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derniers participent activement à la décennie des populations autochtones organisée
par l'ONU, et envoient parfois leurs représentants aux côtés de pop-stars
internationales (Sting) pour plaider leur cause sur les plateaux des plus grandes
chaînes de télévision. (Berger, 2005, p.40).
De plus, comme l'ont souligné de nombreux auteurs (Appadurai, 2005, pp.83-84;
Berger, 2005, p.41; Godelier, 2007, pp.18-26), la mondialisation est créatrice de paradoxes
dans la mesure où elle entraîne aussi bien une homogénéisation des modes de vie qu'une
hétérogénéisation culturelle du fait de la montée des revendications identitaires et
nationalistes. L'ensemble de ces phénomènes pose un problème à la fois pour la délimitation
des unités d'analyse et des unités d'investigation empirique: « une autre façon de formuler ce
paradoxe identitaire, est de reconnaître qu'en lui se pose de façon encore plus accrue, la
question du contenu et des contours des « totalités » nécessaires à la délimitation des cadres
d'analyse et de contextualisation des activités menées par les gens. » (Berger, 2005, p.41).
Face à cela, les anthropologues ont proposé une grande variété de nouvelles « totalités »
pouvant servir à contextualiser l'analyse : il en va ainsi du « global ecumene » de Hannerz, du
dispositif du « bio-pouvoir » de Foucault repris par Ong (1999) et du « système-monde » de
Wolf (cités dans Berger, 2005, pp.45-60). S. Cousin et B. Réaux (2009) soulignent quant à
eux que la notion même de mobilité peut aujourd'hui servir de catégorie de totalité : « Un
nombre grandissant d'auteurs conçoivent la mobilité comme un nouveau paradigme pour
penser le monde, susceptible de supplanter le concept de société jugé de plus en plus
inopérant. » (p. 92)
De la même manière que les catégories ou totalités manipulées lors de l'analyse
doivent être repensées, les manières de mener l'enquête ethnographique de terrain ont été
largement discutées et revêtent aujourd'hui de multiples visages. Berger en distingue quatre. A
côté de l'enquête « classique » malinowskienne (basée sur le trio « un ethnographe, une
population, un lieu »
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), d'autres approches ont émergé : l'une d'elles rompt avec l'idée que le
lieu du terrain serait clairement et factuellement délimité et « protégé » des influences
extérieures. Dans cette optique, qui prend en compte les échanges permanents qui existent
entre toutes les sociétés et va ainsi à l'encontre de l'idée que certaines seraient « isolées », il
s'agit ― tout en menant une enquête localisée ― d'élaborer le choix du site par rapport à un
projet théorique plus large, axé sur la construction d'une unité d'analyse qui couvre l'ensemble
de la planète (Berger, 2005, p. 111). Une autre option est d'investir un terrain non pas seul (un