Pharmaguide Médecine douce Médecine douce Nouveau sujet Pharmaguide ~ Médecine douce Médecine douce De plus en plus de Canadiens se tournent maintenant vers la médecine douce. En effet, d’après un sondage mené en 1997, au cours des cinq années antérieures, le recours à la médecine douce a augmenté de 81 % au Canada. Le segment de la population dans lequel cette augmentation a été la plus forte est celui des 18 - 34 ans. La raison le plus souvent invoquée pour utiliser la médecine douce c’est « que ça ne fait probablement pas de tort et ça peut peut-être aider. » Toutefois, les deux tiers des personnes interrogées sont d’avis que le gouvernement devrait réglementer davantage la médecine douce et adopter les mêmes normes de sécurité et d’efficacité que celles qui s’appliquent aux médicaments et pratiques traditionnels. Compte tenu de cette vague d’intérêt et du désir croissant de la part du public d’en savoir davantage sur ces produits et pratiques, il est du devoir du pharmacien de se renseigner sur la médecine douce, afin de pouvoir bien conseiller ses patients. Ce module traitera des trois formes les plus populaires de médecine douce : la naturopathie, l’homéopathie et la phytothérapie. Naturopathie La naturopathie est un système de traitement basé sur trois principes : ■ Vis medicatrix naturae : Le corps possède la capacité inhérente de guérir dans un milieu thérapeutique approprié. La détermination du milieu thérapeutique approprié à chaque personne est à la base de la naturopathie. Les naturopathes croient que certaines forces naturelles ont un puissant effet sur les mécanismes naturels de guérison du corps et de l’esprit, et ils soutiennent que celles-ci peuvent permettre au patient de redevenir en bonne santé naturellement et de le rester. (C’est ce qu’ils appellent le principe homéostatique de la physiologie.) Lorsque ces mécanismes sont perturbés, le naturopathe s’emploie à restaurer et à aider le système de guérison naturel du corps à agir. Pour ce faire, il utilise des remèdes qui sont en harmonie avec le processus naturel de guérison. ■ Tollum causum : Éliminer la cause. Au lieu de traiter les symptômes de la maladie, le naturopathe tente plutôt de s’attaquer à la cause sous-jacente. Les naturopathes sont d’avis que toute maladie procède d’une cause sous-jacente qui relève du mode de vie du patient, du milieu dans lequel il vit ou de son alimentation. Une fois que cette cause a été identifiée, certaines mesures peuvent être prises pour l’éliminer. ■ Primum non nocere : Ne pas nuire, par dessus tout. Les naturopathes emploient des traitements conçus pour réduire le risque de problèmes ou d’effets secondaires. Ils préfèrent employer des traitements non effractifs tels que l’utilisation de plantes, le recours à l’alimentation clinique, aux manipulations naturopathiques, à l’hydrothérapie, l’acupuncture ou la médecine orientale, à l’homéopathie, à la prévention et au counselling sur le mode de vie. Pharmaguide ~ Médecine douce Homéopathie L’homéopathie est un système de traitement fondé sur la loi des semblables. Il s’agit d’un principe qui a été érigé au rang de système de traitement par Samuel Hahnemann, le père présumé de l’homéopathie, d’après le concept selon lequel « on combat le feu par le feu ». La pratique de l’homéopathie repose sur la croyance selon laquelle les symptômes d’une maladie peuvent être éliminés par la prise de petites quantités de substances (d’origine végétale, minérale ou animale) qui, administrées à une personne en bonne santé, entraînerait les mêmes symptômes que ceux du malade. La toux, par exemple, pourrait se traiter par l’administration d’une quantité infinitésimale d’une substance qui déclencherait la toux chez une personne en bonne santé. L’homéopathie vise avant tout à restaurer l’équilibre naturel du corps. Les bienfaits des produits homéopathiques proviendraient de leur effet sur les systèmes corporels propres du patient. Le processus thérapeutique va donc au-delà du simple soulagement symptomatique et a pour objectif de stimuler les défenses naturelles du corps et sa capacité à se régénérer. Remèdes homéopathiques Le procédé utilisé pour préparer les remèdes homéopathiques s’appelle la « potentialisation » et consiste à diluer l’ingrédient actif. Les homéopathes croient que plus un agent a été dilué (c’est-à-dire « potentialisé »), plus son pouvoir curatif est important. Cela parce que plus un produit est dilué, plus il a tendance à demeurer actif longtemps, plus petites sont les doses nécessaires et mieux il guérit. Une plante, par exemple, est immergée dans de l’alcool pour en extraire une teinture. On mélange ensuite une goutte de cette teinture avec 99 gouttes d’alcool — pour obtenir une dilution de 1:100 —, après quoi la solution résultante est agitée vigoureusement. C’est ce qui s’appelle la « succussion ». Le produit final porte alors l’étiquette « 1C ». Mélangée ensuite à 100 gouttes d’alcool, 1 goutte de solution 1C donne une solution 2C. À 3C, la préparation a été diluée dans un rapport de 1:1 000 000. Le remède homéopathique final est constitué de petits granules de sucre saturés de ce liquide dilué. Les sceptiques considèrent que ces quantités infinitésimales ne sont rien de plus que des placebos, mais les homéopathes rétorquent qu’il a été prouvé que l’administration de doses infinitésimales à des personnes tombées sans connaissance ou à des nourrissons avait un effet, ce qui indique que la guérison ne peut être attribuée à l’effet placebo. Les sceptiques remettent en question la validité des études, et les bienfaits de l’homéopathie demeurent controversés. Selon les homéopathes, il est important de se rappeler qu’un agent n’a de propriétés homéopathiques que s’il est pris en fonction de la corrélation entre ledit agent et la maladie. Ainsi, un produit étiqueté comme « homéopathique » ne fonctionnera que s’il est homéopathique par rapport aux symptômes du patient. Pharmaguide ~ Médecine douce Phytothérapie L’utilisation des plantes médicinales au Canada a augmenté de manière constante au cours des dernières années, et elle continue d’augmenter. Dans une étude menée en 1996, plus de trois quarts des personnes qui prenaient des produits de phytothérapie à ce moment disaient avoir adopté ce mode de traitement au cours des cinq années antérieures. Un sondage effectué en 1999 révèle que plus de deux tiers des Canadiens croient que la prise de produits naturels à base de plantes peut être aussi efficace que la prise de produits d’ordonnance ou de médicaments en vente libre, tant pour prévenir les problèmes de santé que pour les traiter. Pour plusieurs personnes, « naturel » est synonyme de « sûr ». C’est pourquoi le pharmacien doit être prêt à conseiller ses patients sur tous les aspects touchant aux produits de phytothérapie — ce qui signifie mises en garde comme avantages. Augmentation du risque d’effets secondaires Certains problèmes médicaux augmentent le risque d’effets secondaires dus aux produits de phytothérapie. Il est certes toujours sage de conseiller aux patients de voir leur médecin avant d’utiliser un produit de phytothérapie, mais cela est encore plus important dans le cas des femmes enceintes, des femmes qui allaitent et des personnes qui souffrent de l’une ou l’autre des affections suivantes : ■ troubles de la coagulation ■ dépression ou autres troubles psychiques ■ diabète ■ hypertrophie (grossissement) de la prostate ■ épilepsie ■ glaucome ■ antécédents d’AVC ou de transplantation d’organe ■ hypertension ou autres troubles cardiovasculaires ■ maladie de Parkinson ■ trouble de la thyroïde Plantes médicinales et chirurgie Toute personne qui doit subir une opération chirurgicale prochaine doit consulter un médecin avant de prendre des produits de phytothérapie, et toute personne qui en prend doit cesser d’en prendre au moins deux à trois semaines avant, afin que le produit soit éliminé du corps au moment de la chirurgie. Sans être exhaustif, le tableau ci-après indique les effets secondaires potentiels de certaines plantes médicinales. Plante médicinale Effet Ail Augmentation possible du risque hémorragique Danshen Augmentation possible du risque hémorragique Dong quai Augmentation possible du risque hémorragique Éphédra Augmentation possible de la fréquence cardiaque et de la pression sanguine Gingembre Augmentation possible du risque hémorragique Ginkgo Augmentation possible du risque hémorragique Ginseng Augmentation possible de la fréquence cardiaque et de la pression sanguine Grande camomille Augmentation possible du risque hémorragique Hydraste du Canada Possibilité d’hypertension ou d’aggravation de l’hypertension Réglisse Augmentation possible de la pression sanguine *Liste non exhaustive Pharmaguide ~ Médecine douce Interactions entre plantes médicinales et médicaments Certaines plantes médicinales peuvent interagir avec des médicaments de prescription ou en vente libre. Le tableau suivant dresse une liste partielle de médicaments à éviter lors de la prise de certaines plantes médicinales courantes. Plante médicinale Médicament à éviter Plante médicinale Médicament à éviter Capsicum Antidépresseurs Inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA) Sédatifs Théophylline Chimiothérapie Warfarine Antibiotiques (sulfamides, quinolones) Millepertuis Warfarine Amiodarone Benzodiazépines Bloqueurs des canaux calciques Cyclosporine Inhibiteurs de la protéase du VIH Kétoconazole Méthotrexate Stéroïdes anabolisants Agonistes bêtaadrénergiques Antidépresseurs Caféine Décongestionnants Médicaments cardiaques Stimulants Théophylline Fluvoxamine Nifédipine Grande camomille ASA Clopidogrel Dipyridamole Ticlopidine Warfarine ASA Clopidogrel Cyclosporine Dipyridamole Saquinavir Ticlopidine Warfarine ASA Bloqueurs H2 Clopidogrel Dipyridamole Inhibiteurs de la pompe à protons Ticlopidine Warfarine Antidépresseurs Antipsychotiques ASA Clopidogrel Dipyridamole Insuline Ticlopidine Warfarine Digoxine Insuline & antidiabétiques oraux Phénelzine Warfarine Alcool Antidépresseurs Chimiothérapie Contraceptifs oraux Cyclosporine Digoxine Inhibiteurs de la protéase du VIH INNTR Nifédipine Tamoxifen Théophylline Warfarine Coenzyme Q-10 Dong quai Échinacée Éphédra Mélatonine Ail Gingembre Ginkgo Ginseng Millepertuis *Liste non exhaustive Références • American Association of Naturopathic Physicians: http://www.naturopathic.org • BC Naturopathic Association: http://bcna.bc.ca • Hahnemann Medical Clinic: http://www.hahnemannclinic.com • Santé Canada: http://www.hc-sc.gc.ca • Mayo Clinic: http://www.mayoclinic.com • National Center for Homeopathy: http://www.homeopathic.org • Nonprescription Drug Manufacturers Association of Canada: http://www.ndmac.ca • Saskatchewan Nutraceutical Network: http://www.nutranet.org