l'intensité du courant qui la parcourt. Des essais effectués en 1953 sur ce générateur MK-2 ont
permis de produire des courants allant jusqu'à cent millions d'ampères avec une masse d'explosif de
quinze kilos représentant dix millions de joules.
Ce système, extrêmement simple, permettant de créer des intensités de cent millions d'ampères (en
1953 !), était totalement inconnu en 1977 non seulement des Français, mais des militaires
américains, qui envisagèrent ultérieurement d'alimenter leurs stations de tir à l'aide de générateurs
homopolaires, semblable à ceux qui alimentent les Tokamak.
Sakharov couple ensuite les deux systèmes, le générateur MK-2 produisant le courant destiné à
alimenter le solénoïde d'un générateur rateur MK-1, avant son implosion. On ignore quels ont été
les intensités de champ magnétique obtenues, mais, dans un article datant de 1966, Sakharov a
proposé l'extension de tous ces dispositifs à des expériences thermonucléaires effectuées dans des
cavités souterraines. Citons-le
« À notre avis la plus importante application scientifique des générateurs magnétocumulatifs
pourrait bien être la fourniture d'une puissance très élevée aux accélérateurs de particules
élémentaires et aux installations de mesure et d'enregistrement. Pour obtenir une énergie de
1 000 GeV, soit un téraélectronvolt, en tablant sur une valeur de dix millions de gauss au centre d'un
bétatron à explosif (ce qui ne constitue sûrement pas une limite), l'énergie nécessaire représenterait
l'équivalent d'un million de tonnes de TNT. L'énergie totale serait évidemment plusieurs fois
supérieure, c'est-à-dire qu'il s'agirait de l'explosion souterraine d'une charge thermonucléaire de
puissance "moyenne".
« Une telle explosion peut avoir lieu sans retombées radioactives à une profondeur quelque peu
supérieure à un kilomètre. La dépense principale correspondrait à la construction à une telle
profondeur d'une chambre ayant un volume supérieur à dix mille mètres cubes et au montage dans
cette structure de plusieurs milliers de tonnes de structures métalliques.
« Il existe une possibilité que l'on pourrait qualifier de fantastique. Au moyen de vastes lentilles
magnétiques pulsées (l'énergie du champ à mettre en œuvre représenterait quelques centaines de
kilotonnes d'explosif), il serait possible de focaliser un intense flux de 1018 protons, émis en 10-5
secondes sur une surface d'un millimètre carré. »
Ce texte de Sakharov, datant de 1966, préfigure les systèmes à énergie dirigée et à haute énergie
développés ultérieurement par les Soviétiques.
Ces protons ont une énergie unitaire de 1012 électronvolts, soit 1012 × 1,6 10-19 = 10-7 joules.
L'ensemble de flux émis équivaut à 1,6 1011 joules, soit une bordée d'un millier d'obus. La
puissance est de 1016 watts, soit dix mille térawatts.
Il existe un autre thème de recherche, lancé en 1948 par Andreï Sakharov, qui pourrait avoir partie
liée avec les futures armes spatiales.
L'existence des mésons en tant que particules de liaison à l'intérieur des noyaux d'atome a été
postulée en 1935 par le physicien Yukawa. Les molécules sont des assemblages d'atomes liés par
des électrons jouant des rôles de go-between, faisant l'aller-retour entre les noyaux. Selon Yukawa,
les noyaux étaient des assemblages de nucléons liés également par des particules de liaison, sortes
d'électrons lourds (également chargés), les mésons. La masse des particules de liaison étant
inversement proportionnelle à la portée de la force, Yukawa, se basant sur les mesures faites sur les
dimensions des noyaux, déduisit que les mésons devaient avoir des masses égales à deux cents fois
celle des électrons. Ces mésons furent par la suite identifiés à l'état libre et on montra que leur durée
de vie atteignait deux millionièmes de seconde.
En 1948, Sakharov eut communication d'un article de Frisch (USA) interprétant des expériences
faites à Berkeley par Powell comme un effet de catalyse mésonique. L'idée d'une telle catalyse avait
précédemment été émise par Franck en 1947 , dans la revue Nature. Dans les molécules, les noyaux
sont liés par les électrons. Une molécule d'oxygène, à basse température, donc neutre, faisant
intervenir des éléments lourds ou légers, représente une liaison due à l'échange de deux électrons. À
plus forte température, l'hydrogène s'ionise. Un des électrons devient libre et la liaison dans l'ion