Faculté de théologie catholique Strasbourg mémoire de Licence canonique 15 août 2016
P. Sébastien-Marie (Reto) Schmid
p. 4
Introduction : la sponsalité du monde nouveau, une projection
psychologique ou une réalité divine ?
« C'est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de la
vierge mère qu'est l'Église, s'applique en particulier à la vierge Marie ; et ce qui est dit de la vierge
mère qu'est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu'est l'Église. Et
lorsqu'un texte parle de l'une ou de l'autre, il peut s'appliquer presque sans distinction et
indifféremment à l'une et à l'autre. »
Voilà ce que nous lisons chez Isaac de l’Étoile, ce moine cistercien et théologien du 12ème
siècle.
Ce qui vaut pour l’Église vaudrait d’une manière ou d’une autre pour la Vierge Marie
et réciproquement. Que l’Écriture attribue à l’Église le titre d’épouse du Christ (Ep 5,24-29 ;
Ap 19, 7 ; 21, 2.9 ; 22, 17) est un acquis théologique que nous n’avons pas besoin de démontrer
ici.
Si l’Église est épouse du Christ, de quelle manière cette nuptialité peut-elle être appliquée
Isaac de l'Étoile (Isaac de l'Étoile (vers 1105/1120 - vers 1178), Homélie pour l'Assomption, PL 194, 1862-1865 :
« Et ce Christ unique est le Fils d'un seul Dieu dans le ciel et d'une seule mère sur la terre. Il y a beaucoup de fils,
et il n'y a qu'un seul fils. Et de même que la tête et le corps sont un seul fils et plusieurs fils, de même Marie et
l'Église sont une seule mère et plusieurs mères, une seule vierge et plusieurs vierges. L'une et l'autre sont mères ;
l'une et l'autre, vierges. L'une et l'autre ont conçu du Saint-Esprit, sans attrait charnel. L'une et l'autre ont donné
une progéniture à Dieu le Père, sans péché. L'une a engendré, sans aucun péché, une tête pour le corps ; l'autre a
fait naître, dans la rémission des péchés, un corps pour la tête. L'une et l'autre sont mères du Christ, mais aucune
des deux ne l'enfante tout entier sans l'autre. Aussi c'est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées,
ce qui est dit en général de la vierge mère qu'est l'Église, s'applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est
dit de la vierge mère qu'est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu'est l'Église. Et
lorsqu'un texte parle de l'une ou de l'autre, il peut s'appliquer presque sans distinction et indifféremment à l'une et
à l'autre. De plus, chaque âme croyante est également, à sa manière propre, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille
et sœur du Christ, vierge et féconde. Ainsi donc c'est la Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, qui désigne à la
fois l'Église au sens universel, Marie dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier. C'est pourquoi
l'Écriture dit : Je demeurerai dans l'héritage du Seigneur. L'héritage du Seigneur, dans sa totalité, c'est l'Église,
c'est tout spécialement Marie, et c'est l'âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le
Christ est resté neuf mois ; en la demeure de la foi de l'Église, il restera jusqu'à la fin de ce monde ; et dans la
connaissance et l'amour du croyant, pour les siècles des siècles ».
Lumen Gentium 6 : « L’Église s’appelle encore « la Jérusalem d’en haut » et « notre mère » (Ga 4, 26 ; cf. Ap
12, 17) ; elle est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immaculé (Ap 19, 7 ; 21, 2.9 ; 22, 17) que le
Christ « a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la sanctifier » (Ep 5, 26), qu’il s’est associée par un pacte
indissoluble, qu’il ne cesse de « nourrir et d’entourer de soins » (Ep 5, 29) ; l’ayant purifiée, il a voulu se l’unir et