
4140 UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’AVENIR LES TÉMOINS
Norman Foster 
est le fondateur 
et le président de 
Foster + Partners, 
groupe 
international 
d’architecture, 
de design et 
d’ingénierie, qui 
depuis quatre 
décennies mène 
une action 
pionnière pour une 
approche durable 
de l’architecture 
et de l’écologie, 
à travers un 
large éventail 
de réalisations 
allant des plans 
d’urbanisme à 
la conception 
de bureaux, 
d’infrastructures 
et de complexes 
industriels. En 
1999, 21e lauréat 
du Pritzker 
Architecture Prize, 
Norman Foster a 
été honoré de la 
pairie à vie, avec 
le titre de « Lord 
Foster of Thames 
Bank ».
Dans Une brève histoire de l’avenir, Jacques Attali 
envisage une forme d’hypercapitalisme qui ne fera 
qu’élargir la fracture entre une riche élite et des pauvres 
marginalisés. On rencontre dans peu de villes au 
monde une différence de niveaux de vie plus extrême 
qu’à Mumbai, où, d’un quartier à l’autre, les salaires 
peuvent varier du simple au centuple. Il y a sept ans, 
nous avons mis en place un projet visant à améliorer 
la qualité de vie des habitants de Dharavi, l’une des 
plus grandes zones de logements précaires de la ville. 
Avec un million de personnes entassées dans moins de 
deux kilomètres carrés, Dharavi est dix fois plus den-
sément peuplé que les quartiers les plus populaires 
de Londres, la majorité des résidants étant logés dans 
des habitations à un seul étage. Les commodités sani-
taires de base sont réduites, avec une seule installation 
de toilettes pour 1 400 personnes ; et le manque d’es-
pace est tel que les enfants font leurs terrains de jeu 
au milieu des cimetières et des rails de chemin de fer. 
Bien que Dharavi soit souvent étiqueté comme 
« bidonville », nous nous sommes aperçus que ceux 
qui y vivent utilisent rarement ce terme – la réalité est 
bien plus complexe. C’est une zone industrielle, où ont 
recyclés 80 % des déchets de Mumbai, et où les petites 
entreprises de produits manufacturés sont florissantes. 
Quand nous configurons à travers le monde, en tant 
qu’architectes, des rues et des espaces publics, notre 
but est toujours d’encourager la vie et l’activité. Or à 
Dharavi, les rues sont utilisées de façon naturelle par 
la communauté comme des lieux de socialisation et de 
travail. Nous avons trouvé là une société d’une bonne 
cohésion, très soucieuse d’une éducation qui fait sa fier-
té. Elle avait certes un besoin urgent d’infrastructures 
de base, d’une amélioration de l’habitat et des condi-
tions sanitaires ; mais elle possédait aussi de nombreux 
aspects positifs, que l’on ne veut pas toujours voir. 
Notre projet fournit un cadre pour un processus 
de régénération enrichissante, durable et humaine, 
qui fasse de Dharavi une partie intégrante de la pros-
périté croissante de Mumbai, au lieu de considérer 
ce quartier comme un barrage au progrès de la ville. 
Cette approche, fondée sur le respect de la commu-
nauté existante, constitue une alternative radicale à 
la méthode traditionnelle de tout raser au bulldozer, 
de déraciner la structure sociale et de repartir à zéro – 
protocole qui a toujours échoué jusqu’ici. Témoins de 
ces échecs, les immeubles d’habitation de quatorze 
étages, aujourd’hui vides et abritant les uniques toi-
lettes… Ils ont été construits par le gouvernement local 
afin d’améliorer les conditions de vie, mais leur haute 
verticalité n’a pas tenu compte de l’étalement horizon-
tal de la société, et ne correspond pas à sa structure 
particulière : intrication des lieux de vie et de travail, 
importance de la rue et liens communautaires étroits 
développés à la faveur des lieux de rencontre publics. 
commence. Un torse, une narine, du liquide dans un 
œil, un ongle incarné au bout d’un doigt. Clic. Griffes, 
coagulation, grincements, tintements, la stimulation 
de l’eau qui coule, de la vaisselle entrechoquée. Clic, 
clac. Rouge, noir, blanc, noir, pourpre, noir, noir, noir. 
Disant au revoir de la main, créant des constellations 
de lieux où nous demeurons en orbite, puis disparais-
sant un bref instant pour revenir et y rester. Puis res-
tant là tout en nous déplaçant. Sans oublier les lourds 
présents des lieux où il est impossible de ne pas rester. 
Et puis, finalement, les lieux que nous pouvons seu-
lement aller chercher à de grandes distances. Nous 
projetant nous-mêmes au télescope loin de notre tête 
prise de tournis. Notre tête ! Elle s’est retrouvée en haut 
d’un escalier, a obliqué pour prendre un taxi. Nous a 
ordonné de nous arrêter. Nous sommes les passagers. 
Nous frissonnons en traversant la psychologie du vide, 
la noirceur caustique, désespérée, de la douleur para-
lysante, écrasante. Nous supportons les intempéries, 
les nuées et les échauffourées, les feux inconscients… 
tels qu’ils sont définis par… les calculs servant à com-
bler l’espace entre le proche et le lointain. Donc, nous 
voudrions voler, mais ne savons pas voler. Et pourtant, 
nous volons. Oui, nous les passagers. Nous y allons 
en traînant les pieds, mais nous y allons, poussant nos 
charrettes, nos camions, nos liquides, nos chaussures, 
nos boîtes, nos papiers. Nous sommes intenables. 
Nous explosons, nous menaçons. Nous ouvrons des 
portes, appuyons sur des leviers, nous nous sommes 
réduits à rien et faisons sortir de nous des avions 
énormes… nous détruisons des villages. La tête ! Le 
bras, les jambes de l’avion. Et puis, quelque part, on 
soulève quelqu’un de son lit, il se défait lentement, se 
dessèche, se réduit en fumée, en puanteur, en mots 
dégoulinants sur les lèvres des autres. Dernier soupir. 
Bouche ouverte. Gasp !
Extraits du guide numéroté accompagnant l’installation Boneyard 
(Ossuaire), qui rassemble 813 formes découpées dans du papier : 
images de sculptures allant de 1100 avant J.-C. aux années 1970. Ces 
images proviennent d’une collection de cartons à dessins d’acadé-
mies d’art, intitulés Capolavori della scultura (Chefs-d’œuvre de la 
sculpture), qui servaient jadis à étudier la sculpture.
Lord FOSTER
À aucun autre moment de l’Histoire, les gens n’ont été 
plus nombreux à vivre dans les villes qu’aujourd’hui ; 
on estime que, en 2050, 70 % de la population mon-
diale sera urbaine. Si nous voulons prévoir le futur de 
la société humaine, nous devons nous pencher sur la 
nature de ces villes, pour la simple raison que l’espé-
rance de vie, la mortalité infantile, l’éducation, l’éman-
cipation sexuelle et politique dépendent des services 
vitaux que représentent l’électricité, les égouts, l’ad-
duction d’eau potable. 
d’ombre se déplace imperceptiblement au cours de 
son trajet quotidien. Mais, si le son a pour nature d’être 
presque la nature, observons notre cadran solaire au 
moment où il n’y a plus de soleil, et où il y a cepen-
dant beaucoup de lumière. Paradoxalement, c’est à 
ce moment-là que le temps nous échappe le moins. 
Toutes les ombres ont disparu, nous laissant un objet 
fané. En ces instants-là, le temps lui-même est moins 
perçu comme un mouvement que comme une image. 
Dans le premier cas (en plein soleil), notre temps-son, 
scruté par une lumière mesurable, est voué à prendre 
la forme fixe d’une mélodie. Dans le second cas (en 
l’absence de soleil), le temps s’est transformé en son 
pur. Il y a encore du mouvement, mais il est désormais 
réduit à la respiration du son lui-même. 
12.  La Lecture de la tête de pierre, dite aussi 
L’Explication de la tête de pierre. L’expert : « Cette tête, 
cette tête de pierre… Cette tête, cette tête de pierre…, 
etc. » Derrière, vous pouvez aussi voir les deux têtes de 
métal. Cette sculpture bipartite pose un autre type de 
problème. Un problème de relation, comme on parle 
de relation entre deux personnes. Cela change complè-
tement une fois que vous l’avez divisée en trois. 
13. Le sentiment subjectif que votre partenaire a violé 
les règles ou les normes qui régissent une relation. 
14. L’expression qui fait comme si : aujourd’hui.
15. Le livre dont émergent toutes les figures.
16. Petite Maternité debout, 1910-1914. Nous devons 
entrer dans l’esprit du personnage : ici le défi est de 
situer cette figure dans l’espace humain, de trouver ce 
qu’il/elle représente par rapport à d’autres personnes, 
d’autres personnalités humaines ; si vous y arrivez, 
vous avez gagné. Le sujet est situé dans le royaume 
des morts qui continuent à vivre.
17. Où, dans ce vaste monde, l’homme peut-il trouver 
noblesse sans orgueil, amitié sans envie, ou beauté 
sans vanité ? Ici. Là où la grâce est cousue de muscles 
et la puissance tempérée par la gentillesse. Il sert sans 
servilité ; il a combattu sans haine. Il n’existe rien d’aus-
si puissant, rien de moins violent, rien d’aussi rapide, 
rien de plus patient. Il porte sur son dos tout le pas-
sé de l’Angleterre. Notre histoire est son œuvre ; nous 
sommes ses héritiers, il est notre héritage. Le Cheval !
18. Le mémorial ne fera pas seulement mémoire des 
victimes, il célébrera l’héroïsme qui a succédé aux 
attaques, et la détermination de notre nation à vaincre.
19. Ces sculptures font entendre des craquements, qui 
se poursuivent pendant toute la durée de l’exposition. 
Un bon nombre de ses sculptures sont perdues ou 
détruites.
20. Nous commençons notre journée en nous dépla-
çant de par notre propre volonté. Certains dans des 
fauteuils roulants, d’autres à pas lents vers la cuisine, 
traînant des vêtements un peu partout. Traînant des 
vêtements, les agrippant, les tirant et les étirant. Ça 
couleurs d’un baiser : Giotto. Un baiser dans la chapelle 
des Scrovegni. Kataphilein  (embrasser). Tendrement, 
chaudement. 
7. La Bureaucratie de l’inconscient (le début du surréa-
lisme).
8. Sans les rêves, les humains n’auraient pas eu l’oc-
casion de diviser le monde. L’extrême clarté de toutes 
les idées-rêves, qui présuppose une foi incondition-
nelle en leur réalité, nous rappelle l’état antérieur de 
l’humanité, dans lequel les hallucinations étaient très 
fréquentes, et tenaient parfois sous leur emprise des 
communautés, des nations entières en même temps. 
Cette clarté peut illuminer, progressivement, pas à pas, 
l’histoire de l’origine de ce monde en tant qu’idée – et 
nous élever, du moins par moments, au-dessus de l’en-
semble du processus (Friedrich Nietzsche).
9. Il crée un récit combinant faits personnels et faits 
historiques d’échelles et de contenus très différents, 
présentant une histoire culturelle libre, c’est-à-dire 
qui rassemble des objets sans les chapeauter par une 
structure linguistique, par une « lecture ».
10.  Quarante jours et quarante rêves
  Sombres visions troublant la raison
  La philosophie ne peut apaiser l’âme
  Mais on saura la vérité dans le miroir
  Je te montrerai tes terreurs
  Regarde juste le miroir
11. Et, comme on dit, le temps passe et le jour suit son 
cours. Et, comme on dit aussi, le temps dénoue les 
situations complexes. Et, comme on dit encore, ce qui 
nous reste est le visage de la pendule, et pas son méca-
nisme intime. Le temps, dans sa relation au son, n’est 
pas sans rapport avec un cadran solaire dont l’aiguille 
Geoffrey Farmer, 
Boneyard 
(détail : Germaine 
Richier, Il Menhir, 
1956-1959, bronze 
polychrome), 
2014.