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engagé de telles démarches peuvent constituer de bons supports pour étendre le domaine de validité des
modèles à ces adaptations. Ces modèles présentent aussi des lacunes quant à la représentation des décisions
des agriculteurs. En effet, l’accroissement de la variabilité climatique va rendre nécessaire la mobilisation
d’adaptations aux plannings culturaux prévus par les agriculteurs plus fréquente, impliquant possiblement
des refontes régulières et importantes de ces plannings. Des progrès sont donc nécessaires dans la
modélisation de la décision en agriculture pour pouvoir simuler de telles refontes de plannings. Ces progrès
nécessitent des collaborations avec des chercheurs en intelligence artificielle. Enfin, il y a des progrès
envisageables sur le développement de plans d’expérience permettant de caractériser l’impact d’adaptations
au changement climatique sur différents types de systèmes de culture. Le développement de tels plans
d’expérience requiert des méthodes de stratification des différents facteurs de production (sol, climat, etc.) et
la construction d’indicateurs d’évaluation de ces adaptations, notamment de la résilience des systèmes de
culture à des successions de stress liés au changement climatique. L’identification d’adaptations (au
changement climatique et vis-à-vis de différents types d’aléas) à simuler pourrait s’appuyer sur l’analyse de
suivis de systèmes de culture et l’identification de ceux présentant les meilleures performances en année
climatique particulièrement défavorable et la meilleure résilience à des successions de stress.
Quand s’adapter ?
Une des difficultés pour développer des stratégies d’adaptation au changement climatique vient d’un signal
climatique (tendance, évolution de la variabilité) faible au regard des incertitudes sur les projections
climatiques et l’évolution du contexte socio-économique. Par ailleurs, ces incertitudes conjuguées à la
variabilité climatique, ne constituent pas un contexte favorable pour sensibiliser les acteurs de la filière
agricole au besoin de s’adapter. Le timing de l’adaptation est donc une question importante. Ce timing
conduit à considérer plusieurs périodes de temps qui se conjuguent pour déterminer l’échéance à laquelle il
faudra amorcer les transformations nécessaires pour s’adapter :
La capacité d’adaptation des plantes qui va déterminer l’échéance à laquelle le système de culture
reste satisfaisant.
Le temps de mise en œuvre du système de culture qui inclut le temps de réaction des acteurs
(agriculteurs, filières) rendant possible la mise en œuvre d’un système de culture et le temps de
construction incluant l’obtention d’un matériel végétal productif ou la réalisation d’installation.
Le temps de la « rentabilisation » de l’adaptation. Celle-ci peut représenter un coût humain et
financier (acquisition de compétence, investissement financier, perte de rentabilité sur la phase
transitoire) nécessitant un certain temps pour être amorti et ainsi engendrer une situation
avantageuse par rapport à celle résultant de la non-action. Ce temps sera court pour des stratégies
d’adaptation incrémentales alors qu’une évolution profonde du système de culture peut conduire à
des temps beaucoup plus longs.
Pour appréhender ce timing il est nécessaire de s’appuyer sur des critères d’évaluation des systèmes de
culture. Ces critères doivent prendre en compte à la fois les incertitudes sur les projections climatiques et la
variabilité climatique. Pour des stratégies incrémentales on peut imaginer que les critères classiques
d’évaluation des systèmes de cultures pourraient être utilisés, la période de mise en œuvre et de
rentabilisation pouvant être courte. Par contre, pour une adaptation engendrant une remise en cause plus
profonde du système de culture, une évaluation à une échéance plus lointaine de ces systèmes de cultures est
nécessaire. Au-delà des critères d’évaluation habituels, celle-ci devra s’appuyer sur une scénarisation des
contextes socio-économiques futurs pour identifier des mesures sans regret et tenir compte de l’évolution
possible des risques biotiques. D’une manière générale, la question de timing fait ressortir la nécessité