ; le partenaire du réseau IWEPS s’est chargé de fournir les
adresses pour la Wallonie.2
1
2
La banque de données comprend des entreprises de la Sarre, de la Lorraine, du Luxembourg, de Trêves et
du Palatinat occidental. La Rhénanie-Palatinat n’est donc pas comprise entièrement dans cette banque et il
n’est pas du tout tenu compte de la Wallonie.
En Lorraine, seul a été considéré le Département de la Moselle et en Rhénanie-Palatinat seules les régions
de Trêves et du Palatinat occidental. En Wallonie, il s’agissait pour l’essentiel d’entreprises de la Communauté Germanophone et de la province du Luxembourg.
-4-
Banque de données « Vektor »
« Vektor » est une banque de données en ligne trilingue (allemand, anglais et français) ; en regard de ses différents objectifs, elle se fonde sur trois piliers :
► une banque de données d’entreprises Saar-Lor-Lux dans laquelle les entreprises situées
en Sarre, en Lorraine, au Luxembourg, à Trêves et au Palatinat occidental au sein de
l’espace Saar-Lor-Lux ont la possibilité de présenter leurs produits, leurs services et leur
profil général et, par là même, d’attirer gratuitement l’attention des intéressés dans le
monde entier, d’engager de nouvelles activités commerciales ou de consolider et élargir les
relations commerciales existantes.
► un système d’informations sur le site Saar-Lor-Lux qui comprend des informations et données traitées avec soin sur la Grande Région dans son ensemble.
► un centre virtuel de compétence à l’exportation à l’aide duquel les chambres de commerce
et d’industrie veulent créer un outil d’information à disposition de toutes les entreprises intéressées par l’importation et l’exportation.
Source : www.saarlorlux.org
Réalisation de l’enquête et disposition des entreprises à fournir des renseignements
L’INFO-Institut a mené les interviews téléphoniques à l’aide d’un bref questionnaire commun3
entre fin novembre et mi-décembre 2005 dans les deux régions allemandes. En Lorraine, au
Luxembourg et en Wallonie, l’enquête a été réalisée par le CRD-EURES. Sur la base des
critères convenus, les données disponibles ont permis d’extraire une totalité d’environ 1.100
entreprises. Seules quelques-unes étaient disposées à fournir des renseignements au téléphone. Il est fréquemment arrivé que l’on convienne de rappeler plus tard ; dans la plupart
des cas, cet appel n’a plus eu lieu par manque de temps de la part des interlocuteurs. Dans
certains cas, les entreprises ne voulaient répondre au questionnaire que par écrit ; bien que
nous ayons repris contact avec les entreprises, nous n’avons pas eu de retour d’information.
Dans la brève esquisse des résultats indiquée ci-dessous, il faut toutefois tenir compte du
fait que l’enquête téléphonique était uniquement exploratoire et n’avait pas pour objectif de
fournir des données représentatives.
Les résultats en bref
► Environ la moitié des entreprises contactées n’ont pas donné d’informations.
► Environ deux entreprises sur cinq disposées à répondre aux questions n’attendent aucun
impact du fait du changement démographique.
► Les mesures s’adressant aux groupes cibles, si elles existent, ne sont pas prises en relation
directe avec le changement démographique.
► Dans les régions allemandes, les femmes ont la possibilité de travailler à temps partiel et de
moduler leur temps de travail en fonction de leurs besoins ; dans les autres régions, les mesures proposées aux femmes se limitent, de l’avis des interrogés, aux possibilités prescrites
par la réglementation (par ex. congé parental).
► Pour les seniors, il n’est pas prévu de mesures spécifiques à l’exception de la retraite progressive ou bien ces mesures sont conçues comme des offres générales (formation, travail
en équipe). Au Luxembourg et en Wallonie, les entreprises proposent aux seniors une réduction supplémentaire de leur temps de travail.
3
Le questionnaire comprenait des questions sur la taille et la structure des effectifs (pour l’essentiel âge, pourcentage hommes/femmes et part des frontaliers) et sur les conséquences déjà ressenties ou attendues par
l’entreprise du fait du changement démographique. Enfin, il a été demandé aux entreprises si elles avaient
pris des mesures s’adressant aux groupes considérés.
-5-
1. Contexte et méthodologie du projet
► Pour les jeunes, les mesures prioritaires sont axées sur l’éducation et la formation.
Conclusions
La plupart des entreprises sarroises et rhénanes-palatines ne souhaitaient pas répondre au
téléphone. Pourtant, l’enquête téléphonique permet de se faire une idée assez représentative des mesures prises dans les entreprises de la Grande Région. Malgré le caractère exploratoire de l’enquête, les résultats concordent avec d’autres estimations faites sur la base
par exemple de sources bibliographiques ou d’entretiens avec des experts. Pour l’essentiel,
les entreprises ne sont pas encore préparées aux conséquences du changement démographique et ne se sont pas penchées sur les répercussions de ce phénomène sur leur situation
spécifique. Ceci souligne encore plus l’importance de ce thème et l’approche suivie par le
présent cahier thématique qui est de présenter d’éventuelles options et actions envisageables à partir d’exemples de bonnes pratiques. Par ailleurs, il convient de souligner que parmi
les entreprises qui n’ont pas donné d’informations, certaines étaient cependant fondamentalement disposées à poursuivre les discussions.
Opportunités et risques que présentent les exemples de bonnes pratiques
Un des principaux objectifs du projet général de l’Observatoire Interrégional du marché de
l’Emploi consiste à effectuer une recherche appliquée et, par là même, à définir des approches pour la transposition des résultats dans le travail pratique. Une méthode allant de ce
sens consiste à traiter systématiquement des exemples de bonnes pratiques. Leur analyse
garantit la prise en compte dans le projet des besoins concrets du monde professionnel et
met en avant les conditions générales spécifiques des composantes de la Grande Région.
Bien que l’on observe depuis quelques années déjà une utilisation inflationnistée de la méthode des « bonnes pratiques », l’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi a
sciemment choisi cette approche orientée sur les résultats. Les exemples de bonnes pratiques présentés dans ce cahier thématique illustrent les résultats de la recherche, mais doivent également faire passer un message clair : la nécessité d’agir dans les domaines considérés ici et présenter des méthodes qui ont déjà été testées pour pouvoir relever à l’avenir
avec succès les défis que pose le changement démographique. L’éventail des exemples fait
ressortir différentes approches conceptuelles qui peuvent être mises en œuvre avec des
moyens raisonnables ou s’inscrire dans des programmes plus larges. L’effet recherché par la
présentation d’exemples concrets est particulier important pour le changement démographique : en effet, ses inicidences ne se feront pas sentir immédiatement, mais dans un futur
proche. Expliquer, sensibiliser, prendre les dispositions nécessaires pour faire face aux évolutions attendues dans la Grande Région : voici la tâche prioritaire des acteurs responsables.
Les exemples de bonnes pratiques stimulent la réflexion et mettent en avant des options
permettant de maîtriser les défis du changement démographique.
Parallèlement aux opportunités qu’elle présente, la méthode des « bonnes pratiques » arrive
à ses limites lorsque les projets ou les initiatives doivent être transposés directement. Imiter
purement et simplement des pratiques qui ont déjà fait leurs preuves peut déboucher sur des
résultats insatisfaisants. Les exemples concrets positifs doivent faire l’objet d’un examen
différencié avant de pouvoir être transposés au niveau interrégional. Pour ce faire, il faut
extraire des exemples individuels de leur contexte systémique et les évaluer en y intégrant
-6-
les connaissances du marché de l’emploi régional, de l’évolution démographique spécifique
et des conditions générales socio-culturelles propres à chaque région. Dans ce contexte,
l’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi a déjà effectué des travaux préliminaires
importants dans cette publication et dans des publications précédentes.
Choix des exemples
Les partenaires du réseau ont choisi les exemples de bonnes pratiques analysés dans le cadre
du projet « Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi de la Grande Région » en fonction de leur succès. Ils se sont notamment basés sur les estimations d’acteurs au
sein et en dehors des entreprises et sur des distinctions octroyées à certaines mesures exemplaires.
Types d’exemples
Les exemples de bonnes pratiques comprennent des mesures de différente nature provenant de
la Grande Région. Il pouvait s’agir de mesures prises à l’initiative des entreprises ou sur la base
de programmes de subvention locaux, régionaux ou nationaux. Par ailleurs, les mesures devaient viser directement ou de manière implicite les groupes définis (seniors, femmes, jeunes)
conformément au programme de recherche.
Identification des exemples
On a choisi trois formes de recherche pour identifier des exemples de bonnes pratiques dans la
Grande Région : a) il a été procédé à une analyse bibliographique et documentaire systématique, b) le contact direct a été recherché avec des entreprises dans le cadre d’une enquête téléphonique transfrontalière et c) il a été pris contact avec des responsables d’établissements publics.
Traitement des exemples
Les informations collectées dans ce cadre ont été traitées et pour l’essentiel complétées et approfondies avec les responsables respectifs dans le cadre d’interviews (face à face / téléphoniques). De nombreux exemples de bonnes pratiques sont présentés dans ce cahier thématique.
Coopération au sein du réseau des instituts spécialisés de l’Observatoire Interrégional
du Marché de l’Emploi
Le mode de travail de l’OIE est caractérisé par la coopération au sein d’un réseau. A cet effet, tous les instituts partenaires fournissent leurs contributions en fonction de leur compétence régionale et scientifique respective. Leurs connaissances spécifiques des conditions
régionales permettent aux partenaires du réseau d’appréhender précisément la situation de
départ concrète et les problématiques posées par les sujets à traiter en commun, de parvenir
à une vue commune des problèmes et de mettre au point des approches conceptuelles solides pour un marché de l’emploi intégré au niveau de la Grande Région. Le réseau existant
vise ainsi à tirer encore plus parti au niveau interrégional des synergies et des potentialités
implicites offertes par les partenaires qui disposent de diverses compétences. En pratique,
ceci revient à dire que la coopération des partenaires n’est pas statique ; leurs contributions
sont de nature différente et viennent s’inscrire dans un concept global. Cette méthode permet un travail très efficace et combine les ressources disponibles dans les instituts spécialisés. L’INFO-Institut joue un rôle particulier : en tant que coordinateur, il anime cette forme de
coopération dynamique, structure et garantit le flux d’informations entre les partenaires. Enfin, la banque décentralisée de sources et de données bibliographiques mise au point pour
les travaux de l’OIE est un outil important dans le cadre de cette coopération fructueuse.
Durant le projet, les partenaires du réseau se sont régulièrement rencontrés en différents
endroits de la Grande Région pour programmer les projets communs, échanger des idées et
-7-
1. Contexte et méthodologie du projet
s’entretenir sur les résultats de leurs travaux. Les manifestations communes organisées
dans le cadre du projet notamment ont consolidé les structures de coopération du réseau.
Réunions de travail du réseau des instituts spécialisés de l’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi
1.3
Entretiens avec des experts et manifestations
Durant le projet, les discussions et les échanges d’idées avec les experts ont constitué un
outil important pour traiter les questions posées et procéder à une réflexion critique sur les
résultats des travaux. Dans le cadre du projet, il a été possible de nouer des contacts avec
des acteurs scientifiques, administratifs et avec des praticiens. Dans ce contexte, les réseaux régionaux des instituts spécialisés dont les contacts s’étendent dans l’ensemble de la
Grande Région se sont avérés utiles. Signalons également les nombreux entretiens avec
des experts et des praticiens et les manifestations réalisées dans ce cadre.
Table ronde de l’OIE à Arlon
L’OIE a organisé une table ronde à Arlon le 1er décembre 2005. Cet atelier interne sur une
journée a été l’occasion pour le réseau des instituts spécialisés d’échanger des idées avec
les experts du changement démographique dans la Grande Région. Les débats se sont
concentrés sur les tendances générales de la situation démographique dans la Grande Région et ses composantes, sur l’évolution attendue de l’offre de main-d’œuvre et sur les défis
particuliers pour l’emploi et le marché de l’emploi. Les résultats de la table ronde ont été intégrés aux travaux du projet et pris en compte dans la conception du deuxième atelier-débat
de l’OIE.
Experts démographiques discutant avec des représentants du réseau des instituts spécialisés de l’OIE
-8-
Deuxième atelier-débat de l’OIE à Luxembourg
Un objectif central du projet « Effets du changement démographique sur le marché de
l’emploi dans la Grande Région » était d’échanger des idées et de s’entretenir sur les résultats des travaux avec un public spécialisé. En regard de cet objectif, l’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi a poursuivi sa série d’ateliers-débats en organisant une manifestation sur « le marché de l’emploi dans la Grande Région et les défis du changement
démographique ». Avec ces manifestations, l’OIE propose une plate-forme sur laquelle des
experts sarrois, rhénans-palatins, luxembourgeois, lorrains et wallons présentent les sujets
importants pour l’avenir de la Grande Région. Dans le cadre du deuxième atelier-débat de
l’OIE qui s’est tenu le 19 janvier 2006 à Luxembourg, les invités et les intervenants ont discuté des effets du changement démographique sur le marché de l’emploi dans l’espace de
coopération. L’atelier-débat s’est décliné en deux débats publics :
1er débat : Perspectives du développement démographique dans la Grande Région et ses
implications pour le marché de l’emploi
1. Grande Région : Evolutions démographiques futures et développements dans le secteur de la
formation
2. Le changement démographique en Rhénanie-Palatinat
3. Le changement démographique au Luxembourg
2ème débat : Défis et opportunités présentés par le changement démographique pour le
marché de l’emploi dans la Grande Région
1. Exposé introductif : 17 thèses sur le lien entre marché de l’emploi et changement démographique
2. Défis que pose le changement démographique pour la politique du personnel dans les entreprises
3. Nouvelles idées sur la transition entre formation et emploi
4. Dialogue avec les effectifs vieillissants dans les entreprises lorraines
5. Situation des migrants au Luxembourg
Il s’est avéré que les experts suivaient certes des approches différentes pour analyser
l’évolution démographique, mais qu’ils étaient d’accord pour reconnaître que la récession
démographique et le processus de vieillissement ne pouvaient être arrêtés. En se basant sur
ce constat, les intervenants ont présenté et soumis à discussion un grand nombre de propositions permettant de relever à l’avenir les défis du changement démographique dans la
Grande Région. Les débats ont porté sur la nécessité de dialoguer avec les effectifs vieillissants, sur l’efficacité des outils de la politique du personnel dans les entreprises, sur la problématique de la formation en regard de la pénurie menaçante de main-d’œuvre et sur les
opportunités professionnelles qu’offre la migration.
Les résultats de l’atelier-débat ont été intégrés dans les travaux
dans le cadre du projet et approfondis. Les exposés des intervenants ont été rassemblés dans un recueil qui peut être téléchargé
par les participants et les personnes intéressées (www.grossregion.net).
-9-
1. Contexte et méthodologie du projet
Deuxième atelier-débat de l’OIE le 19 janvier 2006 à Luxembourg
« Le marché de l’emploi dans la Grande Région et les défis du changement démographique dans la Grande Région »
- 10 -
2.
Situation et perspectives démographiques jusqu’en
2020
Le problème des changements démographiques et du vieillissement de la population intéresse l’ensemble de l’Europe aujourd’hui. Pour la Commission des communautés européennes, « l’Europe connaît aujourd’hui des changements démographiques sans précédent par
leur ampleur et leur gravité »4. Cette question revient avec une grande insistance (notamment dans le débat public) eu égard aux multiples enjeux (interdépendants) économiques et
sociaux engendrés par le facteur démographique. Une évolution démographique favorable a
des effets sur la population active dont le potentiel et le développement influe à leur tour sur
les activités économiques. Un solde migratoire positif avec l’arrivée notamment de jeunes
actifs est favorable à la dynamique démographique d’une région. L’accroissement de la population tout comme la modification de sa structure par âge sont de nature à générer des
besoins nouveaux comme par exemple les besoins en services aux personnes âgées.
La Grande Région ne sera pas épargnée et si l’on en croit les statisticiens, la croissance de
la population – qui augmentait constamment depuis 1988, sous l’impulsion du Luxembourg,
de la Rhénanie-Palatinat et de la Wallonie, compensant largement la stagnation en Lorraine
et la baisse récente de la population sarroise – devrait à terme s’arrêter. Les modèles de
projection des offices statistiques s’accordent sur les tendances à venir, à savoir notamment
que les personnes de 60 ans et plus seront bientôt plus nombreuses que les moins de 20
ans. Toutefois les indicateurs démographiques divergent de façon significative quant à l'intensité et la rapidité du phénomène de vieillissement d'une région à l'autre. Malgré les prévisions positives pour le Luxembourg et la Wallonie, la population totale de la Grande Région
devrait diminuer d’environ 1% d’ici 2020. Les projections prévoient ainsi une baisse de la
population notamment dans les deux régions allemandes et en Lorraine tandis que le
Luxembourg et la Wallonie resteraient encore des «îlots de prospérité démographiques».
A partir de ces premiers constats, il est intéressant d’exploiter plus finement les données
statistiques disponibles à l’échelle de la Grande Région afin de dresser un bilan démographique (à partir d’une batterie d’indicateurs) sur la période 1998 à 20045, même si cette période courte au regard de l’inertie des phénomènes démographiques nécessite une certaine
prudence dans l’interprétation des données.
Mieux cerner les évolutions de la population est un exercice préalable à tout diagnostic sur
les perspectives futures du marché du travail car la dynamique démographique conditionne
la croissance potentielle et les transformations qui affecteront le marché du travail dans son
ensemble. Cet exercice difficile, notamment à l’échelle transfrontalière en raison de la rareté
et des limites des outils statistiques disponibles, nous amène sur un plan méthodologique à
clarifier les indicateurs et concepts. Il permet également, au-delà de la question du vieillissement démographique, d’interroger les rapports entre générations, ainsi que la perception
de la jeunesse et de la vieillesse dans nos sociétés. Au final, le défi à relever n’est il pas celui de passage du schéma actuel de succession des générations à celui de cohabitation intergénérationnelle ?
4
5
Livre vert « Face aux changements démographiques, une nouvelle solidarité entre générations », Communication de la Commissions, Bruxelles, mars 2005.
Et pour quelques indicateurs sur une période plus longue.
- 11 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
2.1
Evolution générale de la population
2.1.1
La Grande Région comptait 11 302 464 habitants en 2005
Au 1er janvier 2005 la population de la Grande Région atteint 11 302 464 habitants, soit
2,9% de la population européenne de l’UE à 15 et 2,5% de l’UE à 25 pays. La RhénaniePalatinat et la Wallonie concentrent environ les deux tiers de la population globale, suivies
par la Lorraine avec un bon cinquième (21%). La Sarre représente à peine juste 9,3% et le
Luxembourg 4% de l’ensemble des habitants de la Grande Région.
Tableau 2.1 : La population de la Grande Région au sein de l’Union européenne
au 1er janvier 2004 et 2005
Population au 1er janvier -en milliers
Union européenne (25 pays)
Union européenne (15 pays)
GR. Region
Part de la GR. Region dans l'UE (25 pays)
Part de la GR. Region dans l'UE (15 pays)
2004
457 189,0
383 047,4
11 281,2
2,5
2,9
2005
459 488,4
385 383,4
11 302,5
2,5
2,9
Source : Eurostat et Offices statistiques de la Grande Région
Fig. 2.1 :
Poids des régions dans la population totale de la Grande Région au 1er
janvier 2005
Wallonie
30,0%
Rheinland-Pfalz
35,9%
Saarland
9,3%
Lorraine
20,7%
Luxembourg
4,0%
Source : Offices statistiques de la Grande Région
2.1.2
L’évolution démographique de la Grande Région n’a pas été régulière
sur les 20 dernières années
Entre 2004 et 2005, la Grande Région gagne près de 20 000 habitants, résultat de la croissance démographique dans toutes les composantes de la Grande Région, excepté pour la
Sarre (qui perd près de 5 000 habitants en un an).
L’évolution démographique de la Grande Région n’a pas été régulière sur les 20 dernières
années. Après une première baisse de la population, modérée certes mais continue jusqu’en
1986, on a observé différentes périodes de hausse. Entre 1990 et 1994 notamment, la population de la Grande Région s’est sensiblement accrue. Depuis la fin des années 90, cette
- 12 -
évolution positive s’est ralentie et les accroissements ont été inférieurs à ceux des années
précédentes. Ainsi entre les 1er janvier 1970 et 2005, la croissance de la population de la
Grande Région s’est établie à 6,3%. Avec ce résultat, la Grande région se place nettement
en deçà de la progression enregistrée globalement sur la même période par l’Europe à 15
pays (+13,4%).
Fig. 2.2 :
Evolution de la population dans la Grande Région et ses composantes de
1970 à 2005 (année 1970 base 100)
134
Saarland
130
Lorraine
+33,9%
Luxembourg
126
Rheinland-Pfalz
122
Wallonie
118
GR. Region
114
+10,6%
110
+6,7%
106
+6,3%
102
+1,1%
98
-6,3%
94
90
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
Source :
Saarland : Bevölkerungsfortschreibung.
Lorraine : INSEE -Estimations localisées de populationet (nouvelle série)
Luxembourg : Population calculée par le STATEC.
Rheinland-Pfalz: Bevölkerungsfortschreibung.
Wallonie : INS, Statistiques démographiques et recensements de la population.
Réalisation : IBA / OIE 2006
Communauté Germanophone
Au 1er janvier 2005, la population de la Communauté Germanophone (CG) comptait 72 512
individus, soit 613 de plus que l'année précédente. La proportion de femmes est de 50,3%
(celle des hommes de 49,6%). 59,7% de la population vit dans le canton d'Eupen et 40,3%
dans le canton de St.Vith.
Le nombre d'habitants dans la Communauté Germanophone connaît une progression constante depuis plusieurs années déjà. Au 1er janvier 2005, la proportion de concitoyens étrangers au sein de la CG a augmenté de 3,78% par rapport à l'année précédente, contre une
hausse de 0,22% seulement pour les concitoyens belges. Par conséquent, cette nouvelle
augmentation s'inscrit dans le prolongement de la tendance de la dernière décennie.
- 13 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Fig. 2.3 :
Evolution démographique dans la Communauté germanophone
- population totale -
73.500
72.512
72.500
71.500
70.500
70.831
69.500
68.500
68.961
67.500
66.500
65.500
67.007
64.632
66.228
64.500
1980
1985
1990
1995
2000
2005
Source : INS
2.1.3
La population de la Grande Région continue de progresser à un rythme
moins soutenu que celui de l’Europe des 15
Le calcul des taux de variation absolue et annuel moyen des différentes populations permet
d’apprécier la croissance démographique, son évolution dans le temps, ses variations dans
l’espace. Ils résument à eux seuls toute la dynamique d’une population, résultat de la combinaison des flux de population, d’entrées (naissances, immigrations) et de sorties (décès,
émigrations).
D’un point de vue général, la population de la Grande Région a augmenté au cours de la
période 1998 à 2005 de 141 047 habitants pour atteindre 11 302 464 habitants au 1er janvier
2005, soit un taux de variation absolue de +1,26 % et un taux de variation annuel moyen de
+0,18 %6.Dans le détail, toutes les régions connaissent une variation positive au cours de la
période, comprise entre 0,93% pour la Lorraine et +7,39% pour le Luxembourg. Seule ombre
au tableau, la Sarre dont la population régresse de -2,26 % sur la période (soit un taux de
variation annuel moyen de -0,33 %). Cette situation défavorable pour la Sarre résulte de
l’ampleur du déficit du solde naturel qui ne peut pas être compensé par le solde migratoire.
La Lorraine enregistre une progression significative de sa population en 2005 sous
l’impulsion d’une nette amélioration de son solde migratoire.
6
Pour l’anecdote, sur la base des taux annuel moyen observés sur la période, la population de la Grande
Région doublerait au bout de 383 années alors que pour le Luxembourg, la population serait multipliée par
deux au bout de seulement 69 années.
- 14 -
Tableau 2.2 : variation de la population de la Grande Région et de l’EU 15
Saarland
Lorraine
1998
1999
2000
2001
2002
1 080 790
1 074 223
1 071 501
1 068 703
1 066 470
2 312 566
2 311 655
2 314 813
2 318 080
2 321 223
423 700
429 200
435 479
439 539
444 050
4 017 654
4 024 969
4 030 773
4 034 557
4 049 066
3 326 707
3 332 454
3 339 516
3 346 457
3 358 560
11 161 417
11 172 501
11 192 082
11 207 336
11 239 369
EU 15
(en milliers)
373 439,68
374 283,59
375 502,50
376 991,28
378 711,08
2003
1 064 988
2 325 959
448 300
4 057 727
3 368 250
11 265 224
380 821,99
2004
1 061 376
2 330 504
451 600
4 058 682
3 380 498
11 282 660
383 047,37
2005
1 056 417
2 334 000
455 000
4 061 105
3 395 942
11 302 464
385 383,40
Population au
1er janvier
Luxembourg
RheinlandPfalz
Wallonie
GR. Region
Variation absolue
-24 373
+21 434
+31 300
+43 451
+69 235
+141 047
+11 943,72
1998/2005
Taux de variation
absolue
-2,3
+0,9
+7,4
+1,1
+2,1
+1,3
+3,2
1998/2005 (%)
Taux de variation
annuel moyen
-0,3
+0,1
+1,0
+0,2
+0,3
+0,2
+0,5
1998/2005 (%)
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : Entre le 1er janvier 1998 et le 1er janvier 2004, la population sarroise a perdu 24 373 individus, soit un taux de
variation absolue de – 2,26% sur l’ensemble de la période et un taux de variation annuelle moyen de -0,33%.
2.1.4
Un bilan démographique favorable pour l’ensemble de la Grande région
depuis 1990 mais contrasté au niveau infra régional
Sur une plus longue période, entre 1990 et 2004, la population totale de la Grande Région a
évolué de +5,5% (+0,4% en évolution annuelle moyenne), gagnant ainsi près de 600 000
habitants entre ces deux dates. Ce bilan démographique flatteur nécessite d’être nuancé
lorsque l’on observe les évolutions infrarégionales. Les évolutions fluctuent ainsi entre -6,8%
(soit -3 207 personnes) pour Pirmasens en Rhénanie-Palatinat à +33,8% (soit +4 308 personnes) pour le canton de Remich au Luxembourg.
Il n’y a pas une, mais des dynamiques démographiques au sein de la Grande Région. Si l’on
observe des disparités entre régions, à l’intérieur même d’un territoire, les phénomènes démographiques peuvent être extrêmement variés. Les pertes de population en l’espace de 14
années concernent des territoires marqués par un passé industriel lourd (textile, sidérurgie,
extraction charbonnière…) ou qui présentent un caractère rural associé à un éloignement
géographique des grands axes de communication et des grandes aires urbaines. Parmi ces
territoires on compte principalement les arrondissements wallons de Mouscron (-2,5%),
Mons (-1,9%), Charleroi (-1,4%) et Liège (-0,5%), les districts allemands de Sarrebruck
(-3,3%), Neunkirchen (-1,9%) et les départements lorrains de la Meuse (-1,8%) et des Vosges (-1,1%).
Les territoires qui entourent le Luxembourg bénéficient de son dynamisme économique et
confirment son tropisme. Les arrondissements de la province du Luxembourg (et en particulier ceux d’Arlon et de Bastogne) enregistrent des progressions de population supérieures à
10%, tout comme les arrondissements situés plus au nord-ouest de la Wallonie, sur une
bande allant du Brabant wallon (+14,4%) en passant par Waremme (+12,1%), Huy (+10,1%),
et Marche-en-Famenne (+13,1%), et en Allemagne dans le district de Trier-Saarburg
(+10,1%).
- 15 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
La population, depuis 1990, progresse de plus de 20% dans tous les cantons luxembourgeois exceptés pour les cantons de Luxembourg (+10,9%), de Vianden (+15.3%) et de Diekirch (+17,5%).
D’autres territoires en Rhénanie-Palatinat, enregistrent également de fortes progressions de
population sur la période étudiée du fait de leur proximité avec des pôles importants situés
hors de la Grande Région (Mannheim-Ludwigshafen, Karlsruhe, Bonn, etc.) comme AlzeyWorms (+23,4%), Mainz-Bingen (+17,7%), Germersheim (+16,5%), Westerwaldkreis
(+16,5%), Rhein-Hunsrück-Kreis (+16,5%), Neuwied (+15,9%) et Donnersbergkreis
(+15,6%).
Fig. 2.4 :
Taux de variation de la population totale dans la Grande Région
entre le 1er janvier 1990 et 2004
Source : Insee -Estimations localisées de population, recensements de 1990 et 2004 (France), Institut National de la Statistique (Belgique), STATEC (Luxembourg), Statistisches Landesamt Saarland und Rheinland Pfalz (Allemagne)
Remarque : un tableau détaillé comportant les données brutes et les évolutions pour les années 1990, 1998 et
2005 (parfois encore provisoires ou estimées) au niveau national, régional et infra régional figure en annexe.
- 16 -
2.2
Mouvements naturels et migratoires
2.2.1
Un jeu des mouvements naturels et migratoires très disparate
Les différences dans l’évolution démographique des régions s’expliquent par les différences
de solde migratoire et de solde naturel. Pris globalement, les mouvements naturels et migratoires affichent un bilan positif pour la Grande Région entre 1992 et 2004. Mais la croissance
démographique est surtout alimentée par les flux migratoires car les taux de natalité continuent à diminuer dans toutes les régions (et ce depuis 1970) 7.
La Wallonie et le Luxembourg bénéficient toutes les deux de mouvements naturels et migratoires positifs. La population wallonne continue de croître, soutenue par les mouvements
migratoires et la régularisation d’une partie des sans papiers immigrants depuis 1998. La
natalité reste à un niveau encore assez élevé mais sa contribution à la croissance de la population diminue au fil du temps.
La population lorraine connaît à nouveau depuis quelques années maintenant une croissance de la population qui s’explique par des mouvements naturels qui restent à un bon niveau et un ralentissement des mouvements migratoires. En effet, bien qu’en forte diminution
constante depuis le milieu des années 70, le taux de natalité en Lorraine reste élevé (comparativement aux autres régions) et se redresse même sur la période récente (de 2000 à
2004). Selon l’INSEE Lorraine8, avec un excédent naturel considérablement réduit, il devient
difficile pour la Lorraine de renouer avec une croissance démographique durable, sauf à réduire durablement son déficit migratoire et à renforcer son attractivité.
Sous l’effet des vagues migratoires et d’une réduction plus forte de la fécondité, la structure
par âge de la population lorraine s’est modifiée plus rapidement que dans d’autres régions
françaises. Son profil autrefois très jeune est maintenant voisin de celui de la moyenne française. La Lorraine est passée d’un régime démographique tiré par sa natalité à un régime
démographique miné par son déficit migratoire, concentré sur la tranche d’âge 25-35 ans et
qui témoigne d’une difficulté à fixer les jeunes actifs dans la région.
Dans les régions allemandes, on observe un déficit structurel des soldes naturels. En Sarre
notamment, ce déficit est très prononcé tout comme l’importance du taux de mortalité. Le
taux de natalité des femmes sarroises est le plus faible dans l’ensemble de la Grande Région. Les impacts sur le niveau de la population sont atténués par les gains migratoires (notamment de l’étranger) qui ne permettent cependant plus de compenser le solde naturel. Au
final la population sarroise enregistre une perte de plus de 20 000 habitants sur la période
1992 à 2004. La Rhénanie-Palatinat au contraire compense largement les mouvements naturels largement déficitaires par un afflux important de populations sur son territoire. Le gain
lié aux mouvements migratoires s’établit pour cette région à +295 256 personnes entre 1992
et 2004.
7
8
Le Luxembourg, la Lorraine et la Wallonie sont les régions où le taux de natalité est le plus élevé.
CREUSAT Joël, Quatre enjeux autour de la démographie lorraine, Insee Lorraine, Colloque – Nancy – 1er
février 2005.
- 17 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Tableau 2.3 : Mouvements migratoires et mouvements naturels dans la Grande Région
depuis les années 70
Période 1er janvier - 31
décembre
1972-1981
Mouvements
1982-1991
migratoires
1992-2004
1972-1981
Mouvements
1982-1991
naturels
1992-2004
1972-1981
Mouvements
1982-1991
totaux
1992-2004
Saarland
Lorraine Luxembourg
. -93 730
+21 805 -107 877
+23 109
n.d.
-30 143 +82 813
-22 275 +93 698
-43 571 +87 790
-57 051 -10 917
-470 -14 179
-20 462
n.d.
+28 299
+19 419
+46 652
-1 171
+4 834
+20 909
+27 128
+24 253
+67 561
RheinlandGR.
Wallonie
Pfalz
Region
+39 060
n.d.
n.d.
+202 511
n.d.
n.d.
+295 256 +101 308
n.d.
-77 383
-25 817 -51 701
-48 063
+6 422 +34 616
-55 506 +18 711 +28 333
-38 232
n.d.
n.d.
+154 448
n.d.
n.d.
+239 750 +120 019
n.d.
n.d. : données non disponibles
Sources : Offices statistiques de la Grande Région
Nombre d'enfants nées vivants pour 1 000 habitants
(taux de natalité)
Fig. 2.5 : Taux de natalité (pour 1 000 habitants) dans la Grande Région entre 1970 et
2004
20
18
16
14
12
10
8
6
1970
1980
1990
2000
2001
2002
2004
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
Wallonie
GR. Region
Fig. 2.6 : Taux de mortalité (pour 1000 habitants) dans la Grande Région entre 1970 et
2004
Nombre de décès pour 1 000 habitants
(taux de mortalité)
15
14
13
12
11
10
9
8
7
6
1970
1980
1990
2000
2004
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
Wallonie
GR. Region
Sources : Offices statistiques de la Grande Région
- 18 -
Communauté Germanophone
Suite au recul massif des naissances depuis la fin des années 90, la CG a recensé pour la
première fois un solde naturel négatif à la fin de l'année 2003 (décès excédentaires par rapport aux naissances). Dans la région wallonne, le nombre de naissances a lui aussi régressé
durant la dernière décennie et le solde naturel est également négatif, toutefois l'évolution est
intervenue à un rythme moins soutenu.
Le recul momentané des naissances provient du taux extrêmement faible de naissances
durant l'après-guerre. En dépit de ce solde négatif, la population de la CG s'est pourtant accrue de 4,6 % dans la dernière décennie. Ce taux de croissance est le plus élevé de toute la
Belgique, derrière celui de Bruxelles.
La croissance de la population résulte quasi exclusivement du solde migratoire positif. La
proportion d'étrangers dans la population de la CG avoisinait 18% en 2003, dont près de
15% de ressortissants allemands.
Et quels sont les mouvements de population à l'intérieur du pays ? La CG attire-t-elle des
compatriotes ? Le tableau ci-dessous révèle un certain équilibre des mouvements de population au sein de la CG sans que les échanges soient toutefois particulièrement marqués,
comparé à d'autres régions du pays. Cette tendance s'observe depuis plusieurs années ;
depuis 1999, la proportion de départs et d'arrivées dans la population totale de la CG oscille
régulièrement entre 2,2 et 2,5%.
Tableau 2.4 : Mouvements à l’intérieur du pays – 2003 en % de la population totale
Communauté
Germanophone
Arrivées
Départs
2,4
2,3
Wallonie
Arrivées
6,8
Bruxelles
Départs
6,6
Arrivées
7,5
Départs
8,5
Flandres
Arrivées
2,8
Départs
2,7
Source : INS / ABEO, Représentation et calculs : WSR
2.3
Structure par âge et rapport de dépendance
2.3.1
Un vieillissement de la population dans la Grande Région par les deux
extrémités de sa structure par âge
Au 1er janvier 2004, la classe d’âge des 20-59 ans représente 54,4% de la population totale
dans la Grande Région, contre 54,7% en 1998. La population active est ainsi inférieure d’un
point par rapport au niveau de l’UE 15 et en baisse entre 1998 et 2004. La Grande Région
se caractérise aujourd’hui à la fois par une proportion de jeunes de moins de 20 ans et une
proportion de 60 ans et plus un peu plus élevée par rapport à l’UE des 15.
La Sarre et la Rhénanie-Palatinat sont les deux seules régions qui enregistrent une chute du
poids de cette frange de la population sur la période (-1,6 points, v. tableau 2.5.).
En Lorraine, Luxembourg et Wallonie, la part des jeunes de moins de 20 ans avoisine les
25% alors qu’en Sarre et en Rhénanie-Palatinat ces proportions sont inférieures de quelques
points.
A l’inverse, la part des 60 ans et plus est légèrement supérieure dans les régions allemandes
à la part observée dans les trois autres régions et l’écart s’est accru au cours de la période.
- 19 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Ces variations sont certes minimes, elles permettent toutefois de constater que la population
dans les régions allemandes connaît un vieillissement légèrement plus marqué que la population des trois autres régions : la proportion de moins de 20 ans y est plus faible et la proportion des personnes âgées y a augmenté entre les deux années d’observation.
Tableau 2.5 : Structure par âge de la population de la Grande Région (au 1er janvier
des années 1998 et 2004)
Région
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
Wallonie
GR. Region
UE 15
année
1998
2004
1998
2004
1998
2004
1998
2004
1998
2004
1998
2004
1998
2004
0-14 ans
15,2
14,0
19,3
18,1
18,7
18,8
16,5
15,5
18,6
18,2
17,7
16,9
17,1
16,3
Structure par âge (en %)
60 ans et
0-19 ans
20-59 ans
plus
20,3
55,8
23,9
19,4
54,2
26,4
26,4
53,8
19,8
25,0
54,7
20,3
24,2
56,7
19,1
24,5
56,8
18,7
21,9
55,5
22,7
21,2
53,9
24,8
24,8
53,7
21,5
24,5
54,3
21,1
23,6
54,7
21,7
23,0
54,4
22,7
23,3
55,4
21,2
22,2
55,4
22,4
80 ans et
plus
3,6
4,4
3,2
3,8
3,2
3,1
3,8
4,4
3,5
4,1
3,5
4,1
3,7
4,2
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : les 60 ans et plus représentaient en 1998 23,9 % de la population Sarroise et 26,4 % en 2004, soit une augmentation de 2,5 points. La proportion de personnes très âgées (80 ans et plus) a évolué au cours de la période d’observation
de 3,6% à 4,4 % de la population totale.
La répartition par groupe d’âge de la population pour les années d’observation (1998 à 2004)
ne permet pas de saisir l’évolution propre de chacun des groupes d’âges. On peut constater
un vieillissement de la population dans la Grande Région (excepté pour le Luxembourg) par
les deux extrémités de sa structure par âge : proportion à la baisse du nombre de jeunes de
moins de 20 ans et augmentation de la part des personnes âgées de 60 ans et plus. Mais
cela ne nous apprend rien sur l’ampleur de la variation. Pour cela, il est nécessaire
d’observer les variations absolues et les taux moyens de variations par groupe d’âges (tableaux ci-dessous).
Tableau 2.6 : Taux de variation par groupe d’âges de la population de la Grande Région
Région
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
Wallonie
GR. Region
UE 15
Evolution 1998/2004 de la population par âge (%)
60 ans et
80 ans et Ensemble
0-14 ans
0-19 ans
20-59 ans
plus
plus
-9,6
-6,1
-4,6
+8,5
+19,1
-1,8
-5,6
-4,6
+2,5
+3,3
+20,1
+0,8
+6,9
+7,8
+6,7
+4,8
+3,9
+6,6
-5,0
-1,9
-1,8
+10,6
+16,9
+1,0
-0,4
+0,6
+2,8
-0,2
+20,1
+1,6
-3,6
-1,7
+0,5
+5,6
+18,2
+1,1
-2,3
-2,4
+2,6
+8,1
+16,5
+2,6
Source : OREFQ
- 20 -
Tableau 2.7 : Variation (en valeur absolue) par groupe d’âges de la population de la
Grande Région
Région
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
Wallonie
GR. Region
UE 15 (en milliers)
Evolution 1998/2004 de la population par âge
(en valeur absolue)
Ensemble
60 ans et
80 ans et
0-14 ans
0-19 ans
20-59 ans
plus
plus
-15 862
-13 456
-27 806
+21 848
+7 481
-19 414
-25 187
-27 969
+30 864
+15 043
+14 713
+17 938
+5 494
+7 978
+16 070
+3 852
+533
+27 900
-33 031
-16 362
-39 550
+96 766
+25 637
+40 854
-2 657
+4 757
+50 782
-1 748
+23 308
+53 791
-71 243
-45 052
+30 360
+135 761
+71 672
+121 069
-1 466,5
-2 079,7
+5 280,2
+6407,2
+2 309,0
+9 607,7
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
er
Note de lecture : en Sarre, l’effectif des jeunes âgés de 0 à 14 ans a diminué de 9,6 % entre le 1 janvier 1998 et 2004. En
revanche, sur la même période, l’effectif des 80 ans et plus a augmenté de 19,1 %.
Le vieillissement de la population par le haut et par le bas de la pyramide des âges se
confirme à partir de l’observation des taux de variations des classes d’âges : négatifs pour
les jeunes et positifs pour les personnes âgées, avec une tendance à l’amplification de ce
phénomène. Ce constat est particulièrement vrai pour la Sarre, la Lorraine et la RhénaniePalatinat et depuis peu pour la Wallonie. En valeur absolue, pour ces quatre régions, la
baisse de l’effectif des moins de 15 ans est de -65 749 jeunes contre une hausse de l’effectif
des 80 ans et plus de +71 139 entre 1998 et 2004. Le Luxembourg se distingue par un taux
de variation des moins de 15 ans positif (+6,9% soit +5 494 jeunes) entre 1998 et 2004, taux
restant supérieur sur la période à celui des 80 ans et plus (+3,9%).
La population de la Grande Région se caractérise ainsi essentiellement par une augmentation du nombre de personnes de 60 ans ou plus (+135 761 en 6 ans) et la forte chute du
nombre de jeunes de moins de 15 ans (-71 243 en 6 ans).
Communauté germanophone
La pyramide des âges s'évase de plus en plus vers le haut : de 1990 à 2005, le nombre d'individus de plus de 65 ans dans la CG a augmenté de 3 641 personnes, soit une progression
de 41,4% en 15 ans ! Leur proportion dans la population s'élève désormais à 17,1%. Dans la
même période, la population d'âge actif s'est accrue de 889 personnes seulement (1,9%) et
le nombre d'enfants de 975 (8,2%, en recul depuis 2001). La population totale de la CG a
augmenté de 5 505 personnes (8,2%) dans la même période.
- 21 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Fig. 2.7 :
Evolution démographique par tranches d’âge (%)
- Population totale de la Communauté Germanophone -
100%
13,1 13,4 13,5 13,8 14,1 14,4 14,7 14,9 15,2 15,5 15,8 16,2 16,5 16,6 16,9 17,1
80%
60%
69,1 68,5 68,1 67,6 67,2 66,8 66,4 66,2 65,9 65,6 65,3 65,0 64,9 65,0 64,9 65,0
40%
20%
17,8 18,1 18,3 18,6 18,7 18,8 18,9 18,9 18,9 18,9 18,9 18,8 18,6 18,4 18,1 17,8
0%
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
0-14
15-64
65 et plus
Source : INS
2.3.2
L’indice de vieillissement de la population reste plus favorable dans la
Grande Région qu’au niveau de l’EU 15
En démographie, opposer les jeunes aux vieux est fréquent dans la discipline. Or ces notions (jeunes et vieux) sont subjectives et ne reposent pas (ou peu) sur une définition théorique de ce que sont la jeunesse et la vieillesse. Ces termes, et les groupes d’âges qu’ils délimitent, sont utilisés dans une acception courante faisant référence au grand moment de la
vie «économique» de l’individu, à savoir sa scolarisation (0 à 19 ans), sa vie active (20 à 59
ans) et sa retraite (60 ans et plus). Autrement dit, cette approche de l’individu est fortement
biaisée et reflète une conception de la jeunesse et de la vieillesse qui ne se calque pas sur la
réalité que reflète ces termes, réalité à multiple facette, dont l’une pourrait être biologique
plutôt qu’économique et qui verrait une délimitation de la jeunesse et de la vieillesse probablement différente de celle proposée ici. Il s’agit d’une approche de l’individu en terme
d’utilitarisme, un jeune en formation est un futur actif, son coût, qui est élevé ne l’oublions
pas (santé, scolarisation, développement culturel, etc.), est accepté au regard des bénéfices
potentiels qu’il rapportera au cours de sa vie active. Un adulte en activité est au cœur de la
machine en activité, il est donc pleinement rentable. Une personne âgée de 60 ans et plus,
sortie de l’activité, ne présente plus, dans nos sociétés de perspectives de bénéfices et à
terme, va solliciter de manière croissante les systèmes de soins et d’assistance publique !
En terme d’utilitarisme économique, la vieillesse n’est pas une bonne élève. Oui, mais…
Le discours ambiant sur les personnes de 60 ans et plus est très hétérogène. Alors que d’un
point de vue économique il semblerait que les vieux «posent problèmes», certains chercheurs en sciences humaines mettent en évidence le rôle des vieux dans la vie sociale et
insistent sur la nécessité de reconsidérer la place de ces personnes dans la société, et pas
seulement au niveau économique. L’utilitarisme économique n’est assurément pas la meil-
- 22 -
leure approche de l’homme en société : à trop vouloir de biens on en oublie les liens intergénérationnels9.
Ainsi une réflexion sur la notion de «vieux» s’impose si l’on veut poser les bases pertinentes
du débat. Preuve en est, les groupes d’âges utilisés dans ce travail relèvent d’une approche
«économique» qui n’est plus forcément des plus pertinentes. Les vieux d’hier ne sont plus
les mêmes que les vieux d’aujourd’hui, est-on toujours vieux à 60 ans aujourd’hui ? Le débat
dans de nombreux pays sur l’âge de départ à la retraite risque de repousser sérieusement la
borne inférieure qui délimite l’entrée dans la classe d’âge des vieux !
Tableau 2.8 : Indice de vieillissement de la population de la Grande Région
au 1er janvier
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Variation absolue
1998/2004
Taux de variation
1998/2004 (%)
Sarre
Lorraine Luxembourg
RheinlandWallonie
Pfalz
437
535
452
552
446
547
422
516
397
487
374
464
355
443
GR.
UE 15
Region
502
458
517
463
512
457
485
434
455
414
430
397
409
384
420
427
422
398
369
343
318
612
626
625
582
540
508
481
584
603
614
640
627
613
601
-101
-131
+17
-82
-92
-93
-74
-24,1
-21,4
+2,9
-18,7
-17,1
-18,5
-16,2
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : pour 100 personnes âgées de 80 ans et plus au 1er janvier 2004, on observait en Sarre 318 jeunes âgés de
moins de 15 ans.
L’indice de vieillissement de la population (les moins de 15 ans rapportés aux 80 ans et plus)
reste plus favorable dans la Grande Région qu’au niveau de l’EU des 15, bien que le rapport
diminue nettement au cours du temps, a un rythme plus élevé pour la Grande Région. Pour
l’ensemble de la Grande Région, on observait 502 jeunes de moins de 15 ans pour 100 personnes âgées de 80 ans et plus en 1998. En 2004, cet indicateur chute à 409, soit une perte
de 93 jeunes et un taux de variation de -18,5%.
En 1998, le nombre de jeunes pour 100 octogénaires était le plus élevé en Lorraine, où l’on
observait 612 jeunes, et le plus faible en Sarre, où l’on observait 420 jeunes (suivie de près
par la Rhénanie-Palatinat avec 437 jeunes). Au Luxembourg et en Wallonie on observait
respectivement 584 jeunes et 535 jeunes.
En 2004, la hiérarchie s’est bouleversée. Le Luxembourg est passé en tête du classement
avec un effectif de 601 jeunes de moins de 15 ans pour 100 octogénaires, soit 17 jeunes en
plus. En revanche, la Lorraine a perdu 131 jeunes, la Sarre 101 jeunes, la Wallonie 92 jeunes et la Rhénanie-Palatinat 82. En éliminant les effets de taille des populations, on observe
que la variation du nombre de jeunes a été la plus défavorable pour la Sarre
(-24,1%), suivi par la Lorraine (-21,4%), la Rhénanie-Palatinat (-18,7%) et la Wallonie
(-17,1%).
9
Voir à ce sujet l’exposé de Michel LORIAUX (Institut de démographie de l’Université Catholique de Louvain)
présenté dans le cadre des « Midis de l’éthique » de la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale le 23
novembre 1993 et intitulé Equité et classes d’âge et sa contribution sur le thème des « enjeux sociaux du
vieillissement en Wallonie » lors du colloque d’octobre 2004 à Luxembourg (Forum Europa) relatif aux changements démographiques et à leurs répercussions sur les différentes parties de la Grande Région.
- 23 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
2.3.3
Un rapport de dépendance de moins en moins favorable aux «actifs»
Entre 1998 et 2004, on observe un rapport de dépendance10 inférieur à 100 quel que soit le
niveau géographique observé. Autrement dit, le nombre «d’inactifs» est inférieur au nombre
«d’actifs». Ce rapport mesure la population qui est en âge de travailler par rapport à la population inactive (jeunes de moins de 15 ans et personnes âgées de plus de 60 ans). Pour la
Grande Région, ce rapport s’accroît au fil du temps, devenant de moins en moins favorable
aux «actifs» tandis qu’il stagne pour l’UE 15. Si l’on s’intéresse à l’évolution de ce rapport au
cours de la période, on observe des différences notables selon les régions. Deux régions
connaissent un rapport plutôt favorable bien qu’en légère baisse (la Lorraine et la Wallonie),
alors que ce rapport stagne au Luxembourg. Enfin, dans les deux régions allemandes, on
observe un rapport de dépendance de moins en moins favorable, en hausse de plus de 5
points.
Tableau 2.9 : Rapport de dépendance de la population de la Grande Région
pour 100
"actifs"
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Ecarts 1998 /
2004 en
points
Saarland
Lorraine
79,3
81,1
82,9
84,3
85,2
84,9
84,5
85,8
86,0
86,0
85,3
84,2
83,3
82,7
+5,3
-3,1
rapport de dépendance
LuxemRheinWallonie
bourg
land-Pfalz
76,3
80,3
86,3
76,7
81,8
86,3
77,1
83,6
86,3
75,8
85,1
85,9
75,6
85,8
85,0
75,8
85,5
84,4
76,1
85,4
84,0
-0,2
+5,1
-2,2
GR.
Region
82,9
83,7
84,5
84,9
84,7
84,3
84,0
+1,1
UE 15
80,4
80,6
80,8
80,8
80,7
80,5
80,4
0,0
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : Au 1er janvier 1998, en Sarre, le rapport de dépendance était favorable aux «actifs» (inférieur à 100), égal à
79,3 «inactifs» pour 100 «actifs». Au 1er janvier 2004, ce rapport, bien que toujours favorable aux «actifs», s’était accru de 5,3
points et atteignait 84,5 «inactifs» pour 100 «actifs». Autrement dit, au fil du temps, le rapport de dépendance est de moins en
moins favorable aux «actifs».
En décomposant le rapport, la Grande Région compte 42,2 jeunes «inactifs» (futurs «actifs»
potentiels) pour 100 actifs au 1er janvier 2004 (contre 43,2 au 1er janvier 1998). La situation
apparaît plus préoccupante pour les régions allemandes. En plus d’avoir un rapport qui, d’un
point de vue général, est de moins en moins favorable aux «actifs» au cours de la période
d’observation, la contribution des jeunes «inactifs» y est la plus faible avec une tendance à la
baisse. En revanche la contribution des «inactifs» âgés a progressé entre les deux dates.
Autrement dit, en plus d’être de plus en plus nombreux, les «inactifs» sont de plus en plus
souvent des personnes âgées de 60 ans et plus.
Pour la Lorraine, le constat n’est pas plus avantageux. La contribution des jeunes «inactifs»
reste la plus élevée de toutes les composantes de la Grande Région mais elle enregistre une
chute de 3,4 points entre 1998 et 2004. En revanche, le poids des «inactifs» âgés progresse
légèrement et devrait s’accroître à partir de 2006 avec l’arrivée dans la classe d’âges des 60
ans et plus de la première génération du baby boom.
10
Le rapport de dépendance rapporte le nombre d’inactifs (moins de 20 ans + 60 ans et plus) à la population
supposée active (ici les 20 à 59 ans), le tout exprimé en pourcentage.
- 24 -
Tableau 2.10 : Contribution au rapport de dépendance des moins de 20 ans
pour 100
"actifs"
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Ecarts 1998
/ 2004 en
points
Saarland
36,5
36,8
37,0
37,0
36,8
36,3
35,9
-0,6
contribution des 0-19 ans au rapport de dépendance
Luxem- RheinlandLorraine
Wallonie GR. Region
bourg
Pfalz
49,0
42,7
39,4
46,2
43,2
48,7
43,0
39,8
46,2
43,3
48,4
43,2
40,1
46,1
43,4
47,7
43,2
40,3
45,9
43,3
46,9
43,0
40,1
45,6
43,0
46,1
43,0
39,7
45,3
42,5
45,6
43,1
39,4
45,2
42,2
-3,4
+0,4
-0,0
-1,0
-0,9
UE 15
42,1
41,8
41,5
41,1
40,7
40,3
40,0
-2,0
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : Les 79,3 «inactifs» pour 100 «actifs» observés en Sarre au 1er janvier 1998 sont composés de 36,5 jeunes
«inactifs» pour 100 «actifs». Au 1er janvier 2004, la contribution des jeunes inactifs» s’élève à 35,9, alors que le rapport de
dépendance total s’était fortement accru.
Tableau 2.11 : Contribution au rapport de dépendance des 60 ans et plus
pour 100
"actifs"
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Ecart 1998 /
2004 en
points
Saarland
42,8
44,3
45,8
47,3
48,4
48,5
48,7
+5,9
contribution des 60 ans et plus au rapport de dépendance
Luxem- RheinlandLorraine
Wallonie GR. Region
bourg
Pfalz
36,8
33,6
40,8
40,1
39,7
37,2
33,7
42,1
40,2
40,4
37,6
33,8
43,4
40,2
41,1
37,6
32,6
44,8
40,0
41,6
37,3
32,6
45,7
39,5
41,8
37,2
32,8
45,8
39,1
41,7
37,1
33,0
46,0
38,9
41,7
+0,3
-0,6
+5,2
-1,2
+2,0
UE 15
38,3
38,8
39,3
39,7
40,0
40,2
40,4
+2,1
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : Les 79,3 «inactifs» pour 100 «actifs» observés en Sarre au 1er janvier 1998 sont composés de 42,8 «inactifs»
de 60 ans et plus pour 100 «actifs». Au 1er janvier 2004, la contribution de cette classe d’âge s’accroît fortement (48,7), expliquant l’augmentation du rapport de dépendance total
2.3.4
L’âge moyen et médian en progression constante pour la Grande Région
L’âge moyen est l’âge qui résume l’ensemble des âges observés dans la population. Pour
l’ensemble de la période on observe une légère augmentation de l’âge moyen pour la
Grande Région. Il était de 39,9 ans au 1er janvier 1998 et de 41 ans au 1er janvier 2004, soit
à un niveau comparable à celui de l’UE 15. L’âge moyen varie de 38,8 ans au Luxembourg à
43,6 ans en Sarre en 2004. Il progresse significativement partout sauf au Luxembourg et
dans une moindre mesure en Wallonie.
On observe également une variation de l’âge moyen selon le sexe. D’un point de vue général, les femmes ont un âge moyen plus élevé que les hommes (42,5 ans contre 39,5 ans au
1er janvier 2004.
- 25 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Tableau 2.12 : âges moyens de la population de la Grande Région par sexe
âge moyen au 1er
RheinlandGR.
Saarland Lorraine Luxembourg
Wallonie
janvier de l’année
Pfalz
Region
1998
41,9
38,3
38,6
40,9
39,4
39,9
Total
2004
43,6
39,5
38,8
42,3
40,1
41,0
1998
39,9
36,8
37,1
39,1
37,7
38,2
Hommes
2004
41,9
37,9
37,6
40,8
38,4
39,5
1998
43,7
39,8
40,1
42,6
41,1
41,6
Femmes
2004
45,2
40,9
40,1
43,8
41,6
42,5
UE 15
39,8
40,9
38,2
39,5
41,3
42,3
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : Au 1er janvier 1998, l’âge moyen de la population sarroise était de 41,9 ans. L’âge moyen des femmes était
supérieur à celui des hommes, respectivement de 43,7 ans contre 39,9 ans. Au 1er janvier 2004, l’âge moyen de la population
sarroise s’est accru de 1,7 années. Ce vieillissement est subi sur la période de manière inégale par les hommes et par les
femmes : respectivement +2 années contre +1,5.
On rapproche généralement l’âge moyen de l’âge médian. Ce dernier indicateur, qui divise la
population en deux partie égales permet de situer les aberrations statistiques de la distribution : quand l’âge moyen est supérieur à l’âge médian, les aberrations statistiques se situent
en fin de distribution, et inversement. Ainsi, nous pouvons apprécier si la moyenne est «tirée
vers le haut» par une poignée d’individus âgés ou si, au contraire, elle est «tirée vers le bas»
par des individus jeunes peu nombreux mais qui compte tenu de leur âge est particulièrement jeune, influent sur le calcul de l’âge moyen.
Tableau 2.13 : âge médian de la population de la Grande Région par sexe
âge médian au 1er janRheinlandGR.
Saarland Lorraine Luxembourg
Wallonie
UE 15
vier de l’année
Pfalz
Region
1998
40,6
36,6
37,1
39,3
37,9
38,4
37,7
Total
2004
43,1
38,5
38,0
41,6
39,4
40,4
40,1
1998
39,0
35,2
36,0
37,8
36,4
37,0
36,5
Hommes
2004
41,8
37,0
37,2
40,5
37,8
39,1
38,4
1998
42,4
37,9
38,2
40,9
39,5
39,9
39,3
Femmes
2004
44,5
40,0
38,8
42,8
40,9
41,7
41,0
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Note de lecture : Au 1er janvier 1998, 50 % de la population sarroise avait moins de 40,6 ans. Selon le sexe, on observe que la
population féminine était plus âgée que la population masculine, puisque 50 % des femmes avaient moins de 42,4 ans alors
que 50 % des hommes avaient moins de 39 ans, soit 3,4 années d’écart.
En 2004, pour la Grande région et toutes ses composantes (et pour les deux sexes), l’âge
moyen dépasse l’âge médian, ce qui signifie que les aberrations statistiques se situent en fin
de distribution et que la moyenne est tirée vers le haut. Ainsi l’âge moyen pour la Grande
Région s’établit à 41 ans tandis que l’âge médian s’élève à 40,4 ans au 1er janvier 2004. Au
niveau infrarégional, les deux régions allemandes possèdent un âge médian plus élevé que
la valeur moyenne de la Grande Région alors que les trois autres régions ont un âge médian
inférieur.
En Sarre, au 1er janvier 2004, 50 % de la population a moins de 43,1 ans alors qu’au
Luxembourg 50 % de la population a moins de 38 ans, soit 5 années d’écart.
- 26 -
Fig. 2.8 :
Age moyen de la population de la Grande Région de1998 à 2004
44
42
41,9
40,9
40
38
40,1
39,5
38,6
38,3
38,6
38,5
40,7
40,9
41,0
39,7
39,9
40,0
38,9
38,4
39,1
38,5
39,3
38,7
40,1
39,5
40,5
40,3
39,6
38,7
38,7
42,3
42,1
41,9
41,6
41,3
41,1
39,9
39,4
42,8
42,4
42,1
43,6
43,3
43,1
38,8
36
1998
1999
2000
2001
Rheinland-Pfalz
Luxembourg
Fig. 2.9 :
2002
Saarland
Lorraine
2003
2004
Wallonie
GR. Region
Age médian de la population de la Grande Région de 1998 à 2004
44
42
41,9
40,6
40
39,3
38
38,4
37,9
37,1
36,6
42,3
41,5
41,1
40,4
40,0
39,6
39,4
39,1
38,5
38,7
38,2
38,7
37,3
37,4
37,3
36,9
37,6
37,2
40,8
39,7
39,0
37,9
37,4
42,7
41,2
40,0
39,2
38,2
37,7
43,1
41,6
40,4
39,4
38,5
38,0
36
1998
1999
2000
Rheinland-Pfalz
Luxembourg
2001
Saarland
Lorraine
Source : OREFQ
- 27 -
2002
2003
Wallonie
GR. Region
2004
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
2.3.5
Un vieillissement progressif de la pyramide des âges de la population
de la Grande Région
La superposition de la pyramide des âges de la Grande Région au 1er janvier 1998 et 2004
laisse apparaître un vieillissement progressif de la population. La pyramide au 1er janvier
2004, (en orange sur le graphique), masque celle de 1998 à partir de la limite d’âge de 40
ans alors qu’elle reste dissimulée derrière la pyramide de 1998 (en pointillé rouge) aux âges
inférieurs. Les moins de 40 ans sont donc moins représentés en 2004 qu’en 1998, et inversement pour les 40 ans et plus.
La structure de la population de la Grande Région évolue au fil des ans : la pyramide des
âges présente de plus en plus un profil dit en «meule de foin» ce qui s’explique par la réduction de la natalité chez les jeunes générations.
Fig. 2.10 : Évolution des pyramides des âges de la population de la Grande Région
(au 1er janvier des années 1998 et 2004)
GR. Region
90-94
Hommes
Femmes
80-84
70-74
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
1998
0-4
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0,2
Pour 100 au total
2004
0,4
0,6
0,8
1
Réalisation : IBA / OIE, 2006
Note de lecture : Pour la Grande Région, la proportion de femmes âgées de 0-4 ans au 1er janvier 1998 était de 0,54 %. Il s'agit
d'une lecture annuelle qui doit être rapportée à l'amplitude de la classe d'âge, à savoir 5 années, pour donner la valeur réelle.
Autrement dit, la proportion réelle de ces femmes est de 0,54 x 5 soit 2,7 %. La somme des proportions de chaque groupe
d’âges multipliées par l'amplitude de la classe, pour les hommes et pour les femmes, est égale à 100 %.
- 28 -
Fig. 2.11 : Évolution des pyramides des âges de la population de la Sarre
(au 1er janvier des années 1998 et 2004)
Saarland
90-94
Hommes
Femmes
80-84
70-74
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
1998
0-4
1
0,8
0,6
0,4
0,2
2004
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
Pour 100 au total
Fig. 2.12 : Évolution des pyramides des âges de la population de la Lorraine
(au 1er janvier des années 1998 et 2004)
Lorraine
90-94
Hommes
Femmes
80-84
70-74
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
1998
2003
0-4
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Pour 100 au total
- 29 -
0,2
0,4
0,6
0,8
1
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Fig. 2.13 : Évolution des pyramides des âges de la population du Luxembourg
(au 1er janvier des années 1998 et 2004)
Luxembourg
90-94
Hommes
Femmes
80-84
70-74
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
1998
2004
0-4
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
Pour 100 au total
Fig. 2.14 : Évolution des pyramides des âges de la population de la RhénaniePalatinat (au 1er janvier des années 1998 et 2004)
Rheinland-Pfalz
95-99
90-94
Hommes
Femmes
85-89
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
45-49
40-44
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
10-14
1998
5-9
2004
0-4
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Pour 100 au total
- 30 -
0,2
0,4
0,6
0,8
1
Fig. 2.15 : Évolution des pyramides des âges de la population de la Wallonie
(au 1er janvier des années 1998 et 2004)
Wallonie
90-94
80-84
Hommes
Femmes
70-74
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
1998
2004
0-4
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0,2
0,4
0,6
0,8
1
Pour 100 au total
2.4
Projections démographiques
2.4.1
Le vieillissement de la population devrait s’amplifier à l’horizon 2020
Les projections démographiques des offices statistiques, dont certaines ont été réactualisées
récemment pour tenir compte des nouveaux paramètres d’évolution de la fécondité et des
migrations, tablent sur une baisse de 0,8% de la population de la Grande Région (-92 000
habitants) à l’horizon 2020 alors que la population de l’UE continuerait de croître sur cette
période.
La population de l’UE à 25 ne devrait croître que faiblement jusqu’en 2025 grâce à l’apport
de l’immigration, avant de commencer à décliner11. Pour la Grande Région, le recul démographique sera particulièrement prononcé pour la Sarre (-7,5%) et la Rhénanie-Palatinat (4,6%) et dans une moindre mesure pour la Lorraine (-1,9%).
Le Luxembourg et la Wallonie resteraient selon ces estimations des « îlots de prospérité
démographique » au sein de la Grande Région.
11
Scénario de base des projections de population d’Eurostat, Commission des communautés européennes,
Livre vert « Face aux changements démographiques, une nouvelle solidarité entre générations », Communication de la Commissions, Bruxelles, mars 2005.
- 31 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Tableau 2.14 : Population en 1990 et 2005, projections à l’horizon 2020
régions
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
Wallonie
GR. Region (milliers)
UE 25 (millions)
UE 15 (millions)
1990
2005
2020
1 073
2306
379
3764
3244
10 766
438,4
363,5
1 056
2 330
455
4 061
3 396
11 298
458,5
384,5
977
2 286
516
3 876
3 551
11 206
469,3
397,5
Evolution
2005/2020 (%)
-7,5
-1,9
+13,4
-4,6
+4,6
-0,8
+2,4
+3,4
Sources : Offices statistiques de la Grande Région et Eurostat, réalisation IBA / OIE 2006.
Fig. 2.16 : Evolution de la population entre 2005 et 2020 (%)
Saarland
-7,5
Rheinland-Pfalz
-4,6
Lorraine
-1,8
GR. Region
-0,8
Wallonie
4,6
Luxembourg
13,4
-10
-5
0
5
10
15
Source : Offices statistiques de la Grande Région -statistiques en bref 2006.
Le vieillissement démographique qui touche la Grande Région dès aujourd’hui devrait se
poursuivre d’ici 2020. Aucune région ne sera épargnée mais l’ampleur du phénomène variera d’une région à l’autre.
Selon les dernières projections démographiques des offices statistiques de la Grande Région, si la classe d’âge des 20-59 ans restera majoritaire en 2020 (51,6% en 2020 contre
54,4% en 2005), 28% des habitants de la Grande Région seront âgés d’au moins 60 ans
(contre 22,8% en 2005) tandis que les jeunes de moins de 20 ans ne représenteront plus
que 20,4% de la population (contre 22,9% en 2005).
- 32 -
Fig. 2.17 : Projection : Evolution de la population par tranches d’âges dans la Communauté Germanophone de Belgique 2000-2030
130
120
110
100
90
80
70
2000
2005
Total
2010
0 - 14
2015
15 - 29
2020
30 - 44
2025
45 - 59
2030
60 - 74
75 +
Source : « démographie mathématique 2000-2050 », INS
GR. Region
Wallonie
2005
2005
21,0
2020
18
22,9
Lorraine
26,4
54,0
25,0
52,5
29,5
56,7
22,2
20,3
50,1
19,3
27,7
54,2
16,4
0%
22,7
54,7
22,2
2020
18,8
55,1
25,0
2020
21,1
50,9
24,5
2020
2005
28
54,4
22,7
2005
22,8
51,6
24,5
2020
2005
54,4
20,4
2020
Saarland
Luxembourg
2005
RheinlandPfalz
Fig. 2.18 : Population par tranches d’âges en 2005 et projections en 2020
26,6
53,1
25%
30,5
50%
0-19
20-59
75%
60 ans et plus
Source : Statistiques en bref 2006
- 33 -
100%
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
2.4.2
Projections démographiques, hypothèses et scénarios : remarques méthodologiques et tendances générales
Remarques générales
Il n’existe pas à ce jour de projections de population harmonisées au niveau de la Grande
Région. Les experts des offices statistiques de chacune des composantes réalisent en fonction d’une analyse de l’évolution passée et d’hypothèses propres des projections dont
l’objectif est de fournir un cadre destiné aux décideurs et aux services d’études de chaque
pays posant les bases d’une réflexion stratégique. L’intérêt est également didactique c’est-àdire poser les questions essentielles concernant les évolutions économiques et sociales.
L’OIE a demandé à Geo Labour12 un exercice de projection réalisé sur les mêmes bases
pour l’ensemble de la Grande Région et ses composantes. Il nous semblait en effet intéressant d’aller plus loin que les projections de population stricto sensu, pour aborder notamment
les évolutions la population active ce que permet seulement l’exercice réalisé par Geo Labour sur la base des données d’Eurostat.
Nous avons voulu préciser les hypothèses utilisées pour mieux comprendre les résultats
auxquels aboutissent les experts. En effet les résultats des projections dépendent du scénario retenu quant à l’évolution de la fécondité, de la mortalité et du solde migratoire mais également de la période de référence pour les comportements démographiques.
Les statisticiens réalisent depuis de nombreuses années de telles simulations, mais on peut
regretter l’absence presque systématique de confrontation des projections avec ce qui a été
effectivement « réalisé » pour mesurer les écarts et comprendre les mécanismes qui les expliquent.
Dans cette partie, il importe de voir succinctement si les différentes méthodologies et hypothèses amènent à des constats différenciés sur les évolutions démographiques à venir dans
la Grande Région. Plus que les volumes eux-mêmes, ce sont les tendances générales et
leurs implications qui nous intéressent en premier lieu. Pour ce faire nous avons travaillé
avec les documents méthodologiques de références des projections qui nous ont été communiqués par les offices statistiques et par Geo Labour.
Si les méthodologies, les périodes de références et les hypothèses divergent entre les projections de Geo Labour et les projections des offices statistiques, il n’y a pas fondamentalement de remise en cause des tendances générales d’évolution pour la population de La
Grande Région qui se rejoignent pour les 15 à 20 prochaines années.
12
Geolabour (Dublin) est un organisme fondé en 2004 et dirigé par Géry Coomans, économiste du travail,
formé à Bruxelles, directeur de 1994 à 2004 de l’ISMEA (Institut des Sciences Mathématiques et Economiques Appliquées – Paris), expert pour la Commission européenne (DG emploi et affaires sociales) avec laquelle il collabore en particulier aux rapports annuels sur la situation sociale et la situation démographique en
Europe.
- 34 -
Fig. 2.19 : Projections démographiques de Geo Labour
128
125
123
118
113
108
104
103
101
98
95
93
89
88
2000
2005
2010
2015
2020
2025
Grande région
Luxembourg
Saarland
Wallonie
Lorraine
Rheinland-Pfalz
Source : Données Eurostat – Réalisation Geo Labour – Gery Coomans
Les exercices de projections démographiques sont difficiles compte tenu de l’incertitude entourant certaines variables. La première source d’incertitude, c’est l’importance de
l’immigration dans les modèles de projections. Des politiques d’immigration massive (comme
cela s’observe pour certains pays notamment l’Espagne) serait de nature à modifier les résultats issus d’une simple « extrapolation » de résultat d’une situation passée à une situation
future. Les variantes aboutissent à des écarts importants pour la population, avec des effets
en terme d’offre de travail ou de population d’âge actif extrêmement contrasté sans que cela
suffise pour autant à entamer de manière conséquente les structures du vieillissement de la
population de la Grande Région.
Au niveau régional, l’incertitude provient notamment des mobilités d’une région à l’autre qui
évoluent parfois considérablement. La période de référence (plus ou moins longue) influe sur
l’exercice et les résultats des projections. L’INSEE par exemple prend une période de référence pour le scénario central de 10 années alors que Geo Labour ne prend en compte que
les 5 dernières années. Pour la population des jeunes, compte tenu des mutations démographiques en cours, la question de la mobilité constitue un enjeu important. Après des périodes
que les démographes qualifient souvent « d’abondance démographique », avec un excédent
de jeunes sur le marché du travail, les pays développés et même l’Asie feraient aujourd’hui
face à une rupture majeure c’est-à-dire la fin de cette phase « abondance démographique ».
- 35 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Tableau 2.15 : Hypothèses des projections de populations
Projections de
population
Institution
Source
Période de
référence
Fécondité
Mortalité
Migrations
Remarques
Lorraine
Luxembourg
INSEE modèle
Omphale
STATEC
Le modèle de
projection démographique Omphale 2000, INSEE
Méthodes n°112
Bulletin du STATEC N°4-2005
Potentiel de croissance économique
et démographie Projections 20052055
Rheinland-Pfalz
Statistisches
Landesamt Rheinland-Pfalz
Rheinland-Pfalz
2050 - Zeitreihen,
Strukturdaten,
Analysen -II Auswirkungen der
demographischen
Entwicklung, Bad
Ems 2004
Saarland
Statistisches
Landesamt Saarland
Bevölkerungsprognose für das
Saarland 2003 bis
2050. 10. koordinierte und regionalisierte Bevölkerungsvorausberechnung, Statistisches Landesamt
Saarland, 2004.
Wallonie
Géry Coomans
INS
Geo Labour
INS, Perspectives
de Population
2000-2050
Grande Région,
Demography and
Labour Market
Prospects, Geo
Labour, 2005
1990-1999
2005
2000
2003
2000
1995-2000
Bas : fécondité de
1999 inchangée
sur la période
Centrale : fécondité
de 1999 inchangée
sur la période
Haute : Hausse
des quotients de
fécondité de 0,3
sur la période
Déclin démog.
contenu : Hausse
des quotients de
fécondité de 0,3
d'ici 2020
Pour tous les
scenarios : évolution des quotients
de mortalité parallèlement à ceux de
la France entière
tout en conservant
l'écart avec le
niveau national
Indicateur conjoncturel de fécondité
de 1,65 en 2005 et
de 1,80 en 2030
Indicateur de
fécondité maintenu
à 1,4 enfant par
femme sur la
période
Indicateur de
fécondité maintenu
à 1,23 enfant par
femme
Indicateur de
fécondité progressant graduellement
de 1,72 en 2000 à
1,76 en 2003, 1,78
en 2020 jusqu'à
1,81 en 2050
Les projections au
niveau régional
sont établies sur la
base d'une fécondité constante
Hommes 75,2 ans
en 2005 et 81,8
ans en 2050
Femmes 81,6 ans
en 2005 et 86,7
ans en 2050
3 scénarios :
Bas : élévation de
l'espérance de vie
de 2 ans jusu'en
2050
Central : élévation
de l'espérance de
vie de 4 ans jusu'en
2050
Haut : élévation de
l'espérance de vie
de 6 ans jusu'en
2050
Elévation de
l'espérance de vie
jusqu'en 2050 de 6
années jusqu'à
81,1 ans pour les
hommes et 86,6
ans pour les femmes
Pour les 60 ans,
l'espérance atteint
23,7 ans pour les
Hommes et 28,2
ans pour les Femmes
Progression constante de l'espérance de vie de
77,2 ans en 2000 à
81,6 ans en 2020
et 86,4 ans en
2050
Femmes :80,7 ans
en 2000 à 84,5 ans
en 2020 et 88,9
ans en 2050
Hommes :73,6 ans
en 2000 à 78,5 ans
en 2020 et 83,9
ans en 2050
Les projections au
niveau régional
sont établies sur la
base d'une mortalité constante
Bas, Central et
Haut : comportements migratoires
de la période 19901999
Déclin démog.
Contenu : les
quotients migratoires progressent de
0,002 entre 2000 et
2020 pour les âges
de 1 à 15 ans et
pour les 25 à 40
ans
Au niveau lorrain,
le niveau du solde
migratoire diminue
de 2500 entre 1999
et 2020
Révisions des
projections lorraines en cours pour
tenir compte des
évolutions et des
comportements
démographiques
récents issus des
collectes du recensement en continu.
les différents
scenario diffèrent
par rapport aux
hypothèses des
migrations nettes :
Bas : +2800 en
2005 et +700 en
2015
Central : +2800
Haut : +2800 en
2005 et +4000 en
2050
3 scénarios :
Bas : solde migratoire inchangé
jusu'en 2050
Central : +5000 par
an jusqu'en 2050
Haut : +10 000 par
an jusu'en 2050
2 scenarios :
Scenario 4 : excédent migratoire de
+1900 à partir de
2003
Scenario 5 : excédent migratoire de
+3800 à partir de
2003
Les projections de
population au
Luxembourg
constituent un
exercie difficile eu
égard à la place de
la main d'eouvre
frontalière et de
l'apport (et du
poids) des migrations
Le scénario central
est celui qui à été
privilégié pour la
planification
- 36 -
Les projections au
niveau régional
sont établies sur la
base de migrations
constantes
Suite Tableau 2.15 : Hypothèses des projections de populations
Projections de
population
Résulats
généraux
2.5
Lorraine
Luxembourg
Scénario privilégié :
Déclin démographique contenu. Ce
scenario fait place
à celui de déclin
démographique qui
laissait prévoir
dans le scenario
central une baisse
de la population
lorraine de 3,5% à
l'horizon 2020 sur
la base des comportement de
fécondité observés
en 1999 et des
soldes migratoires
observés entre
1990 et 1999
Quel que soit le
scenario la population luxembourgeoise va continuer
à s'accroître. Selon
le scenatrio Haut
(correspondant le
mieux à la situation
observée depuis la
fin des années 80)
à l'horizon 2055 la
population serait de
724 000 habitants.
Dans le scenario
central elle serait
de 645 000 et dans
l'hypothèse basse
ce chiffre s'élèverait à 506 500.
Rheinland-Pfalz
Saarland
Wallonie
Coomans
Quel que soit le
scenario la population sarroise va
continuer à baisser.
Quelques constats et enjeux démographiques dans les régions
Comme nous avons pu le voir au travers des indicateurs démographiques, il y a une convergence dans le vieillissement de la population au sein de la Grande Région mais pas dans les
rythmes. Les évolutions démographiques varient d’une région à l’autre et par conséquent les
enjeux peuvent être différents, ce que nous proposons d’aborder succinctement ci-après.
Lorraine
Pour renouer avec une croissance démographique durable compte tenu d’un excédent naturel considérablement réduit, il est important que la Lorraine puisse réduire durablement son
déficit migratoire et renforcer son attractivité.
Sous l’effet des vagues migratoires et d’une réduction plus forte de la fécondité, la structure
par âge de la population lorraine s’est modifiée plus rapidement que dans d’autres régions
françaises. Son profil autrefois très jeune est maintenant voisin de celui de la moyenne française. La Lorraine est passée d’un régime démographique tiré par sa natalité à un régime
démographique miné par son déficit migratoire, concentré sur la tranche d’âge 25-35 ans qui
témoigne d’une difficulté à fixer les jeunes actifs dans la région.
L’amélioration de l’attractivité de la région sur les jeunes actifs, souvent accompagnés
d’enfants (observée entre 1990 et 1999) permettrait de réduire substantiellement le déficit
migratoire. Une réduction supplémentaire du déficit migratoire pour ces jeunes actifs,
d’amplitude modérée, conjugué avec une amélioration de la fécondité suffirait à repousser le
déclin démographique lorrain au-delà de 2015. Ces constats amènent l’INSEE à privilégier
un scénario de déclin démographique contenu pour la Lorraine à l’horizon 2020.
Même si les taux d’activité des femmes Lorraines ont progressé, ils restent encore en retrait
par rapport aux moyennes nationales, et cela particulièrement dans certains territoires du
Nord de la région. Tout comme les taux d’activité des Lorrains de plus de 50 ans sont particulièrement bas, du fait des sorties précoces du marché du travail intervenues lors des restructurations des grands établissements industriels (mises en pré-retraite).
- 37 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Ces deux tendances sur les comportements d’activité, observées depuis 1975 donnent à
attendre une baisse de 4% de la population active en 2015, sachant que les futurs actifs sont
déjà nés.
L’évolution négative de la démographie lorraine (1975-1990), suivie d’une quasi stagnation,
n’a pas favorisé un développement des services à la population, si bien que leur part dans
l’emploi régional reste inférieur à ce que l’on observe dans d’autres régions françaises.
Les enjeux autour de la démographie lorraine (étroitement interdépendants):
► Contenir le déclin démographique,
► Enrayer la baisse de la population active,
► Développer l’attractivité de la Lorraine sur les jeunes actifs,
► Développer et diversifier les services à la population.
Il s’agit notamment de mener des efforts pour attirer et garder les jeunes adultes dans la région et pour accompagner la montée de l’activité féminine, en facilitant la conciliation entre
vie familiale et vie professionnelle13.
La démographie scolaire sera affectée par le vieillissement de la population. En effet, selon
une étude de l’INSEE14, d’ici 10 ans, les universités lorraines verront leurs effectifs
d’étudiants diminuer du seul fait de la baisse des naissances intervenues des la fin des années 80 dans leurs régions de recrutement et singulièrement en Lorraine. L’académie de
Nancy Metz pourrait ainsi perdre entre 7000 et 7800 étudiants d’ici 2015, du seul fait de la
démographie.
Wallonie
La population wallonne continue de croître, soutenue par les mouvements migratoires (dont
une partie concerne la régularisation des sans papiers depuis 1998 considérés parmi les
immigrants). La natalité reste à un niveau encore assez élevé mais sa contribution à la croissance de la population diminue au fil du temps. La population wallonne ne déroge pas aux
constats généraux de l’évolution des populations européennes : vieillissement et baisse de la
natalité. Face aux défis à relever, la Wallonie se place cependant mieux que d’autres régions. Sa plus forte fécondité mais également et malheureusement sa plus forte mortalité15,
lui donnent comparativement une structure de population encore assez jeune.
La pyramide des âges de la Wallonie (tout comme pour la plupart des autres régions) au 1er
janvier 2004 traduit les évolutions démographiques au cours du XXe siècle. Les deux Guer13
14
15
Selon l’INSEE Lorraine, le rayonnement des Universités, dont le recrutement déborde largement la région, le
dynamisme du Luxembourg avec des perspectives de créations d’emplois, l’arrivée du TGV qui rapproche la
Région de l’Ile-de-France sont des éléments favorables pour une réduction du déficit migratoire et à terme
sur la fécondité des lorraines.
Combien d’étudiants en Lorraine en 2015 ? Economie Lorraine, n°32, INSEE, Juin 2005, 4 p.
Pour expliquer la surmortalité en Wallonie, certains spécialistes avancent les causes telles que les maladies
cardio-vasculaires ou certains types de cancers liées à des habitudes alimentaires (plus de graisse, tabac,
alcool) mais également les spécificités des contextes socio-économique et culturel (Poulain, Vandermotten,
1984, p. 141) cité par Marc Debuisson dans La population, un atout pour la Wallonie dans une Belgique vieillissante, contribution au colloque du Forum Europa à Luxembourg en Octobre 2004. Voir aussi à ce sujet les
travaux comparatif du «Pôle de prévention cardiovasculaire transfrontalier» sur la mortalité cardiovasculaire
dans le cadre du programme INTERREG III-A Wallonie – Lorraine – Luxembourg.
- 38 -
res mondiales ont marqué la pyramide par la diminution des naissances durant ces périodes
troublées. Le baby-boom, qui marque l’après-guerre et s’arrête en 1964, redonne une place
plus importante aux classes d’âge du bas de la pyramide. Pour une courte durée seulement,
le rétrécissement du pied de la structure par âge s’accentue pour former progressivement,
non plus une pyramide, mais une silhouette que les démographes appellent «meule de foin»,
caractérisée par une base évidée et un gonflement du sommet.16
Rhénanie-Palatinat
La Rhénanie-Palatinat à l’instar de nombreux autres länder en Allemagne enregistre depuis
le début des années 70 une chute importante du taux de natalité entraînant un déficit du
solde naturel. Ce déficit a été compensé (surcompensé même) au cours des années 90 par
l’importance des arrivées dans les flux migratoires, permettant ainsi une croissance de la
population. L’excédent migratoire a été freiné au cours de la période plus récente tandis que
le déficit lié aux manques de naissances s’est depuis quelques années encore accentué.
Si cette situation perdure, la population connaîtra un recul d’ici 2020 qui devrait démarrer
dans les toutes prochaines années, bien avant les autres composantes (hormis la Sarre) de
la Grande Région et ce quel que soit le scénario retenu. C’est l’ampleur de la baisse qui varie entre les scénarios et non la tendance générale à la baisse.
Selon le scénario central (retenu comme base par la planification en Rhénanie-Palatinat) la
baisse du nombre de jeunes de moins de 20 ans (processus en cours) va s’accélérer d’ici
2015 (la baisse s’élèverait à 16% jusqu’à cette date).
La population en âge de travailler de 20 à 59 ans ne devrait pas à moyen terme connaître un
profond bouleversement. Elle devrait même augmenter légèrement d’ici 2008 (selon le scénario central) pour décliner ensuite à un rythme plus soutenu à partir de 2015.
Sarre
La population sarroise est en baisse constante depuis 1997 sous l’effet d’une chute importante des naissances (phénomène constaté depuis le milieu des années 60 qui s’est accentué depuis 1990). De plus de 11 000 naissances en 1990 on est passé en Sarre à 7 200 en
2004.
La Sarre a l’indice de descendance finale (renouvellement des générations) le plus faible
dans la Grande Région, soit bien en deçà du taux de renouvellement estimé à 2,1 enfants
par femme. Le solde naturel (décès – naissances) est de ce fait largement déficitaire.
Les migrations permettent d’atténuer sans le compenser toutefois le déficit lié aux naissances. Le solde migratoire est particulièrement défavorable pour la population de jeunes actifs
(tranche d’âges de 20 à 40 ans).
La population en âge de travailler va suivre la même évolution que la population totale jusqu’en 2020 pour diminuer ensuite de façon plus conséquente. Cela s’explique par le départ
en retraite, à cette date, des générations issues du baby-boom (générations nées entre 1955
et 1970).
La pyramide des âges va connaître une profonde modification. La part des jeunes de moins
de 20 ans (la plus faible à l’intérieur de la Grande Région) va continuer à décroître. Elle devrait ne représenter que 18% de la population sarroise en 2010 (contre 19,4% en 2004).
16
Marc Debuisson, La population, un atout pour la Wallonie dans une Belgique vieillissante, contribution au
colloque du Forum Europa à Luxembourg en Octobre 2004.
- 39 -
2. Situation et perspectives démographiques jusqu’en 2020
Luxembourg
Le profil démographique du Luxembourg est atypique au sein de la Grande région. Certes on
observe un processus de vieillissement progressif de sa population mais l’immigration et le
recours à la main d’œuvre frontalière ont permis jusqu’à présent d’en atténuer largement les
conséquences. La population totale au Luxembourg n’a cessé de croître (même si l’on observe différentes phases d’expansion plus ou moins fortes) au cours des 50 dernières années passant de quelques 300 000 personnes en 1950 à plus de 455 000 en 2004.
L’immigration qu’a connue le Luxembourg entraîne un poids grandissant des étrangers résidant dans le pays. La structure par âge plus jeune a pour conséquence de freiner le vieillissement de la population. La proportion de personnes âgées de 60 ans et plus reste comparativement aux autres composantes relativement modérée (18,7% en 2004 contre 22,7%
pour l’ensemble de la Grande Région).
Les indicateurs de nature démographique de la population installée au Grand Duché ne
permettent pas de rendre compte de la situation réelle que connaît le pays avec notamment
l’apport de la main d’œuvre frontalière résidant dans les régions voisines.
Il est intéressant de noter que les projections pour le Luxembourg intègre donc des éléments
économiques (croissance du PIB, productivité du travail, …) pour définir la demande de travail au cours des décennies à venir. L’offre est estimée à partir des projections de la population résidante. L’écart entre la demande et l’offre pouvant être compensé par les frontaliers
«qui jouent le rôle de variable d’ajustement»17. Quel que soit le scénario utilisé la population
luxembourgeoise va continuer à s’accroître. D’après le scénario central la population
s’accroîtrait de 455 000 en 2005 à 516 000 en 2020 et 645 500 en 2055. A cet horizon lointain les besoins en travailleurs frontaliers pourraient dépasser les 300 000 dans le scénario
central.
Les enjeux pour le Luxembourg sont ainsi de nature différente. Même si le vieillissement
touche également la population du Grand Duché et plus particulièrement la population
luxembourgeoise, il s’agit plus de déterminer comment faire face aux besoins du pays dans
son développement (apport de l’immigration, apport de la main d’œuvre frontalière)
17
LANGERS, J. (2005) : La démographie du Luxembourg. Viellissement, migrations d’établissement et migrations frontalières, dans : Gengler, C. (2006), p. 61-72.
- 40 -
3.
Effets du changement démographique sur le marché
de l’emploi
3.1
Tendances générales de l’évolution de l’offre de maind’œuvre
L’évolution de l’offre sur le marché de l’emploi, c’est-à-dire l’ampleur et la structure du potentiel de main-d’œuvre dont les entreprises disposeront probablement dans la Grande Région
jouera un rôle essentiel sur les effets économiques du changement démographique. La population active totale que l’on peut attendre à l’avenir dépendra pour l’essentiel de l’évolution
démographique. Outre ce facteur démographique, l’ampleur et les caractéristiques de la participation à la vie active influenceront fortement l’offre future de main-d’œuvre.
Pris globalement, le déclin démographique sera relativement modéré
Jusqu’en 2020, l’évolution démographique de la Grande Région sera encore relativement
modérée avec un déclin de –0,8%, soit quelque 91 000 habitants. On relève cependant des
disparités sensibles entre les composantes régionales : au Luxembourg et en Wallonie, la
population augmentera au-delà de 2020 sensiblement, même dans le cas du Grand-Duché,
du fait d’un taux de natalité relativement élevé et d’une immigration persistante. En revanche, le bilan est négatif pour les deux régions allemandes ainsi que, sous une forme atténuée, pour la Lorraine.
Fig. 3.1 : Evolution démographique attendue par classe d’âge entre 2005 et 2020
Variation absolue (nombre)
Variation relative (%)
Luxembourg
Luxembourg
Wallonie
Wallonie
GR. Region
GR. Region
Lorraine
Lorraine
Rheinland-Pfalz
Rheinland-Pfalz
0-19
20-59
≥ 60
Total
20-59
≥ 60
Total
Saarland
Saarland
-600.000 -400.000 -200.000
0-19
0
200.000 400.000 600.000 800.000
-30
-20
-10
0
10
20
30
40
Source : Offices statistiques de la Grande Région (données mises à jour, Statistiques en bref 2006), calculs IBA / OIE
Dans les régions allemandes, le principal facteur est la forte baisse de la natalité depuis le
début des années 1990 chez une génération de femmes déjà rendue moins nombreuse par
« l’effet pilule » – un phénomène qui se poursuivra probablement de génération en génération. Viennent s’ajouter en Sarre une forte mortalité avec une espérance de vie en moyenne
- 41 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
inférieure d’un an par rapport au reste du pays ainsi qu’un solde migratoire positif trop faible
qui peut certes atténuer mais en aucun cas compenser la dénatalité chronique. Dans la tranche d’âge 25-39, qui est particulièrement significative pour la natalité et le marché de
l’emploi, plus d’un demi pour cent des habitants (valeur nette) quitte la Sarre (principalement
pour des raisons touchant au marché de l’emploi) tous les ans pour se rendre dans d’autres
régions d’Allemagne, et ce depuis des décennies déjà.18
En Lorraine également, les jeunes ont depuis longtemps tendance à quitter la région, essentiellement du fait de la situation sur le marché de l’emploi. Avec un taux de natalité certes
supérieur à la moyenne quand on le compare à celui des autres composantes régionales,
mais en baisse depuis les années 1970, les indicateurs démographiques se sont également
dégradés en Lorraine. Globalement toutefois, la situation y est nettement plus favorable que
dans les régions allemandes.
Deux phénomènes simultanés : renversement de la pyramide des âges et baisse rapide de la population active potentielle
Les décalages structurels de la pyramide des âges auront des effets plus graves sur la population active potentielle que la modification absolue de la population totale : la classe d’âge
des 20-59 ans, actuellement en activité, diminuera de 5,8%, soit quelque 566 000 personnes, d’ici 2020 dans la Grande Région. Pour la classe d’âge suivante, cette évolution et son
impact sur la taille de la population active potentielle devraient être atténués à l’avenir du fait
du relèvement de l’âge (légal ou réel) de départ à la retraite. Le nombre des moins de 20 ans
qui arriveront prochainement sur le marché de l’emploi est déjà déterminé par le comportement génératif actuel : les calculs prévisionnels des offices statistiques estiment le déclin à –
11,5% (-298 000), le plus fort jusqu’à présent en termes relatifs. Si la participation à la vie
active ne change pas, la population active potentielle diminuera plus rapidement que la population totale – un processus qui s’aggravera encore entre 2020 et 2030 avec le départ à la
retraite des générations du baby boom.
Nombre croissant de personnes âgées dans toutes les régions
L’évolution à la baisse des classes d’âge des moins de 20 ans et des 20-59 ans touchera
toutes les composantes de la Grande Région à l’exception du Luxembourg. En Wallonie
également, qui attend globalement une croissance démographique jusqu’en 2020 (et même
au-delà), l’importance des classes d’âge concernées par le marché de l’emploi diminuera
légèrement malgré un taux de natalité relativement élevé et un solde migratoire positif. La
part de ces classes d’âge dans la population totale diminue simultanément dans toutes les
composantes régionales : elle passera de 54,4% actuellement à seulement 51,6% dans la
classe d’âge des 20-59 ans et de 22,9% à 20,4% chez les moins de 20 ans. Cette tendance
fondamentale, moins prononcée que dans les autres régions de l’espace de coopération, est
également observée au Grand-Duché.
Parallèlement, le nombre absolu et relatif des personnes âgées de 60 ans et plus augmentera sensiblement jusqu’en 2020 dans toutes les régions. On s’attend au niveau de la Grande
Région à une hausse de 22%, soit 566 000 personnes. Alors que leur part dans la population
18
Cf. Arbeitskammer des Saarlandes (2004): Bericht an die Regierung des Saarlandes, Schwerpunktthema
„Demographische Herausforderungen für den saarländischen Arbeitsmarkt“, Saarbrücken, S. 19.
- 42 -
totale était encore de 22,8% en 2005, elle passera à 28% au cours des 15 prochaines années pour franchir la limite des 30% à l’horizon 2030.
Augmentation de l’âge moyen de la population active potentielle
Ce processus de vieillissement fait globalement augmenter le nombre de personnes retraitées dans la Grande Région alors que la population en âge de travailler décline. Un nombre
croissant de personnes âgées sera à la charge d’un nombre de plus en plus faible d’actifs –
une évolution qui s’accélèrera si les jeunes continuent à quitter certaines régions. Si l’on
prend également en compte les moins de 20 ans, qui pour la majorité ne sont pas encore
entrés dans la vie active, le rapport population active / population inactive se détériorera progressivement au cours des 15 à 30 années à venir. Ce processus remettra notamment en
question les systèmes de protection sociale existants.19
Ces modifications structurelles montrent que le changement démographique est moins un
problème de déclin démographique qu’un problème de décalage de la pyramide des âges.
Contrairement à la régression démographique, les modifications de la structure de la pyramide des âges se ressentiront à court terme et se traduisent dès à présent par la hausse de
l’âge moyen. Sur la période relativement courte de 1998 à 2004, l’âge médian de la population est passé de 38,4 à 40,4 ans dans la Grande Région (cf. chapitre 2 pour plus de détails).
On observe cette tendance au vieillissement dans toutes les régions de l’espace de coopération. Le Luxembourg et la Lorraine ont la population la plus jeune, les deux régions allemandes la plus âgée. Parallèlement au vieillissement démographique de la société, l’âge moyen
de la population active potentielle augmentera également au cours des prochaines années, à
un rythme cependant plus lent que l’âge moyen de la population,20 avec pour conséquence
un vieillissement des effectifs.
Vieillissement croissant des salariés – l’exemple de la Sarre
En Sarre, Land particulièrement touché par le changement démographique, l’âge moyen des
salariés assujettis à l’assurance sociale obligatoire est passé de 35,5 à 40 ans entre 1980 et
2004. Les experts du marché de l’emploi estiment qu’il s’élèvera en moyenne à 44-45 ans
d’ici 2020.21 Ce processus de vieillissement ne touche pas tous les secteurs économiques de
la même manière ; il se fait sentir plus ou moins dans les différentes branches : les employés
de la fonction publique ou du secteur Energie et eau ont en moyenne 44 et 43 ans et sont
donc nettement plus âgés que les salariés du secteur du Commerce et de la restauration,
Construction ou du Service aux entreprises (36,7 / 38,0 / 38,2 ans).22 En conséquence, les
différentes classes d’âge sont diversement représentées dans les branches d’activité : alors
que dans la fonction publique, 31% des salariés assujettis à l’assurance sociale obligatoire
ont déjà entre 50 et 64 ans, ceci n’est le cas que pour 15% des employés dans l’hôtellerie et
19
20
21
22
Selon les calculs prévisionnels des offices statistiques (cf. annuaire statistique 2004, p. 27), le nombre de
personnes de 60 ans et plus et de moins de 20 ans pour 1 000 personnes âgées de 20 à 59 ans s’établira à
938 en 2020. En 2004, cette valeur était encore de 838. A l’horizon 2030, cet « indice de dépendance des
inactifs » passera à 1 073. Le Luxembourg est la seule région où la population active sera également à
l’avenir un peu plus nombreuse que la population inactive.
Le vieillissement de la population totale du fait de l’allongement de l’espérance de vie étant causé par une
proportion croissante de personnes âgées ne participant plus à la vie active, la population active potentielle
vieillit moins rapidement que la population totale.
Cf. Arbeitskammer des Saarlandes.
Date : 30/06/2004 ; source : Statistisches Landesamt Saarland, propres calculs sur la base de valeurs
moyennes par classe d’âge.
- 43 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
la restauration. Les rapports sont inversés chez les plus jeunes : environ 21% des salariés
dans la restauration ont moins de 25 ans, seulement 5,5% dans la fonction publique.
L’afflux continu de salariés étrangers nettement plus jeunes atténue les effets du vieillissement - l’exemple du Luxembourg
Grâce à l’évolution économique favorable et supérieure à la moyenne des autres régions et
son besoin élevé de main-d’œuvre, le marché de l’emploi luxembourgeois attire des immigrants et des frontaliers originaires des régions avoisinantes. Mis à part l’effet quantitatif, ce
phénomène entraîne une modification de la pyramide des âges : les salariés étrangers sont
en général nettement plus jeunes que les Luxembourgeois.23 Si l’ensemble de la population
active occupée dans le secteur privé du Grand-Duché se composait uniquement de Luxembourgeois, l’âge moyen serait de 40 ans et non pas de 37,8 ans, valeur observée actuellement.24 En effet, près d’un actif occupé sur cinq de nationalité luxembourgeoise a 50 ans et
plus ; chez les étrangers résidant au Luxembourg, leur part passe à 13% et chez les frontaliers, elle n’est plus que de 11%.
La structure spécifique de la population active occupée fait que le marché de l’emploi luxembourgeois n’est pas aussi gravement touché par le phénomène du vieillissement que les
marchés des pays voisins. Sans les frontaliers et immigrants, l’âge de la population active
occupée au Luxembourg ne différerait guère de celui des régions avoisinantes. Dans la
classe d’âge des 25-49 ans notamment, l’afflux de frontaliers fait augmenter sensiblement ce
pourcentage, assurant par là même le renouvellement de ces générations.25 Si cette tendance se poursuit à l’avenir, le Grand-Duché aura nettement moins de problèmes liés au
changement démographique que les régions voisines, du moins au niveau du marché de
l’emploi.
Soldes migratoires positifs – une option réaliste pour compenser le déclin démographique et le processus de vieillissement de la population active potentielle ?
Au niveau de la Grande Région, il est difficile de penser que l’immigration ou la hausse du
nombre de frontaliers suffiront à elles seules à relever les défis que pose le déclin démographique et le vieillissement de la population active sur le marché de l’emploi. Le Luxembourg
qui, depuis toujours, emploie un grand nombre de salariés étrangers joue ici sans aucun
doute un rôle particulier : dans un pays qui manque de main-d’œuvre sur place, l’évolution
économique, dans l’ordre de grandeur observé, n’aurait pas été possible sans l’immigration
et sans recours aux frontaliers originaires des régions voisines. Les frontaliers à eux seuls
représentent aujourd’hui plus de 40% des salariés au Luxembourg. Un frontalier sur deux est
originaire de France, 27% vivent en Belgique et 22% en Allemagne. Aujourd’hui, plus de
70% des quelque 167 000 frontaliers que compte la Grande Région se rendent au Luxembourg.
En raison d’une demande de main-d’œuvre élevée, le Luxembourg a pu confirmer au cours
des dernières années qu’il était l’employeur numéro 1 pour les frontaliers de la Grande Ré-
23
24
25
Pour plus de détails cf Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi (2005), loc. cit.: et : Observatoire
Interrégional du Marché de l’Emploi (2006) : La Situation du marché de l’emploi dans la Grande Région. 4ème
rapport. Sarrebruck.
Mars 2003. Cf. Leduc, K. (2004) : Les caractéristiques démographiques des actifs occupés dans le secteur
privé en mars 2003. CEPS/INSTEAD, Population & Emploi N°5, Luxembourg.
Ibidem.
- 44 -
gion. En revanche, le deuxième flux de mobilité transfrontalière dans l’espace de coopération
– à savoir de la France vers la Sarre – est en régression depuis quelques années. Cette évolution est due d’une part à la mutation structurelle progressive de l’économie sarroise qui a
entraîné une réduction des emplois dans des secteurs industriels particulièrement important
pour l’emploi frontalier dans cette région, d’autre part au vieillissement croissant et, par là
même, au départ à la retraite des frontaliers. Elle s’accompagne de la préférence donnée de
plus en plus au Luxembourg par les générations arrivant sur le marché de l’emploi et, en
corrélation, au fait que les frontaliers lorrains parlent de moins en moins l’allemand malgré
tous les efforts faits pour contrer cette tendance.
On attend à l’avenir une hausse sensible des flux de frontaliers
On observe ainsi en Lorraine (qui avec 57% des frontaliers est la composante régionale envoyant le plus de salariés travailler à l’étranger) une réorientation des mouvements frontaliers depuis une quinzaine d’années : alors que jusqu’en 1990 les frontaliers lorrains se rendaient en majorité en Allemagne, le marché luxembourgeois exerce depuis 1991 une plus
grande attractivité du marché de l’emploi luxembourgeois avec des rémunérations (nettes)
lucratives et des emplois attractifs dans le secteur tertiaire.26 Aujourd’hui, deux tiers des frontaliers lorrains travaillent au Grand-Duché. Et la tendance est à la hausse : selon les calculs
prévisionnels de l’Agence d’urbanisme de l’Agglomération du Pôle Européen de Développement (AGAPE)27, le Luxembourg accueillera en 2015 un total de quelque 180 000 frontaliers,
dont près de 86 000 Lorrains. En conséquence, le flux de frontaliers lorrains vers le GrandDuché devrait augmenter d’environ 50% au cours des dix prochaines dix années.
Les projections actuelles de STATEC28 sur l’emploi frontalier futur au Luxembourg revoient
cependant ces chiffres à la baisse : selon le scénario central, on estime que les besoins à
l’horizon 2015 s’établiront à environ 129 000 salariés originaires des régions avoisinantes.
Au regard de l’évolution observée jusqu'à présent et des quelque 118 000 frontaliers actuels,
ceci ne représenterait qu’une hausse très modérée au cours des prochaines années. A partir
de 2017, le STATEC prévoit, du fait de la régression démographique, une augmentation plus
importante des flux des frontaliers et en 2043 l’emploi frontalier sera, selon les calculs prévisionnels, plus important que l’emploi des résidents. Pour 2055 enfin, les pronostics font état
d’une demande de main-d’œuvre de l’économie luxembourgeoise équivalente à plus de 300
000 frontaliers.
26
27
28
Cf. Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi (2005) : Frontaliers et marché de l’emploi transfrontalier
dans la Grande Région. Cahier thématique dans le cadre du projet général « Etat d’avancement, perspectives et exigences d’action du marché de l’emploi dans la Grande Région d’ici l’année 2020 », subventionné
par Interreg IIIC OCR e-BIRD, Sarrebruck. Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi (2006) : Situaème
rapport de l’Observatoire Interrégional du Marché de
tion du marché de l’emploi dans la Grande Région, 4
ème
l’Emploi présenté au 9
sommet de la Grande Région, Sarrebruck.
Cf. AGEFOS PME Lorraine (2003) : L’emploi transfrontalier en Lorraine. Synthèse étude socio-économique
et Enquête entreprise, Woippy. Et : Spirli, P. (1993) : Le phénomène frontalier: Pénurie de main d’oeuvre et
stratégie des entreprises, tiré de : Le travail frontalier au sein de la grande région dans l’optique de
l’Aménagement du Territoire. Actes du colloque, 26 et 27 octobre 1993, p. 89-96.
Cf. Langers, J. (2005) : Potentiel de croissance économique et Démographie. Projections 2005 – 2055. Bulletin du STATEC N° 4-2005, Luxembourg.
- 45 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
A l’exception du Luxembourg, le phénomène frontalier ne représente qu’une option
insuffisante pour stabiliser l’emploi au lieu de travail
Au regard de ces scénarios futurs et si l’évolution des mouvements frontaliers observée en
Sarre se poursuit telle quelle, la mobilité transfrontalière des travailleurs n’est pas vraiment
une option réaliste et intéressante en termes quantitatifs pour accroître la population active
potentielle qui déclinera à moyen terme et pour atténuer les processus de vieillissement. On
peut se demander en effet quel serait l’impact démographique des frontaliers dans la Grande
Région en dehors de ceux qui travaillent au Luxembourg. Eu égard aux besoins futurs de
frontaliers au Luxembourg, on peut au moins supposer que ces besoins ne pourraient être
couverts seulement par les régions voisines nettement plus touchées par le changement
démographique – sans même évoquer les scénarios de « concurrence pour les meilleurs »,
dans ce cas les jeunes frontaliers hautement qualifiés. Par ailleurs, les jeunes salariés affichent généralement une mobilité régionale (et professionnelle) plus élevée que les travailleurs plus âgés, ce que montre d’ailleurs le profil socio-démographique des frontaliers dans
la Grande Région.
En conséquence, l’éventualité d’une immobilité croissante pourrait compliquer l’équilibre sur
le marché de l’emploi suite aux processus de vieillissement et renforcer par là même le problème d’incompatibilité sur les marchés de l’emploi régionaux et infra régionaux. Même en
cas d’excédent de main-d’œuvre du fait d’un chômage élevé, on peut supposer que les aires
de recrutement auront tendance à s’étendre. Conséquence indirecte d’une telle évolution : il
est possible que la régression démographique soit stoppée voire inversée dans les régions
avoisinantes du Grand-Duché. On observe actuellement une évolution démographique nettement plus favorable dans les districts situés à proximité de la frontière : Merzig-Wadern
(Sarre) et Trier-Saarburg (Rhénanie-Palatinat). Cette évolution est due au nombre croissant
de Luxembourgeois transférant leur domicile dans les communes voisines à cause de la
forte augmentation des prix de l’immobilier au Grand-Duché d’une part et à l’arrivée
d’Allemands travaillant au Luxembourg d’autre part. Par contre, cette forme de mobilité n’a
aucun effet sur le marché de l’emploi des zones d’habitat ; les conséquences se feront sentir
à d’autres niveaux (« villes dortoirs », infrastructure, prix de l’immobilier, etc.).
Les soldes migratoires positifs peuvent accroître le potentiel de main-d’œuvre à court
terme, mais ne peuvent guère influencer le changement démographique à moyen et
long terme
Mise à part cette forme particulière d’immigration, on s’accorde à reconnaître que contrairement à un grand nombre de mesures mises en place sur le long-terme et visant à maîtriser
le changement démographique et demandant une longue période préparatoire, les mouvements migratoires permettent en principe d’obtenir assez rapidement des modifications d’un
ordre de grandeur important pour le marché de l’emploi. Ce constat ne se limite pas au
Luxembourg, mais s’applique également sous une forme atténuée à la Sarre où le taux de
natalité est faible : sans le flux important d’étrangers, le solde migratoire y aurait toujours été
négatif depuis le début des années 60 jusqu’à un passé récent à cause des fortes pertes de
population dues aux migrations internes. A la fin des années 1980 et au début des années
1990 notamment, l’arrivée d’Allemands, d’Europe de l’est a engendré des soldes migratoires
fortement positifs. Cette évolution s’est cependant fortement atténuée. Contrairement aux
décennies précédentes, l’emploi en Sarre n’a pas diminué malgré la récession démographique, bien au contraire : il a même augmenté. Grâce à l’afflux important de main-d’œuvre
- 46 -
étrangère, la population active a augmenté de 30 000 personnes au cours des 15 dernières
années.29 Même avec une amélioration relative de la situation économique en Sarre, facteur
généralement favorable aux mouvements migratoires, les soldes migratoires positifs à
l’avenir ne suffiront ni à compenser la dénatalité persistante ni à ralentir durablement le vieillissement de la population totale (jeunesse relative des nouveaux immigrés). On ne pourrait
connaître un véritable rajeunissement de la population que si les soldes migratoires positifs
étaient durablement élevés30, ce qui est toutefois un scénario peu vraisemblable. Enfin, il
convient également de tenir compte des conséquences de l’immigration :
« Il faut savoir gérer raisonnablement l’immigration – (…) C’est une illusion de croire que cette
immigration est pratiquement gratuite. Nous avons fait l’expérience, et pas seulement en Allemagne que l’idée d’une migration « gratis » était inhumaine et irréaliste. »
Roman Glauben, Directeur du Groupe de travail interministériel « Changement démographique » en Sarre
à l’occasion de l’atelier-débat de l’Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi en janvier 2006 à
Luxembourg.
Les conséquences de l’immigration et les atouts économiques du phénomène frontalier
Les problèmes liés à l’immigration ont conduit en 1973, année de la crise pétrolière, à une
ouverture du marché de l’emploi luxembourgeois aux pays voisins, soit la Belgique, la
France et l’Allemagne. Dans ce contexte, les frontaliers représentaient pour le Grand-Duché
une solution avantageuse et avaient une fonction compensatoire : les travailleurs frontaliers
originaires des régions voisines n’ont pas besoin de logements, d’écoles, ils ne demandent
pas de droit de codécision politique et le pays profite de leur qualification acquise à l’étranger
et de leur travail. Par ailleurs, les frontaliers facilitent l’adaptation rapide du marché de
l’emploi en cas de retournement conjoncturel et limitent les conflits sociaux potentiels que
peuvent engendrer des vagues de licenciements.31 Aujourd’hui, cependant on observe que
sur le marché de l’emploi luxembourgeois les frontaliers sont de plus en plus en concurrence
avec les salariés résidant au Luxembourg et notamment avec les étrangers, bien que la demande de main-d’œuvre soit toujours très élevée. Au cours des cinq dernières années, les
frontaliers ont occupé en moyenne sept emplois sur dix nouvellement créés au Luxembourg.
Parallèlement, le taux de chômage, qui ne tient pas compte des frontaliers, est passé à
4,8%, une valeur élevée pour le Luxembourg. Les raisons de cette évolution sont principalement de nature structurelle : parmi les chômeurs, il y a de plus en plus de personnes peu
qualifiées et de chômeurs de longue durée.
29
30
31
Cf. Industrie- und Handelskammer des Saarlandes (2005): Die demografische Zeitbombe: Bevölkerungsschwund und Überalterung, in: „Wirtschaft“, Journal der IHK Saarland, 1/2005.
Cf. analyse de Bergouignan, C. und Jordan, V. zu Demographie und Migration und der Rolle der Zu- und
Abwanderung in Deutschland und Frankreich, in: Dokumente, Zeitschrift für den deutsch-französischen Dialog, Schwerpunktheft „Herausforderung der Demographie“, Nr. 5/2005, S. 42-49.
Cf. Schmit, C. (1998): 30 Jahre Grenzgänger in Luxemburg (1965-1995), in: Schneider, Reinhard (Hg.):
"Grenzgänger". (Veröffentlichung der Kommission für saarländische Landesgeschichte und Volksforschung,
Bd. 33), Saarbrücken, S. 197-221 sowie STATEC (Hrsg.) (2003): Wirtschafts- und Gesellschaftsporträt Luxemburgs, Luxemburg., S. 38.
- 47 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
Les frontaliers quant à eux sont généralement bien formés, jeunes et flexibles.32
Du point de vue du marché de l’emploi, il convient d’appliquer à court et moyen terme une
politique d’immigration maîtrisée dès lors qu’apparaissent des décalages entre l’offre et la
demande de main-d’œuvre. L’argument consistant à accroître sensiblement le nombre
d’immigrants pour réagir à la régression démographique et au vieillissement de la population
est souvent avancé dans les débats allemands. Mais il ne semble pas suffisant, dans une
perspective à moyen et long terme, pour compenser la dénatalité et ralentir le processus de
vieillissement.33 En pratique, il est indispensable que l’économie ait besoin de main-d’œuvre
et que soient créés, notamment pour les immigrants qualifiés, un environnement attrayant
avec une bonne qualité de vie et de travail, c’est-à-dire des conditions globalement favorables à l’intégration.
Actuellement 1. million de personnes qui vivent en Grande Région viennent d’un pays
extérieur à l’espace de coopération
On estime à près de 1 million le nombre de personnes vivant aujourd’hui dans la Grande
Région et venant d’un pays autre que de l’espace de coopération. Leur composition et leur
pourcentage varient cependant sensiblement en fonction des composantes régionales. Avec
environ 39%, la proportion d’étrangers est supérieure à la moyenne au Luxembourg. Leur
nombre a augmenté sensiblement au cours des dernières années, tant en chiffres absolus
que relatifs.34 Dans les autres régions, la proportion d’étrangers dans la population varie entre près de 5,5% en Lorraine et presque 9% en Wallonie.35 Comparée à la part qu’ils détiennent respectivement dans la population totale de la Grande Région, la part des étrangers
vivant dans l’espace de coopération est inférieure à la moyenne en Lorraine, en RhénaniePalatinat et en Sarre. Certaines nationalités sont cependant surreprésentées dans ces trois
régions : on relève que dans les deux régions allemandes ainsi qu’en Lorraine plus de la
moitié des étrangers – voire même deux tiers en Rhénanie-Palatinat – sont originaires de
pays non membres de l’Union Européenne. Au Luxembourg et en Wallonie, leur part est
inférieure à 20%. La composition de la population étrangère est importante pour l’évolution
démographique et les futurs mouvements migratoires car les « effets de réseau » peuvent
avoir un impact déterminant sur le choix de la région ciblée par les futurs migrants.36
32
33
34
35
36
Par ailleurs, les frontaliers acceptent en partie des activités en deça de leur niveau de qualification de même
qu’une moindre rémunération – à cause de la charge fiscale plus faible au Luxembourg. Cf. Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi (2006), op. cit.. Et : Zuccoli, L. (2006) : La situation d’emploi des migrants
au Luxembourg. Exposé tenu lors de l’atelier-débat de l’Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi sur
« le marché de l’emploi dans la Grande Région et les défis du changement démographique » en janvier à
Luxembourg.
Cf. Glauben, R. (2006): „Ohne Arbeit keine Kinder – Ohne Kinder keine Arbeit“ – Thèses sur les liens entre le
marché de l’emploi et le changement démographique. Exposé tenu lors de l’atelier-débat de l’Observatoire
Interrégional du Marché de l’Emploi sur « le marché de l’emploi dans la Grande Région et les défis du changement démographique » en janvier à Luxembourg.
En 1947, 29 142 ressortissants étrangers vivaient au total au Grand-Duché, soit environ 10% de la population
totale (presque 40% à l’heure actuelle), cf. Langers, J. (2005) : La démographie du Luxembourg. Viellissement, migrations d’établissement et migrations frontalières, tiré de : Gengler, C. (éditeur): Der demographische Wandel in der Großregion / Le changement démographique dans la Grande Région. Schriftenreihe « Forum Europa », Luxembourg, S. 61-72.
Cf. Statistiques en bref 2006.
Cf. par ex. Deléchat, C. (2001): International Migration Dynamics: The Role of Experience and Social
Networks, in: Review of Labour Economics and Industrial Relations, 15/2001, p. 457-486.
- 48 -
Les migrations se font en premier lieu vers les villes-pôles et autour des centres économiques
La proportion d’étrangers varie parfois sensiblement entre les régions, mais aussi à l’intérieur
des territoires. Exception faite du Luxembourg où la part d’étrangers est partout supérieure à
la moyenne, dans les autres composantes de la Grande Région la population étrangère est
concentrée autour des grandes villes et des centres économiques régionaux.37 On peut donc
supposer qu’à l’avenir les immigrants privilégieront les villes-pôles au détriment des zones
périphériques ou suburbaines. La proportion d’étrangers, déjà élevée, aura donc tendance à
augmenter. On constate globalement que l’évolution démographique est plus favorable autour des grandes agglomérations et des centres économiques ainsi que le long des principaux axes routiers. Des exemples existent dans toutes les régions. On peut donc en déduire
qu’au niveau infra régional les problèmes démographiques et, par là même, les effets sur le
marché de l’emploi augmenteront au fur et à mesure que l’on s’éloigne des agglomérations
et centres économiques.38
L’offre de main-d’œuvre dépendra avant tout du comportement des actifs
L’offre réelle de main-d’œuvre dépendra non seulement de la population en âge de travailler,
mais également et surtout de la participation de la population à la vie active, soumise à son
tour à différents facteurs :
► évolution de l’âge de départ à la retraite (âge légal et réel de départ à la retraite et possi-
bilités de mise en pré-retraite) et, par là même, participation des seniors à la vie active
► évolution de la participation des femmes à la vie active (et notamment de celle des
étrangères)
► évolution des comportements dans le domaine de l’éducation, surtout en ce qui concerne
la qualité et la durée de la formation, et donc de l’âge d’entrée des jeunes sur le marché
de l’emploi.
Parallèlement à une immigration maîtrisée sur le marché de l’emploi, accroître la participation de certaines populations à la vie active permet de freiner la régression du potentiel de
main-d’oeuvre. Au regard des décalages engendrés par le changement démographique, il
est important de privilégier désormais la population active non employée ou sous-employée
jusqu’à présent : jeunes en attente de formation, femmes pendant et après la phase familiale, personnes travaillant à temps partiel mais souhaitant un emploi à plein temps, personnes en pré-retraite et salariés ayant un emploi sous qualifié. Face à cette situation, le changement démographique pourrait contribuer à valoriser, à gérer et surtout à utiliser ce capital
humain qui perd très vite en valeur lorsqu’il n’est pas exploité.
37
38
Cf. Annuaire statistique de la Grande Région 2004 (carte p. 28).
Cf. par ex. pour la Rhénanie-Palatinat : Böckmann, L. (2006): Der demographische Wandel in RheinlandPfalz. Exposé tenu lors de l’atelier-débat de l’Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi sur « le marché de l’emploi dans la Grande Région et les défis du changement démographique » en janvier à Luxembourg.
- 49 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
De grandes réserves inutilisées de main-d’œuvre – à la fois un défi et une opportunité
L’analyse des taux de participation à la vie active (2004) dans la Grande Région au niveau
global et pour les différentes catégories de personnes (cf. figures ci-dessous)39 montre qu’en
comparaison avec la situation européenne, il existe d’importantes réserves de main-d’œuvre
en Grande Région . En effet, le taux d’activité dans la Grande Région est inférieur d’environ
4 points à la moyenne des pays européens (UE des 15). La participation des jeunes et des
seniors à la vie active (-8,5 et –8,6 points) est particulièrement faible dans la Grande Région
et notamment au Luxembourg, en Wallonie et en Lorraine pour les seniors. Les femmes sont
également moins présentes sur le marché de l’emploi de la Grande Région que sur celui de
l’Union européenne. Les disparités ne sont pas aussi prononcées que chez les jeunes et les
seniors, mais avec un différentiel de près de cinq points elles restent importantes.
L’emploi des seniors dans la Grande Région est bien inférieur à la moyenne européenne
Parallèlement, le taux d’emploi global, c’est-à-dire la proportion d’actifs occupés de 15 à 64
ans dans la population active du même âge, est également inférieur à la moyenne des pays
membres de l’UE (UE des 15) – un résultat dû notamment aux taux d’emploi relativement
faibles en Wallonie et en Lorraine. Au niveau européen, la Rhénanie-Palatinat occupe une
position plus favorable. Si l’on rapporte ces taux aux différentes tranches d’âges, ce sont à
nouveau les jeunes et les seniors qui dans la Grande Région affichent des taux d’emploi
nettement inférieurs (8,6 et 7,7 points). Alors que les taux d’emploi des jeunes varient fortement selon les régions du fait des méthodes statistiques, la tendance est assez claire chez
les seniors : à l’exception de la Rhénanie-Palatinat qui fait remonter le taux de la Grande
Région par son poids élevé dans l’emploi, l’intégration des seniors dans le marché de
l’emploi est visiblement très insuffisant dans les autres régions. Vu le vieillissement progressif ainsi que les conséquences qui en découlent pour les entreprises et la composition structurelle de leurs effectifs, ce résultat est préoccupant – même si l’on tient compte des différences de l’âge de départ à la retraite dans les différentes régions. Dans la Grande Région,
la différence par rapport à la moyenne européenne fait ressortir un déficit d’environ 95 000
personnes pour le groupe des seniors. Ceci suffirait par exemple à compenser la régression
démographique de la classe d’âge des 20-59 ans en activité en Wallonie et en Sarre jusqu’en 2020.
39
Cf. en détail : Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi (2006) : Situation du marché de l’emploi dans
ème
rapport de l’Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi présenté au 9ème Somla Grande Région, 4
met de la Grande Région, Sarrebruck.
- 50 -
Fig. 3.2 : Principales données sur la participation à la vie active en 2004 par catégorie
de travailleurs
Taux d’activité en %
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Wallonie
Luxembourg
Total
Lorraine
Femmes
GR. Region
Saarland
Jeunes (15-24 ans)
RheinlandPfalz
UE 15
Travailleurs âgés (55-64 ans)
Taux d’emploi en %
70
60
50
40
30
20
10
0
Wallonie
Lorraine
Total
GR. Region
Femmes
Luxembourg
Jeunes (15-24 ans)
Saarland
UE 15
RheinlandPfalz
Travailleurs âgés (55-64 ans)
Taux de chômage en %
35
30
25
20
15
10
5
0
Luxembourg
RheinlandPfalz
UE 15
Total
Saarland
Hommes
GR. Region
Femmes
Lorraine
Jeunes (15-24 ans)
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
- 51 -
Wallonie
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
Des réserves de main d’oeuvre également chez la population féminine
Les taux d’emploi et de chômage actuels montrent qu’il existe également dans la Grande
Région de grandes réserves de main-d’œuvre féminine qui pourraient compenser ou du
moins atténuer la régression de la population active potentielle jusqu’en 2020 et même audelà. Le taux d’emploi des femmes dans la Grande Région est actuellement inférieur de
presque cinq points au niveau européen pour un taux de chômage un peu plus élevé et qui
varie sensiblement selon les régions. Le taux d’activité des femmes quant à lui est très inférieur à la moyenne, notamment en Wallonie et au Grand-Duché. La Rhénanie-Palatinat par
contre affiche des valeurs supérieures à la moyenne qui ne divergent guère du niveau européen. Si l’on calcule la différence entre le taux d’emploi de la Grande Région et la moyenne
de l’UE (15 pays), le déficit observé actuellement chez les femmes s’établit à environ 179
000 dans la Grande Région.
A moyen terme, il n’y aurait donc guère de pénurie de main-d’œuvre, du moins en
termes quantitatifs …
Ces extrapolations montrent qu’une augmentation de la participation des femmes et des seniors à la vie active permettrait d’éviter des problèmes de pénurie de main-d’oeuvre (au
moins en termes quantitatifs) sur le marché de l’emploi de la Grande Région jusqu’en 2020.
Étant donné les décalages de la pyramide des âges à la suite du changement démographique ainsi que les pourcentages respectifs de ces catégories dans la population active,
l’impact le plus important devrait venir d’une meilleure intégration des seniors dans le marché de l’emploi. En effet, il ne faut pas oublier que la participation des jeunes femmes à la
vie active se rapproche progressivement de celle des hommes : les effets dus à une augmentation du taux d’activité devraient donc être globalement moindres que chez les seniors.
Si on prend également en compte l’option d’un raccourcissement de la formation (initiale)
des jeunes visant à les faire entrer plus tôt sur le marché de l’emploi, on pourrait même
concevoir une hausse provisoire des réserves de main-d’œuvre à condition bien sûr que la
tendance à la participation à la vie active augmente et que soient créées des conditions générales favorables à l’intégration de ces populations dans le marché de l’emploi.
… Les pénuries seront plutôt de nature qualitative
La vraie question est moins celle d’une régression de la population active que celle de la
diminution du nombre de personnes qualifiées. Dans la Grande Région, comme ailleurs également, les marchés de l’emploi ne sont pas homogènes : ils se subdivisent en marchés
spécifiques avec une tendance à la segmentation. La faible participation à la vie active de
certaines catégories de personnes n’est pas seulement le résultat d’un choix individuel, mais
reflète également leur position respective sur le marché de l’emploi – ce que montrent
d’ailleurs les taux de chômage spécifiques. L’aspect qualification vient s’ajouter aux caractéristiques que sont l’âge et le sexe. On ne peut pas simplement remplacer un actif qualifié par
un autre qui ne l’est pas. En conséquence, il peut exister une pénurie sur un marché spécifique, un excédent sur un autre avec, parallèlement, un chômage élevé. Le chômage est dû
entre autres aux déséquilibres régionaux, mais aussi à l’inadéquation des qualifications. Il
suffit de regarder les taux de chômage en fonction de la qualification pour bien visualiser ce
lien.
- 52 -
Fig. 3.3 :
Taux de chômage dans la Grande Région en fonction de la qualification en
2004 (en %)
25
20
15
10
5
0
Saarland
Wallonie
Lorraine
GR. Region
niveau primaire (ISCED 0-2)
Rheinland-Pfalz
UE 15
Luxembourg
niveau tertiaire (ISCED 5-6)
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail (calculs IBA / OIE sur la base des données du trimestre printanier)
Des disparités sensibles entre les taux de chômage selon la qualification
Les personnes faiblement qualifiées participent globalement moins souvent à la vie active
que les personnes moyennement ou hautement qualifiée et sont également plus souvent
touchées par le chômage. Dans toutes les composantes de la Grande Région et en
moyenne européenne, les taux de chômage d’actifs disposant d’une formation universitaire
sont faibles. Par contre, le taux de chômage des actifs possédant uniquement une formation
primaire est d’autant plus élevé. Dans la Grande Région, ces personnes sont exposées trois
fois plus au risque de chômage que le groupe des actifs hautement qualifiés. En moyenne
européenne (UE des 15), cet écart est nettement moins prononcé. Au sein de la Grande
Région même, les taux de chômage de ces deux groupes varient sensiblement en niveau et
en écart relatif. Il ressort du graphique que les personnes faiblement qualifiées en Sarre, en
Wallonie et en Lorraine ont nettement moins de chances sur le marché de l’emploi qu’en
Rhénanie-Palatinat et au Luxembourg.
Le changement démographique ne résout en aucun cas le problème du chômage
Ce constat ne vaut pas seulement pour la situation actuelle sur le marché de l’emploi, mais
sera sans doute observé à l’avenir si aucune mesure politique concernant le marché de
l’emploi ni aucun effort durable dans le domaine des qualifications ne sont mis en oeuvre.
Pour les personnes faiblement qualifiées notamment, le changement démographique ne
devrait guère désamorcer les tensions sur le marché de l’emploi et ne pourra certainement
pas à lui seul résoudre le problème du chômage. En revanche, les effets du changement
démographique devraient se traduire dans certaines régions de l’espace de coopération par
une pénurie relative de main-d’œuvre hautement et moyennement qualifiée. Dans les régions particulièrement touchées par le changement démographique, la diminution du nombre
de jeunes actifs entraînera bientôt de sérieux problèmes de recrutement d’une main-d’œuvre
qualifiée par rapport aux marchés de l’emploi de certains secteurs. Ceci est d’autant plus vrai
lorsque les qualifications dont disposent les actifs arrivant sur le marché ne correspondent
pas aux qualifications demandées par les entreprises.
- 53 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
3.2
Aspects structurels de la demande future de main-d’œuvre
Alors qu’il est possible, à partir des calculs prévisionnels dont on dispose sur l’évolution démographique future, de déceler des tendances au niveau de l’offre probable de maind’œuvre à l’avenir, il est bien plus ardu de se prononcer sur la demande future de maind’œuvre de la part des entreprises. Son évolution dépendra en effet principalement de la
demande de biens (marchandises et services) ainsi que d’autres critères (progrès techniques, amélioration de la productivité, coûts des facteurs de production) à propos desquels il
est extrêmement difficile d’établir un pronostic.40 Dans un certain cadre toutefois, les tendances générales peuvent être estimées et comparées avec les évolutions précédemment observées dans la Grande Région afin de dresser un état des lieux de la situation de départ,
d’un côté, et de montrer les opportunités et les risques, de l’autre. Outre la mutation structurelle sectorielle s’opérant, d’une manière générale, depuis fort longtemps déjà, il s’agit ce
faisant de considérer en particulier le renforcement, induit par l’évolution démographique,
des déplacements de l’offre et de la demande sur les marchés des biens ainsi que leurs
possibles effets sur les différents secteurs d’activité.
Mutation structurelle : de la société industrielle à la société du savoir et des services
Depuis de nombreuses années, la structure économique sectorielle subit des modifications
en profondeur. Les changements dans les procédés de fabrication et de production, le processus d’automatisation et de la rationalisation ainsi que l’évolution de la demande de biens
et de services ont mené à un constant renforcement du tertiaire, de plus en plus pourvoyeur
d’emplois. En revanche, l’agriculture et l’industrie recrutent de moins en moins de maind’œuvre. Si l’on considère les deux secteurs économiques principaux, les différences dans la
répartition des postes de travail (salariés sur le lieu de travail) ainsi que les différentes dynamiques de développement sont déjà perceptibles sur la période relativement brève située
entre 1998 et 2003 :
Fig. 3.4 : Evolution de l’emploi (salariés sur le lieu de travail) par secteurs économiques entre 1998 et 2003 (en %)
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
emploi intérieur total
Wallonie
G-P secteur tertiaire
C-F secteur secondaire
GR. Region
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
35
Source : Instituts statistiques de la Grande Région (IWEPS), calculs IBA / OIE
40
Le Luxembourg est la seule région de l’espace de coopération à avoir effectué une projection des futurs
besoins de main-d’œuvre. En trois scénarios, les besoins de main-d’œuvre de l’économie jusqu’en 2055 ont
été déterminés sur la base de la croissance économique prévue, de l’évolution probable de la productivité
ainsi que du temps de travail annuel, cf. en détail Langers, J. (2005) : Potentiel de croissance économique et
Démographie. Projections 2005 – 2055. Bulletin du STATEC N° 4-2005, Luxembourg.
- 54 -
Fig. 3.5 :
Part des salariés des secteurs secondaire et tertiaire par rapport à
l’ensemble des salariés (sur le lieu de travail) entre 1998 et 2003 en %
Secteur de la production (construction incluse)
Services
Saarland
Luxembourg
Rheinland-Pfalz
Wallonie
Lorraine
GR. Region
GR. Region
Lorraine
Wallonie
Rheinland-Pfalz
2003
2003
1998
Luxembourg
0
5
10
15
20
25
30
35
Saarland
40
1998
60
62
64
66
68
70
72
74
76
78
Source : Instituts statistiques de la Grande Région (IWEPS), calculs IBA / OIE
Les services comme moteurs de l’emploi – diminution de main-d’oeuvre dans
l’industrie
On constate que l’évolution globalement positive de l’emploi dans la Grande Région est principalement due à la croissance supérieure à la moyenne du tertiaire tandis que le secteur de
la production (construction incluse) perd des postes. Seul le Luxembourg échappe à ce phénomène : la baisse comparativement faible de l’emploi dans l’industrie y a été plus que largement compensée par la croissance remarquable du bâtiment. Dans toutes les autres régions, le secteur industriel a accusé des pertes importantes en l’espace de cinq ans – notamment en Rhénanie-Palatinat et en Wallonie. Du fait qu’en Rhénanie-Palatinat et en Sarre,
le secteur de la construction qui est en crise depuis des années a procédé à des licenciements massifs, le recul dans le secondaire a été le plus fortement marqué dans les deux
régions allemandes. Globalement, la part du secteur de la production par rapport à
l’ensemble des salariés est passée de 30 % en 1998 à environ 27 % en 2003 alors que,
pendant le même temps, la part du tertiaire, légèrement inférieure à 69 %, progressait pour
atteindre actuellement près de 72 %. C’est notamment au Luxembourg et en Wallonie que la
contribution du tertiaire à l’emploi et à la création de valeur ajoutée revêt une importance
toute particulière. Comparativement, la part correspondante est inférieure en Sarre, en Rhénanie-Palatinat et en Lorraine avec, simultanément, un poids plus important de l’industrie.
Renforcement accru de la tertiarisation dans le futur avec, simultanément, une base
industrielle performante comme pilier de l’économie
Dans le futur, on escompte un nouveau renforcement du tertiaire, pendant que le secteur de
la production subira des pertes d’emplois supplémentaires, notamment en raison des nouvelles techniques de production et des progrès de la division du travail au plan international.
Cela vaut en particulier pour les secteurs de l’économie dont la mutation structurelle était,
dans le passé déjà, déficiente. Il s’agit par exemple des branches productives des industries
du textile et de la chaussure ainsi que du charbon et de l’acier bénéficiant d’une longue tradition dans la Grande Région où elles dominaient autrefois. Elles ont été remplacées, outre
par des activités de services en pleine expansion, par de nouveaux secteurs de l’industrie de
transformation.
Les domaines à haute valeur ajoutée à forte capacité exportatrice et très axés sur la technologie du secteur de la production (p. ex. la construction de machines, la construction automobile, l’électrotechnique, les techniques de commande et de réglage et certaines parties de
- 55 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
l’industrie chimique), ont joué un rôle décisif dans le développement économique de la
Grande Région durant ces dernières années. Il y a de fortes chances qu’ils figurent également au nombre des secteurs gagnants dans le futur. Et même si la part des emplois qu’ils
représentent est éventuellement amenée à régresser, leur contribution à la création de valeur ajoutée et au développement économique demeurera primordiale : d’une part, il est très
probable que les industries fortement axées sur la technologie continuent d’enregistrer
d’importantes hausses de productivité à l’avenir, ce qui ne sera pas obligatoirement le cas de
tous les secteurs du tertiaire. D’autre part, le développement de l’économie des services ne
saurait être considéré individuellement. Il est en effet intimement lié à celui du secteur de la
production qui génère des impulsions essentielles pour l’emploi dans le tertiaire. Cela vaut
en particulier pour les activités de services aux entreprises qui ont besoin d’une base industrielle efficace pour contribuer activement à la croissance et à l’emploi.41
Les services aux entreprises bénéficient d’une très forte dynamique de croissance
Dans la Grande Région, au sein du secteur tertiaire, la dynamique de l’emploi a été la plus
remarquable dans les activités de services aux entreprises (NACE K) entre 1998 et 2003
(+ 29 % environ). La croissance la plus forte a été enregistrée au Luxembourg et en Sarre.
En Wallonie par contre, l’évolution dans cette branche a été légèrement inférieure à celle de
l’emploi dans son ensemble. Dans l’ensemble de la Grande Région, les activités de services
aux entreprises emploient près de 10 % de tous les salariés, leur contribution à la création
de valeur ajoutée étant plus de deux fois supérieure. Avec des parts de respectivement 12 et
16 %, leur poids est considérable dans le domaine de l’emploi en Sarre et au Luxembourg
où elles représentent près de 28 et 23 % du volume économique.
Fig. 3.6 : Activités de services aux entreprises (NACE K) – Emploi salarié au lieu de
travail
Evolution 1998-2003 en %
Parts 1998 et 2003 en %
Luxembourg
Luxembourg
Lorraine
Saarland
Rheinland-Pfalz
Lorraine
GR. Region
GR. Region
Rheinland-Pfalz
Saarland
emploi intérieur total
Wallonie
K - Immobilier et services aux
entreprises
0
10
20
30
40
50
60
70
2003
1998
Wallonie
80
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
Source : Instituts statistiques de la Grande Région (IWEPS), calculs IBA / OIE
Sciences, recherche et technologies, les principaux moteurs de la croissance économique
Dans les activités de services aux entreprises, d’importants gains en matière d’emploi sont
également attendus à l’avenir, notamment dans le domaine des technologies de l’information
et de la communication, dans les activités de recherche et développement, dans le conseil,
l’audit financier ainsi que dans le secteur des études de marché et des relations publiques.
41
Cf. p.ex. Schnur, P. / Zika, G. (2005) : Projektion des Arbeitskräftebedarfs bis 2020. IAB-Kurzbericht 12/2005,
Nuremberg : Institut de la recherche professionnelle et du marché de l’emploi.
- 56 -
Ce développement correspond à une évolution générale observée vers une économie fondée sur le savoir dans laquelle le rôle de l’éducation, des sciences, de la recherche et de la
technologie comme base essentielle de la croissance économique et de la compétitivité ne
cessera de croître. A ce niveau, la Grande Région dispose encore de potentiels indéniables,
si elle parvient à renforcer la synergie entre les secteurs des services et de la production et
si le transfert de technologie et de savoir vers l’économie, particulièrement au profit des petites et moyennes entreprises, peut être promu par le biais de coopérations – également
transfrontalières. Cela concerne les résultats des recherches dans le domaine des sciences
de la nature et de l’ingénierie ainsi que les découvertes sur le plan de l’organisation et du
marketing.
La processus de tertiarisation ne se développera pas uniformément dans tous les services
Au sujet de certains secteurs de services, les experts ne sont pas toujours aussi formels
dans leurs pronostics. Différentes évolutions se superposent en effet partiellement : d’une
part, il y a lieu de tenir compte de la pression des coûts ainsi que des potentiels de rationalisation induits par l’automatisation et l’externalisation. Dans ces secteurs, cela peut se répercuter négativement sur l’emploi de certains groupes d’activités. C’est particulièrement le cas
des emplois de bureau, des emplois administratifs, de vente et de stockage relativement
simples qui, du fait d’un recours croissant aux nouvelles technologies de l’information et de
la communication et d’une automatisation renforcée (p.ex. e-commerce, systèmes électroniques de gestion des marchandises, banques en ligne ou automatiques) régresseront sans
doute encore. D’autre part toutefois, la mutation structurelle n’est pas la seule à créer des
décalages au niveau de l’offre et de la demande dont les répercussions sur les différentes
branches – et pas uniquement dans le secteur des services - pourraient être plus ou moins
marquées : la mutation démographique participe elle aussi à ce phénomène, en l’intensifiant.
L’économie des seniors, secteur de croissance innovateur
D’une manière générale, il est probable que les sociétés dont la pyramide des âges sera
altérée et les actifs modifieront éventuellement leur comportement, réclameront également
d’autres biens et services.42 Simultanément, la structure des âges de la population, en cours
de modification, devrait influer sur le niveau et les formes de consommation. Il en résulte,
d’un côté, des risques (notamment dans le commerce de détail ou dans le secteur des
transports), mais, de l’autre, également de nouvelles chances pour le développement économique à travers des produits et des services adaptés au vieillissement de la société. Par
rapport aux générations précédentes, les seniors disposent d’un pouvoir d’achat nettement
supérieur, attachent de l’importance à leur autonomie, à la santé et surtout à la qualité de vie
– des changements qui génèrent à n’en pas douter des potentiels considérables en matière
d’économie et d’emploi.
42
Cf. Grömling, M. (2005) : chap. II.1 Wirtschaftswachstum, in : Institut der deutschen Wirtschaft Köln (Ed.):
e
Perspektive 2050 – Ökonomik des demographischen Wandels, 2 éd. actualisée Cologne, p. 84 ss. ainsi que
Deutsche Bank Research (Ed.) (2002) : Die demografische Herausforderung. Ein Überblick über die Bevölkerungsproblematik und ihre gesellschaftlichen und ökonomischen Konsequenzen. Demografie Spezial, Themen international, Economics, Francfort-sur-le-Main.
- 57 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
Les secteurs de la santé et de l’action sociale, éventuels bénéficiaires de la mutation
démographique
D’une manière générale, on peut admettre qu’à travers l’allongement de l’espérance de vie
et les déplacements structurels au sein de la pyramide des âges, la mutation démographique
profitera à tous les secteurs économiques en rapport avec la santé. En font notamment partie les domaines pharmaceutiques, biotechnologiques et de la technique médicale, les différents organismes de soins et de prise en charge des malades ainsi que les services de santé
et d’assistance. Dans le secteur de l’action sociale notamment, il est probable que
l’importance des prestations de services sociaux continuera de croître en liaison avec
l’évolution démographique et que des opportunités d’emploi s’offriront en particulier aux
femmes. Le phénomène de plus en plus fréquent du vieillissement lié à l’allongement de
l’espérance de vie entraîne une augmentation, sans commune mesure avec la situation actuelle, des besoins d’assistance et de soins. Etant donné par ailleurs que la taille des familles
se réduit toujours davantage et que le taux d’activité professionnel des femmes ne cesse
d’augmenter, l’entraide familiale devrait continuer de régresser au profit de l’assistance professionnelle organisée sous la forme d’un marché. La nature et l’étendue dépendront toutefois fortement de l’organisation politique du fait, justement, que l’action sociale est majoritairement financée ou subventionnée par les pouvoirs publics. En même temps, les potentiels
que recèle ce domaine en matière d’emploi féminin ne pourront se développer qu’avec l’aide
de services de soutien à la famille, notamment pour la prise en charge des enfants.
Par ailleurs, la présence renforcée des femmes, et notamment des mères de famille, dans le
monde professionnel ainsi que la volonté affirmée des personnes âgées de conserver le plus
longtemps possible leur autonomie peuvent avoir un effet positif sur la demande de services
à domicile (tâches ménagères). Il s’agit en même temps d’un domaine susceptible de créer
de nouveaux champs d’activités pour des personnes à faible niveau de qualification – dès
lors qu’il offre des garanties de subsistance appropriées. Dans ce contexte, il faudrait également tenir compte de possibles modifications de la demande dans certaines composantes
de la Grande Région qui voient actuellement une main-d’œuvre émigrer en grand nombre.
Un nombre sans cesse croissant de frontaliers, vieillissant toujours davantage et atteignant
l’âge de la retraite ou se trouvant en préretraite ou peut être demandeur des services sociaux (tâches ménagères ou services aux personnes) ou de biens de consommation courante proches du lieu de résidence.
Les secteurs de la santé et de l’action sociale de la Grande Région affichent un bilan
de l’emploi positif depuis quelques années déjà
A l’heure actuelle, les secteurs de la santé et de l’action sociale sont déjà de grands pourvoyeurs d’emplois dans la Grande Région. Au total, près de 12 % de l’ensemble des salariés
(sur le lieu de travail) était employés dans ces domaines en 2003 – près de 2% de plus que
dans les activités de services aux entreprises par exemple. Ces secteurs sont notamment
surreprésentés en Wallonie. Au Luxembourg par contre, ils sont (encore) sous-représentés.
Dans toutes les composantes régionales, l’emploi dans les secteurs de la santé et de l’action
sociale a par ailleurs connu, dans la période située entre 1998 et 2003, une évolution positive, nettement meilleure même que l’emploi d’une manière générale – à l’exception de la
Lorraine. Avec une progression de presque 25 %, la croissance a été largement supérieure à
la moyenne, notamment au Grand-Duché. La forte demande de main-d’œuvre est sans
- 58 -
doute en partie liée à la récente – et tardive - mise en place puis au développment d’une
infrastructure médicale autonome au Luxembourg.
Fig. 3.7 :
Santé et action sociale (NACE N) – Emploi salarié au lieu de travail
Evolution 1998-2003 en %
Parts 1998 et 2003 en %
Luxembourg
Wallonie
Wallonie
Saarland
GR. Region
GR. Region
Saarland
Lorraine
Rheinland-Pfalz
Rheinland-Pfalz
emploi intérieur total
Lorraine
N - santé et action sociale
0
5
10
15
20
25
30
2003
1998
Luxembourg
35
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Source : Instituts statistiques de la Grande Région (IWEPS), calculs IBA / OIE
Exploitation des potentiels de recrutement par l’adaptation aux besoins d’une société
vieillissante – également de manière transfrontalière
Pour la Grande Région dans son ensemble, il s’agit de continuer à exploiter les potentiels de
recrutement de ce secteur. Elle doit par ailleurs s’adapter aux besoins d’une société vieillissante. Sur ce plan, il y a notamment lieu de garantir que des efforts de formation seront déployés en conséquence afin de pouvoir disposer d’une offre de main-d’œuvre suffisante et
bien qualifiée. Dans certaines régions, en Wallonie par exemple, plusieurs indices révèlent
déjà l’existence d’une pénurie de personnel soignant qualifié – sans doute également en
raison de la proximité du Luxembourg qui, du fait d’un grand besoin de main-d’œuvre dans le
secteur médical, a recours, dans une large mesure, aux travailleurs frontaliers43 – avec des
conséquences pour les régions francophones voisines, notamment. Afin d’éviter
d’éventuelles pénuries de main-d’œuvre à l’avenir et de mieux exploiter les capacités techniques et technologiques des infrastructures existant dans la Grande Région - en profitant par
ailleurs davantage des effets de synergie -, il pourrait être envisagé d’instaurer des concepts
nouveaux qui, dans le cadre d’un système de santé intégré, seraient plutôt axés sur une vision transfrontalière, et non strictement nationale.
Nouveaux défis dans le secteur de la construction et du logement
Les conséquences de l’évolution démographique seront relativement importantes pour le
secteur de la construction – autant d’un point de vue positif que négatif. Tout particulièrement dans les régions dans lesquelles la mutation démographique provoque un recul du
nombre des habitants, le secteur de la construction, et notamment de la construction de logements, pourrait connaître de graves difficultés à l’avenir. Dans le cas de la Grande Région,
cela pourrait avant tout concerner les deux régions allemandes où ce secteur – principalement en raison de la faiblesse de la conjoncture intérieure – traverse une crise depuis quelques années déjà. Une grande partie des investissements dans le bâtiment échoit à la construction de logements dont les principaux clients sont des personnes d’un âge moyen ainsi
43
En mars 2005, les frontaliers représentent près de trois salariés sur dix (29 %) dans les secteurs de la santé
et de l’action sociale, cf. Observatoire interrégional de l’emploi (2006) : La situation sur le marché de l’emploi
e
e
dans la Grande Région, 4 rapport de l’Observatoire interrégional de l’emploi présenté lors du 9 Sommet de
la Grande Région, Sarrebruck.
- 59 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
que des familles – actuellement surtout la génération des babyboomers, fortement représentée dans la population, mais qui sera suivie d’une génération d’enfants moins nombreuse.
Simultanément toutefois, certains effets compensateurs sont à identifier : parallèlement au
revenu disponible, la demande d’espace d’habitation est en premier lieu déterminée par le
nombre de ménages. Etant donné que la tendance à la réduction de la taille des ménages
qui s’observe sur tout le territoire de la Grande Région ne devrait guère s’inverser à l’avenir,
il se pourrait que la demande reste identique, voire augmente, même en cas de stagnation
ou de baisse des chiffres de la population.44 Dans les régions enregistrant une augmentation
du nombre d’habitants, comme le Luxembourg, une (nouvelle) expansion est dans tous les
cas attendue.45
Fig. 3.8 :
Secteur de la construction (NACE F) – emploi salarié au lieu de travail
Evolution 1998-2003 en %
Parts 1998 et 2003 en %
Luxembourg
Luxembourg
Wallonie
Wallonie
Lorraine
GR. Region
GR. Region
Lorraine
Rheinland-Pfalz
Rheinland-Pfalz
emploi intérieur total
Saarland
F - construction
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
2003
1998
Saarland
30
0
2
4
6
8
10
12
Source : Instituts statistiques de la Grande Région (IWEPS), calculs IBA / OIE
Parallèlement au nombre de ménages, l’avenir du marché de l’immobilier est également tributaire des restructurations concernant la taille et les équipements des logements, ce dont
pourraient notamment profiter les entreprises des secteurs annexes du bâtiment : d’une part,
à travers des exigences de confort accrues (plus de surface habitable par habitant, rénovation et assainissement) et d’autre part, en raison de l’augmentation des besoins d’unités de
logement adaptées aux personnes âgées et de prestations supplémentaires dans
l’environnement de vie (p.ex. logements aménagés ou combinés avec des services ou nouvelles formes d’habitat comme les résidences de seniors). Par ailleurs, l’augmentation de la
demande de logements adaptés aux personnes âgées et répondant au désir de mener le
plus longtemps possible une vie autonome peut s’étendre également au domaine des technologies de l’information. Outre les nouveaux médias, on peut évoquer « l’habitat intelligent »
(« smart living », « smart homes ») ou les produits dans le domaine des techniques de sécurité ou encore les interfaces avec l’économie de la santé.46
44
45
46
Cf. DB Research (2002), op. cit. ainsi que Grömling (2005), op. cit.
Cf. p.ex. Langers, J. (2006) : Le marché de l’emploi dans la Grande Région et les défis du changement démographique. Exposé présenté lors de l’atelier de l’Observatoire interrégional de l’emploi sur le thème : « Le
marché de l’emploi dans la Grande Région et les défis du changement démographique » en janvier à
Luxembourg.
Cf. Naegele, G. not. (2005) : Auf der Suche nach neuen Märkten. Demografischer Wandel im Ruhrgebiet.
Etude menée à la demande de la société Projekt Ruhr GmbH conjointement avec la CCI de Dortmund ainsi
que la CCI Mittleres Ruhrgebiet de Bochum, Essen.
- 60 -
Nouvelles opportunités dans le secteur des loisirs et du tourisme
De bonnes opportunités de croissance existent également dans les secteurs du divertissement, de la culture et du tourisme – des domaines qui, dans la Grande Région et d’un point
de vue transfrontalier, offrent de nombreuses possibilités, et notamment dans des régions
structurellement plutôt faibles. Les seniors dépensent aujourd’hui davantage pour leurs loisirs que les groupes d’âges correspondants à la fin des années 1970. De plus, leur situation
économique n’est pas plus mauvaise, et même en partie meilleure, que celle des générations plus jeunes.47 Et avec l’augmentation des revenus, la demande de services culturels et
de divertissements s’accroît elle aussi. Par ailleurs, les seniors disposent de plus de temps
que les actifs. Leur consommation en matière de loisirs et de divertissements pourrait donc
connaître une augmentation supérieure à celle de la population active. De plus, les personnes âgées du futur devraient être, grâce à une meilleure santé, beaucoup plus actives dans
leurs loisirs que les seniors d’aujourd’hui.48
Les potentiels économiques liés à la mutation démographique doivent être mieux exploités encore
Ainsi, une société vieillissante ne génère pas que des risques, mais offre également des
chances de développer de nouveaux potentiels économiques et, donc, de créer des emplois.
Pendant longtemps, dans le passé, les marchés privés des biens de consommation et des
services se sont précisément désintéressés des clients d’un certain âge. Des observations
faites dans la pratique révèlent certes qu’ils sont de plus en plus pris comme des groupecibles mais que les entreprises n’ont exploité que partiellement jusqu’ici le potentiel économique qu’ils représentent. Il faut en même temps noter que le groupe des personnes âgées
n’est en aucun cas homogène : il comprend aussi bien les « jeunes vieux » que les personnes très âgées ou que les catégories à faibles ou gros revenus – leurs besoins sociaux, souhaits et possibilités de consommation étant tout aussi variés. Les générations plus jeunes
ont notamment en commun d’être devenues plus exigeantes et plus critiques face à leur désir de consommer et réclament, fortes de leur pouvoir d’achat, des produits de qualité adaptés au client.49 L’économie doit s’adapter à ces changements issus de la mutation démographique et différencier ses gammes de produits et de services en fonction des cibles, voire les
modifier selon les groupes d’âges. La demande de nouvelles technologies axées sur les besoins des personnes âgées est également en augmentation. Un champ d’expansion intéressant pour des produits innovants – et donc de nouveaux marchés – consisterait principalement à compléter les offres existantes en proposant des composants technologiques novateurs, voire des prestations de services supplémentaires. Afin de promouvoir de tels liens,
des réseaux étendus sur plusieurs branches d’activités pourraient notamment être efficaces.50
47
48
49
50
Cf. Grömling (2005), op. cit.
Cf. DB Research (2002), op. cit.
Cf. p.ex. Naegele, G., op. cit.
Cf. ibid.
- 61 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
Groupe de recherche « Produits et services transgénérationnels » de
l’Institut supérieur de technique et d’économie de la Sarre
Afin de promouvoir la recherche appliquée et le développement dans le domaine des « produits et services transgénérationnels », un groupe de recherche horizontal a été créé en 2003 à l’Institut supérieur de technique et
d’économie de la Sarre. Des établissements d’enseignement supérieur, des
instituts de recherche, des entreprises, des sociétés de conseil, la Chambre de commerce et
d’industrie, la Chambre des métiers, le Groupement immobilier, des architectes, le CHU, la corporation des mineurs de la Sarre, des ministères (économie, environnement) ainsi que des
communes y sont représentés. Dans le cadre d’un concept à plusieurs niveaux, le réseau interdisciplinaire doit être transformé en un cluster horizontal sur le thème de la « mutation démographique ». A la fin du mois de décembre 2005, 85 partenaires au total avaient adhéré au réseau. Parallèlement aux ateliers consacrés à divers sujets (p.ex. les formes de logement du futur, les personnes âgées et le travail, le tourisme transgénérationnel, habiter dans une maison
intelligente), le réseau a initié un grand nombre d’idées de projets, dont certaines sont en passe
d’être réalisées, afin d’élaborer des solutions adaptées aux groupes cibles et de les commercialiser en conséquence
(cf. www.htw-saarland.de/forschung-technologietransfer/schwerpunkte/gennet).
L’importance de l’éducation et du savoir a fortement augmenté …
La mutation structurelle sectorielle vers des services à haute valeur ajouté et une production
fortement axée sur la technologie s’accompagne depuis longtemps déjà de changements au
niveau du profil d’activité de la main-d’œuvre recherchée et d’exigences de qualification globalement accrues dans toutes les branches. Dans le monde entier, l’intérêt se déplace vers
les secteurs économiques prioritairement orientés vers la recherche et le savoir. C’est avant
tout la force d’innovation technologique qui détermine la compétitivité au plan international.
Toutes les branches subissent une pression de plus en plus forte dans ce domaine et la demande de personnels hautement qualifiés s’accroît en conséquence. Il en résulte également
une augmentation du nombre des métiers, requérant la gestion de contenus complexes,
alors que, d’un autre côté, les tâches de répétition, dites d’exécution, régressent à la suite
des rationalisations et de l’externalisation. La conséquence en est une baisse de la demande
de main-d’œuvre peu qualifiée. Les différences dans les taux de chômage par niveau de
qualification décrites au chapitre 3.1 le montrent clairement – le clivage entre les groupes de
qualifications supérieurs et inférieurs sera de plus en plus important en termes de risques sur
le marché du travail. Ces dernières années, de nouveaux emplois ont principalement été
créés dans les domaines fortement axés sur la connaissance. Aussi la progression des produits et services à forte valeur ajoutée requiert-elle toujours une augmentation des qualifications professionnelles techniques et scientifiques de haut niveau.51 On dispose de projections consacrées aux changements intervenus dans les groupes d’activités et les structures
de qualification et illustrant depuis longtemps déjà ce mouvement vers une société du savoir,
avec ce besoin impérieux pour les actifs de posséder des formations supérieures.52
51
52
Cf. Krey, K. / Meier, B. (2005) : chap. II.4 Innovationsfähigkeit, in : Institut der deutschen Wirtschaft Köln
(Ed.) : Perspektive 2050 – Ökonomik des demographischen Wandels, 2e éd. actualisée Cologne, p. 145ss.
Cf. pour l’Allemagne p.ex. les projections de l’Institut de recherche professionnelle et du marché de l’emploi
de l’Agence fédérale du travail de Nuremberg.
- 62 -
… et se trouve encore renforcée par la mutation démographique
Le vieillissement puis la diminution du nombre d’actifs pourra, en combinaison avec les autres aspects de la mutation structurelle, avoir comme conséquence une nette aggravation de
la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans certaines parties du marché du travail à l’avenir. Il
est probable que les principaux détenteurs du savoir moderne, à savoir la tranche des 20 –
moins de 35 ans, soient moins nombreux dans le futur.53 Les difficultés rencontrées dès à
présent pour recruter des jeunes qualifiés dans certains secteurs du marché du travail (p.ex.
dans plusieurs branches de l’industrie, dans l’artisanat ou dans les petites et moyennes entreprises) peuvent ainsi être encore renforcées par les effets de la mutation démographique
– d’autant que les marchés du travail sont plutôt segmentés et que les choix professionnels
s’effectuent en fonction du sexe et de l’origine sociale. L’évolution est particulièrement critique dans le cas de la main-d’œuvre spécialisée dans les sciences de la nature et mathématiques ou encore techniques, essentiels pour l’innovation (p.ex. les ingénieurs, les informaticiens, etc.). Les domaines de production axés sur la technologie et les services requérant de
larges connaissances accélèrent la croissance économique et génèrent également, par effet
de diffusion, des possibilités d’emplois complémentaires dans des secteurs en amont et en
aval ainsi que pour des personnes moins qualifiées. C’est pourquoi le potentiel de maind’œuvre disposant d’une formation universitaire est particulièrement important.
D’importants efforts de mobilisation des ressources humaines futures sont nécessaires dès aujourd’hui
Face aux mutations démographique, les décisions en matière d’éducation et l’attitude des
générations futures vis-à-vis de la formation jouent ainsi un rôle plus important encore
qu’auparavant. Avec un certain décalage dans le temps, elles déterminent en grande partie
l’étendue et la qualité de l’offre de la main-d’œuvre future. C’est pourquoi, il faut dès aujourd’hui déployer d’importants efforts de mobilisation des ressources humaines futures afin
d’éviter le déficit de qualification risquant de survenir à moyen ou long terme. Ceci vaut,
d’une part, pour le secteur universitaire par le biais d’une augmentation des quotas
d’étudiants et de diplômés dans les universités et les instituts supérieurs de technologies,
avec une prise en considération particulière des besoins de qualification dans les secteurs
économiques de première importance pour le développement régional. D’autre part, il y aura
lieu, dans le futur, d’être bien plus attentifs à l’intégration des groupes de personnes plutôt
éloignées des procédures de formation et du marché du travail. A cela s’ajoute la promotion
de l’apprentissage « tout au long de la vie » et de la formation continue qui doit non seulement s’étendre à toutes les phases d’une vie d’actif, mais également à l’ensemble des groupes de salariés. L’entretien et l’amélioration de la qualification des ressources humaines actuelles et futures deviendront ainsi une mission clé dans le sillage de la mutation démographique.
53
Cf. Krey, K. / Meier, B., op. cit.
- 63 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
3.3
Résumé et synthèse intermédiaire
Baisse du potentiel d’actifs
La diminution de la population et le processus de vieillissement réduiront le potentiel d’actifs
dans la Grande Région jusqu’en 2020 – et même au-delà. Le groupe des 20 à 59 ans, actuellement majoritaire dans la vie active, diminuera de 5,8 %, soit 566 000 personnes, dans
les 15 prochaines années. Cette évolution touchera toutes les composantes de la Grande
Région, à l’exception du Luxembourg. Si les comportements ne se modifient pas, le potentiel
d’actifs se réduira ainsi plus rapidement que la population totale – un processus qui
s’accentuera encore après 2020, avec les départs à la retraite des babyboomers.
Modification de la pyramide des âges
Toutefois, les modifications - au préjudice des plus jeunes - de la structure des d’actifs interviendront bien plus tôt et auront des effets nettement plus dramatiques : jusqu’en 2020, la
part des personnes âgées de 20 à 59 ans dans la population totale de la Grande Région
diminuera de 54,4 à 51,6 %. Celle des moins de 20 ans, qui arriveront sur le marché du travail, passera quant à elle de 22,9 à 20,4 %. Cet effet est globalement perceptible au Luxembourg également – même s’il y est moins marqué que dans d’autres composantes régionales. Parallèlement, le pourcentage des personnes de 60 ans et davantage progressera de
façon significative dans toutes les régions : au niveau de l’ensemble de la Grande Région, il
passera de 22,8 à 28 % ces 15 prochaines années. En 2030, il dépassera la barre des 30%.
Des salariés vieillissants
Dans le sillage du vieillissement démographique de la population, perceptible dès aujourd’hui, l’âge moyen du potentiel d’actifs augmentera lui aussi durant les prochaines années. La conséquence en sera un vieillissement des salariés. A l’avenir, cet effet devrait une
nouvelle fois s’accentuer du fait d’une participation accrue des seniors à la vie active. Ce
faisant, le processus de vieillissement n’est pas identique dans toutes les branches de
l’économie. Actuellement, les employés du service public sont déjà nettement plus âgés que
les personnels des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ou des activités de services
aux entreprises.
Moins de jeunes sur le marché du travail et en apprentissage
Du point de vue de l’offre, l’évolution du potentiel d’actifs dans la Grande Région – comme
ailleurs - sera principalement marquée, dans un avenir proche par la progression continue du
nombre des seniors, alors que, à moyen et long terme, de moins en moins de main-d’œuvre
jeune se trouvera à la disposition du marché du travail et en apprentissage. Globalement, le
potentiel d’actifs vieillira donc dans un premier temps, pour se réduire ensuite.
Si jusqu’à présent l’évolution démographique et le comportement génératif annoncent déjà
en grande partie ces tendances, l’impact sur la demande du marché du travail est nettement
plus difficile à pronostiquer. Il dépend fortement de la demande de marchandises et de services ainsi que d’autres facteurs (progrès techniques, augmentations de la productivité, coûts
des facteurs de production) peu prévisibles. Il est cependant déjà possible, par le biais d’une
- 64 -
estimation des tendances générales et au regard des développements observés, de dégager
quelques lignes directrices influençant les besoins de main-d’œuvre des entreprises.
Des exigences de qualifications généralement accrues dans tous les secteurs de
l’économie
La mutation structurelle sectorielle vers des services à haute valeir ajoutée et une production
fortement axée sur la technologie s’accompagne depuis longtemps déjà de changements au
niveau du profil d’activité de la main-d’œuvre recherchée et d’exigences de qualification globalement accrues dans toutes les branches. Dans le monde entier, l’intérêt se déplace vers
les secteurs économiques prioritairement orientés vers la recherche et le savoir. C’est avant
tout la force d’innovation technologique qui détermine la compétitivité au plan international.
Toutes les branches subissent une pression de plus en plus forte dans ce domaine et le besoin de personnels hautement qualifiés s’accroît en conséquence, tout particulièrement dans
le domaine des formations techniques et scientifiques. A l’inverse, on observe une baisse
relative de la demande de main-d’œuvre peu qualifiée – sans doute également en raison des
rationalisations et de l’externalisation. D’autre part, les progrès techniques sont de plus en
plus rapides, ce qui tempère l’importance des connaissances acquises par l’expérience – qui
demeurent toutefois nécessaires – et rend en même temps impérieuse la genèse de nouveaux savoirs.
La mutation démographique ne résout pas le problème du chômage
Les actifs disposant de niveaux de qualification différents ne sont cependant pas interchangeables. Cela signifie donc que dans un secteur du marché du travail, il peut y avoir une
pénurie de main-d’œuvre alors que sur une autre, l’offre est excédentaire avec, au final, un
chômage important. Parallèlement aux déséquilibres régionaux, le chômage est fréquemment dû à des disparités à l’égard de la qualification. Les différences entre les taux de chômage par niveau de qualification, qui ne s’observent pas uniquement dans la Grande Région, le montrent clairement – le clivage entre les groupes de qualifications supérieurs et
inférieurs sera de plus en plus important en termes de risques sur le marché du travail. La
mutation démographique ne devrait donc guère améliorer la situation des personnes peu
qualifiées sur le marché du travail à l’avenir. Ainsi la réduction du potentiel d’actifs ne résoudra-t-elle en aucun cas le problème du chômage. Des mesures politiques destinées au marché du travail continueront au contraire d’être nécessaires.
Pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs d’activité
Par contre, les effets de la mutation démographique devraient principalement revêtir la forme
d’une pénurie relative de main-d’œuvre spécialisée possédant des qualifications élevées.
Conjugué avec les autres aspects de la mutation structurelle, cela pourra mener, dans certaines parties du marché du travail, à une raréfaction extrême de la main-d’œuvre spécialisée. Eu égard aux décalages dans la structure d’âge, il est probable que les principaux détenteurs du savoir moderne, à savoir les 20 – moins de 35 ans, soient plus rares dans le futur. Si l’émigration de la jeune main-d’œuvre qualifiée observée dans certaines régions devait se prolonger, cette tendance pourrait se renforcer. Les difficultés dès à présent rencontrées pour recruter des jeunes qualifiés dans divers secteurs du marché du travail (p.ex.
dans plusieurs branches de l’industrie, dans l’artisanat ou dans les petites et moyennes en- 65 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
treprises) peuvent ainsi encore être accentuées par les effets de la mutation démographique
– d’autant que les marchés du travail sont plutôt segmentés et que les choix professionnels
s’effectuent en fonction du sexe et de l’origine sociale.
Augmentation du nombre des formations pour les secteurs en expansion
A moyen terme le problème du manque de main-d’œuvre qualifiée ne pourra être résolu que
par une augmentation de places dans les universités et les instituts de formation de la
Grande Région. En général, l’éducation et la qualification gagnent encore en importance
dans le contexte d’une mutation démographique. Cela vaut en particulier pour les qualifications risquant de constituer des « goulets d’étranglement » pour la croissance économique
dans le futur. L’évolution doit être observée de près dans le domaine des sciences de la nature et des mathématiques ou encore des techniques, essentielles pour l’innovation (p.ex.
les ingénieurs, les informaticiens, etc.). Ce sont justement les domaines de production axés
sur la technologie et les services requérant de larges connaissances qui contribuent à la
croissance économique et génèrent par ailleurs des impulsions au niveau de l’emploi dans
des secteurs en amont et en aval - également pour d’autres groupes de qualification. Au
demeurant, dans certaines professions ou branches déplorant aujourd’hui déjà des problèmes de recrutement (p.ex. dans certains secteurs de l’artisanat ou dans quelques métiers de
la production industrielle) se pose la question de l’attrait des emplois, des places en apprentissage proposées par les entreprises et des déficits éventuels d’effectifs dans certaines formations d’apprentissage.
Immigration en fonction des besoins du marché du travail
Afin de pallier aux déséquilibres dans certaines secteurs du marché de l’emploi, il est par
ailleurs possible de faire davantage appel à des travailleurs immigrés ou frontaliers. Particulièrement dans les zones d’influence des grandes villes et des centres économiques de la
Grande Région, la promotion, en fonction des besoins du marché du travail, de la mobilité
transfrontalière pourrait, au moins partiellement, contribuer à réduire les écarts entre l’offre et
la demande. Pour cela, il faut toutefois dresser régulièrement un état des lieux détaillé des
pénuries sur le marché du travail.
Mobilité transfrontalière
Dans la perspective d’un développement du marché de l’emploi transfrontalier au sein de la
Grande Région, il faudra par ailleurs développer à l’avenir un concept plus fortement axé sur
les synergies interrégionales, et notamment en vue d’une meilleure canalisation – moins
asymétrique - du potentiel de main-d’œuvre. Si cet objectif ne devait pas être atteint à moyen
terme, les régions concernées pourraient en subir les conséquences au regard du renouvellement de l’économie régionale et de l’adaptation à l’évolution démographique.
Défis à la politique régionale
Toutefois, cet aspect renvoie simultanément à un autre défi : dans les régions particulièrement touchées par la mutation démographique, il sera primordial à l’avenir de poursuivre la
modernisation des structures économiques et d’améliorer l’attractivité des territoires. Les
entreprises désireuses de s’implanter et les travailleurs qualifiés ainsi que leurs familles
- 66 -
s’établiront principalement là où ils trouveront un environnement globalement favorable, avec
une bonne qualité de formation, de travail et de vie.
La mutation démographique génère également des opportunités
Dans ce contexte, il ne suffit pas de poursuivre la mutation structurelle économique dans la
Grande Région. Il faut également exploiter les chances qui résultent des nouveaux marchés,
avec leurs potentiels de croissance et d’emplois. Dans le sillage de la mutation démographique justement, de nouvelles possibilités s’ouvrent au développement économique à travers
des produits et des services innovants adaptés au vieillissement de la population. Les offres
de services sur le marché de la santé, du bien-être, des loisirs et du tourisme pourraient bénéficier des possibilités d’expansion. C’est également le cas des biens adaptés aux personnes âgées, comme les voitures, la domotique et jusqu’aux nouvelles formes de logement
combinées avec des services dans l’environnement de vie. L’extension d’offres existantes
par l’apport de composants technologiques innovants ou de prestations de services complémentaires constitue un champ d’expansion particulièrement d’intéressant pour des produits novateurs.
Exploiter de nouvelles possibilités pour le développement économique et l’emploi
A cet égard, la mutation démographique ne comporte pas uniquement des risques. Elle offre
également des chances pour de nouveaux potentiels, avec des possibilités d’emploi non
seulement pour les personnels hautement qualifiés, mais aussi pour les groupes plutôt défavorisés sur le marché du travail. Il s’agit d’exploiter ce mouvement, d’une part, à travers des
efforts de formation adaptés et, d’autre part, en encourageant les coopérations entre la recherche et l’économie et entre différentes branches. Des mises en réseau transfrontalières
plus importantes peuvent également permettre de tirer avantage des potentiels supplémentaires à ce niveau – cela ne profiterait d’ailleurs pas uniquement au développement économique et au marché du travail, mais également à l’image de la Grande Région en tant que
région européenne moderne et attrayante.
Une meilleure exploitation qualitative et quantitative des potentiels de main-d’œuvre
Dans le sillage de la mutation démographique, il s’agira notamment, pour le marché du travail de la Grande Région, de mieux exploiter les potentiels de main-d’œuvre existants, autant
du point de vue qualitatif que quantitatif. Cela consiste d’une part à fournir du travail ou un
emploi à davantage de seniors, de femmes et de jeunes, mais également de migrants et de
personnes moins qualifiées. Sur un plan économique, une meilleure intégration des seniors
sur le marché du travail devrait produire les effets de leviers les plus importants. D’autre part,
il s’agit de fournir globalement une meilleure qualification aux potentiels de main-d’œuvre
existants ainsi qu’aux générations arrivant sur le marché du travail – leurs possibilités de
formation et leur attitude vis-à-vis de cette dernière détermineront en grande partie l’étendue
et la qualité de la future offre de main-d’œuvre.
- 67 -
3. Effets du changement démographique sur le marché de l’emploi
Promotion des ressources humaines et gestion de la diversité
L’entretien et la promotion des ressources humaines deviendront ainsi une mission clé dans
le sillage de la mutation démographique. Par ailleurs, une faille qualitative se créera également dans l’offre de main-d’œuvre si les conditions générales actuelles d’intégration et de
maintien dans le marché du travail ne sont pas adaptées. Non seulement les travailleurs
vieillissent, mais ils sont également plus diversifiés, leurs besoins et leurs attentes se différenciant en conséquence. Les entreprises tout comme la politique doivent ici faire face à une
obligation de « gestion de la diversité » (Diversity managments). Le monde du travail devra
s’adapter à ce défi.
Ci-après, ces défis seront examinés sous l’angle de la mutation démographique en
s’attardant sur les groupes visés par la présente étude, à savoir les seniors, les femmes et
les jeunes. Il apparaîtra ainsi que, dans la Grande Région, en dépit de toutes les constatations visant une prise en considération déficiente de la mutation démographique, il est parfaitement possible de trouver des exemples concrets susceptibles d’illustrer, sur un plan tout à
fait pratique, les possibilités et les moyens d’aborder les défis de la mutation démographique
de manière constructive et au profit de toutes les parties concernées.
« La mutation démographique offre des chances aux seniors. Nous profiterons de leur expérience et de leur savoir. Elles seront utiles. Il y a de nombreuses raisons d’agir. Pour moi, c’est
également une chance. J’ai remarqué ces dernières années que les avis étaient généralement
négatifs et que l’on percevait uniquement une menace. Et j’ai l’impression, depuis que nous
nous consacrons à ce sujet, qu’il existe de très nombreux aspects positifs, comme le thème des
femmes et des seniors. Le thème de la santé également. D’agir sur ce plan nous aide en tant
qu’entreprise, mais également en tant qu’individu.
Chef de service des ressources humaines d’une grande entreprise industrielle
Des projets auxquels les représentants du personnel tiennent tout particulièrement peuvent à
présent être réalisés, p.ex. en ce qui concerne la prise en charge des enfants et les femmes.
Nous ne pouvons plus non plus nous permettre de ne pas prêter attention aux jeunes. Ceux qui
ne disposent peut-être pas d’un bon diplôme pourront bénéficier d’une chance énorme grâce à
cette évolution. (..) Face à l’ampleur du chômage, on a pu se permettre, durant des décennies,
d’ignorer ces personnes. Les mentalités changent à présent. On se battra pour chaque personne disponible sur le marché du travail. C’est une chance. »
Président du comité d’entreprise d’une grande entreprise industrielle
- 68 -
4.
Conditions, expériences pratiques et perspectives
pour les seniors, les femmes et les jeunes
4.1
Situation et perspectives de la participation des seniors à la
vie active
Favoriser le vieillissement actif comme objectif de la stratégie européenne de l’emploi
Suite au changement démographique, l’âge moyen du potentiel des actifs augmentera à
l’avenir, ce qui entraîne parallèlement un vieillissement des effectifs dans les entreprises.
L’emploi de salariés âgés est donc de plus en plus au coeur des préoccupations. Actuellement, les taux d’emploi et d’activité dans la Grande Région sont nettement inférieurs à la
moyenne de l’Europe des 15. Ces déséquilibres enregistrés dans bien des Etats membres
de l’Union Européenne ont aussi contribué à ce que le vieillissement actif ait été déclaré être
l’un des domaines prioritaires urgents dans le cadre de la stratégie européenne de l’emploi.
Au sujet de l’évolution démographique et de la faible participation des 55 – 64 ans à la vie
active ainsi que du fait que beaucoup de personnes cessent déjà la vie active relativement
jeunes, le Conseil Européen a donc formulé deux objectifs centraux dans sa stratégie de
l’emploi :54
► Le Conseil Européen de Stockholm a décidé en mars 2001 qu’au moins la moitié de la population de l’Union Européenne de la classe d’âge 55-64 ans devrait exercer une profession
d’ici 2010.
► Le Conseil Européen de Barcelone en mars 2002 a conclu qu’il faudrait faire davantage
d’efforts pour offrir à la main-d’oeuvre âgée plus de possibilités de rester dans la vie active.
Dans ce contexte, il a été demandé que la moyenne d’âge pour prendre sa retraite soit
augmentée progressivement de 5 ans d’ici la fin de la décennie.
4.1.1
Données de référence sur la situation du marché de l’emploi des seniors
Six seniors actifs sur dix se trouvent dans les régions allemandes
Selon les données de l’enquête sur les Forces de Travail d’Eurostat55, concernant la population de 15 ans et plus, une personne sur sept à huit se trouve, en 2004, dans la classe d’âge
des 55-64 ans (13,2% ; UE 15 en 2002 : 13,6%). Pour ce qui est des personnes actives en
emploi, c’est, avec 9,6%, tout juste une personne sur dix. Comparés aux différentes composantes de la Grande Région, les pourcentages des 55-64 ans dans les deux régions allemandes sont supérieurs à la moyenne, inférieurs dans les trois autres régions. La Sarre et
la Rhénanie-Palatinat représentent ensemble 51,2% des seniors dans la Grande Région,
mais 58,5% des personnes actives en emploi de cette classe d’âge. En Wallonie, en Lorraine et au Luxembourg, cette relation est inversée, autrement dit le pourcentage des 55-64
ans dans la population est supérieur au pourcentage des personnes actives en emploi de
54
55
Cf. European Commission (Editeur) (2005) : Employment in Europe 2005, recent trends and prospects,
Luxembourg, p. 56.
Situation : Trimestre Printemps.
- 69 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
cette classe d’âge dans la Grande Région. Le pourcentage élevé de la main-d’œuvre âgée
dans les régions allemandes a donc une grande influence sur la situation des seniors dans la
Grande Région dans son ensemble.
Fig. 4.1 :
Répartition de la population et de la population active en emploi à l’âge de
55 à 64 ans dans la Grande Région en 2004
emploi intérieur 55 - 64
population 55 - 64
Lorraine
16,0%
Wallonie
29,0%
Saarland
11,1%
Luxembourg
3,8%
Lorraine
13,4%
Wallonie
24,7%
RheinlandPfalz
40,1%
Saarland
10,4%
Luxembourg
3,4%
RheinlandPfalz
48,1%
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
Participation plus faible des seniors à la vie active
Depuis des années, la participation des seniors à la vie active est nettement plus faible que
celle de l’ensemble de la population active en emploi. En 2004, l’écart entre les deux taux
d’activité est d’environ 30 points et est donc supérieur à la moyenne européenne (UE 15 :
25,1 points). Seule la Rhénanie-Palatinat se range au niveau de l’UE 15, l’écart étant de plus
de 32 points dans les autres composantes de la Grande Région. C’est en Wallonie que la
participation des seniors à la vie active est la plus faible, directement suivie par la Lorraine et
le Luxembourg. La Sarre occupe la deuxième place derrière la Rhénanie-Palatinat – mais
est également en dessous de la moyenne de la Grande Région. Au niveau européen, le taux
d’activité des seniors enregistre depuis quelques années des accroissements plus importants que le taux d’activité général.56 Cette évolution apparaît aussi dans la Grande Région.57
Globalement, le taux d’activité des 55-64 ans a augmenté de 3,5 points entre l’année 2000 et
l’année 2004. Des accroissements supérieurs à la moyenne ont été enregistrés en Rhénanie-Palatinat et en Wallonie, inférieurs à la moyenne en Sarre et en Lorraine ; le Luxembourg
se situant autour de la moyenne de la Grande Région. L’écart par rapport à la moyenne de
l’UE 15 reste largement inchangé.
56
57
Cf. Commission Européenne (2004) : L’emploi en Europe en 2003, Tendances les plus récentes et perspectives d’avenir, Luxembourg, pp. 168 et s.
Cf. Observatoire Interrégional de l’Emploi (2006) : La situation du marché de l’emploi dans la Grande Région,
ème
rapport de l’Observatoire Interrégional de l’Emploi au 9ème Sommet des exécutifs de la Grande Région,
4
Sarrebruck, P. 6.
- 70 -
Fig. 4.2 :
Evolution de la participation globale à la vie active et de celle des 55-64 ans
dans la Grande Région et l’UE 15 de 2000 à 2004
80
69,0
69,0
70,4
70,0
69,5
UE 15 total
70
60
50
66,8
66,4
67,1
67,1
66,3
41,0
42,4
44,3
45,3
33,2
32,7
34,6
35,6
36,7
2000
2001
2002
2003
2004
40,6
GR. Region total
UE 15 travailleurs âgés
40
30
GR. Region travailleurs
âgés
20
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
Fig. 4.3 :
Taux d’activité global et taux d’activité des 55-64 ans en 2004 selon les régions
75
60
62,6
69,8
67,9
65,3
64,7
66,3
45
30
45,3
44,6
35,8
30,3
70,4
31,3
30,6
36,7
15
0
Wallonie
RheinlandPfalz
Saarland
Lorraine
total
Luxembourg
GR. Region
UE 15
55-64 ans
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
Le niveau d’emploi et le chômage de la main-d’oeuvre âgée sont plus prononcés dans
les régions allemandes
Comme globalement en Europe, les taux d’emploi des seniors dans la Grande Région
(34,7%) sont nettement inférieurs au taux de toute la population active en emploi (60,3%).
L’écart entre les deux taux est supérieur d’environ 3 points à celui de l’UE 15, ce dernier présentant pour toutes les classes d’âge en activité comme pour la main-d’œuvre âgée des valeurs supérieures (64,5 et respectivement 42,4%). Il convient en l’occurrence de faire de nettes différences entre les différentes composantes de la Grande Région. Seule la RhénaniePalatinat avec 41,4% se situe au-dessus de la moyenne et à peu près au niveau de la
moyenne européenne. Les taux d’emploi comparativement faibles en Lorraine, au Luxembourg et en Wallonie sont dus aux possibilités de retraite anticipée. Dans un communiqué de
la Commission Européenne au Conseil et au Parlement Européen concernant le taux
d’emploi et l’âge de cessation d’activité de la main-d’œuvre âgée, le Luxembourg, la France
- 71 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
et la Belgique ont été classés dans le groupe de pays donnant lieu à une certaine inquiétude.58
Taux d’emploi et taux de chômage des 55-63 ans dans la Grande Région en
2004
Taux de chômage des 55-64
ans
Fig. 4.4 :
12
RheinlandPfalz
Saarland
10
8
UE 15
6
4
2
Lorraine
GR. Region
Wallonie
Luxembourg
0
25
30
35
40
45
Taux d'emploi des 55-64 ans
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
Concernant les taux de chômage de la main-d’oeuvre âgée, de nettes différences apparaissent également au sein de l’espace de coopération. Trois chômeurs âgés sur quatre sont
dans les régions allemandes. La Rhénanie-Palatinat et en particulier la Sarre ont un taux de
chômage des 55-64 ans au-dessus de la moyenne de la Grande Région. De plus, les deux
régions enregistrent par rapport aux trois autres des taux de chômage des 55-64 ans plus
élevés que dans la moyenne de toutes les classes d’âge. Les taux de chômage des seniors
inférieurs par rapport à ceux que l’on enregistre globalement en Wallonie, en Lorraine et au
Luxembourg devraient aussi s’expliquer d’une part par des effets démographiques et notamment par des caractéristiques différentes de la politique du marché de l’emploi - précisément aussi eu égard aux possibilités de retraite anticipée.
Des progrès dans l’emploi de seniors
Au cours des années passées, toutes les régions ont pu enregistrer des progrès dans
l’emploi de main-d’oeuvre âgée. L’évolution du taux d’emploi des 55-64 ans dans la Grande
Région a été plus favorable dans la période de 2000 à 2004 que dans la moyenne de toutes
les classes d’âge. Entre 2000 et 2004, le taux d’emploi des 55- 64 ans a augmenté de 3,9
points (UE 15 de 2001 à 2004 : 3,8 points). Cette évolution est essentiellement due à
l’augmentation particulièrement importante de 5,2 points en Rhénanie-Palatinat, étant donné
que quatre seniors sur dix voire presque cinq personnes actives en emploi sur dix de cette
classe d’âge vivent dans cette région.59 En raison des pourcentages plus faibles de population et de population active en emploi chez les 55-64 ans, les changements ont moins
d’incidences sur le résultat global en Wallonie, en Lorraine et au Luxembourg, qui se situent
autour de la moyenne de l’ espace de coopération. Avec +2,4 points, la Sarre enregistre
l’augmentation la plus faible. Comme pour le taux d’activité et en conformité avec l’évolution
58
59
Cf. Commission des Communautés Européennes (2004) : Communiqué de la Commission au Conseil, au
Parlement Européen, au Comité Economique et Social Européen et au Comité des régions – Augmentation
du taux d’activité de la main-d’œuvre plus âgée et de l’âge de cessation d’activité, Bruxelles, p. 8.
Au niveau national, l’Allemagne pays le le plus peuplé de l’UE et comptant un quart de la main-d’œuvre
d’âgées de l’UE, joue un rôle clé dans la réalisation de l’objectif de taux d’activité de 50%. Cf. Commission
Européenne (2004) : L’emploi en Europe en 2003, Tendances les plus récentes et perspectives d’avenir,
Luxembourg, p. 161.
- 72 -
globale européenne, le taux d’emploi des seniors a globalement augmenté plus rapidement
dans les différentes régions ainsi que dans la Grande Région que ceux de la population active dans son ensemble.
Il est vrai que le taux d’emploi à temps partiel des seniors ne peut directement faire conclure
à un comportement de retraite anticipée ; toutefois, il peut tout à fait contenir une indication
sur un étalement de la transition de la vie active à la retraite. Le taux d’emploi à temps partiel
de la population active âgée dans la Grande Région a davantage augmenté depuis 2001,
même s’il ne l’a fait que légèrement, que le taux d’emploi à temps partiel de toute la population active. Si tout juste 22% de tous les salariés étaient employés à temps partiel en 2004,
le pourcentage chez les seniors était supérieur d’environ 2,5 points. Le Luxembourg notamment, qui toutefois présente globalement la valeur la plus faible en terme de taux d’emploi à
temps partiel (17,8%) au sein de la Grande Région, enregistre des augmentations.60 La
Rhénanie-Palatinat et la Lorraine présentent aussi des augmentations plus importantes.61
Fig. 4.5 :
Evolution du taux d’emploi total et du taux d’emploi à temps partiel des 5564 ans ainsi que de la population active en emploi dans la Grande Région
de 2000 à 2004
70
60
taux de l'emploi total
50
taux de l'emlpoi 55-64
40
30
taux de travail à temps partiel
55-64
20
taux de travail à temps partiel
au total
10
0
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
Objectif d’emploi à l’horizon 2010 : on est encore loin
Malgré les progrès réalisés dans l’emploi des seniors, la Grande Région ainsi que toutes ses
composantes sont actuellement encore loin des objectifs prescrits par Lisbonne, c’est-à-dire
d’obtenir d’ici l’année 2010 une augmentation du taux d’emploi de la main-d’oeuvre âgée à
50%. En 2004, l’écart par rapport à cet objectif est de 15,3 points soit environ deux fois plus
élevé que dans l’UE 15. Dans ce contexte, il apparaît très difficile de pouvoir réaliser l’objectif
d’ici l’année 2010. Sur la base d’une extrapolation à partir des données d’Eurostat62, environ
95 000 personnes supplémentaires de la classe d’âge des 55-64 ans auraient dû avoir un
60
61
62
Cf. Observatoire Interrégional de l’Emploi (2006), ibid, p. 26.
En raison de l’enquête par sondage sur les Forces de Travail, il ne peut être donné ici que des tendances
approximatives et il ne peut être procédé à une différenciation selon les régions.
Lors de l’extrapolation, il a été calculé, avec la moyenne d’emploi de l’UE 15, combien de personnes actives
devraient être employées à cet effet. Le nombre des personnes actives en emploi effectives a été soustrait
de cette valeur.
- 73 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
emploi en 2004 – seulement pour pouvoir atteindre la moyenne d’emploi de l’UE 15 (42,4%)
–.63 En l’occurrence, les plus grandes différences apparaissent en Wallonie où l’on enregistre
presque la moitié (48,1%) de la main-d’œuvre âgée non active, suivie de la Lorraine (27,4%)
et de la Sarre (14,4%). En raison du poids démographique et du taux d’emploi comparativement plus faible au Luxembourg (Cf. Fig. 4.1) ainsi que du taux d’emploi des seniors plus
élevé en Rhénanie-Palatinat, les participations de ces deux régions dans l’insuffisance
d’emploi globale sont comparativement faibles (respectivement 5,6 et 4,5%).
Dans l’ensemble de l’Europe, l’augmentation du taux d’emploi des seniors à 50% d’ici
l’année 2010 est considérée comme l’objectif le plus ambitieux des objectifs annoncés par
l’UE, ceci impliquant – tout comme l’augmentation de l’âge de cessation d’activité – une
augmentation de la participation à la vie active dans cette classe d’âge.64 En l’occurrence,
l’évolution future dépend aussi de l’évolution démographique dans la classe d’âge des 55 et
64 ans. Avec l’importance de plus en plus grande des générations suivantes, l’objectif
consistant à atteindre un taux d’emploi de 50% sera de plus en plus difficile si le comportement actuel des entreprises vis-à-vis des seniors ne change pas. L’objectif ne pourra être
réalisé que si les entreprises emploient plus de seniors et si moins de seniors prennent leur
retraite anticipée. En l’occurrence, la conception des systèmes de retraite et des possibilités
de retraite anticipée joue un rôle important. En revanche, l’intégration renforcée des chômeurs âgés ne devrait pas apporter de remède notable puisque dans cette classe d’âge,
l’offre et la demande ont un comportement opposé quant au niveau de qualification : Alors
que le taux d’emploi des 55-64 ans augmente avec l’augmentation du niveau de qualification, ces derniers sont moins touchés par le chômage au fur et à mesure que le niveau de
formation augmente (Cf. Fig. 4.7).
Fig. 4.6 :
Taux d’emploi total et taux d’emploi des 55-64 ans en 2004 selon les régions
Objectif 2010 total
70
60
50
64,9
61,9
Objectif
2010
Travailleurs
âgés
42,4
64,5
60,3
41,4
30
20
58,9
55,0
40
61,6
29,4
32,2
30,3
Saarland
Lorraine
30,8
34,7
10
0
Wallonie
RheinlandPfalz
total
Luxembourg
GR. Region
UE 15
55 - 64 ans
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail
63
64
Pour réaliser l’objectif prescrit de 50%, il aura fallu un même nombre de création d’emplois en 2004 pour les
travailleurs âgés.
Cf. Commission Européenne (2004) : L’emploi en Europe en 2003, Tendances les plus récentes et perspectives d’avenir, Luxembourg, p. 162.
- 74 -
Fig. 4.7:
Influence du niveau de qualification sur le taux d’emploi et taux de chômage des seniors dans la Grande Région en 2004
60
50
40
30
20
10
0
Low
Taux de l'emploi des 55 - 64
High
taux de chômage des 55 64
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
Structure de l’emploi de la main-d’oeuvre âgée selon les branches d’activité
Chaque branche d’activité et chaque secteur économique de la Grande Région est touché à
des niveaux différents par le processus croissant de vieillissement. En 2004, environ une
personne active en emploi sur dix dans la Grande Région faisait partie de la classe d’âge
des 55-64 ans, une sur onze faisait partie des moins de 25 ans et avec 79%, presque une
sur huit avait entre 25 et 54 ans. Si l’on compare avec l’UE 15, il y a donc moins de personnes actives en emploi dans le groupe des jeunes et des plus anciens, mais il y en a plus
dans le groupe intermédiaire de personnes actives en emploi - le plus important -, entre 25 et
54 ans.
En revanche en ce qui concerne les branches d’activité enregistrant des pourcentages plus
élevés de 55-64 ans, aucune différence n’apparaît : dans les deux cas, ils sont supérieurs à
la moyenne dans les secteurs de l’agriculture et de la sylviculture, de l’éducation et de la
formation ainsi que dans les services publics. Par ailleurs, les pourcentages des seniors selon les branches d’activité sont légèrement inférieurs dans la Grande Région – à l’exception
du crédit et des assurances. Depuis 1999, le secteur tertiaire surtout (hors activité de
l’hôtellerie et de la restauration) enregistre une augmentation du poids de l’emploi des seniors, qui est particulièrement prononcée dans le secteur social et celui de la santé ainsi que
dans les services publics. Le poids de l’emploi des seniors dans la Grande Région augmente
donc précisément dans le secteur économique qui se développe positivement. 65
Dans les composantes de la Grande Région, les mêmes secteurs économiques présentent
essentiellement, sur la base des données régionales et des publications, un pourcentage
plus élevé de main-d’oeuvre âgée.66 En Rhénanie-Palatinat, le taux d’emploi des plus de 50
ans était inférieur à 10% en 2002 dans 12% des entreprises du service public, entre 10 et
29% dans environ un quart des entreprises et même de 30 % et plus dans un tiers. Même
dans le secteur tertiaire et l’industrie de transformation, on enregistre un pourcentage éle-
65
66
Cf. Observatoire Interrégional de l’Emploi (2006) : La situation du marché du travail dans la Grande Région,
ème
Rapport de l’Observatoire Interrégional de l’Emploi au 9ème Sommet des exécutifs de la Grande Région,
4
Sarrebruck, P. 30
La concentration des travailleurs âgés sur les secteurs de l’agriculture et de la sylviculture ainsi que de
l’éducation et de l’enseignement doit être rencontrée, selon le troisième rapport européen sur l’emploi, dans
tous les Etats membres à l’exception de la Grèce et du Portugal. Cf. Commission Européenne (2004) :
L’emploi en Europe en 2003, Tendances les plus récentes et perspectives d’avenir, Luxembourg, P. 171
- 75 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
vé.67 La situation est identique en Sarre68 et en Wallonie :69 Là aussi, les taux des industries
manufacturières et du service public sont supérieurs à la moyenne, de même que dans les
secteurs de l’alimentation en énergie et en eau ainsi que dans les transports et communications et la transmission des informations.
En Lorraine, la main-d’œuvre est globalement encore relativement jeune par rapport à la
France. Néanmoins, certaines branches d’activité présentent un vieillissement de la population active – essentiellement dans les secteurs industriels traditionnels – tels que l’industrie
textile ou métallurgique –, qui n’ont embauché que peu de main-d’oeuvre suite aux mutations
structurelles des dernières années, ainsi que les secteurs des postes et télécommunications,
de la formation et de la santé.70 Au Luxembourg également, les taux de main-d’œuvre âgée
des entreprises des industries manufacturières et du bâtiment – notamment dans le secteur
des transports et des communications – sont supérieurs à la moyenne.71 Le nombre élevé de
frontaliers relativement plus jeunes contribue dans le Grand-Duché à ce que l’âge moyen
enregistré des personnes actives en emploi soit de l’ordre de 37,8 ans. Sans cet afflux, il
serait de l’ordre de 40 ans, une personne active sur cinq environ possédant la nationalité
luxembourgeoise étant âgée de 50 ans et plus. Pour les étrangers vivant au Luxembourg, ce
sont à peine 13%, pour les frontaliers environ 11%. En raison de cette particularité, le marché du travail luxembourgeois est moins touché par les processus de vieillissement que les
régions limitrophes.72
67
68
69
70
71
72
12% des entreprises du secteur tertiaire et 27% des entreprises des industruies de transformation ont un taux
d’employés de plus de 50 ans, inférieur à 10%, 19 et respectivement 22% entre 10 et 29% et 19 et respectivement 6% 30% et plus. Cf. Schmid, A. / Dera, S. (2003) : Echantillon d’entreprise Rapport RhénaniePalatinat – L’emploi des travailleurs âgés en Rhénanie-Palatinat, premiers résultats de l’échantillon
d’entreprise de l’OIE – Rhénanie-Palatinat 2002, Francfort : Institut de l’Economie, du Travail et de la Culture
(IWAK), P. 3.
Agence Fédérale du Travail, de la Direction Régionale Rhénanie-Palatinat – Sarre, Situation au 30.06.2002
Banque Carrefour de la sécurité sociale (BCSS).
INSEE Lorraine (2004) : Le vieillissement des actifs : un défi pour le renouvellement de certaines professions
en Lorraine, No. 9.
Cf. IGSS, CEPS (2006) : Favoriser le vieillissement actif : les pratiques des entreprises en matière
d’embauche des travailleurs âgés, (Population & Emploi, N° 13, Mars 2006), P. 6
Cf. Observatoire Interrégional de l’Emploi (2005) : Les frontaliers et le marché du travail transfrontalier dans
la Grande Région, Cahier thématique dans le cadre du projet global „Situation et perspectives d’actions nécessaires sur le marché du travail de la Grande Région d’ici 2020“, Sarrebruck, P. 39s.
- 76 -
Fig. 4.8 :
Personnes actives en emploi (au lieu de résidence) dans la Grande Région
et dans la Communauté Européenne (UE 15) selon les secteurs économiques et les classes d’âge en 2004
UE 15
GR. Region
9,3
81,0
7,7
9,7
75,0
9,8
17,3
81,3
Total
Agriculture et Sylviculture
8,9
Industrie manufacturière
13,2
78,7
8,1
Construction
12,4
78,3
9,4
Commerce
6,2
Hôtels, restaurants, cafés
14,6
79,2
7,6
11,3
76,6
10,8
18,2
65,6
10,2
13,1
78,7
10,3
75,2
10,9
10,6
71,5
16,3
8,5
67,6
22,5
6,8
84,4
8,8
Transports et communications
8,1
80,2
10,8
5,8
84,8
9,4
Activités financières
8,5
82,3
8,6
8,0
Immobilier et services aux entreprises
9,2
78,9
10,2
9,0
82,9
6,5
80,6
12,9
Administration publique
6,3
6,2
80,2
13,6
Education et enseignement
4,7
8,5
83,6
7,9
10,7
79,0
10,3
0%
50%
15 - 24
25 - 54
Santé et action sociale
Autres. Serv. publ et privés
100%
79,0
15,3
11,4
79,5
8,3
11,8
72,1
13,9
0%
55 - 64
12,2
80,9
50%
15 - 24
25 - 54
100%
55 - 64
Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail, calculs IBA / OIE
La politique des entreprises en matière de personnel est déterminante pour
l’amélioration de la situation de l’emploi des seniors …
Afin d’atteindre les objectifs de Lisbonne et Barcelone, les Etats membres européens ont pris
différentes mesures. Il est incontestable que les initiatives de la politique du marché de
l’emploi et les réformes du système social peuvent contribuer à améliorer la situation de
l’emploi de la main-d’œuvre âgée. Le potentiel le plus important pour améliorer la situation
de l’emploi des seniors se trouve toutefois au niveau de l’entreprise. C’est là que sont présents les points de rattachement les plus importants pour permettre une vie active plus longue, car ce sont finalement les entreprises qui embauchent de la main-d’œuvre âgée, qui la
maintiennent dans la vie active ou s’en séparent avant l’âge de la retraite. A l’avenir, la situation de l’emploi des classes d’âge plus anciennes dépendra essentiellement de la manière
dont les entreprises se comporteront avec les générations suivantes – notamment si celles-ci
restent plus longtemps dans la vie active ou continuent de partir en retraite anticipée par le
biais de mesures adéquates.
- 77 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
… mais l’évolution démographique est encore peu prise en compte dans les entreprises
La pyramide des âges dans les entreprises de la Grande Région peut fort bien présenter des
différences.73 Malgré des tendances démographiques qui se manifestent de façon relativement divergente, les représentants de la génération du baby boom ont toutefois vieilli dans
toutes les régions. Les effets de ce vieillissement d’une part et de la cessation d’activité de
cette main d’oeuvre expérimentée d’autre part deviennent donc inéluctables et peuvent se
manifester différemment selon la région et le type d’entreprise. Plus la prise en compte de ce
phénomène sera repoussée, plus les coûts consécutifs nécessaires pour réagir seront élevés. Toutefois, la majorité des entreprises ne ressent actuellement encore aucun effet direct.
„Je participe à un échange d’expériences dans la Société allemande pour la gestion du personnel et j’y ai déjà évoqué le sujet : Beaucoup d’entreprises ne ressentent pas encore
l’évolution démographique et ne se sont tout simplement pas encore posé la question.“
Gerhard Linnenberger, Peugeot Deutschland GmbH, Directeur du Service Evolution du personnel et Questions sociales.
Au niveau de l’entreprise, il faut bien constater que le sujet de l’„évolution démographique“
ne joue pratiquement aucun rôle dans le quotidien des entreprises Beaucoup d’entreprises
n’ont encore aucune idée des conséquences de leur pyramide des âges. En France, une
petite minorité seulement a effectué les diagnostics nécessaires pour mettre en oeuvre de
telles prévisions en matière d’effectifs.74 D’autres ressentent déjà très concrètement la mutation – par exemple sous la forme d’un ralentissement des promotions – parce que les postes
avec possibilité d’avancement sont occupés pour des années.
Des mesures s’adressant aux salariés âgés – sauf temps partiel ou dispositifs de retrait précoce de l’activité – ne sont généralement pas prévues.75 Parmi les entreprises luxembourgeoises qui emploient des seniors, plus de huit sur dix (84%) n’ont entre janvier 2003 et avril
2004 procédé à aucun aménagement pour les salariés se trouvant en fin de vie active.76 En
Sarre et en Rhénanie-Palatinat, ce sont deux tiers et respectivement huit entreprises sur
dix.77 Globalement, la politique d’entreprise en matière de personnel donne le plus souvent la
priorité à des prévisions à court terme, où la classe des plus de 50 ans est considérée
comme un effectif supplémentaire, en cas de surcroît de travail ou en cas de difficultés éco73
74
75
76
77
Dans les régions allemandes, la pyramide des âges se déplace jusqu’aux classes d’âges les plus élevés, ce
qui n’est pas autant prononcé en Belgique, au Luxembourg et en France en raison de la pratique de la mise à
la retraite anticipée, de la pratique de recrutement de l’entreprise et de l’état d’esprit général à l’égard de la
main-d’œuvre plus âgée (voir à ce sujet la suite du texte). La France par exemple, suite au modèle spécifique
des taux d’activité trentenaire, a évolué vers une société dans laquelle seule une génération travaille en
même temps (Elbaum, M. / Marchand, O. (1993) : Emploi et chômage dans les pays industrialisés : la spécificité française, Premium Synthèses, DARES N° 34, Octobre, cité selon l’O.C.D.E. (Editeur) (2005a) : Ageing
and Employment policies – France, Paris, P. 57.
Cf. Ecole nationale d’administration (ENA) : Gestion des âges – Le vieillissement de la population française
et ses conséquences sur les politiques publiques. Séminaire de questions sociales de la promotion « Nelson
Mandela » (1999-2001).
Cette constatation ne concerne pas uniquement la Grande Région, elle vaut tout aussi bien au niveau national.
Cf. IGSS / CEPS (2006) : Favoriser le vieillissement actif : Les pratiques des entreprises en matière
d’embauche des travailleurs âgés, (Population & Emploi, N° 13, Mars 2006).
Cf. INFO-Institut (2003) : Echantillon d’entreprises de l’OIE – Rapport sur les pays, Sarre, Résultats de
l’enquête réalisée auprès d’employeurs en 2002, Sarrebruck, ainsi que Schmid, Dera (2003) ibid.
- 78 -
nomiques grâce auquel il est plus facile de réaliser des adaptations de personnel apparemment « compatibles socialement ». Ceci contribue au fait qu’en Sarre et en RhénaniePalatinat, seulement une entreprise sur deux environ emploie des salariés à partir de 50
ans.78 Il faut aussi s’attendre à des résultats identiques en Lorraine, au Luxembourg et en
Wallonie suite au recours aux dispositifs de retrait précoce de l’activité dans ces régions.
Résultats de l’enquête téléphonique de l’OIE sur la manière dont les entreprises de la
Grande Région ressentent le changement démographique
Selon les résultats de l’enquête téléphonique réalisée par le réseau de l’OIE auprès
d’entreprises de la Grande Région,79 seules quelques entreprises, parmi celles qui ont bien voulu répondre, attendent ou ressentent dès à présent les conséquences d’effectifs vieillissants. En
Sarre, une entreprise en attend une augmentation des problèmes de santé ; une autre entreprise pense que la retraite progressive est un outil indispensable et une troisième entreprise
craint de ne plus être productive à l’avenir en raison du décalage de la pyramide des âges. En
Rhénanie-Palatinat également, seules quelques entreprises pensent être confrontées à des
problèmes à l’avenir, sans toutefois les spécifier. Globalement, les entreprises qui ont bien voulu
répondre aux questions dans les deux régions ne perçoivent guère le changement démographique. Les personnes interrogées s’accordent cependant à reconnaître que celui-ci deviendra plus
important à l’avenir.
En Lorraine, un tiers des entreprises interrogées pense être confronté à l’avenir à des problèmes. Ces entreprises n’ont certes pris aucune mesure concrète pour le moment, mais envisagent de former et de recruter des jeunes. Quatre entreprises interrogées doivent dès à présent
maîtriser des problèmes dûs au changement démographique, dont une recherche de manière
ciblée une personnel à partir de 35 ans. Un autre entrepreneur a fait état de problèmes de recrutement de jeunes qui partent en grand nombre au Luxembourg.
Au Grand-Duché, trois entreprises interrogées sur dix ont déjà des difficultés dues au vieillissement des effectifs. Elles s’efforcent de maîtriser ces difficultés en recrutant des jeunes, mais ne
peuvent pas toujours trouver le personnel requis – indépendamment du niveau de qualification
demandé. Deux entreprises sur cinq prévoient d’être confrontées à des problèmes dans les cinq
à six prochaines années du fait de départs à la retraite.
Environ la moitié des entreprises qui ont bien voulu répondre en Wallonie n’attend pas de difficultés, ni aujourd’hui ni à l’avenir, du fait du changement démographique. Dans la Communauté
germanophone notamment, les employeurs ont actuellement moins de problèmes avec le vieillissement des effectifs qu’avec le recrutement de jeunes. Les résultats obtenus pour la Wallonie
ne peuvent toutefois être interprétés qu’avec une grande prudence étant donné qu’ils se limitent
à la Communauté germanophone et à la province du Luxembourg.80
78
79
80
ebd.
Pour plus d’informations sur la conception et la réalisation de l’enquête téléphonique, veuillez vous reporter
au chapitre 1.2.
Dans la Communauté Germanophone, la pénurie de personnel qualifié joue un rôle important dans la métallurgie. La situation dans la province du Luxembourg est fortement influencée par la proximité du GrandDuché. Par ailleurs, aucune des grandes villes wallonnes telles que Charleroi, Namur ou Liège ne se trouve
dans les zones où ont eu lieu les enquêtes.
- 79 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Différence entre âge légal de la retraite et âge effectif de cessation d’activité
D’après les estimations d’Eurostat81, la main-d’oeuvre allemande a en 2004 quitté la vie active à 61,3 ans en moyenne, donc à un âge plus élevé que la main-d’œuvre française,
luxembourgeoise et belge.82 En France, l’âge de cessation d’activité est de 58,9 ans, en Belgique de 59,4 ans. Les salariés du Luxembourg, avec 57,7 ans, sont les plus jeunes à partir
en retraite, de sorte qu’au Grand-Duché, la différence entre l’âge de départ effectif à la retraite et l’âge légal de la retraite est la plus élevée avec 7,3 ans, devant la Belgique (5,6 ans)
et l’Allemagne (3,7 ans) ainsi que la France (1,1 an). Ces divergences s’expliquent par les
spécificités des systèmes de retraite et par différentes possibilités de mise à la retraite anticipée. C’est ainsi qu’en France – contrairement aux autres pays – il existe un droit à la pension de retraite à 60 ans. Dans certains secteurs publics et certaines familles de métiers présentant un potentiel de risque plus élevé – comme la police et les pompiers – ou présentant
des activités particulièrement fatigantes (par ex. le personnel apportant des soins aux malades : aides-soignantes, infirmiers…), la cessation d’activité est déjà possible entre 50 et 55
ans. Au Luxembourg également, une pension de retraite complète est déjà possible à partir
de la 57ème année après 40 ans de cotisation. De plus, le montant de la retraite légale est
plus élevé au Luxembourg que dans d’autres pays.83
Fig. 4.9 :
Evolution de l’âge moyen de cessation d’activité de 2001 à 2004
62
61,6
61
60,6
60,3
59,9
60
61,3
61,0
60,7
60,8
60,4
59,6
59,3
59
58,8
58,5
59,4
58,9
58,7
58,2
58,1
58
61,3
61,0
60,7
57,7
57
56,8
56
2001
EU25
2002
EU15
2003
Belgique
Deutschland
2004
France
Luxembourg
Source : Eurostat
81
82
83
Une comparaison de l’âge de l’accession à la retraite est difficile tant au niveau international que suprarégional, notamment en raison de problèmes statistiques, car des définitions différentes de retraite et d’âge de retraite sont en usage et peuvent considérablement varier suivant le type de système de retraite. Les comparaisons internationales prennent donc en compte des retraits de la vie active modélisés par des calculs complexes issus de statistiques du marché du travail. Au niveau de l’UE, le calcul a été effectué par Eurostat pour
ème
Rapla première fois en 2001. La méthode de calcul est décrite en détail dans l’annexe au chapitre 5 du 3
port Européen sur l’Emploi.
L’âge élevé de la cessation d’activité en Allemagne est dû entre autres à un effet démographique : si la
classe d’âge des 55-64 ans est divisée en sous-groupes des 55-59 ans et des 60-64 ans, l’Allemagne,
contrairement à la plupart des autres pays européens ayant une strate de population plus importante dans la
classe d’âge de 60-64 ans, présente une pyramide des âges inhabituelle „inversée“. Cf. Kratz, entre autres
(2006) : Dans l’emploi des travailleurs âgés, d’autres pays se placent devant, Rapport abrégé de l’OIE
5/2006, p. 2.
Cf. O.C.D.E. (2005a) : Ageing and Employment policies – France, Paris ainsi que O.C.D.E. (Editeur) (2005b):
Vieillissement et politiques de l’emploi – Luxembourg, Paris.
- 80 -
Tableau 4.1: Bref aperçu des systèmes de retraite nationaux
Système de retraite
Belgique
► Pension de retraite publique dépendante du salaire
► Pension minimum
► Garantie de revenus dépendante
de l’état d’indigence
Deutschland
►
►
France
►
►
►
Luxembourg
►
►
►
Âge légal de la retraite / Critères
d’ouverture des droits à la retraite
► Hommes : 65 ans
► Femmes : déplafonnement progressif de 62 ans en 2002 à 65 ans
en 2009
► Perception de la pension de retraite à partir de 60 ans possible
après 30 ans de cotisation
Système de retraite sur la base de ► 65 ans
points de rémunération.
► Déplafonnement progressif à 67
Réseau de garantie pour les retraians d’ici 2035
tés ayant de faibles revenus, sous ► Pas de droit à la prestation si
forme de l’aide sociale.
moins de cinq années d’assurance
► Perception de la pension de retraite possible à partir de 63 ans si
35 années de cotisation
Pension de retraite de l’Etat dé► 60 ans
pendante du salaire
Prévoyance de l’entreprise obligatoire sur la base d’un système de
points
Pension minimum auprès de
l’assurance sociale invaliditévieillesse de l’Etat
Prestation forfaitaire en fonction
► 65 ans
des années de cotisation plus une ► Au moins 10 années de cotisation
composante dépendante du salaire ► Pension de retraite anticipée posPension minimum
sible à partir de la 57ème année réPension complémentaire privée
volue et 40 années de cotisation
depuis la fin des années 90
► Droit à la pension de vieillesse à
partir de 60 ans si 40 années de
cotisation
Source : Fédération des organismes d’assurance sociale invalidité-vieillesse allemands, O.C.D.E. (Editeur) (2005) : Les pensions de vieillesse en un coup d’œil : Politique de l’Etat dans une comparaison par pays de l’O.C.D.E., Edition 2005. (Documents DRV, Bd. 61, Edition spéciale de la DRV), Berlin.
Culture de la mise à la retraite anticipée
Dans le passé, on a généralement saisi l’opportunité d’instaurer des possibilités de cessation
anticipée d’activité afin de décongestionner le marché du travail dans certaines branches
d’activité lors des mutations structurelles, et pour obtenir une amélioration de l’intégration
des jeunes dans le marché du travail. Au fil du temps, des plans imaginés dans un premier
temps pour certaines branches d’activité ont été utilisés aussi par des entreprises extérieures à la branche et ce, notamment en France et en Belgique. En France, ce phénomène a
entraîné, depuis le début des années 70, une baisse considérable du taux d’emploi des
hommes à partir de 50 ans – dans la classe d’âge des hommes de 60-64 ans notamment, il
s’est effondré durant cette période et est passé de 67% à 18% en 2003, alors qu’il enregistrait une hausse pour les femmes à partir de 50 ans.84 Du point de vue des salariés, la préretraite était intéressante car elle leur procurait un statut comparable à la retraite plus attrayant
pour eux que le chômage. Dans l’intervalle, la préretraite est devenue pour les salariés un
84
Cf. O.C.D.E. (2005a), ibid., p. 49.
- 81 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
acquis social et le camouflage du chômage est de plus en plus relégué au second plan,85 de
sorte que s’est quasiment développée une culture de la mise à la retraite anticipée.
La préférence française pour la préretraite
En France, il existe depuis longtemps une préférence pour la préretraite. Au prix d’un coût élevé pour l’Etat, les entreprises et les partenaires sociaux, les retraites anticipées ont dans le
passé contribué à préserver la cohésion sociale. Depuis la première réglementation en 1963,
le dispositif de retrait précoce de l’activité a été largement utilisé. Les objectifs souhaités
d’amélioration de la situation de l’emploi de la main-d’oeuvre plus jeune n’ont toutefois pas été
réalisés. En lieu et place, les dispositifs ont entraîné toute une série d’effets involontaires.86
Des mesures de préretraite ont été mises en place pour répondre aux développements économiques, au vu d’une population active en pleine croissance : Pour la première fois, „l'allocation spéciale du fonds national de l'emploi (AS-FNE)“ en octobre 1963 devait atténuer les
conséquences de la crise structurelle dans l’industrie minière. Les salariés à partir de 60 ans
reçurent la possibilité de se retirer de la vie active avec 80 à 90% de leur dernier salaire sans
avoir à continuer d’être à la disposition du marché du travail. Au cours des années 70, les dispositifs de retrait précoce de l’activité ont encore été étendus en raison de la hausse du chômage et des mutations structurelles persistantes dans l’industrie et l’âge de l’accession à la retraite a été progressivement abaissé – en 1973 à 57 ans et en 1979 pour l’AS-FNE à 56 ans et
2 mois. Pendant la crise de la métallurgie, la préretraite a même été possible à partir de 50
ans. Au début des années 80, le „contrat de solidarité“ devait même contribuer à lutter contre
le chômage croissant des jeunes, les seniors devant laisser leur place à des plus jeunes. Une
des dernières modifications pour la préretraite a eu lieu suite à la récession économique des
années 90, alors que de nouveaux dispositifs légaux ont été mis en place ou que des dispositifs existants ont encore une fois été modifiés.87
Globalement, les dispositifs de retrait précoce de la vie active ont contribué depuis les années
60 à soutenir la modernisation de l’économie française par l’atténuation des effets secondaires
sociaux. La création d’emplois prévue en fin de compte par cette politique – et pas uniquement
pour les plus jeunes – n’a pourtant pas eu lieu. En lieu et place, on observe que de nombreuses entreprises, face à la concurrence internationale, se séparent de leurs salariés âgés et ce,
aux frais de la collectivité, plutôt que de les requalifier au prix d’un investissement et d’un résultat incertain. En conséquence, la France fait aujourd’hui partie des pays dotés des taux
d’emploi et d’activité des seniors les plus bas de l’Union Européenne et en comparaison avec
les pays de l’O.C.D.E.
Source : Ecole nationale d’administration : Gestion des âges – Le vieillissement de la population française et ses conséquences
sur les politiques publiques. Séminaire de questions sociales de la promotion « Nelson Mandela » (1999-2001)
Réformes de la préretraite
Pour réaliser l’objectif prescrit par Lisbonne d’atteindre d’ici 2010 un taux d’emploi des 55-64
ans d’au moins 50%, une multitude de mesures sont prises par les Etats membres de l’Union
Européenne. Ces initiatives – tout comme l’augmentation de cinq ans de l’âge moyen de
cessation d’activité d’ici 2010 exigée par le Conseil Européen à Barcelone – visent à réduire
la faille entre l’âge légal et l’âge effectif de départ en retraite. Des réformes des systèmes
sociaux et des systèmes de retraite sont réclamées par l’O.C.D.E pour l’Allemagne, la Belgique, la France et le Luxembourg et sont également citées comme condition préalable à
85
86
87
Cf. Ecole nationale d’administration (ENA) : Gestion des âges – Le vieillissement de la population française
et ses conséquences sur les politiques publiques. Séminaire de questions sociales de la promotion « Nelson
Mandela » (1999-2001).
C’est ainsi que l’âge de cessation d’activité des hommes entre 1970 et 1995 est passé de 63,5 à 59,2 ans et
que celui des femmes est passé de 64 à 58,3 ans. Dans le même temps, le pourcentage des salariés de plus
de 50 ans s’est réduit de moitié en passant de 30 à 15%.
Pour une représentation complète de toutes les lois et tous les dispositifs importants, il convient ici de renvoyer à la source citée.
- 82 -
l’augmentation du taux d’activité.88 Ces sujets – notamment la suppression générale de possibilités de retraite anticipée – sont débattus entre les partenaires sociaux pour une part de
façon extrêmement controversée.89
„Ce n’est pas un travail facile que de monter un poids lourd. Une personne qui a travaillé ici à
l’extérieur pendant 20 ou 25 ans est physiquement épuisée à l’âge de 50 ou 55 ans. Et voilà que
le Gouvernement dit que l’on doit travailler jusqu’à l’âge de 67 ans. J’aimerais accompagner ces
personnes et leur demander comment un homme peut encore travailler ici à 67 ans ? […] Jusqu’à présent, nous avons pu éviter cela grâce au dispositif de retrait précoce de l’activité. Mais
ce dispositif va prendre fin et qu’arrivera-t-il alors ? Que ferons-nous de ces personnes ?“
Jürgen Hess, Daimler Chrysler Wörth, Comité d’entreprise
Les mesures d’ores et déjà prévues vont de l’augmentation de l’âge légal de la retraite à 67
ans en Allemagne jusqu’à la mise en place de réductions de la pension de vieillesse en cas
de retrait précoce de la vie active ou de majorations de la pension de vieillesse si l’on continue de travailler au-delà de l’âge de la retraite, en passant par la réduction des incitations à
la retraite anticipée en augmentant la durée minimum de cotisation jusqu’à ce que soit atteinte la retraite à taux plein.
Il est souvent fait référence aux pays scandinaves comme modèles de telles tentatives de
réformes, lesquels pays passent pour des précurseurs de l’intégration des 55-64 ans dans le
marché du travail, avec des taux d’activité des travailleurs âgés nettement plus élevés. Les
expériences dans ces pays montrent toutefois que les tentatives de réformes au niveau politique ou bien des facteurs démographiques seuls ne suffisent pas pour provoquer un essor
de l’emploi dans cette classe d’âge. De plus, il faut pour cela un développement économique
global favorable : En Finlande, dont la population fait partie de celles qui vieillissent le plus
rapidement, une évolution ascendante durable n’a commencé qu’à partir de 1999, quand la
situation sur le marché du travail s’est nettement décrispée. Ce n’est qu’à partir de là qu’une
réforme essentielle de la retraite a été engagée, qui a été mise en œuvre pour l’essentiel en
2005.90
88
89
90
Pour la Belgique et la France précisément, l’O.C.D.E. voit dans ce domaine un besoin urgent de réforme.
Un communiqué de presse du FTBG belge sur les propositions de réforme de la retraite anticipée de la Fédération belge des entrepreneurs (FEB) met en gros titre : „La FEB part à la guerre !“. (Cf. Renard André
(2005): Sur-vieillissement, fin de carrière et retraite – Choisir la solidarité ou supporter la „pensée unique“,
Eupen (Communiqué de presse en annexe)).
Cf. Kratz, S. entre autres (2006) : Pour ce qui est de l’emploi de travailleurs âgés, d’autres pays sont devant.
Au Danemark, en Finlande et aux Pays-Bas, le changement de tendance a déjà eu lieu – L’Allemagne peutelle suivre le mouvement ? (Rapport abrégé de l’OIE 5/2006, P. 4 s)
- 83 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Tableau 4.2 : Bref aperçu des changements apportés aux systèmes de retraite et de
préretraite
Deutschland
Belgique
► Augmentation
Âge légal de ► Augmentation
progressive de
progressive de
la retraite
l’âge légal de la
l’âge de la reretraite à 67 ans
traite des femd’ici 2037
mes à 65 ans
► Fin du dispositif
d’ici 2009
sur le travail à
temps partiel
pour les personnes âgées
en 2009
France
Luxembourg
► Le droit à la
retraite à partir
de la 60ème année est maintenu dans le service public mais
l’âge de la mise
à la retraite
d’office par
l’employeur
passe de 60 à
65 ans.
Durée de
cotisation
► 45 ans
► Hommes : 45
ans
► Femmes : 43
ans
► Augmentation
de la durée de
cotisation minimum pour la
préretraite de
20 à 35 ans
► Augmentation
des durées de
cotisation jusqu’à la retraite à
taux plein à 42
ans d’ici 2018,
(2008 : 40 ans ;
2012 : 41 ans)
Réductions
► 0,3% / mois
avant 65 ans
révolus
► 5% / an avant
l’atteinte de
l’âge légal de la
retraite
► Réductions des
pensions de retraite avant que
la durée de cotisation minimum ait été atteinte
Bonus
► 0,5% / mois
travaillé au-delà
de 65 ans
► Pour les personnes qui
continuent de
travailler après
avoir atteint
leurs 60 ans
► 0,75% pour
chaque trimestre supplémentaire après 40
années de cotisation et après
60 ans
► A partir de 40
années de cotisation, possibilité de retraite
anticipée à partir de 57 ans à
partir de 60 ans
même en
l’absence de 40
années de cotisation
► Complément de
retraite pour
chaque année
de cotisation à
partir de 55 ans
d’âge et 38 ans
de paiement de
cotisation
Source : CRD EURES Lorraine
Dans quelle mesure l’augmentation pure et simple de l’âge de la retraite en Allemagne, ou
l’extension de la durée de cotisation minimum en France jusqu’à ce que soit atteint l’âge de
la retraite à taux plein, peuvent contribuer à réduire la faille entre l’âge légal de la retraite et
l’âge effectif de cessation d’activité ou s’il en résultera un accroissement des pensions
d’incapacité totale de travail, telle est la question. Toutefois, les débuts de réformes mettent
notamment les entreprises à contribution pour le maintien de la capacité d’emploi des salariés devenant plus âgés. Pour la pratique, il est donc urgent de négocier un compromis sain
entre d’une part la revendication d’une amélioration de la participation des travailleurs âgés à
la vie active et de leur intégration dans le marché du travail et d’autre part les conditions générales d’entreprise possibles.
- 84 -
Evaluation des travailleurs âgés du point de vue des entreprises
Outre la pratique de la mise à la retraite anticipée, l’état d’esprit des entreprises vis-à-vis des
travailleurs âgés se révèle aussi dans leur pratique de recrutement et dans l’image qu’ils ont
d’eux. Souvent, l’image des travailleurs âgés est dominée par l’idée que l’on se fait d’une
efficacité moindre et d’une flexibilité faiblissante, donc d’une productivité en baisse. En
l’occurrence, les entreprises font très nettement la différence entre les salariés d’un âge
avancé déjà en poste et les candidats du même âge : Alors que dans le premier groupe, on
ne voit guère de différence par rapport aux plus jeunes (voir l’exemple de la Sarre91), ceci est
manifestement tout à fait le cas dans le cadre des nouvelles embauches.
Fig. 4.10: Comparaison des paramètres de performance de salariés jeunes et de salariés plus âgés à partir de 50 ans du point de vue des entreprises, en Sarre
en 2002 (chiffres extrapôlés)
expérience 1
conscience prof essionnelle, -discipline au travail
41
55
4
conscience de la qualité 1
loyauté
67
32
33
66
25
71
3
résistance psychologique
12
70
connaisances théoriques
14
65
capacité à travailler en équipe
9
10%
20%
5
60
35
0%
4
71
25
capacité à apprendre
8
64
28
volonté à apprendre
10
69
22
résistance physique
10
72
18
f lexibilité
21
81
10
creativité
19
30%
plutôt chez les plus jeunes
40%
50%
60%
pas de dif f érence
70%
80%
90% 100%
plutôt chez les plus âgés
Source : Echantillon d’entreprises de l’OIE, Rapport sur les pays, Sarre en 2002, INFO-Institut
Exemple de bonnes pratiques : L’Observatoire Lorrain pour la Gestion des Ages (OLGA)
Face aux prévisions de pénurie de main-d’œuvre et du vieillissement des travailleurs, la capitalisation des compétences des travailleurs âgés constitue une
piste de réflexion particulièrement importante. Des premiers éléments de réponse ont été fournis
par une enquête de l’Observatoire Lorrain de la Gestion des Ages (OLGA) sur la gestion des
âges au sein des entreprises en Lorraine. Cette enquête, résultat de l’association des partenaires financiers et techniques de l’OLGA (Conseil Régional de Lorraine, Association Nationale des
91
Cf. pour le Luxembourg : IGSS / CEPS (2006) : Stigmatisation des travailleurs âgés : mythe ou réalité ? (Population & Emploi, N° 16, Mai 2006), Luxembourg.
- 85 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Directeurs et Cadres de la fonction Personnel, Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise, universités de Nancy et de Metz) a permis d’obtenir les réponses d’une centaine d’entreprises
(grandes, moyennes ou petites, la majorité du secteur industriel) et d’analyser, d’une part la situation socio-économique des seniors (travailleurs âgés de 50 ans et +) et d’autre part les modalités de prise en compte du vieillissement de leurs salariés par les entreprises en matière de
gestion des ressources humaines.
Les seniors représentent 23% des travailleurs des entreprises lorraines et travaillent pour la plupart (58%) dans les entreprises de moins de 10 salariés des secteurs de la construction,
l’industrie, le commerce et les services (22%). En revanche, l’enquête relève un fort contraste
pour le secteur du commerce et des services, majoritairement féminisés par rapport aux secteurs de la construction et de l’industrie.
Dans leur grande majorité (environ 60%), les entreprises déclarent éprouver des difficultés de
recrutement, notamment pour les postes d’encadrement (en particulier dans les moyennes entreprises). Pour les postes de techniciens, le recrutement est perçu comme d’autant plus moins
aisé que l’entreprise est grande. Les ouvriers et employés sont les catégories pour lesquelles le
recrutement est perçu comme le moins difficile mais le pourcentage reste élevé (46,5%).
L’enquête permet en outre de mettre en évidence les contraintes d’embauche spécifiques ou
communes à certains secteurs d’activité (par exemple les déplacements fréquents dans le domaine commercial et le niveau d’attention élevé requis dans celui des services).
Face aux départs de collaborateurs, plus de la moitié des entreprises envisagent l’embauche de
juniors ou des dispositifs de transfert de compétences. Elles sont moins de 40% à déclarer vouloir mettre en place des formations, et encore moins à miser sur l’embauche d’autres seniors
(10%). A noter que plus d’une entreprise sur 10 n’a pas fourni de réponse, soit qu’elle ne veuille
pas répondre soit qu’elle ne sache pas quelle(s) mesure(s) mettre en place. Néanmoins, si les
embauches de jeunes sont majoritaires, plus d’un quart des entreprises ont recruté des seniors
au cours de l’année 2003, plaçant comme critères de préférence pour cette classe d’âge des
compétences spécifiques, la connaissance du monde du travail, la motivation voire la conscience professionnelle.
Ces mesures convergent vers l’idée qu’aujourd’hui le vieillissement est bel et bien perçu comme
une réalité mais que sa prise en compte par la mise en place de mesures d’accompagnement
ou de prévention n’est une réalité que pour un très petit nombre d’entreprises (environ 13%).
Si les entreprises n’anticipent pas les départs et continuent à rencontrer des difficultés à renouveler leurs effectifs, l’enquête prédit une perte d’attractivité de la Lorraine. Dès maintenant les
entreprises et tous les acteurs concernés doivent adopter un nouveau mode de gestion des ressources humaines, tout au long de la vie professionnelle et non discriminatoire, en réduisant à
destination des travailleurs les risques du vieillissement au travail et en favorisant le maintien et
l’employabilité des salariés âgés.
Source : Observatoire Lorrain pour la Gestion des Ages,
« Vieillir en travaillant, quelle gestion des âges pour les entreprises en Lorraine ? ».
Faible propension à l’embauche de travailleurs âgés
Parmi les 20 300 embauches entre avril 2003 et mars 2004 dans les entreprises de
l’économie privée luxembourgeoise, moins de 6% concernent les employés de plus de 50
ans. En France également, les seniors sont à peine demandés par les entreprises. 92 De
plus, en raison de la possibilité de toucher plus longtemps l’allocation de chômage et d’être
92
En France, on peut même parler d’une véritable aversion pour l’embauche de travailleurs âgés : Dans la
mesure où les entreprises ne peuvent pas trouver de main-d’oeuvre masculine jeune, elles préfèrent embaucher des femmes ou des personnes entre 30 et 35 ans ou n’embaucher que dans des cas exceptionnels des
travailleurs âgés ayant la cinquantaine – notamment lorsqu’ils sont peu qualifiés (Cf. Ecole nationale
d’administration (ENA) : Gestion des âges – Le vieillissement de la population française et ses conséquences
sur les politiques publiques. Séminaire de questions sociales de la promotion « Nelson Mandela » (19992001)).
- 86 -
dégagé de l’obligation de rechercher un emploi, les seniors sont moins présents sur le marché du travail. En Belgique aussi, les employés de plus de 45 ans, ne sont quasiment pas
pris en compte (3 à 4% des nouvelles embauches).93
Refus d’embauche: un phénomène répandu dans les entreprises
belges
Une enquête réalisée pour Vedior Senior Careers a examiné les comportements de 700 entreprises belges en ce qui concerne la mise en retraite anticipée (ou prépension), la valorisation des employés de plus de 50 ans ainsi
que l’opinion vis-àvis de l’embauche de salariés âgés et des programmes publics de réinsertion
de ce groupe de personnes. Voici les résultats :
La moitié des entreprises interrogées ont déjà mis des employés en prépension; 80% de ces
derniers sont des hommes. Interrogés sur l’avenir des retraites anticipées, seuls trois directeurs
des ressources humaines sur 10 envisagent un rôle actif pour les plus de 50 ans dans leur entreprise – les grandes entreprises, surtout, pronostiquent une augmentation du nombre des prépensions suite au passage des générations.
Lorsque les entreprises optent pour des plus de 50 ans (elles ne sont que 20% à le faire), elles
invoquent qu’ils possèdent plus de connaissances générales que les jeunes travailleurs qu’ils
sont loyaux et fiables. Plus de la moitié des entrepreneurs, en revanche (55%), ne se disent pas
prêts à embaucher du personnel âgé; 27% disent ne pas faire de différence.
Beaucoup d’entreprises interrogées, particulièrement en Wallonie, estiment que les mesures
publiques pour soutenir la réinsertion des plus de 50 ans sur le marché du travail ne suffisent
pas. La moitié pensent que l’on pourrait obtenir de meilleurs résultats en durcissant les possibilités de retraite anticipée ainsi qu’en incitant les employés âgés à rester en poste ou à se réinsérer. De plus, ils sont deux tiers à approuver le soutien financier de programmes de qualification
en cas d’embauche d’une personne de plus de 50 ans.
Source: Vedior (2006): Grande étude sur l’emploi actuel et futur des plus de 50 ans (fiche d’information)
En Sarre, une entreprise sur sept (14%) a indiqué en 2002 n‘embaucher aucun travailleur
âgé.94 Dans quatre entreprises sur dix seulement, les travailleurs de 50 ans et plus ont des
chances de pouvoir trouver un emploi sans conditions préalables. 95 Au cours du premier
semestre 2004, 13% seulement de tous les postes dernièrement occupés l’étaient par des
candidats de cette classe d’âge – nettement en dessous de leur proportion dans l’ensemble
des demandeurs d’emploi (23,7%).96
Globalement, le manque d’expérience spécifique à l’entreprise des candidats âgés semble
jouer un rôle essentiel. De même, on suppose que les plus jeunes ont une capacité
d’intégration meilleure et plus rapide dans l’entreprise en raison des connaissances plus actuelles qui leur sont dispensées pendant leur formation. Sont tout particulièrement concernés
les chômeurs âgés qui n’ont pas été intégrés sur le premier marché du travail pendant une
93
94
95
96
Cf. O.C.D.E. (2005c) : Vieillissement et politiques de l’emploi – Belgique, Paris, P. 88.
Suite à un article de presse paru le 10/06/2006, Kohlpharma envisage cependant, pour réaliser un nouveau
modèle d’affaires, de créer pendant les prochaines années 600 postes de travail à occuper particulièrement
par des travailleurs agés de 50 ans et plus.
Cf. INFO-Institut (2003), ibid, p. 53 s. Valeurs comparatives pour la Rhénanie-Palatinat : fondamentalement
pas de propension à embaucher 11%, embauche seulement sous conditions 26%, embauche sans conditions 63%. Cf. Schmid, Dera (2003), p. 7.
Cf. INFO-Institut (2005) : Echantillon d’entreprises de l’OIE 2004 Sarre : Résultats de l’enquête auprès
d’entrepreneurs, Sarrebruck, p. 30 s.
- 87 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
période prolongée. Par exemple selon les informations des entreprises, en Sarre au premier
semestre 2004, presque neuf candidats de plus de 50 ans sur dix à un poste n’ont pas été
embauchés en raison d’un profil de qualification inadéquat.97
Exemple de bonnes pratiques: Embauche
(WKV Direktvertriebsservice GmbH)
d’employés
âgés
De par son domaine d’activité, l’entreprise de télémarketing WKV Direktvertriebsservice GmbH, a besoin de collaborateurs très flexibles. Pour leurs missions de marketing direct, ceux-ci travaillent à des standards téléphoniques
assistés par ordinateurs. Dans un domaine particulièrement important pour l’entreprise (littérature parascolaire), l’expérience des mères de familles, et particulièrement de celles qui ont de
grands enfants, est un atout précieux. C’est ce qui explique que sur les quelque 90 employés de
l’entreprise, 20% ont plus de 50 ans ; pour les nouvelles embauches, les femmes de plus de 50
ans sont même particulièrement recherchées.
Madame K. a été embauchée au début de cette année, à 60 ans, après avoir essuyé – elle le
raconte elle-même – toute une série de revers. Ayant une formation d’assistante de vente, Madame K. avait longtemps travaillé au rayon bijouterie d’un grand magasin. Elle avait quitté cet
emploi pour se consacrer au soin de ses parents âgés et dépendants. Après leur décès, elle
voulut se remettre au travail, mais à 49 ans, on la catégorisa comme « difficilement plaçable ».
Pendant 10 ans, elle s’est efforcée en vain de retrouver du travail, mais n’a rencontré que des
refus: „Au début, je recevais au moins une gentille lettre pour expliquer le refus, mais par la
suite, même plus ça.“ Ayant lu l’annonce de WKV, elle n’a pas jugé utile de postuler par écrit,
mais a préféré téléphoner pour demander directement si son âge posait un problème – question
à laquelle on lui répondit par la négative.
Malgré son inexpérience en informatique, Madame K. voulait absolument obtenir cet emploi et
se déclara prête à suivre une formation. Elle ne tarit pas de louanges pour ses collègues plus
jeunes, qui l’ont beaucoup aidée et soutenue. Inversement, elle se réjouit de pouvoir les faire
profiter de son expérience de femme mûre en ce qui concerne les usages de l’entretien téléphoniques au grand bénéfice des plus jeunes.
Le directeur de l’entreprise se montre très satisfait de ses employés âgés: „Bien sûr, il y en a qui
ont besoin de plus de temps pour être opérationnels. […] Madame K. a dû d’abord s’habituer à
l’ordinateur, mais elle a apprécié ce challenge, et elle a même fait des heures supplémentaires
pour s’entraîner. […] Ce qui compte, finalement, c’est l’engagement des gens. Ici chez nous,
dans l’Eifel, les gens sont pragmatiques et casaniers. Ils aiment travailler, ils sont motivés. S’ils
ont une formation qui convient, nous les prenons volontiers..“
Aides à l’intégration et mesures de soutien pour les travailleurs âgés
Face à la faible propension à l’embauche des travailleurs âgés, des aides à l’intégration et
des mesures de soutien visant à promouvoir l’intégration et la capacité d’emploi des chômeurs âgés ont une importance capitale. En 2002, environ un tiers de toutes les entreprises
seulement étaient disposées à embaucher des candidats âgés dans certaines conditions –
par exemple avec une limitation de durée ou avec des aides financières.98
97
98
Cf. ebd (2005), p. 31.
Cf. ebd. (2003), ebd., p. 53 s ; Valeurs comparatives pour la Rhénanie-Palatinat : fondamentalement pas de
propension à embaucher 11%, embauche seulement sous conditions 26%, embauche sans conditions 63%.
(Cf. Schmid, Dera (2003), p. 7).
- 88 -
Tableau 4.3 : Certaines Possibilités de soutien pour les travailleurs âgés et les chômeurs âgés
Belgique
Deutschland
France
Luxembourg
Formation continue pour les travailPromotion de l’emploi de travailleurs
leurs / chômeurs âgés
âgés
► Obligation d’utiliser 1,9% de la masse ► Baisse des charges sociales spécifisalariale versée pour la formation, à
ques pour les travailleurs de plus de
partir de 2006, pour la promotion du
58 ans (400€ par trimestre)
parcours professionnel au sein de
► Le Décret du 19 mai 1994 sur
l’entreprise
l’embauche de chômeurs contient
► Depuis octobre 2002, les salariés
une initiative qui s’adresse aux tralicenciés à partir de 45 ans ont le
vailleurs âgés dans les petites et
droit pendant 12 mois de solliciter un
moyennes entreprises
poste pour la réinsertion professionnelle (outplacement)
► Depuis 2004 dans les entreprises de ► Aux travailleurs âgés qui évitent une
jusqu’à 100 salariés, les travailleurs
situation de chômage en prenant un
âgés peuvent se faire rembourser inemploi assujetti à l’assurance obligatégralement par l’Agence pour
toire moins bien rémunéré, il est verl’emploi les frais de reconversion et
sé, pour une durée limitée, une aide
de formation continue à l’extérieur de
financière pour la rémunération du
l’entreprise.
travail et une cotisation supplémentaire pour l’assurance sociale invalidité-vieillesse légale.
► Réorganisation des Agences pour
l’emploi, de sorte que l’activité de
placement est davantage au centre
des intérêts.
► Amélioration de l’accès aux organis- ► Mesures contre les discriminations
mes de formation continue pour les
sur le marché du travail :
seniors, par une loi sur la formation
► Les plus de 50 ans reçoivent un soucontinue tout au long de la vie (2004)
tien dans leur recherche d’emploi
► A partir de 45 ans, chaque salarié a
► En 2001, adoption d’une loi contre la
droit au moins tous les 5 ans à un endiscrimination à l’embauche
tretien sur l’évolution et les perspecti- ► Quand des travailleurs âgés sont
ves de la seconde étape de sa carlicenciés, les employeurs doivent
rière.
payer une taxe spéciale pour
l’assurance chômage et participer
aux frais de recherche d’emploi
► Remboursement des charges sociales des employeurs en cas
d’embauche de travailleurs à partir de
50 ans et de chômeurs longue durée
Source : CRD EURES Lorraine
- 89 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Exemple de bonnes pratiques: le projet „Region Trier“ après le
Programme STARK
Avec 514.000 habitants, la région de Trèves est – en superficie – le plus
grand district placé sous la compétence d’une Agence pour l’emploi dans
l’Ouest de l’Allemagne. Le projet concerne le groupement de travail de la ville
de Trèves ainsi que des districts de Bitburg-Prüm, Trèves-Sarrebourg, Bernkastel-Wittlich et du
Landkreis autonome de Daun99.
Stratégie
La région a créé un total de 9 centres de placement pour les chômeurs de plus de 50 ans; chacun de ces centres reçoit 20 chômeurs âgés suivis de près par 2,5 moniteurs sur une durée de
3 mois. Le personnel suivant est chargé de les diriger, de les former et de les suivre personnellement, dans un programme soumis à une obligation de présence quotidienne. Intervient ensuite
une phase de coaching sans présence quotidienne, de 3 mois également.
Projet
Ces centres de placement agissent suivant le programme STARK (S – Stellen vermitteln / procurer un emploi, T – Trainieren / entraîner, A – aktivieren / activer, R – reintegrieren / réinsérer,
K – Kompetenz fördern / augmenter les compétences), qui fait appel à la collaboration des organismes éducatifs régionaux ainsi qu’aux chambres de commerce et aux chambres des métiers de la région. Pour permettre une meilleure insertion sur le marché du travail, les personnes
suivies doivent faire un ou des stages pendant la durée du programme ; dans cette optique, on
tente de promouvoir les parrainages entre entreprises et stagiaires.
L’effort de placement est soutenu par des subventions aux entreprises et aux employeurs. Les
partenaires des centres de placement sont récompensés par une rémunération de base ainsi
que par des primes progressives dépendant du degré de réinsertion de la personne suivie. Pour
les personnes qui n’ont pas pu être réinsérées, des mesures individuelles sont envisagées, telles que des créations d’emplois d’intérêt public.
En cas de placement ou de départ d’un de leurs membres, les centres de placements récupèrent immédiatement un nouveau membre, suivant une liste d’attente. Sur les deux ans prévus
pour le projet, on pense pouvoir ainsi gérer 2 000 dossiers de chômeurs âgés. Jusqu’à début
mars 2006, 418 personnes avaient participé au projet, et 45 ont pu être placées.
4.1.2
Approches au sein de l’entreprise pour améliorer la situation des travailleurs âgés
Profiter des opportunités qui se présentent et garantir l’avenir
L’amélioration de la situation des seniors sur les marchés externes et internes de l’emploi
reste une question controversée – également pour l’avenir de la Grande Région. Les entreprises et le marché de l’emploi devront tenir compte du fait que les personnes âgées de 50
ans et plus constitueront à l’avenir une part nettement plus importante de la main-d’œuvre
potentielle, alors que ceux qui débutent dans la vie professionnelle, plus jeunes, auront tendance à être de moins en moins nombreux. L’intégration des plus de 50 ans est soumise à
99
En Allemagne, les récentes réformes du marché du travail, nommées lois Hartz d’après leur inspirateur, ont
remodelé les mécanismes du placement des chômeurs. L’allocation chômage (Arbeitslosenhilfe) et l’aide sociale sont fusionnées au sein d’une nouvelle protection de base (Arbeitslosengeld II, abrégé ALG II), qui est
désormais versée et gérée par des agences pour l’emploi communes, réunissant les anciennes compétences
des agences pour l’emploi et celles des municipalités. Parallèlement, le suivi et le soutien des ayant-droits
dans leur effort de réinsertion seront intensifiés. En vertu de l’article 106, alinéa 8, de la Constitution fédérale,
une „clause d’expérimentation“ permet cependant à 69 communes d’opter pour l’autonomie dans ce domaine, et donc de gérer les versements de l’ALG II ainsi que la mise en place du Job-Center municipal indépendamment de l’Agence pour l’Emploi.
- 90 -
de nombreux facteurs d’influence qui offrent simultanément un large éventail d’actions et
d’approches en termes d’aménagement du temps de travail. Vu les conditions présentées cidessus, nous devrons nous efforcer de tirer profit de ces opportunités et d’identifier les principaux champs d’action et approches pour mieux maîtriser le changement démographique.
Il est indispensable de changer d’attitude vis-à-vis des seniors
Ces efforts n’aboutiront que si les entreprises changent d’attitude vis-à-vis des seniors et si
les personnes âgées modifient également leur comportement. Ces modifications doivent être
vécues en pratique. La question de l’emploi des seniors ne concerne pas seulement les salariés de 50 ans et plus, mais doit englober toutes les tranches d’âge. Les conditions générales mises en place dans l’entreprise doivent être conçues, depuis l’accès à l’emploi jusqu’au
départ à la retraite, de manière à préserver l’employabilité des salariés pendant toute leur vie
professionnelle. Il ne faut donc pas considérer les effectifs vieillissants comme un problème,
mais comme un défi et une opportunité qui s’offre à nous de mieux aménager le temps de
travail.
« Pour moi, il est important que nous considérions le changement démographique comme une
opportunité. Il ouvre de nouvelles voies aux seniors : nous profiterons de l’expérience et du
savoir des seniors – ils seront utiles. (...) J’ai observé au cours des dernières années que le
changement démographique était toujours ressenti comme quelque chose de négatif, comme
une menace. Et j’ai à présent l’impression, depuis que nous réfléchissons à cette question,
que ce changement démographique comprend également de nombreuses facettes positives,
par exemple le sujet des femmes et des seniors ou celui de la santé. Agir, c’est aider
l’entreprise mais aussi chacun d’entre nous. »
Ursula Fuggis-Hahn, Boehringer Ingelheim,
Chef de service du personnel Fonctions Centrales Allemagne
Il n’est pas nécessaire d’inventer de nouveaux instruments pour promouvoir un travail
répondant aux besoins d’un personnel vieillissant
La politique du personnel dans l’entreprise et l’organisation du travail jouent un rôle important
pour la promotion de l’activité professionnelle des seniors dans les entreprises et dans le
cadre des négociations sur la diminution des préretraites visant à prolonger la vie professionnelle. Beaucoup d’entreprises ont du mal à dialoguer avec les seniors, à définir les mesures à prendre pour garantir la performance et la productivité des effectifs vieillissants.
Cette question touche pourtant pour l’essentiel des domaines dans lesquels les entreprises
ont déjà une certaine expérience et sur lesquels un grand nombre de recommandations a
été fait tant au niveau des aides que de la conception d’une politique d’entreprise adaptée
aux travailleurs âgés.
Nous avons besoin d’une stratégie globale convaincante
Pour ce faire, il faut ajuster les différents modules existants et les inscrire dans un concept
global systématique. Bien souvent, il sera possible de recourir à des éléments individuels de
la politique du personnel pratiquée jusqu’à présent pour mettre en œuvre une politique répondant aux besoins d’un personnel vieillissant. Il suffirait de mieux les ajuster et de les
adapter aux groupes ciblés. En général, il n’est pas nécessaire de réorienter fondamentalement la politique du personnel ; seules quelques mesures suffiraient pour ajuster les instru- 91 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
ments existants aux exigences du changement démographique et obtenir un concept global
acceptable dans lequel viendra s’inscrire la promotion des seniors. Ceci s’applique d’autant
plus aux petites et moyennes entreprises qui craignent le plus souvent des coûts élevés.
L’un des principaux défis que devra relever à l’avenir les entreprises sera de trouver des
possibilités de carrières professionnelles alternatives puisqu’il faut s’attendre à un manque
de promotions dû à l’évolution démographique. L’évolution professionnelle devra être planifiée plus tôt et ajustée aux besoins de chaque salarié.
« Nous avons régulièrement traité de questions allant dans ce sens, par ex. la prévention en
matière de santé, l’assistance en cas de problèmes ou le travail à temps partiel.(….). Il y a toujours eu des choses de ce genre. Lorsque l’on a commencé à parler de changement démographique, nous avons décidé de regrouper tout ce que nous avons déjà et de voir ce que
nous pouvons y ajouter. »
Axel Baumann, Boehringer-Ingelheim, président du comité d’entreprise
Exemple de bonnes pratiques: „En forme jusqu’à la retraite“
chez Peugeot
Peugeot emploie près de 800 personnes dans l’ensemble de la Sarre, dont
la moitié est âgée de plus de 50 ans. Le site de Sarrebruck héberge l’une
des 16 filiales allemandes, avec les services classiques (vente, entretien et
réparation, etc.) ainsi que le centre logistique pour la vente de pièces détachées en Allemagne
(PCLD GmbH), et enfin le centre d’import-export du groupe PSA pour l’Allemagne. Ces trois
domaines sont inégalement touchés par le vieillissement général de la population, et la DRH
doit donc répondre à des défis différents.
La réforme de la retraite progressive a incité la direction, en coopération avec le comité
d’entreprise, à faire réaliser une analyse des structures d’âge de l’entreprise pour identifier les
nouvelles exigences qui se posent et y répondre sans pertes économiques. Il s’agit ici de
contrôler les mesures existant déjà dans le domaine des RH et de les ajuster aux nouveaux
besoins. L’objectif est de préparer les employés aux nouvelles conditions de travail (par exemple aux mutations technologiques) et aux défis qui se posent à eux, puis de les accompagner
dans leur processus d’adaptation. On s’efforce, dans ce domaine, de soutenir l’évolution des
employés âgés, dans un esprit d’ouverture et de motivation.
En premier lieu, on s’est attaché à sensibiliser les cadres et les employés. Par des entretiens
individuels, on s’efforce maintenant aussi de prendre en compte les plans de carrière et
d’évolution personnelle de chacun. Des ateliers spécialisés offriront aux personnes de plus de
40 ans la possibilité d’analyser leur position professionnelle et de changer éventuellement de
lieu de travail et de secteur au sein de l’entreprise. Pour réussir un tel changement, le mot
d’ordre sera Flexibilité et Requalification: si tous acceptent de jouer le jeu, on pourra introduire
de nouvelles formes d’organisation du travail (équipes d’âges mixtes, rotation sur plusieurs activités au même niveau hiérarchique, comptes horaires, gestion santé, etc.).
Le changement démographique encourage l’aménagement de l’organisation du travail
Il n’y a pas de défis fondamentalement nouveaux du point de vue de l’organisation du travail
– le changement démographique souligne globalement l’importance des résultats de la recherche en matière de science du travail qui a débouché sur de nombreuses approches et
recommandations. Ces travaux peuvent par conséquent se baser sur des instruments qui
- 92 -
ont déjà fait leurs preuves100 ; en les ajustant à la répartition respective des classes d’âge
dans l’entreprise, aux conditions individuelles et aux problèmes des entreprises, il sera possible de mettre au point des mesures et concepts ciblés. Traiter cette question en tenant
compte de tous les aspects techniques et prévisionnels peut à moyen et long terme contribuer à améliorer la qualité des emplois.
Exemple de bonnes pratiques : Ford mise sur les expériences précieuses des seniors
Le constructeur automobile Ford emploie près de 6 500 salariés sur le site de
Saarlouis. Différents modèles d’automobiles sont produits par trois équipes
dans l’usine de carrosserie et de montage. Compte tenu du changement démographique ainsi
que des contraintes physiques liées à ces activités pendant le processus de production, le
groupe Ford a mis au point un concept particulier pour les seniors.
Il y a un an à peine, le groupe a créé le centre de montage « FCSD » sur le vaste périmètre de
l’usine de Ford. Pour composer l’équipe de ce centre, l’entreprise s’est entretenue avec différents seniors pour déterminer s’ils étaient intéressés par une activité dans le nouveau centre.
Entre-temps, 40 salariés y travaillent en trois équipes ; la taille de l’équipe dépend en partie du
volume de commandes. Le groupe de travail se compose pour l’essentiel d’hommes âgés de
plus de 50 ans et travaillant depuis de longues années déjà chez Ford. La tranche d’âge peut
cependant varier entre 30 et 50 ans. Les travaux des salariés se concentrent sur l’équipement
en option de voitures neuves produites peu avant dans l’usine de carrosserie et de montage.
Pour satisfaire aux souhaits supplémentaires de la clientèle, les voitures sont équipées par
exemple de lecteurs DVD, de « sound symposer » (ronflement sportif du moteur) ou de coupleurs de remorquage. Il arrive également que soient équipées des voitures d’intervention pour
l’ADAC (club automobile) ou des voitures SAV pour le service de télécommunications (Telekom).
Cette mesure est très appréciée par les salariés et la demande est importante : il y a entretemps plus d’intéressés que d’emplois disponibles. Les employeurs tout comme les salariés
profitent de la création du centre : les seniors, qui pour la plupart ne souhaitent pas partir à la
retraite prématurément, peuvent poursuivre leurs activités dans le nouveau centre de montage. Par ailleurs, les salariés apprécient d’être soumis à une pression moindre que dans le
secteur de la production. Le constructeur automobile, quant à lui, dispose plus longtemps du
savoir-faire acquis pendant des années et des expériences précieuses des seniors.
La gestion systématique de la santé permet de préserver l’employabilité des salariés
Le nombre croissant de seniors et leur maintien en activité placent les aspects de la santé et
l’organisation du travail au centre des réflexions. De nombreuses études sur la science du
travail ont défini des principes fondamentaux et des possibilités d’aménager le temps de travail que l’on pourrait appliquer ici pour prévenir une usure prématurée de l’organisme d’une
part et garantir à long terme l’employabilité101 des salariés. Les questions ayant trait à la gestion de la santé au sein de l’entreprise jouent un rôle clé dans un concept global intégré qui
permettrait de maîtriser le changement démographique et de promouvoir la situation des
seniors.
100
101
Rotation des postes ou groupes de travail composés de travailleurs d’âges différents par exemple, mais aussi
meilleure ergonomie des postes et adaptation des processus de travail.
Lors de la mise au point du projet d’indice d’aptitude au travail (« Work ability Index ») Ilmarinen et Tempel
ont donné de nombreuses indications sur le contexte et les options conceptuelles. (Cf. Ilmarinen, J. / Tempel,
J (2002): Arbeitsfähigkeit 2010 – Was können wird tun, damit Sie gesund bleiben?, Hamburg).
- 93 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Exemple de bonnes pratiques: Daimler Chrysler Wörth et ses employés âgés
L’usine de Wörth, qui fait partie du secteur poids lourds de Mercedes-Benz,
est l’usine de montage la plus grande et la plus moderne d’Europe. Y travaillent près de 13.000 employés, dont 6.900 collaborateurs associés et 2.800
employés, ainsi que près de 3.500 employés du centre de logistique voisin. Depuis deux ans
environ, l’ensemble du groupe Daimler Chrysler se penche sur les questions posées par les mutations démographiques en cours, et en particulier sur le vieillissement du personnel. La direction a fait réaliser une analyse de la structure des âges sur le site de Wörth, dont il ressort que
pour les dix années à venir, l’âge moyen des employés augmentera de deux ans, passant de 44
à 46 ans.
Un défi pour la santé du travail dans le secteur de la production
C’est surtout dans la production que cette évolution peut donner lieu à des inquiétudes. Face à
un travail physique, les employés âgés sont plus sujets à des problèmes de santé, ce qui devient de plus en plus difficile à gérer pour les responsables de la santé en entreprise: „Monter un
camion n’a rien de facile. A 50 ou 55 ans, on est physiquement à bout. […] Avant, nous pouvions régler ce problème par la préretraite. Mais cette possibilité va bientôt disparaître. Et alors,
que ferons-nous de ces gens?“
Premiers essais pour réduire la charge de travail
Dans la pratique, il est possible de réduire la charge de travail en adoptant des mesures
d’organisation du travail ou en introduisant des améliorations ergonomiques. Ces mesures
jouent un rôle important, mais le comité d’entreprise estime que leur potentiel reste limité, sachant que l’entreprise recule souvent devant les coûts supplémentaires.
Outre les aménagements relevant de l’organisation du travail, le service santé de l’usine agit sur
d’autres plans en mettant à la disposition des employés une salle de musculation dans laquelle
ils peuvent également se faire masser ou suivre des programmes de kinésithérapie. Ils peuvent
également se servir d’un système mobile de gymnastique du dos, directement sur leur lieu de
travail, avec l’aide professionnelle d’un conseiller externe.
En outre, le service interne de médecine du travail contribue également à la prévention et à la
réhabilitation, en analysant les causes de maladies et en y apportant des réponses ciblées, par
exemple en réclamant des transformations ergonomiques du lieu de travail. Parallèlement, le
médecin de l’entreprise joue un rôle disciplinaire essentiel, puisqu’il peut retirer un employé d’un
poste à haut risque – même contre la volonté de ses supérieurs – surtout pendant la phase de
convalescence après une longue maladie. Il représente donc un maillon crucial dans la chaîne
de gestion des handicaps.
Problèmes pratiques
Dans l’ensemble, l’offre santé et prévention de Daimler Chrysler est déjà bien développée. Mais
le comité d’entreprise voit la création de postes „ménagement“ d’un oeil dubitatif, car en pratique, ces postes sont peu rentables et risquent donc d’être les premières victimes de rationalisations ou de délocalisations. En outre, les employés ne recourent pas assez aux programmes
santé qui leur sont offerts, ce qui s’explique en grande partie par des raisons internes: ils peuvent s’inscrire à ces programmes de prévention pendant les horaires de travail, mais les réserves de personnel sont tellement minimes qu’en réalité, cela n’est pas possible. Selon le comité
d’entreprise, il n’est pas envisageable de leur faire faire ce genre d’activité après le travail, car
ils sont en général trop fatigués. Quant à les faire revenir en-dehors des horaires de travail, c’est
généralement impossible à cause des distances géographiques souvent importantes entre
l’usine et le domicile. En outre, les employés circulent souvent en covoiturage et ne peuvent
donc pas rester individuellement après leurs heures de travail.
Le défi reste donc entier, pour l’entreprise comme pour les employés: comment sensibiliser les
travailleurs aux questions de santé et de prévention, pour préserver leur performance corporelle? Il y a déjà des offres et des possibilités, mais, comme le reconnaît le comité d’entreprise
non sans autocritique: „En général, ce sont les employés du secteur administratif qui s’en servent. Mais ceux à qui nous avions pensé être utiles, nous ne les avons pas encore convaincus.“
- 94 -
Exemple de bonnes pratiques: l’entreprise santé, Rasselstein
GmbH Andernach
„Restez en forme, restez avec nous“, tel est le mot d’ordre du projet ThyssenKrupp „Entreprise santé“, mis en place par la SARL Rasselstein GmbH
Andernach en coopération avec la mutuelle minière et sidérurgique, l’union
des mutuelles métallurgiques et la caisse d’assurance maladie Novitas / BKK. Ce projet pilote
centralise toute une série de mesures préventives et de programmes de la médecine du travail
ainsi que de ressources humaines pour tenter d’améliorer dans la durée les conditions de santé
et les performances physiques des travailleurs.
Le projet s’adresse à tous les employés, quel que soit leur âge. Pour les plus de 45 ans, il propose de plus des séminaires et des méthodes de qualification spécialement adaptées à cette
tranche d’âge. Les cadres sont également sensibilisés à cette thématique via des interventions
particulières. Chaque employé signe avec l’entreprise une convention de qualification qui fixe
des objectifs à atteindre, dans le but surtout de motiver les travailleurs âgés à poursuivre leur
formation ou leur reconversion au sein de l’entreprise. En outre, l’entreprise a installé un „point
vitalité“, où chacun peut venir mesurer ses différentes fonctions physiques afin d’assurer un monitoring fonctionnel. Ce test peut permettre de détecter des problèmes causés par l’âge et
d’identifier les surcharges, mais aussi de mettre en évidence les potentiels de chacun, afin de
reconsidérer individuellement l’organisation du travail et de la vie dans une optique de santé.
Pour ce projet et sa prévoyance en matière de ressources humaines, la société Rasselstein
GmbH a reçu le prix „Zukunftsradar 2003“.
Employabilité
L’employabilité décrit « la capacité d’une personne à proposer son travail sur la base de ses
compétences techniques et pratiques, sa capacité à générer une valeur ajoutée et sa performance, à entrer par là même dans la vie active, à garder son emploi et à rechercher si besoin
est une nouvelle activité professionnelle. »102
Source : Blancke, S. u.a. (2000), opt.cit., p. 9
On trouve aujourd’hui de plus en plus de documents sur le concept de l’employabilité ; c’est
également l’un des sujets principaux de la de la stratégie européenne pour l’emploi. Le
concept comprend l’employabilité individuelle d’une part qui a pour but de « renforcer » les
capacités des actifs occupés par la qualification et la formation dans le domaine de
l’autogestion (« self-management ») et de l’autopromotion de leur activité (« self-marketing »)
afin qu’ils puissent répondre aux demandes variables et aux exigences du marché de
l’emploi. En promouvant les ressources humaines, on appuie d’autre part la capacité de réorganisation et d’innovation de l’entreprise (employabilité organisationnelle).103 Vis-àvis d’une
planification de moins en moins sûre, de la dynamisation et flexibilisation des marchés et de
la production et la pression croissante à laquelle sont exposés les entreprises et les salariés
pour s’adapter aux conditions changeantes, on considère comme employable toute personne en mesure de participer activement et durablement à la vie active et sociale. 104 Les
investissements et mesures visant à maintenir l’employabilité des salariés contribuent donc
102
103
104
Cf. Blancke, S. u.a. (2000): Employability („Beschäftigungsfähigkeit“) als Herausforderung für den Arbeitsmarkt – Auf dem Weg zur flexiblen Erwerbsgesellschaft, Stuttgart: Akademie für Technikfolgenabschätzung
in Baden-Württemberg, Arbeitsbericht Nr. 157, S. 9.
Cf. Ibidem.
Cf. TBS-NRW (2004): Projekt – Beschäftigungsfähigkeit im Betrieb (BiB), Ziele und Fragestellungen (Präsentation), Oberhausen.
- 95 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
dans une grande mesure à garantir la capacité de production et d’innovation des entreprises,
même lorsque les effectifs vieillissent. Par ailleurs, l’employabilité est également influencée
par le comportement privé et social de chaque individu.105
Intégrer la qualification et la formation tout au long de la vie dans une culture
d’entreprise motivante pour toutes les tranches d’âge
Tout le monde s’accorde à reconnaître que la qualification joue un rôle décisif dans le cadre
du changement démographique. La demande croissante de main-d’œuvre hautement qualifiée d’une part et la nécessité d’ajuster les qualifications aux besoins changeants d’autre part
soulignent une fois de plus l’importance d’une formation tout au long de la vie. On observe
aujourd’hui une moindre participation des seniors aux activités de formation. On suppose
fréquemment que les seniors notamment sont moins disposés à se former, ce qui n’est manifestement pas le cas. En revanche, il convient de mieux articuler les activités de formation
au sein de l’entreprise en fonction des différents effectifs et de les ajuster en mettant l’accent
sur une qualification continue pour l’ensemble du personnel pour que les salariés ne perdent
pas l’habitude de se former en continu. En résumé, on retiendra la nécessité de mettre en
place une culture d’entreprise motivante qui permette aux salariés de tous âges d’acquérir
les connaissances nécessaires et les qualifications requises. Il faudra également tirer profit
de différentes possibilités d’organisation du travail afin de permettre un échange entre les
générations et un transfert réciproque de connaissances. Les jeunes et les seniors pourront
ainsi s’échanger et profiter de leurs connaissances réciproques.
Exemple de bonnes pratiques : Sollac mise sur une transmission des
savoirs entre les salariés
Sur le site de Sollac à Florange, qui fait partie du groupe sidérurgique européen Arcelor, la Direction de l’entreprise s’investit dans la transmission ciblée
des savoirs entre les salariés. L’aciérie se voit déjà confrontée à quelques problèmes depuis l’an
2000. La Loi Fillon de 2003 permettait aux seniors qui ont commencé à travailler à 14 ans de
prendre leur retraite prématurément, soit à l’âge de 56 ans. De nombreux salariés chez Sollac
ont recouru à cette possibilité et ont quitté l’entreprise relativement vite, parfois même en
l’espace de 2 semaines. L’entreprise a ainsi perdu une main-d’oeuvre précieuse, les salariés
expérimentés disposant de vastes connaissances acquises au fil des années. Face à
d’éventuels plans de fermeture du site, il n’a pas été possible de recruter de jeunes actifs pour
occuper les postes devenus vacants.
Les postes vacants ont été en grande partie occupés en interne, c’est-à-dire par le recrutement
de salariés travaillant sur d’autres sites du groupe. Les salariés recrutés avaient en moyenne 40
ans. Pour pouvoir maintenir la compétitivité de Sollac Lorraine, il s’imposait d’instruire le plus
vite possible les nouveaux entrants dans les processus de production. Cette nécessité s’est cependant heurtée à une difficulté : en effet, les processus de travail impliquent généralement que
les salariés disposent d’une longue expérience pour pouvoir commander les machines sous leur
propre responsabilité. Au regard des circonstances, il a fallu ici qualifier et instruire les nouveaux
salariés en très peu de temps.
Face à de cette situation, un programme spécifique a été mis en œuvre chez Sollac Lorraine.
Ce programme, échelonné sur une période de trois ans (2003-2006), a été réalisé en coopération avec l’Organisation GIPR « Formation tout au long de la vie » et ARACT Lorraine (Associa-
105
Cf. TBS-NRW (2004): Projekt – Beschäftigungsfähigkeit im Betrieb (BiB), Ziele und Fragestellungen (Präsentation), Oberhausen.
- 96 -
tion Régionale d’Amélioration des Conditions de Travail). L’objectif du programme OSMOSE
(Optimisation des Systèmes et Méthodes d’Organisation de Savoir dans l’Entreprise), qui fait
partie du Programme d’Initiative Communautaire EQUAL, est de promouvoir l’échange
d’expériences et la transmission des savoirs entre les générations.
Dans le but d’instruire les nouveaux entrants de manière ciblée dans les méthodes des processus de travail, par exemple dans le fonctionnement de machines, l’accent a été mis sur la démonstration pratique des opérations et processus en petits groupes. Les salariés qui disposent
d’une longue expérience dans l’entreprise et de connaissances détaillées assurent le tutorat des
groupes. Un ouvrier de 50 ans ayant une longue expérience dans le laminoir de Sollac par
exemple ne pouvait continuer à y travailler à la suite d’un accident de travail. Grâce à son expérience et de son savoir, il a pu servir de tuteur aux nouveaux entrants et veiller par là même à un
bon échange d’informations entre les différents groupes de travail. Cette transmission de savoirs
entre les salariés permet d’échanger réciproquement des connaissances, de trouver des solutions aux problèmes et, par là même, d’assurer un apprentissage efficace des techniques de
travail.
Un concept global intégré passe par une analyse de la situation de départ
Tout concept global intégré visant à maîtriser le changement démographique et à améliorer
la situation de l’emploi des seniors passe par un état des lieux dans l’entreprise en tenant
compte en particulier de la répartition des classes d’âge. Toutes les mesures prises par
l’entreprise au niveau de l’organisation du travail et les instruments et concepts de la politique du personnel sont pris en compte dans ce cadre. A partir de là, il est possible de relier
les différents modules existants et de les compléter à l’aide de problématiques concrètes en
développant et en appliquant des mesures ciblées. Eu égard aux effectifs vieillissants, les
entreprises devraient prendre comme modèle le cycle de vie, comme le fait la Communauté
Européenne dans sa stratégie pour l’emploi, afin de tenir compte des besoins spécifiques
découlant de la répartition des classes d’âge. Toutes les réflexions conceptuelles doivent
donc se baser sur une analyse de la répartition des classes d’âge au sein de l’entreprise afin
de déterminer l’impact du processus de vieillissement sur les différents groupes de salariés
et groupes fonctionnels.
« Les entreprises doivent examiner leurs structures et faire des calculs prévisionnels de manière à avoir des informations de base chiffrées. Ensuite, elles doivent rechercher des sujets à
traiter et se demander quels sont les problèmes en suspens. »
Ursula Fuggis-Hahn, Boehringer Ingelheim, Chef du service du personnel Fonctions centrales Allemagne
- 97 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Check-list pour l’analyse de la répartition des classes d’âge et mesures en résultant
Analyse de la répartition des classes d’âge
► Quelle est la répartition des classes d’âge dans l’ensemble de l’entreprise ?
► Quelle est la répartition des classes d’âge dans des secteurs importants de l’entreprise ?
► Quelle est la répartition des classes d’âge dans des groupes fonctionnels importants ?
(cadres, positions clés, maîtres, contremaîtres, personnel qualifié, employés)
► Quelle est la répartition des classes d’âge dans les catégories de qualification ?
(diplômés, ouvriers qualifiés, bacheliers, avec et sans formation professionnelle)
Evolution des effectifs si l’on maintient la politique du personnel actuelle
► Comment évoluera la répartition des classes d’âge en 10 ans ?
► Où sont les secteurs posant problème ? (pénurie de personnel qualifié, recherche de jeunes talents)
► Quels sont les détenteurs de savoir et d’expérience proches de la retraite ?
► Quels sont les jeunes disponibles pour « former des tandems » avec des seniors expérimentés qui quitteront bientôt l’entreprise ?
► L’entreprise peut-elle se permettre des périodes transitoires avec un excédent de jeunes
collaborateurs – quand et dans quels secteurs ou fonctions ?
Mise au point de mesures stratégiques dans le cadre de la politique du personnel pour
répondre au problème
► Quelles sont les mesures à prendre eu égard à la répartition des classes d’âge en général, dans les groupes fonctionnels et les positions clés ?
► A quels secteurs appartiennent ces mesures ? (retraite progressive, formation, qualification, recrutement, etc.)
► Quelles seront les mesures appliquées à court, moyen et long terme (entre 1 et 2 ans, 3 et
5 ans, 5 et10 ans) ?
► Quelle est la priorité de ces mesures (élevée, moyenne, faible) ?
L’analyse de la répartition des classes d’âge devrait déboucher non seulement sur une bonne
base de données, mais aussi sur un ensemble de mesures et une réorientation de la politique
du personnel en conformité avec les estimations relatives aux effets du changement démographique. Les mesures devraient être structurées en fonction des groupes fonctionnels, des
échéances et des priorités afin de pouvoir être traitées de manière ciblée.
Source : Fondation Hans Böckler, Projet « Netzwerk Mitbestimmte Personalarbeit »
106
Exemple de bonnes pratiques: Boehringer Ingelheim se prépare au
vieillissement de son personnel
L’entreprise Boehringer Ingelheim Pharma GmbH & Co. KG est une entreprise active dans la recherche, le développement et la production d’agents
pharmaceutiques et de médicaments destinés au groupe international; ses
activités de marketing et de vente sont gérées depuis l’Allemagne. Dans le secteur pharmaceutique, le groupe Boehringer est le plus important qui soit encore sous contrôle familial. Près de
7.000 employés travaillent sur le site d’Ingelheim, âgés en moyenne de 39 ans et demi.
L’évolution démographique change les cartes
A l’heure actuelle, la plupart des employés âgés quittent l’entreprise avant l’âge de la retraite,
après de longues années de collaboration (en moyenne 29 ans), pour tirer parti d’un modèle de
106
Cf. www.boeckler.de/pdf/ mb_checkliste%20alterstrukturanalyse.pdf
- 98 -
départ progressif à la retraite. L’âge moyen du départ est de 58,5 ans. Vu la structure actuelle
des âges, près de la moitié des employés aura plus de 49 ans en 2020. Partant de ce constat,
et étant donnée la réforme de la loi sur le départ progressif à la retraite, Boehringer Ingelheim se
penche depuis 2004 sur les divers aspects et conséquences de cette évolution. Avant cette
date, diverses mesures et projets étaient déjà ciblés sur ce problème, mais de manière assez
peu systématique. L’entreprise est donc encore moins bien préparée au défi qui se posera en
2009, lorsque les derniers employés auront pris leur congé définitif dans le cadre du départ progressif à la retraite.
Approche: création d’un groupe d’étude démographique
Boehringer Ingelheim a mis en place un groupe composé de membres de la direction des ressources humaines et de délégués du personnel pour analyser les conséquences de l’évolution
démographique générale sur l’entreprise, et pour centraliser et développer les mesures existantes. Dans une première étape, la pyramide d’âges du personnel a été analysée avec l’aide de
consultants externes, puis deux projections ont été élaborées ; l’objectif étant de se faire une
idée détaillée de la situation actuelle ainsi que des perspectives d’avenir. La discussion qui en
résulte soulève une multiplicité de questions, qui sont maintenant traitées successivement par le
groupe de travail, qui se concentre toutefois sur les domaines d’action les plus cruciaux.
Concernant les employés âgés, il s’agit particulièrement des questions de prévention sanitaire,
de comptes épargne temps et de sécurisation financière des collaborateurs via une remise à niveau des retraites.
La prévention sanitaire, une mission cruciale
Conserver des employés performants jusqu’à leur départ régulier, voilà l’un des défis principaux
posés par les réformes actuelles. L’entreprise propose déjà depuis longtemps des mesures de
santé du travail (ergonomie, examens médicaux de prévention, organisation du travail, gestion
du surmenage physique et mental), qu’il convient maintenant de rassembler et d’harmoniser
pour constituer un programme global. Depuis janvier 2006, une coopération avec des médecins
externes permet de proposer aux employés des check-ups préventifs très approfondis, afin
d’identifier les sources principales de surmenage et d’y remédier éventuellement par des méthodes ciblées. Parallèlement, les employés sont consultés et peuvent exprimer leur avis par
voie de sondage ; et par la même occasion, ils sont également sensibilisés aux défis qui seront
posés prochainement à leur entreprise par l’évolution démographique générale.
Par le passé, Boehringer finançait tous azimuts de nombreuses activités sportives, qui ne sont
plus très demandées à l’heure actuelle. Le groupe de travail se propose donc d’adopter une approche plus systématique et de ne plus cibler que des mesures précises. Il s’agit donc, et c’est
sa mission principale pour l’instant, de rassembler toutes les mesures dans un concept global et
de réorienter l’offre à la demande.
Il y a cependant des domaines où la marge de manoeuvre est limitée, par exemple dans le travail par roulement (répartition différente des journées de travail au sein du personnel) où
d’autres mécanismes sont à explorer et à exploiter: „Il arrivera bien un âge où ils ne pourront
plus faire les trois huit. Et alors, il faudra se demander s’il y a d’autres travaux à leur faire faire,
mais aujourd’hui nous ne pensons pas pouvoir offrir d’alternatives.“ Les comptes épargne temps
pourraient représenter une solution permettant de quitter précocement la vie active, avec un
système de retraite correspondant pour compenser partiellement les pertes financières qui en
résulteraient.
Sensibilisation des cadres et du personnel
Mais l’expérience montre que le challenge le plus difficile, dans ce domaine, est de sensibiliser
les personnes (cadres ou non) à ce sujet, afin de les inciter à se prendre en charge ellesmêmes, du moins partiellement: „Leur faire prendre conscience du problème, c’est ce qui va
être le plus dur. Et puis les mener à faire quelque chose eux-mêmes dans ces trois domaines:
prévention sanitaire, retraite, et compte épargne temps. […] Vous n’imaginez pas l’effort que cela représente. A présent, nous ne rêvons plus.“
Pour gérer le problème démographique, il faut une approche systématique et globale, et
de la persévérance
L’approche choisie par Boehringer Ingelheim semble porter ses fruits, puisque les expériences
qui ont déjà été faites dans ce domaine servent de modèle à d’autres entreprises. Boehringer
- 99 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Ingelheim tient à souligner que ce problème ne peut être résolu en passant, et qu’il ne faut en
aucun cas espérer des succès à court terme. Avec l’expérience, l’entreprise estime que la discussion ne doit pas se concentrer sur les problèmes de chaque groupe distinct (comme par
exemple les employés âgés), mais que c’est en s’axant plus fortement sur les chances et les
opportunités de toutes les tranches d’âge et de tous les groupes de personnes (ainsi les femmes ou les jeunes) que l’on peut faire face de manière adéquate aux mutations démographiques: “Faire quelque chose dans ces domaines, cela nous aide, nous les entreprises, mais cela
aide aussi les individus.“
Il est indispensable de sensibiliser les salariés et les dirigeants
Les concepts visant à maîtriser le changement démographique au sein de l’entreprise doivent également associer les cadres et les salariés. Il ne suffit pas d’analyser systématiquement les problèmes et de mettre au point des stratégies d’action pour mettre en pratique les
concepts développés. Il est indispensable de sensibiliser les dirigeants pour garantir un dialogue responsable avec les travailleurs âgés.107 Les entreprises ont certes la possibilité de
renforcer l’employabilité des travailleurs en aménageant le temps de travail en vue d’un vieillissement actif et en bonne santé, mais elles n’ont guère d’influence sur les activités récréatives de leurs salariés.108 Il est donc extrêmement important d’associer les dirigeants de
l’entreprise pour sensibiliser les salariés. Les dirigeants font office de multiplicateurs à
l’intérieur de l’entreprise, informent et sensibilisent le personnel à ces questions. Enfin, leur
position leur permet d’influencer directement les aspects ayant trait à l’organisation du travail. Ce travail de sensibilisation ne consiste pas seulement à faire prendre conscience aux
entreprises des conséquences du changement démographique, mais également d’associer
dirigeants et salariés dans les différentes entreprises au processus de maîtrise de ce changement démographique.
« Nous devons sensibiliser les gens, la plupart d’entre eux n’ont pas encore compris ce qui les
attend. »“
Jürgen Hess, Daimler Chrysler Wörth, comité d’entreprise
107
108
Ceci ressort entre autres très clairement de l’exemple sur la gestion de la santé chez Daimler Chrysler Wörth.
Ainsi, la responsabilité individuelle des salariés, notamment lors de leurs loisirs, a été évoquée dans le cadre
de réunions d’experts de l’Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi au sein des entreprises afin que
les efforts faits dans les entreprises pour réduire la charge de travail des salariés ne soient pas contrecarrés
par d’autres activités, par ex. par la construction d’une maison individuelle.
- 100 -
Exemple de bonnes pratiques : Campagne de sensibilisation „MIDlife CHALLenge 45+“ (MIDCHALL)
L’Agence pour l’emploi de la communauté germanophone de Belgique, dans
le cadre du projet EQUAL MidChall qui a duré de 2001 à 2003, a testé avec
ses partenaires109 des méthodes et outils de réinsertion ou de maintien sur le
marché de l’emploi pour les travailleurs de plus de 45 ans. Un sondage a été mené auprès des
entreprises, parallèlement au lancement d’une campagne de sensibilisation.
Conformément à d’autres enquêtes comparables, l’étude menée auprès des entreprises de la
communauté germanophone montre bien qu’il y a complémentarité de compétences et de prestations entre les travailleurs jeunes et leurs aînés. Mais elle montre également que le départ
précoce à la retraite est généralement considéré comme un outil social utile pour garantir
l’emploi des jeunes. En conclusion, l’enquête cite un certain nombre de leviers essentiels pouvant servir à améliorer la situation des travailleurs âgés.
Durant toute l’année 2003, une campagne de sensibilisation a tenté de mettre en lumière les potentiels spécifiques aux travailleurs âgés, grâce à une série de produits marketing spécialement
développés (logo, brochures d’information, spots radio, internet).
Ce projet a attiré l’attention de certains employeurs sur ce sujet; des demandeurs d’emploi ont
également témoigné de réactions positives et se sont sentis personnellement encouragés.
L’agence pour l’emploi de la communauté germanophone note un accroissement du taux de
placement et de reformation dans le cadre du projet „MidChall 45+“, et estime que cette amélioration est due en partie à la campagne de sensibilisation.
Associer les acteurs extérieurs à l’entreprise, regrouper et combiner les aides
Il existe déjà de nombreuses recommandations sur l’aménagement du travail pour pouvoir
satisfaire aux défis posés par le vieillissement des effectifs.110 Ces recommandations doivent
toutefois être ajustées aux caractéristiques des entreprises. Si les grandes entreprises sont
prêtes à relever les défis du changement démographique,111 elles seront en mesure de maîtriser elles-mêmes la situation du fait de leurs structures et des avantages que représente
leur taille. En revanche, il est probable que les petites et moyennes entreprises devront être
assistées. C’est aux chambres et aux acteurs extérieurs à l’entreprise que revient la tâche de
sensibiliser les entreprises aux défis à relever et de les aider à agir et à aménager le travail.
Vu que de nombreuses entreprises ne se sont pas encore vraiment penchées sur les conséquences du changement démographique, il faut s’attendre à ce qu’un grand nombre d’entre
elles se retrouve dans une position difficile. Il est donc particulièrement important de regrouper et de combiner les différentes aides proposées afin de pouvoir assister ces entreprises
rapidement et de manière ciblée.
109
110
111
Ont participé à ce partenariat: le Conseil économique et social de la communauté germanophone de Belgique, le Service d’aide aux personnes handicapées, l’Université populaire, la ligue « vie féminine »,
l’association Kulturelle Aktion und Präsenz (KAP), ainsi qu’Implacement – ibis acam.
Peuvent être cités à titre d’exemple : Köchling, A. (2004): Projekt Zukunft – Leitfaden zur Selbstanalyse altersstruktureller Probleme in Unternehmen, Dortmund: GfAH Selbstverlag; Bertelsmann Stiftung, Bundesvereinigung der Deutschen Arbeitgeberverbände (Hrsg.) (2005): Erfolgreich mit älteren Arbeitnehmern, Strategien und Beispiele für die betriebliche Praxis, Gütersloh; Buck, H. u.a. (2002): Demographischer Wandel in
der Arbeitswelt, Chancen für eine innovative Arbeitsgestaltung, Stuttgart; Hans Böckler Stiftung
www.boeckler.de/cps/rde/xchg/SID-3D0AB75D-E099F0F0/hbs/hs.xsl/29576_29410.html
Les grandes entreprises étant le plus souvent attrayantes pour les demandeurs d’emploi, elles ne ressentent
pas aussi cruellement que les petites entreprises les changements au niveau de la main-d’œuvre disponible.
Par contre, elles devront elles aussi, pour les salariés hautement qualifiés, « se battre pour obtenir les meilleurs candidats ».
- 101 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Exemple de bonnes pratiques : KomKon – « Préserver les compétences dans l’artisanat »
Le projet KomKon a démarré en janvier 2005 à l’initiative de la Chambre des
Métiers de « Rheinhessen ». Il vise les petites et moyennes entreprises artisanales. Le projet
se décline en trois niveaux et en est encore à ses tout débuts. Il est centré sur la qualification
des entrepreneurs ainsi que sur l’utilisation optimale et la préservation des compétences des
employés afin de pouvoir couvrir les besoins de personnel qualifié et de jeunes actifs attendus
face au changement démographique.
Qualification et sensibilisation des entrepreneurs et des salariés
Des instruments et concepts en matière de gestion d’entreprise et de gestion du personnel sont
mis à disposition et développés pour aider les entreprises à maîtriser le changement démographique. La première phase du projet comprend des séminaires pour entrepreneurs sur la manière de motiver le personnel, sur les mesures ayant trait à la santé au sein de l’entreprise et sur
l’efficience de l’organisation de l’hygiène et de la sécurité du travail. La seconde étape consistera à organiser des ateliers pour les employés des entreprises ; ces ateliers porteront sur la santé
et des formations adaptées aux besoins des salariés. Les employés doivent être incités à agir
de matière préventive et sensibilisés aux questions de santé et d’employabilité des effectifs vieillissants. Enfin, des apprentissages pratiques spécifiques à chaque entreprise permettront de
mettre au point des solutions individualisées.
Avantage : Une mise en œuvre ajustée aux besoins de l’entreprise
Le projet KomKon présente ainsi de grands avantages pour les petites et moyennes entreprises
artisanales au niveau de la politique économique et de la politique de l’entreprise. Ceci est
d’autant plus important qu’elles auront à faire face à d’autres défis du changement démographique que les grandes entreprises. En sensibilisant les entrepreneurs, les cadres et les employés
et en mettant en place des concepts individualisés, KomKon crée un fondement stable pour positionner l’entreprise à long terme sur le marché et maintenir les compétences au sein de
l’entreprise.
4.1.3
Conclusions
Les défis posés par le changement démographique obligeront à agir dans différents
domaines politiques
L’amélioration de la situation de l’emploi des seniors passe obligatoirement par une réduction de leur charge de travail et le changement d’attitude des entreprises vis-à-vis de cette
catégorie de salariés. Ce comportement est déterminé en partie par les conditions réglementaires, tarifaires et socio-politiques. Tous les secteurs devront s’adapter à la réalité démographique pour pouvoir accroître la participation des seniors à la vie active. La politique visant à
promouvoir un vieillissement actif implique un partenariat fort et un dialogue social, notamment dans les domaines de la rémunération basée sur la productivité et la performance,
l’organisation du travail, la sécurité et la protection de la santé sur le lieu de travail, la formation tout au long de la vie, l’ajustement des réglementations sur la pré-retraite et les systèmes de gestion de l’âge.112 Face aux défis posés, les partenaires sociaux ont pour tâche de
trouver un compromis sain qui permette d’une part de préserver l’employabilité et la qualité
de vie pour les seniors mais aussi pour toutes les autres classes d’âge pendant toute leur vie
112
Cf. Špidla, V. (2006): Europäische Beschäftigungsstrategie und die Förderung der Beschäftigung älterer
Arbeitnehmer, in: Sproß, C. (Hrsg.) (2006): Beschäftigungsförderung älterer Arbeitnehmer in Europa, (Beiträge zur Arbeitsmarkt- und Berufsforschung, BetrAB 299), Nürnberg: Institut für Arbeitsmarkt und Berufsforschung, IAB, S. 11.
- 102 -
active et au-delà (approche « cycle de vie »), d’autre part de garantir le bon fonctionnement
des systèmes de protection sociale.
Enfin, et malgré tous les efforts, il est indispensable de veiller à de bonnes conditions
macroéconomiques pour prolonger la vie active et améliorer l’activité et le niveau d’emploi
des seniors.113
La politique de qualification revêt une grande importance pour le maintien de
l’employabilité et l’amélioration de l’insertion
Eu égard à la baisse de la population active potentielle et au progrès technique constant, le
savoir et la qualification seront encore plus importants à l’avenir. Dans ces conditions, la politique de qualification des entreprises doit veiller à ce que les salariés puissent se qualifier
afin de pouvoir contribuer activement à la création de richesse même lorsqu’ils atteignent un
certain âge. Ceci contribue d’ailleurs, dans un ordre de grandeur non négligeable, à maintenir leur employabilité, mais aussi à garantir la capacité de production, l’innovation et la compétitivité des entreprises.
Les disparités dans le niveau de formation des salariés et des chômeurs âgés de 55 à 64
ans montrent clairement que la politique de qualification est le principal défi à relever pour
permettre aux seniors d’accéder plus facilement à l’emploi. Le rehaussement du niveau global de qualification et la transmission de savoirs pratiques répondant aux besoins des entreprises – appuyés par des aides supplémentaires à l’intégration – jouent donc un rôle important pour accroître les chances d’emploi des seniors.
Dans le cadre du changement démographique, il est indispensable de changer
d’attitude vis-à-vis des travailleurs âgés
Les entreprises emploieront à l’avenir un nombre nettement plus important de seniors. Il est
donc dès aujourd’hui indispensable que les entreprises s’y préparent en ajustant leur organisation du travail afin qu’à long terme les salariés puissent effectuer ces activités plus longtemps. Le vieillissement des effectifs ne doit pas être considéré comme une menace mais
comme une opportunité nous permettant d’améliorer la qualité des emplois. L’expérience
montre que les entreprises découvrent de nombreux aspects positifs lorsqu’elles se penchent sur cette thématique et que la crainte générale de voir baisser la performance, la capacité de formation et d’innovation avec l’âge ne correspond pas à la réalité. Il est indispensable ici de repenser tous ces aspects. Le constat de Vladimir Špidla, commissaire pour
l’emploi, les affaires sociales et l’égalité des chances de la Commission Européenne à
Bruxelles s’applique tout à fait aux défis posés par le changement démographique dans les
entreprises et les domaines politiques concernés : « Les travailleurs âgés ne [sont] pas
une partie du problème en Europe – ils sont partie de la solution. »114
113
114
Cf. Commission des Communautés Européennes (2004) : Communication de la Commission au Conseil, au
Parlement Européen, au Conseil Economique et Social Européen et au Comité des Régions – Rehaussement du taux d’emploi des seniors et de l’âge de départ à la retraite, Bruxelles, p. 8.
Ibidem, p. 7.
- 103 -
4.1 Situation et perspectives de la participation des seniors à la vie active
Pour relever les défis, il faut sensibiliser tous les acteurs et promouvoir l’approche
démographique …
Le changement démographique est certes depuis peu thématisé de plus en plus dans les
discussions publiques, mais seules quelques rares personnes se sentent personnellement
concernées – que ce soit au niveau des entreprises ou des particuliers. Les entreprises,
leurs dirigeants et leurs salariés, ne pourront trouver une solution aux défis du changement
démographique que si leur coopération est étroite. Des instruments appropriés (multiplicateurs) devraient donc permettre de lancer ou de renforcer les discussions sur la situation
personnelle et les conséquences probables.
…et ceci demande beaucoup de temps
Au stade actuel, les entreprises de la Grande Région viennent juste de commencer à se
pencher sur le problème du changement démographique. Le problème étant plus pressant
dans les régions allemandes, ces dernières, et la Rhénanie-Palatinat, notamment sont plus
avancés dans les discussions relatives aux effectifs vieillissants que les régions voisines. En
Lorraine et au niveau de la France, les différents acteurs n’ont pas encore mis au point de
nouveau modèle sur la question du vieillissement dans les entreprises ; la France, comparée
à ses voisins, est encore au début de ses réflexions.115 Il reste encore beaucoup à faire pour
que les salariés se rendent compte qu’ils sont eux-mêmes touchés par les conséquences. Le
temps pressant, les entreprises et les salariés doivent agir avec urgence.
« [On a besoin] de beaucoup – vraiment beaucoup – de temps. Il n’y a rien à faire à court
terme. (...) Nous savons dès aujourd’hui que nous n’aurons pas de solutions globales d’ici
2010. Nous avons besoin d’une perspective à long terme et, bien sûr, de capacités. Sans la
compétence nécessaire, cela ne fonctionnera pas. On ne peut travailler accessoirement sur un
tel complexe. »
Axel Baumann, Boehringer-Ingelheim, président du comité d’entreprise
115
Cf. Ecole nationale d’administration (ENA) : Gestion des âges – Le viellissement de la population française et
ses conséquences sur les politiques publiques. Séminaire de questions sociales de la promotion « Nelson
Mandela » (1999-2001).
- 104 -
4.2
Activité féminine dans le contexte de la conciliation de la vie
professionnelle et de la vie familiale
L’accroissement du taux d’emploi des femmes et les mesures en faveur de l’égalité des
chances entre les femmes et les hommes ont représenté pour les acteurs en matière de politique d’emploi un champ d’action essentiel pendant les années et les décennies précédentes. En dépit des progrès réalisés entre-temps, les études de provenance variée ainsi que
les expériences pratiques démontrent qu’il reste toujours de nombreux défis à relever en
matière d’égalité des chances entre les femmes et les hommes.116 La différence entre les
femmes et les hommes sur le marché de l’emploi représente un thème de plus en plus central du débat politique, économique et social. Face au vieillissement de la population et au
nombre décroissant de personnes actives, et compte tenu des répercussions qui en résultent
pour l’économie, le marché de l’emploi et les systèmes d’assurance sociale, il s’est également avéré qu’économiquement l’exploitation du potentiel de performance et de qualification
des femmes représente une ressource indispensable capable d’assurer à long terme la
compétitivité et la force d’innovation de l’économie dans le cadre du changement des structures économiques et démographiques.
Il est indispensable de renforcer la conciliation entre la vie professionnelle et la vie de famille
pour inciter un plus grand nombre de femmes à participer à la vie active et encourager un
plus grand nombre d’hommes à assumer, plus que jusqu’à présent, les tâches familiales.
Dans la Grande Région, comme dans presque tous les Etats membres de l’UE, on observe
que les femmes qui ont des enfants sont moins présentes sur le marché de l’emploi que les
femmes sans enfants. Chez les hommes, la situation est inversée : les hommes qui vivent
avec des enfants dans un ménage travaillent plus souvent que les hommes qui n’ont pas
d’enfants.117 Parallèlement, on observe dans presque tous les pays d’Europe occidentale
que les femmes hautement qualifiées notamment renoncent plus facilement à des enfants
qu’à leur autonomie et évolution professionnelle. Si les hommes et les femmes peuvent
concilier leur vie professionnelle et leurs obligations familiales, ils auront davantage
d’enfants, garantissant ainsi l’avenir de notre société. Face à cette situation, le sujet de la
conciliation entre vie familiale et professionnelle figure actuellement en tête de l’agenda politique de la plupart des pays.
4.2.1
Natalité et principales données sur la situation sur le marché de
l’emploi
Face à une société vieillissante, l’équilibre entre vie professionnelle et vie de famille pour les
hommes et femmes peut non seulement entraîner une hausse de la natalité, mais est également nécessaire au niveau économique pour réagir de manière adéquate à la pénurie menaçante de main-d’oeuvre qualifiée et garantir globalement l’efficience de l’emploi. La compatibilité entre vie familiale et vie professionnelle est l’une des tâches prioritaires de la politique de l’emploi et constitue, avec les questions apparentées de l’égalité des chances et de
« Work-Life-Balance », un champ d’action important permettant aux entreprises et à l’Etat de
116
117
Cf. p.ex. en résumé: Europäische Kommission, GD Beschäftigung, soziale Angelegenheiten und Chancengleichheit (2006): Bericht zur Gleichstellung von Frauen und Männern 2006. Luxemburg: Amt für amtliche
Veröffentlichungen der Europäischen Gemeinschaften.
Cf. Bothfeld, S. et. al. (2005) : WSI FrauenDatenReport 2005. Handbuch zur wirtschaftlichen und sozialen
Situation von Frauen. (Forschung aus der Hans-Böckler-Stiftung; 66), Berlin, p. 172f.
- 105 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
relever les défis posés par le changement démographique. Les contraintes auxquelles sont
soumis les travailleurs augmenteront non seulement dans le cadre professionnel, mais également dans la vie privée compte tenu des multiples mutations sociales. Citons par exemple
le nombre croissant de familles monoparentales, la nécessité de plus en plus fréquente
d’avoir deux revenus pour garantir l’existence d’un ménage ou la prise en charge de personnes âgées venant s’ajouter aux charges de la famille traditionnelle à un enfant.118
Disparités dans les taux de natalité pour un taux d’emploi des femmes globalement
faible dans la Grande Région
Dans tous les pays d’Europe occidentale, le taux de natalité est inférieur à 2,1 enfants par
femme et, par là même, inférieur au taux de renouvellement de la population. La Grande
Région est également concernée par ce phénomène. Néanmoins, le nombre d’enfants varie
sensiblement selon les composantes régionales : il va de 12 et 11,7 enfants nés vivants pour
1000 habitants en 2004 au Luxembourg et en Lorraine à des valeurs de seulement 8,2 et 7,2
en Rhénanie-Palatinat et en Sarre,119 soit une différence de quelque 40% qui n’est pas facile
à expliquer, surtout si l’on regarde de plus près les taux d’emploi des femmes dans les différentes composantes de la Grande Région. Alors qu’en Europe, la fécondité a tendance à
augmenter avec la participation à la vie active,120 on observe dans la Grande Région des
divergences par rapport à cette tendance, voire même des évolutions opposées. La comparaison interrégionale montre que les régions allemandes affichent le taux d’emploi et le pourcentage le plus élevé de femmes dans la population active globale – mais ont simultanément
le taux de natalité de loin le plus faible (cf. tableau). Le rapport est inversé dans les composantes francophones de la Grande Région, notamment en Wallonie et en Lorraine où le taux
de natalité est supérieur à la moyenne mais les taux d’emploi des femmes sont sensiblement
inférieurs à la moyenne.
Tableau 4.4 : Principales données sur la situation des femmes dans la Grande Région
Région
Saarland
Rheinland-Pfalz
Wallonie
Lorraine
Luxembourg
GR. Région
1
2
Taux de natalité général1
7,2
8,2
11,1
11,7
12,0
9,9
Taux
d’emploi des
femmes2
54,3
56,9
46,9
48,4
50,6
51,7
Part des
femmes à
l’emploi2
43,4
43,7
42,5
42,2
40,7
43,7
Taux de travail partiel
des femmes2
48,3
46,6
40,1
37,6
40,2
43,0
Taux de
chômage
des femmes2
7,4
6,7
13,7
13,0
6,9
10,0
Année : 2002 ; unité : enfants nés vivants pour 1000 habitants ; source : Annuaire statistique de la Grande Région 2004
Année : 2004 ; Source : Eurostat – Enquête sur les Forces de Travail (actifs résidents) ; calculs : IBA / OIE
118
119
120
Bundesministerium für Familie, Senioren, Frauen und Jugend (éditeur) (2003): Betriebswirtschaftlicher Effekte familienfreundlicher Maßnahmen – Kosten-Nutzen-Analyse, Berlin.
Grande Région au total : 9,9 enfants nés vivants pour 1 000 habitants (source : statistiques en bref 2006) ;
les données au niveau interrégional pour la natalité (enfants par femme) ne sont pas disponibles.
L’Islande affiche l’un des taux de natalité les plus élevés en Europe (1,93 enfant par femme), sachant que
presque 90% des femmes ont un emploi. Dans d’autres pays où les taux d’activité sont élevés, tels que la
Norvège, le Danemark et la Suède, le taux de natalité est proche du taux de reproduction. A l’inverse, les
pays dans lesquels un peu plus de la moitié des femmes âgées de 15 à 54 ans ont un emploi comme
l’Espagne, l’Italie ou la Grèce affichent les taux de natalité les plus faibles tendant parfois même vers 1. (cf.
European Commission, Directorate-General for Employment, Social Affairs and Equal Opportunities (éditeur)
(2006) : Reconciliation of Work and Private Life: A Comparative Review of Thirty European Countries. EU
Expert Group on Gender, Social Inclusion and Employment (EGGSIE); Luxembourg: Office for Official
Publications of the European Communities, (Manuscript completed in September 2005).
- 106 -
L’interprétation des valeurs luxembourgeoises doit être différenciée : Les femmes étrangères
vivant au Grand-Duché ont à la fois un taux de natalité plus élevé121 et un taux d’activité supérieur à celui des femmes luxembourgeoises, ce qui est globalement nivelé dans le taux
d’emploi global.122 Par ailleurs, il faut tenir compte du pourcentage élevé de frontaliers qui
n’est pas compris dans les chiffres d’Eurostat (actifs résidents). Si l’on rapporte ces chiffres
aux frontalières employées au Luxembourg, on constate que leur part a sensiblement augmenté au cours des dernières années. Elles ont pu profiter dans une grande mesure de la
demande persistante de main-d’oeuvre au Luxembourg. Néanmoins, le pourcentage de
femmes ne représente qu’environ un tiers du total des frontaliers employés au Luxembourg.123
On trouve deux grands modèles dans la Grande Région : un taux de natalité élevé
pour un taux d’emploi faible d’une part, une plus grande intégration dans le marché de
l’emploi avec une renonciation plus prononcée aux enfants d’autre part
On identifie dans la Grande Région différents modèles de base : D’un côté, la Lorraine et la
Wallonie avec des taux de natalité relativement élevés et une présence des femmes sur le
marché de l’emploi inférieure à la moyenne – ce que documentent également les taux de
chômage élevés plus que proportionnellement dans les deux régions. De l’autre, la Rhénanie-Palatinat et la Sarre où le pourcentage de femmes ayant un emploi est nettement plus
important, ces femmes renonçant manifestement plus souvent à avoir des enfants. Le
Luxembourg se place entre ces deux scénarios et joue un rôle particulier du fait de sa situation économique et de sa structure spécifique de la population.
Facteurs exerçant une influence sur la participation à la vie active et sur la conciliation
de la vie familiale et de la vie professionnelle : âge, nombre d’enfants, situation familiale …
Les principaux facteurs influençant l’offre de travail et la participation des femmes à la vie
active sont avant tout l’âge, le nombre d’enfants et la situation familiale. Pour le Luxembourg,
il faudrait y ajouter le revenu familial disponible.124 S’y ajoute un autre facteur important, à
savoir le niveau de formation et, indirectement, le type d’activité et le niveau du salaire dès
lors qu’il s’agit de savoir si les femmes, après avoir eu un enfant, continuent à exercer un
emploi ou se retirent de la vie active. Ainsi, les femmes disposant d’une plus haute formation
scolaire exercent plus souvent une activité professionnelle que les femmes moins qualifiées.
On observe la même tendance dans la baisse du taux d’emploi avec plusieurs enfants : elle
121
122
123
124
Au fil du temps, on observe également que la fécondité des femmes étrangères se rapproche du faible taux
de natalité des femmes luxembourgeoises.
Les ressortissantes luxembourgeoises représentaient en 2003 un taux d’emploi de 49,9%. En comparaison,
le taux d’emploi des femmes d’origine étrangère habitant au Grand-Duché, était bien supérieur à cette valeur,
exception faite des femmes d’origine italienne (48,6 %). Au premier rang se trouvaient les femmes portugaises (66%), suivies des belges (65,8%) et des françaises avec et 64,2%. Cf. Guastalli, E. / Lejealle, B. / Lorentz, N. (2004) : Les femmes et le marché de l’emploi. Actualisation 2004. Division Panel Ménages
CEPS/INSTEAD, Document de recherche n° 2004-26, Luxembourg, pp. 16 et s.
Si l’on rapporte ce chiffre aux actifs résidents, les femmes représentent quatre actifs sur dix au Luxembourg
soit le pourcentage le plus faible de la Grande Région.
Au Luxembourg, le revenu d’une seule personne (le plus souvent l’homme), complété par les prestations
familiales, permet à de nombreux ménages de bien vivre. Dans ces cas, un deuxième revenu n’est pas nécessaire pour la protection financière du ménage. Cf. CRD EURES Lorraine (2006): Dossier sur les femmes
en Europe et Grande Région, synthèse, Observatoire interrégional du marché de l’emploi).
- 107 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
est moins prononcée chez les femmes hautement qualifiées que chez les femmes peu formées.125
En Lorraine par exemple, le taux d’activité des femmes ayant un enfant est de 78%. Il passe
à 66% avec le deuxième et à 50% avec le troisième enfant. Si, parmi ces trois enfants, le
plus jeune a moins de trois ans, le taux d’activité des Lorraines passe à 37%.126 Ces tendances, même si l’accent peut être différent, pourraient être observées dans toutes les composantes de la Grande Région.
… conditions socio-économiques et réglementaires, structures d’accueil des enfants
et temps de travail
Il existe des disparités sensibles au niveau des conditions socio-économiques et réglementaires selon les pays et les régions. Ces conditions ont de multiples effets sur la participation
des femmes à la vie active et sur la compatibilité de la vie de famille et de la vie professionnelle. Outre la situation économique, la qualité et la structure du travail proposé aux femmes,
on citera en premier lieu la politique fiscale et les systèmes de protection sociale qui incitent
les femmes à accéder à l’emploi ou à se retirer de la vie active. Par ailleurs, l’ampleur et la
qualité des structures d’accueil des enfants de même que les horaires et la durée du travail,
éléments visibles et aménageables au quotidien, jouent un rôle essentiel dans la recherche
de solutions au problème de compatibilité.
4.2.2
Travail à temps partiel
Les taux de travail à temps partiel varient fortement selon les composantes de la
Grande Région
Le travail à temps partiel est l’une des formes de travail les plus connues pour concilier la vie
de famille et la vie professionnelle. On observe cependant des différences prononcées entre
les composantes de la Grande Région (cf. tableau) : les taux d’emploi relativement élevés
des femmes en Sarre et en Rhénanie-Palatinat sont essentiellement dus au travail à temps
partiel qui, comme le montre la comparaison interrégionale, est supérieur à la moyenne. Le
travail à temps partiel permet à un grand nombre de femmes, après la naissance de leurs
enfants, de (ré)intégrer la vie active. Cette forme de travail est particulièrement répandue dès
le premier enfant en Allemagne, mais aussi au Luxembourg – un signe montrant que, dans
ces régions, la garde des enfants est difficilement compatible avec une activité professionnelle (à plein temps).127 Ces chiffres montrent simultanément que les structures d’accueil des
enfants en bas âge sont encore insuffisantes. Le travail à temps partiel permet de s’occuper,
temporairement du moins, de ses enfants sans abandonner l’entreprise ou l’activité professionnelle.
125
126
127
Ces liens sont observés dans la grande majorité des Etats membres européens, cf. EUROSTAT (éditeur)
(2005): Vereinbarkeit von Familie und Beruf: Unterschiede zwischen Frauen und Männern. Statistik kurz gefasst (Bevölkerung und Lebensbedingungen), numéro 4/2005.
Cf. INSEE (éditeur) (2006): L’activité des femmes : une priorité pour l’économie lorraine. Économie Lorraine,
n° 45.
Cf. EUROSTAT (éditeur) (2005): Vereinbarkeit von Familie und Beruf: Unterschiede zwischen Frauen und
Männern. Statistik kurz gefasst (Bevölkerung und Lebensbedingungen), numéro 4/2005. L’activité à plein
temps des femmes en Allemagne par ex. est compliquée par des réglementations au niveau de la politique
sociale et du système fiscal, alors que l’inactivité et l’activité à temps partiel de l’épouse sont encouragées.
Le congé parental (autrefois congé d’éducation) et la reconnaissance de périodes assimilées au niveau de la
retraite sont d’autres facteurs incitant les femmes soit à se retirer de la vie active soit à travailler à temps partiel après la naissance d’un enfant.
- 108 -
En Lorraine, les femmes ont beaucoup plus rarement un emploi à temps partiel. Avec 37,6%,
elles affichent de loin le taux le plus faible dans la Grande Région, juste supérieur à la
moyenne de l’UE des 15 (35,1% en 2004). En France, on observe que les femmes recourent
davantage au travail partiel à partir du deuxième enfant. Le travail à temps partiel n’est pas
la forme de travail privilégiée en France pour résoudre le problème de compatibilité de la vie
familiale et de la vie professionnelle. En Lorraine, les emplois à temps partiels sont principalement occupés par les jeunes femmes et les femmes en situation professionnelle difficile.
La plupart des Françaises préfèrent exercer une activité à plein temps et n’interrompent en
général leur activité professionnelle que pour une courte durée après la naissance de leurs
enfants.
Travail à temps partiel : souvent indispensable pour les femmes ...
Après la naissance de leurs enfants, le travail à temps partiel peut être un facteur important
permettant aux femmes (et en principe aussi aux hommes) de concilier la vie de famille et la
vie professionnelle. De plus, de nombreuses femmes ont réussi dans la Grande Région à
accéder à l’emploi, avec une tendance à la hausse depuis des années, grâce à l’extension
importante du travail à temps partiel dans le secteur tertiaire, même s’il existe des disparités
régionales. Le travail à temps partiel, quelle que soit l’option choisie, reste toutefois une
forme de travail privilégiée par les femmes. Dans toutes les régions, le pourcentage des
hommes travaillant à temps partiel est infime et inférieur à la moyenne européenne (UE des
15). C’est notamment le cas au Luxembourg et en Sarre où, selon Eurostat, un pourcentage
modeste, soit 2,7 et 3,7%, des hommes exerce une activité à temps partiel (Grande Région
dans son ensemble : 5,6%; UE des 15 : 7,2%). Beaucoup d’hommes considèrent le travail à
temps partiel comme une sorte de tremplin pour accéder à un emploi à plein temps et moins
comme une forme d’activité axée sur la situation familiale et acceptée par la société, comme
c’est le cas pour la majorité des femmes qui exercent une activité à temps partiel. Par ailleurs, il n’y a guère pour les hommes d’incitations sur le marché de l’emploi à exercer une
activité à temps partiel dans une région comme le Luxembourg connaissant une prospérité
économique avec une demande élevée et persistante de main-d’œuvre (à plein temps). Cependant, le facteur de loin plus important semble venir des risques spécifiques au travail à
temps partiel.
… mais souvent lié à d’énormes inconvénients quant à la qualité du travail et à la protection matérielle et sociale
Outre le fait que cette forme de temps de travail est faite sur mesure pour une certaine partie
de la population, les employés à temps partiels subissent les inconvénients liés à ce statut
notamment au niveau de l’évolution professionnelle et de la protection matérielle et sociale.
Bien que les pourcentages augmentent depuis des années dans la Grande Région, l’offre
d’emplois à temps partiel, notamment d’emplois qualifiés, est toujours insuffisante pour permettre aux femmes d’exercer une activité professionnelle et de subvenir à leurs besoins en
dehors de leur « rôle de revenu supplémentaire ». Les offres d’emploi à temps partiel restent
souvent limitées à des activités peu motivantes au niveau de la qualité, de la thématique et
de la rémunération. Dans les activités plus qualifiées et les postes de cadres, le travail à
temps partiel ne joue qu’un rôle minime. Beaucoup d’employeurs hésitent apparemment toujours à proposer le travail à temps partiel dans le cadre d’activités hautement qualifiées et les
principaux secteurs de l’activité commerciale. On attend souvent des salariés occupant une
position hiérarchique élevée une disponibilité pratiquement illimitée. Par contre, les exemples
- 109 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
pratiques montrent qu’il est tout de même possible de mettre en place avec succès les modèles de travail à temps partiel pour les cadres supérieurs.
Exemple de bonnes pratiques : « Diriger à temps partiel »
Lancé à l’initiative du Ministère de la culture, de la jeunesse, de la famille et de
la condition féminine du Land de Rhénanie-Palatinat, le projet « Diriger à temps
partiel » bénéficie par ailleurs d’un encadrement scientifique. Partant de la
constatation que les femmes ne sont qu’extrêmement peu représentées aux postes de direction
dans le secteur public notamment, il va être vérifié si toutes les fonctions de direction de
l’administration publique sont compatibles avec un travail à temps partiel et différentes variantes
de réduction du temps de travail de 20 à 50 % vont être testées. L’objectif est de parvenir, après
une phase d’essai, à étendre cette campagne à l’administration de tout le pays.
Mise en œuvre efficace de modèles à temps partiels
Visant les cadres inférieurs et moyens, le projet a tout d’abord été testé dans trois secteurs pilotes (la police, l’enseignement et l’administration). Les premières réactions des participants faisaient état, dès les débuts de cette initiative, de résultats majoritairement positifs. Des enquêtes
anonymes adressées aux groupes cibles et des séries de workshops ont ainsi montré qu’il existait une demande en matière de travail à temps partiel et que la campagne suscitait un vif intérêt. Un projet partiel a de ce fait été lancé en octobre 2001 au sein de l’administration du Kreis
de Ludwigshafen. Les tâches du ou de la fonctionnaire supérieur(e) – jouant le rôle d’interface
entre l’administration du Land et l’administration communale – ont ici été réparties à volume égal
entre deux fonctionnaires, une femme et un homme (ce dernier bénéficiant du régime de
« temps partiel vieillesse »). Ce modèle, conçu sur mesure pour l’équipe, prévoit deux domaines
de compétences clairement délimités et fonctionne parfaitement dans la pratique.
Des objectifs intéressants pour un nombre accru de protagonistes
L’accueil positif qu’a reçu la campagne met en lumière le fait qu’il existe chez les dirigeants également des besoins à satisfaire en matière de possibilités de travail à temps partiel. Ce projet
doit également favoriser le travail à temps partiel chez les hommes. Il doit ainsi contribuer à un
changement des mentalités et va donc dans le sens d’un accroissement de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Le projet « Diriger à temps partiel » offre ainsi une possibilité d’augmentation de la part des femmes à des postes de direction et promeut la compatibilité
entre vie de famille et vie professionnelle.
Moduler la durée du travail pour répondre aux besoins des familles
Dans le cadre des tendances à la flexibilisation dans les entreprises, on observe que le travail à temps partiel est dans certains cas de plus en plus caractérisé par des horaires irréguliers, fixés au dernier moment et souvent répartis sur toute la journée. Les femmes qui doivent respecter des horaires fixes (heures d’ouverture des écoles, des structures d’accueil
des enfants, etc.) risquent de ne plus pouvoir répondre à cette demande de souplesse des
horaires. Ce risque existe également dans le cadre de systèmes flexibles de temps de travail
– à temps partiel ou à plein temps : si l’application de ces systèmes dans l’entreprise est
axée sur les intérêts économiques et non sur les besoins des travailleurs, ces derniers ont
souvent une marge de manœuvre très réduite pour aménager individuellement leur temps de
travail. De tels emplois ne peuvent être occupés le plus souvent que par des femmes (et
hommes) en mesure de combiner leurs obligations familiales à des horaires variables et irréguliers. Même en cas d’une infrastructure bien conçue pour la garde d’enfants, les travailleurs à horaires irréguliers – p.ex. les modes de travail en équipe ou en week-end – éprouvent toujours des difficultés à concilier la vie familiale et vie professionnelle. Ainsi les horaires flexibles ne sont pas toujours favorables à la famille. Cependant, c’est le cas lorsque la
- 110 -
mère et le père peuvent effectivement influer sur l’aménagement de leurs horaires de travail
en fonction de leurs besoins familiaux. Les modèles de travail mobile ou bien les comptes
épargne temps en présentent une possibilité.
Exemple de bonnes pratiques : Siemens Luxembourg : introduction de modèles de travail en faveur de la famille
Le Groupe Siemens à Luxembourg, dont les principales activités sont
l’informatique, les télécommunications, l’automation et la technique de la construction, emploie sur son site environ 300 salariés. L’entreprise a obtenu pour son engagement
en matière d’égalité des chances le « Prix féminin d’entreprise 2003 », décerné en mars 2004
par le Ministère de l’Egalité des Chances.
La Direction de l’entreprise luxembourgeoise s’est consacrée aux questions de l’égalité des
chances en interne et de la conciliation de la vie de famille et de la vie professionnelle. Ces réflexions ont été engagées à cause des horaires de travail souvent longs et du fait que Siemens
emploie une grande majorité d’hommes. Un questionnaire interne sur la satisfaction des salariés, distribué régulièrement, a donné des résultats intéressants. Le personnel évoque principalement trois aspects problématiques: la charge de travail élevée, les difficultés à concilier vie de
famille et vie professionnelle et l’inégalité des chances entre les femmes et les hommes au niveau de la carrière professionnelle.
En réaction à ces résultats, Siemens Luxembourg a lancé en 2002, avec l’appui du ministère de
la Promotion Féminine, un programme de promotion intitulé « Egalité des chances ». Dans ce
cadre, on a tout d’abord constitué un groupe de travail composé de 8 personnes. Celui-ci a élaboré un questionnaire avec l’aide d’une entreprise de Trêves, distribué à l’ensemble du personnel. Les volets thématiques traités dans ce questionnaire se basaient sur une enquête confidentielle effectuée au préalable auprès de 20 salariés. Le retour d’informations élevé (86%) a permis de déterminer les problèmes et les besoins du personnel. Ainsi, les salariés avaient en majorité – des hommes également – évoqué les difficultés à concilier vie professionnelle et vie de
famille ; de nombreux employés craignaient également une évolution négative de leur carrière
après une interruption relativement longue de leur activité professionnelle.
L’entreprise a pris des mesures allant dans ce sens. Parallèlement aux horaires aménagés (horaires fixes de 9h00 à 11h30 et de 14h15 à 16h30), elle a introduit différents modèles de travail
à temps partiel qui vont de 50 à 100%. Pour prévenir le risque d’évolution négative de la carrière
professionnelle, la Direction de l’entreprise met l’accent sur un flux d’informations ciblé. Les employées en congé de maternité reçoivent régulièrement des informations sur les activités de
l’entreprise et prennent également part aux réunions importantes et aux mesures
d’accompagnement afin de pouvoir réintégrer plus facilement la vie professionnelle. Les salariés
sont assistés en plus par la préposée à l’égalité des chances qui peut souvent assumer une
fonction de conseil et de médiation.
Les mesures du programme de promotion ont été très bien accueillies par les salariés. La
charge de travail et le stress dans l’entreprise ont beaucoup baissé. Les employés soulignent en
particulier la possibilité de faire carrière au sein de l’entreprise avec une plus grande souplesse.
C’est une des raisons qui explique que les hommes ont également recours aux modèles de travail à temps partiel. Chez Siemens, quelques hommes travaillent à présent à temps partiel pour
pouvoir par exemple passer un après-midi par semaine avec leurs enfants.
- 111 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
Exemple de bonnes pratiques : Bureau-bébé et flexibilité du travail: quand concilier travail et famille peut devenir un avantage.
L’exemple de B&H Sprinklerservice.
„Quand quelqu’un a des enfants, c’est un cadeau pour nous“
En mars 2005, une employée de B&H Sprinklerservice GmbH a mis au monde
des jumeaux à Zweibrücken. Ayant déjà un premier fils de 7 ans, la jeune femme s’inquiétait de
savoir comment concilier son travail et cette famille soudainement agrandie, à commencer par
les finances, puisque son congé parental allait signifier la perte d’un des deux revenus pour son
couple. Avant même le début de sa grossesse, elle avait informé son employeur qu’elle désirait
un deuxième enfant, et l’entreprise l’avait assurée de son soutien au niveau professionnel et familial: „Elle voulait encore un enfant, j’en étais heureux pour elle. […] Je lui ai dit de ne pas s’en
faire, on trouverait bien une solution. Et puis un jour elle est arrivée en disant: Grand malheur –
ce sont des jumeaux!“
„Dans une petite entreprise, avec deux emplois de bureau seulement, il faut savoir improviser pour passer le cap d’un ou deux ans.“
B&H Sprinklerservice GmbH est une petite entreprise commerciale : encore jeune, fondée en
2000, elle achète et revend des armatures d’arrosage à extinction et assure le suivi technique,
le service après-vente et la planification de systèmes d’extinction. Elle collabore avec trois ingénieurs en libéral qui ne sont pas basés au siège mais interviennent surtout sur les sites
d’installation et réalisent leurs planifications en télétravail. Au siège même sont employées quatre personnes, dont deux femmes, qui assurent le secrétariat en temps partiel complémentaire.
Leur mission principale consiste à gérer les commandes: „Pour ce genre de travail, il faut des
gens fiables, capables de tenir un calendrier et de gérer une commande de A à Z.“
„Elle vient quand cela lui convient et elle amène ses enfants.“
Si l’entreprise voulait remplacer cette jeune mère par une nouvelle employée, il faudrait 1 à 2
ans jusqu’à ce que la remplaçante atteigne son niveau d’expérience et de qualification: „Mais au
bout de cette période, les enfants de la première seront
en âge d’être gardés en jardin d’enfants, et nous serions
obligés de reprendre leur mère. En réalisant cela, nous
nous sommes dit qu’il fallait trouver un compromis quelque part.“ Pendant son congé parental, la jeune mère
continue son activité professionnelle pour l’entreprise
dans une moindre proportion, dans le cadre d’un « minijob » permis par la loi. Pendant cette période, les tâches
sont réparties différemment entre les deux collègues, et
la jeune mère peut organiser son temps de manière
flexible, réaliser une partie de son travail à la maison, et
surtout amener ses enfants au bureau (qui a été réaménagé en „bureau-bébé“): „Elle a une certaine quantité de travail à rendre. […] Elle peut
l’effectuer comme elle veut, elle peut même emporter des choses à faire à la maison. […] Ce qui
est important, c’est qu’à la fin le travail soit fait correctement..“
„Pour mon entreprise, les avantages priment sur les coûts“
Cette solution profite en pratique aux deux parties: l’employée gagne un petit plus financier au
titre du „mini-job“, et garde le contact avec son entreprise et ses collègues, ce qui lui permet de
maintenir son niveau de connaissances et de compétences. L’employeur, lui, ne perd pas une
collaboratrice engagée et qualifiée, et n’a pas besoin de payer la mise à niveau d’une remplaçante. Les frais d’aménagement du „bureau-bébé“ sont restés modestes: „Nous avons installé
un coin avec un banc, une table et quelques chaises, pour pouvoir changer les bébés, et dans la
kitchenette du bureau, elle peut réchauffer les petits pots. […] L’investissement a été de 200 euros environ, mais le jeu en vaut la chandelle.“ Bien sûr, en pratique, les enfants dérangent parfois le travail, mais l’ensemble de l’entreprise n’en souffre pas: „Moi aussi, il m’arrive de prendre
un bébé dans les bras cinq minutes parce qu’il pleure et que la maman doit terminer un travail
urgent à l’ordinateur, mais cela ne dure jamais longtemps, et ça ne fait pas mal.“
- 112 -
„N’importe quelle entreprise peut faire quelque chose du même genre.“
Le directeur de l’entreprise estime que beaucoup d’entreprises reculent devant le sujet, par
crainte des problèmes que cela peut causer, des coûts supplémentaires que cela semble occasionner, ou par pure paresse d’esprit. En pratique, cependant, il juge que les changements nécessaires ne sont pas insurmontables, et que l’on pourrait souvent s’arranger pour trouver une
solution qui convienne à l’entreprise et à l’employé. Pour les grandes entreprises, il existe des
cadres organisationnels et financiers qui permettent cela, et pour les petites, l’avantage est dans
la flexibilité que donne le contact direct entre la hiérarchie et l’employé. „Plus l’entreprise est petite, plus elle peut réagir de manière flexible aux besoins d’un de ses employés.“ Et pourtant, ce
potentiel reste souvent en friche, constate-t-il: „Pour beaucoup de petits entrepreneurs, leur qualification primaire est commerciale ou artisanale ; mais en règle générale, ils n’ont pas de formation en ressources humaines. […] Mais dans la vie, c’est comme au tennis: si je joue une bonne
balle, on me renvoie une bonne balle. Dans la vie professionnelle aussi.“
„Quand il se passe quelque chose, ce sont toujours des gros projets.“
En préparation de ce changement, B&H Sprinklerservice GmbH s’était informée auprès des
chambres des métiers, et via internet, sur les options qui permettent aux travailleurs de concilier
travail et famille. Notre exemple montre que l’on peut atteindre des résultats considérables avec
un investissement de départ minime. Or, critique le directeur, les informations publiées
s’adressent souvent à de grandes entreprises et proposent des schémas inapplicables dans les
petites entreprises: „80 à 90% des petits entrepreneurs ne savent même pas quelles sont leurs
options.“
Concrètement,
déplore-t-il,
on
manque
d’informations financières et fiscales qui pourraient permettre aux petites entreprises de répondre aux besoins de leurs
employés dans ce domaine. Ainsi, pour l’avenir, son
entreprise envisage-t-elle de prendre en charge les frais de
jardin d’enfants, ce qui ôterait à la famille le souci de savoir
comment et pour combien d’argent faire garder les jumeaux. „Au lieu de lui augmenter son salaire – c’est une
perspective envisageable: elle peut continuer à travailler,
les enfants sont gardés et elle n’a pas besoin de s’inquiéter
pour savoir comment payer le jardin d’enfants. A raison de
deux places, cela représente 300 euros par mois.“
„Si une autre de mes employées tombait enceinte, je referais la même chose.“
Les expériences communes ont soudé le consensus entre l’employeur et l’employée, qui se disent tous deux très satisfaits. Pour le directeur, la clé du succès dans l’entreprise, c’est
l’atmosphère et la communication sur le lieu de travail: „L’employée se fait du souci, tout
d’abord. […] Mais si son chef lui dit qu’elle ne doit pas s’en faire, cela lui enlève une bonne partie de la pression. C’est très important, dès le début.“ Evidemment, pour qu’un tel exemple fonctionne, il faut dès le départ que l’entreprise souscrive à un concept de vie « pro-famille »:
„A l’heure actuelle, nous devons remercier toutes les mères qui font des enfants.“
4.2.3
La situation de la garde des enfants
La garde des enfants, facteur essentiel de la conciliation de la vie de famille et de la
vie professionnelle
Les principaux facteurs pour concilier la vie de famille et la vie professionnelle ainsi que pour
le taux d’activité féminine sont l’ampleur et la qualité des structures d’accueil des enfants.
Après la naissance de leurs enfants, les femmes ne peuvent travailler que si leur sont proposées des structures d’accueil appropriées. Des systèmes de garde des enfants à un prix
modéré, adapté aux besoins des femmes et de bonne qualité sont l’un des principaux instruments pour permettre aux femmes d’accéder à un emploi rémunéré. La question de la
garde des enfants est un sujet tout aussi important pour les hommes que pour les femmes.
Les femmes ayant de plus en plus tendance à exercer une activité professionnelle, on ob- 113 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
serve – même si l’ordre de grandeur est loin d’être le même – une tendance des hommes à
s’occuper de leur famille et à prendre en charge la garde et l’éducation de leurs enfants. Le
nombre croissant de pères assumant des charges familiales et se partageant le travail avec
leur partenaire peut se traduire par un nombre de plus en plus important de travailleurs
confrontés au problème de l’équilibre à trouver entre vie professionnelle et vie de famille.
Barcelone 2002 : Définition des objectifs pour la garde des enfants
Afin d’accroître les taux d’emploi des hommes et des femmes, les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UE ont défini, dans le cadre de la stratégie pour la croissance économique et l’emploi
en 2002 lors du Sommet de Barcelone, des objectifs relatifs aux offres de structures d’accueil
des enfants. Le Conseil européen a tout d’abord confirmé l’objectif du plein emploi et convenu
que les Etats membres devaient lever tous les obstacles à l’accès des femmes au marché du
travail. Compte tenu de la demande de structures d’accueil des enfants et du nombre de places
offertes au niveau national, ces objectifs prévoient de mettre en place, d’ici 2010, des structures
d’accueil pour 90% au moins des enfants ayant entre trois ans et l’âge de la scolarité obligatoire
et pour au moins 33% des enfants âgés de moins de trois ans. Par ailleurs, l’UE a invité formellement les Etats membres et les partenaires sociaux à engager des campagnes de sensibilisation pour encourager les hommes à assumer une partie de la responsabilité pour la garde des
enfants.128
Les structures d’accueil proposées pour les enfants en bas âge sont insuffisantes
dans les composantes de la Grande Région
Si l’on analyse les chiffres disponibles au niveau européen129 eu égard à l’objectif défini à
Barcelone visant à mettre en place des structures d’accueil pour 33% des enfants âgés de
moins de trois ans, seuls quelques rares Etats membres de l’UE ont atteint jusqu’à présent le
taux visé.130 Au niveau de la Grande Région, la France obtient de bons résultats, sachant
cependant que les structures d’accueil des enfants âgés de moins de trois ans sont nettement moins nombreuses que les autres. En conséquence, la demande est toujours supérieure à l’offre malgré les efforts accrus déployés depuis les années 1960 pour aménager de
telles structures. Selon les chiffres disponibles, on estime que 20% au total des enfants âgés
de moins de trois ans sont accueillis dans des structures de garde et 20% également chez
une nourrice (agréée).131 Les autres sont soit gardés par leurs parents, par exemple dans le
cadre du congé parental d’éducation, soit sur la base d’arrangements informels et de réseaux sociaux. Les principaux problèmes viennent, malgré les subventions accordées pour
les enfants en bas âge, des coûts liés à la garde des enfants. Les familles aux revenus modestes recourent de préférence aux crèches, l’option la plus avantageuse au niveau des
coûts, mais il n’y a pas assez de places en crèches, notamment dans le milieu rural et dans
les banlieues. Il est également difficile de concilier les horaires de travail et les heures
d’ouverture des crèches collectives, notamment en fin d’après-midi ou en soirée.
128
129
130
131
Cf. Commission européenne (2005), Direction Générale Emploi, Affaires Sociales et Egalité des chances
(éditeur) : Egalité des femmes et des hommes dans l’Union Européenne, Luxembourg : Office pour les publications officielles des Communautés européennes 2005 (manuscrit finalisé en août 2005).
Les chiffres disponibles au niveau européen sur la couverture des structures d’accueil ne sont pas complètement harmonisés et comparables et doivent donc être interprétés avec prudence. Cf. ici et par la suite :
European Commission, Directorate-General for Employment, Social Affairs and Equal Opportunities (éditeur)
(2005) : Reconciliation of Work and Private Life: A Comparative Review of Thirty European Countries. EU
Expert Group on Gender, Social Inclusion and Employment (EGGSIE); Luxembourg: Office for Official
Publications of the European Communities, 2006 ([Manuscript completed in September 2005]).
Notamment en Flandres, au Danemark et en Islande, la couverture de structures d’accueil pour les enfants
âgés de moins de trois ans est assez bonne.
Pas de formation formelle nécessaire.
- 114 -
Exemple de bonnes pratiques: « L’atelier des lutins » à Hambach
L’emploi des femmes prend de plus en plus d’importance dans le bassin sarregueminois. En conséquence, les problèmes en matière d’accueil de la petite
enfance sont également plus nombreux. Les emplois de jeunes femmes se
concentrent notamment dans la zone artisanale Europôle à Hambach, Sarreguemines et Großbliederstroff. Toutefois, seule la municipalité de Sarreguemines disposait jusqu’à présent de structures de garde pour la petite enfance (une crèche familiale avec assistantes maternelles et deux haltes garderies). Une enquête effectuée en 2001 a montré que 50%
des familles avaient des difficultés à faire garder leurs enfants. Il a donc été retenu comme objectif la création de 160 places d’accueil en structures collectives réparties sur les sites de Hambach, Sarreguemines et Großbliederstroff.
Création d’une crèche sur le site d’Europôle à Sarreguemines
Le premier projet retenu a été la création d’une crèche sur le site d’Europôle à Sarreguemines
(Hambach). Cette crèche a été ouverte le 1er mars 2005. L’investissement a été assuré par la
Communauté d’Agglomération Sarreguemines Confluences, mais le fonctionnement de la crèche est pris en charge par « l’Association de Service aux Entreprises et aux Familles ». Il ne
s’agit pas à proprement parler d’une crèche gérée en commun par les entreprises : en effet, les
entreprises sur le site de Hambach sont certes partenaires du projet (surtout SMART et ses
sous-traitants), mais ne financent pas la crèche.
L’établissement ouvre en fonction des horaires de travail des salariés
Cette crèche est une aide à l’emploi des femmes et améliore l’environnement de travail sur le
site d’Hambach : sur les 60 places d’accueil dans la crèche, 46 sont réservées aux enfants des
parents qui travaillent dans les entreprises d’Europôle et dans la zone artisanale d’Hambach.
Ouverte de 5h30 à 22h30 (du lundi au vendredi), la crèche suit les horaires de travail des employés qui travaillent le plus souvent en équipes. Les enfants sont encadrés par 18 éducatrices
dont deux Allemandes. Le bilinguisme domine, la crèche accueillant à la fois des enfants allemands et français.
Exemple de bonnes pratiques : Service de garde à domicile à horaires atypiques
Dédié notamment aux parents engagés dans un processus de réinsertion professionnelle, le dispositif Arc-en-Ciel, dont le siège est au centre David Abensour à Nancy, offre un service de garde à domicile à horaires atypiques (du
lundi au vendredi de 5h à 24h). Pour préserver le rythme de vie de l’enfant, un étudiant le prend
en charge au domicile familial jusqu’à l’ouverture ou dès la fermeture des structures d’accueil.
Le système a été certifié et est en place pour les enfants jusqu'à l'âge de 10 ans.
Exemple de bonnes pratiques : Agence pour des crèches
d’entreprise
La société « Les Petits Chaperons Rouges », dont le siège est à Clichy (Ile de
France), est spécialisée dans la conception, réalisation et gestion de crèches
d’entreprises. En mai 2005 elle a ouvert une agence du Grand-Est pour les
régions Alsace-Lorraine et Franche-Comté. La société œuvre dans le cadre du Plan crèches
(national) pour l’investissement sur la période 2004-2007 doté de 200 millions d’euros.
Deux projets vont voir le jour autour de Nancy
Différents projets de crèches d’entreprises sont en cours en France. Pour la région Lorraine,
deux projets vont voir le jour autour de Nancy fin 2006 ou début 2007 : 1) une crèche
d’entreprise sur la Dynapôle de Ludres Flévile (projet mené suite à la volonté de l’Association
- 115 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
des Entreprises du Dynapôle) et 2) une crèche d’entreprise sur la zone industrielle du bassin de
Pompey (projet mené suite à la volonté de la Communauté de Communes de Pompey). Le fonctionnement de ces crèches est pris en charge financièrement par la Caisse d’Allocations Familiales, et à hauteur de 12% par les entreprises de la zone industrielle concernée. Les frais engagés par les entreprises sont partiellement remboursés sous forme de réductions fiscales.
Avantages immédiats pour les entreprises
Pour les entreprises, une crèche d’entreprise apporte des avantages immédiats : amélioration
de la productivité des salariés, fidélisation des employés, réduction du turn over
La Belgique et également la Wallonie sont assez proches de l’objectif défini à Barcelone :
pour les enfants âgés de moins de trois ans, le taux de couverture est estimé à 30%. L’offre
de structures d’accueil en Belgique est donc à peu près comparable à celle de la France.
Les principaux problèmes viennent ici aussi des heures d’ouverture (notamment pour les
parents dont les enfants ont plus de 2 ans et demi) et des coûts de garde élevés.
Exemple de bonnes pratiques : la crèche de l’Université de Liège
La crèche de l’Université de Liège accueille des enfants dès l’âge de trois mois
et s’occupe également d’enfants difficiles. La crèche est ouverte de 7h45 à
18h00. Cette structure de garde est utilisée en particulier par les employés de
l’université et les étudiants, mais aussi par des personnes qui habitent dans
cette zone sans avoir de lien direct avec l’université.
L’établissement coopère avec différentes sections de l’université – par exemple avec les unités
Psychologie et Pédagogie – de sorte qu’il est possible, dans certaines situations, de recourir aux
services des étudiants de ces filières.
La qualité de la garde est assurée par des éducatrices diplômées ainsi que par un personnel
qualifié dans d’autres domaines – par exemple la psychomotricité. Par ailleurs, le personnel suit
régulièrement des cours de formation. Le concept de garde appliqué dans cet établissement se
fonde sur des enseignements pédagogiques modernes. Les parents jouent un rôle important
dans ce concept : les éducatrices et les parents sont des partenaires agissant en commun dans
l’intérêt de l’enfant.
A l’opposé de l’Allemagne de l’Est (37%), les structures d’accueil dans des établissements
publics ne suffisent que pour environ 3% des enfants âgés de moins de trois ans dans les
Länder de l’Allemagne de l’Ouest. Par ailleurs, de nombreuses crèches ne sont ouvertes
que dans la matinée et il n’est pas prévu de repas à midi. Les discussions politiques actuelles se concentrent non seulement sur les aspects financiers, par ex. la possibilité de déduire
des impôts les frais de garde des enfants, mais aussi et surtout sur les concepts et mesures
permettant d’élargir le nombre de crèches pour les enfants de moins de trois ans et (pour
tous les enfants) d’augmenter le nombre de structures d’accueil des enfants pendant l’aprèsmidi et des écoles à plein temps, encore insuffisant. Les accents varient en fonction du Land
fédéral. Les discussions portent également sur le niveau de qualification relativement faible
des employés, pour la plupart des femmes, dans les structures d’accueil des enfants.
En considérant seulement les deux composantes allemandes de la Grande Région, on constate que la Sarre est mieux équipée en crèches que la Rhénanie-Palatinat. Si la Sarre dispose de 48 places de crèche pour 1000 enfants âgés de moins de trois ans, en RhénaniePalatinat il en existe seulement pour 27 pour 1000 enfants de la même catégorie d’âge. Ce-
- 116 -
pendant, des efforts sont actuellement entrepris dans les deux régions pour améliorer la situation de la garde d’enfants.132
Exemple de bonnes pratiques: famille et travail chez Daimler
Chrysler
L’usine de Wörth, qui fait partie du secteur poids lourds de Mercedes-Benz,
est l’usine de montage la plus grande et la plus moderne d’Europe. Y travaillent près de 13.000 employés, dont 6.900 collaborateurs associés et 2.800
employés, ainsi que près de 3.500 employés du centre de logistique voisin. Au total, la proportion de personnel féminin est de 11% environ, quoiqu’elle soit bien inférieure dans le secteur de
la production.133
Le groupe Daimler Chrysler, soucieux d’attirer et de fidéliser des employés, s’efforce de créer
les conditions qui permettent aux familles de concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale. Les travailleurs doivent avoir la possibilité de réaliser leurs projets de vie individuels.134 On
pense ici particulièrement aux femmes hautement qualifiées; l’entreprise se réclame donc de
l’égalité des chances, un principe essentiel fixé dans diverses conventions d’entreprises.
Groupe „Travail et famille“
En 2001, un groupe de travail sur l’égalité des chances a été créé à l’usine de Wörth; son objectif principal était au début d’augmenter la proportion de femmes dans l’ensemble du personnel.
Au fur et à mesure, on a constaté que si l’entreprise voulait soutenir l’égalité des chances en
son sein, il fallait surtout qu’elle veille à encourager la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. C’est pourquoi le groupe a été rebaptisé „Travail et famille“, et son but est désormais d’aborder la thématique dans tous les services et de sensibiliser les cadres à ce problème.
La présidence du groupe de travail est confiée par roulement à chaque service de l’entreprise,
pendant un an et demi – ce qui garantit l’engagement de tous.
Crèche-garderie „Sternchen“ (Petite étoile)
En octobre 2004 a été ouverte la crèche « Sternchen », qui peut accueillir 5 enfants régulièrement et offre en plus 10 places pour le dépannage : l’un des premiers résultats dont peut se féliciter le groupe de travail. Ce projet résulte d’un sondage135 mené auprès de 1.500 employés en
2003, dont il ressortait que le problème principal était la garde des enfants en bas âge (moins de
3 ans) ainsi que la garde pendant les vacances scolaires136. En principe, tous les employés
peuvent faire usage de cette possibilité, mais les coûts dépendent du revenu. Dans les faits, il
s’avère que la grande majorité des parents concernés viennent du secteur administratif, car les
horaires du travail en équipe ne sont pas compatibles avec les horaires d’ouverture de la crèche
(7 heures – 18 heures), ce qui représenterait une charge supplémentaire pour les employés de
la production: „On ne peut pas réveiller un enfant à quatre heures du matin. […] Il vous faut
donc un conjoint ou une grand-mère qui amène l’enfant à sept heures. C’est faisable. Mais rares
sont ceux qui le feront, car ils ont déjà trouvé des solutions de garde : la grand-mère, justement,
ou d’autres.“
Concilier famille et travail, un objectif fixé dans les conventions
Afin de réaliser ses objectifs, le groupe de travail s’engage également sur d’autres plans. Pour
des raisons structurelles inhérentes au groupe Daimler Chrysler, il dispose pour cela de plusieurs conventions d’entreprise qui réglementent toute une série de domaines d’action. Ainsi,
afin de répondre le mieux possible aux contraintes horaires de ses employés, l’entreprise propose une bourse au temps partiel, avec une gestion par courtage, ainsi que des programmes de
télétravail.137 De plus, les employés qui le souhaitent peuvent prolonger leur congé parental légal par un congé familial supplémentaire d’une durée de 3 ans maximum. Pendant cette période, l’entreprise et particulièrement le comité d’entreprise veillent à maintenir le contact avec
l’employé(e) et à lui proposer des possibilités de qualification professionnelle: „Nous organisons
des rencontres réseau, ici à l’usine, entre les femmes enceintes et celles qui sont en congé maternité. Nous avons convenu que la direction de ressources humaines les contacterait pendant
132
Cf. Statistik der Kinder- und Jugendhilfe (Année de référence 2002).
- 117 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
leur congé pour essayer de les faire travailler dans un domaine ou dans un autre. Et elles doivent assister à des formations pendant leur congé parental, pour un total de 100 jours sur les 3
ans de congé. Ces formations sont données chez nous.“
Problèmes et défis
Malgré tous les efforts et toutes les conventions, qui dépassent souvent le niveau prescrit par la
loi, des problèmes reviennent dans la pratique, qu’on ne peut pas toujours résoudre sans accrocs et qu’il faut généralement traiter au cas par cas. Ainsi, les offres mentionnées
s’adressaient au départ surtout aux femmes travaillant comme employées, et le secteur production n’était pas concerné. Mais ce secteur est particulièrement pris en considération par le comité d’entreprise, qui s’efforce de développer là aussi des solutions individuelles: „Jusqu’à 2004,
rares étaient les collègues qui savaient quoi répondre quand on leur disait « Travail et famille ».
Et puis il y a eu le premier cas concret, qui a été résolu, et depuis, la bouche-à-oreille bat son
plein. Tu le racontes ici, et une demi-heure plus tard c’est déjà arrivé deux kilomètres plus bas.
Comme dans un petit village.“
Autre plan sur lequel le comité d’entreprise estime nécessaire de travailler encore: la réinsertion
des femmes après leur congé parental. Jusqu’à présent, on a fait cela de façon assez peu systématique, ce qui a créé plus d’un conflit. Le comité d’entreprise juge insuffisante la préparation
et l’ajustement des conditions de travail, sachant qu’une femme qui reprend le travail n’a plus
les mêmes contraintes horaires, par exemple. Il a donc entrepris, en collaboration avec le service des ressources humaines, de créer une boîte à outils composée de diverses réglementations, dont les supérieurs hiérarchiques doivent faire usage à l’avenir.
En général, l’entreprise s’applique constamment à améliorer et à ajuster les mesures existantes.
Ainsi, les efforts de sensibilisation sont toujours transmis vers le bas de la hiérarchie. Le comité
d’entreprise vise en outre un élargissement des capacités dans le domaine de la garde
d’enfants ainsi que la prise en compte d’offres et de conseils concernant la garde de parents
âgés et dépendants.
133
134
135
136
137
Comme trait particulier, il faut relever le fort pourcentage de frontaliers, venant en majorité d’Alsace (20%).
„Concilier travail et famille“, tel est le titre d’une brochure d’information publiée en commun par la direction
des ressources humaines et le comité d’entreprise central pour l’ensemble des employés de Daimler Chrysler.
Cf. http://pfalzwoche.de/de/pub/archiv/2004/52/schmidt2.php, article „Wörth: Kinderbetreuungseinrichtung
setzt Maßstäbe“.
Pour remédier au problème des vacances scolaires, un village d’enfants d’une capacité de 600 places a été
créé. Ce village fonctionne depuis trois ans (voir l’encadré „Astropolis“.
Cette possibilité très récente n’est pas encore très pratiquée; elle s’adresse exclusivement aux personnes qui
travaillent dans le domaine administratif.
- 118 -
Exemple de bonnes pratiques: WKV Direktvertriebsservice GmbH et
sa garderie privée
L’entreprise WKV Direktvertriebsservice GmbH, basée à Wiesbach dans la
région de l’Eifel, emploie près de 90 personnes, dont une grande majorité de
femmes (80% environ). C’est une entreprise spécialisée dans l’acquisition de
fichiers clients et la vente par téléphone de littérature scolaire et éducative, qui propose toute
une palette de services centralisés et qui connaît une forte croissance depuis sa création en
2000.
Le recrutement: un problème dans la région de l’Eifel, structurellement affaiblie
Ces dernières années, l’entreprise a eu des difficultés à recruter du personnel, surtout pour le
domaine téléphonique. La direction y voit plusieurs raisons : d’une part, le travail dans un centre
d’appels ne semble pas attirer les jeunes travailleurs de la région. Nombreux sont ceux qui émigrent vers les agglomérations plus grandes, se promettant d’y trouver de meilleures conditions
de formation et d’emploi. D’autre part, chez les femmes plus âgées, le manque d’enthousiasme
s’explique par des raisons économiques: l’activité de leur mari suffit à assurer la subsistance du
couple et elles ne voient pas de raison de travailler elles-mêmes. En outre, l’entreprise déplore
que la zone commerciale sur laquelle elle s’est implantée ne soit pas reliée au réseau des
transports en commun – un défaut majeur dans une région comme l’Eifel, où les employés doivent généralement circuler sur des distances importantes entre leur domicile et leur lieu de travail.
Garderie privée
Pour WKV Direktvertriebsservice GmbH, être à l’écoute de ses collaborateurs n’est pas un vain mot. De par le type d’emplois proposés,
l’entreprise s’adresse surtout à des femmes et à des mères célibataires; elle souhaite donc leur offrir un large éventail d’options pour permettre à celles qui ont des enfants de concilier la vie de famille et la vie
professionnelle. La garderie de l’entreprise peut accueillir 40 enfants;
avec des horaires d’ouverture adaptés aux horaires de travail, elle est
également ouverte aux employés des
entreprises voisines. Le matin, elle accueille les tout-petits (de 6 mois à 3
ans), et l’après-midi elle est également
ouverte aux enfants plus âgés (jusqu’à
12 ans) – qui ne peuvent être placés ailleurs faute d’alternatives
et sont récupérés par le « bus garderie » de l’entreprise à la sortie des jardins d’enfants publics et des écoles. La garderie est
équipée d’une salle de sport et d’une aire de jeux en plein air, qui
permet ainsi aux mères de voir leurs enfants jouer depuis les fenêtres du centre d’appels.
L’entreprise souhaite vivement s’engager socialement pour ses employés. La direction estime
même que cette attitude pro-famille est l’une des clés de son succès commercial. L’image positive qui en résulte se répercute très avantageusement sur l’acquisition de nouveaux marchés, et
l’entreprise comme les employés profitent donc de cet engagement.
Obstacles structurels
Malgré le succès de ce concept et son accueil favorable auprès des employés, de l’opinion publique et des instances politiques, le directeur de WKV déplore néanmoins que la mise en pratique se soit heurtée à des problèmes considérables et multiples. Certes, l’entreprise s’est vu décerner le prix Corporate Citizenship Award pour son engagement auprès de la population locale
(elle offre plusieurs places de garderie gratuites à des enfants externes, si la mesure permet de
réinsérer un des deux parents dans le marché du travail). Mais à part cette reconnaissance honorifique, WVK s’est souvent sentie laissée à elle-même et aurait apprécié recevoir plus d’aide
et de soutien de la part des instances publiques. Par exemple, la garderie accueillant des enfants de moins de 3 ans, elle est tenue de respecter un ratio plus élevé quant au nombre
d’enfants par éducatrice, ce qui augmente considérablement les coûts.
- 119 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
Egalement, lors d’un audit de comptabilité, les places de garderie offertes gratuitement ont été
classées comme avantage en nature, ce qui a donné lieu à un supplément d’impôt.
Perspectives d’avenir
WKV a créé les conditions d’une bonne conciliation entre vie familiale et professionnelle et
l’entreprise peut se féliciter d’en profiter au même titre que ses employés. La direction envisage
de s’étendre vers d’autres sites, où elle compte offrir également des options axées sur les besoins de ses collaborateurs. Mais auparavant, elle fera réaliser une analyse des besoins pour
proposer des formules qui prendront en compte les expériences passées dès le stade de la planification: „Nous avons fait tout cela de grand cœur, surtout en ce qui concerne les familles. […]
Nous ne nous sommes pas trop posé de questions, nous l’avons fait parce que nous en avions
besoin. […] Il y a eu beaucoup de décisions à prendre, et beaucoup d’argent dépensé. […] A
posteriori, on nous dit que nous avons innové, que nous avons proposé un concept unique. […]
Nous avons sans doute quelques années d’avance et je pense que nous pourrons donc réaliser
ces nouveaux projets encore plus rapidement, ce qui permettra d’être encore plus inventifs.“
La situation au Luxembourg ressemble assez à celle des régions allemandes au niveau de
la garde d’enfants. Avec un taux de quelque 10%, le Grand-Duché dispose d’un nombre de
structures d’accueil des enfants âgés de moins de trois ans bien inférieur à celui de la Wallonie ou de la France. De gros efforts ont toutefois été faits au cours des dernières années
pour améliorer les structures d’accueil des enfants en bas âge. Le gouvernement s’est fixé
comme objectif de créer environ 1 800 places d’ici 2010. Parallèlement à l’offre, relativement
faible par rapport à la demande, de structures d’accueil, qui en plus varie fortement entre
milieu urbain et milieu rural, les heures d’ouverture des structures d’accueil posent problème
comme dans les autres régions. Même chose pour les coûts de garde élevés : dans les établissements privés notamment, et à l’opposé des structures publiques qui sont subventionnées par l’Etat, le revenu des parents n’est pas pris en compte dans le calcul de la cotisation, ce qui pose problème aux familles aux revenus modestes (fréquemment des migrants).
Exemple de bonnes pratiques : DEXIA BIL s’investit dans l’égalité
des chances entre hommes et femmes et pour une meilleure conciliation entre la vie familiale et professionnelle
La banque Dexia BIL (Banque Internationale à Luxembourg) s’investit dans
l’égalité des chances entre hommes et femmes et dans une meilleure conciliation de la vie de
famille et de la vie professionnelle. Pour atteindre ces objectifs, elle a conçu un programme de
promotion spécial qui a obtenu en mars 2004 le « Prix Féminin de l’entreprise 2003 » décerné
par le Ministère de l’Egalité des Chances au Luxembourg.
DEXIA BIL emploie au Luxembourg environ 2 500 employés dont environ la moitié de femmes.
Une enquête sur le développement professionnel et l’égalité des chances au sein de l’entreprise
a été effectuée en 2003 auprès des salariés. Les personnes interrogées considèrent en majeure
partie (près de 70%) que leur carrière au sein de la banque est satisfaisante. Les salariés ont
cependant déclaré avoir souvent des difficultés à concilier vie de famille et vie professionnelle.
Parallèlement à l’enquête, des analyses ont été effectuées au sein de la banque sur la répartition des femmes aux différents niveaux de l’entreprise. On a pu observer à cette occasion que
les femmes étaient très présentes parmi les employés (env. 50% d’employées), mais qu’elles
n’étaient que très rarement ou pas du tout représentées dans les postes de cadre.
En réaction à ces analyses et enquêtes, la banque a mis au point, avec l’appui du Ministère de
la Promotion féminine, un programme de promotion « Homme Femme – un équilibre au quotidien » ayant pour but d’instaurer un environnement de travail optimal aux salariés et d’accroître
l’égalité des chances dans l’entreprise. En lançant ce programme, la banque s’engage à pro-
- 120 -
mouvoir les femmes dans le cadre de leur développement professionnel et de leur participation
à des séminaires de formation. L’accent est mis sur les formations managériales, étant donné
que le pourcentage de femmes occupant de tels postes est très faible jusqu’à présent. Parallèlement, les salariés et les cadres de l’entreprise sont sensibilisés, par le biais d’entretiens, aux
aspects de l’égalité des chances. Les salariés peuvent également profiter du travail à temps partiel afin de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale : en 2003, 15% des employées travaillaient à temps partiel. Par ailleurs, la banque a créé une crèche accueillant 36 enfants et
permet ainsi à ses salariés de donner leur enfant à garder au sein de l’entreprise. Enfin, la banque propose toute une série de services ‚in-house’ (par exemple une boulangerie, une pharmacie ou une teinturerie) pour améliorer le cadre général et faciliter le quotidien des salariés. La
société DEXIA BIL prévoit également de mettre en place un programme de tutorat : l’échange
d’idées personnelles et techniques entre les tuteurs et leurs filleules doit aider les femmes à atteindre leurs objectifs professionnels.
En décernant le prix du « Woman Business Manager of the Year Award » (2006), DEXIA BIL a
pris l’initiative et souhaite ainsi accroître le pourcentage de femmes dans l’économie luxembourgeoise. Entre 2006 et 2008, DEXIA entend ainsi aider financièrement une créatrice
d’entreprise sélectionnée. Le prix, doté de 1 000 euros par an, est décerné chaque année dans
un autre secteur et doit par exemple servir à la formation initiale et continue ou à de nouvelles
acquisitions au sein de l’entreprise.
Dans toutes les régions, les structures proposées pour les enfants à partir de trois
ans sont mieux développées
Dans tous les pays et toutes les régions, l’offre est nettement meilleure pour les enfants
ayant entre trois ans et l’âge de la scolarité obligatoire : au niveau européen, dix pays semblent déjà avoir atteint l’objectif de Barcelone ou s’en sont bien rapprochés. Dans la Grande
Région, c’est le cas de la Belgique (Wallonie et Flandres), de la France et de l’Allemagne.
Contrairement à la situation des enfants en bas âge, celle des enfants de 3 à 6 ans est caractérisée en Allemagne par une suroffre en raison de l’évolution démographique. Ainsi la
Rhénanie-Palatinat dispose de 1.239 places au total pour 1000 enfants, en Sarre il y a 1.193
places.
Les disparités par rapport aux autres régions portent moins sur le nombre d’établissements
que sur le fait qu’en France et en Belgique les structures accueillant les enfants de plus de
trois ans et les enfants scolarisés sont ouvertes toute la journée et que les enfants peuvent y
manger à midi. Dans les régions allemandes et au Luxembourg en revanche, les structures
d’accueil des enfants ne sont ouvertes le plus souvent que le matin, de sorte que les parents
(les mères le plus souvent) doivent organiser eux-mêmes la garde de leurs enfants pendant
l’après-midi. La garde des enfants pendant les vacances, en cas de fermeture et de maladie
pose également problème.
- 121 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
L’exemple des écoles maternelles en France138
Dans les discussions menées actuellement en Allemagne, il est toujours fait référence au caractère exemplaire de la France. Comme présenté ci-dessus, ceci ne peut pas être confirmé pour
les enfants âgés de moins de trois ans en raison du taux de couverture également insuffisant de
structures d’accueil. La réglementation ne prévoit pas le droit à la garde des enfants de moins
de trois ans hors du milieu familial. La France favorise de loin, au niveau politique, l’éducation
des enfants en âge préscolaire dans des écoles maternelles : aujourd’hui, presque tous les enfants français entre trois et six ans fréquentent de tels établissements139, dont le but est non
seulement de garder les enfants, mais également de promouvoir les capacités sociales, émotionnelles et cognitives des enfants. Par ailleurs, en dernière année d’école maternelle, les enfants apprennent déjà à lire, à écrire et à compter. Outre le fait qu’il s’agit d’établissements ouverts toute la journée,140 il faut souligner, eu égard aux régions allemandes et au Luxembourg,
l’importance explicite attribuée aux écoles maternelles au niveau de la politique éducative. En
conséquence, le système préscolaire français a un caractère scolaire beaucoup plus prononcé.
L’éducation préscolaire est très bien acceptée par la collectivité, du fait notamment des avantages que présente une éducation préscolaire continue pour le reste de la scolarité et que l’on observe sur les enfants de toutes les couches sociales.
Exemple de bonnes pratiques : Réseau de quartier à Dudweiler:
„Garde flexible“
Le quartier de Dudweiler (Sarrebruck) a monté un projet de réseau de quartier
baptisé „Garde flexible“ dans le cadre du Projet URBAN-II „IntegrationURBAN“; le lancement officiel s’est fait en octobre 2004 avec la création du „Réseau familial local Saarbrücken-Dudweiler“. L’objectif est de tisser des liens fiables entre les
personnes intéressées dans les quartiers de Dudweiler, Herrensohr et Jägersfreude, afin
d’ouvrir des possibilités de garde pour les enfants. Grâce à l’aide des acteurs locaux, un questionnaire a permis d’évaluer les besoins de la population et de détecter 4 types de gardes nécessaires, indépendamment de l’âge des sujets : en après-midi, en début de soirée, pour le dépannage et pendant les vacances scolaires. Dans la première partie du projet, on a réussi à
monter un réseau interdisciplinaire qui propose des gardes d’enfants et adapte ou complète des
modèles existant déjà pour les transformer ou les compléter. Il en résulte une bourse d’offres qui
connaît un considérable succès et suscite des intérêts multiples pour d’éventuelles coopérations. Sur le site internet du projet (www.kinderbetreuungsboerse-dudweiler.de), les parents et
les personnes souhaitant proposer leur collaboration peuvent s’informer sur les différentes possibilités de garde privée qui sont à leur disposition. Ceci permet de centraliser l’offre et la demande et d’assurer par la même occasion un contrôle qualité ainsi qu’une activité de conseil.
138
139
140
Source : http://www.familienhandbuch.de/cmain/f_Programme/a_Familienpolitik/s_877.html
Les enfants âgés de deux ans peuvent également aller à l’école maternelle, ce qui est toutefois controversé
du fait du caractère explicitement éducatif des écoles maternelles. Ceci est dû au fait que l’on reproche aux
éducatrices travaillant dans ces établissements de ne pas être suffisamment formées pour travailler avec des
enfants de cet âge. Pour les enfants âgés de deux mois à trois ans, on privilégie pour cette raison les crèches collectives ainsi que les crèches familiales gérées par les municipalités, les structures d’accueil à gestion régionale, associative ou parentale ainsi que les crèches d’entreprises.
Les établissements sont ouverts pendant la semaine de 8h30 à 16h30 sauf le mercredi où les enfants ne
sont accueillis le plus souvent que le matin. Avant et après ces horaires, de même que pendant la pause déjeuner), les enfants sont gardés par un personnel qualifié (ayant fait des études de maîtres ou maîtresses
pour l’éducation préscolaire et l’école primaire), aidé dans ses travaux par des assistantes maternelles (le
plus souvent dotées d’une formation pédagogique, paramédicale ou thérapeutique).
- 122 -
Exemple de bonnes pratiques : Camps de vacances chez Daimler
Chrysler – le village d’enfants „Astropolis“
Pour des parents actifs, les vacances scolaires ou la fermetures de la halte-garderie sont un vrai casse-tête.
L’entreprise Daimler Chrysler, soucieuse de répondre aux
besoins de ses employés ayant des enfants à charge,
propose dans ses usines de Wörth et de Germersheim un
village de vacances pour enfants. Ce programme, qui a
lieu chaque année sur un site différent, ouvre en 2006 sa
troisième édition sous le nom d’„Astropolis“:
Panneau d’entrée du village
„Il y a un toboggan à eau, une banque, un poste de police
et une mairie avec un maire. Nous avons aussi une menuiserie, une imprimerie et un supermarché où on doit
tout acheter. En jouant, les enfants apprennent ainsi à
manier l’argent, puisqu’ils doivent travailler pour « gagner
leur vie ». Et la police poursuivra peut-être les braqueurs
d’une banque… et le maire risque de ne pas être réélu.
Les enfants adorent ça.“
Les parents, et surtout les enfants, sont très demandeurs.
Une semaine au village coûte 70 euros par enfant, repas
compris. Quatre jours après l’ouverture des inscriptions
pour 2006, la liste comptait déjà 165 noms.
Caisse d’épargne et mur d’escalade
Il y a même un vrai journal : la rédaction (à gauche) et un numéro fraîchement imprimé (à droite)
Photos: Daimler Chrysler Wörth
La demande de structures d’accueil pour les enfants est influencée par de nombreux
facteurs
Le nombre de structures d’accueil à lui seul ne permet pas de dire – ni dans un sens positif
ni dans un sens négatif - si la demande est intégralement couverte. L’offre réelle est influencée par le taux d’activité des parents (mères), le taux de chômage, la durée du congé parental/éducatif, les heures d’ouverture des écoles et les options proposées, par ex. les grandsparents et/ou les arrangements informels et les réseaux sociaux. Un taux de couverture relativement faible n’est donc pas forcément synonyme de pénurie, mais peut être dû à d’autres
formes de garde ou des contraintes (par ex. les coûts) pour les enfants en bas âge. Par ailleurs, l’attitude des parents, empreinte par leur culture, vis-à-vis d’une garde hors du cadre
familial et leurs idées sur une « enfance agréable » sont également importantes. Les dispari- 123 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
tés sont importantes selon les régions. Alors qu’en Allemagne, on attend encore souvent la
présence physique permanente de la mère et que la prise en charge par la collectivité est
toujours considérée comme une négligence de la part des parents, on ne retrouve pas cette
attitude en France : « Il n’y a pas de mères dénaturées » - ni comme pré-condamnation sociale ni dans le vocabulaire.141
4.2.4
Résumé et conclusion intermédiaire
La compatibilité entre vie familiale et vie professionnelle et les conséquences en découlant
varient parfois fortement dans la Grande Région. Chaque composante régionale combine
différemment les structures d’accueil des enfants, la situation sur le marché de l’emploi, la
participation à la vie active et les activités types des femmes. Viennent s’y ajouter des valeurs culturelles différentes au niveau régional ou national en ce qui concerne la famille et
l’éducation des enfants hors du milieu familial. Il y a cependant aussi des points communs,
même si l’accent est mis sur d’autres aspects : les problèmes pratiques au quotidien viennent des heures d’ouvertures des structures d’accueil des enfants qui, souvent, ne sont
que difficilement compatibles avec les horaires de travail des parents.
Mettre les conditions de travail sur le banc d’essai
Le travail à temps partiel ne permet que dans certaines limites de maîtriser les problèmes :
loin de permettre une carrière professionnelle au sein de l’entreprise et rarement rémunéré
de manière à assurer l’existence d’une famille, le travail à temps partiel, dans sa forme actuelle, ne permet pas vraiment d’améliorer la conciliation de la vie professionnelle et de la vie
de famille et conduit plutôt à renforcer les structures existantes du marché de l’emploi avec
le partage traditionnel des tâches entre les hommes et les femmes. La logique intrinsèque du
secteur entrepreneurial est souvent inconciliable avec les obligations familiales et domestiques. Le concept du travailleur et le modèle de la carrière professionnelle se fondent aujourd’hui de plus en plus sur la « liberté » des travailleurs face à d’autres obligations et sur
une grande disponibilité pour l’exercice de leur activité. Ceux qui, ayant à assumer des obligations familiales indiquent qu’ils ne sont disponibles que dans certaines limites, doivent
s’attendre à être désavantagés dans un tel système. Les parents qui décident de garder
leurs enfants eux-mêmes, du moins sur une certaine période, n’ont plus ou plus assez
d’autonomie financière. C’est particulièrement le cas des femmes qui élèvent leurs enfants
seules, étant donné qu’elles n’ont pas de soutien de famille (homme) et que leurs possibilités
d’exercer un travail à plein temps sont limitées. C’est une des raisons essentielles de la pauvreté infantile.
Optimiser les conditions de vie des parents
Si la décision de concilier enfants et vie active est prise, les familles aux revenus modestes
notamment ont souvent des difficultés à subvenir aux frais liés à une garde d’enfants de
bonne qualité. Ce problème est observé, même si son ampleur varie, dans toutes les composantes de la Grande Région. Les transferts de prestations financières telles les allocations
familiales et les allocations parentales d’éducation sont souvent un soutien bienvenu et nécessaire pour les familles aux revenus modestes. Mais de manière globale, les allocations
familiales sont insuffisantes pour inciter les familles à avoir des enfants. Il est essentiel de
141
Cf. magazine « Der Spiegel », numéro 2/2004.
- 124 -
réfléchir à la manière dont les dépenses sociales destinées aux familles peuvent amener
les femmes à se retirer complètement ou pour une certaine période de la vie active après la
naissance d’un enfant et dans quelle mesure le femmes (notamment celles qui sont hautement qualifiées) seraient prêtes à le faire. Un exemple éloquent est l’Allemagne. Les dépenses sociales pour les enfants en Allemagne sont parmi les plus élevées en Europe.142 Et
pourtant, la natalité atteint actuellement en République fédérale son niveau le plus bas. La
France en revanche dépense moins par habitant pour aider les familles et les enfants que
l’Allemagne et arrive au deuxième rang en Europe pour le taux de natalité. On pourrait expliquer ce phénomène par le fait que les Français investissent nettement plus dans les structures publiques d’accueil pour les enfants, alors qu’en Allemagne les prestations financières
sont attribuées directement aux familles. Par contre, les pouvoirs publics investissent moins
dans la mise en place de structures en faveur des familles.143
Créer des normes de qualité pour la garde des enfants
La qualité de la garde des enfants, et notamment des enfants en bas âge, est également
une question discutée dans toutes les composantes de la Grande Région. Les discussions
portent, avec bien sûr un accent différent selon les régions, d’une part sur l’amélioration de la
qualité des structures publiques d’accueil des enfants et l’introduction de formations spécialisées pour les professionnels de la petite enfance, d’autre part sur la réduction du nombre
d’enfants à charge par éducatrice.
Faire de la garde des enfants en bas âge une tâche prioritaire
Il existe dans toutes les régions un manque de structures d’accueil pour la petite enfance; les besoins sont couverts par des arrangements informels ou par le congé parental
d’une durée plus ou moins longue (pris le plus souvent par les mères). Ces deux options
n’ont pas véritablement un impact positif sur l’égalité des chances des hommes et des femmes. Lorsqu’elles doivent restreindre leur activité professionnelle, voire même l’abandonner,
jusqu’à ce que leur enfant ait trois ans, ceci signifie pour les femmes, et notamment les plus
qualifiées, renoncer le plus souvent à toute possibilité d’évolution et faire carrière. Ce n’est
que lorsque l’on aura mis en place une offre suffisante de structures d’accueil, en termes de
quantité et de qualité, que les femmes bénéficieront d’une réintégration rapide dans leur profession, évitant ainsi une dépréciation de leurs qualifications (professionnelles). Au niveau
européen, il y a un lien très clair entre le pourcentage d’enfants âgés de moins de trois ans
fréquentant une structure d’accueil et le nombre d’enfants par femme. Par contre, le nombre
de structures d’accueil pour les enfants de plus de trois ans n’a pas jusqu’à présent d’impact
sur le taux de natalité – il ne suffit donc pas de construire des jardins d’enfants pour résoudre
le problème de la dénatalité.144
Champ d’action : Structures publiques d’accueil des enfants
L’amélioration de la qualité des structures publiques d’accueil des enfants est une tâche prioritaire dans toutes les régions, compte tenu des disparités existantes. Ceci s’applique parti142
143
144
L’Allemagne verse, après le Luxembourg, les allocations familiales les plus élevées en Europe. Les Français
en revanche ne reçoivent d’allocations familiales qu’à partir du deuxième enfant. Cf. Kröhnert, S. / van Olst,
N. / Klingholz, R.: Emanzipation oder Kindergeld? Wie sich die unterschiedlichen Kinderzahlen in den Ländern Europas erklären, Berlin-Institut für Bevölkerung und Entwicklung, loc. cit.
Cf. http://www.familienhandbuch.de/cmain/f_Programme/a_Familienpolitik/s_877.htm
Cf. Kröhnert, S. / van Olst, N. / Klingholz, R.: Emanzipation oder Kindergeld? Wie sich die unterschiedlichen
Kinderzahlen in den Ländern Europas erklären, Berlin-Institut für Bevölkerung und Entwicklung, loc. cit.
- 125 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
culièrement (notamment pour les régions allemandes et le Luxembourg) à la plus forte intégration dans le système éducatif, à l’introduction de formations plus spécialisées pour les
professionnels de l’enfance et à la réduction du nombre d’enfants à charge par éducatrice.
Par ailleurs, il faut s’attacher à accroître l’étendue et la durée de l’accueil, notamment pour
les enfants de moins de trois ans et, spécialement dans les régions allemandes, pour les
enfants allant à l’école primaire. Il est en outre nécessaire de créer des possibilités de garde
bon marché, de bonne qualité et présentant la souplesse souhaitée pour les périodes de
fermeture des établissements par exemple et le soir dans les ménages privés.145 Il s’impose
également d’améliorer les possibilités pour les parents de garder leurs enfants malades tout
en étant rémunérés. Enfin, il n’existe guère, quelle que soit la région, d’incitations pour la
prise en charge par les pères de la garde de leurs enfants. On peut globalement constater
que le partage plus égal des tâches entre les partenaires et l’égalité des chances dans la vie
professionnelle et dans la vie privée font des sociétés modernes des sociétés également
plus ouvertes aux enfants.
Champ d’action : Niveau d’entreprise
Les obligations familiales sont souvent contraires à la logique intrinsèque du système entrepreneurial. Face aux effets du changement démographique sur le marché de l’emploi, une
politique plus favorable à la familiale est indispensable pour éviter que de jeunes salarié(e)s,
quelle que soit leur qualification, ne quittent le marché du travail, pour conserver le savoirfaire propre à l’entreprise et éviter une partie des frais supplémentaires liés au recrutement
de personnel. Améliorer la compatibilité entre vie familiale et vie professionnelle au niveau
de l’entreprise est directement rentable et constitue par ailleurs un champ d’action important
pour pouvoir réagir à la pénurie prévisible de main-d’œuvre (« se battre pour obtenir les meilleurs candidats »).
Exemple de bonnes pratiques: famille et emploi sont conciliables
chez Boehringer Ingelheim – les mutations démographiques, un
atout
L’entreprise Boehringer Ingelheim Pharma GmbH & Co. KG est une entreprise active dans la recherche, le développement et la production d’agents
pharmaceutiques et de médicaments destinés au groupe international; ses activités de marketing et de vente sont gérées depuis l’Allemagne. Dans le secteur pharmaceutique, le groupe
Boehringer est le plus important encore sous contrôle familial. Près de 7.000 employés travaillent sur le site d’Ingelheim, dont la moitié sont des femmes. Boehringer Ingelheim se penche
depuis plusieurs années sur les divers aspects et conséquences de l’évolution démographique
actuelle pour l’entreprise.
Prendre soin du bien-être de ses collaborateurs, c’est pour Boehringer Ingelheim un principe
essentiel de la politique de l’entreprise, qui remonte à une longue tradition. Cela signifie que les
différents groupes d’employés sont considérés séparément, en fonction de leurs besoins propres, mais aussi globalement. Concernant l’alliance entre la vie de famille et la vie professionnelle, Boehringer propose de nombreuses mesures et possibilités qui sont, d’une part,
l’expression de sa philosophie sociale, et d’autre par une réaction aux mutations démographiques qui transforment la société. Pour une entreprise qui travaille très intensément dans la R&D,
il est vital d’attirer des employés performants possibles, et pour ce faire, il faut se positionner
avantageusement face à la concurrence. Dès maintenant, un manque d’ingénieurs se fait sentir,
et il est donc particulièrement nécessaire de garantir aux jeunes femmes hautement qualifiées
un retour le plus rapide possible à la vie active après une grossesse.
145
Cf. Pfau-Effinger, B. (2005).
- 126 -
Eventail d’offres pour concilier famille et emploi
Les employés peuvent gérer leur temps de travail suivant un modèle de flexibilité extrême sans
horaires minimum journaliers, en tentant de trouver un accord avec leur hiérarchie entre les intérêts de l’entreprise et leurs intérêts personnels. En outre, l’entreprise pratique près de 120 modèles différents pour l’emploi à temps partiel, propose des formules de télétravail et accorde généreusement des congés en cas d’urgence familiale. Pour permettre aux femmes de retourner
le plus rapidement à leur emploi après une grossesse, Boehringer Ingelheim s’efforce intensément de garder le contact avec ses employées pendant leur congé maternité ou leur congé parental. Parallèlement, les femmes disposent d’une importante variété de qualifications pour actualiser régulièrement leurs connaissances.
Formules de garde
Après la grossesse et le congé parental, Boehringer Ingelheim propose d’aider les parents à
trouver des formules de garde. L’entreprise coopère dans ce domaine avec la municipalité, afin
de ne pas provoquer de situations de concurrence. En collaboration avec les collectivités territoriales compétentes, une crèche-garderie a été mise en place, pouvant accueillir 40 enfants qui
sont répartis à moitié entre l’entreprise et la ville. Les frais d’inscription dépendent du revenu des
familles; en cas de besoin supplémentaire, Boehringer Ingelheim peut également faire appel aux
haltes-garderies ou aux jardins d’enfants publics, afin de remplir les effectifs de ces institutions
sans augmenter les frais de gestion incombant à l’entreprise. Cette offre régulière est complétée
par un service d’urgence activé lors des fermetures de la crèche privée, et par un programme de
vacances où les parents qui travaillent peuvent inscrire leurs enfants pendant les vacances scolaires. Ces programmes s’adressent aussi aux enfants d’Ingelheim: „Les enfants scolarisés en
primaire viennent pendant les vacances pour faire des expériences simples dans nos laboratoires.“
Importance des mesures accessoires
Depuis longtemps chez Boehringer, l’écoute des collaborateurs n’est pas un vain mot.
L’entreprise insiste sur le fait que des mesures ou offres isolées ne suffiront pas à garantir que
l’employé, et surtout l’employée, puisse concilier vie professionnelle et vie de famille. Il faut en
plus chercher à faire s’accorder les différentes mesures et les encadrer éventuellement par une
série de mesures accessoires. On pense particulièrement à une offre de soutien en cas de difficultés familiales, ou même financières (surendettement). Il est vrai que l’entreprise qui propose
ce genre d’aides n’agit pas par altruisme ; mais il est vrai aussi qu’un travailleur motivé est un
travailleur prêt à optimiser ses performances: „Nous avons un objectif commercial à atteindre,
et nos collaborateurs le savent.“
Perspectives et limites
Malgré l’ouverture et les nombreux aménagements offerts pour les familles, il y a aussi chez
Boehringer des situations conflictuelles qui ne sont pas toujours gérables à l’amiable. Ainsi,
alors que ces aménagements sont réalisables sans grands problèmes dans les secteurs administratifs ou de R&D, les temps partiels sont plus difficilement opérationnels dans le secteur du
travail par équipe, car ils entraînent des complications considérables au niveau de la planification.
Foto: Boehringer Ingelheim
Le service du personnel et le comité d’entreprise
indiquent également que les longues listes
d’attente pour la halte-garderie peuvent créer des
conflits d’intérêt: „Nous avons beaucoup de collaborateurs qui ont des salaires élevés. Le comité
d’entreprise estime qu’il faudrait privilégier plutôt
les familles à revenus plus faibles. […] Les couples de diplômés à double revenu pourraient faire
garder leurs enfants dans une institution privée
externe à l’entreprise. Il est vrai que l’entreprise a
intérêt à fidéliser sur place les personnes hautement qualifiées. […] Mais il faudrait trouver un
compromis juste et acceptable par tous.“
Mais les deux organes s’accordent pour dire
- 127 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
qu’une de leurs forces est d’avoir toujours pu, par le passé, proposer un consensus sur de telles
questions et d’autres problèmes fondamentaux: „Cet esprit de collaboration à l’intérieur de
l’entreprise a grandi avec le temps. On doit pouvoir se fier les uns aux autres. Parfois, nous
nous battons sur une question pendant des mois, mais nous ne perdons pas de vue l’objectif final, et tentons de le réaliser au mieux. C’est ce qui fait la force de Boehringer.“
Les principales mesures requises sont les suivantes : les parents (et pas seulement les
femmes) doivent avoir plus d’opportunités d’emploi à temps partiel à tous les niveaux hiérarchiques (et ici aussi dans le cadre d’horaires fixes et compte tenu de formes de travail alternatives comme le partage de travail ou le télétravail) sans avoir à renoncer à leur carrière
professionnelle au sein de l’entreprise. Il faut pour ce faire séparer fondamentalement les
perspectives de promotion professionnelle et le principe de la disponibilité illimitée. Ceci signifie bien sûr une modification fondamentale de la culture de l’entreprise qui peut cependant
s’avérer rentable : en améliorant les chances d’évolution et de promotion professionnelle des
femmes au sein de l’entreprise, il est possible de mieux exploiter les réserves de maind’œuvre aujourd’hui insuffisantes. Ce processus ne se limite toutefois pas à l’amélioration
des conditions générales pour la garde des enfants. Dans le cadre du changement démographique en cours, la prise en charge de personnes âgées viendra s’ajouter aux charges
familiales. D’autre part, et indépendamment des obligations familiales, les travailleurs doivent
être en mesure d’investir le temps nécessaire pour répondre aux exigences croissantes de la
formation tout au long de la vie et de la qualification. Les entreprises attendent de leurs employés qu’ils consacrent une partie de leur temps libre à la formation. Les obligations vont
s’accentuer dans la vie professionnelle comme dans la vie de famille. Il faut donc pallier à
cette évolution en réajustant et en mieux équilibrant mieux ces deux secteurs afin de garantir
la motivation, l’engagement et la concentration des travailleurs, principaux facteurs du succès de l’entreprise.146
Exemple de bonnes pratiques : encouragement d’une politique du
personnel favorable aux familles
En vue de mieux concilier la vie de famille et la vie professionnelle, la Rhénanie-Palatinat appuie l’audit berufundfamilie®, un outil stratégique visant à encourager dans les entreprises une politique du personnel favorable aux familles. Cet outil est
depuis 2004 sous le patronage de la ministre fédérale chargée de la famille, des seniors, des
femmes et des jeunes et du ministre fédéral de l’Economie et du Travail. Les entreprises qui
souhaitent obtenir le certificat sont aidées par la ‘berufundfamilie gGmbH’ créée en 1998 à
l’initiative de la Fondation Hertie.
L’audit se déroule en plusieurs phases. La première phase consiste à recenser, dans le cadre
d’un atelier stratégique, le potentiel de développement de l’entreprise à l’aide d’un assistant qualifié et d’un groupe de projet constitué au sein de l’entreprise. Au cours de la phase suivante,
des mesures et des objectifs ajustés aux besoins de l’entreprise sont définis dans le cadre d’un
atelier d’audit. Ces mesures doivent être mises en oeuvre en l’espace de trois ans. Un certificat
de base octroyé par la ‘berufundfamilie gGmbH’ est la preuve tangible que l’entreprise a lancé le
processus (à compter de la réalisation de l’audit). A l’expiration de ces trois années, les objectifs
atteints sont contrôlés dans le cadre d’un nouvel audit et des mesures plus poussées sont définies. Si ce nouvel audit est positif, les entreprises se voient attribuer le certificat proprement dit
qui atteste que l’entreprise applique une politique du personnel favorable aux familles et
146
Bundesministerium für Familie, Senioren, Frauen und Jugend (éditeur) (2003) : Betriebswirtschaftlicher Effekte familienfreundlicher Maßnahmen – Kosten-Nutzen-Analyse, Berlin.
- 128 -
s’efforce de mieux concilier la vie de famille et la vie professionnelle. Les entreprises se voient
remettre la certification une fois par an dans le cadre d’une manifestation publique, en coopération avec le ministères fédéraux de l’Economie et de la Famille.
L’initiative présente de grands avantages : d’une part une plus grande motivation et satisfaction
des salariés, d’autre part une plus-value pour l’entreprise : en effet, une entreprise qui adopte
une politique responsable attire entre autres des jeunes qualifiés. Les entreprises auditées profitent en plus du savoir et des connaissances scientifiques dont dispose la ‘berufundfamilie
gGmbH’. Ce savoir est rassemblé dans des banques de données auxquelles peuvent accéder
les entreprises. Enfin, elles ont la possibilité d’échanger des expériences et des informations
avec des intervenants spécialisés dans le cadre d’un réseau et d’ateliers organisés régulièrement.
La Rhénanie-Palatinat apporte un soutien financier à l’audit dans les entreprises. Dans les entreprises ayant plus de 25 employés, la réalisation de l’audit est subventionnée à 50%; si le
nombre de salariés ne dépasse pas 25, l’audit est financé à 100%.
Champ d’action : Politique familiale
Globalement, une politique familiale orientée sur l’avenir devra tenir compte de plus en plus
des différentes phases de la vie de famille, des formes de vie et situations particulières. A
l’avenir, la politique familiale aura un poids plus important si elle est très proche de
l’environnement familial. Au quotidien, les familles doivent s’efforcer de trouver un équilibre
entre travail, formation, prévoyance, habitat et loisirs. La solution de leurs problèmes quotidiens est toujours liée aux conditions concrètes dans lesquelles elles vivent. Une politique
familiale plus axée sur les particularités locales peut contribuer à mieux répondre aux besoins des familles et améliorer leur marge de manoeuvre et leurs actions. La plupart des
décisions prises par les municipalités ont un impact direct sur la capacité d’agir des familles.
La politique familiale doit donc être thématisée, notamment au niveau des municipalités, et
associer si possible tous les acteurs économiques et sociaux. En Allemagne, le gouvernement fédéral a lancé en janvier 2004 l’initiative « Alliances locales pour les familles ».147 Entre-temps, il existe plus de 200 alliances qui, en fonction des besoins locaux, se sont penchées sur les questions les plus diverses et ont déployé des activités concrètes sur place. En
Sarre et en Rhénanie-Palatinat également, on a créé au total déjà plus de 20 alliances de
cette sorte. L’accent n’est pas mis seulement sur un meilleur équilibre entre l’activité professionnelle et la famille, mais aussi sur l’amélioration de la qualité des sites et, par là même,
sur l’attrait renforcé qu’exercent les municipalités et la région sur le secteur économique et
les travailleurs. Les régions et municipalités qui ne réussissent pas à créer un climat favorable pour les famille en matière d’habitat, de vie et de travail, n’auront pas, à long terme, le
succès économique souhaité.
147
Cf. Bundesministerium für Familie, Senioren, Frauen und Jugend (éditeur): Lokale Bündnisse für Familie.
Stationen, Erfolge, Impulse, Berlin, loc. cit.
- 129 -
4.2 Conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale
Exemple de bonnes pratiques: Alliance locale pour les familles à
Trêves
« L’Alliance locale Trêves » a vu le jour en juillet 2004 à l’initiative du DGB de
Trêves. Ce projet, situé dans la zone industrielle de Trêves Monaise et soutenu
par plusieurs partenaires du monde politique et économique, doit contribuer à améliorer les
conditions générales pour les familles et l’égalité des chances pour les mères exerçant une activité professionnelle.
Objectif : mettre en place un pôle de compétences et de services pour améliorer l’accueil
des enfants et l’aide aux personnes âgées
Le recensement des besoins exprimés par les salariés d’entreprises sur place a montré que
l’accueil des enfants de moins de 3 ans constituait le problème le plus important pour les travailleurs. Il existe certes des structures publiques, mais leur nombre est insuffisant et elles ne se
trouvent pas à proximité du lieu de travail des parents. Pour cette raison, les acteurs de la vie
locale ont décidé en commun d’aménager une garderie dans la zone industrielle. La ville a mis
un terrain à disposition et les entreprises situées aux alentours ont participé aux coûts.
L’organisation est assumée par une association créée à cet effet « KiTa Monaise » qui recherche également d’autres sponsors pour le projet. Parallèlement à la garderie, il est prévu
d’aménager un pôle de compétences et de services auquel pourront s’adresser les femmes travaillant dans la zone industrielle, en quête d’une solution pour garder des parents âgés dépendants. Il est prévu que des aides soient proposées en fonction des besoins.
Un avantage pour les entrepreneurs, les entreprises et la région
Le projet conseille et aide en particulier les femmes exerçant une activité professionnelle en cas
de problèmes et contribue ainsi à les aider et à mieux concilier la vie de famille et la vie professionnelle. La motivation des salariés et le climat de travail s’en trouvant améliorés, les entreprises impliquées dans ce projet ressentent également les effets positifs de leur engagement. De
plus, en encourageant les mesures d’aide à la famille, les employeurs augmentent leur attractivité. Tout ceci entraîne une valorisation du site dans son ensemble, ce qui se traduit par
l’implantation de nouvelles entreprises et le maintien des emplois. Tous les acteurs impliqués –
municipalité et entreprises, mais surtout les parents – profitent de l’amélioration visée des conditions générales pour les parents qui exercent une activité professionnelle.
- 130 -
4.3
Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de
l’emploi
4.3.1
Quelques éléments de constats
Les indicateurs démographiques le démontrent, dès aujourd’hui le nombre de jeunes stagne
voire diminue dans la Grande Région, en Europe et ailleurs.
La stratégie européenne pour l’emploi ou les politiques européennes de formation prennent
comme public cible (non exclusif cependant), les « jeunes » en leur reconnaissant un rôle
majeur pour contribuer à relever le défi démographique européen. Parmi les objectifs de Lisbonne, celui de construire « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » est souvent rappelé avec force, plaçant l’éducation au centre des débats en lui attribuant de plus en plus un rôle moteur dans la croissance économique. Dans
ce contexte, le maintien du potentiel de la force de travail et du niveau de qualification des
jeunes (mais également des adultes) dans la Grande Région devient un enjeu majeur face
aux défis qui nous attendent.
Or ces objectifs européens peuvent apparaître aujourd’hui incantatoires lorsque l’on étudie
de plus près la situation des jeunes et la place qu’on leur réserve notamment sur le marché
du travail en termes d’accès à l’emploi et de conditions de travail, etc. On pensait il y a encore peu, que les difficultés des jeunes se résorberaient sous l’influence conjointe de
l’arrivée à l’âge adulte de générations de moins en moins nombreuses, du changement
technologique supposé favorable aux nouveaux venus sur le marché du travail et de
l’élévation sensible du niveau de formation des jeunes, encouragé par des politiques éducatives actives. Force est de constater que cela n’a pas été le cas. La problématique de
l’insertion professionnelle des jeunes s’est depuis une vingtaine d’années progressivement
généralisée dans le débat politique et social des différents pays de l’Union européenne (plus
tardivement en Allemagne cependant). Le chômage des jeunes était considéré encore il y a
peu comme un phénomène temporaire lié à la conjoncture et concentré sur les sous populations les moins favorisées (jeunes sans diplôme notamment). Il s’est en fait généralisé à
l’ensemble des « jeunes », même si l’on observe toujours une gradation des indicateurs
d’insertion selon le niveau de diplôme. En tendance, le taux de chômage est d’autant plus
faible que le niveau de diplôme est élevé (ce que montrent d’ailleurs les résultats des enquêtes forces de travail et toutes les enquêtes nationales menées sur le sujet).
Dans la Grande Région, à l’instar de l’ensemble de l’Europe, on observe des tendances
communes même si les phénomènes prennent parfois des caractéristiques et une ampleur
variables selon les régions. La question des jeunes face à l’emploi se pose ainsi en des termes voisins dans les différentes composantes de la Grande Région : accroissement des
taux de scolarisation, montée des qualifications, sélectivité du chômage à l’égard des jeunes,
difficultés persistantes des jeunes sans qualification sur le marché du travail, revalorisation
des formations professionnelles, polarisation sectorielle de l’emploi, multiplication des formes
particulières d’emploi et en particulier de l’intérim pour la main d’œuvre juvénile dans les entreprises. L’échec scolaire et les sorties sans qualification du système scolaire, même si le
phénomène est en régression sur les trente dernières années, reste préoccupant, poussant
l’UE à fixer un objectif : réduire de 50% la part des jeunes de 18 à 25 ans ne disposant que
d’un diplôme de l’enseignement secondaire et arrêtant leurs études.
- 131 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Les travailleurs de bas niveau de qualification scolaire (qu’ils soient jeunes ou âgés) sont
bien plus souvent que les autres actifs confrontés au chômage de longue durée et à
l’exclusion. Leur espérance d’emploi ne peut s’améliorer si l’on ne parvient pas à penser de
nouvelles politiques publiques visant à remédier à la faiblesse de leur qualification
L’évolution démographique permettra t’elle d’infléchir à court terme les courbes du chômage? Les départs à la retraite des enfants du baby-boom vont-ils libérer des postes pour
les jeunes entrants ? D’un point de vue général comment la raréfaction des jeunes modifie telle leurs comportements sur le marché du travail ? Compte tenu de sa raréfaction va-t-on
assister à une concurrence entre régions et entre les entreprises par rapport à la main
d’œuvre juvénile ?
La situation démographique peut elle jouer sur la qualité des emplois, notamment pour les
jeunes? Etc.
Autant de questions qui nécessitent, pour tenter au moins un début de réponse, d’explorer la
situation des jeunes aujourd’hui, en essayant de clarifier notamment dans l’ensemble des
pays les politiques de l’emploi et les politiques de formation, le rapport des jeunes à l’emploi,
etc.
Résultats de l’enquête téléphonique de l’OIE sur les mesures spécifiques prises en faveur des jeunes dans les entreprises de la Grande Région
Dans le cadre de l’enquête téléphonique effectuée auprès d’entreprises de la Grande Région148,
le réseau de l’OIE a également demandé quelles étaient les mesures prévues ou planifiées par
les entreprises en faveur des jeunes.
Aucune mesure ou initiative particulière n’a été mentionnée en faveur des jeunes. Les entreprises qui attendent du changement démographique des conséquences sur la pyramide des âges
estiment que le recrutement de jeunes est la solution au problème, mais elles ne prévoient aucune mesure supplémentaire en dehors des mesures d’éducation et de formation. En Sarre, une
seule entreprise qui ne peut couvrir elle-même la formation requise envisage de s’investir dans
un réseau de formation. Une seule entreprise en Rhénanie-Palatinat a mentionné des stages
proposés aux jeunes à titre d’orientation professionnelle : cette mesure est probablement plus
répandue en réalité.
1 jeune actif sur 5 est au chômage dans la Grande Région
Si la Grande Région se place dans les valeurs moyennes concernant le taux de chômage
global elle présente un taux de chômage juvénile sensiblement plus élevé. L’emploi des jeunes réagit fortement aux tendances générales du marché du travail. Ainsi un jeune actif sur
cinq est au chômage en 2004 (contre 18,5% pour l’UE 25 et 16,2% pour l’UE 15).
La disparité est très forte entre les différentes régions. Le chômage des jeunes actifs est particulièrement élevé en Wallonie (33,1% en 2004) suivie par la Lorraine (22,8%) et le Luxembourg (18,5%) alors que la Sarre et la Rhénanie Palatinat présentent les taux les plus faibles
(de l’ordre de 12%). Mais il est important de souligner que le clivage entre les régions (ou au
niveau des pays) est un clivage vrai pour l’ensemble de la population et non spécifique aux
jeunes. Cette situation si elle pose le problème de l’insertion des jeunes dans une situation
conjoncturelle (mais qui devient structurelle) qui touche en premier lieu les jeunes s’explique
148
Pour plus d’informations sur la conception et la réalisation de l’enquête téléphonique, veuillez vous reporter
au chapitre 1.2.
- 132 -
aussi par les rapports entre des systèmes éducatifs et productifs et le fonctionnement du
(des) marché(s) du travail et le statut d’une partie des jeunes.149
Le chômage des jeunes « actifs » : de quoi parle t-on ?
Le calcul du taux de chômage pour les jeunes pose problème à l’échelle internationale car les
populations de références entre les pays sont hétérogènes
Si l’on prend le cas de l’Allemagne et de la France, l’importance de la population active (actifs
en emploi et chômeurs) dans ces deux pays est différente et explique en partie les écarts observés pour les taux de chômage juvéniles. En effet, l’apprentissage est fortement développé et
ancré en Allemagne avec le système dual.150 Ces jeunes sont considérés comme actifs et
comptabilisés dans la population active. Le taux d’emploi y est particulièrement élevé, le taux
d’inactivité relativement bas et la proportion de jeunes au chômage plutôt faible. En France, les
apprentis même s’ils bénéficient d’un contrat de travail (aux conditions particulières) ne figurent
pas dans la population active mais sont considérés en formation. Les taux d’emploi des jeunes
restent en France relativement modestes (compte tenu de l’ampleur de la scolarisation et des
sorties de plus en plus tardives vers la vie active) tout comme la part des jeunes au chômage.
Aussi, en France, la population active juvénile étant minorée, le nombre de chômeurs s’en
trouve mathématiquement (artificiellement) renforcé.
Lorsque le taux de scolarisation est très élevé - principal facteur influençant le taux d’activité des
jeunes -, le taux de chômage peut atteindre des valeurs très élevées, mais ne concerner que
très peu de jeunes : c'est par exemple le cas en Belgique et en France. Aussi, pour mieux appréhender la réalité, convient-il de relativiser l’ampleur du chômage des jeunes par rapport à
l’ensemble de la population, et non plus seulement par rapport à la population dite active. De
plus, la mesure du chômage à un moment donné, n'indique pas s'il concerne toujours les mêmes populations (qui connaissent alors une succession de passages au chômage), ou s'il est
plus largement réparti.
Le taux de chômage des jeunes en Wallonie est presque trois fois supérieur à celui de la Rhénanie-Palatinat. Cela ne signifie pas pour autant qu’il y a trois fois plus de jeunes au chômage
en Wallonie. En effet, en 2004, la proportion de jeunes au chômage rapporté à la population totale de jeunes s’élève respectivement à 5,6% en Rhénanie-Palatinat et 10,7% en Wallonie (la
valeur moyenne pour l’ensemble de la Grande Région s’établit à 7,5% en 2004).
149
150
Domaines dans lesquels les politiques publiques interviennent à des degrés divers selon les pays.
Le système dual désigne l’apprentissage avec une alternance de l’enseignement entre l'entreprise et le centre de formation professionnelle.
- 133 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Fig. 4.11 :
Taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans en 2004 (%)
40
33,1
30
22,8
20
20,1
18,5
18,5
16,2
12,4
10
12,1
0
Saarland
Lorraine
Luxembourg
RheinlandPf alz
Wallonie
GR. Region
UE 15
UE 25
Source: Eurostat – Enquête sur les forces de travail, avril 2006, propres calculs
Tableau 4.5 :
Données disponibles au niveau infra
régional
Taux de chômage 2004 des jeunes de 15 à 24 ans par région et
par sexe
Taux de chômage
2004 des jeunes
de 15 à 24 ans
Taux de chômage
des 15 et 24 ans
Total
Hommes Femmes
UE (25 pays)
18.5
UE 25
18,5
18,2
18,9
UE (15 pays)
16.2
UE 15
16,2
15,9
16,5
Belgique
21.2
Belgique
21,2
20,2
22,4
Wallonie
33.1
Allemagne
12,6
14,1
10,7
Prov. Brabant
Wallon
28.6
France
21,9
20,9
23,2
39.9
Luxembourg
18,5
14,3
23,4
Prov. Hainaut
Prov. Liège
31.3
GR. Region
20,1
19,8
20,5
Prov. Namur
30.0
Deutschland
12.6
Rheinland-Pfalz
12.1
Koblenz
12.5
RheinhessenPfalz
11.7
Saarland
12.4
France
Source : Eurostat – Enquêtes sur les forces de travail
21.9
Lorraine
22.7
Luxembourg
18.3
GR. Region
20,1
Source : Eurostat – Enquêtes sur les forces de travail
- 134 -
Tableau 4.6 : Taux de chômage global et taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans
UE
25
Allemagne
2001
2004
8,6
9,2
7,8
10,3
2001
2004
17,5
18,5
8,3
12,6
2001
2004
8,9
9,3
0,5
2,3
RhénaniePalatinat
Sarre
Belgique
Wallonie
France
Chômage total-%
5,2
6,3
6,6
9,9
9,1
6,8
8,5
8,4
12
9,6
Chômage des jeunes (15-24 ans)-%
7,0
nd
17
28,3
19
12,1
12,4
21,2
33,1
21,9
Différentiel (taux chômage des 15-24-taux chômage total)
1,8
nd
10,4
18,4
9,9
5,3
3,9
12,8
21,1
12,3
Lorraine
Luxembourg
7,8
11,1
1,8
4,8
15,3
22,7
6,3
22,7
7,5
11,6
4,5
17,9
Source : Eurostat et calculs propres
Fig. 4.12 :
Part des chômeurs de 15 à 24 ans dans la population totale de cette
tranche d’âge en 2004
15
10
10,7
7,7
7,5
5
4,8
4,7
5,6
0
Saarland
Lorraine
Luxembourg
Rheinland-Pf alz
Wallonie
GR. Region
Source : Eurostat – Enquêtes sur les forces de travail
L’absence ou le manque de qualification accroît fortement le risque de chômage des
jeunes
Quitter le système éducatif sans qualification a de fortes conséquences sur la situation des
jeunes : le faible niveau d’éducation est corrélé négativement avec le taux de chômage en
France, en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg tout comme pour l’ensemble de
l’Europe. Ainsi, l’extension lorraine de l’enquête Génération 2001151 réalisée par le Céreq
(Centre d’études et de recherches sur les qualifications) montre sur le plan du chômage que
pour les sortants du système éducatif en 2001, globalement, plus le niveau de formation est
élevé, plus la probabilité de connaître une période de chômage diminue, sans toutefois être
faible. Ainsi, 68% des non qualifiés ont connu une période de chômage contre 48% des diplômés de troisième cycle ou des grandes écoles, 40% des titulaires d’un baccalauréat professionnel ou technologique, 32% des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement supérieur, 42% des diplômés de l’enseignement supérieur court.
151
Cette enquête reconstitue les trajectoires des sortants de l’appareil de formation initiale (élèves, étudiants,
apprentis) en 2001, tous niveaux de formation et de diplômes au cours des trois années qui ont suivies. Pour
aller plus loin Génération 2001 en Lorraine – quand l’école est finie, OREFQ – Grée Céreq, Andreana Khristova, Hervé Lhotel, Alexandre Parment, mai 2006.
- 135 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
La durée cumulée du chômage varie également selon le niveau de formation : 56 % des non
qualifiés et 13 % des titulaires d’un second cycle ont passé plus de six mois au chômage sur
la période étudiée. Trois ans après être sortis du système éducatif, 15 % de l’ensemble des
sortants ont connu le chômage de longue durée (supérieur à un an).
Des objets de recherches différents selon le contexte du pays
La situation des jeunes allemands n’a longtemps pas (ou peu) posé de problème sur le marché
du travail ce qui a conduit les équipes de recherche à s’interroger davantage sur l‘entrée en
formation, la question du devenir devenant plus périphérique.
En France, en revanche, les problèmes de l’entrée des jeunes dans la vie active ont fait l’objet
d’abondantes recherches sur leur parcours à l’issue de la sortie du système éducatif, à partir de
dispositifs d’enquêtes spécifiques (telles que les enquêtes Générationnelles du Céreq, les enquêtes IVA et IPA, etc.).
Tableau 4.7 : Taux de chômage total, par plus haut niveau d’enseignement entre 1994
et 2004
Enseignement primaire ou premier cycle de l’éducation de base (CITE 1)
1994
2001
UE 25
n.d.
Deutschland
14,6
Belgique
12,3
France
14,4
Luxembourg
3,7
Enseignement secondaire (CITE 2-3)
UE 25
n.d.
Deutschland
8,9
Belgique
7,5
France
9,6
Luxembourg
1,9
Enseignement supérieur (CITE 5-6)
UE 25
n.d.
Deutschland
5,4
Belgique
3,7
France
6,6
Luxembourg
2,3
2004
10
12,9
9,1
11,5
1,8
10,8
n.d.
10,8
11,6
n.d.
7,6
8,2
4,3
6,6
1,1
n.d.
n.d.
5,9
7,3
n.d.
3,9
4,2
2,7
4,6
n.d.
n.d.
n.d.
3,2
6,2
n.d.
Source : Eurostat
4.3.2
Les systèmes d’éducation au sein de la Grande Région
La prise en compte des cadres institutionnels est souvent négligée dans les analyses comparatives car elle soulève des difficultés pratiques et théoriques.152 Ainsi, les systèmes éducatifs nationaux apparaissent hétérogènes. Ils ne produisent pas nécessairement le même
type de qualification et les rythmes peuvent être disparates. Les modalités d’insertion professionnelle des jeunes sont loin d’être indifférentes aux caractéristiques d’organisation des
152
Les études comparatives sur la transition école-travail mobilisent plusieurs types d’outils qui présentent chacuns des difficultés propres :
- les enquêtes nationales auprès des sortants de formation pour étudier leur parcours d’insertion (comme les
enquêtes dites Génération réalisées par le Céreq en France) posent des problèmes quant aux nomenclatures utilisées, au champ même des enquêtés, aux thèmes abordés, etc.
- L’utilisation des enquêtes européennes sur les forces de travail, si elles offrent l’avantage de leur harmonisation, ne permet pas toujours d’aller suffisamment loin dans le traitement des données eu égard à
l’insuffisance des données collectées et à la taille des échantillons souvent trop restreints.
- 136 -
différents systèmes éducatifs nationaux. Les systèmes scolaires nationaux gardent une assez forte spécificité, modelée par une histoire propre ayant progressivement fixé les contours
de leur organisation et leur caractère plus ou moins décentralisé, leur degré d’autonomie et
la nature de leurs relations avec le système productif, leur caractère plus ou moins sélectifs
et l’importance du diplôme.153 Chaque système d’éducation et de formation initiale assume
ainsi une fonction sociale particulière, produit d’un environnement social, économique et politique propre à chaque État.154 En découlent des formes spécifiques d’insertion professionnelle des jeunes. Première conséquence, les jeunes sont concernés par le processus de
transition à des âges différents selon les niveaux d’éducation atteints. De même, la durée du
processus de transition et les formes d’activité qui lui sont associées diffèrent selon les pays
considérés. A priori plus long si la formation générale est privilégiée, mais avec des débouchés possibles sur une large gamme d’activités, le processus est relativement plus court si la
formation professionnelle est importante et reconnue par les employeurs, ou si la formation
initiale a permis d’acquérir un début d’expérience de l’entreprise.
Cette partie propose de faire un détour par les systèmes éducatifs propres à chaque pays
afin de comprendre ce qui se passe au niveau de l’insertion professionnelle des jeunes.
Les principes de l’éducation européenne trouvent leurs fondements juridiques dans le Traité
de Maastricht. Un appel à une politique commune de l’éducation en Europe y est formulé ;
en même temps, les compétences de l’Union Européenne sont limitées puisque l’éducation
demeure une mission nationale, ce qui doit être considéré finalement comme une prise en
compte et une contribution à la diversité culturelle en Europe. Car on ne peut pas considérer
les systèmes d’éducation comme une superstructure rationnelle, ils sont imprégnés des
normes, des traditions et des exigences spécifiques aux pays ou à la culture. Ceci se reflète
particulièrement dans la Grande Région qui forme une zone de contact entre deux cultures
où sont parlées trois langues, où quatre pays ou plutôt cinq espaces se jouxtent et au sein
desquels cinq ou plutôt quatre systèmes d’éducation mettent en évidence différentes voies
de préparation à l’avenir pour les jeunes générations.
Comparabilité des systèmes d’éducation : CITE
Les systèmes d’éducation ne se différencient pas seulement du point de vue de leur architecture, les déroulements, les contenus, les durées de formation ainsi que les conditions
d’entrée varient également. Afin de pouvoir comparer au niveau européen les différentes
formes de systèmes d’éducation, l’UNESCO a mis au point une nomenclature commune. La
première version de la classification internationale type de l’éducation (CITE) a été présentée
en 1970 puis a fait l’objet d’une révision en 1997. Elle sert d’instrument de représentation
des niveaux et des statistiques concernant l’enseignement au niveau international et rend
ainsi possible une vue comparative des systèmes d’éducation au sein de la Grande Région.
La nomenclature commune distingue six niveaux d’enseignement allant du niveau préprimaire au niveau supérieur.155
153
154
155
José Rose (1998) : Les jeunes face à l’emploi.
La nature des savoirs dispensés, la place accordée à la préparation des élèves aux réalités de l’univers du
travail ou encore le degré de proximité des contenus de formation et des savoirs professionnels sont autant
de dimensions qui différencient les systèmes éducatifs nationaux.
Cf : en détail l’annexe : nomenclature CITE.
- 137 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Tableau 4.8 : Niveau d’éducation des jeunes entre 1994 et 2005
Pourcentage des 20 à 25 ans ayant atteint au moins un niveau d’éducation secondaire supérieur
1994
UE 25
Deutschland
Belgique
France
Luxembourg
2001
n.d.
82,8
76,3
77,5
54,0
2004
76,1
73,6
79,4
81,8
68,0
2005
76,6
72,8
82,1
79,8
71,1
77,3
n.d.
80,3
82,8
71,1
Source : Eurostat
Tableau 4.9 : Jeunes ayant quitté prématurément l’école entre 1994 et 2005
Pourcentage des 18 à 25 ans ne suivant ni études ni formation et dont le niveau d’études ne
dépasse pas l’enseignement secondaire inférieur
1994
UE 25
Deutschland
Belgique
France
Luxembourg
2001
nd
nd
16,1
16,4
34,4
2004
17,0
12,5
13,6
13,5
18,1
2005
15,6
12,1
11,9
14,2
12,9
14,9
nd
13,0
12,6
12,9
Source : Eurostat
Tableau 4.10 : Niveau d’éducation des jeunes entre 1994 et 2005
Pourcentage des 20 à 24 ans ayant atteint au moins un niveau d’éducation secondaire supérieur
1994
UE 25
Deutschland
Belgique
France
Luxembourg
2001
n.d.
82,8
76,3
77,5
54,0
2004
76,1
73,6
79,4
81,8
68,0
2005
76,6
72,8
82,1
79,8
71,1
77,3
n.d.
80,3
82,8
71,1
Source : Eurostat
Caractéristiques et particularités des systèmes d’éducation
Des tableaux synoptiques détaillés relatifs à la structure ainsi qu’aux établissements
d’enseignement et aux qualifications de chaque système d’éducation figurent en annexe du rapport
La Grande Région dispose d’une infrastructure efficace en matière d’éducation qui rend possible l’accès à l’éducation à tous les niveaux. On peut noter en particulier la jeune université
de Luxembourg fondée en 2003. C’est un établissement de Recherche et d’Enseignement
Supérieur public qui jouit d’une indépendance sur le plan de l’enseignement, la recherche,
l’administration et des finances. En même temps, il est à mentionner que, dans la communauté germanophone de Belgique (73 000 habitants), seules des formations courtes dans
des établissements d’enseignement supérieur non universitaires sont offertes. Pour les formations longues (y compris universitaires) les candidats doivent postuler dans les établissements d’enseignement supérieur de la communauté française ou flamande.
- 138 -
Concernant les phases d’éducation, la scolarité est obligatoire entre 6 et 16 ans dans les
pays de la Grande Région, en Belgique elle se distingue ensuite entre scolarité obligatoire à
temps plein (de 6 à 15 ans) et scolarité obligatoire à temps partiel (de 15 à 18 ans). En Allemagne aussi, une obligation scolaire à temps partiel dans des centres de formation professionnelle existe jusqu’à l’âge de 18 ans pour tous les apprentis du système dual ainsi que
pour ceux qui ne vont pas dans un collège d’enseignement professionnel ou général à temps
plein.156
Tableau 4.11 : élèves de la Grande Région selon les niveaux d’enseignement
2004/2005
Niveaux d’enseignement
Primaire
Secondaire
Supérieur
Saarland
40 016
106 062
24 127
Lorraine
140 695
211 047
78 554
LuxemRheinlandbourg
Pfalz
32 456*
171 368
32 520*
418 305
3 398
116 822
Wallonie
256 108
292 498
145 002
GR. Region
640 643
1 060 432
367 903
Source : Offices Statistiques de la Grande Région
* 2003/2004
Education préprimaire : fort taux de fréquentation en France et en Belgique
L’éducation préprimaire concerne en général les enfants à partir de 3 ans et prépare
au passage à l’enseignement primaire qui se fait à l’âge de 6 ou 7 ans. On peut noter
comme particularités la fréquentation obligatoire de l’école maternelle à partir de 4 ans au
Luxembourg et le caractère éducatif comparativement fort de l’école maternelle en France.
L’école maternelle en France n’est pas obligatoire bien que presque tous les enfants de 3
ans fréquentent ces établissements. De même la Belgique enregistre un très fort taux de
fréquentation des établissements gratuits et non obligatoires du niveau préprimaire.
Enseignement primaire : durée de 4 à 6 ans
La scolarité obligatoire commence en général à partir de l’enseignement primaire où sont
acquises les connaissances scolaires de base. Au sein de la Grande Région les enfants
âgés de 6 à 12 ans fréquentent des établissements d’enseignement primaire. Cependant
l’enseignement primaire est divisé en Belgique et au Luxembourg en six classes, en France
cinq et dans les Länder fédéraux allemands quatre. Ainsi les enfants allemands entrent dans
l’enseignement secondaire au plus tôt à l’âge de 10 ou 11 ans. De plus, il est à noter que
l’enseignement primaire en Belgique et au Luxembourg comprend des enseignements spécialisés pour les enfants avec des difficultés d’apprentissage et qu’il est, en Belgique, sanctionné par un examen.157
Enseignement secondaire : système différencié des cursus de formations professionnalisantes
Le premier cycle de l’enseignement secondaire comprend les trois ou quatre premières années après l’enseignement primaire. Il comporte des programmes d’enseignement général
mais offre également à ce niveau des cursus de formation professionnelle qui préparent à
l’entrée dans la vie professionnelle ou au deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
156
157
Pour les jeunes sans contrat d’apprentissage, l’enseignement n’est plus obligatoire lorsqu’ils ont suivi un
cycle de préparation professionnelle de douze mois « Berufsvorbereiyungsjahres (BVJ » ou « Berufsgrundbildungsjahres (BGJ) ».
L’examen d’entrée dans l’enseignement secondaire à la fin de l’enseignement primaire a été supprimé au
Luxembourg.
- 139 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
► L’entrée dans l’enseignement secondaire se fait dans les pays de la Grande Région en
5ème ou 7ème année. Alors que dans tous les systèmes d’éducation la première année
est conçue comme une phase d’encouragement, d’observation et d’orientation particuliers pour le développement ultérieur de l’éducation, des différences peuvent être observées au niveau de son ancrage dans les systèmes d’éducation. En Belgique et au
Luxembourg il faut choisir dès la phase d’observation entre une filière professionnalisante et une filière générale, en France en 6ème et en 7ème année un enseignement
encore commun est dispensé. En Allemagne également, il n’existe aucune possibilité de
choisir un type de filière à ce niveau, toutefois l’enseignement général continu se différencie selon plusieurs types d’établissement qui se distinguent selon leur niveau
d’enseignement.
► Dans les phases suivantes de l’enseignement secondaire les systèmes d’éducation en
Belgique, au Luxembourg et en France offrent un grand choix quant à la filière professionnelle et sont étroitement liés avec le deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
Les cursus de formation proposés préparent à l’obtention de diplômes d’enseignement
général, professionnalisant ou professionnel. Alors que le système d’éducation allemand
n’intègre aucun cursus de formation professionnelle avant la fin de la 9ème ou 10ème année, ceci représente une constante dans les autres parties de la Grande Région.158
► Le deuxième cycle de l’enseignement secondaire commence à la fin de la scolarité obligatoire dans les pays de la Grande Région. La formation professionnelle s’insère dans
les Länder fédéraux allemands à ce niveau, où le système dual de la formation professionnelle domine. Dans les autres parties de la Grande Région, les cursus de formation
professionnelle du premier cycle de l’enseignement secondaire trouvent leur prolongement essentiellement dans un large éventail d’offres scolaires du deuxième cycle de
l’enseignement secondaire. La Wallonie présente dans la filière professionnelle du
deuxième cycle de l’enseignement secondaire un système différencié de formation professionnelle en alternance qui prépare en autres à devenir indépendant.
► Contrairement au système d’éducation allemand, les possibilités d’obtenir une double
qualification sont bien développées en Belgique, en France et au Luxembourg.
L’obtention simultanée du Baccalauréat général ou technique et d’un diplôme de formation professionnelle est garantie par le Baccalauréat professionnel (sous différentes formes selon les pays), néanmoins, en Allemagne, seul est comparable le Baccalauréat
professionnel des lycées techniques qui ne permet pas d’acquérir une aptitude professionnelle.
158
Hormis le cycle de préparation professionnelle : « Berufsvorbereitungsjahr (BVJ) » ou « Berufsgrundbildungsjahr (BGJ) ».
- 140 -
Fig. 4.13 : Évolution du nombre de bacheliers (baccalauréat général ou technique) en
Sarre et en Rhénanie-Palatinat 1992-2004 (deuxième cycle de
l’enseignement secondaire)
12000
10000
8000
8.947
8.520
9.329 9.101
9.032
8.781 8.794
9.784
10.199
10.774
10.478 10.643
11.058
6000
4000
2.609 2.680 2.752 2.561 2.611 2.536
2.246 2.194 2.223 2.383 2.337 2.409 2.473
2000
0
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
Rheinland-Pfalz
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Saarland
Source : conférence permanente des ministres de la culture et de l’éducation des Länder,
domaine des statistiques et des prognostiques
Enseignement supérieur : large éventail de formations courtes
L’enseignement supérieur comprend des cursus de formation au contenu scientifique plus
approfondi et exige l’achèvement avec succès du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou l’obtention du baccalauréat général ou technique. Au sein de la Grande Région,
les systèmes d’éducation nationaux comprennent des voies de formation différenciées dans
l’enseignement supérieur qui diffèrent selon les régions. L’objectif déclaré du Processus de
Bologne est d’initier dans le domaine de l’enseignement supérieur un système facile à comprendre et des diplômes comparables. La création d’un système de deux grades de diplômes et l’introduction d’un système de notation par points (European Credit Transfer System)
(ECTS) y participent. La mise en œuvre de ces objectifs a déjà bien progressé, néanmoins
les systèmes d’éducation reflètent des caractéristiques nationales. Les caractéristiques principales du système de l’enseignement supérieur sont la subdivision des cursus de formation
proposés dans des établissements universitaires ou non universitaires ainsi que la différenciation des cursus de formation selon leur durée.
Tandis qu’en Allemagne les cursus de trois à quatre années (établissement d’enseignement
supérieur technologique) ou de cinq années (université) sont traditionnellement prédominants, les études de plus longue durée ont fortement diminué dans les autres parties de la
Grande Région. Les cursus ou phases de formation de 2 à 4 ans (BTS, DUT, DEUST, DEC
1 etc.) proposent une multitude de formations professionnelles qualifiantes, sous forme de
modules, qui permettent l’entrée dans la vie active.
- 141 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Tableau 4.12 : Ètudiants dans la Grande Région par filières d’études en % (2002/2003)
Groupes disciplinaires
Langues et culture
sport
Droit, économie et sciences sociales
Mathématiques,sciences
physiques et naturelles
Médecine
Études vétérinaires
Agronomie, études de
gestion et de préservation
de la forêt, diététique
Études d’ingénieur
Art, sciences de l’art
Autres disciplines
Total
Saarland
Lorraine
LuxemRheinlandbourg
Pfalz
17,8
25,6
0,0
1,3
48,8
35,2
26,0
2,3
29,8
23,5
2,4
15,2
18,5
15,1
5,7
9,2
0,0
0,0
7,1
0,1
0,0
9,6
4,6
0,0
20 279
9,2
1,5
26,0
69 626
Wallonie
GR. Region
19,0
2,2
30,4
23,6
1,9
27,8
17,4
10,1
15,3
0,0
0,0
0,0
3,9
0,0
0,3
16,9
5,8
4,2
7,7
1,1
1,2
27,7
0,0
0,0
2 830
12,5
3,9
0,0
91 123
9,8
1,6
0,0
42 589
10,5
2,7
8,0
226 447
Source: Offices Statistiques de la Grande Région
Si l’on passe en revue toutes les disciplines, on observe que la majorité des étudiants au
sein de la Grande Région étudie le droit, l’économie et les sciences sociales ainsi que les
langues et la culture.
Système différencié des niveaux de formation en France
En France les diplômes de formation professionnelle sont différenciés selon les niveaux depuis le début des années 60. C’est pourquoi il peut exister pour un même secteur d’activité
plusieurs diplômes. Le système des niveaux s’étend de l’échelon VI (sans diplôme) à
l’échelon I (établissement d’enseignement supérieur) et classe par ordre hiérarchique les
diplômes de formation générale et professionnelle, y compris, les diplômes de formation du
secteur tertiaire.
4.3.3
Formation professionnelle et alternance
Tableau 4.13 : Pourcentage de scolaires (niveau secondaire supérieur, CITE3) en formation en alternance
Deutschland
% de scolaires (niveau,
CITE3) en alternance
Belgique
53,3
4,8
France
Luxembourg
13,2
15
Source : CEDEFOP, Transition entre le système éducatif et la vie active, Chiffres clés sur la formation professionnelle dans
l’Union européenne, 2001, p. 25
Le système dual en Allemagne
En Allemagne deux tiers des jeunes d’une même classe d’âge poursuivent à la suite de leur
scolarité obligatoire une formation professionnelle qualifiante, de trois ans généralement,
dans le cadre du système dual. Le système est qualifié de « dual » parce que la formation
est dispensée dans deux lieux d’apprentissage : en entreprise et en centre de formation professionnelle. La formation vise à transmettre un large enseignement professionnel de base
ainsi que les capacités et connaissances techniques nécessaires à l’exercice d’une activité
professionnelle qualifiée dans un cursus de formation cadré. La réussite du diplôme permet
- 142 -
d’exercer comme personnel qualifié au sein d’une profession reconnue nécessitant une formation.
Remarques sur la formation duale en Allemagne
Compétences :
Les compétences pour la formation professionnelle sont réparties entre la Fédération, les Länder et les chambres consulaires en tant qu’ institutions économiques régionales et sectorielles
s’auto administrant et les différents organismes de formation (entreprise, centre de formation
professionnelle).
Lieux d’apprentissage – l’école et l’entreprise –
Les apprentis sont formés trois à quatre jours par semaine en entreprise et un à deux jours au
centre de formation professionnelle. Les entreprises transmettent sur la base des règlements de
la formation en apprentissage des qualifications professionnelles axées sur la pratique en entreprise. Les compétences théoriques acquises au centre de formation professionnelle sont associées à la pratique professionnelle et utilisées dans des situations concrètes.
Les règlements de la formation en apprentissage – instrument de régulation –
Les directives obligatoires des règlements de la formation garantissent une norme nationale
unique indépendante du besoin actuel des entreprises, qui correspond aux exigences de chaque profession. La formation en apprentissage ne peut avoir lieu que dans des entreprises de
formation au sein desquelles les qualifications exigées par le règlement de la formation en apprentissage peuvent être transmises par du personnel formateur dont l’aptitude a été démontrée.
Financement et rémunération
Les entreprises prennent en charge les frais de la formation en entreprise et versent à l’apprenti
une indemnité de formation fixée par contrat entre les différents partenaires sociaux. Le montant
de l’indemnité augmente à chaque nouvelle année de la formation. En moyenne, elle s’élève à
un tiers du revenu pour une personne qualifiée. La formation en apprentissage au centre de
formation professionnelle est financée par des fonds publics provenant généralement des Länder et des communes.
Source : Ministère fédéral de l’Education et de la Recherche (2003) : Berufsausbildung sichtbar gemacht. Bonn
16% des apprentis (système dual) en Allemagne possèdent le baccalauréat
Auparavant le système dual en Allemagne représentait un système de formation destiné
principalement aux élèves de l’Hauptschule (cycle court, complément de l'enseignement primaire à caractère essentiellement pratique). En 1970, plus de 80% des apprentis provenaient des « Hauptschulen », les autres des « Realschulen » (équivalent du collège).
Les bacheliers étaient peu représentés. Depuis, moins de la moitié des apprentis ont passé
préalablement le certificat de fin d’école secondaire élémentaire. La proportion d’élèves de
la « Realschule » et surtout de bacheliers a augmenté de façon considérable. Cela correspond en substance aux évolutions de la structure des élèves ayant terminé leur scolarité,
puisqu’ici aussi la part de ceux possédant le certificat de fin d’école secondaire élémentaire a
fortement diminué. Le flux de bacheliers a rejoint le système dual. Environ la moitié de ce
groupe d’élèves fréquente un établissement d’enseignement supérieur après la formation.
- 143 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Tableau 4.14 : formation scolaire des apprentis dans le système dual (Allemagne) en
1970 et 2003 en %
1970
2003
Avec ou sans le certificat de fin d’école secondaire élémentaire
Certificat de „Realschule“
Baccalauréat
80
19
1,0
39,9
44,6
15,5
Source : Institut fédéral de la formation professionnelle
Tableau 4.15 : données de référence du système dual dans la Sarre et la RhénaniePalatinat de 2003 à 2006
Offre de place en apprentissage
Demande place en apprentissage
Contrats s’apprentissage nouvellement
conclus
Places d’apprentissage vacantes
Candidats non placés
2003
8 517
8 676
8 201
Saarland
2004
8 505
8 977
8 201
2005
8 401
8 676
8 177
339
498
304
759
224
499
Rheinland-Pfalz
2003
2004
2005
28 228
29 210
27 412
28 996
30 515
30 036
27 920
27 920
26 445
1 290
2 058
1 290
2 595
967
3 591
Source : Ministère fédéral de l’éducation et de la recherche (2005) : Berufsausbildungsbericht 2006, Bonn.
Et : Berufsbildungsbericht 2005
Fig. 4.14 :
Evolution des éffectifs d’élèves dans les centres de formation professionnelles dans le système dual en Sarre et en Rhénanie-Palatinat 1999-2004
(Sekundarstufe II – deuxième cycle de l’enseignement secondaire)
90000
80000
80.027
70000
76.691
74.366 73.984 72.654
75.002
78.426
80.745 81.532 80.738
78.836 77.141
76.393
60000
50000
40000
30000 23.069
22.217 21.197 20.723 21.012 21.503 22.349 23.270 23.107 22.929 22.330 21.435 20.827
20000
10000
0
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
Rheinland-Pfalz
2000
2001
2002
2003
2004
Saarland
Source : conférence des ministres de la culture, domaine de travail statistiques et prognostiques
Recul de l’offre de places d’apprentissage dans la Sarre et la Rhénanie-Palatinat
Si l’on considère les effectifs d’élèves au sein des centres de formation professionnelle dans
le cadre de la formation duale, on peut constater des évolutions relativement uniformes en
Sarre et en Rhénanie-Palatinat. Après une hausse à partir du milieu des années 90, le nombre d’apprentis baisse de nouveau depuis 2000. Cette évolution se reflète de manière analogue sur l’offre de places d’apprentissage: le nombre de places d’apprentissage a baissé en
- 144 -
Sarre et en Rhénanie-Palatinat depuis 2003, alors que la demande de places
d’apprentissage en Rhénanie-Palatinat a augmenté. Le nombre de places d’apprentissage
vacantes a pu être diminué par différents efforts, mais les effectifs de candidats à
l’apprentissage ont augmenté simultanément. Ces évolutions ont été contrecarrées dans les
deux Länder fédéraux, à titre d’exemple, par le programme du Land de la Sarre «Ausbildung
jetzt » ainsi que par des mesures complémentaires (pacte pour la formation de la Sarre,
l’initiative « Ausbildung ist Zukunft» et des campagnes d’information en concertation avec
l’agence régionale pour l’emploi, le milieu économique et les chambres consulaires.
Le modèle du système dual en crise malgré un taux de chômage des jeunes parmi les
plus faibles d’Europe
En Allemagne, le système « dual » (forte proportion de jeunes en apprentissage par alternance, comptés parmi les actifs) permet de conserver un des taux de chômage des jeunes
les plus faibles d’Europe, comparativement au chômage national. Ce système fonctionne de
telle façon que les taux de chômage des 16 à 25 ans sont beaucoup plus proches de ceux
des autres travailleurs que dans d’autres pays comme la France. Ce phénomène reste constant indépendamment des évolutions économiques et de la taille des cohortes démographiques, s’expliquant par les particularités institutionnelles du marché du travail des jeunes.
Depuis trente ans, l’Allemagne, comme la plupart des pays européens a connu un développement des scolarités générales, un allongement de la durée des études et un accroissement des tensions entre système éducatif et système productif. En dépit de l’évolution de
l’enseignement supérieur, le système dual reste le mode dominant de socialisation professionnelle pour une fraction importante des jeunes allemands. Ce système, que d’aucun
considère comme un dispositif de la politique de l’emploi, n’a pas été foncièrement bouleversé au cours des années mais se heurte toutefois à des problèmes qui remettent en cause sa
capacité d’assurer l’insertion professionnelle des jeunes : l’élévation du niveau de formation
générale et de l’âge des jeunes qui accèdent aux différentes places de formation professionnelle offertes par les entreprises et la diminution d’offres d’emplois ont comme conséquence
d’accroître la concurrence à la fois entre les jeunes les plus et les moins scolarisés159 mais
aussi entre les jeunes de niveau secondaire les mieux formés qui sortent de la Realschule et
ceux qui proviennent de la Hauptschule.
Aujourd’hui, une partie de l’apprentissage tend à s’affirmer plutôt comme une forme d’emploi
à courte durée et à volet de formation que comme dispositif de formation en alternance tel
qu’il l’était autrefois. Ce changement s’est accompagné d’une extension de la catégorie
«jeunes » en termes de classe d’âge (Marry, 1995).160
La crise du système dual serait selon certains auteurs imputable au retrait progressif des
entreprises de la formation professionnelle ; elles prennent de moins en moins en charge les
frais de formation des apprentis dans un contexte d’économie concurrentielle mondialisée161
159
160
161
Ainsi à l’intérieur du système dual l’accès aux places d’apprentissage diffère selon le niveau de scolarité et
de diplôme. Le système dual par rapport au marché du travail joue un rôle double en terme de régulation, en
offrant d’un côté la possibilité aux jeunes sans diplôme d’entrer sur le marché du travail dans des secteurs ne
nécessitant pas forcément qualification professionnelle, et de l’autre, en permettant aux jeunes apprentis diplômés de travailler dans des secteurs hautement spécialisés.
Tremblay, Diane-Gabrielle / Le Bot, Irène : Le système dual allemand : analyse de son évolution et de ses
défis actuels. Note de recherche No 2003-4. Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socioorganisationnels de l'économie du savoir. Université du Québec.
Bundesministerium für Bildung und Forschung (2003) : Rapport sur la formation professionnelle en 2003.
Bonn.
- 145 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
et de diminution des entreprises traditionnelles. Leur offre est très dépendante de la conjoncture et reste donc faible dans un « contexte de croissance molle », et de politique de personnel à court terme.162
Exemple de bonnes pratiques : Les jeunes sont les gagnants de Hartz IV:
initiatives pour l’emploi en Sarre et en Rhénanie-Palatinat
La quatrième loi sur les services innovants sur le marché de l’emploi (dite loi „Hartz IV“) accorde
une importance particulière à l’insertion des jeunes sur le marché du travail et oblige à proposer
à chaque jeune un apprentissage, un emploi ou une formule d’activation. Cette accentuation a
permis de renforcer des mesures ou des initiatives qui étaient déjà en application dans les Länder.
Ausbildung jetzt / Former maintenant
En Sarre, le Ministère de l’Economie et de l’Emploi avait lancé un programme
dès l’année 1997, baptisé „Ausbildung jetzt“ (Former maintenant). Composé de
quatre volets,163 ce programme cible les jeunes et les entreprises et cherche à
pousser les uns vers un premier apprentissage et à motiver les autres à proposer de tels postes, et veut aussi les inciter à reprendre les apprentis laissés en
suspens suite à une faillite. Il tente également de proposer des solutions pour multiplier les formules d’apprentissage conjoint (à cheval sur plusieurs entreprises) et pour améliorer les chances des jeunes difficilement plaçables. L’objectif est de faire en sorte que chaque jeune désireux
et capable d’être formé puisse se voir offrir une place. Toutes les activités proposées sont rassemblées dans catalogue annuel intitulé „L’apprentissage, c’est l’avenir“ („Ausbildung ist Zukunft“). On y trouve des possibilités d’entretien personnel aux chambres des métiers, des forums, des campagnes tels que „Lehrstelle jetzt“ (Un apprentissage, maintenant), une conférence sur la formation professionnelle, le recrutement de nouvelles entreprises formatrices ainsi
que le soutien financier aux entreprises et l’optimisation de la maturité des jeunes.
En ce qui concerne le nombre des formations en alternance et le rapport entre l’offre et la demande, la Sarre est en très bonne position au niveau fédéral. Ceci est largement dû au „Pacte
pour l’apprentissage en Sarre“, qui resserre les liens de coopération entre les acteurs économiques, politiques, et administratifs dans le cadre de l’initiative „L’apprentissage, c’est l’avenir“.
Jugend in Arbeit / Jeunes au travail
En Rhénanie-Palatinat, le Minstère de l’Emploi, des Affaires sociales, de la
Famille et de la Santé a lancé la campagne „Jeunes au travail“, qui doit lui permettre de renforcer et de réorienter ses programmes de lutte contre le chômage des jeunes.164 Cette campagne s’adresse aux jeunes en situation charnière entre l’école et la vie active, aux jeunes chômeurs, à ceux qui n’ont pas
terminé une formation professionnelle, et finalement à ceux qui sont menaçés par l’exclusion.
Les programmes prévus – du rattrapage de diplôme scolaire à la création de nouveaux emplois
en passant par des préparations à la vie professionnelle et à l’optimisation des chances sur le
marché de la formation professionnelle – poursuivent dans la même voie que des mesures déjà
bien connues, ou complètent éventuellement l’éventail.
Parmi les mesures particulièrement soutenues, on compte les „Job-Füxe“, qui sont des programmes d’insertion sociale et professionnelle après le collège professionnel, et les mentors
professionnels qui sont censés aider les entreprises et les jeunes lors du passage d’un stage à
une formation professionnelle, ou contribuer à stabiliser les situations de formation dans le cadres du programme fédéral EQJ („Einstiegsqualifizierung“, Qualifications de départ). Il y a également les „éclaireurs jeunesse“, qui sont des employés municipaux chargés d’aller à la rencontre des jeunes chômeurs pour les aider à s’intégrer dans le monde de l’emploi et de la formation, ou à reprendre contact avec les organismes de soutien. Enfin, outre ces trois pôles principaux, on compte environ 150 projets plus modestes s’inscrivant tous dans le cadre de
l’initiative „Jeunes au travail“.
162
Lefresne, Florence : Les jeunes et l’emploi. Une comparaison européenne des dispositifs d’insertion. Dans :
Problèmes politiques et sociaux, n° 915.
- 146 -
Exemple de bonnes pratiques : promotion et qualification de jeunes
Information ciblée des jeunes sur les différentes professions, préparation pratique des élèves à la vie professionnelle : deux aspects essentiels dans le domaine de la promotion des jeunes.
ALWIS e.V.
C’est sur ces aspects que se concentre l’association ALWIS (ArbeitsLeben, Wirtschaft, Schule –
vie professionnelle, économie, école). ALWIS a été créée en 2003 en coopération, entre autres,
avec des associations professionnelles, le VSU (fédération des associations d’entreprises), les
CCI, la chambre des métiers et le gouvernement sarrois. Le suivi des activités est confié à une
agence située au sein du « Landesinstitut für Pädagogik und Medien ». Cette association prend
l’offensive et se donne pour objectif de transmettre aux élèves des connaissances économiques
et d’encourager simultanément leur initiative et leur autonomie. Des stages, des visites
d’entreprise et des projets doivent permettre aux jeunes de se faire une première idée du monde
du travail. L’accent est mis sur une étroite coopération entre les écoles et les entreprises. Des
projets scolaires sont coordonnés, des formations destinées aux enseignants sont organisées et
des contacts importants sont noués avec des entreprises avec l’appui et le conseil d’ALWIS. Un
élément essentiel du programme d’ALWIS consiste à préparer concrètement les élèves à la vie
professionnelle et à renforcer leur autonomie. Suivant la devise « C’est en forgeant qu’on devient forgeron », l’association encourage le projet de création « d’entreprises de juniors » par
des élèves sarrois à partir de la 9ème classe des écoles d’enseignement général et professionnel. Les jeunes gèrent une entreprise pendant la durée d’un an et doivent apprendre à assumer
leurs responsabilités en tant que gestionnaire de l’entreprise.
La campagne sur Internet de la chambre des métiers
Préparer les jeunes au monde du travail – c’est également une des priorités de la campagne sur
Internet « High-Tech-Handwerk » (artisanat haute technologie) de la chambre des métiers sarroise. Les jeunes associent souvent l’artisanat à des métiers traditionnels (le boulanger ou le
boucher par exemple) – ce qui n’est plus le cas aujourd’hui – et privilégient en général des professions artisanales modernes : ils doivent donc être informés en conséquence des multiples
activités proposées par l’artisanat et des possibilités de faire carrière dans ces professions. Le
site Internet propose non seulement des informations sur les différents métiers de l’artisanat
mais également une bourse de places d’apprentissage et de stage pour inciter les jeunes à se
qualifier dans ce secteur. Parallèlement à cette campagne sur Internet, la chambre des métiers
diffuse des informations lors de visites dans les écoles, de soirées avec les parents et de séminaires avec les élèves.
163
164
Voir à ce propos www.wirtschaft.saarland.de/1165.htm
Voir www.masfg.rlp.de/Arbeit/Arbeitsmarktpolitik/Neuausrichtung.htm ainsi que Beck, K. et al. (2005): Neue
Chancen – 6.000 plus für Jung und Alt, document préliminaire à la conférence de presse tenue le 19 juillet à
Mayence. Avec les jeunes et les créations d’emploi en général, ce sont également les travailleurs et les chômeurs âgés qui sont particulièrement visés par l’initiative „Neue Chancen: 6.000 plus für Jung und Alt“ (Nouvelles chances : 6.000 plus pour jeunes et moins jeunes).
- 147 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Exemple de bonnes pratiques: comment Boehringer Ingelheim
assure la relève
L’entreprise Boehringer Ingelheim Pharma GmbH & Co. KG est une entreprise active dans la recherche, le développement et la production d’agents
pharmaceutiques et de médicaments destinés au groupe international; ses
activités de marketing et de vente sont gérées depuis l’Allemagne. Dans le secteur pharmaceutique, le groupe Boehringer est le plus important qui soit encore sous contrôle familial. Près de
7.000 employés travaillent sur le site d’Ingelheim. Mettant particulièrement l’accent sur la recherche et le développement, l’entreprise a besoin d’un grand nombre de collaborateurs qualifiés ou hautement qualifiés. Pour être embauché, il faut avoir au fait moins un apprentissage en
alternance sur une durée de trois ans, suivi généralement par des formations spécialisées dans
la production chimique. Avec le site de Biberach, Boehringer compte près de 650 apprentis en
alternance. Dans ce domaine, aucun problème général de relève du personnel n’est à craindre
jusqu’en 2011/2012. Pour les postes d’ingénieur, par contre, le manque se fait déjà sentir.
Soutien actif à la formation en alternance…
Pour subvenir à ses besoins élevés en personnel qualifié, Boehringer Ingelheim poursuit des
stratégies diverses. L’entreprise s’engage fortement dans la formation professionnelle en alternance et offre plus de postes d’apprentissage qu’elle ne nécessite d’après ses besoins actuels.
Les exigences de niveau allant croissant, deux apprentis sur cinq sont actuellement recrutés au
moins au niveau bac (Abitur).
… même pour les jeunes en difficulté
Parallèllement, des formations professionnelles sont offertes en nombre limité à des jeunes en
situation de difficulté. Ces personnes peuvent travailler sur le site, dont la surface est très étendue, et dont les espaces verts sont encore entretenus par des jardiniers employés. 5-6 jeunes
en situation d’échec scolaire ou familial se préparent à un apprentissage dans ce cadre. Ils sont
suivis de près par un conseiller du personnel, qui les aide même pour les tâches fondamentales
du quotidien professionnel: „Souvent, ils n’ont jamais appris à apprendre, ou à mener un travail
à bien avec concentration, à gérer les échecs – ce sont des choses simples, qu’on devrait en
fait apprendre à la maison.“ „Il faut les mener avec beaucoup de doigté jusqu’à ce qu’ils soient
mûrs pour un apprentissage, [… et] cela demande beaucoup plus d’énergie que pour des apprentis qui ont le bac ou un brevet (Realschulabschluss).“
Problèmes de relève
Si, quantitativement, il n’y a aucun souci dans le domaine de la formation en alternance, les ingénieurs sont en revanche déjà une denrée rare, et on se bat déjà sur le marché pour les meilleurs éléments – une tendance qui devrait se renforcer dans les années à venir. Boehringer
s’efforce donc de commencer tôt à rechercher du personnel dans ce domaine, et tente de fidéliser les futurs diplômés pendant leur formation professionnelle: „Pour les ingénieurs, voilà déjà
deux ans que nous avons besoin de plus de monde. Nous essayons de recruter des futurs diplômés à un stade précoce de leurs études en intensifiant notre marketing universitaire, ou via
des stages, et en proposant également aux facultés des sujets de mémoire de recherche. Nous
allons étendre cette politique à d’autres domaines; en toxicologie, nous embauchons déjà huit
étudiants par an dans le cadre d’un stage intermédiaire entre deux phases de leur Bachelor ou
de leur Master étranger, et puis nous leur proposons un emploi par la suite. Cela nous permet
d’assurer une partie de la relève, mais également de rester à la pointe des évolutions grâce à
l’échange de compétences au niveau international.“
Perspectives: la démographie au service des jeunes
L’évolution démographique aidant, la relève va devoir se faire de plus en plus, particulièrement
dans le domaine de l’emploi hautement qualifié. Dans le domaine de la formation professionnelle en alternance, Boehringer garantit dès maintenant une chance sur le marché du travail externe, puisque l’entreprise forme des apprentis en nombre plus important que les futurs emplois
qui en résulteront. L’effort vise toutefois à offrir à tous les apprentis formés un emploi d’au moins
un an au sein de l’entreprise, afin qu’ils entrent sur le marché du travail avec une véritable expérience professionnelle au-delà de leur formation. Pour Boehringer Ingelheim, les courbes démographiques actuelles représentent une chance pour les jeunes en difficultés, car ils pourront profiter du fait qu’on aura besoin de leur travail à l’avenir, ce qui explique que l’on s’occupe plus in- 148 -
tensément d’eux: „On va bientôt avoir besoin de tout le monde sur le marché du travail. C’est
une chance.“
L’apprentissage en France couvre tous les niveaux mais reste surtout ancré dans les
niveaux de formation les moins élevés
Tableau 4.16 : les niveaux de formation en France
Niveau
V
IV
III
II
I
Diplôme
CAP, BEP (formation professionnelle achevée d’ouvrier qualifié)
Bac Pro (baccalauréat professionnel), BT (brevet de technicien), BTn (baccalauréat technique ou de technicien)
BTS, DUT (Bac+2): diplôme de deux années d’études universitaires après le Baccalauréat165
Licence (Bac + 3), maîtrise (Bac + 4) formation universitaire complète
DESS, DEA (Bac + 5) formation universitaire complète après une année supplémentaire
de spécialisation
Les trois principaux diplômes nationaux de formation professionnelle sont :
► Le CAP (certificat d’aptitude professionnelle) au niveau V est le diplôme professionnel le
plus ancien (depuis 1911) et le moins élevé en France, il peut être obtenu de différentes
manières pour environ 250 professions. Ce diplôme de formation professionnelle permettant l’exercice d’une certaine profession correspond au diplôme allemand « Gesellenbrief
» ou « Facharbeiterbrief ».
► Le BEP (Brevet d’Etudes Professionnelles) (niveau V) est moins spécialisé que le CAP et
représente dans la plupart des cas une étape précédant le Baccalauréat Professionnel.
Le BEP est comparable aux diplômes des centres de formation professionnelle allemands.
► Le Baccalauréat professionnel (niveau IV) introduit en 1985 prépare à l’entrée immédiate
dans la vie professionnelle, cependant il donne droit également à l’admission dans une
formation courte.166
Ces formations professionnelles diplômantes nationales peuvent être acquises par la voie
scolaire dans un lycée professionnel mais aussi par l’apprentissage. Elles ne se font pas
directement concurrence. Chacune d’elles se limitent à certaines professions ou secteurs
économiques. Cependant le modèle d’apprentissage français n’a pas grand-chose de commun avec l’apprentissage allemand ou système dual.
En France, une partie de la formation dans le cadre de l’apprentissage se déroule en entreprise et l’autre partie se passe dans un Centre de Formation d’Apprentis (CFA). L’employeur
est obligé de prendre en charge la formation pratique de l’apprenti et de l’inscrire dans un
centre qui offre les enseignements pour le métier nécessitant une formation prévu dans le
contrat.
165
166
Est reconnu comme le DEUG (Diplôme d’Etudes universitaires générales) et correspond au Vordiplom allemand.
Lorsqu’on parle de formations courtes, il s’agit des Sections de techniciens supérieurs (STS) qui sont en
réalité rattachées à un lycée technologique (voie technologique) et représentent des classes postbaccalauréat qui préparent en deux ans à un diplôme très spécialisé de brevet de technicien supérieur (BTS).
- 149 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Pourtant l’apprentissage en France est longtemps resté concentré sur les petites entreprises
d’artisanat et de commerce, pour cette raison les cursus de formation en lien avec
l’entreprise ont été complètement intégrés au système existant en 1971 avec pour but la
revalorisation de l’apprentissage. Néanmoins, cela n’a pas eu les effets escomptés, puisqu’il
ne s’est maintenu que dans les domaines pour lesquels s’engageaient généralement les
jeunes ayant de mauvais résultats scolaires. Enfin, le système de formation d’alternance a
été implanté en France de façon renforcée en 1987 pour donner aux entreprises, face à la
formation scolaire répandue, un nouveau rôle de lieux d’apprentissage et de socialisation.
Ainsi l’apprentissage a été ouvert à de nouveaux diplômes jusqu’au niveau universitaire, ce
qui a engendré le développement d’un « apprentissage de niveau supérieur ».
En dépit de cette évolution, la majorité des apprentis en France préparent toujours un CAP
au niveau de qualification le plus bas :
« Les formations de niveau V restent les formations les plus fréquemment suivies par apprentissage, puisqu’on y recense les deux tiers des apprentis. »167
65% des apprentis lorrains dans des cursus de formation en alternance de niveau V
La tendance selon laquelle la majorité de ceux qui passent par une formation en alternance
en France préparent un diplôme du niveau le moins élevé (niveau V) ressort clairement en
Lorraine aussi. Parmi les 13 841 apprentis suivant des cursus de formation en alternance de
tous les niveaux, 65% constituent à eux seuls le niveau V, parmi lesquels 83% passent le
diplôme du CAP.
Tableau 4.17 : les apprentis lorrains en formation en alternance selon les niveaux
2002-2003
Niveau
V
IV
III
I und II
Agriculture
601
319
146
0
Enseignement public
8 955 (dont CAP: 7 461)
2 985
1 416
256
Source : INSEE : Tableaux de l’Economie Lorraine 2004-2005
167
Ministère de la jeunesse de l’éducation nationale et de la recherche (2002) : repères et références statistiques. p. 145.
- 150 -
Modernisation et développement de l’apprentissage en Lorraine
Protocole d’accord entre l’Etat et le Conseil Régional de Lorraine – 1er juillet 2005
Dans un protocole d’accord signé le 1er juillet 2005, l’Etat et le Conseil régional de Lorraine se
sont assignés l’objectif à l’horizon 2009 de pourvoir 5 000 places d’apprentissage supplémentaires (1 000 places par an), le nombre d’apprentis s’élèverait alors à 20 000 en Lorraine.
Outre la signature et le suivi d’un contrat d’objectifs et de moyens sur la durée du plan de cohésion sociale, ce protocole d’accord reprend plusieurs axes visant à :
► Favoriser l’accès à l’apprentissage (soutien aux classes préparatoires à l’apprentissage, accès à de nouveaux publics, mixité dans les formations, accès des jeunes handicapés)
► Améliorer les conditions de vie des apprentis (rénovation des internats des CFA, réduction tarifaire permanente sur les lignes du réseau TER-Metrolor, participation au financement du
transport des apprentis entre leur domicile et le CFA)
► Améliorer la qualité de formation des apprentis en centre et en entreprise (renforcement des
actions de soutien scolaire, recours à des services externes de médiation sociale ou de suivi
social individualisé, favoriser la création ou la reprise d’entreprise pour les apprentis, soutenir
l’emploi d’apprentis dans les entreprises)
L’alternance : modèle de formation largement ancré avec des exigences de qualification grandissantes vs. réservoir d’élèves au niveau de qualification inférieur
L’accès à la formation professionnelle le plus emprunté en Allemagne conduit directement de
l’enseignement général à l’apprentissage. Du milieu des années 1980 au milieu des années
1990, environ deux tiers des jeunes d’une même classe d’âge sont passés par le système
dual. On peut observer que parmi eux une proportion croissante possède le baccalauréat.
En revanche, l’apprentissage en France forme encore – malgré différents efforts des pouvoirs publics – un réservoir d’élèves possédant de mauvais résultats scolaires et occupe
avec un nombre de 300 000 à 400 000 apprentis une place secondaire à l’échelon national.
La raison principale de ces différences peut être observée à travers la perception générale
qu’a la société de la formation professionnelle ou du travail manuel. En se référant à l’idéal
de formation prôné par les plus hautes couches sociales, l’enseignement général en France
a été constamment encouragé au détriment de la formation professionnelle ; la hiérarchisation des deux formes d’enseignement s’est, de plus, renforcée avec l’intégration de la formation professionnelle dans l’enseignement standard. En outre, « […] il existe toujours une
nette hiérarchie sociale entre les cursus de formation qui part du baccalauréat comme point
de cristallisation déterminant la position sociale et qui n’accorde à la formation professionnelle […] qu’un prestige social bien moindre.168 Par conséquent l’enseignement général tourné vers le scolaire et la théorie jouit traditionnellement d’un plus grand prestige que la formation professionnelle qui met l’accent sur l’entreprise et la pratique. De plus, en France s’est
renforcée l’opinion selon laquelle les cursus de formation techniques et professionnels représentent de manière générale une voie secondaire ou une voie de garage destinée à des
élèves aux faibles capacités et aux résultats médiocres voire mauvais. L’entrée dans un cursus de formation professionnelle est souvent perçu « […] comme la sanction de l’incapacité,
l’enseignement général demeurant la « voie royale » ».169 La voie royale du système de formation français conduit aux nobles chemins du lycée et l’objectif, inscrit dans la loi
168
169
Hörner, Wolfgang (1994) : Auf dem Weg zur « lernenden Gesellschaft » ? Dans : Bildung und Erziehung. Nr.
3. p. 283-304, p.288.
Willems, Jean-Pierre (1984) : Das Berufsbildungssystem in Frankreich, Europäisches Zentrum für die Förderung der Berufsbildung, Berlin, p. 37.
- 151 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
d’orientation relative à l’enseignement général de 1989, visant à mener 80% des jeunes
d’une même année jusqu’au baccalauréat a accéléré la dévalorisation de la formation de
personnel qualifié au niveau V.
En revanche, le système de formation professionnelle allemand est beaucoup moins déterminé par la « logique de la sélection négative ». La formation professionnelle ou en entreprise jouit conformément à l’idéal de l’artisanat allemand traditionnel d’un grand prestige,170
ce qui confirme d’autant plus l’évolution du nombre d’apprentis dans le système dual des 30
dernières années.
Différences entre l’Allemagne et le Luxembourg au niveau de la formation professionnelle – exemples dans le secteur de la santé publique
Si l’on compare les profils professionnels d’infirmier, d’aide-soignant et d’assistant technique
médical entre l’Allemagne et le Luxembourg, on constate tout d’abord que171 :
► Au Luxembourg la formation d’infirmier pédiatre, qui est une spécialisation ici, vient en
complément d’une formation préalable d’infirmier ;
► Au Luxembourg il n’existe pas de formation d’infirmier (ou d’aide-soignant) spécialisé en
gériatrie ;
► En Allemagne, selon la formation, des diplômes de fin d’étude (niveau moyen) peuvent
être exigés, au Luxembourg le diplôme de fin d’étude de la classe de 11ème est demandé
(infirmier et assistant médical) ;
► Au Luxembourg un enseignement général est dispensé en supplément de
l’enseignement professionnel et de l’expérience pratique;
► En Allemagne les formations suivies se terminent par l’obtention du certificat d’aptitude
professionnelle, au Luxembourg on obtient en plus le baccalauréat (pour les études
d’infirmier et d’assistant technique médical);
► La formation d’aide-soignant dure trois ans au Luxembourg et un an en Allemagne.
Soins infirmiers172
Conditions d’entrée
qualification
contenus
durée
remarque
170
171
172
Deutschland/Trier
âge minimum: 17 ans,
certificat de fin d’école secondaire
élémentaire (Realschule ou Hauptschule)
Infirmier/e ou infirmier / infirmier/e
pédiatre
Enseignement professionnel et pratique
3 ans
Rythme de la formation: annuel, semestriel
Luxembourg
Obtention du diplôme de fin d’étude
de la classe de 11ème
L’infirmier/e
Bac technique
Enseignement professionnel et général ainsi que de la pratique
3 ans
Rythme de la formation: annuel
Cf : Arbeitskammer des Saarlandes (2002) : Bericht an die Regierung des Saarlandes. Sarrebruck, p. 74.
Cf : ci-après : Gonon, Philipp / Kraus, Katrin (2003) : Grenzüberschreitende Kooperationschancen in der Ausund Weiterbildung in Gesundheitsberufen in der Region Trier / Luxemburg. Chaire de formation professionnelle continue en entreprise à l’université de Trêves. Rapport de projets, Trêves, p. 29f.
Y compris le métier d’infirmier pédiatre en Allemagne.
- 152 -
Aide-soignant
Conditions d’entrée
qualification
contenus
durée
Deutschland/Trier
certificat de fin d’école secondaire
élémentaire (Hauptschule) ou formation professionnelle achevée
Aide-soignant/e
Enseignement professionnel et pratique
1 an
assistance technique médicale de
Deutschland/Trier
laboratoire ou radiologie
Conditions d’entrée
âge minimum: 17 ans,
certificat de fin d’école secondaire
élémentaire (Realschule ou Hauptschule) et formation professionnelle
achevée
qualification
L’assistant technique médical de
laboratoire ou radiologie
contenus
durée
remarque
Luxembourg
Obtention du diplôme de fin d’étude
de la classe de 9ème „théorique“,
„polyvalente“ ou „pratique“ au lycée
L’aide soignant/e
Enseignement professionnel et pratique
3 ans
Luxembourg
Obtention du diplôme de fin d’étude
de la classe de 11ème au lycée (en
général à 17 ans)
L’assistant technique médical de
laboratoire ou radiologie et bac technique
Enseignement professionnel et prati- Enseignement professionnel et géque
néral ainsi que de la pratique
3 ans
3 ans
Rythme de la formation : tous les 3 Rythme de la formation: annuel
ans
Source: Gonon, Philipp / Kraus, Katrin (2003) : Grenzüberschreitende Kooperationschancen in der Aus- und Weiterbildung in
Gesundheitsberufen in der Region Trier / Luxemburg. Chaire de formation professionnelle continue en entreprise à l’université
de Trêves. Rapport de projets, Trêves, p. 29f.
4.3.4
L’insertion professionnelle des jeunes peu ou non qualifiés : des réponses et des enjeux différenciés selon les pays
Les dispositifs mis en place par les gouvernements ont pour objectif de faciliter la transition
entre le milieu scolaire et l’emploi, Mais les réponses et les enjeux varient d’un pays à l’autre,
notamment concernant le traitement de la question des jeunes sans qualification.
Les travaux réalisés à l’échelle européenne, sous l’égide du CEDEFOP173 notamment, situent les bas niveaux de qualification dans la nomenclature CITE (Classification Internationale Type de l’Education) entre les échelons de 0 et 2 d’une échelle en 7 classes. Sont donc
considérés comme bas niveaux de qualification, les personnes qui ont un niveau d’éducation
et de formation du premier cycle de l’enseignement secondaire ou bien du deuxième cycle
de l’éducation de base. On peut retenir que les visées générales de ces cycles sont de compléter l’éducation fondamentale et d’établir la base d’une éducation permanente et d’un développement humain que les pays peuvent enrichir systématiquement par de nouvelles possibilités d’éducation. Il s’agit en général du niveau correspondant à la fin de la scolarité obligatoire.174
173
174
Centre Européen pour le Développement de la Formation Professionnelle, dont le rôle est de promouvoir et
développer au niveau communautaire la formation professionnelle initiale et continue ainsi que d’assister la
Commission européenne dans la mise en œuvre de la politique communautaire de formation professionnelle.
Cf. aussi site de l’UNESCO.
- 153 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Malgré la multiplicité des dispositifs d’insertion, le chômage des jeunes stagne ou
augmente
Face au chômage et à la précarité des jeunes sans qualification, tous les gouvernements ont
multiplié les programmes d’insertion et les contrats, plus ou moins ciblés pour les jeunes
sans qualifications, avec une constante parfois qui consiste à réduire le coût du travail des
jeunes pour les employeurs. Or le bilan de ces politiques demeurent contrasté lorsque l’on
constate que les taux de chômage des jeunes ne s’infléchissent pas, ce qui invite à réfléchir
sur l’impact réel de ces dispositifs.
Depuis les années 80, dans un contexte d’abondance de main d’œuvre, les entreprises ont
pris l’habitude d’être très sélectives dans leurs recrutements, ne se concentrant que sur la
fraction considérée comme la plus productive, généralement les 30 à 45 ans. Elles ont pu
pratiquer une sorte de « cueillette des qualifications »175 et embaucher des jeunes, qui se
sont souvent retrouvés surqualifiés pour le poste qu’ils occupent. Cette sous-utilisation du
capital humain a été encouragée par toute la panoplie des politiques des charges sociales
pour les bas salaires dans les emplois non qualifiés.
L’insertion des jeunes sans qualification touchant à la fois une dimension éducative et une
dimension socioprofessionnelle, il convient de noter que l’Union européenne joue un rôle
croissant de coordination des politiques d’éducation nationale, comme l’illustre la mise en
place de dispositifs d’école de la deuxième chance accompagnés par la Commission européenne dans de nombreux Etats membres de l’UE, et notamment en Allemagne, au Luxembourg et en France.
Les quatre pays (qui appartiennent à la Grande Région) mènent une politique de lutte contre
l’échec scolaire qui semble avoir porté ses fruits, puisque la proportion de jeunes non qualifiés a chuté depuis 10 ans. Toutefois les taux de jeunes en situation de décrochage en
France, en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg stagnent entre 12 et 14 %, soit bien
au dessus de la moyenne européenne fixée à 10% pour 2010. Ainsi, la lutte contre le décrochage reste d’actualité.
L’ensemble des caractéristiques nationales différentes (en terme de structuration du système
éducatif, de fonctionnement du marché du travail, etc.) produit des formes spécifiques
d’insertion professionnelle des jeunes. La France, la Belgique et le Luxembourg se caractérisent par rapport à l’Allemagne par une pénétration relativement faible de l’apprentissage par
alternance. Le débat sur le niveau général de qualification des jeunes (mais pas seulement)
est encore largement ouvert. Les modèles français et belges restent fortement centrés sur le
niveau de formation comme outil d’attractivité des jeunes sur le marché du travail (priorité au
lien entre niveau de formation et taux d’embauche). Cette élévation générale du niveau
d’éducation influe sur les comportements des individus et de gestion de la main-d’œuvre par
les entreprises. La France et la Belgique présentent de fait un plus fort niveau d’éducation
des jeunes (Eurostat 2004 : respectivement 82,1 et 79,8% de jeunes ayant atteint un niveau
d’éducation secondaire supérieur), tandis que l’Allemagne et le Luxembourg semblent se
centrer sur des formations plus courtes pour intégrer les jeunes (respectivement 72,8% et
71,1%). Alors même que l’investissement français et belge avec l’augmentation du niveau
général de formation des jeunes constitue un pari sur l’avenir, l’on constate des difficultés
175
Expression empruntée à Yves Chassard, chef du service des affaires sociales du commissariat général du
plan.
- 154 -
d’insertion des jeunes dans le monde du travail dans ces deux pays176; le chômage atteint
donc non seulement les non qualifiés mais aussi paradoxalement les plus qualifiés subissant
ainsi le chômage ou le déclassement.177
De nombreux experts prédisent (ou espèrent) que l’évolution démographique permettra
d’infléchir à court terme les courbes du chômage ; les départs à la retraite des enfants du
baby-boom libérant des postes pour les jeunes entrants. Rien n’est moins sûr et d’autres
envisagent même un scénario marqué par le maintien d’un chômage élevé conjugué à des
difficultés de recrutement dans certains métiers (qui existent de façon structurelle), voire
même dans certains secteurs comme le BTP, l’hôtellerie et la restauration.
Une focalisation en Allemagne sur le système de formation et non sur les dispositifs
d’insertion
Les dispositifs allemands confirment la place centrale accordée au système de formation
initial soutenu il est vrai par un fort compromis social à travers le triptyque syndicats pouvoirs publics - entreprises. Contrairement à la France, l’Allemagne n’a pas recours à une
politique de contrats aidés pour les jeunes et le contrat d’apprentissage reste le contrat privilégié.178 La réinsertion des jeunes non qualifiés s’effectue par le biais du système
d’apprentissage par alternance ; la focalisation est donc sur le système de formation et non
sur les dispositifs d’insertion.
Les mesures gouvernementales allemandes insistent sur les jeunes défavorisés, nommés «
jeunes ayant des besoins particuliers de promotion » (Jugendliche mit besonderem Förderbedarf). C’est un groupe cible défini à l’intérieur de la jeunesse surtout par des critères sociologiques (notamment les immigrés) et scolaires. En effet, dans le groupe d'âge des 20 à 29
ans, par exemple, si 14 % des jeunes n’ont pas achevé de formation, parmi les jeunes immigrés, le taux est de près de 38 %.179
Bien que le compromis soit fort sur la création de nouvelles places d’apprentissages, les partenaires sociaux ne sont pas d’accord sur le thème de la durée spéciale des formations pour
les jeunes de faible niveau. Le gouvernement préconise un système par palier, où chaque
étape de la qualification est reconnue et peut déboucher sur une qualification supplémentaire
ou un emploi, permettant la transition vers des formations plus élevées.180 Les pouvoirs publics et les entreprises veulent réduire la durée de formation à deux ans (au lieu de trois),
tandis que les syndicats craignent un effet d’éviction (remplacement des formations longues
par des formations courtes) et un abaissement du niveau de formation. De même qu’ils prévoient un manque d’attrait des entreprises pour ce genre de formation du fait du faible niveau
de qualification des candidats.
176
177
178
179
180
De Rozario, Pascale (2006) : Confronter les cultures pour sortir les jeunes du chômage. Dans : Entreprises
et carrières, n° 809.
Rapport PROGLIO (2006), (http://www.cadres-plus.net/pdf/public/rapport_proglio.pdf.)
L’Europe tente de faciliter l’embauche des moins de 25 ans. Dans : La Tribune, 11 avril 2006.
Les jeunes européens en mal d’insertion. Dans : La Tribune, 10 avril 2006
http://www.berufsbildungsbericht.info/_htdocs/bbb2003/teil1_fr/inhalt/teil1_kapitel5.htm
Bundesministerium für Bildung und Forschung (2005) : Berufliche Qualifizierung Jugendlicher mit besonderem Förderbedarf-Benachteiligtenförderung. Bonn.
- 155 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Exemple de bonnes pratiques : quatre projets novateurs en Rhénanie-Palatinat : vainqueur régional lors du concours « Jugend in Arbeit » (Les jeunes au travail)
Durant l’été 2005, le ministère fédéral du Travail et des Affaires Sociales (autrefois : ministère des Affaires Economiques et du Travail) a lancé, en coopération
avec l’Agence nationale de l’emploi, un concours intitulé « Jugend in Arbeit ». Le concours qui
se compose d’un niveau régional et de la qualification au niveau fédéral récompense les
concepts et approches visant à lutter contre le chômage des jeunes et à promouvoir les jeunes
les plus défavorisés. En janvier 2006, quatre projets novateurs mis au point en RhénaniePalatinat ont été déclarés vainqueurs régionaux et participent ainsi automatiquement à la qualification au niveau fédéral en mai 2006. Les lauréats, choisis parmi plus de 80 projets, couvrent
quatre catégories. Deux projets ont été récompensés dans le secteur « initiatives/réseaux » : le
modèle « Jugend- und Schülerfirmen » (Entreprises de jeunes et d’élèves) de la ville de Speyer
dans le cadre duquel des jeunes émanant notamment de quartiers difficiles doivent apprendre à
agir de manière responsable en créant une entreprise ainsi que le projet « Jobfux » à Mayence
axé sur l’intégration sociale et professionnelle de jeunes défavorisés. Jobfux mise sur
l’encadrement ciblé des jeunes pour permettre aux élèves de passer le plus tôt possible du niveau primaire à une formation. Dans la catégorie « Entités libres », le concept « Strategie U
25 » lancé par le CJD (Christliches Jugenddorfwerk Deutschlands e.V.) a été également récompensé : ce projet prévoit l’encadrement théorique et pratique de jeunes chômeurs par un personnel technique qualifié. Un modèle par étapes doit permettre de renforcer les compétences
existantes afin de permettre aux jeunes de trouver un emploi-formation ou un poste de travail.
La bourse du travail de Pirmasens couvre le domaine « Entités ‘SGB-II’ » ; les mesures prévues
dans le cadre de cette bourse visent à promouvoir la qualification scolaire et pratique afin de
renforcer l’intégration des jeunes dans le marché de l’emploi. Les montants liés aux prix décernés dans le cadre de ce concours, au cours duquel ont été soumises environ 1 600 contributions au niveau fédéral, sont affectés à des buts précis et utilisés pour l’intégration de jeunes en
difficultés.
Exemple de bonnes pratiques : quatre projets novateurs en Sarre :
vainqueur régional du concours « Jugend in Arbeit » (Les jeunes au
travail)
Quatre projets novateurs de lutte contre le chômage des jeunes, lancés en
Sarre, ont été récompensés dans le cadre du concours fédéral « Jugend in
Arbeit ». Le concours organisé au niveau régional et fédéral a été lancé durant l’été 2005 par
l’ancien ministère fédéral des Affaires Economiques et du Travail et par l’Agence Nationale de
l’Emploi ; il récompense les concepts et approches visant à combattre le chômage des jeunes.
Les lauréats régionaux distingués en janvier 2006, choisis parmi 32 contributions sarroises, ont
représenté le Land lors de la qualification au niveau fédéral en mai 2006. Le projet « Go into Future“ de la WIAF GmbH à St. Wendel (catégorie des entités libres) permet à des jeunes affectés
à l’entreprise de réaliser des « travaux d’occasion » de concevoir eux-mêmes leur avenir professionnel en formulant leurs propres idées sur la formation et le travail et en recherchant des
entreprises appropriées à l’aide d’une plate-forme Internet. Dans le secteur « Entreprises », le
concept « New Wave – nouvelles voies dans le domaine de la formation » de la RAG Bildung
Saar GmbH à Völklingen a été récompensé. Ce projet permet aux jeunes défavorisés qui ont
subi des échecs scolaires d’accéder à l’emploi par le biais de cursus RAG faisant preuve d’une
plus grande souplesse. Ce projet est accompagné d’une série de mesures de préparation à la
vie professionnelle, de formations et d’aides d’accompagnement ainsi que d’une assistance
technique et sociale son programme STABIL (catégorie des entités « SGB-II »), l’ARGE Sarrebruck mise sur la promotion individuelle de jeunes qui, pour différentes raisons, sont difficiles à
placer sur le marché de la formation et de l’emploi. Après évaluation, il est fixé dans un accord
d’insertion quelles sont les facultés de base leur faisant défaut pour accéder à l’emploi. Enfin, la
plate-forme « A-Ja! Jugend und Ausbildung » (Ah oui ! Les jeunes et la formation) à Saarlouis,
vainqueur dans le secteur « Initiatives/réseaux », réunit différents acteurs afin de regrouper les
mesures les plus diverses et de traiter en commun les domaines posant problème.
- 156 -
Exemple de bonnes pratiques : l’ARGE Sarrebruck181 lance STABIL/INSERE (Insertion par le Suivi, l’Entraînement, la Réactivation
et l’Emploi), un large programme d’insertion des jeunes sur le
marché du travail
Centralisation des prestations: près de 6.000 jeunes sans emploi sont suivis par l’ARGE
Sarrebruck
En Allemagne, les récentes réformes du marché du travail, nommées lois Hartz d’après leur
inspirateur, ont remodelé les mécanismes du placement des chômeurs. L’allocation chômage
(Arbeitslosenhilfe) et l’aide sociale sont fusionnées au sein d’une nouvelle protection de base
(Arbeitslosengeld II, abrégé ALG II), qui est désormais versée et gérée par des agences pour
l’emploi communes, réunissant les anciennes compétences des agences pour l’emploi et celles
des municipalités. Parallèlement, le suivi et le soutien des ayant-droits dans leur effort de réinsertion sera intensifié.182 Ces réformes sont fondées sur le Deuxième Code de législation sociale (SGB II), contenu dans la quatrième „Loi sur la modernisation des services sur le marché
de l’emploi“, communément appelée loi Hartz IV. Suite à cette fusion, les agences pour l’emploi
sont désormais compétentes pour suivre les dossiers de jeunes ayant-droits de l’aide sociale,
qui n’étaient pas (ou plus) répertoriés dans les statistiques des agences pour l’emploi « ancienne formule ». Nombre de ces jeunes sont des cas problématiques à plusieurs égards, et
semblent difficilement plaçables. Au total, l’ARGE Sarrebruck est maintenant en charge de près
de 6.000 jeunes de moins de 25 ans.
Jeunes à problèmes multiples
L’ARGE note depuis des années, chez les jeunes, un recul continu du niveau de formation, ainsi
qu’un refus croissant de se former. Particulièrement dans les collèges professionnels (Hauptschulen), elle remarque une baisse inquiétante des performances moyennes, qui induit logiquement des problèmes considérables dans le domaine des formations professionnelles (Berufsschulen), où interagissent souvent des élèves dépassés par les exigences, et des niveaux
revus à la baisse qui restent finalement en-deçà des capacités des élèves. A côté de ces problèmes pédagogiques et méta-pédagogiques (éducation, refus total de l’école, etc.), on rencontre également des troubles d’ordre social (violence, déficiences du sens de l’ordre et de la
discipline, etc.) et des problèmes familiaux. Dans le domaine qui lui incombe, l’ARGE évalue à
25-30% la part des jeunes qui ne peuvent pas être placés dans une formation sans passer par
un soutien ou une aide spéciale.
181
182
Agence pour l’Emploi (Arbeitsagentur).
En vertu de l’article 106, alinéa 8, de la Constitution fédérale, une „clause d’expérimentation“ permet cependant à 69 communes d’opter pour l’autonomie dans ce domaine, et donc de gérer les versements de l’ALG II
ainsi que la mise en place du Job-Center municipal indépendamment de l’Agence pour l’Emploi.
- 157 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Contrat d’insertion et soutien individuel
L’ARGE Sarrebruck tente de résoudre ce problème par le projet pilote STABIL (INSERE), composé d’un
éventail de mesures (suivi socio-pédagogique, enseignement de qualifications clés pour une formation, visites à domicile). Ce projet s’adresse aux jeunes qui n’ont pas obtenu de projet de formation professionnelle au 15 septembre de l’année (date butoir des chambres des métiers), et tente de prendre en compte
leurs problèmes individuels pour les soutenir et les placer sur le marché du travail ou de la formation professionnelle. A la base du concept, un contrat d’insertion est signé entre le jeune et son « manager de
dossier », dans lequel sont consignées les compétences et connaissances de base nécessaires pour
l’entrée dans le monde du travail, et les lacunes principales à combler. Pour remédier à ces manques,
l’ARGE fait ensuite appel à un réseau d’experts qui compte également des services de conseil externes.
Objectif: Développement de la formation en alternance pour couvrir les besoins futurs des entreprises
Malgré des efforts intenses, nombreux sont les candidats qui n’obtiennent pas de place d’apprentissage.
En collaboration avec les chambres des métiers, l’ARGE a établi dans quels domaines les capacités actuelles de l’apprentissage restent insuffisantes pour la Sarre, pour répondre aux besoins futurs des entreprises. Grâce à STABIL (INSERE), les jeunes sans place d’apprentissage peuvent commencer leur formation hors entreprise, et sont suivis dans ce cadre par l’ARGE et les partenaires de cette coopération. Ce
suivi est assuré par un personnel nombreux (à raison de 1 tuteur pour 15 jeunes), afin de pouvoir gérer le
mieux possible la situation individuelle de chaque jeune. La mission de formation est confiée à un organisme éducatif actif dans le domaine de la formation professionnelle (Berufsschule). Parmi les nombreuses
mesures, on compte l’enseignement théorique et pratique dans des domaines comme l’horticulture ou
l’économie domestique, ainsi que les cours scolaires en mathématiques, allemand et sciences sociales,
mais également des conseils personnalisés pour les sujets endettés ou à comportement addictif. Le mot
d’ordre principal est le contact personnel avec le jeune ; l’objectif est de lui permettre une formation régulière en entreprise, qui le mène à un diplôme professionnel et à une première insertion sur le marché du
travail.
Idée: participer aux frais de formation plutôt que de verser une indemnisation
Pour placer les jeunes dans une formation en alternance avec une entreprise, l’ARGE met en oeuvre les
moyens dont elle dispose déjà pour l’aide à la jeunesse: „Pour nous, c’est un compte qui se vaut: ce que
nous investissons à cet endroit, nous l’économisons à un autre, c’est-à-dire que nous payons moins pour
subvenir aux besoins de la vie quotidienne de ces jeunes.“ Pour les jeunes et les entreprises, en revanche,
ce procédé représente un avantage immédiat. Les jeunes ne sont plus récipiendaires d’une indemnisation
publique, mais gagnent leur propre salaire, ce qui les motive positivement. Quant aux entreprises, elles se
voient déchargées sur deux plans: d’abord, parce que l’ARGE subventionne le salaire de ces apprentis, et
ensuite parce qu’elle a préalablement résolu, ou du moins aplani, les plus gros problèmes de ces jeunes.
Par cette réallocation innovante de moyens existants, l’ARGE fait preuve de créativité et met idéalement
en pratique le mot d’ordre qui est le sien dans le cadre des réformes du marché du travail : « Aider et exiger ». Le succès de ce programme lui donne raison, puisque les jeunes réagissent très positivement à ce
projet pilote, et que STABIL / INSERE a permis de créer 200 nouvelles places d’apprentissage en 2005.
Garde d’enfants et temps partiel pour les jeunes mères célibataires
En matière de placement sur le marché de l’emploi, les jeunes mères célibataires sont particulièrement victimes de la précarité. L’ARGE note que les programmes normaux de formation ou de qualification se heurtent, chez elles, à la nécessité de faire garder leur(s) enfant(s) à temps plein, pendant toute l’année. A
donc été composée une équipe spécialement chargée de s’occuper de ce groupe d’ayant-droits. Tout
d’abord, un site internet a été créé pour centraliser un grand nombre d’informations, au-delà des simples
offres de l’ARGE. Ensuite, les mères célibataires ont la possibilité de se faire former hors entreprise aux
métiers de bureau. Ce programme est particulièrement adapté à leurs besoins, puisqu’il couvre 30 heures
par semaine (temps partiel), pendant lesquelles l’ARGE propose une garde des enfants, de telle sorte que
les jeunes femmes voient deux de leurs plus graves problèmes résolus (manque de temps et manque de
garde pour leurs enfants). Pour financer ce modèle, l’ARGE s’appuie sur les subventions à la garde de
l’enfant, auxquelles toute femme a droit.
Usage innovatif de possibilités existantes
L’ARGE Sarrebruck fait donc appel, pour remplir sa mission, à des possibilités existantes, qu’elle redéploie
de manière créative en collaboration avec divers services, et ce pour le plus grand bénéfice possible des
personnes suivies. Ayant déjà entretenu par le passé d’excellents relations avec la municipalité, l’ARGE
Sarrebruck a pu entrer en action rapidement, par rapport à d’autres groupes de travail, et développer des
solutions créatives. Elle compte poursuivre cet effort à l’avenir et tenter de trouver de nouvelles voies et de
nouvelles stratégies pour résoudre le problème du chômage par des idées novatrices et des solutions originales. Ses efforts actuels, dans le cadre du programme STABIL / INSERE ont été couronnés de succès
et lui ont valu le premier prix régional au concours „Jeunesse au travail“ (Jugend in Arbeit).
- 158 -
Exemple de bonnes pratiques : le programme de promotion
« QGA »
Le projet intitulé « Modellhafte Umsetzung eines innovativen Konzeptes zur
Dualisierung im Berufsvorbereitungsjahr (BVJ) mit Entwicklung und Erprobung
der Instrumente Qualifizierungsbausteine und Ganztagsbetreuung (QGA) »
(modèle de mise en oeuvre d’un concept innovant aux fins de dualisation de l’année de préparation professionnelle, développement et mise à l’essai des instruments Modules de qualification
et Encadrement à plein temps) est réalisé à l’initiative du ministère de l’Education, de la Culture
et des Sciences de la Sarre. Ce modèle (durée : 01/02/2004 – 31/10/2006) s’inscrit dans le programme du ministère fédéral de l’Education et de la Recherche dont l’objectif est de réduire le
nombre de jeunes sans qualification professionnelle. Le programme de promotion QGA réalisé
par le « Landesinstitut für Pädagogik und Medien » est testé dans trois centres de formation professionnelle (une classe pilote par centre). Ce modèle a été mis en place en regard du nombre
croissant de jeunes qui, après la scolarité obligatoire, ne disposent pas des qualifications nécessaires pour suivre une formation professionnelle et présentent par ailleurs des troubles du
comportement. Le programme QGA a pour but d’aider les jeunes à atteindre un niveau suffisant
pendant leur scolarité obligatoire dans le centre de formation professionnelle. Il s’impose donc
de prendre des mesures spécifiques puisque les jeunes doivent en un an, lors de cette année
parallèle de préparation professionnelle, acquérir des qualifications (pré)professionnelles et un
niveau de formation correspondant au niveau primaire (certificat de fin d’études). Il est prévu par
exemple un modèle de coopération – par exemple un encadrement à plein temps – associant
éducateurs sociaux et chargés de cours afin de renforcer la personnalité et le comportement social des élèves. Par ailleurs, le suivi des élèves et des entretiens doivent permettre de déterminer les compétences (notamment au niveau social) des jeunes ; ils servent également de base à
l’élaboration de plans d’aide individualisés. Par le biais de modules de qualification professionnelle définis par l’école et l’entreprise, les jeunes doivent acquérir la compétence professionnelle
requise. Enfin, le contenu des modules de qualification et celui de la formation primaire sont réunis dans un cursus qui prépare les élèves à l’examen de fin d’études. Sur le fond, ce cursus
satisfait aux exigences d’un diplôme qualifié de fin d’études ; il doit permettre aux élèves
d’accéder plus facilement aux modules d’apprentissage.
Les jeunes peu ou pas qualifiés, une cible privilégiée des dispositifs de la politique de
l’emploi en France
En France, les jeunes non ou peu qualifiés scolairement sont surreprésentés aux âges les
moins élevés de la classe d’âge des 16-24 ans. Ils sont les plus touchés par les phénomènes de sélectivité et sont une cible privilégiée des dispositifs de la politique de l’emploi. Parmi les mesures mises en place, on retrouve l’idée de favoriser l’apprentissage en alternance
pour les non qualifiés notamment, sur le modèle allemand,183 en sachant que dans la situation actuelle la formation en milieu scolaire est en effet encore largement dominante en
France (tout comme au Luxembourg et en Belgique). Le système d’enseignement français
comme en Belgique valorise les filières générales au détriment des filières professionnelles
et incite à l’élévation des niveaux d’études. Le diplôme professionnel n’a pas le même sens
en Allemagne et en France. Il correspond fondamentalement à une règle d’organisation du
marché du travail en Allemagne alors qu’il représente essentiellement un signal à valoriser
sur ce marché en France.184
183
184
Lefresne, Florence (2005), loc. cit.
Verdier, E. / Möbus, M. (1999) : Diplômes professionnels et coordination de la formation et de l’emploi :
l’élaboration d’un signal en france et d’une règle en Allemagne, Revue d’économie Politique.
- 159 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Les « contrats aidés », une singularité française ?
Les mesures favorisant l’insertion se sont multipliées et se sont diversifiées dans le temps en
France. Elles s’inscrivent globalement dans trois orientations des politiques de l’emploi, tout
d’abord des actions de formation avec un intérêt particulier à la formation par alternance,
ensuite des incitations financières sous forme d’exonérations de cotisations sociales et/ou
des aides forfaitaires, enfin un recours plus facile à la flexibilité du travail. Les pouvoirs publics ont privilégié les contrats aidés (la France est un des rares pays en Europe à centrer sa
politique d’insertion sur ces contrats spécifiques) en rendant flexibles les contrats de travail
pour les jeunes, surtout les non qualifiés, et en accordant des aides publiques aux employeurs. En trente ans, pas moins de 35 dispositifs ont été mis en œuvre contre le chômage
des jeunes. Aujourd’hui, 40 % des moins de 26 ans en emploi bénéficient d’une de ces mesures, contre 5 % en 1975.185L’abaissement du coût du travail a été l’une des mesures phare
des années 90 concernant principalement les bas salaires, l’objectif affirmé était de faciliter
l’accès à l’emploi des personnes peu qualifiées et notamment des jeunes.
Exemple de bonnes pratiques : le Groupe EdF-GdF : aide à
l’intégration des jeunes dans le marché de l’emploi
Le groupe EdF – GdF, un des leaders sur le marché européen de l’énergie,
s’est fixé comme objectif de renforcer l’intégration des jeunes chômeurs dans
le marché de l’emploi. Ainsi, l’entreprise développe depuis quelques années déjà sur le site de
Nancy Lorraine un programme spécial affichant chaque année une autre priorité. En 2003, le
projet intitulé « Art Nouveau » a mis l’accent sur l’artisanat. Le concept : 12 jeunes défavorisés
ont eu la possibilité de faire un stage d’un an – avec un contrat de travail « CES »186 – dans
l’entreprise EdF – GdF Distribution Nancy Lorraine. Pendant cette phase, ils ont pu démontrer
leurs capacités artisanales et ont été en plus assistés par des experts. La dernière phase du
stage était consacrée à l’orientation professionnelle des jeunes : dans le cadre d’un entretien
mensuel, les jeunes devaient identifier leurs souhaits professionnels et leurs perspectives. Pour
son projet « Art Nouveau », qui fait le lien entre le chômage et la réinsertion professionnelle, le
Groupe s’est vu attribuer en avril 2005 le « Prix d’Honneur » décerné entre autres par la société
« Entreprise et Progrès ». Ce prix récompense l’engagement dont fait preuve EdF – GdF en matière d’intégration des jeunes dans le marché de l’emploi.
Le recours à des contrats jeunes et des établissements spécifiques de formation en
Belgique
L’emploi des jeunes constitue une priorité du gouvernement wallon et de son « Contrat
d’Avenir pour la Wallonie» adopté en 2000. Parmi les axes choisis par le gouvernement, la
formation professionnelle en alternance et continue.
Depuis 2002, la gestion de l’emploi est confiée en plus du service public de l’emploi à des
agences privées. Le service public de l’emploi est chargé d’une part de mettre en œuvre la
politique fédérale de l’emploi et de conseiller les différents acteurs concernés par l’emploi,
d’autre il joue un rôle d’opérateur, notamment en matière de formation professionnelle qualifiante187.
185
186
187
Chômage des jeunes, 30 ans d’aide à l’emploi, Dans : La Croix, 11 mars 2006.
CES : Contrat Emploi Solidarité ; contrat de travail spécial ayant pour but d’intégrer dans le marché de
l’emploi des chômeurs difficiles à placer (par ex. chômeurs de longue durée ou jeunes sans qualification).
Le Gouvernement wallon a approuvé le projet de Contrat de gestion du Service Public de l’Emploi en avril
2001. Cf. Communiqué de presse du Gouvernement wallon sur le Service Public de l’Emploi, 12/04/2001.
http://gov.wallonie.be
- 160 -
A l’instar de nombreux pays européens, la Belgique et la Wallonie en particulier sont touchées depuis le début des années 80 par une massification du chômage qui touche avant
tout les jeunes peu qualifiés. Remédier à ce phénomène multidimensionnel (jeunesse et
emploi, mais aussi dans une certaine mesure l’enseignement) nécessite une collaboration
étroite entre les niveaux de pouvoir du fait de la complexe répartition des compétences. Face
au chômage des jeunes, le gouvernement fédéral et le gouvernement wallon ont adopté de
très nombreuses mesures, axées notamment sur l’exonération de charges sociales aux entreprises, parmi lesquelles la Convention de Premier Emploi (CPE)188 Cette convention
s’adresse à tout jeune, qualifié ou non (c'est-à-dire diplômé de l'enseignement secondaire
supérieur) et concerne tant le secteur public que privé. Avec cette mesure les entreprises
d’au moins 50 salariés ont l’obligation d’embaucher parmi leur effectif 3% de jeunes, ce qui
ne va pas sans susciter certaines réticences de directeurs de ressources humaines : en
effet, bien souvent les entreprises préfèrent embaucher une main-d’œuvre expérimentée
plutôt que des jeunes peu qualifiés ou sans expérience (même si cette mesure est assortie
d’exonérations fiscales).
Outre le volet fédéral du CPE, le gouvernement de la Communauté française et le gouvernement wallon se sont engagés à augmenter les embauches de jeunes dans le secteur public. Reste à savoir si ces mesures conjoncturelles et quantitatives, sont suffisantes pour
lutter contre les causes du chômage des jeunes.
L’alternance constitue un deuxième dispositif d’insertion pour les jeunes peu qualifiés. Mais
ce système n’est pas encore fortement développé dans le système éducatif belge, qui se
caractérise encore aujourd’hui par une forte scolarisation de la formation professionnelle
(comme en France).189 En Belgique, les établissements de formation et d’enseignement en
alternance (CEFA) sont destinés aux jeunes en situation de décrochage scolaire. La formation est axée sur une double logique de qualification mais aussi et surtout de socialisation
professionnelle. Depuis leur création les CEFA ont progressivement été intégrés au système
d’enseignement général, et se sont surtout rapprochés de l’entreprise. Ce mode de formation
remporte un certain succès en Wallonie par rapport aux autres systèmes d’apprentissage
plus généraux (tels que l’apprentissage des métiers des classes moyennes : artisanat,
PME)190.
En outre, la formation en alternance a été étoffée en mai 2003 par la création d’un organisme public destiné prioritairement aux jeunes et chargé de leur donner les qualifications
attendues par les entreprises. Cet organisme vise à former de futurs chefs de PME et des
indépendants191. Cette logique de formation à la fois socialisante et qualifiante, se rapproche
de celle à l’œuvre dans les Entreprises de Formation par le Travail (EFT), structures associative ou centre d’action sociale qui peuvent recevoir un label EFT s’ils respectent des
conditions, notammtn la mise en place d’une pédagogie adaptée aux besoins des personnes
fragilisée et sans diplômes, souvent des jeunes. Outre le soutien accordé via le label EFT, le
gouvernement wallon peut accorder des subventions à des sociétés commerciales poursui-
188
189
190
191
Site de l’université de Namur recensant en collaboration avec le FOREM (service public wallon de l’emploi et
de la formation professionnelle) les aides à l’emploi. http://www.droit.fundp.ac.be/pef/fiche1.pdf
Fusulier, Bernard (2001) : L’articulation école / entreprise : une combinatoire incertaine, Revue Formation
emploi, n°75, Céreq, p. 13-28.
Alter Educ Belgique (2005) : Dossier spécial 20 ans des CEFA, (www.altereduc.be).
„Formation des indépendants et des PME“, communiqué de presse du gouvernement wallon, 22/05/03.
- 161 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
vant une finalité sociale d’insertion de demandeurs d’emploi difficiles à placer (sans qualifications, chômeurs de longue durée).192
Enfin, un dernier type de dispositif est constitué par des organismes d’accompagnement de
chômeurs. En effet, dans le cadre du dispositif intégré d’insertion socioprofessionnelle de la
région wallone (2004), il existe des missions régionales pour l’emploi (MIRE) chargées
d’accompagner dans la recherche d’un emploi les personnes fragilisées, notamment toute
personne qui a terminé ses années scolaires obligatoires sans obtenir de diplôme de
l’enseignement supérieur193.
L’emploi constitue donc une priorité politique du gouvernement wallon, qui a mis en place
des dispositifs de formation et de subventions destinés aux publics particulièrement touchés
par le chômage. Fin 2005 un plan stratégique devait être adopté, dont l’objectif est de développer le capital humain, les connaissances et les savoir-faire à travers l’amélioration de
l’enseignement et de l’orientation, l’augmentation de l’offre de formation et son adaptation
aux réalités du marché. Ainsi la Wallonie, comme le Luxembourg, met en conformité sa politique vis-à-vis de la stratégie européenne de Lisbonne, tout en affichant une dimension
d’insertion basée sur le principe d’une économie solidaire.
Exemple de bonnes pratiques : Heinen Tech : promotion de jeunes dans
l’entreprise
Les activités de l’entreprise Heinen Tech sise à Eupen se concentrent sur les installations électriques dans les bâtiments. La Direction de l’entreprise table sur une promotion ciblée des jeunes au sein de l’entreprise.
La moitié des salariés de l’entreprise familiale ont moins de 30 ans. Outre les jeunes qui suivent
un apprentissage (durée : 2 – 3 ans plus « centre professionnel » deux jours par semaine),
l’entreprise recrute également des jeunes qui sont formés dans l’entreprise sans contrat
d’apprentissage. Ces jeunes sont embauchés comme ouvriers et acquièrent leurs connaissances pratiques pendant le processus de travail avec les autres salariés. Par ailleurs, ils participent à des séminaires et des formations. L’entreprise met moins l’accent sur la formation scolaire antérieure que sur la motivation des jeunes et l’intérêt qu’ils portent à la technique. Du fait
de l’évolution très rapide de la technologie moderne, il est important pour la Direction que les
jeunes acquièrent dans l’entreprise les connaissances nécessaires qu’ils ne peuvent souvent
pas apprendre à l’école : « L’entreprise utilise les techniques les plus modernes, les écoles ne
peuvent pas suivre. Les jeunes gens doivent apprendre très tôt dans l’entreprise comment ça
fonctionne et se familiariser ensuite régulièrement avec les nouvelles techniques. »
Pour l’entreprise, il est extrêmement important que les jeunes soient disposés à s’investir dans
l’entreprise, à participer aux formations, à s’intéresser à l’informatique et à assumer des tâches
responsables. En contrepartie, les jeunes jouissent d’équipements modernes, d’une formation
pratique et de réelles chances de faire carrière dans l’entreprise, ceci en vue de promouvoir leur
motivation.
192
193
Cf. la page emploi et formation professionnelle du
http://emploi.wallonie.be/THEMES/ECO_SOCIALE/EI.htm
Ibidem: http://emploi.wallonie.be/THEMES/SOCIO/Menu.htm
- 162 -
site
internet
du
gouvernement
wallon
Des mesures diverses destinées aux jeunes sans qualification au Luxembourg
Il existe en 2003 au Luxembourg une trentaine de dispositifs d’insertion très divers.194 Suivant l’étude sur les pratiques d’insertion au Luxembourg de M. Meyers, on peut distinguer
deux grands types de formations professionnelles à destination des jeunes « en difficultés ».
Tout d’abord les formations par le travail ou « sur le tas ». Ce type de dispositif recrute surtout des jeunes sortis prématurément du système scolaire, donc sans certification et également dépourvus des compétences professionnelles et sociales de base (ponctualité, rigueur,
capacités à communiquer et travailler en groupe etc.). Cette formation par le travail est axée
prioritairement sur la remotivation et la socialisation professionnelle (par exemple inculquer
l’idée que tout salaire implique un travail effectivement presté). Concrètement, les jeunes
effectuent des stages en entreprise (SIE) ou dans le secteur public pour acquérir des compétences générales dans des domaines de compétences non qualifiés (bois, métal, bâtiment,
jardinage etc.). Cette formation s’accompagne d’une aide à la recherche d’emploi et à la
prise en charge dans le domaine médical et financier. L’objectif est que les jeunes non qualifiés puissent trouver au plus vite et si possible chez leur employeur un CDD ou un CDI. Les
organismes assurant cette formation sont divers : association sans but lucratif (ASBL), centres d’insertion et de réinsertion professionnelle (CIRP), centre d’éducation différenciée et de
propédeutique professionnelle.
A la différence de la formation par le travail, les formations qualifiantes exigent des prérequis
scolaires et permettent d’obtenir un diplôme ou un certificat officiel du Ministère de
l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP). Parmi les nombreux dispositifs, certains concernent les jeunes adultes (bac technique en lycée spécialisé, diplôme
de technicien) ou les jeunes sortis prématurément du système scolaire (classes préparatoires au Certificat d’Initiation Technique et Professionnelle). A la différence du public suivant
une formation par le travail, les destinataires des formations qualifiantes disposent des compétences sociales et professionnelles de base ; en outre, par rapport à la formation par le
travail les stages des formations qualifiantes ont une visée qualifiante plus affirmée.
De manière générale, le Luxembourg a fait de la formation professionnelle un instrument
politique majeur dans la lutte contre le chômage des jeunes. Une réforme de cette dernière
en 2005 devait ainsi amener la mise en place d’une modularisation des enseignements,
d’une évaluation continue et d’un système de validation des acquis de l’expérience (VAE).
En pratique, si la modularisation est adaptée pour les élèves en décrochage, elle l’est moins
pour les élèves qui ont dépassé l’âge de la scolarité obligatoire. Par ailleurs, certains praticiens de l’insertion des jeunes regrettent le manque de clarté des objectifs, dû au grand
nombre de missions à assumer des administrations. Ainsi les Centres d’orientation et
d’insertion professionnelles (COIP), chargés de l’insertion des jeunes en grandes difficultés
dépendent du Centre National de Formation Professionnelle et Continue (CNFPC), qui a
aussi en charge les cours du soir, la seconde voie de qualification et les formations aux entreprises. Des missions diverses regroupées sous la tutelle d’une seule et même institution.195
194
195
MEYERS R., Rapport sur l’état des lieux des pratiques pédagogiques d’insertion au Luxembourg, 2003,
http://www.men.lu/edu/fre/formation/professionelle/rapport-etat-des-lieux.pdf
Projet pilote Leonardo da Vinci « un modèle pédagogique pour une Ecole de la deuxième chance », questionnaire d’évaluation rempli par le MENFPS http://deuxiemechance.lu/framerea.htm
- 163 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Un programme gouvernemental de lutte contre les situations de « décrochage scolaire »
Au début des années 90, le pourcentage de jeunes ayant quitté prématurément le système
scolaire était très important. Le gouvernement à mis en place des mesures de lutte contre
l’échec scolaire, notamment à partir de 2001 dans la ligne directrice de l’UE visant à mettre
en place des projets d’école de la seconde chance.196
Ainsi le Luxembourg se caractérise par une politique affichée de lutte contre le décrochage
scolaire des jeunes en difficultés : réorientation en classes relais plus adaptées au profil des
élèves (en attendant une réintégration dans le système éducatif général), suivi obligatoire de
tout jeune en difficulté par le Service de l’Action Locale pour la Jeunesse (ALJ). Consécutivement à ces dispositifs le nombre de jeunes en décrochage diminue sur le long terme, bien
qu’il reste élevé pour le gouvernement luxembourgeois.
Exemple de bonnes pratiques : Le centre « Liewenshaff » s’occupe
de l’intégration des jeunes dans le marché de l’emploi
Le Centre Propédeutique et Professionnel « Liewenshaff » du Päerd’s Atelier
asbl s’occupe de jeunes présentant des troubles de comportement ; ces jeunes
âgés de 15 à 19 ans ont des problèmes sociaux. Les jeunes ont la possibilité,
après réalisation d’une procédure spéciale de candidature et de sélection, de participer à un
programme étalé sur trois ans dans l’établissement de Merscheid. Grâce à une préparation au
travail professionnel et à l’intervention socio-éducative des chargés de cours et des éducateurs
sociaux, les jeunes qui présentent des troubles de comportement et un échec scolaire peuvent
se stabiliser afin de pouvoir à l’avenir devenir responsables d’eux-mêmes et concevoir leur vie
professionnelle. Pendant ces trois ans, les jeunes ont le statut d’élèves et reçoivent – parallèlement aux aides/allocations familiales – une rémunération supplémentaire. L’établissement de
Liewenshaff accueille env. 15 jeunes qui peuvent choisir différents modules : atelier de fer, horticulture, agriculture/animaux et restauration/gîte d’étape. Ces activités pratiques sont accompagnées de cours théoriques (lire, écrire, calcul, etc.) caractérisés par un encadrement individuel
des jeunes. Après un stage d’apprentissage interne au cours de la seconde année, qui a lieu sur
le site de Liewenshaff ou à proximité du site, les jeunes font un stage externe en entreprise qui a
pour but de les préparer à la vie professionnelle. La troisième année est notamment une année
d’orientation professionnelle, au cours de laquelle l’établissement assiste le jeune, par exemple
dans sa recherche d’éventuels emplois-formations dans des entreprises.
196
Rapport sur l’état des lieux des pratiques pédagogiques d’insertion au Luxembourg, 2003.
- 164 -
Exemple de bonnes pratiques : projet "Aktiv an d'Aarbeschtswelt"
au LTJB de Grevenmacher
Une étude récemment réalisée pour l’année scolaire 1999/2000 par M.
Raymond Meyers et
M. Erny Plein pour le Ministère de l’Education Nationale de la Formation Professionnelle et des Sports (MENFPS) du Luxembourg a montré que, sur 935 sortants potentiels
du régime
préparatoire, 749 ont été scolarisés ultérieurement, 77 ont été accueillis dans des structures du
CNFPC, mais seulement 22 sont entrés dans la vie active et 87 ne se sont pas intégrés dans la
vue professionnelle faute de diplômes (situation de décrochage scolaire). Or, dans la loi du 3
juin 1994, le régime préparatoire a pour mission de “préparer ses élèves à l’insertion dans la vie
active ”.
Le projet "Aktiv an d'Aarbeschtswelt", lancé en septembre 2001 au Lycée Technique Joseph
Bech (LTJB) de Grevenmacher, rassemble 13 jeunes ayant dépassé l’âge de la scolarité obligatoire sans avoir acquis les modules nécessaires pour accéder au Certificat d’Initiation Technique
et Professionnelle. Les objectifs du projet : redonner confiance à ces jeunes sans perspectives
et projet professionnels en se basant sur leurs capacités et sur leurs acquis ; développer leurs
compétences sociales et professionnelles (notamment les langues, les mathématiques mais
aussi l’informatique et les capacités manuelles). Au niveau de l’organisation, le nombre des intervenants réduit permet de stabiliser au maximum le groupe et la pédagogie est basée sur la
participation active. La mise en pratique des enseignements et des acquis se fait en deux temps
: d’abord à l’occasion de tables-rondes rassemblant des professionnels et des conseillers de
l’ADEM ; ensuite par un stage d’orientation en entreprise et d’une durée de deux semaines.
L’évaluation régulière et spécifique permet de réajuster l’organisation et le contenu des travaux.
Source : projet pilote Leonardo da Vinci « un modèle pédagogique pour une Ecole de la
deuxième chance », questionnaire de réalisation du projet rempli par le MENFPS
http://www.deuxiemechance.lu/framerea.htm.
4.3.5
Les formations d’ingénieur dans la Grande Région
L'Union européenne s'était fixé (Lisbonne en 2000) comme objectif stratégique pour 2010 de
devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde
(…). Compte tenu de cet objectif et de la situation démographique, va-t-on se disputer la
main d’œuvre la mieux formée parmi laquelle on trouve notamment les jeunes ingénieurs ?
La Grande Région forme des ingénieurs dans de nombreux domaines mais ne parvient pas
toujours faute d’attractivité suffisante, d’opportunités pour les sortants sur le marché du travail, etc. de les retenir une fois la formation achevée. Il est vrai que la compétition pour les
meilleurs profils dépasse largement la Grande Région, elle est aujourd’hui largement mondialisée.
Dans la partie qui suit l’on peut comparer la diversité des systèmes de formation des ingénieurs d’une région à l’autre, tout comme la situation des jeunes passant par ces filières sur
le marché du travail. Même si les jeunes les plus diplômés sont dans l’ensemble moins touchés par le chômage (que ceux qui sont les moins diplômés), ils n’en sont toutefois pas
exempt.
Si l’on compare les systèmes de formation d’ingénieurs dans les différents pays, il existe
deux grands modèles de formation. La Belgique et la France ont une approche plus académique voire théorique des études, avec, comme corollaire une place moins importante accordée aux stages et aux spécialisations. L’Allemagne (au même titre que l’Autriche et le
- 165 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
Royaume-Uni) a une approche plus pratique favorisant dès le départ une spécialisation plus
poussée dans un secteur déterminé.
Avec la mise en place progressive du système de Bologne, les diplômes des différents pays
font place progressivement aux nouveaux grades de Bachelor (3 années d’études supérieures) et de Master (2 années d’études complémentaires) qui sont offerts par les Hautes Ecoles en Belgique, les Fachhochschulen en Allemagne et la Faculté des Sciences, de la Technologie et de la Communication au Luxembourg. Seules les écoles d’ingénieurs françaises
n’ont, pour la plupart, pas organisé le parcours en 3 + 2 années.
Les jeunes ingénieurs diplômés sont très recherchés, les difficultés de recrutement
semblent même générales
Au Luxembourg, en 2004, tous les diplômés de l’ex- « Institut supérieur de technologie »
avaient trouvé immédiatement un emploi ou poursuivi leurs études auprès d’une université
ou d’une grande école à l’étranger. Le diplôme d’ingénieur industriel a constitué et constitue
toujours une qualification professionnelle hautement appréciée, en particulier par les milieux
économiques luxembourgeois.
L’industrie offre une très large gamme de postes de travail, à la fois dans les services et
dans la production, où les caractéristiques des postes de travail ont fortement évolué avec
l’automatisation des processus de production. On comprend dès lors que les emplois créés
dans l’industrie nécessitent des compétences pointues et des qualifications élevées.
La sidérurgie reste un des piliers majeurs de l’industrie luxembourgeoise. Le secteur de la
technologie du métal est, en aval de la sidérurgie, un secteur très important. Le secteur de la
chimie et de la parachimie est essentiellement axé sur la transformation de produits chimiques (l’industrie du pneu, la production de films polyester, de produits en plastique).197
La moitié des jeunes ingénieurs luxembourgeois s’en vont dans le secteur public
Les problèmes de recrutement sont importants étant donné que la moitié des jeunes ingénieurs luxembourgeois s’en vont dans le secteur public. En fonction des diplômes acquis, la
rémunération peut y être nettement supérieure dès le départ. Pourtant les possibilités de
promotion sont bien plus motivantes dans l’industrie.
La Belgique enregistre une désaffection pour les études d’ingénieurs. Alors que le nombre
de diplômés universitaires croît de façon régulière et importante, le nombre d’ingénieurs sortant des études ces dernières années stagne (période de 1995 à 2003).
Les besoins en ingénieurs sont en augmentation dans des fonctions spécifiquement techniques ou d’études (R&D, production, conduite de processus, maintenance).De plus, la quantité d’ingénieurs disponibles est insuffisante en ce qui concerne certaines spécialités (électromécaniciens et métallurgistes notamment, ou encore dans les domaines de l’aéronautique
ou du nucléaire).198
Allemagne : des ingénieurs au chômage malgré la pénurie de personnel qualifié
La Sarre tire son épingle du jeu
La situation de pénurie d’ingénieurs est semblable en Allemagne. En 2004, sur les 58.000
emplois à pourvoir, seulement 43.000 postes ont été pourvus. Le problème est aigu dans les
197
198
Centre de Documentation et d’Information sur l’Enseignement Supérieur (Cedies), (2004) : Les métiers techniques et scientifiques dans l’industrie.
« Etre Ingénieur civil ou Bioingénieur à l’aube du 21ème siècle : atouts et handicaps ». (Rapport de la Fédération Royale d’Associations Belges d’Ingénieurs Civils et d’Ingénieurs Agronomes). Avril 2004.
- 166 -
PME alors que les grandes entreprises, qui offrent de meilleurs salaires, sont plus attractives
pour les jeunes diplômés. 54 % des emplois non pourvus concernent le secteur « construction de machines », suivis des électroniciens (33 %).199
Le marché de l’emploi est toutefois contrasté : bien que les entreprises connaissent des difficultés de recrutement d’ingénieurs, le taux de chômage des ingénieurs s’élève à 9 % au niveau fédéral. La situation en Sarre est meilleure avec un taux de 7,4 % (2004).
D’après le Conseil national des ingénieurs et des scientifiques en France (Cnisf), l’insertion
dans le monde du travail n’est pas un problème : 95 % des ingénieurs trouvaient un emploi
dans les huit mois suivant l’acquisition de leur diplôme en 2004.
En Lorraine, la sidérurgie (métallurgie et travail des métaux) représente le secteur industriel
le plus important en termes d’effectifs salariés. Cette spécificité régionale a favorisé le lancement du pôle de compétitivité « Matériaux innovants et produits intelligents » (MIPI) visant
à promouvoir la recherche dans le domaine des matériaux (acier, verre, composites).
D’autres secteurs industriels tels que les équipements mécaniques, l’industrie automobile,
l’industrie chimique (industrie des plastiques et des caoutchoucs), la construction et les matériaux de construction recrutent de nombreux ingénieurs.200
Comparaison des filières d’études d’ingénieurs dans la Grande Région
D’ici 2010, toutes les universités devront s’adapter à la nouvelle architecture des études supérieures fondée sur trois grades dont la dénomination varie selon le pays : Baccalauréat (ou
Licence ou Bachelor), Master, Doctorat ou encore 3-5-8.
Jusqu’à présent, la formation d’ingénieur industriel en Belgique était organisée en 4 années
après le diplôme de fin d’études secondaires par les Hautes Ecoles. Avec la mise en place
du système de Bologne, en septembre 2004, les études ont été restructurées à l’instar des
études d’ingénieur civil (Bachelier en sciences industrielles après trois ans d’études, Master
ingénieur industriel en 2 années d’études complémentaires).
En Allemagne, le cursus traditionnel, composé du Grund- et Hauptstudium, délivrait un
« Diplom-Ingenieur » au bout de 10 semestres environ. De plus en plus d’universités proposent le cursus de Bachelor (3 à 4 ans) et Master (1 à 2 ans). La plupart des établissements
exigent d’avoir effectué un stage en entreprise avant le début des études. La durée du stage
varie en fonction des matières et des écoles.
En France, la formation de l’ingénieur est assurée principalement par les « Ecoles
d’Ingénieurs », même si les filières professionnalisées se sont multipliées ces dernières années (Licence pro, DESS). Le parcours classique se déroule sur cinq années : un premier
cycle scientifique en classe préparatoire de 2 ans, suivi du cycle ingénieur de 3 ans. Au
cours de ce 2ème cycle, l’élève ingénieur affine son profil de compétences. Il faut souligner
toutefois que près d’un quart des écoles d’ingénieurs accueillent des bacheliers.
Au Luxembourg, la faculté des Sciences, de la Technologie et de la Communication (remplaçant l’ex- Institut Supérieur de Technologie) a instauré deux formation de 1er cycle : un
bachelor professionnalisant de 3 années en ingénierie et informatique, qui remplace
l’ancienne formation de l’Ingénieur industriel qui a été, pendant plus de 80 ans au service de
la société et de l’industrie du Grand-Duché. Un Bachelor académique de 3 années en sciences et ingénierie (remplaçant les anciennes formations de DPCU) dispense une formation
plus théorique.
199
200
VDI Ingenieurstudie Deutschland 2005.
Fiches APEC, Marché de l’emploi.
- 167 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
L’intérêt des femmes pour le métier d’ingénieur est devenu de plus en plus grand avec
l’introduction de nouveaux départements et unités d’enseignement comme
l’électrotechnique, le génie civil et l’informatique, et la spécialisation dans des sous-sections
comme les télécommunications, ingénierie des réseaux, nouveaux médias, robotique et mécatronique.
Tableau 4.18 : Comparaison des filières d’études d’ingénieurs dans la Grande Région201
Saarland et
Rheinland-Pfalz
Dans les universités,
universités techniques et hautes écoles techniques :
Durée de la
formation
1er cycle de 3 à 4 ans
(Bachelor)
2ème cycle de 1 à 2
ans (Master)
X de 4 à 6 ans
Dans les hautes
écoles spécialisées
(Fachhochschulen) :
X 4 ans
Etre titulaire d’un
diplôme de fin
d’études secondaires : « Hochschulreife » ; nombre limité
de places
selon les établissements ou les spécialisations.
Conditions
d’admission
La plupart des établissements exigent
d’avoir effectué un
stage en entreprise
avant le début de la
formation pour se
familiariser avec
l’organisation et les
méthodes de travail
de l’industrie (minimum 4 semaines
mais durée variable
en fonction des établissements et des
spécialisations)
Wallonie
Lorraine
Luxembourg
Dans les universités
pour les ingénieurs
civils
Dans les Hautes
Ecoles pour les ingénieurs industriels :
Dans les écoles
d’ingénieurs :
1er cycle de 2 ans
(classe préparatoire)
2ème cycle de 3 ans
(en école
d’ingénieurs)
X 5 ans
A
l’Université
du
Luxembourg :
1er cycle de 3 ans
(Bachelor of Science
ou
Bachelor
of
Engineering)
2ème cycle de 2
ans(Master
of
Science ou Master of
Engineering)
X 5 ans
1er cycle de 3 ans
(Baccalauréat)
2ème cycle de 2 ans
(Master)
X 5 ans
Pour les études
d’ingénieur civil effectuées dans les universités :
être titulaire du « Certificat
d’Enseignement
secondaire Supérieur
belge » et réussir un
« Examen
d’admission »
Pour les études
d’ingénieur indus-triel
effectuées dans les
Hautes Ecoles :
être titulaire du « Certificat
d’Enseignement
secondaire Supérieur
belge »
Dans les universités :
1er cycle de 3 ans
(Licence)
2ème cycle de 2 ans
(Master)
X 5 ans
Pour les écoles
d’ingénieurs :
Etre titulaire du
« baccalauréat »
et réussir le
concours d’entrée.
Etre titulaire d’un
« diplôme de fin
d’études secondaires »
Recrutement également possible en
milieu de parcours
par équivalence
(critères très sélectifs)
Pour les universités :
Etre titulaire du
« baccalauréat »
Source : CRD EURES Lorraine
201
Centre de Documentation et d’Information sur l’Enseignement Supérieur (cedies), (2004) : Les métiers techniques et scientififiques dans l’industrie, Luxembourg.
- 168 -
4.3.6
Systèmes d’éducation dans la Grande Région - entre modèles latin et
germanique
L’étude des systèmes d’éducation dans la Grande Région explique que les structures des
systèmes français, luxembourgeois et belge se superposent sur de nombreux points. En
revanche, les structures du système d’éducation allemand contrastent à travers des caractéristiques spécifiques. Dans cette dualité la Grande Région est le miroir de la zone de contact
des espaces culturels germanophone et latin. A partir des caractéristiques principales de la
structure des systèmes d’éducation allemand et français seront mises en évidence
d’importantes caractéristiques des systèmes d’éducation germanique et latin qui forment un
continuum pour les systèmes d’éducation de la Grande Région.
Bildung vs. éducation
La différence au sujet de l’éducation dans les pensées française et allemande est à rattacher
aux notions courantes. La notion française renvoie l’idée que l’éducation correspond à une
alternance entre l’individu et la société : l’individu y reçoit une éducation qui mène au bienêtre mais qui vise à la fois à servir l’Etat: „L’organisation de l’enseignement public gratuit et
laïque à toutes les degrés est un devoir de l’Etat.”202 La notion allemande renferme également ce lien entre l’individu et la société qui expérimente, cependant, sa transmission dans
l’éducation. Le critère d’éducation est situé dans le développement des forces libres : il s’agit
de développer toutes les capacités possédées naturellement par l’individu. Ces schémas
mettent au centre d’un côté le processus actif de l’apprentissage (Bildung) l’éducation, en
revanche, envisage de son côté le processus d’apprentissage par influence extérieure (instruction) dans lequel l’élève a un rôle plutôt passif .
Savoir encyclopédique vs. savoir procédural
D’après ces modèles ressortent, selon le type d’éducation, différentes idées des contenus à
transmettre dans le cadre de l’éducation. En France le savoir encyclopédique et vérifiable est
jusqu’à présent au centre de l’intérêt. Le modèle germanique pose dans la tradition calviniste
l’individu au centre qui doit acquérir des connaissances et des capacités afin de pouvoir agir
de façon autonome, créative et réfléchie.
Enseignement général vs. enseignement professionnel
Selon la conception historique de base des notions de „Bildung“ et „éduc ation », l’enseignement général et l’enseignement professionnel doivent être séparés dans l’espace germanique. En revanche, le modèle latin part du principe que l’enseignement professionnel devrait
comporter des parts d’enseignement général. Jusqu’à présent, le système d’éducation allemand se caractérise par la stricte séparation de l’enseignement général et professionnel ; en
France, par contre, ces types d’enseignement se mélangent et font partie intégrante du système d’éducation. Avec cela, le terme « enseignement professionnel » se réfère aussi dans
les deux pays à différents objets : l’enseignement professionnel en France est compris dans
sa globalité et non pas appliqué exclusivement aux niveaux d’ouvrier qualifié (par exemple
l’apprentissage) ou de maître. La notion d’enseignement professionnel comprend des cursus universitaires menant à des formations professionnelles qualifiantes (enseignement
technique ou technologique), des possibilités d’enseignement ou de formation qualifiants
202
Extrait du préambule de la Constitution de la IVe République de 1946. (cf. Zettelmeier, Werner (2000): Berufsbildung in Frankreich. In: Französisch heute. N°. 3, p. 298-310, p. 298.
- 169 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
dans le cadre d’un cycle d’insertion professionnelle et des dispositifs de reconversion destinés aux jeunes. En Allemagne, la notion de formation professionnelle est appliquée en premier lieu au niveau d’ouvrier qualifié et aux niveaux supérieurs immédiats de maître et de
technicien. Ainsi appartiennent au secteur de la formation professionnelle certaines filières
du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ; l’enseignement supérieur général et
technologique en est exclu.
Beruflichkeit vs. déprofessionnalisation
Ce concept professionnel allemand repose sur une multitude de qualifications professionnelles définies et contrôlées avec précision qui accompagnent le passage de la formation à la
profession. Il se base sur l’existence d’emplois et de marchés du travail structurés par une
spécialité professionnelle. C’est pourquoi le concept de Beruflichkeit exige sur le plan de la
formation et du travail d’un haut degré de standardisations et de réglementations : « […] des
profils de qualification clairement définis dans la formation doivent correspondre à des voies
de débouchés professionnels solidement institutionnalisées.203 » Les métiers nécessitant
un enseignement professionnel ne doivent donc pas être trop vastes afin de pouvoir transmettre les contenus théoriques et les compétences pratiques indispensables pendant la période de formation. Néanmoins, ils ne doivent pas être pour autant trop restreints car les
connaissances et les qualifications professionnelles sont en constante évolution. Ce va et
vient du concept de Beruflichkeit a été combattu en France par le principe de déprofessionnalisation.
On considère en France que la mission de la formation professionnelle par voie scolaire ne
consiste pas tant à apporter une qualification pour des activités professionnelles concrètes
que d’assurer une préparation théorique au monde du travail couvrant un large panel de domaines professionnels et un enseignement général continu. Ainsi, contrairement à
l’Allemagne, on ne forme pas tant du personnel qualifié et opérationnel que des élèves ayant
terminé leur scolarité, flexibles et pouvant encore être formés, dotés de vastes connaissances spécialisées théoriques et d’un haut niveau de culture générale. Ils disposent de « […]
culture générale mais ont moins de connaissances spécialisées et d’expérience pratique.
« Tout est appris sur le tas. » »204
Théorie vs. pratique
Les concepts professionnels décrits sont déductibles des contenus d’enseignement de formation professionnelle et des règlements des formations et examens existants. Barmeyer
démontre en détail que les professions de maçon et de vernisseur au niveau de personnel
qualifié diffèrent fortement entre la France et l’Allemagne de par la place accordée respectivement aux contenus d’enseignement général ou professionnel et la part réservée à la théorie et à la pratique : tandis que, dans le système dual, les contenus d’enseignement général
sont négligeables, l’importance en France des cours de français est évidente. Barmeyer
quantifie les parts de théorie et de pratique de chaque période de formation et constate
qu’en Allemagne la part consacrée à la pratique représente 80 pour cent de la formation
contre 50 pour cent en France selon le type de formation. Néanmoins, il convient de distin203
204
Koch, Richard (1998): Duale und schulische Berufsausbildung zwischen Bildungsnachfrage und Qualikationsbedarf. Ein deutsch-französischer Vergleich, Bielefeld, p. 199.
Commentaires d’un entrepreneur allemand du domaine de l’artisanat sur le système français d’enseignement
professionnel; cf: Barmeyer, Christoph (1996): Interkulturelle Qualifikationen im deutsch-französischen Management kleiner und mittelständischer Unternehmen (mit Schwerpunkt Saarland/Lothringen). St. Ingbert, p.
35.
- 170 -
guer les périodes d’enseignement pratique réalisées en entreprise ou en atelier des centres
de formation professionnelle. Face à ce bilan, Koch enregistre de plus grandes divergences
au niveau de la formation du personnel qualifié : 75 pour cent de pratique en Allemagne
contre 25 pour cent en France.
Différences régionales des profils professionnels
L’étude qualitative et comparative des cursus de formation dans le domaine des soins infirmiers
montre que le cursus de formation en Allemagne comporte une grande part de pratique, qu’en
France les proportions de théorie et de pratique sont relativement égales et qu’au Luxembourg,
on n’enregistre qu’un très faible taux d’enseignement pluridisciplinaire. En outre, sont mises en
relief des particularités et des différences régionales des profils professionnels qui se reflètent
dans les règlements concernant les traitements et soins donnés.205
Généralistes vs. spécialistes
Si l’on réduit le modèle de formation latin à ses éléments de base, on constate qu’il se caractérise avant tout par des cursus de formation scolaires complétés de période de formation en
entreprise. Par contre, dans le modèle germanique la formation en entreprise complétée par
une période en centre de formation professionnelle est prépondérante. Tandis qu’en Allemagne la formation professionnelle, imprégnée par l’idéal artisanal traditionnel, aspire à une
aptitude professionnelle dans un domaine d’activité fixé, en France est au premier plan la
préparation globale à un large domaine d’activité, trouvant son prolongement par la suite
dans le monde du travail. Dans le cadre de l’apprentissage, la transmission de connaissances pluridisciplinaires, théoriques et non spécialisées, y compris d’une grande part de culture
générale, est prépondérante en France. Par contre, en Allemagne les connaissances orientées sur un domaine spécifique et pouvant trouver un terrain d’application sont prédominantes dans la formation professionnelle. En raison de la part comparativement importante de
phases pratiques, moins d’enseignement général est dispensé. Face à ce bilan, on retiendra
que les apprentis allemands acquièrent en majorité une aptitude professionnelle associée à
des connaissances spécialisées pour un secteur professionnel (spécialistes). Les élèves
français de centre de formation professionnelle sont préparés à partir de connaissances
théoriques et très larges à passer dans un secteur professionnel et on les caractérise plutôt
de généralistes.
4.3.7
Initiatives transfrontalières en matière d’éducation
On relève dans la Grande Région un grand nombre d’initiatives transfrontalières en matière
d’éducation ; ces initiatives sont réalisées à différents niveaux. Sont présentés ci-dessous
quelques exemples sélectionnés.
L’école de Schengen pour une meilleure formation scolaire locale dans le triangle Allemagne-France-Luxembourg
Le projet « Ecole de Schengen » a pour objectif d’améliorer la formation scolaire proposée
dans le secteur primaire dans le triangle formé par l’Allemagne, la France et le Luxembourg
à hauteur de Schengen, notamment en ce qui concerne l’apprentissage des langues. On
205
Cf: suite: Holzheimer, Gabriele / Schiffmann, Iris (2001): Grenzüberschreitende Beschäftigung im Gesundheitswesen Saar-Lor-Lux-Rheinland-Pfalz. Bestandsaufnahme des grenzüberschreitenden Gesundheitssektors. EURES Transfrontalier SLLR.
- 171 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
s’efforce de rendre compatible l’éducation primaire de part et d’autre de la Moselle pour que
les élevès puissent fréquenter un établissement d’enseignement secondaire dans le pays
voisin. Des échanges d’enseignants entre les écoles primaires de Perl et de Remerschen
(Luxembourg) ont lieu dans le but d’atteindre les objectifs du projet. Les enseignants comparent les deux systèmes d’école primaire et élaborent des propositions visant à améliorer la
compatibilité des systèmes. Ces propositions seront testées dans les deux écoles dans le
cadre d’une expérimentation. Pendant la phase d’essai dans les écoles primaires, les ministères de l’Education sondent les possibilités d’appliquer ce concept à l’enseignement secondaire. Parallèlement, les administrations scolaires en Lorraine et en Rhénanie-Palatinat
sont informées du contenu et des résultats du modèle et invitées à y participer. L’essai
s’étale sur quatre ans, ce qui correspond à la durée de l’enseignement primaire. Les enseignants ont déjà comparé les systèmes scolaires et élaboré une proposition sur la conception
concrète de l’essai. Le succès de ce modèle devrait stimuler l’apparition d’autres institutions
de ce type.
Une école transfrontalière à plein temps à Perl à partir de 2007
Le projet d’école transfrontalière à plein temps (niveau secondaire inférieur ≈ collège) débutera en 2007 à la Konrad-Adenauer-Schule sur le cours supérieur de la Moselle. Outre des
élèves sarrois, l’école accueillera également des enfants lorrains, luxembourgeois et rhénans-palatins. Ils auront le choix entre quatre qualifications : outre le niveau primaire (≈ certificat de fin d’études) et moyen (≈ brevet), l’école proposera également le baccalauréat général au bout de huit ans et un bac professionnel avec un diplôme basé sur le modèle luxembourgeois.
Abi-Bac: Baccalauréat français et allemand
Les sections ABI-BAC permettent à des élèves motivés et possédant de bonnes connaissances de la langue allemande d’obtenir en même temps le Baccalauréat et le Abitur. Dans
la Grande Région, le Lycée Farbert à Metz, le Lycée Jean de Pange à Sarreguemines, le
Lycée Jean-Victor Poncelet à St-Avold, le Robert-Schumann-Gymnasium à Saarlouis, le
Hindenburg-Gymnasium Trier à Trèves, le Max-Slevogt-Gymnasium à Landau, la Kooperative Gesamtschule à Bad Bergzabern et le Bertha-von-Suttner-Gymnasium à Andernach
proposent cette formation.
Cadre commercial export franco-allemand de l'agroalimentaire dispensée par l’Institut
Supérieur des Affaires Agricoles et Agroalimentaires (formation de niveau Bac+3)
La vente et la distribution des produits alimentaires en relation avec les pays germanophones nécessitent des compétences commerciales spécifiques. L'Association Lorraine pour la
Promotion en Agriculture (ALPA) dispense sur son site de Laxou (is4a) une formation en un
an financée par le Conseil Régional de Lorraine et étayée par une immersion totale en Allemagne durant six mois. Un parcours est issu d'une collaboration entamée depuis près de 12
ans avec le Groupe CCI Formation 54. L’originalité de ce cycle repose sur la triple localisation de cette formation : les apprentissages sont effectués à l’is4a à Laxou, à la FAW à Sarrebruck (en langue allemande) et dans les entreprises agro-alimentaires allemandes et françaises. En répondant aux besoins des entreprises transfrontalières, la formation de cadre
commercial franco-allemand de l’agroalimentaire répond à quatre objectifs principaux :
- 172 -
►
parfaire la maîtrise des techniques commerciales, associée à un niveau de culture générale élevée :
►
connaître l’entreprise, l’emploi de commercial et les produits agro-alimentaires dans
une filière globale ;
►
connaître les marchés et les facteurs culturels de nos voisins partenaires de la CEE ;
►
maîtriser la langue pour négocier en langue allemande.
Projets transfrontaliers entre Festo AG, Centre de formation Festo GmbH, CEFASIM
Thionville
Les participants sont des apprentis en deuxième année de mécatronique (huit à dix participants de Festo et du CEFASIM par échange) qui travaillent sur un projet industriel commun.
Les rencontres se déroulent dans le cadre de semaines d’échange soit à Rohrbach soit à
Thionville. Le programme vise à promouvoir la compétence interculturelle des apprentis. Les
rencontres et séjours chez le partenaire fournissent un aperçu du monde du travail dans le
pays voisin et offrent la possibilité de nouer des contacts entre les apprentis et les formateurs des pays partenaires. Lors des rencontres, les apprentis découvrent les offres culturelles, de loisirs et de sport, l’organisation des entreprises, les conditions de travail, la communication et la coopération entre collègues. Les expériences sont ensuite discutées à la fin
des semaines de rencontre. L’échange d’apprentis entre Festo et le CEFASIM a lieu deux
fois par an depuis 1996.
Les projets transfrontaliers de la Handwerkskammer de la Sarre
La Handwerkskammer de la Sarre a développé et mené à bien différents projets transfrontaliers dont le but est d’augmenter la mobilité et la flexibilité des entreprises et des salariés en
Europe. L’initiateur est le Conseil Interrégional des Chambres des Métiers Saar-Lor-Lux.
Exemples de projets :
► Mise au point d’une qualification professionnelle bilingue et intégrée dans le domaine de
la technologie CNC. Il s’agit d’un stage de formation transfrontalière concernant les métiers de fraiseur et de tourneur.
► Programme de langue française appliquée aux métiers manuels visant à donner une
qualification aux travailleurs afin de les orienter vers l’économie et le marché de l’emploi
français. Le programme utilise des supports interactifs (CD-Rom, disquettes, cassettes
vidéos etc.) orientés vers la pratique et le marché du travail.
► Communication interculturelle visant à former les travailleurs et les entreprises à présen-
ter leurs produits lors de salons à l’étranger, et à mener des négociations transfrontalières.
Charte de Coopération Universitaire
Le 25 octobre 1984, sept établissements d'enseignement supérieur de la Grande Région206
ont signé à Pont à Mousson une convention appelée Charte de Coopération Universitaire
Luxembourg-Sarre-Lorraine. C'est ainsi qu’a débuté la coopération transfrontalière dans les
206
Université de la Sarre, Centre Universitaire de Luxembourg, Institut National Polytechnique de Lorraine, Université de Metz, Université de Nancy I, Université de Nancy II, Ecole Nationale d'Ingénieurs de Metz.
- 173 -
4.3 Insertion des jeunes, systèmes éducatifs, politique de l’emploi
domaines de la recherche et de l'enseignement. D’autres établissements ont adhéré à la
charte qui regroupe désormais 12 établissements d’enseignement supérieur : le 22 octobre
1985 la Fachhochschule de la Sarre, le 26 février 1988 les Universités de Kaiserslautern et
de Trèves ainsi que la Fondation universitaire luxembourgeoise d'Arlon et le 21 septembre
1990 la Fachhochschule de la Rhénanie-Palatinat. Les objectifs de la charte sont la coopération dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, les échanges d'étudiants, la coopération dans le domaine de la culture et du sport et la coopération institutionnelle des établissements partenaires.
Des réseaux de coopération différenciés dans le domaine de la recherche et de
l’enseignement supérieur
On relève de nombreuses coopérations transfrontalières dans le secteur tertiaire et dans un
grand nombre de disciplines scientifiques, favorisées par la Charte de Coopération Universitaire. Ainsi, la coopération dans les domaines de la physique, des matériaux et de la chimie
se fonde sur le rapprochement entre Nancy et Sarrebruck. Evoquons ici en particulier la mise
en place d’un laboratoire transfrontalier auquel participent la Lorraine, la Sarre et le Luxembourg. Dans le domaine de l’informatique, Le LORIA (Nancy) et le Max-Planck-Institut (Sarrebruck) ainsi que les cursus de l’ISFATES sont étroitement liés. Dans le domaine des
sciences de l’ingénieur, il existe de nombreux partenariats franco-allemands avec sept réseaux de coopération entre Sarrebruck, Kaiserslautern, Metz et Nancy. D’autres formes de
coopération existent les facultés de médecine à Nancy et en Sarre dans les domaines de la
biologie, de la médecine et de la santé ; elles réalisent également différents projets de recherche transfrontaliers (aquaculture, synthèse organique, recherche cardiovasculaire et
virologie). Différents accords de coopération encouragent également les rapprochements
dans le domaine des sciences de gestion, de l’administration, du management et de la logistique. Les cursus proposés dans le cadre de l’ISFATES et les offres soumises dans le cadre
de la coopération de l’Université de Nancy II et de la Chambre des employés privés du
Luxembourg sont très demandés par les étudiants. Dans le domaine du droit, la coopération
entre Nancy et Sarrebruck, avec l’appui du programme Interreg, permet un encadrement
commun pour les thèses de doctorat en droit français et allemand. Le Second Cyle d’Etudes
transfrontalières franco-allemandes qui débouche sur le mémoire de fin d’études et auquel
participent Metz et Sarrebruck de même que la coopération entre Metz et Luxembourg dans
le domaine de la philosophie ont un caractère exemplaire pour la coopération universitaire
dans le domaine des sciences humaines et des lettres. Les arts et la culture font l’objet d’une
coopération transfrontalière dans le domaine du verre (écoles supérieures des beaux-arts à
Nancy et Sarrebruck et centres à Meisenthal et Vannes-le-Châtel) et du cinéma (« Filmbüro » et Centre Audiovisuel de l’Université de Metz).
Outre ces coopérations, il existe de nombreuses autres formes de rapprochements ponctuels ou basés sur l’engagement de particuliers. L’extension de la coopération universitaire
dans la Grande Région est un objectif déclaré des responsables politiques de la Grande Région.207
Stage transfrontalier dans l’administration publique
La Commission régionale Sarre-Lor-Lux-Trèves/Palatinat occidental a mis en place des stages transfrontaliers dans le domaine de l’administration publique. Les stages offrent aux étu207
Cf. synthèse des contributions et de la discussion finale de la « Conférence des Présidents des Universités
de la Grande Région » à l’Ecole Supérieure Allemande des Sciences de l’Administration à Spire, 13/12/2005.
- 174 -
diants la possibilité d’acquérir des compétences professionnelles et d’avoir un aperçu du
domaine de la coopération interrégionale. Le stage dure de huit à neuf semaines et se déroule dans au moins deux centres administratifs des deux espaces linguistiques de la
Grande Région.
Défis des initiatives et projets transfrontaliers
Outre les défis généraux que sont le manque de durabilité, la dotation financière adéquate,
les objectifs communs, l’hétérogénéité des partenaires ou les différences de compétence, on
observe des problèmes spécifiques à la coopération en matière d’éducation transfrontalière.
Il faut tout d’abord pouvoir garantir la comparabilité des cursus ou professions et la reconnaissance des formations suivies et des qualifications obtenues dans l’établissement partenaire.
L’expérience acquise dans le cadre des échanges transfrontaliers en formation professionnelle montre208 que les coopérations ou échanges dans le domaine technico-industriel sont
plus faciles à organiser que dans le domaine commercial. Les jeunes en formation dans des
métiers techniques et industriels ont certes en général des connaissances plus faibles de la
langue étrangère ; la communication dans la langue étrangère joue toutefois ici un rôle secondaire, alors que les activités manuelles sont au premier plan. Les échanges dans le domaine commercial sont plus difficiles car la langue y joue un rôle plus important. Les participants aux échanges ont certes souvent de meilleures connaissances de la langue étrangère,
mais ces connaissances ne suffisent pas pour une réelle communication avec les jeunes en
formation dans le pays d’accueil.
D’autres particularités des échanges transfrontaliers en formation professionnelle ressortent
clairement du contexte franco-allemand. Les participants français, qui suivent pour l’essentiel
d’une formation scolaire à plein temps dans un lycée professionnel, semblent avoir des
connaissances plus théoriques. Les jeunes Allemands en formation ont généralement une
plus grande expérience pratique qu’ils acquièrent dans le cadre du système parallèle de formation professionnelle. D’autres différences dues aux structures éducatives se reflètent dans
l’âge des participants aux échanges (les Français sont en général plus jeunes que les Allemands) et dans les différentes cultures de l’éducation. Les institutions de formation allemandes privilégient traditionnellement l’aspect pratique, les connaissances techniques et la prise
de responsabilité, alors qu’en France les connaissances théoriques et la culture générale
sont très estimées.
Ces constats montrent que la maîtrise de la langue du pays partenaire joue un rôle très important dans le cadre des initiatives transfrontalières dans le domaine de l’éducation. Y est
étroitement liée l’approche technique similaire des partenaires, ce qui peut faciliter la compréhension et la mise au point de thèmes ou d’objectifs communs. Enfin, il convient de tenir
compte dans la coopération de facteurs structurels dus aux systèmes éducatifs respectifs.
208
Interview avec un représentant du Secrétariat Franco-Allemand pour les échanges en formation professionnelle.
- 175 -
5. Synthèse
5.
Synthèse : Effets du changement démographique sur
le marché de l’emploi de la Grande Région et exigences d’action
La Grande Région compte 11 302 464 habitants
La Grande Région comme l’ensemble des pays européens se trouve confrontée à un bouleversement structurel de la société marqué par un profond vieillissement de sa population,
que l’on peut constater en s’intéressant à divers indicateurs démographiques. Elle comptait
au 1er janvier 2005, 11 302 464 habitants, soit une progression de 1,26% depuis 1998 (+141
047 habitants). Au cours de cette période, toutes les régions, exceptée la Sarre, enregistrent
un gain de population avec cependant un jeu des facteurs migratoires et naturels différents
d’une région à l’autre.
Les générations qui arrivent sur le marché ne compensent pas le processus de vieillissement
Le vieillissement annoncé de la population s’observe déjà par une nouvelle répartition des
classes d’âge à l’intérieur de la population. Ce vieillissement résulte de l'effet d'une augmentation du nombre de personnes âgées, conséquence d'une baisse de la mortalité, mais aussi
à un déficit de jeunes, à la suite d'une baisse des naissances. Le rapport de dépendance, qui
estime un peu grossièrement le nombre d’inactifs (jeunes et vieux) pour 100 actifs théoriques
est plutôt favorable dans la Grande région : le nombre «d’inactifs» est inférieur au nombre
«d’actifs». Toutefois on observe que la contribution des jeunes «inactifs» de moins de 20 ans
tend à diminuer partout (sauf au Luxembourg) tandis que celle des personnes âgées progresse significativement depuis 1998, laissant apparaître un avenir de «moins en moins favorable» d’un point de vue économique : le nombre actuel de jeunes inactifs, futurs «actifs»
potentiels, ne permettra pas de renouveler complètement la population active vieillissante.
Le vieillissement démographique affecte également la population active.
On attend un vieillissement progressif et une réduction de la population active potentielle
Jusqu’en 2020, la part que détiennent les 20-59 ans dans la population totale de la Grande
Région passera de 54,4 à 51,6 %. Le pourcentage des moins de 20 ans qui arriveront prochainement sur le marché se réduira également, passant de 22,9 à 20,4%. Nous observerons donc dans un proche avenir une hausse de l’âge moyen de la population active potentielle qui se traduira par un vieillissement des effectifs. Cet effet sera probablement renforcé
par l’accroissement de la participation des seniors à la vie active. Parallèlement à cette évolution, le nombre de jeunes actifs disponibles sur le marché de la formation et de l’emploi
diminuera à moyen et à long terme. Conséquence : la population active potentielle va tout
d’abord vieillir puis décliner.
Les besoins de main-d’œuvre hautement qualifiée augmentent
Alors que ces tendances sont pratiquement déterminées par l’évolution démographique et le
comportement génératif de la population, les effets sur la demande sur le marché de l’emploi
- 176 -
sont beaucoup plus difficiles à prévoir. Ils dépendent pour l’essentiel de la future demande
de biens et de services de même que d’autres facteurs (progrès techniques, hausse de la
productivité, coûts des facteurs). Il est cependant possible d’esquisser quelques grandes
lignes ayant un impact sur les besoins de main-d’œuvre des entreprises : dans le contexte
du bouleversement structurel et économique persistant, les employeurs recherchent une
main-d’œuvre plus qualifiée. En regard de la pression de l’innovation et de la durée de plus
en plus courte du savoir, il est probable que les besoins de personnel qualifié continueront à
augmenter. Les actifs occupés avec leur niveau de qualification respectif n’étant pas toujours
interchangeables, il peut y avoir sur un marché spécifique une pénurie de main-d’œuvre et
un excédent sur un autre marché. Le changement démographique ne résout pas le problème
du chômage ; pour ce faire, il est indispensable de prendre des mesures durables dans le
cadre de la politique de l’emploi.
Pallier à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée par la qualification
La pénurie de personnel qualifié se manifestera en particulier dans le domaine des hautes et
moyennes qualifications. En regard de la modification de la répartition des classes d’âge à
l’intérieur de la population, on peut s’attendre notamment à ce que le nombre des principaux
détenteurs du savoir moderne, à savoir la classe d’âge des 20-35 ans, décline à l’avenir. On
ne pourra atténuer la pénurie de personnel moyennement qualifié sur le marché du travail
que si l’on endigue le départ de jeunes qualifiés observé aujourd’hui dans certaines régions
d’une part et si l’on augmente le nombre de diplômés dans les universités et les centres de
formation d’autre part. La formation et la qualification ont ainsi une place extrêmement importante dans le cadre du changement démographique. L’accent doit notamment être mis sur
les secteurs innovants sans pour autant négliger les autres qualifications. L’immigration et
les frontaliers notamment permettront également de prévenir les déséquilibres sur des marchés spécifiques de l’emploi. L’immigration, quant à elle, doit être gérée en fonction des pénuries de main-d’œuvre présentes sur les marchés de l’emploi. Par ailleurs, l’un des objectifs
doit consister à lever l’asymétrie observée dans les flux transfrontaliers dans la Grande Région en tirant profit des synergies.
Utiliser judicieusement la main-d’œuvre potentielle
Dans le cadre du changement démographique, le défi à relever consiste à mieux utiliser la
main-d’œuvre potentielle existante, tant en termes quantitatifs que qualitatifs. Il faut donc
d’un côté donner du travail et un emploi à un plus grand nombre de seniors, de femmes et
de jeunes, mais aussi de migrants et de personnes peu qualifiées. Du point de vue économique, l’impact le plus important devrait venir d’une meilleure intégration des seniors dans le
marché de l’emploi. De l’autre, il convient d’améliorer la qualification globale de la maind’œuvre potentielle existante et des générations qui arriveront prochainement sur le marché
de l’emploi. Dans cette perspective, l’Observatoire Interrégional du Marché de l’Emploi peut
montrer qu’il existe dans la Grande Région, malgré toutes les plaintes observées sur le
manque de prise en compte du changement démographique, des approches conceptuelles
démontrant de manière très pratique comment maîtriser les défis que pose le changement
démographique en faisant preuve de créativité. Ces différentes voies peuvent avoir un impact essentiel sur la qualité de l’offre future de main-d’œuvre dans la Grande Région.
- 177 -
5. Synthèse
Il est indispensable de changer d’attitude vis-à-vis des seniors
La situation des seniors sur le marché de l’emploi est tendue. Ils ne sont guère pris en
compte lors des recrutements et en Sarre et Rhénanie-Palatinat notamment ils affichent des
taux de chômage élevés. Dans les autres composantes régionales, les taux de chômage
sont légèrement inférieurs du fait d’un processus de vieillissement moins avancé et de conditions spécifiques prises dans le cadre de la politique de l’emploi. Vu les défis que pose le
changement démographique, il est indispensable de changer d’attitude vis-à-vis des travailleurs âgés. Il ne faut donc pas considérer plus longtemps les effectifs vieillissants comme un
problème, mais comme une opportunité qui s’offre à nous d’améliorer la qualité du travail.
Les conditions générales mises en place dans l’entreprise doivent être conçues, depuis
l’accès à l’emploi jusqu’au départ à la retraite, de manière à préserver l’employabilité des
salariés pendant toute leur vie professionnelle. Un premier pas dans cette direction consiste
à sensibiliser les entreprises, leurs dirigeants et salariés. Tous les acteurs réunis au sein de
l’entreprise doivent faire face sans crainte aux modifications attendues et prendre l’initiative.
Pour ce faire, il n’est pas nécessaire d’inventer de nouveaux instruments d’organisation du
travail ou de la politique du personnel. Nous disposons d’un nombre suffisant d’approches
conceptuelles pour pouvoir relever les défis du changement démographique si nous ajustons
les instruments existants et si nous les inscrivons dans un concept global ajusté. Toutes les
stratégies au niveau de l’entreprise passent par un état des lieux solide des conditions entrepreunariales et par une analyse de la répartition des classes d’âge. C’est aux acteurs extérieurs à l’entreprise qu’il revient de regrouper et de combiner les aides et de les mettre à la
disposition des entreprises pour les aider à maîtriser ces problèmes.
La hausse de l’activité des femmes passe par une amélioration des conditions générales
Malgré la montée de l’activité féminine sur le marché de l’emploi qui se traduit par des taux
de participation plus élevés, on observe dans presque toutes les composantes régionales un
chômage beaucoup plus élevé chez les femmes que chez les hommes. C’est donc sur les
femmes qu’il faut concentrer les efforts pour accroître leur participation au marché de
l’emploi eu égard aux défis que pose le changement démographique. Il est indispensable de
concilier la vie professionnelle et la vie de famille pour inciter un plus grand nombre de femmes, notamment les femmes hautement qualifiées, à participer à la vie active et encourager
un plus grand nombre d’hommes à assumer, plus que jusqu’à présent, les tâches familiales.
Dans la Grande Région, comme dans presque tous les Etats membres de l’UE, on observe
que les femmes qui ont des enfants sont moins présentes sur le marché de l’emploi que les
femmes sans enfants. Chez les hommes, la situation est inversée : les hommes qui vivent
avec des enfants dans un ménage travaillent plus souvent que les hommes qui n’ont pas
d’enfants. Parallèlement, on observe dans presque tous les pays d’Europe occidentale que
les femmes hautement qualifiées notamment renoncent plus facilement à des enfants qu’à
leur autonomie et évolution professionnelle. Ce n’est que si les hommes et les femmes peuvent concilier leur vie professionnelle et leurs obligations familiales et trouvent des structures
favorables aux familles qu’il auront plus d’enfants, garantissant ainsi l’avenir de notre société.
- 178 -
Améliorer le passage des jeunes dans le marché de l’emploi
Le taux de chômage de la Grande Région correspond certes à la moyenne des pays européens (UE des 25), mais les taux de chômage des jeunes sont nettement supérieurs. En
2004, un jeune actif sur 5 est inscrit au chômage. Les disparités varient considérablement
selon les régions. Les jeunes constituent donc une population active potentielle confrontée à
des grandes difficultés lors de son passage dans le marché de l’emploi en cas de problèmes
conjoncturels ou structurels. Leur insertion professionnelle dépend fortement des structures
des systèmes nationaux d’éducation et de leurs différences au niveau de la formation et de
l’importance des qualifications obtenues. Si l’éducation met l’accent sur une formation générale étendue pour offrir au jeune un large éventail d’options professionnelles, le processus de
transition dure plus longtemps. Ce dernier est plus court lorsque la formation professionnelle
est orientée sur les aspects pratiques et que les jeunes en formation acquièrent à ce stade
déjà des expériences pratiques au sein de l’entreprise. Les systèmes d’éducation dans la
Grande Région se situent tous entre ces deux pôles et permettent en particulier, dans une
perspective transfrontalière, de s’enrichir réciproquement par la coopération et l’échange.
Pour les jeunes défavorisés (jeunes sans qualification ou peu qualifiés), il faudra faire de
nombreux efforts pour améliorer leur intégration dans le marché de l’emploi : la France et la
Belgique tablent sur de longues phases de qualification alors que l’Allemagne et le Luxembourg privilégient des cursus plus courts. Il existe par ailleurs un grand nombre de projets et
d’initiatives en faveur des jeunes faisant ressortir, avec leurs particularités régionales et nationales, un grand éventail d’instruments de gestion. Il convient de regrouper systématiquement ces instruments et d’étendre les mesures particulièrement positives à l’ensemble de
l’espace de coopération et, par là même, à un niveau suprarégional.
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