Le cinématographe français en 1914 – 1918 Bogdan DOLGIKH, Université pédagogique d’Etat d’Ekaterinbourg A vant la première guerre mondiale, il y avait des studios nationaux dans chaque Etat européen. Dans les petits pays il y en avait deux ou trois, et dans les plus grands pays, tels que la France et l'Allemagne, des dizaines. Certes, la guerre a entraîné une chute considérable dans la production de films, mais quand même plusieurs studios ont survécu et même ont élevé le niveau artistique du film européen jusqu'à un niveau extraordinaire. Jusqu'à la Première guerre mondiale, le cinéma français produisait près de 90% de la production cinématographique mondiale (pour l'essentiel par les efforts des compagnies Pathé et Gaumont). Dans les années de la guerre, l'industrie cinématographique française a perdu les marchés de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Angleterre et de la Russie. Si l’on considère le fait que Pathé et Gaumont, avant l'entrée en campagne, recevaient à l'étranger 90% des revenus, on perçoit clairement le rôle décisif qu’avaient les marchés extérieurs pour le développement de l'industrie cinématographique française. De plus, en 1913 les revenus de l'exportation des films français ont commencé à chuter, il y avait de nombreux concurrents, mais ces signes n’inquiétaient pas trop les directeurs des plus grands studios. En 1914 l'armée a confisqué les studios pour les besoins militaires. Seulement quelques mois après, les entreprises ont réussi à recommencer la production dans un volume très limité. Charles Pathé a compris qu’il était difficile de faire les films dans les conditions de la guerre, et qu’il était considérablement plus facile de les créer dans les conditions idéales de l'Amérique, à quelques milliers de kilomètres de la ligne de front. L'empire créé par lui dans la période de la prospérité chancelait, et, pour le sauver, il a décidé de transférer le centre de la production en Amérique. Et voici que déjà en 1915 Pathé a commencé la liquidation planifiée de la cinématographie française. A la fin de la guerre, il a vendu le studio et aussitôt après la signature du traité de paix a cédé pour 200 millions de francs la fabrique de la pellicule à Vincennes à l'adversaire, le propriétaire de la société américaine Kodak George Eastman. Ainsi la France a perdu la propriété personnelle des matières premières. Ces actions de Pathé ont conduit à ce que la quantité de films français présentés à Paris a baissé jusqu'à 30% en 1917 et jusqu'à 10% en 1918 (tandis qu'il y en avait 80% 1914). La compagnie Pathé a engorgé le marché de la production américaine. Le 30 novembre 1918, trois semaines après la fin de la guerre, Charles Pathé annonce la cessation de l'activité industrielle par la société, quelques jours avant, une demande semblable a été faite par le directeur du studio Gaumont. Les actions de Pathé, d'une manière ou d'une autre, 1914-1918 loin du front se sont reflétées sur les travailleurs du cinéma, qui a conduit au départ massif des effectifs des créateurs vers Hollywood. Dans les années de la guerre, s’y sont déplacés de grands metteurs en scène français – A.Kopellani, L.Perret, E.Chautard, M.Tourneur, ainsi qu'une série d'acteurs, parmi qui il y avait Max Linder. Après la guerre, en France est apparu un mouvement contre l'utilisation du cinéma dans des buts commerciaux. Le mouvement était présidé par les représentants de l’avant-garde du cinéma de ce temps. En s'occupant des expériences formelles, les avant-gardistes ont élargi considérablement les possibilités expressives du cinéma. Par l’action de ceux-ci ont été créés des clubs de cinéma. Probablement, c'est la raison pour laquelle dans les années 30 le cinématographe français a connu un Âge d'or. L'autorité du cinéma a augmenté incroyablement. Jamais, ni jusqu'à, ni après cette période, dans un autre pays du monde, le cinéma n'a eu une telle grande influence sur le destin de la nation entière. Pour la première fois, les cinéastes français réussissent un peu à presser la production de Hollywood sur le marché cinématographique européen. Ils font un apport inestimable dans le développement de toute l'industrie du cinéma, ayant laissé aux descendants un très riche héritage, qui attire jusqu'à présent les spectateurs par le charme de ses plus grands chefs d’œuvre. Bibliographie : KRAVTSOV Yu. A., Les bases de l’esthétique du cinéma. Théorie et histoire du cinéma, SaintPétersbourg, 2006. TENEYCHVILI O., Les mythes et la réalité : Le cinéma étranger d’aujourd’hui, Moscou, 1972. 1914-1918 loin du front