Le 17 mai 2010 à Entre-Deux ; PROPOSITION : Lors d’une réunion dans les locaux du Parc National de La Réunion où je présentais mon ouvrage à paraître sur les orchidées de l’île, Mme Marie-George Fabien (Resp. Communication & Education au sein du Parc National) m’informe que le Parc doit publier prochainement un document présentant un Disperis nouveau pour notre île. Au regard des photographies de la plante qu’elle me présente, je constate qu’il ne s’agit pas du Disperis similis malgache, mais du Disperis oppositifolia. Malgré ses doutes sur cette nouvelle information, elle me propose de m’envoyer le futur document à paraître en pdf. S’en suit l’échange de mails reproduits ci-dessous. Naturae Amici (M P. Bernet) - Parc de la Réunion (Mme M.J. Fabien) : Mails du 15 juin 2009 : Bonjour, Mme Fabien ; Le disperis (une espèce nouvelle pour l'île) n'est pas nouveau, il est bien le D. oppositifolia comme je vous l'avait dit vendredi, je vous communique des documents concernant les 2 plantes dans les plus brefs délais, amicalement Patrice Bernet. Pour plus d’informations, vous pouvez me joindre sur le : 0262 33 77 15 ou 0692 71 03 78 Réponse : Monsieur, je vous remercie pour votre message et vos précisions que je transmets à mes collègues du service Etudes et Patrimoine, concernés par la question. Vous aurez ainsi leurs Emails directs pour de futurs échanges. Dans l'attente de vos éléments, Meilleures salutations Marie-Jorge Fabien Envoie du pdf le 19 juin 2006 : Bonjour, Madame Fabien Je vous envoie en pièce jointe un document pdf détaillant les critères permettant d'affirmer que la plante trouvée n'est pas le Disperis similis mais bien le Disperis oppositifolia. Cordialement, P. Bernet & C. Bodin pour Naturae Amici Aucune réponse du Parc jusqu’à ce jour. P. Bernet Nota : il faudrait lire en fin de paragraphe de mes observations : Il s’ensuit que la date de floraison n’est pas un indice déterminant d’identification pour cette espèce en particulier. Une nouvelle espèce d’orchidée pour l’île de la Réunion ? Disperis similis - R. Schlechter 1925. Classification d’après Dressler R. L. 1927: Famille: Orchidaceae ; Sous-Famille: Orchidoideae ; Tribu: Diseae ; Sous-Tribu: Coryciinae ; Genre: Disperis O. Swartz 1800, présent dans les îles de l’Océan Indien, l’Afrique Tropicale et Subtropicale et une espèce existe en Asie. (74 espèces, Kurzweil H. & Manning J.C. 2005) Une orchidée trouvée dans l’Est de l’île a été décrite par MM. J.M. Pausé (Conseiller écologie Secteur Est, Parc national de La Réunion), M. Szelengowicz (représentant local de la SFO) & J.M. Tamon (Conseiller écologie Secteur Est, Parc national de La Réunion) comme étant le Disperis similis. Au vu des photographies fournies, du descriptif établi, il ne semble pas que cette plante soit le Disperis similis, mais qu'il s'agisse là du Disperis oppositifolia var. oppositifolia - J. E. Smith 1808. En se référant à un herbier (Holotype, P.) et des dessins explicites de ce dernier, on peut établir une description de D. Similis ; l'appendice du labelle est trilobé et pubescent ; les 2 lobes latéraux sont divariqués et récurvés ; le lobe médian est linéaire, obtus à l’apex et entièrement glabre ; les sépales latéraux sont libres mais parfois légèrement soudés au départ de la colonne ; les fleurs sont de couleur rose ; les feuilles sont plus ou moins arrondies, cordées ou subcordées à la base. Sur les photos de la plante décrite comme étant le D. similis, on constate que les fleurs correspondent au D. oppositifolia ; l’appendice du labelle est trilobé et légèrement pubescent ou cotonneux ; les 2 lobes latéraux sont divergents, toujours visibles, courbés, parfois plus longs et pendants, teintés de jaune aux extrémités ; le lobe médian est deltoïde, court, glabre et plus foncé que les autres pièces ; les sépales latéraux, souvent différents d'une fleur à l'autre (plus longs, plus larges ou plus courts), sont adnés en grande partie (ne formant qu’un avec deux lobes divergents). Les divergences entres les caractères indiquent que nous sommes bien en présence du D. oppositifolia. Il faut de plus noter que l’intérieur des pétales du D. oppositifolia possède des stries ou des petits points de couleur violette à pourpre alors que l’ensemble des descriptions faites du D. similis indiquent que les pétales sont entièrement roses. La description succincte de ce Disperis oppositifolia comporte des inexactitudes. Ainsi sont mentionnées des feuilles subopposées, alors qu'elles sont opposées ; arrondies à la base, elles sont en réalité cordées à la base ; que l’épi porte 1-4 fleurs, cependant que tous les épis montrent 5 fleurs ; que l’ovaire n’est pas torsadé (la torsion est plus ou moins marquée dans cette espèce), les sépales latéraux non fortement soudés alors qu'ils sont tous adnés. La période de floraison du D. similis indiqué par les botanistes va de décembre à février. La plante décrite a été trouvée au mois de février (floraison apparemment observée jusqu’en avril), il n’est pas à exclure que cela ait pu induire en erreur. En effet, si la période de floraison principale du D. oppositifolia est bien le mois de septembre, cette plante fleurit, en fonction des microclimats, tout au long de l’année. Si l’on se réfère uniquement à la bibliographie mentionnée (Bosser J. & all en 2002), la floraison peut intervenir en Janvier, Février, Juillet, Aout, Septembre, Octobre, Décembre. Il s’ensuit que la date de floraison n’est pas un indice déterminant d’identification. Il y a à la Réunion 4 espèces reconnaissables très facilement et 1 qui n’est connue que d’un herbier et de dessins: D. Cordata - O. P. Swartz 1800 D. oppositifolia - J. E. Smith 1808 D. oppositifolia var. mascanenensis - (J. E. Smith) J. Bosser 2002 D. tripetaloïdes - (Thouars) J. Lindley 1839 D. discifera var. borbonica - (H. Perrier) J. Bosser 2002, (espèce jamais retrouvée à ce jour, dessinée par Judi Stone en 2002) Pour ma part, en qualité d'orchidophile, je n'ai jamais rencontré D. similis dans l'île. Il reste cependant possible que cette plante de la Grande Ile existe à la Réunion. P. Bernet & C. Bodin pour NATURAE AMICI - [email protected] - Matériel étudié : Diperis similis - Holotype, P. ; n° 14345 H. Perrier de la Bathie Janvier 1923 : Massif D’Andringitra (Madagascar) vers 1800 mètres d’altitude (fleurs roses). Détection Schlechter. Références bibliographiques: Aubert Aubert Du Petit-Thouars L.M., 1822 : « Histoire Particulière des plantes Orchidées recueillies sur les trois Iles australes d’Afrique de France, de Bourbon et de Madagascar » - A Faithful reproduction of the 1822 classic with an appreciative foreword by Peter Goldblatt. Earl M. Coleman, Publisher, P.O. Box 143, Pine Plains, New York 12567. Printed in U.S.A. Réédition 1979. Bosser J., la Croix I., Cribb P. J., 2002 : Révision du genre Disperis « The genus Disperis (Orchidaceae) in Madagascar, the Comores, the Mascarenes and the Seychelles » Adansonia, ser.3-2002-(1) : 55-87. Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, 16 rue Buffon, 75005 Paris, France. Perrier de la Bathie H., 1939 – 1941 : « Flore de Madagascar », Plantes Vasculaires. Publiée sous les Auspices du Gouvernement Général de Madagascar et sous la Direction de H. Humbert Professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle. 49e Famille. Orchidées (Orchidaceae) par H. Perrier de la Bathie correspondant de l’institut, Tome-1 & 2, Tananarive Imprimerie Officielle Aout 1939. Second Reprint by Margaret M. Ilgenfritz 1980 Monroe, Michigan 48161. Hermans J. & Du Puy D., Cribb P. J., and Bosser J., 2007 : new edition « Orchids of Madagascar », Royal Botanic Gardens, Kew Publishing 398 pages, 2007. ISBN-13: 9781842461334. Kuezweil H. & Manning J. C. 2005 : « Synopsis du genre Disperis, O. P. Swartz 1800. (Orchidaceae) » Mots clés, Orchidaceae, Disperis, classification infragénérique. Adansonia, sér. 3 • 2005 • 27 (2) : 155-207 © Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. Bosser J., Cadet T., Guého J., Marais W., : « Flore des Mascareignes La Réunion, Maurice, Rodrigues » Glossaire préparé sous la direction de R. Antoine, Jean Bosser, I.K. Ferguson, publiée par The Sugar Industry Research Institute, Mauritius. L’Institut Français de Recherche Scientifique pour le développement en Coopération (ORSTOM) Paris, The Royal Botanique Garden, Kew.